Umbra
-Avant de poser un pied dans à la Cour des Miracles, il faut prendre consciences des trois règles qui régissent les lieux:
La première, la loi martiale : si tu possède une arme, tu peux ten servir dans toutes situations pour prouver ta force.
La deuxième, la loi du Talion : Nhésites pas à attaquer lautre avant quil ne lui vienne lidée de tattaquer.
La troisième : Ici, il ny a pas de règles. Pas de soldats pour te protéger donc pas de loi martiale. Pas de justice équitable donc pas de loi du Talion.
En somme, démerde-toi dans la fosse des miséreux et des misérables.
Les bons gens nont quà bien se tenir à lécart.-
Des pas hésitants jonchaient les pavés défoncés de la Cour. Tous ici se réjouissaient au son de ce piétinement, de cette imprudence. Certains se dépêchaient de se décharger entre les reins de leur catin pour admirer le spectacle, dautres sarmaient de leurs poings et dautres encore se gaussaient davance. Mais de toute cette mise en scène, il nen sera rien ce soir : Une Ombre passe
La dernière fois quUmbra avait foulé les Miracles, il lui restait encore deux mains et sa démarche était certaine. Sa carcasse rachitique, autrefois, immaculée comme la Maria, aujourdhui seffritait de toute part. Son allure semblait incertaine et elle boitait comme un canard. De leau était passée sous les ponts depuis sa précédente visite.
La Noiraude nappréciait pas plus ce lieu quun autre et même si sa jambe droite était encore valide, elle aurait trainé la patte. Sans parler de franchir la Cour à reculons car Ombeline savait pourquoi elle y foutait les pieds, lenthousiasme nétait pas au rendez-vous. Au lieu de lui inspirer de la peur comme à autrui, les Miraculeux ninspiraient que du dégout à la Bâtarde. Quils étaient pitoyables, ces sauvages. Attirés par lor tintant, les rondeurs aguichantes et le gout du sang, ils nétaient que lHumanité poussé à lextrême : Affligeante.
Malgré sa claudication, la Manchote ne craignait pas les problèmes. Cette Cour était celle de son Clan, cette Cour était la leur. Cette Cour était la sienne. Sa démarche défectueuse lui valait bien quelques railleries à son passage mais rien de plus Miraculeusement.
Encapuchonnée, voilé dune cape de la tête aux pieds, lOmbre, pour une fois, ne faisait pas tâche dans le décor. Tous étaient accoutrés de la sorte ici. Chacun usait dun pseudo sans originalité pour se faire mousser, dune toilette sombre pour le côté mystérieux et de quelques lames plus ou moins visibles, histoire davoir un peu de crédibilité dans ce bas quartier. Umbra ne dérogeait pas à la mode des Miracles bien quelle ne possédait pas darmes. Elle essuyait les regards de chien de faïence sans sourciller ni se laisser submerger par la violence. Une autre déraison lattendait derrière la porte du Sans-Nom. Une tentation à laquelle la Noiraude ne résistera jamais.
Poussant lhuis du repère des Spiritu Sanguis, Ombeline retira sa capuche à peine après avoir franchi le seuil. Ici, elle pouvait marcher à visage découvert, elle était en sécurité. Son unique mèche blanche virait au grisâtre dans la taverne baignée de lumière tamisée. Cest quil y avait du monde cette nuit sans dire que la salle était noire de foule. Son regard, outrageusement cerné à cause de la fatigue et du mauvais éclairage, balaya la pièce avec méfiance. Ses iris de jais décélèrent alors la chevelure flamboyante de la tenancière et la Bâtarde savança clopin-clopant vers sa silhouette défraichie. De lapparence de la Manchote, on ne discernait que sa dextre tenant maladroitement sa canne et son visage las, le reste de son corps se dissimulait derrière les lourds pans en laine sombre de sa cape.
A quelques pas dans le dos de Fanchon, lOmbre remarqua que cette dernière discutait avec Enjoy. Sans plus de politesse, Umbra prit place à leurs côtés. Elle posa son bâton à ses pieds avant de déclarer sans se soucier de les interrompre:
Le Bonsoir, mes dames
Une pointe dironie se dégageait dans son intonation. Le regard posé sur la tablée, elle remarqua dun ton faussement fâché :
Navais-je pas commandé une bonne bouteille de prune ?
A ses paroles, la Noiraude sortit une bourse grossièrement pleine. Elle posa laumônière dégueulant de piécettes devant le nez de la tavernière avant que celle-ci ne lui demande plus ou moins gentiment de raquer avant de consommer. Le sourire en coin, Ombeline samusa :
Je pense que cela devrait suffire amplement pour couvrir les déboires de la soirée Cette nuit, ce sont les innocents qui régalent alors ne lésinez pas sur la dose.
La Bâtarde adressa un sourire laid à la tenancière, faute de charme puis dévisagea indiscrètement le faciès ravagé de la Mac Douggal. Une lueur inquiète traversa les yeux de la Manchote. Elle sattendait à revoir la cheffe du Clan dans un mauvais état certes, mais pas aussi piteux. Sétant plus exprimé quà son habitude durant les dernières minutes, lOmbre se tut, attendant que la Corleone justifie d'elle-même ses ecchymoses.
_________________
La première, la loi martiale : si tu possède une arme, tu peux ten servir dans toutes situations pour prouver ta force.
La deuxième, la loi du Talion : Nhésites pas à attaquer lautre avant quil ne lui vienne lidée de tattaquer.
La troisième : Ici, il ny a pas de règles. Pas de soldats pour te protéger donc pas de loi martiale. Pas de justice équitable donc pas de loi du Talion.
En somme, démerde-toi dans la fosse des miséreux et des misérables.
Les bons gens nont quà bien se tenir à lécart.-
Des pas hésitants jonchaient les pavés défoncés de la Cour. Tous ici se réjouissaient au son de ce piétinement, de cette imprudence. Certains se dépêchaient de se décharger entre les reins de leur catin pour admirer le spectacle, dautres sarmaient de leurs poings et dautres encore se gaussaient davance. Mais de toute cette mise en scène, il nen sera rien ce soir : Une Ombre passe
La dernière fois quUmbra avait foulé les Miracles, il lui restait encore deux mains et sa démarche était certaine. Sa carcasse rachitique, autrefois, immaculée comme la Maria, aujourdhui seffritait de toute part. Son allure semblait incertaine et elle boitait comme un canard. De leau était passée sous les ponts depuis sa précédente visite.
La Noiraude nappréciait pas plus ce lieu quun autre et même si sa jambe droite était encore valide, elle aurait trainé la patte. Sans parler de franchir la Cour à reculons car Ombeline savait pourquoi elle y foutait les pieds, lenthousiasme nétait pas au rendez-vous. Au lieu de lui inspirer de la peur comme à autrui, les Miraculeux ninspiraient que du dégout à la Bâtarde. Quils étaient pitoyables, ces sauvages. Attirés par lor tintant, les rondeurs aguichantes et le gout du sang, ils nétaient que lHumanité poussé à lextrême : Affligeante.
Malgré sa claudication, la Manchote ne craignait pas les problèmes. Cette Cour était celle de son Clan, cette Cour était la leur. Cette Cour était la sienne. Sa démarche défectueuse lui valait bien quelques railleries à son passage mais rien de plus Miraculeusement.
Encapuchonnée, voilé dune cape de la tête aux pieds, lOmbre, pour une fois, ne faisait pas tâche dans le décor. Tous étaient accoutrés de la sorte ici. Chacun usait dun pseudo sans originalité pour se faire mousser, dune toilette sombre pour le côté mystérieux et de quelques lames plus ou moins visibles, histoire davoir un peu de crédibilité dans ce bas quartier. Umbra ne dérogeait pas à la mode des Miracles bien quelle ne possédait pas darmes. Elle essuyait les regards de chien de faïence sans sourciller ni se laisser submerger par la violence. Une autre déraison lattendait derrière la porte du Sans-Nom. Une tentation à laquelle la Noiraude ne résistera jamais.
Poussant lhuis du repère des Spiritu Sanguis, Ombeline retira sa capuche à peine après avoir franchi le seuil. Ici, elle pouvait marcher à visage découvert, elle était en sécurité. Son unique mèche blanche virait au grisâtre dans la taverne baignée de lumière tamisée. Cest quil y avait du monde cette nuit sans dire que la salle était noire de foule. Son regard, outrageusement cerné à cause de la fatigue et du mauvais éclairage, balaya la pièce avec méfiance. Ses iris de jais décélèrent alors la chevelure flamboyante de la tenancière et la Bâtarde savança clopin-clopant vers sa silhouette défraichie. De lapparence de la Manchote, on ne discernait que sa dextre tenant maladroitement sa canne et son visage las, le reste de son corps se dissimulait derrière les lourds pans en laine sombre de sa cape.
A quelques pas dans le dos de Fanchon, lOmbre remarqua que cette dernière discutait avec Enjoy. Sans plus de politesse, Umbra prit place à leurs côtés. Elle posa son bâton à ses pieds avant de déclarer sans se soucier de les interrompre:
Le Bonsoir, mes dames
Une pointe dironie se dégageait dans son intonation. Le regard posé sur la tablée, elle remarqua dun ton faussement fâché :
Navais-je pas commandé une bonne bouteille de prune ?
A ses paroles, la Noiraude sortit une bourse grossièrement pleine. Elle posa laumônière dégueulant de piécettes devant le nez de la tavernière avant que celle-ci ne lui demande plus ou moins gentiment de raquer avant de consommer. Le sourire en coin, Ombeline samusa :
Je pense que cela devrait suffire amplement pour couvrir les déboires de la soirée Cette nuit, ce sont les innocents qui régalent alors ne lésinez pas sur la dose.
La Bâtarde adressa un sourire laid à la tenancière, faute de charme puis dévisagea indiscrètement le faciès ravagé de la Mac Douggal. Une lueur inquiète traversa les yeux de la Manchote. Elle sattendait à revoir la cheffe du Clan dans un mauvais état certes, mais pas aussi piteux. Sétant plus exprimé quà son habitude durant les dernières minutes, lOmbre se tut, attendant que la Corleone justifie d'elle-même ses ecchymoses.
_________________