Lylla
[ Et juste au moment ou j'étais bien tout seul
Tu m'arrive comme un coup de poings sur la gueule
L'autoroute de ma vie filait tout droit devant
Notre rencontre est un accident
J'ai envie de crier comme un nouveau-né
De hurler comme un animal traqué
Que l'amour est violent - Garou ]
Les mois s'étaient enchaînés formant une suite interminable qui l'avait vu plonger au fond du gouffre.
La guerre longtemps lui avait servit de béquille, l'obligeant à avancer et à servir encore et encore cette Reyne dont le coeur n'avait pas résisté à tant de violence. Certian jour Lylla arrivait à l'envier, et puis elle se souvenait de son malaise en pleine audience de Cour d'Appel, de sa volonté quasi inconsciente à ce moment la de suivre le même chemin, et la voix de sa fille revenait raisonner à ses oreilles.
Alors doucement elle avait recommencé à vivre, non pas au point de former des projets certes ! Mais à vivre tout simplement. Entouré des gens qu'elle aimait, ces êtres qui était sa famille, son essence, son tout.
François avait enfermé avec lui chez les moines les promesses de noces, de famille. Par chance le père de ce dernier l'avait toujours soutenue, et en fin de compte celui que la blonde redoutait tant c'était montré sous un jour bien moins austère, elle pouvait même dire que légère complicité s'était installé entre eux.
C'est sans doute ce qui l'avait incité à gagner la Gascogne malgré l'absence du Vicomte.
Et puis les choses s'étaient à leurs tours enchaînées. Le courrier de Col, son couple qui volait en éclat et cette perspective d'une seconde chance pour eux de vivre ensemble. Quittant sa Champagne natale, la blonde n'avait pas cherché plus loin que cet espoir de bonheur. Mais voilà... Rien n'est jamais simple !
D'abord il y avait eu la brune. Murée dans un silence de plomb mais au regard ô combien parlant. Chaque oeillade était un reproche, pourtant elle n'était pour rien dans leur rupture. Comment profiter d'une seule minute pour se rapprocher, réapprendre à se connaître dans ces conditions ? Mais ils avaient fait de leur mieux, supportant cette situation pesante jusqu'à l'échéance fatale. L'ancienne compagne de Col avait mis les voiles emportant leur fille dans sa fuite.
Pas facile pour le jeune père de se voir arracher si brutalement son enfant ! Lylla en serait devenue folle. Elle tentait comme elle pouvait, et surement maladroitement de le soutenir dans cette épreuve, toute tentative était bonne pour l'aider à s'évader de ses pensées moroses. Et le temps enfin leur permettait ses si douces retrouvailles.
Ensemble, ils allaient main dans la main découvrant la ville, visitant tout les logis possible et inimaginable pour permettre à la baronne et à ses gens de s'installer pleinement, furetant de droite et de gauche à l'affut d'un meuble, d'un objet pour habiller cette nouvelle vie, quand ce n'était pas un petit cadeau à s'offrir l'un l'autre. Rien de très gros, rien de très cher, uniquement de petites babioles pour marquer chaque instant passé ensemble comme autant de sourire à la vie.
Lylla était justement en train d'emballer un fermail joliment ouvragé, qu'elle souhaitait offrir à son tendre compagnon pour marquer cette nouvelle journée passait tout près de lui quand trois coups furent assenés à sa porte.
La petite jeunette qui l'aidait de temps à temps en l'absence de sa camériste, pointa le bout de son museau et dans une révérence tendit à la baronne un pli à sa destination.
Merci Babette. La servante s'éclipsa et laissa Lylla scruter l'écriture qui semblait dévorait le velin. N'était ce pas leur relation épistolaire qui les avait conduit à une promesse de mariage ? Alors comment ne pas reconnaître le tracé racé et masculin.
Les paupières battent l'air, le souffle lui manque alors que son coeur s'emballe. Etait il possible qu'après tout ce temps.... ?
Elle avait bien eu vent à Paris de son retour à a vie active, mais le silence dont il faisait part, par rapport à elle, n'avait fait qu'en devenir plus pesant encore.
Fébriles, les doigts décachètent la missive et les lignes se mirent à danser devant ses yeux. Respirer un grand coup, se reprendre et ne pas tenter de deviner avant même de lire.
Des coups elle en a déjà pris, un de plus ne serait pas si terrible, car après tout ce temps, que pourrait il lui écrire à part qu'il ne voulait plus la voir.
Alors lentement, Lylla commença à lire...
Tu m'arrive comme un coup de poings sur la gueule
L'autoroute de ma vie filait tout droit devant
Notre rencontre est un accident
J'ai envie de crier comme un nouveau-né
De hurler comme un animal traqué
Que l'amour est violent - Garou ]
Les mois s'étaient enchaînés formant une suite interminable qui l'avait vu plonger au fond du gouffre.
La guerre longtemps lui avait servit de béquille, l'obligeant à avancer et à servir encore et encore cette Reyne dont le coeur n'avait pas résisté à tant de violence. Certian jour Lylla arrivait à l'envier, et puis elle se souvenait de son malaise en pleine audience de Cour d'Appel, de sa volonté quasi inconsciente à ce moment la de suivre le même chemin, et la voix de sa fille revenait raisonner à ses oreilles.
Alors doucement elle avait recommencé à vivre, non pas au point de former des projets certes ! Mais à vivre tout simplement. Entouré des gens qu'elle aimait, ces êtres qui était sa famille, son essence, son tout.
François avait enfermé avec lui chez les moines les promesses de noces, de famille. Par chance le père de ce dernier l'avait toujours soutenue, et en fin de compte celui que la blonde redoutait tant c'était montré sous un jour bien moins austère, elle pouvait même dire que légère complicité s'était installé entre eux.
C'est sans doute ce qui l'avait incité à gagner la Gascogne malgré l'absence du Vicomte.
Et puis les choses s'étaient à leurs tours enchaînées. Le courrier de Col, son couple qui volait en éclat et cette perspective d'une seconde chance pour eux de vivre ensemble. Quittant sa Champagne natale, la blonde n'avait pas cherché plus loin que cet espoir de bonheur. Mais voilà... Rien n'est jamais simple !
D'abord il y avait eu la brune. Murée dans un silence de plomb mais au regard ô combien parlant. Chaque oeillade était un reproche, pourtant elle n'était pour rien dans leur rupture. Comment profiter d'une seule minute pour se rapprocher, réapprendre à se connaître dans ces conditions ? Mais ils avaient fait de leur mieux, supportant cette situation pesante jusqu'à l'échéance fatale. L'ancienne compagne de Col avait mis les voiles emportant leur fille dans sa fuite.
Pas facile pour le jeune père de se voir arracher si brutalement son enfant ! Lylla en serait devenue folle. Elle tentait comme elle pouvait, et surement maladroitement de le soutenir dans cette épreuve, toute tentative était bonne pour l'aider à s'évader de ses pensées moroses. Et le temps enfin leur permettait ses si douces retrouvailles.
Ensemble, ils allaient main dans la main découvrant la ville, visitant tout les logis possible et inimaginable pour permettre à la baronne et à ses gens de s'installer pleinement, furetant de droite et de gauche à l'affut d'un meuble, d'un objet pour habiller cette nouvelle vie, quand ce n'était pas un petit cadeau à s'offrir l'un l'autre. Rien de très gros, rien de très cher, uniquement de petites babioles pour marquer chaque instant passé ensemble comme autant de sourire à la vie.
Lylla était justement en train d'emballer un fermail joliment ouvragé, qu'elle souhaitait offrir à son tendre compagnon pour marquer cette nouvelle journée passait tout près de lui quand trois coups furent assenés à sa porte.
La petite jeunette qui l'aidait de temps à temps en l'absence de sa camériste, pointa le bout de son museau et dans une révérence tendit à la baronne un pli à sa destination.
Merci Babette. La servante s'éclipsa et laissa Lylla scruter l'écriture qui semblait dévorait le velin. N'était ce pas leur relation épistolaire qui les avait conduit à une promesse de mariage ? Alors comment ne pas reconnaître le tracé racé et masculin.
Les paupières battent l'air, le souffle lui manque alors que son coeur s'emballe. Etait il possible qu'après tout ce temps.... ?
Elle avait bien eu vent à Paris de son retour à a vie active, mais le silence dont il faisait part, par rapport à elle, n'avait fait qu'en devenir plus pesant encore.
Fébriles, les doigts décachètent la missive et les lignes se mirent à danser devant ses yeux. Respirer un grand coup, se reprendre et ne pas tenter de deviner avant même de lire.
Des coups elle en a déjà pris, un de plus ne serait pas si terrible, car après tout ce temps, que pourrait il lui écrire à part qu'il ne voulait plus la voir.
Alors lentement, Lylla commença à lire...
Citation:
Le Mans,10 mars 1460,
Ma très chère et tendre,
J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant
Et de baiser sur cette bouche la naissance
De la voix qui m'est chère?
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués
En étreignant ton ombre
A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
Au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
Et me gouverne depuis des jours et des années,
Je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps
Sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé
A toutes les apparences de la vie
Et de l'amour et toi, la seule
qui compte aujourd'hui pour moi,
Je pourrais moins toucher ton front
Et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,
Couché avec ton fantôme
Qu'il ne me reste plus peut-être,
Et pourtant, qu'a être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre
Cent fois que l'ombre qui se promène
Et se promènera allègrement
Sur le cadran solaire de ta vie. *
Voici donc le glas qui sonne
Annoncant mon arrivée
Peut etre que ton ame raisonne
Mais cette fois ci c'est bien la réalité
Ma douce Ma mie princesse de Gascogne
Pour toutes l'éternité !
Francois Von Wittelsbach,vicomte de Baygorri.
Ma très chère et tendre,
J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant
Et de baiser sur cette bouche la naissance
De la voix qui m'est chère?
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués
En étreignant ton ombre
A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
Au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
Et me gouverne depuis des jours et des années,
Je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps
Sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé
A toutes les apparences de la vie
Et de l'amour et toi, la seule
qui compte aujourd'hui pour moi,
Je pourrais moins toucher ton front
Et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,
Couché avec ton fantôme
Qu'il ne me reste plus peut-être,
Et pourtant, qu'a être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre
Cent fois que l'ombre qui se promène
Et se promènera allègrement
Sur le cadran solaire de ta vie. *
Voici donc le glas qui sonne
Annoncant mon arrivée
Peut etre que ton ame raisonne
Mais cette fois ci c'est bien la réalité
Ma douce Ma mie princesse de Gascogne
Pour toutes l'éternité !
Francois Von Wittelsbach,vicomte de Baygorri.
[* Robert Desnos, "Corps et biens".]
Comme porté par une brise lontaine, le papier voltigea jusqu'au sol. Une main étreignait sa gorge, nul son ne pouvait plus en sortir, alors c'est de ses yeux que commencèrent doucement à couler une larme, puis une autre et encore une... Ce furent des flots qui finirent par se déverser, le barrage émotionnel durement érigé venant de céder.
Lylla était comme en état de choc. Tout, elle s'était préparé à tout, sauf à ça. Rire, pleurer elle ne savait plus que faire, deux pans de sa vie venaient de se percuter à grande vitesse la laissant KO dans le fossé.
Presque en courant elle gagna la croisée et ouvrit en grand les carreaux. De l'air vite, elle avait besoin d'air ! Les yeux clos, le visage aux joues humides tendu vers le ciel, les mains jointes sur sa poitrine, elle tendit son minois au soleil, cherchant sa caresse pour apaiser son coeur, comme si au dela de la douce chaleur solaire, la main du seigneur pouvait calmer la tempête qui naissait en elle.
Mon Dieu ! Qu'allait elle faire désormais ?
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