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[RP Ouvert] Quartier Spiritu Sanguis, taverne la Sans Nom

--Phylibert



Cornegidouille ! Elle est diablement futée, notre jolie coccinelle ! Y'a pas à moufeter, elle en a dans le ciboulot ! Notre petite crevette maîtrise parfaitement l'art de l'esquive, et ce brave Phylibert admire en connaisseur, lui qui est également un spécialiste des jactances interminables qui évitent de révéler la moindre chose essentielle. Mouais. Sauf quand il a un peu trop taquiné la dive bouteille, parce qu'alors il n'arrive plus à fermer son clapet, et c'est ce qui risque de se produire là s'il continue à biberonner à cette même cadence infernale.

En définitive, tout ce qu'il a pu tirer de la sauterelle, c'est que mam'zelle s'adapte, mam'zelle se débrouille, mam'zelle trouve ce qu'il lui faut ! Mam'zelle s'approvisionne au marché ! Tiens donc ! Mais notre bon Phylibert ne se décourage pas, d'autant plus que la puce n'a pas repoussé sa paluche intrépide. Elle y a même posé ses doigts menus, puis elle l'a examinée, comme si elle pouvait tout comprendre de son vis-à-vis en reluquant simplement les lignes qui s'entrecroisent sur ses paumes. Si ça continue elle va lui prédire son avenir, comme ces gitanes qui enquiquinent les badauds qui traînent leurs godillots aux miracles pour leur annoncer mille merveilles. Finalement, non, la brindille lui rend sa patoche, et elle la dépose délicatement sur un de ses cuissots tout en la tapissant de la sienne.

Il aime ça, l'animal. Ça ne signifie pas que l'affaire est dans le sac, mais bon, c'est quand même plus amical que de le rembarrer en lui claquant une gifle sur le coin du museau. Et notre gaillard ne peut s'empêcher de capturer la mignonne menotte dans sa grande main blanche et d'entremêler gentiment leurs doigts. C'est qu'elle lui plaît bien, la gamine. Notre Phylibert aime les filles plantureuses, avec des rondeurs accueillantes du côté face et du côté pile, c'est évident, mais ce joli farfadet aux boucles de feu éveille en lui un instinct protecteur inhabituel. C'est pas un vilain bougre, notre filou. Il la prendrait volontiers sous son aile, la roussote. Sans doute n'est-elle pas aussi fragile qu'elle y paraît, mais notre bonhomme préfère ignorer ce détail.

Et quand la musaraigne l'interroge, d'une voix discrète, notre Phylibert est prêt à tout lui déballer ! Sa naissance, sa jeunesse, l'âge du capitaine, cette faille dans un mur branlant où il cache ses écus. Et puis, finalement, il faut bien qu'un des deux commence à dire autre chose que des banalités, non ? Le bougre est prudent, malgré tout ! A qui peut-on se fier dans les infâmes gargotes de la cour ? Les murs ont des oreilles, et les clients aussi ! La Fanchon rôde entre les tables, mais elle, c'est un moindre mal. Les bistrotières n'ont aucun intérêt à faire fuir la clientèle en divulguant tout ce qu'elles ont pu saisir de leurs conciliabules.

Le bon Phylibert se penche donc à nouveau vers la menue poupée. Ses lèvres frôlent son oreille. Se retenant de justesse de lui bécoter la joue, il murmure...
En quoi je suis expérimenté, ma tourterelle ? Je suis le magicien des escarcelles ! Je les vide en un éclair ! Ni vu, ni connu, je t'embrouille ! Et mon petit doigt me dit que tu en connais un bout aussi, même si je n'ai pas réussi à te faire avouer ! Il sourit largement, redresse un peu le torse, sans lâcher la petite main de la mignonne, et il la dévisage d'un œil affectueux, et vaguement malicieux, comme s'il était certain d'avoir percé son secret alors qu'il n'est sûr de rien. C'est vrai qu'il se met parfois le doigt dans l’œil jusqu'au coude, notre Phylibert !

Isleen
Emportée par l’attente de la réponse à sa question, et peut être bien par la proximité du filou à ses cotés, la rouquine en a oublié de retirer sa main, et le coquin en profite pour entrelacer leurs doigts. Eut-elle eu envie de disparaître tel un feu follet, qu’elle n’en a plus la possibilité, mais il l’intrigue le Phylibert, alors elle ne dit mot.

Drôle de sensation que leurs mains jointes, leurs doigts emmêlés, geste intime que seul se permettent enfants et parents, amants, amis proches, rien de ce qu’ils sont l’un pour l’autre. Elle devrait retirer sa main. Nul temps de se pencher plus en avant sur le problème qui n’en est pas vraiment un, le bourreau des cœurs se penche, près, très près. Elle se crispe légèrement, elle n’aime pas ça de le sentir trop proche, redoute le moment ou il en profitera, les hommes en profitent toujours lorsque vous les laisser vous approcher…et là ben étonnement, même pas, un murmure à son oreille, juste son souffle léger dans ses cheveux. Il l’intrigue, maintenant il l’étonne, voilà un coureur de jupon peu courant, plus subtil que beaucoup d’autres.

Un fin sourire amusé s’esquisse alors qu’elle l’écoute, il en a de l’imagination et de la pratique le joli cœur, la voilà avec un autre petit nom, chaque fois, qu’il ouvre la bouche, il lui en donne un nouveau, ça l’amuse la rouquine. Mais le plus important, c’est ce qu’il est, ce qu’il fait, cet aveux fanfaronnant lui donne presque envie de se laisser aller à se confier à lui, il inspire presque la sécurité le Phylibert. Presque, elle se méfie, elle ne le connaît pas assez… il faut dire que depuis son échouage involontaire sur les côtes bretonnes, et son exil volontaire lui de son Irlande natale, la rouquine a passé son temps à aller de ville en ville, jamais bien longtemps au même endroit, toujours sur ses gardes, elle ne s’est pas liée à grand monde depuis qu’elle est chez les françoys, alors pourquoi pas lui ? Il a fait le premier pas, elle peut bien faire le second. Et puis… le sourire se fait plus malicieux, elle fixe ses onyx dans le regard du voleur d’écus, sa main toujours dans la sienne, elle la trouve bien ou elle est finalement, elle se penche, près tout près, un murmure, un souffle à son oreille.


Je n’avoue jamais rien….mais ton petit doigt est assez doué …- sourire malicieux – tu devrais regarder ta poche mon joli…

L’instant d’avant de sa main libre, elle venait d’y mettre le mouchoir d’un geste habile et discret que de loin pouvait passer pour un geste plus audacieux, elle n’avoue jamais rien ou presque avec des mots, c’est tellement plus facile lorsque dans un geste naturel on fait pareil. Le bougre a beau être un voleur d’escarcelles, il n’en reste pas moins un homme, et les hommes sont facilement distraits lorsqu’une femme se trouve près, très près d’eux murmurant à leur esgourde.

L’avenir lui dira si elle peut faire confiance au voleur d’escarcelles et de cœurs, car le beau gosse vole les cœurs elle en mettrait sa main à couper.
--Phylibert



Foutre-dieu ! Notre Phylibert lâche précipitamment la blanche menotte de la brindille et enfourne vivement ses grandes paluches au fond de ses poches pour vérifier les dires de la puce ! Effectivement, le mouchoir est dans sa fouille, bien au chaud ! Diantre ! Comment a t-elle réussi un coup pareil ? Un seul mot lui vient à l'esprit : Respect ! La virtuosité du joli lutin roux lui coupe un instant la chique, mais le bougre se reprend très vite. Il est beau joueur, notre Casanova, il est admiratif, et un large sourire le confirme !
Je te le confisque, mon colibri ... déclare t-il tout de go en le repoussant dans sa poche après l'avoir examiné un instant et après avoir humé son parfum ... Mais pas question que je le souille si j'ai la goutte au nez, il est beaucoup trop mignon ! Et si tu en as besoin, mon rossignol, tu sais comment le récupérer sans que je le remarque, petite futée ! poursuit-il, charmeur, complice, gai comme un rire d'enfant, emprisonnant à nouveau, délicatement, les doigts de la coquine entre les siens comme s'ils lui appartenaient désormais.

Cependant, comme tout fier coq asticoté par une poulette aussi astucieuse, notre bon Phylibert cogite déjà furieusement pour épater à son tour la gamine. Il s'est vanté de sa remarquable adresse pour chouraver les bourses et les escarcelles, il s'est prétendu un maître en la matière, et, n'ayons pas peur des mots, il s'est fait entourlouper comme un débutant, comme un branquignol, par la jolie petite caille. Sa fierté de mâle en a pris un bon coup sur la cafetière, mais le bougre n'est pas rancunier, au contraire, juste un tantinet revanchard.

Revanchard, certes, mais gentiment. Pas question d'une revanche spectaculaire, d'autant plus que la coccinelle a soulevé légèrement un pan du voile. Notre Phylibert avait vu clair, la rouquine le lui a presque avoué, de façon indirecte : elle se débrouille plutôt bien pour vider les fouilles ! Sans doute beaucoup mieux que lui, constate t-il sans le dire ! Mais ils sont un peu collègues, en quelque sorte. Ils sont faits pour s'entendre ! C'est donc avec une grimace de plaisir et d'amusement, franche et lumineuse, que le bonhomme envoie voleter sa main libre vers la chevelure de feu de la puce, juste là, derrière son oreille, et qu'il en ramène un écu aussi scintillant qu'un soleil d'été, ce chaud soleil qui danse et folâtre au cœur des ruelles, et qui saute de toit en toit, même sur les toitures grises des masures pouilleuses des miracles.
Cadeau pour un joli souriceau ... décide t-il en refermant la menotte de la sauterelle sur la pièce brillante. Bon, c'est pas non plus le trésor d'Ali Baba, c'est peu de chose, mais c'est offert avec générosité, avec affection. Et notre zigoto poursuit sur son élan, il porte doucement l'autre main de la liane vers ses lèvres, et lui bécote le bout des doigts. S'il se prend un râteau, ou cinq doigts sur le bec, c'est maintenant, mais tous les espoirs lui sont permis. Enfin c'est ce qu'il croit, notre bon Phylibert. C'est ce qu'il espère ...

Isleen
Eclair amusé dans le regard de l’irlandaise, sourire taquin en voyant la panique un instant dans le regard du joli cœur, avant qu’il ne réalise a présence du mouchoir dans sa poche.

Confisque, confisque…

D’un geste de la main la tourterelle irlandaise, lui signifie qu’elle s’en moque royalement, oui elle saura le rechercher si elle en a besoin – sourire malicieux – mais surtout le fait que maintenant qu’elle a le mouchoir - enfin avait puisque techniquement parlant c’est le beau gosse qui l’a - elle s’en moque totalement. Si elle ne l’a pas rendue aux deux zigs de tout à l’heure c’est tout simplement pour le « tas de défection » utilisé par l’un deux et qui n’était absolument pas passé. Elle ne sera jamais riche la rouquine, piètre voleuse, le plus souvent elle ne dérobe que de l’inutile, tel ce mouchoir, elle cède juste à la pulsion qui la prend soudainement de prendre à autrui. Mais ça elle ne le dit pas, trop personnel.

Rire léger de la libellule. Joli tour de passe passe, le coup de la pièce dans les cheveux, il est doué dans son genre lui aussi. Elle aura vraiment gagné sa journée, pour un mouchoir, elle aura bu gratuitement sauf son premier verre, et elle aura gagné une pièce…et peut être un ami ou plus, ça seul l’avenir le dira. Riche journée.


Merci, par contre toi ne t’avise pas de venir la rechercher...

Eclat de malice dans le regard du rossignol tendit qu'elle glisse la pièce dnas sa poche, mais vérité tout de même, il n’y a rien de plus méchant qu’un voleur qu’on vole, alors une voleuse / cleptomane n’en parlons pas. L’éclat vire vite vers l’étonnement alors que le voleur d’escarcelles porte sa main à ses lèvres pour baiser chacun de ses doigts. Ha ben non, elle a beau l’apprécier, le Philibert va un peu vite en besogne a son gout, la tourterelle ne compte pas se faire voler le cœur, elle sait très bien comment cela fini après….dans la douleur et les larmes. Elle a tant de fois vu ça, qu’elle est très refroidie lorsqu’il s’agit de sentiments. Pourquoi croyez vous qu’elle est encore pucelle sinon ? Heu…avouons aussi que c’est surtout que la plus part de ses compatriotes préfèrent les grandes plantureuses, tout son contraire quoi .

Tout doux mon joli….

Elle récupère sa main doucement, c’est qu’elle ne voudrait pas le vexer plus que nécessaire, il lui est sympathique…en fait non plus que ça elle l’aime bien le Phylibert, elle le sent c’est un brave type dans son genre, mais s’il se vexe et bien tant pis, c’est ainsi, elle n’y peut rien, ça commence à aller un peu trop loin pour elle cette histoire, tout au plus continue-telle d‘un petit ton taquin histoire de faire passer le tout.

On ne dérobe pas mes doigts….ils sont précieux.

Elle sait ce qui va se passer ensuite, il commence par les doigts, puis le reste du bras, la bouche, elle finira par céder comme une faible femme, il dérobera son corps et son cœur, une fois que ça sera fait, il passera à un autre jupon…elle n’aura plus de cœur, juste des yeux humides, et dans el pire des cas une surprise pour dans neuf mois…et c’est pas dans son programme. Elle aurait voulu qu’ils deviennent amis, ça aurait été un bon début…
Elle se lève, esquisse un geste à la compagnie, un signe de tête et un sourire à la tavernière


A une prochaine Fanchon

Retour sur le Don juan, voleur d’escarcelles, pourvoyeur de petit nom.

Phylibert, faut que j’file…j’suis sure qu’on se reverra un de ces qua’te...

Et la rouquine de filer, sans demander son reste, enfin elle ne file pas, elle fuit pour être exacte, elle se fuit elle-même. On peut être petite comme un écureuil, éffrontée, cleptomane, se débarrasser du pire des soudards d’un coup de genou dans les parties, le tout sans broncher et crever de trouille devant un Don juan qui vous compte fleurette de beaucoup trop près…
--Phylibert



Adieu veau, vache, cochon, couvée et tout le reste. Malgré les sourires de la puce, il faut être un idiot pour affirmer que l'enfant se présente bien. La coquine a récupéré ses doigts, et le bougre n'a plus rien à mordiller ni à bécoter. Et c'est pas fini ! Pas le temps de dire ouf, et pfuitt, la brindille s'est évaporée ! Non mais c'est quoi ce départ précipité ? L’œil de notre bonhomme se fait noir, et, du coup, la rouquine lui paraît beaucoup moins attirante. Non, il n'apprécie pas de se faire planter comme ça, surtout par une musaraigne à l'accent ridicule et aux petits seins de fillette anémiée ?
C'est ça, barre-toi ! ... grogne t-il alors qu'elle est déjà sortie !

Mais en attendant, te revoilà gros-jean comme devant, mon pauvre Phylibert ! Te voilà traité comme le roi des couillons ! Ahh voilà bien les femmes, avec leur fourberie, leur perfidie, leur bassesse et leurs coups fourrés ! Il l'a mauvaise, le joli cœur ! Voilà comment ces chipies remercient les beaux gosses qui s'intéressent à leur avenir et à leur désert sentimental ! Faites du bien à un chien, et il vous pisse dans la main, énonce le proverbe ! C'est exactement ça ! Ce que ressent le bonhomme, il ne pourrait même pas l'exprimer tellement il est furibard de s'être fait larguer comme un gros benêt !

Palsambleu ! Elle ne sait pas ce qu'elle loupe, cette petite gourde ! Il aurait pu la former à son image, lui dévoiler tous ses secrets, toutes ses astuces ! En faire sa britiche aux doigts crochus ! Ils auraient pu s'associer, lui le baroudeur connaissant comme sa poche chaque recoin de ce quartier pourri, et elle, le joli moustique aux grands yeux troublants capables d'apitoyer le bourgeois et de gagner sa confiance ! Ensemble ils auraient pu réunir un fabuleux pactole et quitter ce trou à rats ! Mais bon, tant pis pour toi, miss Christmas Pudding ! Débrouille-toi toute seule ! Tu finiras chez la Succube ou dans un des autres bordels des miracles, et tu pourras y savourer à ton aise la délicatesse des gros porcs qui se coucheront sur ta frêle carcasse et te pourfendront à grands coups de braquemart ! Voilà ce qui t'attend ! Voilà ton destin ! Bon vent ! Dégage !

Phylibert vide cul sec son verre de picrate, s'essuie le museau du revers de sa manche, avec une rare élégance, puis ses yeux se perdent au fond de son godet et il hoche lentement la tête. Il est fait comme ça, notre asticot. Grande gueule mais cœur d'or. Ses colères sont aussi éphémères que les orages d'été, et il retombe déjà comme un soufflé trop cuit. Quel regrettable gâchis, tout de même ...
murmure t-il.

Soudain, une pulsion incontrôlable le jette en bas de son tabouret ! Trois ou quatre pièces roulent sur le comptoir. Voilà ! Notre homme salue Fanchon et sa poitrine, il décide d'ignorer superbement les autres quidams, et se précipite vers l'extérieur. Ça va, il ne tangue pas trop, sans doute a t-il encore assez de sang dans ce liquide alcoolisé qui coule dans ses veines ! La libellule n'est pas loin, même si son pas sautillant résonne allégretto sur le pavé.
Attends ! ... hurle t-il en la rejoignant de sa longue démarche dégingandée et en lui prenant le bras. Attends, faut qu'on cause encore un brin ! J'ai sans doute pas été très clair ! J'ai quelque chose à te proposer ! Mais pas ici, pas dans la rue ! Viens, je connais un des rares coins charmants de ce bouge ! Au bord de la Seine !

Cette destination, il ne l'avait pas préméditée, mais rien de tel qu'une rive déserte et pas trop cracra pour éveiller les bons sentiments et inciter à la réflexion et à la tendresse, non ?

Fanchon...


Tout en essuyant ses chopines avec un coin de torchon probablement infesté de bactéries sournoises et de microorganismes patibulaires, la Fanchon avait suivi d’un œil complaisant la galante conversation. Une rareté. D’ordinaire, c’tait à elle qu’on contait fleurette : on se pressait, l’œil vitreux et l’haleine avinée, autour de ses jupons, comme autant de mouches autour d’un seul, unique pot de miel.
Vrai, elle pourrait presque s’habituer à une touche féminine dans la faune de son bouge.

Alors, quand la donzelle fila entre les pattes du lovelace, elle la salua d’un rauque :


- A la r’voyure, mignonne !

Mais chacun ses raisons. Avait-elle un souteneur ? Venait-elle seulement d’atterrir dans la fange parisienne ? Elle était diablement sûre d’elle, la brindille – et diablement farouche. Mais baste. A chacun ses mauvaises raisons. La Fanchon, qui certes accusait quelques printemps de plus, et ce même si l’Irlandaise était moins jeune qu’elle ne paraissait, connaissait la chanson.

Quoi qu’il en fut, la frimousse du Phylibert en cet instant valait le détour.


- Hey ben, mon beau, on n’a pas l’habitude de se faire envoyer sur les roses, dis-moi, plaisanta-t-elle à mi-voix. Mais avant qu'elle eût pu asticoter sérieusement le gazier, il sauta sur ses pieds et s'en fut à toutes jambes.

La taulière partit d'un grand rire.

Bientôt, le bouge commencerait à se vider. La chandelle flancherait. Fanchon se trouverait seul en sa demeure ; et elle aurait de quoi penser.

Encore une journée à la
Sans Nom.
--Achim_al_quasim



Il est resté de marbre le chirurgien maure, affichant cet air semi hautain qui le caractérise.
Presque déçu de si piètre représentation finalement.

Rien du manège de la taulière ne lui avait échappé pour autant. Ni l'interrogation passée sur son visage alors qu'elle déchiffrait le message porté ni son empressement à envoyer un coursier.
Son verre est resté intact alors qu'il jouait négligemment avec. Et maintenant le voilà qui soupire d'ennui.

Il en a assez vu et sa "mission" est remplie après tout.
Un salut de la tête à l'attention de la gironde et rousse taulière, puis il s'efface, tout en lenteur et prestance, dans un mouvement de tissus fluides.

Derrière lui la porte se referme et il repart dans ses errances parisiennes.
Fanchon...


Nuit noire.
Les rares fenêtres aux volets arrachés dardent leurs regards aveugles sur les ténèbres. Pas la moindre lueur. L’odeur seulement, âcre, entêtante. Et les gémissements d’une enseigne muette, qui se balance au gré d’un vent asthmatique.

A moins que… Attendez ! Attendez que vos yeux s’habituent au crépuscule. Vous distinguerez peut-être, juste sous le panneau de bois décrépit, la silhouette malingre d’un jeune homme affaissé contre la porte. Ses doigts calleux flattent la serrure close. Son souffle rauque, poussif, meurt contre le bois revêche. C’est lui que vous entendiez, supplier sans paroles qu’on le laisse entrer.
Soudain, un claquement se fit entendre, depuis l’intérieur. Un craquement. Un crissement. La porte s’entrouvrit comme la gueule d’un monstre, et d’un coup de mâchoires, happa le quidam grelottant. Un claquement.

Silence.


***

- Bien, bien petit, susurra Fanchon, en bras de chemise, cajolant la chevelure crasseuse du zig.

S’il ne fixait pas de ses yeux injectés le décolleté indécent, on aurait pu croire à une mère félicitant son rejeton. C’était presque le cas, d’ailleurs.

Le gamin avait certes noyé une bonne moitié de sa cervelle dans la bibine, mais il lui en restait assez pour savoir reconnaître une affaire pressée... et il ne souhaitait rien tant que de donner satisfaction à la plantureuse taulière. Aussi, ayant rempli sa mission, avait-il pris le chemin du retour au plus vite, sachant même qu’il la tirerait du lit. Y’a pas d’heure pour les affaires.

Installé sur un tabouret bancal, et biberonnant une chopine offerte par la maîtresse des lieux – elle était dans un jour généreux –, le type la regarda s’installer au comptoir, un parchemin dans une main, un fin morceau de charbon dans l’autre. De sa chevelure enflammée, relevée par un ruban noir, s’échappait une mèche ondoyante qui cascadait sur sa nuque blanche, jusqu'à former un accroche-cœur à la naissance des omoplates. La chemise désordonnée découvrait en partie ses rondes épaules, et laissait deviner la vertigineuse cambrure de sa taille. En somme, le minot se rinçait l’œil aussi bien que le gosier.

Quelques minutes plus tard, il repartait, un autre message en main et des images pas aristotéliciennes plein la caboche. A livrer demain, elle avait dit, la rouquine.
--Tulasne
[Le lendemain, donc – retour de courrier]

Tulasne pénétra dans la Sans nom avec l’air presque heureux. Presque. N’empêche que c’était un sacré changement pour quiconque le connaissait un peu – mais là encore, ceux qui risquaient de s’en rendre compte n’en avaient probablement rien à fiche. Il s'assura d'un regard que l'hercule récupéré en Grève le suivait toujours, et se dirigea droit sur le comptoir. Là, maîtresse des breuvages et reine de l’ivresse, Fanchon trônait dans toute sa voluptueuse splendeur. Davantage habillée qu’à pas d’heure, pour sûr… mais enfin. Y’avait de quoi regarder quand même.

La Fanchon n'était pas seulement la plus belle femme qu'il connut : c'était un semblant de bienfaitrice. Que ses rares piécettes l’intéressassent davantage que sa trogne émaciée et ses pleurnicheries, c'était bien possible. Encore que les pleurnicheries devaient bien l'amuser. Mais Tulasne, dans sa candeur, n'y voyait goutte.

C'est ainsi que, ses grands yeux rivés sur la taulière comme un corniaud quémandant un brin de tendresse, le gringalet s'échoua sur le comptoir dépeuplé.


- J’ramène Quatre-Pognes, annonça-t-il doucettement, non sans prendre la peine de jeter un coup d’œil à la clientèle ; mais chacun, à bonne distance, s’absorbait dans son jus d’orge sans prêter plus d’attention au reste. Il poursuivit donc : L'empoisonneuse a dit qu’Gartemans, il était chez les bouchers. En tout cas, y’avait besoin d’un clerc. Et le v’là !

Eut-il ramené le pape, qu’il aurait été moins fier. Notez, ceci dit, qu’il n’avait strictement aucune raison de s’intéresser au pape.
Quatre_pognes


[Dans la rue]

Le messager traçait avec la célérité d'un clébard bien dressé qui avait flairé son maître. Les trois gaillards lui avaient emboîté le pas, et restaient muets – Quatre-pognes cogitait, le Bigle s'inquiétait, et la Carpe était fidèle à lui même. Il fermait la marche de ses longues enjambées, les mains aux dans sa ceinture, l'air flegmatique. Le Bigle devant lui tenait l'allure saccadée de Quatre-pognes, à qui il jetait, par intermittence, des regards inquiets. Plusieurs fois il ouvrit la bouche, comme pour parler, puis se ravisa.
Il faut dire que Quatre-pognes n'avait pas la tronche aimable. Quand il réfléchissait, le colosse prenait l'air brutal et fermé d'un golem, son visage se figeait dans une expression imperturbable de sévérité. Une fois ou deux il marmonna quelques mots : « Taré », « les boulangers », ou encore « fichue sorcière ».

A l'approche de la taverne, il se mit à lancer des regards prudents tout autour de lui, comme s'il craignait à tout moment de tomber dans une embuscade. Enfin, quand ils furent sous l'enseigne grinçante de la Sans Nom, il se tourna vers le Bigle.

Le Bigle, tu fais le pet.
Mais...
C't'un ordre, t'entraves ? Tu valse, tu clamse.

La voix était ferme, le Bigle baissa la tête, vaincu et déçu. Il avait entendu parler de la Fanchon, et il aurait voulu voir...
Tulasne avait déjà disparu dans la taverne, Quatre-pognes fit mine de lui emprunter le pas, puis se tourna vers la Carpe.

Attends avant d'entrer.

Et puis il entra dans le bouge.

[En dedans]

Il y avait là, en plus de Tulasne et de la rouquine, une demi menée de clients qui avaient l'air le plus inoffensif du monde. Quatre-pognes était prudent, toutefois, et il les examina individuellement avant d'avancer plus loin vers la tôlière. « Bah, pensa-t-il enfin. Pas de jonc sans rif. » Il fit signe à la Carpe, qui le rejoignit. Ensemble ils avancèrent vers le comptoir, où Tulasne venait de finir de l'annoncer.

Chenu jorne, la Fanchon. On m'appelle Quatre-pognes, et je cause pour Gartemans.

Il fit un signe vers la Carpe, qui se tenait derrière lui.

Celui-là, c'est la Carpe. Il cause pour personne.

Il regarda autour de lui cherchant une porte vers une arrière-salle.

On peut se mettre au calme ?
Fanchon...


Lorsqu’enfin la Fanchon vit son émissaire se radiner, avec pas moins de deux zigs sur les talons, elle fut soulagée un brin. C’est qu’il avait beau pas être complètement cuit dans son vin, le Tulasne, et se débrouiller autant qu’un autre, il ne brillait pas non plus par son intelligence. L’envoyer au casse-pipe, déposer une lettre à un inconnu entre les mains de la sorcière de la chapelle, c’était peut-être pas l’idée du siècle. Mais si d’aventure elle avait pu concevoir quelques remords (ce qui est rien moins que certain), ils se dissipèrent dès que le nez morveux du gamin pointa à la Sans Nom.

Derrière lui venait un noiraud, court et trapu, qu’avait un cou de taureau et sans doute la poigne qui va avec. Gartemans ? Puis un troisième, plus grand et plus maigre – pas la même force brute, mais une lueur cauteleuse dans le regard.

Un sourire écarlate tordit la jolie trogne de la taulière, tandis que le maigrichon s’affaissait sous ses yeux, en adoration.


- J’ramène Quatre-Pognes. La sorcière a dit qu’Gartemans, y’était chez les bouchers. En tout cas, y’avait besoin d’un clerc.
- C’est bien, c’est bien, gamin, flatta la Fanchon de sa belle voix rauque… se gardant bien de préciser que l’introduction la laissait sur sa faim.
- Chenu jorne, la Fanchon. On m'appelle Quatre-pognes, et je cause pour Gartemans. Celui-là, c'est la Carpe. Il cause pour personne.

Un court rire de gorge accueillit le trait, tandis que Quatre-pognes cherchait des yeux…

- On peut se mettre au calme ?
- Pour sûr, mon tout beau, répondit-elle en désignant derrière elle, d’un signe de tête, une petite porte à demi-ouverte. Elle versa une rasade de vinasse au gringalet Tulasne, en susurrant : Sois bon gars, veux-tu ? Surveille qu’ça bouge point trop. Et au b’soin, fait signe.

Puis elle tourna les talons, le regard dépité du garçon vissé dans le dos – ou sur sa chute de reins – et s’engouffra dans ses appartements. Entendez : une petite turne borgne, où la lumière du jour pénétrait à peine, mais qu’avait tout le confort qu’on peut souhaiter pour causer affaires. Une table vétuste, un tabouret, une hôtesse gironde… Que demande le peuple ?

Fanchon repoussa la porte derrière eux, prenant soin de ménager un entrebâillement par lequel elle pourrait surveiller la salle. Après quoi elle appuya ses paumes sur la table, dévisageant tour à tour les impromptus. D’abord un sarrasin, maintenant deux coupe-jarrets ? Pour sûr, ces deux là étaient moins exotiques, mais tout de même… le procédé l’intriguait. Drôle de type, ce Gartemans. Chez les bouchers, avait dit le gamin. Qu’est-ce qu’il trafiquait donc ?


- Bienv'nue dans mon humble demeure, fit-elle enfin, rigolarde, singeant de plus élégantes qu'elle. V’z’excuserez l’désordre, mais j’m’attendais pas. Quoique j'aurais pu m'attendre à un autre... Mais on dirait que l’Gartemans est un gars occupé.
Quatre_pognes


V’z’excuserez l’désordre, mais j’m’attendais pas. Quoique j'aurais pu m'attendre à un autre... Mais on dirait que l’Gartemans est un gars occupé.

Gy. Faut lui pardonner, il est un peu tapé.

Quatre-pognes tapa deux doigts contre son crâne comme pour faire signe que Gartemans n'avait plus toute sa tête, puis fit signe à la Carpe de les laisser. Celui-ci s'effaça en silence et alla se mettre au comptoir, devant Tulasne.
Cependant, Quatre-pognes s'assit devant la tavernière. Il mit ses deux grandes mains à plat sur la table, ses mains si velues qu'elles en étaient noires.

Gartemans m'a dit ses affaires. Il est empêché, et il m'a demandé de traiter pour lui... je sais ce qu'il y a à savoir, et je peux prendre les décisions qu'il faudra... en bref, tu peux me causer comme à lui. Entre nous... t'y gagnes au change.

Il eut un grand sourire, avec presque toutes ses dents.

Tu sais sa propositions. Tu disais être prête à faire affaire.
J't'esgourde.


Le plus tôt tout ceci sera fini, le plus tôt je pourrai décamper, pensait Quatre-pognes. Bien entendu, il n'était pas insensible aux charmes de son hôte... mais il se sentait aussi en danger, en terrain inconnu. Car bien qu'il n'y eut entre les Blancs Manteaux et la Sans Nom que quelques rues crasseuses, cela suffisait pour qu'il soit mal à l'aise. Il avait beaucoup entendu parler de la Sans Nom... et toutes les rumeurs ne concernaient las la poitrine de sa tôlière.
Fanchon...


- Rien que d’bien simple. Les murs ont déjà propriétaire, et on vend pas.

La Fanchon se garda bien de mettre un nom sur le « on ». De deux choses l’une : soit Quatre-Pognes savait, et la précision ne lui apprendrait rien, soit il ne savait pas, et se garder quelques cartes en manche ne ferait pas de mal.
Excès de prudence ? Ça n’existe pas. Chez la taulière comme chez pas mal de ses congénères, la rétention d’information était une seconde nature.


- N’empêche que l’étage est libre, et qu’y’a possibilité qu’un quidam, mettons : ton Gartemans, s’y installe. S’il paie, et qu’il égratigne point trop la réputation d’la maison...

Un rire gouailleur secoua la large gorge, interrompant le flux rocailleux de paroles. Contrairement à son hôte, Fanchon n’attendait pas le moment de mettre les bouts. Son territoire, ‘voyez. Sa juridiction. Son royaume et son horizon. D’ailleurs :

- J’aime pas à nettoyer les sottises des autres, vois-tu ? Mais tu dois connaître, si gaillard que toi… Pourvu que l’animal soit bon locataire, j’ai rien à r’dire.

Du reste, elle ne craignait pas grand-chose. Si d’aventure le type ne lui revenait pas, il serait aussi simple de le renvoyer à grands coups de pieds dans le train – et mieux encore. Après tout… La rumeur, parfois, n’a pas tout à fait tort.
Quatre_pognes


[Dehors, dans la bruine]

Le Bigle, c'était un poète, comme on les appelle dans l'Argot, un artiste. Il avait la cambriole aux pattes, et la chanson aux lippes, la larmichette à son œil bigle. C'était un gars pas marrant, pas heureux, la lèvre amère et le reste aussi.

Moi j'aime bien chanter la racaille,
La mauvaise herbe des bas-quartiers,
Les mauvais garçons, la canaille,
Ceux qu'ont grandi sur le pavé.
J'ai bien du mal à les chanter
Tell'ment qu'elles sont tristes mes histoires,
Mais celle que j'vais vous raconter,
Elle fait même pleurer les canards.


La bruine c'était son monde, ce petit monde médiocre dans laquelle il vivotait sans espoir ni attentes, comme ça, en attendant la fin. Né sur l'pavé, mort sur l'pavé, on disait ; et lui il s'était fait une raison.

Ecoutez-la, ma saga sans joie,
C'est la saga d'un p'tit gars,
Écoutez-la, ma saga sans joie,
La saga d'un p'tit gars qu'est plus sans foi ni loi...


[Dehors, dans la bruine]

La Carpe c'était un type mauvais. L'air d'un arracheur de dents, mais il préférait les bourses. On l'appelait l'Anguille, comme j'disais, parce qu'on ne l'attrapait jamais – et c'était autant par veulerie que par ruse. « Plutôt mourir riche demain que pauvre aujourd'hui, qu'il disait, et au boulanger l'honneur. »

Sa mère l'avait eu un beau soir,
Alors qu'elle s'y attendait pas,
Et il est né, ce bâtard,
Dans un salon riche et froid.
Il n'a pas su l'nom d'son daron,
Puisque sa vieille pour son malheur,
Etait mariée à un baron
Un phénomène sans foi ni cœur.


Il s'installa au comptoir, entendant par la fenêtre mal jointe la mélancolie du Bigle. Il savait déjà de qui l'autre allait chanter, de ce petit héros des petites rues. Chez les médiocres on ne peut avoir que des héros médiocres, pensait-il, mais ce n'était pas l'avis de tous. La Carpe n'avait jamais rencontré le Sans-couronne, et il s'en contrefichait bien. Un jour celui-là finirait au gibet, comme les autres, et la Carpe serait là pour faire les poches des spectateurs.

Ecoutez-la, ma saga sans joie,
C'est la saga d'un p'tit gars,
Écoutez-la, ma saga sans joie,
La saga d'un p'tit gars d'un père sans foi ni loi...


[Dans l'arrière-salle]

Quatre-Pognes n'était ni poète, ni mauvais, c'était un copain, un poto, un salaud. C'était lui la racaille, la mauvaise herbe des bas-quartiers. C'était un mauvais garçon, une canaille, il avait grandi sur le pavé.
Et devant lui il y avait cette jolie fille, cette fille fichtre plus dangereux que les sacrés du matin, car si les dires étaient vrais elle avait des copains plus salauds que lui encore. Alors il écoutait avec politesse, ce qui n'était pas trop son truc. Il écoutait, il entendait, parce qu'il avait les esgourdes bien fichues et du sens commun plein la caboche.
Il entendait... « déjà propriétaire, on ne vent pas. L'étage est libre. Ton Gartemans s'y installe. Il paie, il n'égratigne point trop la réputation d'la maison. »
Il rit avec elle, plus bas, plus profond. Quatre-Pognes il a pas une gueule d'amour, mais il a le goût de l'amusement, même quand il se sent comme au milieu d'un nid de vipère. Enfin, fallait s'y attendre, pensa-t-il. Une affaire de Touche-au-rif, emmenée par la sorcière, ça ne pouvait que finir comme ça.
L'autre continue... « Pourvu que l'animal soit bon locataire, j'ai rien à r'dire. » Et là, le type, eh ben il sourit franchement.

[Dehors, dans la bruine qui s'épaissit et qui ressemble franchement à un début de brouillard]

Le Sans-couronne, c'était son héros, au Bigle, et il disait « Y'a pas de meilleur héros que les héros vivant. » Il savait pourtant que ses temps d'héroïsme étaient derrière lui, et que le Sans-couronne était maintenant un salaud comme lui, un mec de l'Argot, un tire-laine et un es. Pas comme lui, peut-être un peu meilleur... mais un héros, ça plus.
Et ça, le Bigle, ben ça lui fichait le cafard.

On l'a chassé à coups de grolles,
Quand on a su sa vérité,
Il s'est mis dans la cambriole,
Avec ses copains nés du pavé.
Il a voyouté quelques temps
Jusque c'qu'en admirateur,
Il r'joigne le Livide et son clan,
Et toute la bande avait du cœur.

Ecoutez-la, ma saga sans joie,
C'est la saga d'un p'tit gars,
Écoutez-la, ma saga sans joie,
La saga d'un p'tit gars qu'était plein d'foi et d'joie...


[Au comptoir, où il fait frais]

La Carpe se souvenait du règne du Sans-couronne. Ah, ça n'avait pas duré longtemps ! La Carpe ne croyait pas au héros, non, pas plus qu'il ne croyait aux dragons ou au bon Dieu. « Dans la vie y'a qu'des chênes, disait-il quand il lui arrivait d'ouvrir la gueule, des malins et des andouilles. Desquels que t'es ? » Reste à dire qu'il était des premiers.

Il commençait à s'faire un nom,
Il prit la tête d'la confrérie,
Jusqu'à c'qu'enfin son ascension,
Le fasse roy des taudis.
Il butta son premier larron
Alors qu'il avait pas vingt ans,
Le crime n'tait pas sa vocation,
L'arnaque d'vait d'v'nir son tempérament.


La Carpe se souvenait comme le Rey avait disparu, comme ça, du jour au lendemain. Et puis ça avait continué sans lui... au Louvre où à Montorgueil, les rois c'est de l'artifice, pensait la Carpe. Il regardait le Tulasne, qu'était plus jeune, mais pas tant... il devait avoir l'âge du Sans-couronne, à un doigt près. Peut-être, comme le Bigle, considérait-il celui-là comme son héros... mais il était plus que probable qu'il l'ait oublié, peut-être même qu'il ne l'avait jamais connu.
Et tout ça c'était pour le mieux, Touche-au-rif lui-même en convenait, sauf sa fierté.

Ecoutez-la, ma saga sans joie,
C'est la saga d'un p'tit roy,
Écoutez-la, ma saga sans joie,
La saga d'un p'tit roy dont la foi faisait loi...


[Avec la Fanchon, fait bon]

Allez, j'espérais mieux, mais je m'attendais pas à autre chose.


Oui, pensait Quatre-Pognes, le Sans-couronne serait bon locataire. Il paierait son loyer et ne ferait pas d'histoire... tant que les sacrés ne viendraient pas par ici. Bien sûr, Gartemans grognerait. Il dirait qu'il voulait le fond de commerce, et la clientèle, et qu'il voulait être chez lui. C'était son sang d'aristo, ça. On lui a refusé un château, alors il lui faut sa turne, et son hôtel, fut-il pourave et branlant. Quatre-Pognes eut un sourire amer.

C'est entendu, Fanchon. Tu peux lui mettre la turne de côté, il sera là avant la fin du mois pour y pioncer et payer le loyer. Aux curieux, tu diras que ton locataire s'appelle Gartemans, et qu'il est un apprenti débardeur à Bercy... et tu ne t'étonneras pas de ce qu'il débarde.
On est d'accord ?


[Sur le pavé, dedans le brouillard]

Il avait froid, il avait faim. Il pensait aux pièces fraîchement pêchées dans ses hardes, et à l'auberge relativement chaude dans son dos, où il y avait du pain et du vin et la Fanchon. Et pour oublier il chantait.
Pour oublier la Fanchon, surtout.

De la Cour il était Roy,
Et l'était adoré d'la foule,
Mais son crime d'autrefois
Finit par lui faire perd' la boule.
Y rêvait qu'y avait du sang,
Sur ses mains d'enfant roy,
Alors un jour l'a fichu l'camp,
Il est r'venu, mais n'est plus roy.

Ecoutez-la, ma saga sans joie,
C'est la saga d'un faux roy,
Écoutez-la, ma saga sans joie,
La saga d'un faux roy qu'est plus sans foi ni loi...
--Achim_al_quasim


Les jours avaient passés, sans grand intérêt, et il en avait profité pour prendre ses marques, allant et venant discrètement, surveillant de loin la brune qui jalonnait sa folie.

Mais pour l'heure, il vient d'assister à une affaire qui mérite qu'il fasse le détour pour en rendre compte. Le pourquoi il revient sur ses pas et pousse la porte de la rouquine, non sans avoir lancé un regard circonspect aux gaillards dans la ruelle.

Approche toujours féline et sourire chafouin accroché aux babines, il déambule jusqu'au comptoir et y patiente, dos au mur.
Dans l'attente, il réfléchit à ce que l'information peut bien valoir. Pas qu'il envisage de la vendre, mais plutôt ce que le fait des retombées positives sur le porteur.

Après tout, il a débusqué, bien que cela n'ait pas été bien difficile, la troupette du guet...
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