Sebelia
Jour d'anniversaire... Qui s'en soucierait ? ELLE surement. Ne pouvait-elle penser qu'à elle-mesme ce jour d'hui, se permettant d'estre égoïste une seule fois l'an ? Plusieurs missives encore cachetées jonchaient le bois lisse de son bureau. Perdue dans ses pensées vagabondes, le temps l'avait absorbée.
Séjour en cellule monastique oblige, Théo avait devancé le jour fatidique et c'est dans la soirée du jeudi qu'elle avait reçu ses bons vux. Finirait-il un jour par poser ses bagues en si petit village lui qui appréciait la compagnie, d'autant plus celle d'accortes damoiselles ? Elle s'était donnée pour mission de lui trouver chausse à son pied pour service rendu à la bonne ville de Castres. Si fait l'homme proposait chaque jour à la vente le fruit de son dur labeur - il bucheronnait - pour une somme modique qui bien souvent couvrait à peine ses frais de bouche. Pourtant taillable et corvéable à merci, elle ne voulait qu'il fut !
Un battement de cil et les noisettes effleurèrent l'emplumoire. Tendre la main et refermer ses doigts fins sur la prime missive qu'un pigeon messager franc comtois avait délivrée. Un frisson parcourut son échine en découvrant la fine calligraphie de son nom sur le vélin. Le son de sa voix mourut dans les hoquets de l'émotion. La missive venait de l'homme avec lequel elle s'était fiancée par le passé lorsque sa vie avait cours en Bourgogne. Tous deux frappés d'un charmement qui ne permettait point à leurs mésanges respectives de pouvoir se croiser. Du pouce, elle décacheta le pli pour en parcourir vistement les quelques lignes.
La deuxième missive l'intrigua. L'écriture était inconnue et pourtant elle avait rencontré la dimezell à son arrivée à Castres. Akessamene. Une jeune femme active à l'avenir prometteur. Bonne pioche ! La troisième était celle de sa mie brunette, une mâconnaise dont elle avait très peu de nouvelles, la reyne des glaces comme la nommait son frère Yvon. Gwendo, témoin de ses frasques énamourées, témoin de ses joies de ses peines, de ses colères aussi, toutes deux filles de l'église aristotélicienne le huitième jour de juillet 1457 à l'Église Saint-Louis de Mâcon par feu le père Maximus. La quatrième missive venait de Julien. Elle n'avait rien à voir avec le jour de sa naissance. Le marché le trouvait en grande joie. Il mandait juste l'intervention de la mairesse près des forgerons à la parfin de s'offrir une belle épée.
La cinquième missive venait de Solene... Mmmh quelle délicieuse jeune femme.
La sixième venait de Remst son vieil ami genevois, mâconnais et depuis...
*Regard sur le sceau*
Dole la capitale francomtoise... Mais qu'avait-il eu besoin de s'exiler hors du royaume ?
La septième de son forgeron bienaimé le bel Angi pouce. Grand jour pour ce monde lorsqu'elle avait ouvert les yeux. Comment devait-elle le prendre ?
Et enfin la huitième et non des moindres puisqu'un paquet emballé dans une étoffe simple d'un bleu profond s'y trouvait joint remis par un gamin du nom de Berthaud en échange d'un sourire carnassier. Elle avait retroussé ses lèvres pour découvrir de petites dents pointues et le jouvenceau s'était ensauvé prenant ses gambes à son col. Jaccot serait ainsy pouilleux ? Elle n'avait point patience de bénédictin. Tirant nerveusement sur l'attache, elle finit par l'arracher découvrant avec curiosité son présent. Un caillou ! Non seulement il est pouilleux mais chiche de face ! La brunette fulminait encore lorsque quelques coups furent frappés à l'huis. Elle hucha un tonitruant.
Entrez !
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Moy... tout simplement