Astana
Noir charbon. Noir ténèbres.
Telle est la couleur de la nuit, ce soir.
Noyée parmi la foule grouillante de la ville, la Danoise déambule de pavés en pavés, avec cette expression indéchiffrable qui lui sied si bien. Une palette d'expressions qui se succèdent, sans queue ni tête, assombrissant un regard, illuminant une esquisse de sourire, en un soupir, un battement de coeur. L'âme erre sans réel but, jusqu'à s'éloigner des rues fréquentées, sans même s'en rendre compte. Simplement marcher, aussi longtemps que ses jambes pourront la porter. Les minutes défilent à une vitesse faramineuse ; aussi se fait-elle fantôme d'un futur déjà perdu. Bientôt, elle franchit les portes de la ville, ramenant alors la capuche de sa pèlerine sur le sommet de son crâne blond, d'une main opaline. Ombre.
Inspirer. Expirer.
Inspirer. Expirer.
Emplir ses poumons d'air, profiter de sa pureté, en quelque sorte. Et continuer à marcher, toujours.
Jusqu'à se fondre dans le décor, et se trouver suffisamment éloignée de la ville pour ne plus y voir grand chose.
Là. Quiétude retrouvée.
Le sommeil manqué et les nuits passées à cheval avaient eu raison de la "bonne" mine de la jeune femme. Sans compter la sous-alimentation, pour une raison X. Aussi, son visage s'en trouvait marqué, les joues creusées, le teint blafard. Rien de grave dans tout ceci. De squelette ambulant à cadavre, il n'y a qu'un pas, de toutes façons. Néanmoins, au fil des rencontres - et des retrouvailles pour le moins inattendues -, la fatigue s'était évaporée ; et pesait lourd, désormais. Sournoise fatigue, qui choisit bien le pire des moments pour frapper.
S'arrêter alors. Auprès du premier arbre venu en bordure du chemin. Le chêne est massif, ce qui la fait sourire légèrement, et penser à Lhyra dans le même temps. Ah ! Nul doute que Lhyra trouverait quelque phrase de circonstance à dire, face à tel arbre. Une de ces phrases qui paraissent vides de sens, incompréhensibles, et qui sont pourtant tellement parlantes. De l'être au paraître, il y a une multitude de détails, de nuances : une abysse, en somme. Mais ça
Ses mains viennent bien vite fouler la terre pour en chasser les brindilles et autres cailloux inconfortables, avant de venir y échouer son corps tout entier. Oh bonheur éphémère. Finalement un endroit loin du tumulte de la Vie, où se retrouver. L'éphémère a son charme que l'éternité n'a pas. Astana déteste tout ce qui est figé.
Presque instinctivement, elle porte la main à sa besace, en quête d'une quelconque bouteille pour l'accompagner.
On reste dans l'éthylisme ou pas.
Nulle bouteille à l'horizon, non, non. Rien. Le néant.
Mais qu'est-ce que j'fous là ?
Grognements.
Sans alcool, la fête est moins folle. Et puis, c'est un peu sa boisson de base, ça, l'alcool. L'eau, il paraît que ça augmente les risques d'étouffement, d'après la Colombe.
Alors quoi ? Attendre ? Faire demi-tour ? Dans le genre butée : Astana, modèle 1460. Hors de question qu'elle bouge sans alcool. Il ne reste plus qu'à attendre, donc. D'ici le lendemain, y'aurait bien une âme charitable - ou mal intentionnée, voire sans intentions tout court - qui passerait par là pour lui donner de quoi s'abreuver. Quitte à ce qu'elle la lui arrache à coup de dents.
Rha, et dire qu'elle avait osé dire un peu plus tôt dans la journée que l'espoir était une vertu d'esclave...
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Telle est la couleur de la nuit, ce soir.
Noyée parmi la foule grouillante de la ville, la Danoise déambule de pavés en pavés, avec cette expression indéchiffrable qui lui sied si bien. Une palette d'expressions qui se succèdent, sans queue ni tête, assombrissant un regard, illuminant une esquisse de sourire, en un soupir, un battement de coeur. L'âme erre sans réel but, jusqu'à s'éloigner des rues fréquentées, sans même s'en rendre compte. Simplement marcher, aussi longtemps que ses jambes pourront la porter. Les minutes défilent à une vitesse faramineuse ; aussi se fait-elle fantôme d'un futur déjà perdu. Bientôt, elle franchit les portes de la ville, ramenant alors la capuche de sa pèlerine sur le sommet de son crâne blond, d'une main opaline. Ombre.
Inspirer. Expirer.
Inspirer. Expirer.
Emplir ses poumons d'air, profiter de sa pureté, en quelque sorte. Et continuer à marcher, toujours.
Jusqu'à se fondre dans le décor, et se trouver suffisamment éloignée de la ville pour ne plus y voir grand chose.
Là. Quiétude retrouvée.
Le sommeil manqué et les nuits passées à cheval avaient eu raison de la "bonne" mine de la jeune femme. Sans compter la sous-alimentation, pour une raison X. Aussi, son visage s'en trouvait marqué, les joues creusées, le teint blafard. Rien de grave dans tout ceci. De squelette ambulant à cadavre, il n'y a qu'un pas, de toutes façons. Néanmoins, au fil des rencontres - et des retrouvailles pour le moins inattendues -, la fatigue s'était évaporée ; et pesait lourd, désormais. Sournoise fatigue, qui choisit bien le pire des moments pour frapper.
S'arrêter alors. Auprès du premier arbre venu en bordure du chemin. Le chêne est massif, ce qui la fait sourire légèrement, et penser à Lhyra dans le même temps. Ah ! Nul doute que Lhyra trouverait quelque phrase de circonstance à dire, face à tel arbre. Une de ces phrases qui paraissent vides de sens, incompréhensibles, et qui sont pourtant tellement parlantes. De l'être au paraître, il y a une multitude de détails, de nuances : une abysse, en somme. Mais ça
Ses mains viennent bien vite fouler la terre pour en chasser les brindilles et autres cailloux inconfortables, avant de venir y échouer son corps tout entier. Oh bonheur éphémère. Finalement un endroit loin du tumulte de la Vie, où se retrouver. L'éphémère a son charme que l'éternité n'a pas. Astana déteste tout ce qui est figé.
Presque instinctivement, elle porte la main à sa besace, en quête d'une quelconque bouteille pour l'accompagner.
On reste dans l'éthylisme ou pas.
Nulle bouteille à l'horizon, non, non. Rien. Le néant.
Mais qu'est-ce que j'fous là ?
Grognements.
Sans alcool, la fête est moins folle. Et puis, c'est un peu sa boisson de base, ça, l'alcool. L'eau, il paraît que ça augmente les risques d'étouffement, d'après la Colombe.
Alors quoi ? Attendre ? Faire demi-tour ? Dans le genre butée : Astana, modèle 1460. Hors de question qu'elle bouge sans alcool. Il ne reste plus qu'à attendre, donc. D'ici le lendemain, y'aurait bien une âme charitable - ou mal intentionnée, voire sans intentions tout court - qui passerait par là pour lui donner de quoi s'abreuver. Quitte à ce qu'elle la lui arrache à coup de dents.
Rha, et dire qu'elle avait osé dire un peu plus tôt dans la journée que l'espoir était une vertu d'esclave...
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