Ellya
[Du seul combat que je ne mènerai jamais, je suis sortie victorieuse.
Mais victoire et bonheur vont-ils de pair?]
La libération avait laissé la jeune Duranxie exténuée. Vidée. Et voilà que le vide créé trouvait un tas d'émotions contradictoires pour le combler. Cela expliquait sans doute le fin sourire dessiné sur son pâle visage, la larme salée qui creusait un petit sillon sur sa joue rebondie. Quelques boucles dorées collées au front par le fruit de l'effort, elle ouvrit les yeux pour mieux contempler ce monde qui venait de la voir renaître et lui... Oh.
Elle le sentait.
Il reposait là, sur son sein, le sang de son sang, la chair de sa chair.
L'amour.
Et que lui importait si cet amour n'était pas de ceux qui fusent en taverne ou au recoin d'une rue, si cet amour n'avait pas pour compagnon Baisers, Etreintes et Passion. Qu'avait-elle besoin de sensations si fugaces?
Elle avait donné la vie.
Du revers d''un doigt curieux, elle vint caresser le visage de l'enfant.
Son fils.
Don de l'Éternel et objet de sa tendresse. Le sourire l'emporta sur le sanglot.
Le temps flottait. Tout n'était que béatitude et cette douceur là l'emportait même sur la douleur persistante au bas de son ventre. Et vint son époux, et tous les autres. Mais son époux surtout. Il était heureux, sa voix le lui confessait. Elle venait de lui offrir ce qu'il souhaitait plus que tout, et il l'aimerait pour cela. La jeune mère en était persuadée.
Qu'il lui prenne l'héritier du giron ne la dérangea pas. Elle était si fatiguée, après tout. Et d'une oreille lasse, sur son nuage de joie, elle l'écouta s'extasier sur le nez du garçon. Un nez de Duranxie, songea-t-elle amusée. Mais si le quinquagénaire voulait croire autrement, pour rien au monde elle n'aurait fait sa rabat-joie.
Puis elle tourna légèrement sa tête avec force volonté pour le regarder s'agiter.
Le nom. Elle n'y avait pas songé. Il était temps. D'aucuns assurent qu'il faut attendre la fin de l'hiver avant cela, de peur qu'ils ne meurent. Mais son fils à elle ne mourrait pas.
Et elle se sentait comblée, femme accomplie, quand Georges daigna lui demander son avis.
Juste...
La fin de la phrase s'évanouit sur ses lèvres. Que voulait-elle, au Juste?
Juste un baiser, pour me prouver votre amour...
Juste vos doigts entre les miens.
Juste votre joue contre mon front.
Juste...
Juste un "Je t'aime" poétique!
Juste une promesse d'avenir.
Juste la vie que j'ai toujours souhaité.
Juste... Juste.
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Mais victoire et bonheur vont-ils de pair?]
- ~ 7 heures et un bébé plus tard ~
- Ou comment elle devint femme...
La libération avait laissé la jeune Duranxie exténuée. Vidée. Et voilà que le vide créé trouvait un tas d'émotions contradictoires pour le combler. Cela expliquait sans doute le fin sourire dessiné sur son pâle visage, la larme salée qui creusait un petit sillon sur sa joue rebondie. Quelques boucles dorées collées au front par le fruit de l'effort, elle ouvrit les yeux pour mieux contempler ce monde qui venait de la voir renaître et lui... Oh.
Elle le sentait.
Il reposait là, sur son sein, le sang de son sang, la chair de sa chair.
L'amour.
Et que lui importait si cet amour n'était pas de ceux qui fusent en taverne ou au recoin d'une rue, si cet amour n'avait pas pour compagnon Baisers, Etreintes et Passion. Qu'avait-elle besoin de sensations si fugaces?
Elle avait donné la vie.
Du revers d''un doigt curieux, elle vint caresser le visage de l'enfant.
Son fils.
Don de l'Éternel et objet de sa tendresse. Le sourire l'emporta sur le sanglot.
Le temps flottait. Tout n'était que béatitude et cette douceur là l'emportait même sur la douleur persistante au bas de son ventre. Et vint son époux, et tous les autres. Mais son époux surtout. Il était heureux, sa voix le lui confessait. Elle venait de lui offrir ce qu'il souhaitait plus que tout, et il l'aimerait pour cela. La jeune mère en était persuadée.
Qu'il lui prenne l'héritier du giron ne la dérangea pas. Elle était si fatiguée, après tout. Et d'une oreille lasse, sur son nuage de joie, elle l'écouta s'extasier sur le nez du garçon. Un nez de Duranxie, songea-t-elle amusée. Mais si le quinquagénaire voulait croire autrement, pour rien au monde elle n'aurait fait sa rabat-joie.
Puis elle tourna légèrement sa tête avec force volonté pour le regarder s'agiter.
Le nom. Elle n'y avait pas songé. Il était temps. D'aucuns assurent qu'il faut attendre la fin de l'hiver avant cela, de peur qu'ils ne meurent. Mais son fils à elle ne mourrait pas.
Et elle se sentait comblée, femme accomplie, quand Georges daigna lui demander son avis.
Juste...
La fin de la phrase s'évanouit sur ses lèvres. Que voulait-elle, au Juste?
Juste un baiser, pour me prouver votre amour...
Juste vos doigts entre les miens.
Juste votre joue contre mon front.
Juste...
Juste un "Je t'aime" poétique!
Juste une promesse d'avenir.
Juste la vie que j'ai toujours souhaité.
Juste... Juste.
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