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[RP Ouvert] Quartier Spiritu Sanguis, taverne la Sans Nom

Rodrielle
Alors que l'Encapuchonnée s'excitait devant le combat, l'italienne restait stoïque. Silencieuse, les bras croisés, la Matriarche observait avec un sourire en coin. Sa bestiole avait gagné. Jeu, set et Match. Gamine était aux Corleone. Joy ne tarda pas à lui exprimer son idée, et la Rouge n'aurait pas le choix de se battre pour eux. Ils ne faisaient pas dans la dentelle, ces temps-ci, les Corleone. Mieux valait-il se battre pour eux ou mourir ? Le choix était cornélien. La petite le découvrirait suffisamment vite.

"Mia Stella". La Tatouée releva la tête et regarda la Sulfureuse. Elle avait de l'ambition, voyait déjà comment mener la Famiglia après la Matriarche. Le choix des filles d'Amalio n'était pas mal, elles avaient un assez fort caractère pour gérer cette famille de fous furieux qui ne respectaient rien ni personne. La Tatouée acquiesça donc d'un signe de tête avant de répondre ;

La jeune génération a beaucoup de potentiel, certes. Néanmoins, je ne sais pas si elles ont compris que la Famiglia passe avant tout. Beaucoup souhaitent voler de leurs propres ailes. Les meneurs de la famille n'y ont pas le droit, tu te doutes. Il faut que tu leur apprennes cela avant tout autre chose. Le reste, c'est en se blessant qu'elles apprendront. Après, ce qui vous suivra m'importe peu... C'est sur ma suite que je me concentre.

Car, après tout, elle ne sera plus là pour voir qui allait succéder à Enjoy, Amalio ou Laell. Néanmoins, sa réponse sous-entendait l'intention de l'italienne à donner une partie des rênes de la Famiglia. Le rôle de chef des Corleone était une tâche lourde à assumer... Les jeunes ne devaient pas encore le comprendre et Rodrielle se devait de leur apprendre avant son "départ".

"Dis-moi, j'ai jamais pu te le demander avant... Comment était Sadnezz ? Comme personne et comme meneuse ?"

La question d'Enjoy lui serra la gorge. Sadnezz... Quelques soient les années passées, les générations, la Belladone restait dans les mémoires, dans le coeur de chaque Corleone comme une ombre qui les guide. L'italienne sourit. D'un sourire tendre, presque amoureux. Il y avait tant à dire sur Sadnezz Corleone qu'elle ne savait par quoi commencer.

Sadnezz... - Sa voix faible laissait comprendre sa nostalgie - Elle était l'image parfaite de la Famiglia. Forte, respectée. Du poison dissimulé derrière un corps parfait. Irrésistible mais dangereuse. Une pomme empoisonnée...

Une femme que tout le monde désirait mais que seule Baile avait réussi à cueillir. La Tatouée elle-même avait déjà imaginé la Belladone comme amante, mais la respectait trop pour assouvir un quelconque désir. Sa mort avait été douloureuse pour l'italienne, bien qu'elle ne l'ait connu que trop peu. Comme Enjoy le pensait avec elle, Rodrielle pensait toujours n'avoir passé que trop peu de temps avec Sad'. Le schéma se répète inlassablement. La famille était vouée à cela.

Un voile passa dans le regard de l'italienne. Le schéma se répète... Elle n'aurait pas la même mort que la Belladone, décédée pour avoir pris la vie de la Reyne. Néanmoins, comme elle, la Tatouée se donnerait elle-même la mort au lieu de se laisser périr. Sa maladie était comme le cachot de la défunte brune ; des barreaux qui ne la prendraient jamais.

Sadnezz était tout. Personne ne saura jamais aussi Grande qu'elle. Personne...

La seule chose qu'ils pourraient faire, c'est de garder le nom des Corleone au sommet. Ad Vitam Aeternam
Marc
Qu'est c'qu'on s'emmerde....

Vrai qu'il se faisait chier le Marco ces derniers temps. Et pour qu'il s'en rende compte au point que cette pensée prévalue sur toutes les autres qui devraient occuper habituellement son esprit, c'est qu'il se faisait vraiment foutrement chier. Pourtant il aurait du être occupé avec son accession à la (très basse) noblesse il y a peu. Les événements nobliards divers, la Cour, les joutes, les discussions "on-va-marier-Philibert-à-Antoinette-parce-qu'elle-a-des-putains-de-titres-hein ?" ou "n'est-il-pas-ravissant-ce-petit-ensemble-Marie-Charlotte ? Certainement-Charles-Henri". Mais non, rien à faire, il se sentait toujours extremement mal à l'aise dans les réunions du genre. Et le blason et le nom neuf n'y changeait rien. Mââââârc d'Ambooiiiise du Manoir Saint-Thomas. Youpi tralala tsoin tsoin. Note à soi-même : Ne plus jamais accepter un titre pour les beaux yeux de la suzeraine, surtout quand celle-ci est mariée ET fidèle.

Et qu'est ce qu'on fait quand on s’ennuie les enfants ?
Moi ! Moi je sais ! On va aux pu... Nan ! Nanananan. Enfin oui, mais pas Marc. Il aime pas ça. Ça coute trop cher pour ce que c'est quand on est pas près à tringler la moindre ribaude du coin.
On va se bourrer la tronche comme si il n'y avait plus de gueule de bois du lendemain ? Ping. Bonne réponse.

Et le mieux quand on boit, c'est de le faire en bonne compagnie. En bonne compagnie, c'est à dire dans ce cas ci en compagnie de gens plus misérables encore que nous pour que notre situation d'ivrogne passe absolument inaperçue, masquée par la crasse et rendue muette, couverte par les jurons et rire gras qui parcourent le plus souvent les"bonnes vieilles tavernes". Celles où les maravages de tronches ne sont plus vu comme le comble de l'indécence, ou la main s'introduisant sous un jupon volatile n'est plus vu comme la grossièreté suprême (pourvu qu'on y mette le prix) et ou l'on peut espérer chuchoter à l'oreille de Bidule sans que Truc nous fasse remarquer qu'il est encore là. Bon, il y a aussi possibilité que Truc en question nous allège de notre bourse ou d'une main par une savante lacération de sa lame dont il a le secret ... Des vocations subite pour le métier de bouchers au détour d'un verre non-partagé...Comme c'était beau.

Et c'est vers ce tableau idyllique que se dirigeait le jeune Marc aujourd'hui. À la plus belle -kôf kôf kôf- des cours du monde entier, la Cour des Miracles. C'était tellement mieux ici, au milieu des demoiselles qui vous hélait plus ou moins fort selon la rondeur de votre bourse, au centre des rixes de soulards tentant vainement de tenir sur leurs pieds pendant qu'on leur offre un poing, direction la tronche, au milieu encore aussi des loques humaines, des cris, de la foule, des rires et des chuchotements. Et encore des cris. Tant et si bien qu'il avait l'impression d'être en plein sur l'épicentre du monde. Peut-être pas du beau monde... (non, pas besoin de s’embarrasser d'un peut-être, c'était certain) Mais du monde, oui. Bien loin de la noblesse, les rues sombres et grouillantes de populace lui donnait l'impression qu'ici, véritablement, on vivait. Plutôt paradoxal pour un lieu ou l'on avait plutôt des chances de trouver la mort mais soit. C'est en tout cas ainsi qu'il le percevait, sans oublier où il était. Pas de sourire niais , d'yeux baladeurs, d’inattention, d'apparence faiblarde ou désarmée donc. Sinon, il y avait possibilité que sa recherche de taverne alléchante tourne court.

En parlant de taverne... En voilà une. Au Sans-Nom. Peu importe l'enseigne, ç'aurait put en être une autre, mais c'est vers celle-ci qu'il porta son choix, à tout hasard. Alors, il y entra.


Ah...Merde.

Pourquoi des... Touffe de fourrure ensanglantés ça et là ... ? Et pourquoi que des femmes ?! Non non, les salons de thé, pas possible icelieu ! Bon, à dire vrai, il n'y en a qu'une parmi elles cinq qui pourrait se glisser dans de telles réunions au vu de sa parure disons...Original pour l'endroit. Mais quand même.
Faisons abstraction...Si si...Allez... Un petit effort Marc, fais totalement abstraction. Voiiilà. Concentration sur ce que tu voulais à la base.


C'est...Toujours possible de boire un verre ici sans que je m'étouffe avec une boule de poil ?

C'est certain. Là, il s'emmerde déjà moins.

C'était ouvert, alors je suis entré !
Fanchon...
Et Vieille Belle d’éclater d’un grand rire rauque devant la mine circonspecte du gamin.

Non, l’éloge funèbre ne lui aura pas serré la gorge. Eh, quoi ! La pomme empoisonnée pourrit dans la boue des Miracles, comme tout un chacun. La belle affaire ! Son tour a passé. C’est comme ça. C’est banal. Pas de raison de s’étouffer. Fanchon ne voue de culte à personne, ni mort, ni vivant, ni dieu – et si elle en fut jamais capable, elle a oublié depuis longtemps. Alors elle rit, et soustrait sans un scrupule son attention au panégyrique.


- T’en fais pas, mon tout beau. Les p’lures, c’pour l’plaisir des yeux, pas du gosier.

Enfin, le plaisir… Entendons-nous. Il n’est pas question d’attribuer une valeur décorative aux cadavres de mustélidés disposés sur le sol, à proximité du caisson aux combats. Si la baronne n’escomptait pas les récupérer, la Fanée les aurait même déjà balancés par la fenêtre, histoire qu’ils aillent pourrir ailleurs que dans son domaine. Non mais. Même avec une clientèle pas trop regardante, le furet mort, ça vous déclasse tout de suite un établissement.

D’une main flétrie, elle réquisitionne le tord-boyaux exposé au centre de la table des dames, rassemble ses jolis restes, et trimballe le tout jusqu’au comptoir pour attraper une chopine. Tous les ingrédients se réunissent – même le chaland, dites ! ça n’a pas tardé ! Alors la tavernière de la Sans Nom reprend du service.


- Viens ça, viens… Et fais pas attention à Nicolas et Eusaias, ajoute-t-elle en désignant les dépouilles noir et or. C’tait pas leur jour de chance. Des choses qu’arrivent. Mais s’t’es en peine de spectacle, y reste un combat.

A priori, si les cadavres l’ont pas fait fuir, c’est qu’il va pas tourner de l’œil au premier petit coup de griffe, pas vrai ? Tandis que l’ex-beauté jauge le jeunot, l’œil sombre et le sourire aux lèvres, la gnôle termine de se déverser dans la chope. Y’a pas. Une bouteille, ça va pas loin. Première tâche, dès que tout ce beau monde aura décarré : refaire les stocks de la Sans Nom. A moins que Brune y ait pourvu aussi, tiens…
Les orbes se dirigent vers qui de droit.


- Dis-voir, Corleone… Y’a du rab, ou bien ?

Marc
Déjà ... Ça n'était donc pas les préparatifs d'un rituel païen visant à appeler une quelconque entité machiavélique à grand coup de potions aux poils ensanglantés de furet en rut. Quoi ils ne sont pas en rut ? Est-ce réellement si important ? Non. Alors laissez moi continuer. Je disais donc : De furet en rut.

Le rire de la vieille ; tavernière de son état à ce qu'il en avait déduit ; l'avait détendu quelque peu. Les lèvres étaient moins pincées, la main plus éloignée de la garde d'une dague sous cape et l'attitude déjà plus confiante. Ceci dit, il n'allait pas se poser sur une chaise tranquillement, caler ses bottes terreuses et puantes ( et autres adjectifs dont je vous épargne la teneur) sur la table et arborer un sourire de gai luron en fredonnant une chanson paillarde guillerette pour autant. Tant qu'il n'aurait pas eu un aperçu des intentions des autres femmes à son égard, il ne se rassurerai pas plus. De toute manière, si jamais il se retrouvait complétement en confiance à un moment, ce serai surement pour voir un coutelas orner sa gorge la seconde d'après alors qu'il s'y attend le moins. Ça a quelques petites choses d'appréciable la méfiance parfois tout de même. Surtout à la Cour, en fait. Le plaisir des yeux donc qu'elle disait la vieille.


Je suis pas certain de partager vos gouts en matière d'esthétisme décoratif mais...Ça a le mérite d'être original. Pelucheux mais original.

C'est l'histoire d'une blonde, une rousse, une brune, une rouge, une bariolée, un intrus et des furets morts en ruts dans une taverne...
Et d'un fin sourire qui s'affiche sur le visage du brun à cette pensée, qui s'invita dans son esprit alors qu'il jetait un regard peu appuyé sur chacune des braves demoiselles ici présentes. On s'amuse comme on peut. Et une situation comme celle-ci parvenait à lui arracher sans trop de difficulté un sourire. Le nobliard bouclé est sans doute bon public.

Son regard se posa ensuite vers les cadavres des braves combattants velus alors qu'il se dirigeait docilement vers le comptoir comme demandé. Et là encore, le sourire s'élargit. La seule idée que l'une de ces deux bestioles ait pu représenter Nicolas lors d'un combat et qu'elle soit désormais moribonde, jetée en pâture dans une arène de fortune... La voir crevée, ça lui faisait chaud au cœur. C'est ridicule, parce qu'après tout, ça n'est qu'un furet que l'on a nommé avec humour Nicolas, mais ça lui fait plaisir. Ai-je à préciser qu'il exècre sa glorieuse Majesté ?

Mais il ne devint pas subitement sourd durant cet instant de bonheur contenu. Aussi a-t-il entendu les déclarations de la tavernière. Ici donc, des combats entre bestiaux. Parfait ! Une fois, il avait essayé avec un coq...ça n'avait pas marché...Le stupide volatil s'en était pris à son "propriétaire/tortionnaire" au lieu de piquer du bec et lacérer de ses serres l'adversaire désigné. Maintenant qu'il y repensait, c'était peut-être l'arène qu'il avait omis de monter qui avait fait tourner court ses paris... Quoiqu'il en soit, sa propre tentative avait été un échec, mais l'envie de parier sur d'hargneuses créatures qui se foutaient sur la gueule était resté intacte, elle. Au contraire des-dites hargneuses créatures par ailleurs, comme en témoignait les dépouilles de Nicolas et Eusaias.

J'en suis m'dame., puis il ajouta après qu'elle l'eut servi un : Merci, accompagné d'un hochement de tête.

Puis vers l'assemblée aux cheveux longs :
C'est qui contre qui ?
Elisel
Vonafred contre Béatrice... lâcha la blonde d'une voix atone.
Elle était tellement apathique qu'elle se fichait maintenant que le dernier arrivant la reconnaisse. Il ne l'avait jamais vu attifée ainsi, un bon point pour elle. Mais s'il la remettait, et s'il comprenait l'enjeu, qu'en dirait-il ? Serait-il là ensuite pour défendre la ville, en tant que voisin, ou au contraire irait-il dire qu'une maire jouait sa ville au combat de furets...

Vonafred contre Béatrice... Voilà, c'était dit, accepté, validé. Elisel avait digéré l'annonce de la Corleone, et avait même dit amen. De toute façon, avait-elle quelque chose à y redire ? Que pouvait-elle faire contre ? Rien.

Elle s'était refermée quand elle avait entendu l'enjeu, qu'elle n'avait même pas choisi. Déception, trahison, retour sur terre. A quoi aurait-elle dû s'attendre de sa part, de toute façon ? Elle avait parié sur autre chose, une soirée en taverne lui avait fait entrevoir peut-être une alternative, hors du schéma classique, et elle avait perdu. Les brigands restaient brigands, les maires restaient maires...


Vous aviez dit que vous ne feriez rien tant que je serais en place. Vous mentiez donc ?

Brève pique, futile, désabusée, sans plus d'espoir. Maintenant, elle n'avait nul doute que si Vonafred gagnait ce combat, ils trouveraient une autre raison pour venir à Blois...
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D.E.C.O. ? C'est par ici hrp ou par là rp. Une question héraldique ? C'est par ici.
Fanchon...
    [Quelques jours plus tard]

Il n'aura pas fallu longtemps pour ressusciter le bouge moribond. Dans les milieux autorisés, la nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre : la bibine et le décolleté de la tavernière sont de retour sur le comptoir de la Sans Nom. Que demander de plus ? Fanchon a pris un coup de vieux, pour sûr ; mais dans la pénombre saturée d'alcool, sous l'épaisse couche de gouaille qui lui colle au cuir, elle donne bien le change. La joie, ça conserve, même celle des Miracles. L'alcool aussi. Surtout quand on en sert plus qu'on en boit.

Or donc, la faune locale a réinvesti l'endroit. Affalé dans un coin, un ancien habitué retrouve les bonnes habitudes : pour trouver le sommeil, il s'assomme à grand coups de mauvais vin. Il n'est pas revenu par sentimentalisme, ça non ; plutôt par réflexe. Et un peu pour la silhouette décatie de la patronne. A une table vermoulue, deux zigotos bavardent : eux, ils ne connaissent pas l'endroit. Ils ont vu de la lumière, alors ils sont entrés. La Fanée fait claquer une chope devant un quatrième larron.


- V'là pour toi.
- Sans entourloupe, hein Fanchon ? Gare, si t'essaies d'm'empoisonner !
taquine le grand gaillard balafré.

Tandis qu'il se penche pour renifler le breuvage, elle éclate d'un rire rauque, les poings sur les hanches. Le type avale une rasade.


- Pouah. Dis donc, t'as gardé ça dans ta cave tout l'temps qu't'étais en vadrouille, ou quoi ?
- Ah, ça, l'Lardé ! T'es dev'nu chatouilleux ? L'était temps qu'Fanchon r'vienne. J'vais t'faire souvenir comment on boit, moi.
- Héhé. Non, sincèrement… D'où tu sors c'te vinasse ?


Ce ton mielleux… Cette entrée en matière presque subtile… On la lui fait pas, à la Flétrie. D'autant qu'elle connaît le curriculum vitae du gazier. Le rictus tressaille au coin de ses lèvres, tandis qu'elle sussure :

- Propose, plutôt.
- Fine mouche.
- Ça s'tient moins bien ici
, ricane-t-elle en se tapant le poitrail, mais là-haut, ça tourne encore.
- Ça va, ça va !


Et l'escroc de commencer à esquisser une vague histoire de cargaison de rouge empruntée à un marchand du quartier des Halles. C'est l'heure de causer affaires.

Maryah



« L’adversaire d’une vraie liberté est un désir excessif de sécurité. »
de Jean de La Fontaine


Une semaine que Maryah avait entrepris le voyage. Un bout à pied au milieu des vagabonds, parfois sous bonne escorte des divers duchés, d'autres fois l'cul sur l'bord d'une charrette d'un paysan ou artisan allant à la foire comtale, parfois même dans une carriole d'un gentilhomme ou d'un noble de bon cœur. Les gens sont si malléables ...

La vie l'est moins ! Y a des moments où dans la vie où ça dérape. Rien n'va plus, refaites vos jeux ! C'que vous voulez vous n'l'avez pas eu, mais la vie vous a bien eu ! Et pour Maryah la brûlure est encore vivace. La honte, à fleur de peau. Quand on perd l'contrôle sur sa vie, faut r'venir exactement là où on l'avait encore.

Et l'Etrangère, c'est ce qu'elle fait. Elle remonte le temps, jusqu'au moment où elle avait exactement ce qu'elle voulait. Elle disait qui, elle disait quand, elle disait où et combien ! L'inné, l'instinct, c'qu'on a fait de vous, ça s'oublie jamais. ça s'cache tout au plus dans l'fond d'un placard à balai.

C'qui lui faut pour retrouver un soupçon de sécurité, c'est des gens comme Elle. A qui elle fait pas de cadeaux. Elle mord si elle veut. Elle griffe si ça lui chante. Et si faut que ça saigne, hé bah ça saigne ! Elle va pas aller les consoler ou s'excuser mollement ; les gens d'icy, ils encaissent, et ils passent. Les gens d'icy, ils boivent, ils gueulent, ils rient, ils se défoulent ! Les gens d'icy, ils n'osent pas c'que les crétins d'là bas lui ont fait ! Icy, personne ne veut la détruire. Les gens cherchent juste à survivre ... ils prennent c'qu'ils veulent quand ils veulent et et ...

Voilà l'genre de pensées que la Maryah nourrit pour oublier "ça". Chemin faisait, elle arrive à c'te fichue taverne ... C'est con mais d'puis qu'elle a remis un pied à la cour des miracles, elle se sent renaître. Elle se sent ... à la maison, l'exilée. Elle peut gueuler, fouiller quelques poches, faire les yeux noirs à qui elle veut, se balader avec une dague au flanc et dans les bottes ... Elle va redevenir la sanguinaire ! Elle va retrouver Sarah ! Elle va avoir une famille ! Et les fous, elle les emm**** ...

Elle pousse la lourde porte. De suite, l'horrible odeur lui pique le nez. Eurk ... ça, elle n'a plus l'habitude. Vision sur les gros vicelards et petits pochtrons qui jonchent le coin. Humpf ... y a la Cour idéalisée, pis ... y a la Vérité.
Icy, ça pue, c'est sale, c'est glauque. L'alcool est frelaté, les estomacs sont blindés. Mais les gens sont vrais. Y s'cachent pas d'leur monstruosité. Ils cachent pas leur animosité, leur cruauté. Au moins, on sait c'est affiché !

Dans sa robe lourde et usée de bergère, le minois et les mains propres, l'Exotique s'avance dans le bouge. Direction ... sa proie ! La Fanchon pour Maryah ... c'est un peu comme la marraine de Cendrillon. Elle lui a appris à s'faire respecter des pires gars, à minauder, à parader, à trancher, à manipuler bien sûr ... La vie c'est ça qu'elle disait, tu veux, tu t'sers ; mais tu l'fais bien. Sinon tu crèves.
Elle a mal la brunette, mais elle est debout. Malgré l'agression, malgré la bête, malgré la rage, malgré l'humiliation, malgré les coups, malgré l'malaise. La voilà plus à l'aise.

Un coup d'poing sur le comptoir, et la voilà qui tire sur le foulard qui retenait sa longue chevelure charbon.



Un canon Fanchon !
Et j'demande asile,
et un bain,
et j'ai plein d'questions !


Petit sourire en coin. C'est bon d'revoir la Fanchon. D'faire comme si elle avait jamais fui, d'faire comme si elle était jamais rev'nue ... de faire comme si ...

Bout de femmes contre bout de vie !

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Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Fanchon...
Après les affaires… les amis ? La taulière n’a pas sitôt quitté le revendeur qu’une silhouette inattendue fait irruption dans son antre. La Maryah. Encore. Toujours. L’apparition allume une étoile supplémentaire dans les prunelles noires. Ça l’étonne pas, Fanchon, que l’oiseau rentre au bercail, ne serait-ce que pour un instant : on efface pas l’passé. On tire un trait d’ssus, au mieux, mais l’Épicée, elle y arrive pas. Elle a pas vraiment envie. ‘Faut dire qu’la dernière fois qu’elles se sont croisées, y’avait du rififi au royaume des gens heureux… On croit toujours qu’ailleurs, c’est mieux qu’ici. Et puis un jour, on y va, ailleurs. Et on constate.

- Tout ça, beauté ? Allez, bouge pas.

Sourire aux lèvres – l’éternel – elle remplit généreusement une chopine, et l’abandonne à l’endroit même où le poing de l’Étrangère a cogné contre le comptoir. Puis elle s’y accoude pour reluquer le tableau. Y’a pas : elle est jolie, la donzelle, et ça n’a rien à voir avec le peu de lumière qui filtre depuis les carreaux glauques. Jeune… Fraîche… Et fagotée comme une honnête innocente. Bigre. Sans le fichu, c’est déjà mieux, mais elle fait pas encore couleur locale. Si elle veut se réacclimater, 'va falloir y remédier. Enfin. Patience.

Tandis que son invitée surprise se rince le gosier, la Fanée enchaîne, goguenarde :


- Un bain, donc ? Proprette comme t’es, s’tu frottes encore, t’vas t’arracher la peau.

C'est pas une nouvelle : l’Empoisonneuse a pris des habitudes de cul-propre. Pas une raison pour lui refuser un abri, cela dit. Fanchon ne tergiverse pas, elle sait déjà qu’elle hébergera la môme. Eh, quoi ? Qu’est-ce que ça risque ? Quelle peste pourrait-elle ramener, qui serait à même de faire trembler le quartier Corleone ? Toute la maréchaussée de son bled lui filerait le train que ça ne changerait rien. Ici règnent d’autres lois. Fugitivement, la Fanée se demande si Maryah n’a pas empoisonné son jules, comme elle le lui avait suggéré. Mais, bah ! Elle l’apprendra bien assez tôt.

- Enfin, t'fais c'que tu veux. Y'a d'la place à l'étage, et d'quoi t'faire un galetas correct. Quant aux questions...

Un regard prudent jauge l'assistance. A priori, rien de bien dangereux – un ivrogne endormi, et deux petites frappes tellement obnubilés par leur conversation qu'ils n'ont même pas levé le nez à la mention d'une jolie femme au bain. Mais mieux valait vérifier.

- Dis-voir. Si j'peux répondre, j'ferai.
Enjoy
    Violent !

    - J'vais te r'faire l'gueule, sale catin !

    Instant d'égarement au milieu de la cour. Ou moment de lucidité exagérée ? L'arrière salle, la basse cour et son poulailler. Ils pullulent, ils caquettent comme des demeurés. Les uns se frottant leurs pognes crasseuses, les autres s'effilochant leurs moustaches baveuses. Tronches noires, mines délabrées, cicatrices d'un bleu livide. Ils offrent tout un panel de trophées pour une faune désabusée.

    Violent !


    - Mon braquemart va t'faire mouiller comme jamais, chienne !

    La foule hurle. Les parieurs amassent, tandis que l'objet de leur convoitise ramasse. Œil pour œil, dents pour dents. Ils affûtent leurs canines jaunâtres en assistant, d'une observation imbibée, à une rencontre affligeante. Poings contre poings. Mâchoires douloureuses, nez ensanglantés, râles et bile sirupeuse. La boue en guise de tapis amortissant. Le cercle de leurs démarches nerveuses. Les restes de leurs précédentes entrevues. Corleone contre le reste du Monde. Un véritable retour aux sources. Celles qui sentent la pisse et le mauvais vin. Sacs de viandes qui s'affaissent sous les coups. Ils se battent chaque nuit pour savoir qui sera le plus fort. C'est la loi de la rue. Et depuis des années, il s'agit de la sienne. Ils l'ont prise pour une moins que rien, un animal étrange. Une bestiole transpirant d'une innocence presque criminelle. Puis, elle a appris à affûter ses crocs afin de devenir la meneuse qu'elle a toujours été. Ses contemporains souffrent de son autorité. Ses ennemis ne se remettent jamais de son ton acidulé.

    Corleone va-t-en guerre, peut être bien pour la dernière fois. A quoi bon tenir lorsque la chair de sa chair succombe à la pernicieuse faucheuse. La Matriarche tout d'abord. Puis au sein de sa branche écossaise, sur l'arbre de ses racines tortueuses, les décès de sa sœur, ainsi que ceux de ses cousins et cousines. Alors pour se redonner une nouvelle existence, elle se fourre dans les coups fourrés. Elle s'éclate au sens propre comme au figuré à défigurer ses congénères. Désormais, elle n'est que le pâle reflet de ce qu'elle était. Certes, toujours aussi en proie aux doutes et a ses défauts caractéristiques. Mais loin d'être la brillance, l'étendard doré d'une nouvelle génération. Corleone n'est plus rien. Ou si. Elle est une ancienne sobre abreuvant ses entrailles du Calice des ivrognes. La voilà bien barrée.

    Forcément. Quant on subit, il en ressort jamais rien de bon.

    En ce jour atteint d'une lassitude maladive, une silhouette maladroite arpente les ruelles pour rejoindre la Sans Nom. Au sein de son territoire, elle pourrait bien finir en pâture aux chiens. Consciente de ceci, son pas pataud patauge avec empressement vers sa destination. Le visage tuméfié, comme au bon vieux temps. Les côtes fêlées, comme à la bonne époque. Les phalanges éclatées, comme une gloire d'antan. Corleone se bat. Pour elle. Parce que la souffrance physique la fait se sentir encore vivante. Si bien que les bastonnades se succèdent comme un fossoyeur empile des cadavres. Malheureusement, à part recevoir quelques bonnes châtaignes, son éducation martiale, lui ôte tout le sel de la confrontation. A savoir ce maudit challenge, celui qu'elle ne retrouve plus lors des pillages. Tout est trop facile selon elle. Sauf de vivre.

    ~ La Sans Nom ~

    Un coup de pied nonchalant dans la lourde. Voici l'entrée en scène de la fille prodigue. De retour à ce cloaque. Elle est un peu comme chez elle, ici. Sans l'être vraiment. Rien est acquis à la cour. Même pas une planque dans le quartier de la Spiritu Sanguis. Son Clan, sa Famille, son Héritage.

    Plutôt que de leur servir une salutation presque courtoise, la Corleone se contente d'affubler de grognements ce triste auditoire. Toujours les mêmes. Si l'on peut dire. L'ilote de rigueur, endormi et tenant sa bouteille comme le politicien tient sa pancarte. Les deux oisillons en mal de sensation. Enfin, la tenancière en discussion avec une brune bien mise. Fagotée comme une paumée. La bergère garde une louveterie ? Elle a dû se tromper de bergerie. C'est qu'elle hausserait bien les épaules, si son corps endolori le lui permettait. A la place, elle titube en silence jusqu'à se laisser choir dans sa chaire. Prête à faire la leçon au sein de cette école buissonnière. Ou peut être pas.

    Toujours est-il qu'il ne vaudrait mieux pas venir la chercher. Ou alors si. A leurs manières. C'est que la Corleone est en piteuse état.

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Maryah
Ah la Fanchon ... tout un roman qu'on en ferait ! Maryah l'observe, toujours ce même charisme, cette même aisance dans l'service. La bonté des gens du quartier ! Icy on peut t'zigouiller, mais on t'offre le gîte et l'pain sec. Des gens bien que j'vous dis !

Y a l'excitation qui monte chez Maryah. Les chairs se tendent, les sens s'affutent. C'est comme si elle n'était jamais partie. Fanchon lui fait jamais une remarque. Elle est plus fiable que l'plus fidèle des Fidèles. L'émotion est à son comble, et la brunette descend cul sec sa chope. ça râcle un peu en fond d'bouche mais ça fait un bien fou. A c't'heure ci c'est la meilleure chope de toute son existence, la première d'un éternel recommencement.

Elle regarde les poivrots de droite et de gauche. Pour sûr, qu'elles vont pas être beaucoup dérangée ...


Merci ... j'te revaudrai ça ! Alors comm'ça t'as r'pris du service ?! J'croyais qu'c'était fini pour toi c'genre de boug' ... Pis en d'mandant où tu créchais, on m'a dit qu'j'te trouverai là.
Moi aussi j'crois que je vais reprendre du service ... j'suis d'retour ...


Installée au comptoir, reposant un peu ses pieds, l'Infidèle lance un regard à Fanchon qui en dit beaucoup sur sa volonté de rester dans les parages.

J'cherche une vieille connaissance ... j'vais avoir besoin de ...

La porte claque. Une brune entre. L'genre de fille à vous glacer l'sang, si elle vous en vide pas avant. Et la Maryah de se dire qu'il est bon d'se r'trouver à la maison. Ici tout est différent, et l'on n'y peut rien changer ... D'un coup d'tête, elle salue l'arrivante et la suit du regard jusqu'à c'qu'elle s'intalle au comptoir et dans un mutisme.
Du coup, Maryah se penche un peu plus sur le comptoir, caressant ses poignets encore marqués, et reprend sa phrase ...


b'soin de toi et de tes services. Comme au bon vieux temps Fanchon. Faudrait qu'tu m'prêtes une jolie robe et qu'tu r'fasses de moi l'Exotique. J'ai rendez-vous à l'Aphrodite ... Enguerrand m'y attend à la nuit tombée. Faut qu'tu m'donnes les moyens d'le faire parler ...

Et de remonter ses seins, comme l'Entraineuse lui avait appris à le faire. en se fendant d'un p'tit clin d'oeil.
J'compte bien m'réimplanter dans l'coin, mais comm'tu l'sais, m'faut des "garants". Si j'peux faire parler Enguerrand, rouler Tord Fer et r'trouver Sarah, j'serai d'nouveau des vôtres. Mais faut qu'j'retrouve tout mon talent d'antan ... et pour ça j'compte sur toi Fanchon.

Nouvelle gorgée. Regard nostalgique. Et puis la p'tite flamme. Elle tapote la main d'la Flamboyante ...
Alors ... tu marches ?!

1ère règle de la Cour des Miracles : l'union fait la force. Si t'es seul et inconnu, prépare toi à crever. Immisce toi partout, fait ta place, et tu s'ras le Roy !
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Laceter
« Quand on tue de grands rêves il coule beaucoup de sang. »
de Milan Kundera


Laceter entre en taverne. Il y a peu de chance qu’il ne croise un regard, un visage ou une silhouette connue. Dans son état, il s’en passera très bien. Il ne donne même pas un coup d’oeil aux présents, ni à l’atmosphère du lieu. Il se tient son nez d’une main qui le cache mais ne peut malheureusement caché le sang sur les bords de chemise, et sur ses mains. Il passe à travers la salle, se faufile, le plus discret possible. Le brouhaha lui fait tourner la tête, amplifie son mal au crâne. Il est à la recherche des latrines. Ou de quoi se laver le visage, atténuer sa douleur, être un peu présentable. Un médecin peut-être. Il remonte son col de manteau au plus haut. Il se fraye un chemin, cherche l’endroit de tranquillité où il pourrait enfin, se retrouver un peu. Il pousse de sa main la porte en question, entre, la referme, se colle le dos bien contre, et respire longuement, les yeux fermés. Il enlève sa main de sur nez. Il grimace sous la douleur. Il ne pensait pas qu’on puisse autant perdre de sang. Il rouvre les yeux. Au sol des gouttes se font un concours de celles qui feront une plus grosse tâche. Il se décolle de la porte. Sur la poignée, la vision de ses doigts en sang y laissent leurs empreintes. Un cauchemar.

Un petit lavabo mais pas d’eau de disponible ni de serviette. Il se décide à ressortir direction le comptoir de la taverne. Il tente tant bien que mal de dissimuler mais là, cela ne sert à rien. Il cherche à savoir qui s’occupe de ce lieu. Accoudé au comptoir, il patiente, il observe, se tourne en biais, observe la salle. Un court instant, il s’échappe. Peut-être la douleur qui lui fait perdre conscience un peu de la réalité. Tout semble flou, au ralenti, ses yeux en amande, se plissent plus que de coutume. Il tente de refaire surface, sa main s’agrippe au rebord du comptoir. Cela tangue un peu. Il faut vraiment qu’il se rafaichisse, ni une ni deux, il prend les devant, se retourne vers le comptoir, lance au hasard:


Pourrais-je avoir une carafe d’eau et une serviette, s’il vous plait ?
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Et Tout ça Vaut de l'Or
Fanchon...
« J’croyais qu’c’était fini pour toi c’genre de boug’. » Oh vraiment ? Le commentaire exotique attise un rictus au coin des lèvres rouges. Pour Fanchon, c'est bien simple : rien n'est jamais fini. P't'être parce que rien n'a d'importance. Les choses viennent, vont, reviennent – ou pas – et on en prend son parti. Le malheur n'a pas sa place dans cette caboche éternelle. Aux autres, la nostalgie ! aux pauv' types ! aux grandes âmes ! à tous ces barges encore plus barges de nourrir le moindre espoir ! La Fanée les aime bien, allez. Ils l'amusent.

Justement : une Corleone endommagée suspend le fil des confidences épicées. Elle aussi rentre au bercail – Enjoy Corleone n'a-t-elle pas élu la Sans Nom, à sa manière ? Ces murs lui doivent d'avoir retrouvé vie ; ils ne s'en souviennent pas, 'faut pas rêver, mais leur taulière flaire nettement le sentiment d'appartenance qu'elle ne partagera jamais. Reste à savoir quoi en faire. Ses prunelles de jais suivent un moment la silhouette abattue, avant de se reporter sur Maryah.


« Comme au bon vieux temps, Fanchon… J'compte bien m'réimplanter… » Ah oui ? Tiens donc. Sous la tignasse mouchetée de blanc, les rouages tournent à plein. Au fond, qu'a-t-elle à y perdre ? Nipper la Môme-Épices, lui rappeler quelques tours, la loger un bout d’temps, c’est pas compliqué, ni dangereux, et ça peut rapporter rien moins que la gratitude d’une empoisonneuse. Maryah n’oubliera pas ses dettes. Contrairement aux murs, certaines gens ont de la mémoire : celle-ci est bonne fille. Une qualité dangereuse, aux Miracles, mais bah ! Corrigez la bonté d’un nuage de bon sens, d’un doigt d’astuce et d’une pincée de culot, et le cocktail fait la blague. Le calcul tombe sous le sens.

- On va t’refaire une beauté, Mignonne, sourit Vieille Belle en tapotant la joue brune. Puis, crochetant le cordon qui ferme sagement le décolleté, elle poursuit : On commence par l'costume. Faire l’innocente, c’est bien… jusqu’à un certain point. Et s’t’as encore les accessoires, c’pas mal non plus.

Un regard appuyé ponctue le conseil. La Maryah f'rait mieux de pas avoir oublié ça : on ne se balade pas sans une lame ou deux, pour le cas où les choses tourneraient au vinaigre. Ceci posé, Fanchon se détourne pour attraper une chope, laissant vue plongeante sur sa chute de reins défraîchie. Quelque part dans les replis de ses jupes, la Môme doit s'en souvenir, il y a de quoi trancher une gorge.

Le temps qu’elle serve un verre de son cru à Corleone, un nouveau venu a déboulé pour saigner sur sa terre battue. Ça commence à s’bousculer, dites, au comptoir des abîmés ! A croire que tous les malheureux s'échouent dans le giron écarlate. Fanchon amusée lance un vieux chiffon à la dernière recrue, accompagné d’une plaisanterie rocailleuse :


- Attrape ça, mon gars, et tâche de pas crever sur mon comptoir. Pour l’eau, par contre, tu t’es gouré d’adresse. La Fanchon noie pas son monde. Prends plutôt un verre, va. Allonge la monnaie, y'a d'quoi t'requinquer.

Elle perd pas le nord, non plus.

Tirant sa carcasse de derrière le comptoir, elle adresse un coup d’œil complice à Maryah. On commencera pas par le costume, finalement : v'là de quoi se refaire la main en douceur.


- J'te laisse t'en occuper, ma jolie ?

Entendez : gérer le quidam, obtenir qu'il casque un maximum, et limiter le désordre. Avec un sujet qui navigue dans le brouillard, et Fanchon pas trop loin pour superviser les opérations, l'expérience peut difficilement mal tourner. En gestes prompts et impérieux, la matrone sculpte la posture de sa protégée, creusant les reins souples, relevant le menton effronté, puis l'abandonne à sa mission pour gagner la table Corleone.

- Tu l'as bien amoché, au moins ? fait-elle tout de même, au passage, avisant la jolie gueule cassée.

Une chopine de tord-boyau, comme une récompense, trouve le chemin des doigts endoloris. La seconde est pour la brunette attablée, et pas plus vaillante. Pas seulement à cause des marques sur sa peau, du reste. On n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace : sous les stigmates de la baston, l'alcool commence de creuser ses sillons dans la peau d'Enjoy. Indélébiles ? Pas encore. Mais.


[édit pour cohérence]
Maryah
Maryah boit et décroche un sourire. Ce qui est génial c’est qu’à peine débarquée, elle se pose, elle boit, elle demande des faveurs et pop le tour est joué. La Fanchon c’est quelqu’un ! Elle n’a peur de Rien ! Allez faire une proposition comme ça dans tout autre village, vous verrez la perle que c’est Fanchon ! Y a tout qui marche chez elle … et tout qui se paie bien entendu !
Si la chevelure Rouge s’occupe de la chevelure Noire, nul doute que Maryah retrouve ses charmes d’antan. Faudra juste penser à cacher les quelques bleus et autres que son corps porte encore. Ou alors pas les cacher, ça peut aider à repousser. Elle n’a aucunement l’intention d’faire des passes, de redonner son corps, elle a franchement mieux comme talent ; et elle ne pourrait pas réendurer tout ça, comme elle ne tolérerait plus les tortures, l’humiliation et tout ça. Non, ce temps-là était bien derrière elle. Hein ...

Coup d’œil à la Fanchon qui lui rafraîchit la mémoire, et lui rappelle les règles de base … de survie quoi. Maryah pose les yeux sur la silhouette de la Rouge, toujours aussi admirative de ce qu’elle est, de ce qu’elle sait et de ce qu’elle lui a enseigné.


Il m’faudra une tenue assez fournie, qu’j’puisse y mettre c’que j’veux. Et dans mes souvenirs, celui que je vais rencontrer aimait les couches superposées et les détails. Faudrait un truc complexe qu’ça m’laisse le temps d’trouver la faille si par malheur il voulait aller plus loin. Un truc distingué mais bien chiant à enlever, t'vois le genre ?! … Tu te rappelles de l’Enguerrand ?

La porte grince à nouveau. Un homme entre et traverse la salle, comme si de rien était. Maryah fronce un peu les sourcils. L’odeur âpre du sang vient chatouiller ses narines, et, c’est plus fort qu’elle, sa salive se fait plus généreuse. Elle déglutit bruyamment, tout en évitant de croiser le regard de l’homme. D’façon icy c’est simple, faut jamais s’occuper d’rien, ça t’rapporte que des galères. Comme quoi, elle n’a pas tout oublié, et surtout pas l’essentiel. Elle se penche tout de même vers Fanchon et lui murmure :

Enguerrand .. l’Duc du Mussidanais … l’Dandy qui a payé tes services pour qu’tu m’apprennes à jouer avec les hommes, et à les faire payer encore et encore … Et bien sûr ha hum … éventuellement celui qui m’a sorti d’la prison St Lazare après l’coup tordu d’Tord Fer hein …

Et le brun esquinté d’faire son retour.

- Pourrais-je avoir une carafe d’eau et une serviette, s’il vous plait ?
- Attrape ça, mon gars, et tâche de pas crever sur mon comptoir. Pour l’eau, par contre, tu t’es gouré d’adresse. La Fanchon noie pas son monde. Prends plutôt un verre, va. Allonge la monnaie, y'a d'quoi t'requinquer.
J'te laisse t'en occuper, ma jolie ?


P'tain ! Elle fait chier la Fanchon là ... Le regard est explicite, et l’Epicée s’met à grogner. Elle s’est p’t’être pas bien fait comprendre. Les gars … ça … comment dire ? ça la laisse de marbre, non pire elle a une fâcheuse tendance à les éviter dorénavant. Pas mieux qu’les pourris d’marchands qui l’ont vendu comme esclave, ces dépravés d’brigands qui s’en sont servis à leur fin et à leurs bourses, et encore … Arf y a plusieurs voix dans sa tête, et y a celle qui lui gueule au d’sus des autres qu’elle a intérêt à faire ses preuves, à r’prendre les bonnes vieilles habitudes ; et que si elle veut qu’la Fanchon lui prête une tenue à la hauteur des informations qu’elle cherche à récolter, elle a plutôt intérêt à pas contrarier la tavernière de choc !

Du coup, elle saute à bas d’son tabouret et avance en ondulant. Le gars ça s’voit tout d’suite il n’est pas d’icy : il parle bien, il a même dit s’il vous plait… Énorme ! Maryah s’approche et lui tapote le genou.


Un mauvais jour, on dirait … Bah c'est fini, t'as trouvé l'bon endroit ...

Doux sourire. Vu son accoutrement d’bergère, elle va bien lui jouer le p’tit agneau. Elle a chopé une fiole d’alcool au passage et la lui présente, avant de lui servir un verre dans des gestes tous plus ronds les uns que les autres. Puis, elle attrape le chiffon de Fanchon, en lançant à cette dernière un regard noir … bah oui quoi m’dame la tavernière va papoter pendant qu’elle la laisse se démerder avec c’ui là quoi … bref …

Allez mon mignon, laisse toi faire … J’vais t’essuyer tout ça, tu dois voir rouge … J’te préviens ça va piquer.

Et la voilà qui r’tourne la fiole sur l’étoffe et se met en devoir d’éponger le sang sur le visage de l’homme. Elle tente de tamponner le tout, un peu comme le fond les tortionnaires entre deux séances de torture. Les gestes sont lents, précis et le plus légers possibles. Faut qu’ça fasse du bien là où ça fait mal ! Pis surtout quand il sera moins tâché d’sang, il pourra boire jusqu’à plus soif et laisser sa bourse et le contenu de ses poches icy. C’est qu’un gars poli comm’ça, ça doit avoir quelques écus bien dissimulés, et m’est avis qu’ce soir la Fanchon va faire recette !

Dis beau brun … qu’est c’qui t’es arrivé ? Un visage comme ça, on n’a pas idée d’y toucher ….

Et la voilà qui lui tend le verre de gnôle. Ça, ça peut vous réveiller un mort. Le choc passé, les vapeurs viendront, la douleur passera, l’esprit trébuchera, les écus sonneront.
Et l’Etrangère d’adresser à l’inconnu un sourire bienveillant, chiffon tâché sang en main … Il est son Epreuve. Et elle compte bien l'éprouver ...

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Laceter
« Le sage ne cherche pas à se venger de ses ennemis, il laisse ce soin à la vie... »

Laceter n’a aucune idée de l’endroit où il se trouve, certes, cela a l’air assez mal famé, cela le change de tout ce qui est politiquement correct. Ses oreilles bourdonnent au milieu du brouhaha, de la fumée, possible des odeurs de sueur, mais avec son nez éclaté, il n’aurait pas l’occasion de savoir. Sa main se tient bien au comptoir, il vacille sur lui quand une voix attire son attention, qu’un chiffon lui est lancé en sa direction. De son autre main, il parvient à resserrer ses doigts dessus pour bien l’emprisonner, ne plus le lâcher. Pas d’eau. De l’alcool à la rigueur, cela désinfectera. Il hoche de la tête pour saluer, éponge trés doucement chaque narine, sans trop appuyer pour ne ressentir la douleur. Ah non merci, crever sur son comptoir n’est pas dans son objectif, loin de là. En fait, la seule chose qui l’ennuie vraiment, c’est sa sale tronche qu’il doit avoir, ce sang collé ou encore coagulant sur lui. Cette douleur lancinante sur son nez, sous chacun de ses yeux enfiévrés qui troublent sa vue, quelques maux aux articulations comme les coudes, les poignets. Allonger la monnaie, maladroitement, ses doigts fouillent à l’intérieur d’une poche de son manteau, ils arrivent à en tirer une poignée qu’il dépose en monticule désordonné sur le comptoir:

Voilà, largement pour dédouaner pour mon passage...

Il suit du regard la Tenancière du lieu. Elle lui donne une chopine quand elle passe prés de lui. Bien amoché? Il parvient à lui décrocher un sourire:

Pas eu le temps de savoir...

Il goutte une première gorgée, il sent comme un liquide brûlant tout traverser son corps. Le réveil est abrupt mais la solution à nettoyer ses blessures, peut-être là. Il s’apprête à mettre en pratique quand son genou est tapoté. Il sort de sa bulle pour revenir à la réalité soudain devant une belle jeune femme aux traits peu communs l’accoste. Il se laisse faire, porter par la voix douce, les gestes attentionnés. Il l’écoute. Il hoche la tête. Il serre les dents. Il se mord ses lévres quand elle le soigne avec l’alcool malgré la délicatesse qu’elle y met:

Une mauvaise passe qui dure, à mon avis, pas prêt de m’en sortir...J’ai rien compris en fait...Que je me cache quelques temps, ce serait bien...

Il cligne des yeux. Et de l’un, de l’autre. Sa main ne lâche plus le comptoir, il lui demande:

Pas moyen de s’asseoir ou de s’allonger s’il vous plaît, je voudrai m’écrouler dignement, pas le visage face contre terre, merci

Beau brun, beau brun. Il n’est pas si beau à voir. Courtisan, il ne pourrait pas avant de retrouver un visage présentable. Il est là sans contexte dans un bouge mal famé où il pourrait peut-être se détendre, faire disparaitre la douleur. Les gorgées d’alcool font leur effet, il articule petit à petit:

Je devais me présenter comme Courtisan...Un grand malade, fou furieux m’est tombé dessus, des menaces de mort, sur ma famille, sur moi alors que je viens de perdre ma compagne et mes deux enfants, y a peu...

Il fait tomber sa main dans le vide, dépité. Il la regarde, un peu ivre, fiévreux, souffrant. Il lui sourit à peine, comprend qu’il commence à être dans le cirage:

Je me sens pas bien du tout, vous savez...

Il est à la limite de partir en arrière contre le comptoir.
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Et Tout ça Vaut de l'Or
Maryah
Et voilà, ça recommence. Maryah ne dit rien mais n’en pense pas moins. Sa fichue vie vrille encore une fois ! Pourriture de mauvais génie qui tire les ficelles là-haut !!!
Non, mais c’est vrai ! Elle a fait tout ce chemin, elle arrive à la Cour, trouve sans trop de mal la Fanchon, décroche son entretien avec le Mirandole, elle sent que tout s’enchaine bien, qu’elle va retrouver Sarah, qu’elle sera en sécurité, et qu’elles vont vivre plein de moments de complicités … et …et patatrac ! Faut qu’elle tombe sur LE gars à problème du coin … Et ça … ça sent mauvais.
Parc’qu’elle reçoit bien ses messages, malgré l’arc en ciel rouge et bleu qui colore le beau visage. Il est beau, il est pauvre, il est poursuivi, il a un tas d’emmerdes, il vient de perdre sa famille, il veut certainement être courtisan pour se refaire une situation et cotoyer les plus hauts, peut être comme elle auparavant servira-t-il d’espion dans les riches banquets, peut être donnera-t-il dans un premier temps du plaisir pour finir par donner la mort à ceux qu’on lui ordonnera, et il finira crevard ou crevé … et … et …

L’esprit de Maryah s’emballe sous le récit, son cœur aussi. Dès qu’une personne dit « sans famille », elle est touchée à vif et se sent l’âme de Mère Térésa. Tient d’ailleurs, Fanchon, l’avait été un peu pour elle … Faut pas croire, on trouve pas mal de mains tendues dans les parages, bon après l’truc c’est qu’on maitrise pas c’qui va falloir faire en retour, mais c’est mieux qu’de crever brutalement sans espoir. Ou pas des fois ...
Elle soupire fortement. Plus contre elle et le sort, que contre lui. Elle voudrait tant retrouver cette distance d’avant, l’truc qui faisait que rien ne pouvait la toucher ni l’atteindre. Mais elle n’a pas retrouvé ça depuis qu’elle a fui d’icy. Plus jamais elle n’a su rester insensible à la détresse. Faiblesse pour certains, justesse pour elle. Mais il vient faire foirer ses plans c’ui là. Elle va pas le piétiner pour faire ses preuves, hein ?!


Je devais me présenter comme Courtisan...Un grand malade, fou furieux m’est tombé dessus, des menaces de mort, sur ma famille, sur moi alors que je viens de perdre ma compagne et mes deux enfants, y a peu...
Sa compagne et deux enfants … De quoi vous marquer toute une vie … Un peu comme le fer rouge !
Je me sens pas bien du tout, vous savez...

Alors la brunette arrête son jeu malsain. Elle prend le bras qui vient de tomber dans le vide et le passe sur ses épaules. Elle l’entraine doucement, dos contre le comptoir et l’aide à s’asseoir par terre. Mine de rien, le gars a bien besoin d’être soutenu … et pas que physiquement. Après s’être assuré qu’il soit bien calé dos au comptoir, elle lui allonge les jambes, et passe une main sur le front de l’homme. P’tain … il est bouillant. Et voilà que les vieux réflexes ressurgissent, elle commence à le palper un peu partout, à la recherche d’une fracture ou d’une blessure. Levant son regard vers lui, elle ajoute, histoire de le garder éveillé :

Moi c’est Maryah … et toi, comment qu’tu t’appelles ? Tes ennemis, t’crois qu’ils t’ont suivi ? Dis-moi, t’as mal quelque part ?

Puis, se retournant vivement, elle pose deux doigts à sa bouche et se met à siffler dans l’endroit glauque.
Fanchon ?! rapplique toi … risqu’d’y avoir du grabuge là …

Et de percuter que la femme à qui s’adresse Fanchon a la main aussi rouge que le pif du gars. ça sent vraiment pas bon cette histoire. Et à la Cour des Miracles, quand tout commence à s’enchaîner comme ça, y a peu de chance que ça se règle tranquillement. Pensive, la brunette reporte son attention sur l’homme entre conscience et inconscience.

T’inquiète pas … on va s’occuper d’toi … La fanchon, elle en a vu d’autres …

Allez savoir si c’est lui ou si c’est elle qu’elle rassure. Icy c’est ça, faut une grosse capacité d’adaptation ; faut savoir passer en une seconde du mirage au miracle et à la catastrophe. Fin de strophe.
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