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[RP] Allô Histo, bobo !

Prunille.
Plantons le décor... La scène se passe dans l'ancienne maison de Yueel de Cianfarano, feu le curé du village, aujourd'hui devenue propriété de sa jeune sœur, Prunille, aka la Vicomtesse de Fréjus, Baronne de Grimaud, Dame de Lambesc et de Callas, aka la Blonde.

Blonde qui, à l'heure actuelle, reposait dans un grand lit, le crâne entouré de bandages, la jambe de même (mais celle-là on ne la voyait pas, elle était sous les couvertures), ainsi que son bras droit et son buste. Salement amochée qu'elle était. Il faut dire... Un coup d'épée dans la jambe, qui tue aussi le cheval, qui tombe, du coup elle tombe avec, se fait écraser par le cadavre de l'équidé, résultat côtes et bras cassés, et en plus de cela il avait fallu qu'elle se cogne la tête sur une pierre, ce qui lui avait valu un beau traumatisme crânien et une perte de connaissance de plusieurs longues minutes, destruction des neurones allant avec. Pour couronner le tout, elle avait perdu l'enfant qu'elle attendait, mais cela elle ne le savait pas.

Madame de Sabran-Cianfarano passait donc la plupart de son temps à dormir, afin de récupérer de ses émotions, et quand elle ne dormait pas elle occupait son temps à être infecte avec sa servante Anastasie, qui était la seule personne qui pouvait lui servir de souffre-douleur étant donné que Mateù n'était encore qu'en chemin. Heureusement pour elle, la callassienne domestique avait une patience d'ange, et était habituée aux caprices de Prunille, qui au final se lassait vite d'embêter son employée puisqu'elle voyait que cela ne l'énervait pas le moins du monde.

Sur ordre du Baron, Anastasie avait, à l'insu de la Cianfarano, écrit au Comte d'Orange, afin de lui demander de venir examiner la blessée, à son épouse pour lui demander de faire pression sur le Docteur afin qu'il soit plus efficace, et à la Comtesse de Fontvieille, parce qu'il fallait la prévenir aussi car elle était l'amie de Madame.

Pour l'heure, cette dernière était en train d'essayer d'écrire une lettre en utilisant sa main gauche, et n'y arrivait guère, ce qui l'énervait au plus haut point.


Et que fait-il ? Pourquoi n'arrive-t-il pas ?

Puisque le silence fut la seule réponse qu'elle obtint d'Anastasie, qui était occupée à préparer un onguent, elle continua sur sa lancée :

Macarelle de mierde, jamais je n'aurais dû l'épouser ! Oui, parfaitement, j'aurais du écouter Yueel ! La peste soit de l'oncle Gabcha et des autres ! Si j'étais rentrée dans les ordres et si j'étais devenue cardinale, et bien je ne serais pas là à souffrir en attendant que mon époux daigne arriver.

J'en ai marre !


Et comme crier avait comprimé ses côtes, la voilà qui se blottit dans son oreiller, tout en étouffant un gémissement de douleur.

Ma bonne Anastasie, toi au moins tu es là... Mais j'ai besoin de sortir. Que vont-ils faire à l'AHAO sans moi ? Et le pôle justice ? Mama mia, le pôle justice ! Et je ne te parle même pas de l'ADN, qui sait ce que ces couillons seraient encore capables de voter !

Raaah j'ai maaaaaal...


Bref... Il était temps que quelqu'un arrive pour lui changer les idées.

Edit ortho.
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Historis
L'aveugle souriait en serrant fort sa canne entre ses mains. Finalement elle n'avait pas eu à se servir de son bâton et sa canne était en bon état bien que cette dernière eut à asséner quelques coups sur la tête de quelqu'un pendant que des soldats et des brigands s'affrontaient...
Historis s'était demandé d'ailleurs si elle avait frappé un ennemi ou un allié avant de s'en remettre au Très Haut lors de la messe organisée par le Cardinal Richelieu. Elle s'en était sortie indemne et avait fait prévenir sa maîtresse car quelques jours avant la levée de ban, elle était entré au service de la Comtesse d'Orange comme Dame de Compagnie et comme celle-ci était enceinte, elle avait envoyé l'aveugle combattre à sa place. Décision discutable certes mais c'était les ordres, la marseillaise s'y était plié sans rechigner d'autant qu'elle n'aimait pas les brigands.

Bref c'est donc en toute logique qu'elle avait fait parvenir un message (oral bien entendu) à la Comtesse pour lui dire qu'elle était en bonne santé et allait pouvoir retourner à son travail auprès d'elle. Elle avait déjà préparé ses affaires lorsqu'elle entendit quelqu'un toussoter près d'elle pour annoncer sa présence.
Elle leva ses yeux laiteux vers le nouvel arrivant et attendit.


- Historis ?

- Oui....

- La Comtesse d'Orange a fait parvenir un message pour vous, elle vous prie de vous rendre au chevet d'une de ses amies, la Vicomtesse de Fréjus qui a été blessée au combat.

- Hmmm... j'en ai entendu parlé oui. Je m'y rends de suite.


Et c'est ce qu'elle fit mais non sans difficulté car elle n'avait aucune idée de l'endroit où pouvez se trouver la Cianfarano... C'est après moult demandes aux passants qu'elle arriva enfin à destination et put frapper quelques coups sur une lourde porte en bois brut.
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Prunille.
Comme pour couper court aux jérémiades de la Blonde, trois coups furent frappés à la porte. Trois coups secs, mais pas de quoi faire trembler les murs. Et si cela avait été Mateù, il serait entré sans frapper, il entrait toujours sans frapper, et c'était encore mieux si son épouse était en train de se changer au moment où il débarquait. Donc cela ne pouvait être lui. Qui, alors ? N'était-elle pas seule au monde ?!

Anastasie, va ouvrir la porte, bougre d'âne ! Tu vois bien que je ne peux pas le faire moi-même !

Ladite Anastasie se contenta de soupirer, avec un sourire en coin, puis reposa son ouvrage pour se diriger vers la porte d'entrée. Celle-ci ouverte, elle contempla d'un œil circonspect la jeune femme qui se présentait devant elle, car elle ne l'avait jamais vue auparavant.
Qu'est-ce qu'elle pouvait bien vouloir ?


Oui ?

Et la servante d'ajouter :

Si vous venez nous parler de Jéhovah, passez votre chemin !

Mais au fait ? C'était qui ce Jéhovah ? D'où pouvait-elle bien sortir ça... ?!
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Historis
La porte ne tarda pas à s'ouvrir et Historis l'avait deviné en entendant une voix éraillée par les réthyguirettes (même si elle n'avait pas connaissance de cette Cianfaranesque invention encore) mais restée soprano, sans doute lié au jeune âge de la personne qui s'exprimait ; qui donnait des ordres pour être plus exact. Déjà notre marseillaise commençait à trouver un rien désagréable cette femme qui transpirait l'irritabilité à travers les murs du logement.

Elle ne comprenait rien au charabia de la femme qui venait de s'adresser à elle et commençait sérieusement à se demander si elle était au bon endroit. Dans le doute, elle préféra ignorer les propos incompréhensible entendus. Ne laissant transparaitre aucune émotion, ses laiteux y étant pour beaucoup, elle se contenta de présenter le but de sa visite.


La comtesse d'Orange m'a demandé de venir aux nouvelles de la Vicomtesse de Fréjus. C'est bien ici qu'elle séjourne ?, dit-elle d'une voix monocorde. Je me nomme Historis, je suis la dame de compagnie de Jehanne Audisio Von Gobseck..., ajouta t-elle afin de ne contrarier aucun protocole de présentation.
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Prunille.
Anastasie fut d'abord surprise en découvrant les yeux vides de son interlocutrice. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait point croisé d'aveugles, généralement ceux-ci restaient enfermés dans leurs familles ou dans des hospices afin de ne point subir les moqueries des gens, ou bien mendiaient sur le bord des routes. Mais cette fois cela avait l'air différent, et la jeune femme avait l'air tout à fait normale.
Mais peu à peu son étonnement s'atténua, et après qu'Historis se fut présentée, elle lui annonça :


- Je vais vous introduire auprès de ma maîtresse. Suivez-moi.

Et la Callassienne de prendre la main de l'aveugle, celle qui n'était pas occupée par la canne, et de la mener droit à la chambre de Prunille, informant cette dernière d'un :

- Voici Mademoiselle Historis, que la Comtesse d'Orange a envoyé prendre de vos nouvelles.

C'était donc cela ! Tandis qu'Anastasie menait Historis sur le tabouret placé juste à côté de la tête de lit, afin que les deux jeunes femmes puissent converser, le visage pourtant meurtri de Prunille s'embellit d'un sourire.

- Et bien, Damoiselle Historis, je suis fort heureuse de vous recevoir ; j'ai eu peur que les Provençaux ne m'aient déjà enterrée, je constate avec plaisir que je puis au moins compter sur la fidélité de l'amitié de la Comtesse Jehanne.

Et, sans laisser le temps à la visiteuse d'en placer une, elle embraya, comme c'était souvent le cas avec elle quand elle était contente :

- Vous pourrez dire à la Comtesse que les médecins ont bon espoir de me voir guérie complètement d'ici un peu plus d'un mois, ce qui est prodigieusement rapide ! Cela doit être mon sang de Cianfarano, je ne sais... Mais je suis coriace, il n'est pas encore né celui qui réussira à me tuer !

Et cependant qu'elle parlait, Anastasie avait entreprit de débarrasser la table de chevet des bandages, pots d'onguent et chandelier qui s'y trouvaient, pour y poser deux verres, une carafe de jus de poire et une assiette de petits gâteaux.

- Et voilà, jus de poire et des "maccherone".

Et comme Prunille, elle, n'était point aveugle, et avait remarqué le handicap d'Historis, elle ajouta :

- Sur la table de chevet, juste à votre gauche.

Et puis, soudain piquée de curiosité :

- Dites-moi donc, Historis, ce qui vous a valu d'entrer au service de la Comtesse d'Orange.
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Historis
Si elle avait d'abord pensé à la vicomtesse comme à une mégère, elle fut surpris par la jeunesse du ton de sa voix, à l'inverse du timbre de fumeuse qui lui faisait défaut- et par le sourire qu'elle pouvait deviner.
Elle ne mit pas longtemps à comprendre que Prunille de Sabran Cianfarano était une femme qui comptait pour Jehanne Audisio Von Gobseck (bon sang que de particules pour la narratrice que je suis c'est fatiguant) et inversement.

Le jus de poire lui fit très vite envie, les "maccherones" l'interrogeaient car elle se demandait ce que cela pouvait bien être. Quoiqu'il en soit, la gourmandise aidant, elle fut ravie que la jeune femme lui indiquât l'endroit vers où son avant bras allait tendre.
Toutefois, l'heure était pour elle de se montrer à la hauteur de la tâche qui lui incombait, dame de compagnie. Elle devait faire la discussion avec une femme de haute lignée et se pas faire honte à sa généreuse bienfaitrice. Du moins c'était là les pensées d'Historis quand vint le moment pour elle de répondre à l'interrogation de la Vicomtesse.


Je ne manquerai pas de faire état de votre santé à la Comtesse lorsque je la rejoindrai. J'ai dû la quitter car, cette dernière ne pouvait répondre à la levée de ban et a donc envoyé ses gens à sa place. D'où ma présence dans cette ville au même moment que vous.

Quant au pourquoi elle m'a fait l'honneur de me choisir comme Dame de Compagnie... j'avoue que je ne pourrai y répondre par moi même....
Laissant sa phrase en suspend Historis se demandait ce qui avait amené une femme aussi charmante que Jehanne à s'encombrer d'une aveugle. Sans vraiment le savoir elle avait été plus séduite par Delta que par la Comtesse et ne pouvait pas imaginer un instant que c'était justement parce qu'elle ne verrait pas les frasques de sa maîtresse qu'elle était entré à son service.

Madame est généreuse. Je ne vois pas d'autre explication mais ne parlons point de moi, je suis venue car elle s'inquiétait de votre état. Me voilà rassurée pour elle sur votre santé mais... sortie de vos blessures, comment vous portez-vous ?

....

Si ce n'est point trop indiscret...


Et de se dire qu'elle semblait enjouée donc devait aller relativement bien, même si devant l'entrée il lui avait semblé entendre le contraire.
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Prunille.
Un sourire silencieux se dessina sur les lèvres de Prunille lorsqu'elle entendit qu'Historis ne savait rien des raisons qui avaient poussé Jehanne à l'engager... A présent qu'elle était au courant pour Eralypse (pensait-elle !), elle se doutait bien à quel point une dame de compagnie aveugle pouvait être pratique. Si elle en avait connu une avant son mariage, sans doute l'aurait-elle également sur le champ embauchée, quoique l'aveugle a le désavantage d'être loin d'être sourd, et même si elle n'était pas du genre à donner de la voix... Bref, de toute façon, à présent elle n'en aurait plus aucune utilité, puisqu'elle avait la vertu d'une femme de marin, même s'il lui en coûtait beaucoup !

- Hormis mes blessures... J'enrage d'être clouée à ce lit, avec pour seule compagnie ma bonne Anastasie. En cela, je crois que votre arrivée m'a été salutaire. Mais j'attends toujours l'arrivée de mon époux qui, si j'en crois les lettres qu'il fait parvenir ici, est en route vers Brignoles. Mais j'ai l'impression qu'il n'arrivera jamais, tant je suis impatiente de le voir.

A présent que je sais que ma vie sera sauve, je dois dire que sans nul doute la solitude est mon plus grand ennemi. Si je ne vois personne, je deviens folle, je suis trop attachée au monde, et ai trop besoin de m'épancher.


Ceci dit, elle esquissa le geste de tendre la main pour attraper un maccherone... Ce qui lui tira un gémissement de douleur. C'était le mauvais bras, et ses côtes cassées l'empêchaient de se tourner pour l'attraper avec le valide. Abandonner ? Plutôt crever !

- Damoiselle Historis, pourriez-vous me tendre un maccherone ? Avec mon bras blessé je n'y parviens guère... Et sinon, comment se porte la Comtesse ? Sa grossesse doit être bien avancée à présent.
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Historis
Elle ne pouvait que comprendre la tristesse provoquée par la solitude qu'elle soit durable ou éphémère. Elle l'avait vécue toutes les années qui avait suivies la mort de sa mère jusqu'à ce que la foi la guide.

Elle tendit un maccherone à la vicomtesse et répondit à sa question.


Et bien votre amie semble s'ennuyer. Je crois que sa grossesse l'empêche de vaquer à ses occupations habituelles et je ne vois guère son époux très présent... quoique je n'ai que peu été dans leurs terres puisque j'ai dû partir au combat.

Enfin il est fort dommage que vous ne puissiez être ensemble en ce moment. Vos journées à l'une comme l'autre s'en retrouveraient plus égayées sans doute.


Il lui semblait jusque là n'avoir commis aucun impair dans son comportement avec la vicomtesse... L'enseignement de Jehanne Audisio semblait avoir porté ses fruits.

Edit {H} : Déplacé de Brignoles à gargote sur demandes des joueurs.
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Prunille.
- Je vous remercie, Historis.

Et, avec appétit, la Blonde mordit dans cet ancêtre du macaron. Invention italienne, bien sûr. Et, tout en mastiquant, elle écouta la réponse de la jeune aveugle. Avalant sa bouchée, elle lui répondit :

- Le Comte d'Orange manifesterait plus d'affection envers un bulot domestiqué qu'à son épouse. L'on m'a dit qu'il passait ses journées enfermé dans sa cave à pratiquer d'étranges expériences, quand il n'est pas occupé à débattre pendant des heures avec la Marquise. Ne le lancez d'ailleurs jamais sur le sujet du Marquisat, si vous voulez un conseil.

J'ai moi-même été pro-marquisat, au début, puis anti. Maintenant... Leurs conversations stériles ont si bien réussi à m’écœurer que je ne veux même plus prendre parti. La seule chose qui m'importe, c'est de ne pas voir certaines personnes s'emparer du pouvoir, car en ce cas la Provence courrait à la catastrophe.


Léger sourire.

- Cependant, vous avez raison. J'aurais beaucoup aimé que la Comtesse soit présente, nous aurions pu effectivement nous tenir mutuellement compagnie... Mais le Très-Haut a voulu que je sois immobilisée à Brignoles, et non en Aix. Cela est fort dommage... Peut-être son dessein était-il de provoquer notre rencontre, qui sait ?

Parlez-moi de vous.

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Historis
Elle écoutait les propos tenus par la vicomtesse avec attention tout en goûtant, à son tour, à ces gâteaux italiens. Elle en fut d'ailleurs ravie car ils étaient vraiment très bon. La dernière fois qu'elle avait eu à faire au péché de gourmandise, un calisson était entre ses doigts.

Acquiesçant aux dires de la Cianfarano sur le Comte d'Orange, Historis mit le conseil dans un coin de sa mémoire et se promit de ne pas parler Marquisat avec lui.


Ces maccherones sont délicieux, dit-elle avant de porter un verre de jus de poire à ses lèvres.

Vous savez, il n'y a pas grand chose à dire de moi... Je suis née aveugle mais entourée d'amour, mes parents m'ont appris l'amour du Très Haut. Enfant mon père est parti dans les Astres et il y a deux ans ma mère l'a rejoint. Rien de très exceptionnel en soi...

Depuis quelques mois, j'ai décidé de m'ouvrir aux autres et c'est ainsi que j'ai rencontré votre amie ; une femme de coeur à n'en point douter.

Parlez-moi de vous plutôt, vous devez avoir une vie palpitante. Votre famille doit s'inquiéter de vous savoir blessée...

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Prunille.
Jehanne, femme de cœur... C'était une question qui méritait d'être sérieusement posée. Femme de corps, sans nul doute, femme d'esprit également, mais de cœur... ? Sans nul doute avait-elle des affections sincères, son amour pour son fils en était un exemple, mais elle doutait que l'on puisse la qualifier de telle sorte ; la Blonde doutait même que l'on put qualifier une seule femme en Provence de la sorte, la plupart s'en donnaient l'air mais n'agissaient au fond que par intérêt, et abandonnaient au premier écueil. La patience n'était pas une vertu mistralienne. Cependant, ceci, Prunille se garda bien de le faire remarquer à voix haute.

Parler d'elle ?
Vie palpitante ? Famille inquiète ? Si seulement !


- Vous faites erreur, Historis, ma vie est ennuyeuse à mourir, surtout depuis quelques temps. Quant à ma famille qui doit s'inquiéter... Je n'en ai plus, excepté mon époux et mon cousin Adriano. Le premier est très souvent retenu sur ses terres, le second vit sa vie à Genève. Mon temps libre, je le passe à l'AHAO, à créer des blasons ou des sceaux, trier des papiers et débattre. Et là, blessée comme je suis, je ne peux même plus. On en serait lasse de vivre pour moins !

Elle faisait mine d'être enjouée, mais le timbre de sa voix n'aurait trompé personne. Elle était triste à crever.

- Quant à ma vie en elle-même... Je n'ai que très peu connu ma mère, elle est morte quand j'étais une toute jeune enfant. Mon père m'a fait placer dans un couvent, je m'en suis enfuie l'année de mes 16 ans pour retrouver mon frère, Yueel, qui m'a accueillie et hébergée dans la maison même où je nous nous trouvons. J'étais heureuse. Et puis je suis tombée amoureuse, follement, éperdument, de l'homme qui est aujourd'hui mon époux. Yueel ne voulait pas, il me trouvait trop jeune. Je me suis mariée contre sa volonté, et nous nous sommes fâchés, pour cela et de bêtes histoires politiques. Il est mort sans jamais me pardonner. Je crois que c'est pour cela que je n'arrive pas... A avoir d'enfant.

Instinctivement, elle porta la main sur son ventre, ignorant que quelques jours plus tôt le petit être qui y résidait avait été délogé par un énergique coup d'épée de l'un des Chasseurs.
Elle avait parlé sans réfléchir, livrant ses plus profondes souffrances à cette si douce inconnue. Peut-être était-ce parce qu'elle ne pouvait pas la voir. Ne la jugerait pas sur son apparence, ses grands airs et ses toilettes somptueuses. Et ne verrait pas les larmes qui perlaient au coin de ses yeux, à l'instant même.


- Néanmoins, je garde l'espoir d'un jour peut-être tenir mon enfant dans mes bras. Cela serait mon plus grand désir.
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Historis
Elle écoutait avec surprise le triste récit de la Vicomtesse... Elle avait su que les Hommes n'étaient pas heureux par leurs possessions mais quelque chose en elle lui avait jusque là laissé croire que les charges et l'argent permettaient au moins de vivre des choses que les plus pauvres ne connaîtraient jamais.

Il était cependant évident que la solitude était un mal qui pouvait s'abattre sur tout un chacun faisant fi des aisances ou pauvretés des solitaires malheureux.

Un frisson parcourut l'échine de l'aveugle à la dernière phrase que prononça la Cianfarano... tenir un enfant dans ses bras. Historis n'y avait jamais songé jusque là trop hantée par son propre rôle d'enfant : enfant d'un père partit trop tôt, enfant d'une mère aimante ayant peu à peu sombré dans la tristesse; enfant du Très Haut...

Elle sut au moment même où son interlocutrice évoqua son profond désir d'être mère qu'elle même ne le serait jamais. Une aveugle ne saurait élevé un enfant comme un voyant et lui offrir une vie digne...

Un léger pincement au coeur, elle écouta le semblant de silence dans la pièce. Elle entendait la tristesse de Prunille, elle imaginait comme la jeune femme pouvait avoir la gorge serrée et les yeux brûlants. Sans vraiment y réfléchir, elle posa sa main sur la sienne.


Vous êtes une Cianfarano... en marseillaise, j'ai entendu parler plus d'une fois de votre famille. Vous serez mère dussiez vous adopter.

Elle avait dit cela avec le sourire. Elle était sincère, la famille de la Vicomtesse était connue pour l'amour qu'elle avait à donner.
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