Assise sur le trône comtal, la Belette samusait comme une folle à regarder le parterre de nobles devant elle, enfin regarder cétait vite dit, il sagissait surtout dentrouvrir un oeil. La tête légèrement penchée vers le bas, les cheveux de part et dautres de son visage dissimulant ses traits, on aurait pu croire quelle somnolait. Il en était rien bien sur, elle nallait pas raté un seul instant de cette cérémonie, elle qui se trouvait à la place oh si combien convoitée du Franc comte.
Elle chantonnait mentalement un refrain en boucle, celui entendu un jour dans une taverne aux allégeances du Franc Comte du moment, Leconquerant, ce soir-là, son Pépin avait gagné ses paris.
Précieux dont je ne peux me séparer,
vint là que je te bichonne, mon adoré
Je t'astique, je te chérie, mon aimé
Oh mon mignon tout coloré,
Soit le plus beau, le plus convoité,
Toi mon blason si désiré
Elle les regardait donc, attendant que la Comtesse ne revienne. Une sacrée celle-là, comme sa maîtresse, à avoir des idées farfelues, cest à ce demander où elles les trouvaient, Enfin là, même sa maîtresse nétait pas au courant, elle avait juste accepté de se passer de ses services une semaine, Et quelle semaine... à jeûner à faire la dame
Tinquiète pas Belette, on fait tout ça pour rien peut être, on verra comment ça va se passer. Mais sinon, tout le monde ny verra que du feu, parce que simplement, ils ne me regarderont pas, pas vraiment puis il ny aura pas beaucoup de monde.
Et ne voilà-t-il pas quelle se retrouva au fond de la pièce, cachée près trône comtal à attendre que la Comtesse jugea loccasion bonne, elle ne prenne sa place, enlevant rapidement tablier et cape et ne sassoit, figée, droite, regardant en face, partout mais jamais les gens.
Une cruche, prendre lair dune cruche comme la Daresha ça ira. Lui avait-elle dit.
Bon diou, cest quelle avait raison.
Mfin là, ça faisant long, avoir le buffet au loin sous les yeux creusait lappétit, puis ce corset qui la comprimait lui coupait la respiration, Pourvue quelle ne tarde pas pensa la Belette,
Dois je me plier aussi au Baisé Vassalique?!
La servante retint un sursaut en percevant la fin de léchange du Seigneur-qui-sentait-pas-bon.
La peur monta en elle, que la comtesse revienne vite. Elle se concentra sur la chanson pour ne pas prendre ses chausses à son cou et senfuir. Un baiser du Dwiral, personne ny survivrait.
Aux allégeances, à propos du nouveau Franc comte
Quelques douzaines de nobliaux agitaient leur truffion doré
A pied, à cheval, en carrosse, les nobles, mal inspirés,
Vinrent tenter l'aventure de compromettre le comte.
Ne voilà t-il pas de biens grands égos
pour ces personnes, petits nobliaux
Le verbe est haut, les envolées magnifiques,
la face écarlate, la colère véridique.
Insultes, colifichets se le disputent
aux serments farfelus présentés
Qui parmi ces seigneurs, barons ou comtes
Seront le mieux le faire vaciller
Ennemis hier, amis aujourd'hui,
Oubliant leurs propres défaillances,
Ils se drapent dans leur bon droit bien établi
Et l'apostrophent avec véhémence.
Mais à la date limite.
Soudain calmés, le genou plié
Ces furies, bon gré mal gré
Font leur serment hypocrite
Précieux dont je ne peux me séparer,
vint là que je te bichonne, mon adoré
Je t'astique, je te chérie, mon aimé
Oh mon mignon tout coloré,
Soit le plus beau, le plus convoité,
Toi mon blason si désiré
Alors là, Dwiral, même pas en rêve, ou en cauchemar, cest selon.
Ouf, la Franc Comtesse était revenue.