Moran
La Bourgogne est agréable. La demeure que Judas a confiée à Moran est plus que confortable. Tout le monde ne peut quenvier cette position de petit roi qui lui permet de diriger quelques hommes, de posséder un domaine aussi vaste qui lui permet de chasser ou inviter quelques demoiselles en mal damour - bien quil préféra plutôt les rejoindre dans leur couche afin quelles se souviennent de lui chaque nuit qui suivront en y dormant seules. Ah lorgueil masculin.
Malheureusement le boiteux sennuie depuis que toute la troupe a décampé pour découvrir la toute nouvelle acquisition du Von Frayner. Les femmes ont eu un goût appréciable quelques temps, les jeux aussi, jusquà ce que la chance tourne, puis la chasse dont il se lassait à présent aussi. Lui, fidèle bras droit de Judas, protecteur non attitré de ses compagnes, navait guère prit la route avec eux pour ainsi laisser sa vigueur enfermée dans une belle cage dorée.
Un heureux hasard lui permit de trouver une nouvelle occupation bien plus distrayante.
Saviez-vous que Moran avait-eu une sur ? Bien sûr que non, le Lisreux nest pas bavard quand il sagit de lui... encore moins lorsque cela concerne une action honteuse dil y a au moins 27 printemps.
A cette époque, la petite venait de naître. Mais lui tout ce quil voyait en cet amas de chaire ronde, douce et chouineuse, était le risque que cette bouche de plus les plonge tous dans une pauvreté encore plus difficile à vivre. Il nétait pas question que cela arrive. Lorgueil de libère déjà surdéveloppé à lépoque et sa place de mâle favoris auprès de ses parents eurent raison de la petite Zoé. Qua-t-il fait ? Hé bien du haut de ses 11 ans, il parvint convaincre ses parents, leur disant que le poupon allait les anéantir, quils devaient se débarrasser delle avant quils ne sattachent trop à elle. Sans la tuer, ils pouvaient la laisser aux surs dans un couvent un peu plus loin. Et de rajouter en se signant tout en effectuant une moue de dégoût, les yeux posés sur le fin duvet de la tête de sa sur
« Rgardez père, mère ! Cest un démon ! Rgardez ces cheveux qui vont devenir aussi rouges que les flammes de lenfer ! Elle va apporter le malheur sur notre famille !»
Trop préoccupé par leur fils, leur chouchou, leur descendant fort et plus apte queux même à réussir, plus instruit, plus malin et plus vicieux certainement Moran eut gain de cause. Zoé, perdante, fut amenée chez les nonnes quelques jours à peines après sêtre échappée du cocon sécurisé de sa mère.
Mais ne croyez pas que cette victoire fut aussi facile. Plus Moran gagnait en maturité et expérience, plus la culpabilité davoir expulsé son propre sang, grandissait. Depuis ses 20 ans, il sétait doucement mis à sa recherche, repartant voir les surs, cherchant des indices sur les lieux où elle avait pu aller.
Jusquà il y a quelques mois, il navait eu que de faibles informations. Mais à force de se faire des amis lors de ses voyages, Moran avait en quelques sortes, des espions un peu partout.
Encore en Normandie, il reçut un courrier de lun deux, lui indiquant quil y avait à Genève, une rouquine qui pourrait être celle quil recherchait. Il avait réussi à glaner quelques informations sur elle au prix parfois de quelques coups, car dans lentourage des lions de Judas difficile de ne pas récupérer quelques estafilades.
Voilà la raison qui lavait fait se diriger vers la Bourgogne et lavait fait rencontrer Judas. Prénom qui avait agi comme un signe du destin.
Une fois installé au petit Bolchen, il avait écrit à la dite rousse, une certaine Shirine, quel dommage, Zoé était bien plus joli.
Le géant sétait dailleurs retrouvé désarmé devant ce vélin vierge. Quoi lui dire ? Et si ce nest pas elle ? Sept années à la rechercher et à présent les mots lui échappent. Devait-il marquer son nom de famille ? Sen souviendrait-elle ? Viendrait-elle sil linvitait ? Lui qui avait toujours les mots pour répliquer, pour argumenter, pour entourlouper ici aucun deux ne voulaient sortir.
Un instant sa fierté en fut heurtée. Un instant, il envoya, encre, vélin et plume à lautre bout de la pièce dans un cri de rage avant dobserver, essoufflé, les dessins aléatoires et sinueux du liquide sombre sur le sol.
Elle lénervait à nouveau. Ce sang inconnu jouait avec lui de lintérieur. Parvenait à abattre lassurance et la ruse du Lisreux sans même être présente. Peut-être devait-il la tuer finalement. Peut-être devait-il la noyer comme on aurait- dû le faire à sa naissance, telle une portée de chatons trop encombrante pour vivre.
Et certainement, lorsquil laura tuée, la culpabilité sen ira avec !
« Madre mia estoy loco. »*
Cette simple pensée fit sévanouir la tension de tout son corps. Et la carrure du géant reprit cette attitude nonchalante et décontractée quil arborait tous les jours.
Ayant récupéré un nouveau pot dencre et son vélin, sa plume se mit à crisser pour noter une courte missive.
De Moran Lisreux
A Shirine
Bonjour,
Jose penser que mon nom de famille te dira quelque chose.
Jose croire que le nom de Zoé ten dira plus encore.
Jose espérer que tu connais lexistence de ton frère.
Si ces trois points sont exacts, jaimerais te rencontrer. Viens à moi Zoé, je suis en Bourgogne au domaine du petit Bolchen. Nous devons nous voir. Nous devons nous parler.
Si tu as le tempérament que lon ma décrit, je ne pense pas devoir minquiéter. Tu viendras.
Alors à très vite, petite sur.
Moran
Si une pincée de cruauté persistait cétait pour se venger de ce poison quelle avait réussi à insérer en lui alors même quelle nétait quun nourrisson. Maudit soit-elle. Et si elle était trop lâche pour venir, peut-être cette culpabilité sen irait-elle, la preuve étant faite quelle nen valait pas la peine.
La lettre fut confiée au coursier.
Voilà de quoi revigorer notre boiteux dont tout à coup, lennui ne semblait plus aussi oppressant.
Des frissons dexcitation courant sous a peau, libère sempressa de rejoindre sa chambre où travaillait Anne, jeune domestique dont il soccupait personnellement quand il devait chasser sa tension.
En moins de deux, elle fut départie de son chiffon, tout comme de ses vêtements.
Anne, va tallonger dépêche-toi
Furent les dernières paroles du Lisreux fébrile. La servante allait payer pour larrogance de sa sur.
*Ma mère ! Je suis fou
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Malheureusement le boiteux sennuie depuis que toute la troupe a décampé pour découvrir la toute nouvelle acquisition du Von Frayner. Les femmes ont eu un goût appréciable quelques temps, les jeux aussi, jusquà ce que la chance tourne, puis la chasse dont il se lassait à présent aussi. Lui, fidèle bras droit de Judas, protecteur non attitré de ses compagnes, navait guère prit la route avec eux pour ainsi laisser sa vigueur enfermée dans une belle cage dorée.
Un heureux hasard lui permit de trouver une nouvelle occupation bien plus distrayante.
Saviez-vous que Moran avait-eu une sur ? Bien sûr que non, le Lisreux nest pas bavard quand il sagit de lui... encore moins lorsque cela concerne une action honteuse dil y a au moins 27 printemps.
A cette époque, la petite venait de naître. Mais lui tout ce quil voyait en cet amas de chaire ronde, douce et chouineuse, était le risque que cette bouche de plus les plonge tous dans une pauvreté encore plus difficile à vivre. Il nétait pas question que cela arrive. Lorgueil de libère déjà surdéveloppé à lépoque et sa place de mâle favoris auprès de ses parents eurent raison de la petite Zoé. Qua-t-il fait ? Hé bien du haut de ses 11 ans, il parvint convaincre ses parents, leur disant que le poupon allait les anéantir, quils devaient se débarrasser delle avant quils ne sattachent trop à elle. Sans la tuer, ils pouvaient la laisser aux surs dans un couvent un peu plus loin. Et de rajouter en se signant tout en effectuant une moue de dégoût, les yeux posés sur le fin duvet de la tête de sa sur
« Rgardez père, mère ! Cest un démon ! Rgardez ces cheveux qui vont devenir aussi rouges que les flammes de lenfer ! Elle va apporter le malheur sur notre famille !»
Trop préoccupé par leur fils, leur chouchou, leur descendant fort et plus apte queux même à réussir, plus instruit, plus malin et plus vicieux certainement Moran eut gain de cause. Zoé, perdante, fut amenée chez les nonnes quelques jours à peines après sêtre échappée du cocon sécurisé de sa mère.
Mais ne croyez pas que cette victoire fut aussi facile. Plus Moran gagnait en maturité et expérience, plus la culpabilité davoir expulsé son propre sang, grandissait. Depuis ses 20 ans, il sétait doucement mis à sa recherche, repartant voir les surs, cherchant des indices sur les lieux où elle avait pu aller.
Jusquà il y a quelques mois, il navait eu que de faibles informations. Mais à force de se faire des amis lors de ses voyages, Moran avait en quelques sortes, des espions un peu partout.
Encore en Normandie, il reçut un courrier de lun deux, lui indiquant quil y avait à Genève, une rouquine qui pourrait être celle quil recherchait. Il avait réussi à glaner quelques informations sur elle au prix parfois de quelques coups, car dans lentourage des lions de Judas difficile de ne pas récupérer quelques estafilades.
Voilà la raison qui lavait fait se diriger vers la Bourgogne et lavait fait rencontrer Judas. Prénom qui avait agi comme un signe du destin.
Une fois installé au petit Bolchen, il avait écrit à la dite rousse, une certaine Shirine, quel dommage, Zoé était bien plus joli.
Le géant sétait dailleurs retrouvé désarmé devant ce vélin vierge. Quoi lui dire ? Et si ce nest pas elle ? Sept années à la rechercher et à présent les mots lui échappent. Devait-il marquer son nom de famille ? Sen souviendrait-elle ? Viendrait-elle sil linvitait ? Lui qui avait toujours les mots pour répliquer, pour argumenter, pour entourlouper ici aucun deux ne voulaient sortir.
Un instant sa fierté en fut heurtée. Un instant, il envoya, encre, vélin et plume à lautre bout de la pièce dans un cri de rage avant dobserver, essoufflé, les dessins aléatoires et sinueux du liquide sombre sur le sol.
Elle lénervait à nouveau. Ce sang inconnu jouait avec lui de lintérieur. Parvenait à abattre lassurance et la ruse du Lisreux sans même être présente. Peut-être devait-il la tuer finalement. Peut-être devait-il la noyer comme on aurait- dû le faire à sa naissance, telle une portée de chatons trop encombrante pour vivre.
Et certainement, lorsquil laura tuée, la culpabilité sen ira avec !
« Madre mia estoy loco. »*
Cette simple pensée fit sévanouir la tension de tout son corps. Et la carrure du géant reprit cette attitude nonchalante et décontractée quil arborait tous les jours.
Ayant récupéré un nouveau pot dencre et son vélin, sa plume se mit à crisser pour noter une courte missive.
De Moran Lisreux
A Shirine
Bonjour,
Jose penser que mon nom de famille te dira quelque chose.
Jose croire que le nom de Zoé ten dira plus encore.
Jose espérer que tu connais lexistence de ton frère.
Si ces trois points sont exacts, jaimerais te rencontrer. Viens à moi Zoé, je suis en Bourgogne au domaine du petit Bolchen. Nous devons nous voir. Nous devons nous parler.
Si tu as le tempérament que lon ma décrit, je ne pense pas devoir minquiéter. Tu viendras.
Alors à très vite, petite sur.
Moran
Si une pincée de cruauté persistait cétait pour se venger de ce poison quelle avait réussi à insérer en lui alors même quelle nétait quun nourrisson. Maudit soit-elle. Et si elle était trop lâche pour venir, peut-être cette culpabilité sen irait-elle, la preuve étant faite quelle nen valait pas la peine.
La lettre fut confiée au coursier.
Voilà de quoi revigorer notre boiteux dont tout à coup, lennui ne semblait plus aussi oppressant.
Des frissons dexcitation courant sous a peau, libère sempressa de rejoindre sa chambre où travaillait Anne, jeune domestique dont il soccupait personnellement quand il devait chasser sa tension.
En moins de deux, elle fut départie de son chiffon, tout comme de ses vêtements.
Anne, va tallonger dépêche-toi
Furent les dernières paroles du Lisreux fébrile. La servante allait payer pour larrogance de sa sur.
*Ma mère ! Je suis fou
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