Sindbad
Si les mots suffisaient pour tout réaliser...
Mais la seule chose que Sindbad réalisait, en cette heure, c'est qu'il se trouvait face à une Duchesse consort armée et dangereuse. Du moins en apparence.
Des heures d'entraînement au combat à mains nues dispensées par Hassan le Nizârite en la Cité Sainte, il lui restait quelques notions. Suffisamment pour désarmer un adversaire armé d'une dague. Mais nul ne lève la main sur une femme, fût-elle Duchesse consort, à moins d'avoir été éduqué chez les chevriers, ou de venir de certains endroits fort reculés d'Empires dont les noms mêmes étaient ignorés des gens les plus érudits de ce Royaume. Et encore moins sur l'épouse de son suzerain, sous peine de devenir parjure.
Votre Grâce, plaise à vous de m'écouter avant que de succomber au péché de colère.
Devenir le vassal de votre époux fut, à mes yeux, bien plus qu'un honneur.
Il prit une grande inspiration et poursuivit :
Voyez vous, je fus adopté en la cité de Constantinople par un vieux diplomate impérial austère et sévère, dont l'épouse et l'enfant qu'elle portait était morts en couche. J'étais donc son unique enfant, et il entendait bien faire de moi le fils qu'il aurait aimé avoir, dont il aurait aimé être fier, mais qu'il n'avait jamais eu. Il me dispensa, pour ce faire, une éducation stricte et rigoureuse toute entière dévouée à la diplomatie. A l'âge où les autres enfants couraient et jouaient dans les rues du quartier de Galata, je passais des heures à apprendre l'histoire, la géographie ou les langues. Et quelque bonne volonté que j'y mette, les âmes des défunts surgissaient derrière chacune de ses paroles.
Il marqua un temps de silence avant de reprendre :
Devenir le vassal de votre époux a été pour moi comme trouver ma famille de coeur. Et vous avez raison d'évoquer l'attachement que je porte à votre vassale. Pour moi, l'enfant unique, elle est la soeur que je n'ai jamais eu, et que j'aurais tant aimé avoir.
Vous comprendrez donc aisément qu'une telle union ne pourrait, à mes yeux, qu'être incestueuse, même en l'absence de lien du sang entre nous.
Frappez donc de votre main vengeresse un homme qui, fidèle en tout point à ses convictions, n'obéit, en cet instant, qu'aux injonctions de sa conscience. Je préfère voir mon existence écourtée et me présenter devant Aristote l'âme pure plutôt que de vivre des années et des années d'une union contre nature, et contre Aristote.
Tout était dit...Sindbad adressa une silencieuse prière au Très-Haut, lui recommandant son âme.
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Délégué Territorial orléanais auprès des Comtés d'Angleterre | Seigneur d'Epieds en Beauce
Mais la seule chose que Sindbad réalisait, en cette heure, c'est qu'il se trouvait face à une Duchesse consort armée et dangereuse. Du moins en apparence.
Des heures d'entraînement au combat à mains nues dispensées par Hassan le Nizârite en la Cité Sainte, il lui restait quelques notions. Suffisamment pour désarmer un adversaire armé d'une dague. Mais nul ne lève la main sur une femme, fût-elle Duchesse consort, à moins d'avoir été éduqué chez les chevriers, ou de venir de certains endroits fort reculés d'Empires dont les noms mêmes étaient ignorés des gens les plus érudits de ce Royaume. Et encore moins sur l'épouse de son suzerain, sous peine de devenir parjure.
Votre Grâce, plaise à vous de m'écouter avant que de succomber au péché de colère.
Devenir le vassal de votre époux fut, à mes yeux, bien plus qu'un honneur.
Il prit une grande inspiration et poursuivit :
Voyez vous, je fus adopté en la cité de Constantinople par un vieux diplomate impérial austère et sévère, dont l'épouse et l'enfant qu'elle portait était morts en couche. J'étais donc son unique enfant, et il entendait bien faire de moi le fils qu'il aurait aimé avoir, dont il aurait aimé être fier, mais qu'il n'avait jamais eu. Il me dispensa, pour ce faire, une éducation stricte et rigoureuse toute entière dévouée à la diplomatie. A l'âge où les autres enfants couraient et jouaient dans les rues du quartier de Galata, je passais des heures à apprendre l'histoire, la géographie ou les langues. Et quelque bonne volonté que j'y mette, les âmes des défunts surgissaient derrière chacune de ses paroles.
Il marqua un temps de silence avant de reprendre :
Devenir le vassal de votre époux a été pour moi comme trouver ma famille de coeur. Et vous avez raison d'évoquer l'attachement que je porte à votre vassale. Pour moi, l'enfant unique, elle est la soeur que je n'ai jamais eu, et que j'aurais tant aimé avoir.
Vous comprendrez donc aisément qu'une telle union ne pourrait, à mes yeux, qu'être incestueuse, même en l'absence de lien du sang entre nous.
Frappez donc de votre main vengeresse un homme qui, fidèle en tout point à ses convictions, n'obéit, en cet instant, qu'aux injonctions de sa conscience. Je préfère voir mon existence écourtée et me présenter devant Aristote l'âme pure plutôt que de vivre des années et des années d'une union contre nature, et contre Aristote.
Tout était dit...Sindbad adressa une silencieuse prière au Très-Haut, lui recommandant son âme.
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Délégué Territorial orléanais auprès des Comtés d'Angleterre | Seigneur d'Epieds en Beauce