Alix_ann
* Il était une fois...
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Tout enfant, dans sa vie d'enfant, se doit, comme ses congénères, de hisser les stéréotypes les plus en vogue sur le sujet. Les petits êtres, dans la culture commune, étaient embêtants, d'humeur souvent changeante, d'une attitude à peine convenable, sujets à d'étranges réflexions, excités par moment, incapables par d'autres, mais surtout, ils étaient lourds, et réellement collants. Alors, comme toute enfant, Alix se soumettait à cette vérité universel -bien que l'univers se réduisait à peu à ce moment de l'histoire- et se comportait comme ses camarades nains autour du monde (qui se réduisait à peu, rappelons-le). Depuis quelques jours, elle s'était trouvé une camarade, quelqu'un sur qui exercer ses vices d'enfant, une bretonne prénommée Anaon qui essayait tant bien que mal de se défaire de l'enfant. Mais l'enfant, aussi, est obstiné.
Cet après midi là, la mioche suivait la brune dans les environs de Saumur. Les deux bottes dont Alix est chaussée avancent le long des pas de Anaon, elle s'applique à aller vite, à étendre les jambes comme celle-ci le fait, pour aller aussi loin à chaque pas. Elle la suit depuis deux jours déjà, plus ou moins en finesse, dès qu'elle la croise en taverne ou dans la rue, la lâchant seulement quand il le fallait vraiment. Alix l'a rencontré dans la soirée de vendredi, elle était entrée en taverne et avait vu ce visage nouveau. La taverne, depuis qu'elle était en Anjou, était devenu une sorte de centre aéré qui lui prenait la majeure partie de son temps.
Anaon, c'était la brune, la bretonne, qui était arrivée à Saumur par la Touraine. Elle était jolie, mais avait beaucoup de balafres. Alix a retenue qu'elle connaissait la blonde, Eliane, qui prenait soin de lui faire la misère à chaque fois qu'elle mettait un orteil en taverne, mais pas cette fois. Cette fois, Anaon craignait pour Judas, qui était son amoureux. Judas, c'était l'ami de maman, chez qui toute la famille Kermonfort dormait en ce moment, puisque Judas avait prêter son logement. Mais voilà, Judas, qui devait revenir pour voir maman (puisque c'était son ami, et que maman avait beaucoup d'amis, depuis que Papa et elle s'étaient disputés) s'était fait enlevé par des méchants. Voilà tout ce que pouvait comprendre Alix Ann du haut de ses cinq années.
-« Anaon! »
Elle en profite pour rattraper sa nouvelle meilleure amie (et ce, parce qu'elle l'a décidé) pour la prendre par le bras, pour lempêcher de s'en aller. Oui, parce que tous les autres, eux, s'en sont allés.
Et si jamais, pour d'obscures raisons, la bretonne avait l'idée incongrue de fuir la plus jeune bretonne en manque d'affection tel que même le plus barbare des guerriers tomberaient en pitié devant elle, la jeune bretonne devrait user de ce qui lui restait, de ces preuves concernant Judas.
Elle tire doucement sur la manche de laînée. Alix est plutôt confiante, innocente comme se doit lêtre une enfant, elle aime bien, cette grande personne. Elle avait perdu son amoureux, qui était loin, elle était triste, et Alix aussi. C'était donc tout naturel pour la mioche de la suivre partout. Entre gens tristes.
-« Da belec'h e fell deoc'h mont? »
Où veux tu aller?
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