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[RP Ouvert] Quartier Spiritu Sanguis, taverne la Sans Nom

Fanchon...
Fanchon n’a plus les yeux ni les biceps de ses vingt ans. N’a jamais eu de biceps d’homme, non plus. N'imaginait pas, non plus, que les choses puissent en arriver là. Qui sait… Peut-être que la Montagne, titillant le souvenir d'un mariage fameux, a éclipsé un instant l’essentiel ? C’était l’instant de trop.

La morsure du métal arrache un éclat de rire à sa gorge flétrie. Le temps des étreintes passe avec la beauté, croyait-on… Mais voilà : les jeunes audacieux sont prodigues en surprises. Celui-ci a décidé de se pendre à son cou. Ou de la pendre à ses bras, selon le point de vue. Vous savez ce qu’on dit de l’amour et de la mort. Ainsi donc, la Fanée spectatrice passe jeune première de cette tragédie burlesque, et endosse
manu militari le rôle singulier de donzelle en détresse. Savoureux contre-emploi, non ? Voyez comme il lui va au teint ! Le sang s’active. Les sens s’affûtent. Tête brûlante, tête brûlée : l'alcool n'est pas le seul liquide qui monte à la tête. C'est la troisième loi des fluides miraculeux.

- Eh ben, mon Noiraud… On préfère les vieilles ?

Un picotement ponctue la gouaillerie : les menottes rouquines n'ont pas perdu leurs bonnes habitudes. Tandis que l’Encapuchonné refermait ses griffes, l'une a glissé subrepticement dans les replis des jupes, droit sur la chute de reins où se tapit une lame. A présent, le nez de fer taquine l’aine exposée à travers le tissu. Frapper juste, c’est une question de jointure : dans le creux d'un cou, à la naissance d'une cuisse, le sang coule bien trop vite pour espérer le salut.

Qui devait donner ses bijoux à qui, déjà ? Comme quoi. Quand on vous bave de tenir vos amis proches, et vos ennemis plus proches encore… On vous arnaque à toute allure.


- Galère, hein ? susurre la belle voix rauque. Si la Fanchon s’embarque, elle t'embarque avec elle.

Impossible de chercher le regard du cap'taine, les horizons sont maigres quand on vous ceinture. Tout ce qu'elle voit, et encore ! de traviole, et de derrière la brume, c'est le camp d'en face. Le sien. La rive. Quittée pour toujours, peut-être, cette fois.

Il sera toujours temps d'avoir peur des profondeurs quand l'excitation retombera. Pour l'heure, et pour sceller l’accord, un coup de reins plaque le vieux corps contre celui de son geôlier, et les griffes libres agrippent ceinture, vêture et chair. Parée au départ. Étrangement, l'image de la Maryah surnage une seconde dans l'océan d'adrénaline. Tu te souviens, petite ? Règle numéro je-ne-sais-combien :
« Quand on n’a pas les moyens de dire non, on hurle oui. »
Maryah
Et tout s’enchaîne, s’accélère … mer**, elle n’a plus l’habitude que ça aille si vite. Son équipe dans sa tête se répartit l’observation, mais tous bougent tant et si vite … Mouarf !

V’là que le soi-disant frangin d’un soir se réveille … L’instant d’un instant, elle hausse un sourcil. Ça r’semble de plus en plus à un guet-apens là … Et si c’était un coup monté ? pour la planter Elle ? ou la Fanchon ? ou la Noire et Rouge ? Hésitation, scepticisme … P’tain, la Fanchon avait raison ; elle n’aurait pas dû s’en mêler, elle aurait dû l’laisser crever l’ p’tit malin tout fringant là. L’homme rit, ça lui en est insupportable. Son regard vire au noir, pendant que l’frangin s’réfugie derrière le comptoir. Crevard ! Et la Fanchon de rejoindre le polisson.


Eh là ! Personne ne touche au frangin de cette donzelle ! Frangin qui va d’ailleurs abandonner tout de suite ses ambitions pyromanes. Pas vrai ? Allez, allez, on va tous se calmer, c’est moi qui paie la première tournée !

Et voilà de quoi lui tourner encore la tête. Vu qu’la porte est explosée personne ne l’a vu arriver le beau brun. Après la Poigne éclatée, en v’là un autre de son côté. Ambitions pyromanes ? Maryah a beau chercher, elle ne comprend pas. Une tournée ? Oh oui, c’qu’elle donnerait à ce moment-là pour s’boire une gorgée de tord boyau. Et voilà que derrière l’élégant, arrive le géant. J’vous assure, la cour des Miracles, c’est fantasque quand même. C’est ir-réel ! et Ires réelles, ça c’est clair ! Ce qui la rassure Maryah, c’est de se dire que tôt ou tard, elle racontera tout ça à Sarah, un verre en main, un sourire aux lèvres. Sarah … D’ailleurs l’géant parle italien … p’t’êt’qu’il pourrait la renseigner.

Voilà dans quel genre de pensées elle est noyée, l’genre de pensées qui lui fait oublier que les gens vont pas mettre la scène sur pause, le temps qu’elle enregistre, digère et avise. Du coup, quand elle revient à la réalité, l’Enturbanné numéro 1 a pris Fanchon en otage. Maryah s’assombrit. Elle aurait vraiment du l’laisser s’démerder l’courtisan ; elle ne s’pardonn’rait pas qu’il arrive quoique ce soit à la Flamboyante. Bien sûr, cette dernière réplique, elle est belle la Fanchon, elle est Reyne. Maryah croise son regard … Elle serre les dents, les poings, y a des leçons qu’elle a eues bien du mal à apprendre. Des trucs qui vous réduisent en cendres si vous ne prenez pas l’ascendant.

Regardant les Enturbannés 2 et 3, elle avance lentement vers le 1 qui retient Fanchon. Elle jauge l’état du soi-disant frangin, et lance froidement :


Hé hé … c’est pas la tavernière que tu veux ! Tu veux l’frangin … prends –le , et t’as la soeurette en prime. Ça t’va … allez déconne pas, lâche là et emmène nous loin de là …
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Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Eyzekiel
{ Paris- Quand le ridicule est sur le point de tuer }

Eyzekiel secoue la tête. Il sait bien qu’il n’aurait pas du être là. Qu’est-ce qui lui avait prit d’accepter. Peut-être l’envie de retrouver l’ancien temps quand ils étaient jeunes, que des amis d’enfance, insouciants. Il trouve autant ridicule les actions et interventions tout autant que les leur. Tant d’incohérence, de situations qui se succédent à la folie, si bien qu’à la fin, on s’y perd dans l’histoire. Ils sont là pour quoi déjà ? Ah oui...Il jette un regard en biais vers le comptoir. Pour lui, là-bas. Si au départ, il paraissait mal foutu, prêt à agoniser. Il a bien reprit du poil de la bête.

Il pense qu’il aurait pu profiter d’une bonne semaine encore à glandouiller chez lui. Ou bien à s’occuper des affaires du groupe plutôt qu’être un pathétique homme de main. Il se retient de rire devant Angel qui prend en otage la Tenancière. Il est fou. Mais ce ne serait pas lui. Il aimerait bien savoir comment il va nous en sortir de ce bourbier. Il se tourne vers Adonis, un regard complice, pas trop non plus, pour ne pas partir dans un fou rire.

Il se tient bien droit avec son épée inactive dans ses mains. Il la prend, la lève, place la lame devant son nez, admire la pointe. Il fait quelques mouvements avec pour fouetter les airs, histoire de faire un peu de bruit, de faire grimper la pression. Il arrive même à se demander s’ils sont tous bien sain d’esprit, à quoi, ils tournent. Placé au milieu de l’entrée, à surveiller les entrées et sorties, un Géant lui est passé dessus sans même le voir. Il n’a rien ressenti. Il est presque un surhomme Eyzekiel. Pas une égratignure. Il se sent rassuré dans son estime. Mais bon, ce détail sans importance parmi tant d’autres, laisse un danger supplémentaire pour leur groupe.

Il penche la tête sur le côté, amusé. Angel est difficile à deviner, à capter son regard, à y lire ses intentions. Un long soupir. C’est long encore? Qu’ils embarquent le gus, basta. D’ailleurs vu qu’il ne sert à rien à l’entrée de la taverne, que personne ne le voit, que tout le monde lui passe dessus, il se décide avec une moue débutative, à faire changer un peu la donne. Il laisse Adonis à l’entrée, passe prés du comptoir, de son Chef, de l’otage, de tout le reste de la salle pour venir se placer en fond, prés des latrines, à l’autre bout du comptoir. Il bloque une sortie du lascar recherché.
Laceter
« Qui est le plus sage ? Celui qui accepte tout ou celui qui a décidé de ne rien accepter ? La résignation est-elle une sagesse ? »
de Eugène Ionesco


Il en a les mains qui tremblent. Il n’a pas eu autant de difficulté à faire un choix dans sa vie. Il n’aurait qu’à envisager sauver sa peau. Sans état d’âme. Les laisser de débrouiller entre tous, cela leur va si bien. Il n’est pas dupe. Replié, acculé derrière ce comptoir, il aura bien du mal à s’en sortir. L’instant d’une minute, il se surprend songer à sauter le comptoir, passer par la fenêtre. Mais il sait, il sent que son corps n’en sera pas docile, prévu à cet effet. Il a beau faire le fier, l’arrogant, il se tient d’une main, sur le plan de travail en dessous du comptoir pour ne rien laisser supposer de son état, nébulleux, chanceleux. Il plisse les yeux, n’est pas apte à tourner la tête sur les côtés pour suivre chaque geste. Il reste le regard droit,figé, devant lui, sur cette fenêtre. Son autre main à proximité de la bougie qui taquine sans cesse la mèche d’une des bouteille d’alcool. Il serre les mâchoires. La situation est critique. Il fait quelques pas en arrière. Il est sur le point d’envisager une sortie de l’autre côté. Trop tard. Toute sa volonté de s’en sortir commence à en prendre un coup. Et tout le monde va vite finir par en avoir de tout ce cirque. Il écoute. Il assimile. Mais c’est qui ces gars qui lui courrent aprés? Il ne mérite pas autant de traitement de faveur. Que lui reste-t-il comme solution. L’ultime, la dernière. Aura-t-il assez de force, de courage pour rejoindre cette fenêtre? Personne ne viendra-t-il s’interposer? Il scrute droit devant comme dans un autre monde. Il n’entend plus les voix, il ne voit plus rien, que cette clarté en face de lui, telle la lumière d’un bout de tunnel qui l’appelle.

Son coeur bat vite, au galop. Il sent monter en lui cette peur viscérale qui vous fait monter des frissons partout pour exploser toute réalité. Savoir que ce qu’on va tenter est impossible, au petit bonheur la chance, que sa vie se joue-là. Il s’y voit bien pourtant. Il crispe sa main sur la bougie, la rapproche du tissu incendiaire s’il l’enflamme. Qui sera susceptible de l’arrêter? Le seul risque serait qu’on l’en empêche, là tout serait perdu pour lui. Il avale avec difficulté sa salive. Mais il ne voit pas d’autres solutions...Tandis que la danse de la mort valse autour de lui, Laceter la laisse tourner, virer, lui tendre ses bras. Il penche la tête sur le côté droit. Il s’isole. Il se vide l’esprit. Il fait abstraction de tout. Il est là sans être là. Il n’a plus de mot pour répondre. Il sent bien que tous en sont là à cause de lui. Et quand on gène, une seule façon d’en terminer avec les ennuis. Dans tous les cas, il ne sera plus si’l ne dégage pas vite fait de cette taverne.

Ses yeux se durcissent. Il vacille une première fois. Il ne va pas tenir longtemps debout. C’est l’instant, c’est maintenant. Quoique ’il advienne, qu’ils décident tous et toutes, lui, il va faire le saut de l’ange. Un sourire illumine son visage en piteux état. Tant pis si son corps lui dit non, si son esprit lui interdit une telle folie. Tant pis si sa vue se brouille, si son crâne souffre d’un tapement infini contre ses tempes, si sa bouche est un désert, sec, aride. Si ses mains tremblent par sursauts. Il compte dans sa tête, le compte à rebours à commencé.

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Et Tout ça Vaut de l'Or
Angel.de.ravaillac
Je n’aime pas. Je n’aime pas du tout. Je suis en proie à garder mon sang-froid ou à le perdre. Je suis sous le joug de la lame de la tenancière, de ses propos. Rien ne plaît dans toute cette situation. La peur d’être comme un porc sanguinolent n’est pas ce qui m’effrait. Le terme Noiraud a fait ouvrir une bréche béante. Provocation insufflée. Elle me conduit à tirer malgré tout la femme dans mon sillon vers la sortie. Je suis le seul à savoir ce qu’il en est. Qu’un seul faux pas, je me retrouve avec une lame dans l’aine. Curieusement, cela m’excite plus qu’autre chose. Je ne contrôle pas mes envies. C’est bien ce qui me navre parfois. Excité au point de sentir en mon bas ventre, ce feu soudain qui embrase ce qui fait de moi, un homme. Je garde mon visage placide, impassible. Je suis de mes iris un de mes hommes qui change de place. Je plonge mes prunelles dans celles sauvages, noires de la soeur de la victime. Je ne les lâche pas. J’avoue que très certainement la vue d’une telle beauté ne fait que plus durcir mon envie qui se dresse tel un étendart. Je plisse les yeux à son encontre. Je souffle au creux de l’oreille de la tenancière:

Tu envisages un voyage au septième ciel avec la belle créature et mes hommes? Cela vous tenterai une petite orgie, digne de ce nom?

Je guette la jeune femme devant moi, je continue de reculer avec mon otage vers la sortie:

Viens dans ce cas, suis-nous...Et dit à ton frère de rappliquer sur le champs!

Je commence à sentir le roussi avec cet homme. Je ne le sens pas trés équilibré. Je vois ses mains mal assurées, prêt de tout ce mélange explosif. Je n’ai pas peur de lui. Je n’ai pas peur de flamber dans un incendie ou de me vider de mon sang. J’entrevois la posibilité d’allier travail et plaisir. Et là, j’avoue que le plaisir serait le bienvenu pour me soulager de cette montée de jouissance incontrôlable.

Je suis mon instinct. Ma priorité, protéger mes hommes, accomplir la mission.
Arthor
C’était à ne plus rien n’y comprendre. Finalement, qui était avec qui, et pourquoi, comment … Autant de questions qui laissaient perplexe le montagnard. Dans un moment de désespoir, il se lança même à faire le tour du reste de la salle de son regard, et ne put qu’être médusé à la vue de deux hommes près de la porte, passés totalement inaperçus. Il aurait pu se faire embrocher, saigner et massacrer sans rien voir arriver. Décidemment, peut-être avait-il mis la barre un peu haute en voulant se mêler de cette altercation. Le retour vers la gloire et le crime ne se passait pas vraiment comme prévu, et dans un moment de lucidité, le barbu se fit remarquer à lui-même qu’il aurait mieux valu piquer le sac d’une vieille, plutôt que de rentrer ici.

Se passant la main dans son épaisse barbe, et haussant ses sourcils comme pour avoir un nouveau regard de la situation, il tourna lentement la tête vers Enjoy. Mais dans quoi s’étaient-ils embarqués ? L’ensanglanté derrière le comptoir avait une drôle d’envie de faire sauter la baraque, et les autres individus n’avaient pas l’air clair non plus. L’un d’eux, positionné jusqu’alors vers la porte, préféra se rapprocher du comptoir, et du principal centre d’intérêt de tous. Mais qui était donc la sœur ou le frère de qui ? C’était à en avoir mal au crâne.

Et y repenser, le Corleone ne connaissait personne, à part la lionne italienne qui n’avait pas l’air de se soucier beaucoup de l’avancée de la situation, et d’Umbra, qui ne s’était même pas levée de sa chaise. Finalement, peut-être que cela ne se le concernait pas, et ne devait pas le concerner. Il n’avait pas intérêt à s’initier dans une affaire qui lui était étrangère. Il s’agissait d’une véritable pièce de théâtre où le barbu n’était qu’un simple spectateur désemparé. Et il fit alors ce que feraient sans doute nombre de personne à sa place.


Bon, ieu vais aller m’asseoir.


Il attendrait gentiment que la pièce se termine, d’une manière ou d’une autre. Il ne pouvait pas agir sans risquer quelque chose, et sans faire risquer quelque chose aux autres, alors il passa de la curiosité à l’indifférence la plus totale.

Il se dirigea lentement vers la table la plus proche, et s’y assis. Il décala tout de même légèrement la chaise afin de pouvoir se redresser rapidement en cas de besoin, mais sans prendre plus de précaution. Jambes étendues et croisées, et bras repliés sur son ventre, il regardait tout ce petit monde.
Il ne leva pas le petit doigt quand un nouveau rôle fit son apparition sur scène, celui d’otage. Un rôle très mal joué d’ailleurs, et qui ne suscita en lui que très peu d’émotion. Il préférait voir la réaction d’Enjoy, véritable personne qui comptait pour lui, en comparaison de toutes les autres.

Un homme ordinaire fait montre de plus d’indifférence que de courage dans sa vie, mais pour passer de l’un à l’autre, il suffit parfois de peu de chose. Une simple phrase, une simple émotion, un simple regard. Aujourd’hui, seul l’orgueil, et l’arrogance de se sentir Corleone pourrait faire réagir le montagnard. Et risquer sa vie pour l’honneur et la réputation de sa famille, en voilà une bonne raison. Mais là, il préférait attendre le prochain acte.

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Umbra
L’Ombre en était restée aux aveux d’Enjoy quand une première fouine vint chercher les problèmes. Premièrement, on n’interrompt pas un silence surtout quand il est plus explicite que des mots. Deuxièmement, si c’est pour venir quémander des mandales, faut s’adresser à d’autres et Troisièmement, on ne boit jamais dans la bouteille d’Umbra sans son accord. A peine le temps de fusiller Maryah du regard que la porte s’éclate contre le mur. Tout s’enchaine tellement rapidement et pourtant aucune surprise pour la Noiraude. Trois mercenaires à la Cour des Miracles, quoi ça vous épate, vous ? Ici, les règlements de compte sont monnaie courante et celui qui feint l’étonnement est soit un nouveau, soit un futur macchabée. Dans les deux cas, il a pas de chance.

Ombeline reprend son dû tandis que le premier enturbanné entame son monologue. Elle ne l’écoute que d’une oreille discrète, sans sourciller. Après tout, il ne vient pas pour elle, ni pour les siens. La Bâtarde accuse l’œillade de sa cheffe avant d’écluser une énième gorgée sans bouger de sa chaise. Elles sont d’accords, qu’ils s’emparent du mourant et qu’ils foutent le camp. Hélas, le malchanceux n’est pas suicidaire. Il lui reste son foutu instinct de survie qui le pousse à la connerie. Quitte à tomber, emmenons-les autres, n’est-ce pas ? Et l’emmerdeuse qui se rebelle, embarquez-là elle aussi. Tsss…

La Manchote, toujours le séant confortablement installé sur son siège, observe la scène d’un œil désabusé. Tant de brouhaha pour si peu, de vrais mercenaires ne parlent pas, ils agissent. Ceux qui déblatèrent se donnent en spectacle, ils ne sont que des pitres aux yeux de la Boiteuse. C’est alors que la montagne occitane fait son entrée, tiens ça faisait un bail que l’Ombre ne l’avait pas croisé. L’agitation autour de sa carcasse posée ne l’effleure pas, le danger ne l’effraie pas. A quoi bon ? On connait tous la fin, non ? Si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera peut-être demain qu’on traversera la route les pieds en avant pour rejoindre le cimetière de la Cour.

Umbra lève sa bouteille en direction du Corleone entrant, l’invitant à venir s’attabler à ses côtés. Malheureusement quand, la Noiraude se tourna, elle remarqua une scène qui ne lui plut guère. Faisant fi du gigolo pyromane, ces iris de jais se posèrent vers le premier assaillant qui menaçait la Flétrie. Alors ça… C’était pas bon signe. Plus de Fanchon, plus de gnôle et ça, ce n’est pas drôle. Ombeline se redressa et claudiqua maladroitement vers le mercenaire détenant la tenancière. A quelques enjambées du duo, elle s’exclama de manière impassible :


Comme vous a dit précédemment, Enjoy. Ici, vous êtes en territoire Corleone et ce que vous menacez là, c’est du mobilier. On ne touche pas au pilier de comptoir, compris ? Relâchez-là et occupez-vous plutôt de votre proie avant qu’elle foute le feu à la taverne. Je vous promets que si une étincelle touche le sol de ce rad, c’est vous qui banquerez…

Elle est mignonne la carcasse désarticulée avec ces beaux discours, vous ne trouvez pas ? Sauf qu’elle, comparée aux autres, elle plaisante pas… Lâchant son bâton d’une rapidité insoupçonnée, la Bâtarde attrapa une pincée de fulgurite* en miettes, cachée dans une poche intérieure de sa cape, et souffla le tout dans les iris peu communs du mercenaire. Ou l’art de mettre le feu au poudre…

La Manchote avait peut-être la senestre manquante mais elle n’avait pas perdue la main. Aveuglant ainsi l’assaillant, elle agrippa le bras de la Rousse de sa paume blessée par les micros particules de poussières abrasives et l’extirpa de l’emprise de l’enturbanné.

Autres règles aux Miracles, ne jamais se fier aux apparences et toujours protéger ses yeux !


*Les fulgurites ou "pierres de foudre" sont des morceaux de verre naturel amorphe.

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Maryah
La Maryah est perplexe. Sûre qu'elle donnerait sa vie pour la Fanchon, car sans elle et l'Enguerrand elle se serait laissée mourir ; elle sait ce qu'est une dette d'honneur, et ça peut bien faire marrer, elle est comm'ça on peut pas la changer !
Alors oui, elle est prête à s'échanger contre la Flamboyante, mais ce s'rait quand même con d'mourir sans avoir retrouvé Sarah. Surtout que cette dernière lui a dit qu'elle irait la chercher même aux Enfers et qu'elle avait pas intérêt à crever avant leur retrouvaille et la présentation du mioche.

Cour des Miracles ... pourquoi ça s'appelle comm'ça ? Nan mais franch'ment ? C'est pas folichon, et c'est loin d'êt'miraculeux ! La cour des Grincheux, des miséreux, des âmes perdues, des ratés, des manants, des ... la Cour des Bigleux, ou encore la Cour des Ravages, que dis-je ? La Cour des Carnages !

Elle en est là dans ses réflexions -oui, faut pas chercher pourquoi y a des moments elle s'échappe des situations qui lui d'mandent de faire un choix déterminant- quand la noiraude, la chétive du tout début, celle à la Canne et à la Prune, elle s'lève, avance en boitillant et BLARFFFFF ... ! La Maryah en rigolerait presque ... Fanchon du Mobilier, et la boiteuse qui s'prend pour la fée clochette et qui lance d'la poudre de lutin !
N'empêche qu'y a pas ... c'est vach'ment efficace ! P'tain à tous les coups, c'est une Sorcière ! Merd* ! Faudrait voir à pas la contrarier !

Fanchon libérée, les filles reculent, rejoignant le Géant qui doit loucher sur la Prune ! Y en a qui n'oublient pas les priorités. Maryah croise les prunelles de Fanchon, elle sait, elle a merdé, elle lui lance un p'tit regard d'excuse ... Elle va se prendre une de ses soufflantes ... Le plus tard sera le mieux.
Du coup, encore toute embêtée d'avoir fondu comme neige au soleil sur le blessé du jour, elle évite carrément de regarder le soi-disant Frangin, se rappelant qu'il n'a pas fait grand chose pour aider la Fanchon ! Les réflexes reviennent, règle numéro 1, faut pas se mêler des affaires des Autres. Les Autres, c'est toujours leur faute, c'est toujours chiant et compliqué, les autres ne sont pas nos amis, ... les Autres c'est toujours leur faute, pis voilà. ça se passe de commentaire. Et la petite troupe répondant au nom de Corleone se retire en cercle fermé vers la tablée, comme une nuée de petits cloportes regagnant le terrier !

Bien décidée à ne plus s'occuper que des SES affaires, l'Epicée occulte les mercenaires et le soi disant Frangin, qui n'a d'ailleurs pas les yeux tirés comme elle. Tentant de faire diversion avant que la Fanchon la choppe, ou que les autres la coincent sur son manque de vigilance ... quoi ? ... bon d'accord ... son manque d'Intelligence, elle farfouille sa robe de bergère et en sort deux parchemins jaunis, où le fusain a laissé la trace d'un joli visage de femme ... SARAH.

Sans plus d'intermédiaire, elle lance au groupe de cafards (car enfermé dans un capharnaüm) ... :


D'accord j'suis pas la frangine du gars qui saigne ! Mais j'cherche une fille qu'y est comme ma frangine. Y a un an, en Bourgogne, elle trainait avec les Corleone ... Alors, si vous en êt', v'z'allez p't'êt'me dire si vous la connaissez ... Elle s'appelle Sarah, elle vient d'accoucher, elle s'cache pour échapper à un bien-né qu'y a pas aimer voir son village pillé. Et moi, y m'faut la r'trouver ... Tenez, faites tourner, c'est elle ... Après, promis, j'vous emmerd* plus !

Et de faire passer deux croquis de Sarah Callahan, la jolie brune que Maryah avait croqué ... euh comme faire un croquis hein ... lors des longues journées sans victime, à la Horde Sanguinaire. Une soeur de sang ... à sa façon ...
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Arthor
Après l’intrusion en taverne, la pyromanie, le kidnapping de Fanchon, l’acte suivant aurait pu s’intituler : « je te fou dehors à coup de poussière de fée ».

C’est toujours quand on est persuadé que rien, mais strictement rien, ne va se passer, qu’il se passe quelque chose. Le montagnard s’était assis, pensant que la situation resterait figé, mais qu’à cela ne tienne, les autres en avaient décidé autrement. Affalé comme à son habitude dès qu’il s’agit de poser ses fesses quelque part, le barbu avait vu surgir Umbra. Elle avait l’air légèrement diminué, mais ce n’était qu’une simple impression. Et en effet on ne se méfie jamais assez des animaux mourants ou blessés, qui n’ont rien à perdre, si ce n’est leurs dernières forces lancés dans un combat vain. Bon certes, dans cette situation parler d’Umbra comme d’un animal mourant serait exagérer –mais alors seulement que très légèrement– la situation. Et pourtant le montagnard n’aurait rien parié sur sa tête avant de la voir en action.

Pour le reste, il ne sait pas vraiment si c’était ce regain d’énergie, ou l’arme utilisée, qui lui paraissait le plus impressionnant. Et comme pour toutes ces situations où n’avait ni le temps d’y réfléchir, et ni la réponse à ses doutes, il imputa tout simplement ceci au mystère Corleone. Umbra les avait assez fréquentés pour avoir appris d’eux l’art et la manière d’entrer en scène… Et quelle entrée en matière. Le plus triste dans l’histoire ? Il n’avait même pas eu le temps de boire un coup, n’est-ce pas honteux ?

L’homme visé par l’attaque de poussière de fée recule de quelques pas, alors que le barbu, lui, entame la levée de sa masse. Dit ainsi, on a pas du tout l’impression que notre bonhomme est lourd hein ? Mais c’est que du muscle, parole d’homme ! Le montagnard se redresse ainsi, et en profite pour dégainer son épée. La pointant vers le sol, et restant à bonne distance pour ne pas aggraver d’avantage la situation, le Corleone rajoute quelques mots de sa voix rauque et sourde.


Allez, embarquez ieu ça, e foutez le camp. Ieu vos paye même un coup à boire après.

Ha ben, il avait toujours soif le gaillard.
Que du muscle, rien dans la tête ? Sottise, Arthor avait tout de même compris que toute cette histoire tournait autour de cet homme, au comptoir, qui n’avait pas vraiment envie de suivre les trois autres loustiques. Etrange, ils avaient pourtant l’air sympathique.

Voyant les autres reculés vers sa direction, il ne bougea pas, et espéra enfin que tout ceci prendrait fin. Il n’était pas là pour se battre, mais pour retrouver des amis, boire et discuter gaiement. Il voulait tourner la page, mais ne pensait pas l’ancienne frangine, qui n’était pas sa frangine, la tourne aussi rapidement en passant à autre chose. Elle sortit deux parchemins, et évoqua brièvement le nom de Sarah. Notre homme n’en connaissait pas des masses, et à vrai dire un seul visage lui revint en tête. Il n’osa cependant pas baisser les yeux pour voir ce que contenaient les parchemins, et répondit à la Corleone.


C’est peut-être pas le moment de parler de ça non ? En tout cas ieu, ieu m’en fou un peu là.
On laisse ton ex-frangin se faire embarquer, e on regarde ça autour d'una choppe hum ?


Réponse claire et précise, teintée de son accent d'oc. On ne taille pas le bout de gras alors que trois individus auraient dans l’idée de vous égorger.
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Adonis.
« Mieux vaut un but sans fin qu'une fin sans but. »

Il est temps, grand temps, que cela en finisse. Adonis, des fourmis de la tête aux pieds, ne peut que se réjouir de la tournure que cela prend. Il zieute ses compères. Une envie d’en découdre avec l’autre, planqué derrière son comptoir. Qu’il en sorte, qu’il lui régle son compte. Il n’attend pas, il se dirige vers le comptoir, laisse son épée à Angel, d’une main fait signe à l’individu de venir à lui:

Ca suffit maintenant, on va régler ça entre hommes, rien que nous deux!

Il le dévisage d’un air mauvais comme il sait si bien faire. Il ne plaisante pas du tout. Il ne va pas passer par quatre chemins. Certes, il n’a pas aimé être prit au dépourvu. S’en ramasse autant mais tout cela ne serait pas arrivé, s’il ne s’était pas réfugié dans une taverne. Et quelle taverne! Mafieuse jusqu’aux yeux:

Héhéhéhé....Regarde t’es tout seul, personne ne te viendra en aide, t’es foutu alors sois sage, pose tout ton bordel, tu vas te blesser ou blesser quelqu’un...

Il sourit en coin. Il ouvre les bras en grand, tourne sur lui-même, s’asseoit sur le bord du table, du spectacle en grand, pour attirer l'attention, sans prétention aucune, et endormir chacun, de la poudre aux yeux:

Tu comptes t’en sortir comment? Tu vas tout faire brûler, tu n’auras pas le temps de t’en sortir et eux, là, tous, tu les vois...

Il les montre du doigt à tour de rôle pour bien montrer le nombre, il les provoque cependant tous, ils ne sont pas de son groupe, mais pour sûr, les circonstances auraient pu les inciter à travailler ensemble, et c'est le cas:

Eux, ils vont te faire la peau si tu détruis tout ici. Ils t’auront ici ou ailleurs, à l’usure, ta chienne de vie ne ressemblera qu’à une traque perpétuelle...Sinon, tu as la solution de nous suivre nous...

Il se lève d’un bond, frappe dans ses mains:

On se réveille là, faut y aller, dépéche-toi, avant que je m’énerve et que je t’égorge sur place comme un porc

Il montre le couteau en sa main avec lequel il jongle:

Un seul faux mouvement, je te le colle entre les deux yeux!
Fanchon...
« S’tu trousses aussi bien qu’tu règles tes affaires, mon Mignon, j’vais passer mon tour. » C'est probablement ce qu'aurait ri Fanchon au nez de son consentant geôlier. Ou bien aurait-elle grassement trahi la réaction qui toque à ses reins ? Une vie à rincer la lie de Paris, ça rend pas élégant. Ou encore : aurait-elle tâché de sortir l’Épicée de la panade dans laquelle elle s'est fourrée ? On ne saura jamais. Avant qu'elle puisse choisir ses armes, l'Ombre s'en est mêlée, fulgurante – et voici le pilier de retour sur sa rive.

Carne ! Noiraude tombe en morceaux, mais elle a de beaux restes. A son côté, la Flétrie fait volte face, produisant au grand jour le poignard menaçant. Au coin des lèvres écarlates, une nuée d'écorchures danse autour de l'éternel rictus. Efficace, la poudre d'escampette. Mais ce ne sont pas quelques égratignures qui effraieront le vieux meuble.

A l'enturbanné en chef, elle lance :


- P't'êt' ben qu'c't'à ton copain l'gigolo qu'tu d'vrais proposer ta p'tite sauterie. C'est sa partie. Y s'rait p't'êt' plus enthousiaste.

La Fauve raille : c'est qu'elle va bien, n'en déplaise au filet de sang qui coagule dans son cou. Mieux ! Elle rayonne, feu attisé, et elle, elle ne l'a pas aux fesses. Coup d’œil d'un côté : un sous-fifre enchiffonné tente sa chance auprès de la proie récalcitrante. Coup d’œil de l'autre : Maryah, penaude, décide enfin de se mêler de ses miches. Jamais trop tard, disent les idiots. Fanchon n'en est pas. Surtout quand la nouvelle lubie exotique consiste à ignorer superbement leurs aimables visiteurs. Petite, petite... où est passé ton sens de l'hospitalité ?

Reportant les yeux sur l'envahisseur, elle feule :


- La Môme ! Monte prend' tes nippes, et file. C'bien beau d's'amuser, mais t'as rendez-vous. Allez, ouste ! Et r'viens d'main.

Y'aura du ménage à faire, et tatie Fanchon a deux ou trois mots à t'dire. Mais là, vois-tu, elle est occupée un brin, et elle t'a assez eue dans les pattes.
Laceter
Cela ne fait que confirmer que ce qu’il ressent. Le regard glacial. Il scrute la fenêtre. Il ne cherche pas plus loin. Les menaces de l’autre fanfaron ne lui font qu’étirer un sourire un coin. Il ne les aime pas. mais la situation s’y prête tellement. La dérision. Pathétique. Et dire qu’on est dans les tréfonds de la Cour des Miracles. Oh oui ils font peur. Oh oui ils sont terrifiants. Il en a un léger rire qu’il étouffe pour ne pas faire remarquer sa moquerie. Il ne tourne même pas la tête pour voir les mouvements. Il éclate de rire. Vraiment pathétique. Il se met à bouger sur lui-même. Il se dandine. Il chantonne. Il a l’impression de ne plus être là parmi eux. Et c’est dans la plus grande simplicité que les torchons imbibés sont allumés. Un premier jet vers l’entrée pour flamber les malades mentaux qui lui courent après, un autre jet, à l’opposé sur le suivant des crétins venu à la rescousse, à l’autre bout du comptoir.

Il profite de la diversion sans se soucier de savoir si le feu prend des deux côtés. Il en allume deux autres qu’il garde bien en main pour se déplacer en dehors du comptoir. Il bouscule sur son passage, se jette au pas de course en vrillant le dos vers la fenêtre. Pendant qu’il s’élance, un jet à l’opposé de chaque main pour se briser au hasard. Il entend son corps se heurter avec violence et fracas dans le bois et le verre. Tout part en éclat. Dans son esprit, le chaos ressemble à ce regain de violence, de flammes de l’enfer, de tout qui se détruit. La chute de son corps dans la rue, il a l’impression d’être dans un cauchemar. Il est inconscient. Le saut de l’ange, il l’a fait. Le moindre mouvement léger de son corps, quelque soit, le membre est un crissement sur le pavé qui lui fait étirer une grimace. Un son insoutenable.

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Et Tout ça Vaut de l'Or
Maryah
Je me permets d'accélérer les événements pour raccrocher à l'histoire qui avait été lancée en date du 21 octobre, autour de la quête de Sarah Callahan.



Le temps avait passé. La taverne n'avait finalement pas été brûlée suite à l'incendie ; le puits à proximité, et le nombre suffisant de bras avaient permis d'éteindre les différents foyers sans trop de casse ... De toute façon, la taverne du Sans Nom n'avait rien de très prestigieux. Qu'une partie soit partie en fumée, emportant ses assaillants, n'avait au final rien de bien étonnant.

Maryah avait tenté de ne pas se laisser perturber. Son unique but était de retrouver Sarah et l'enfant. A ce sujet, la Maryah en avait des choses à dire ... Le soir de la bagarre en taverne, pas la première et pas la dernière, elle avait fini par écouter Fanchon et s'était préparée pour sa rencontre à l'Aphrodite. Tout avait si mal tourné ... Elle n'avait pas su faire face à ses émotions bouillonnantes, à sa colère, à sa tristesse ... et à son secret. Il l'avait traité de "putain", d'être "abjecte". Il avait perdu son temps ... Et elle, qu'aurait-elle dit de cette soirée ? Peut être une raison de plus de tourner définitivement la page. Le passé au passé, le présent au présent.

Elle avait raconté la rencontre à Fanchon, elle lui avait rendu les précieux vêtements, bijoux. Elle était revenue à son état naturel, écorchée vive sous des allures de colère froide. Elle ne parlait plus aux gens, si ce n'était pour leur présenter les portraits de Sarah et demander s'ils l'avaient aperçu. Elle se doutait qu'Enguerrand ne ferait rien pour la retrouver. Certainement sa façon à lui de se venger du fait que l'ancienne courtisane n'ai pas docilement écarté les cuisses et accédé à ses demandes. Après tout, c'était un Duc. Et les Nobliaux avaient la fâcheuse habitude que tout le monde aille toujours dans leur sens hein ! Bah pas Maryah. Elle était comme elle était, et puis voilà. Et tant mieux si elle avait changé ! Elle en avait fini de se taire, et de braire. Désormais, elle aurait le cœur et le corps durs comme de la pierre. Et qu'le premier qu'ça dérange, il aille crever en Enfer ! Colère !

Elle avait rassemblé quelques informations sur Sarah et ses déplacements, mais rien d'assez précis qui lui permettent de prendre la route. Ce matin, elle avait quitté la piaule de secours de Fanchon pour venir lui filer un coup d'main en taverne. Les soirées étaient assez dévastatrices, et chaque matin la séance de nettoyage et la remise en état du lieu étaient des plus coriaces. Cheveux lâchés, non coiffés, les cernes sous les yeux, le corps raide recouvert d'une longue jupe épaisse et d'une chemise négligée, le foulard rouge serré autour de la taille pour faire tenir les vêtements trop larges, les bottes poussiéreuses, à force d'arpenter la cour en quête d'une info croustillante, la Maryah se hisse sur le comptoir, cherchant à rassembler ses pensées.

Tâche compliquée quand on dort trop peu. Elle rêve du passé, les abus de Tord Fer, les vols à l'arraché, les poisons trop vite ingurgités, la prison St Lazare, la torture, l'attente de Tord Fer qui n'était jamais venu la chercher, le sauvetage par Enguerrand, la sortie, le bordel, l'amour, les passes, l'apprentissage, les bons moments, les moins bons ... et la grossesse cachée. Sal', la fugue, l'accouchement, l'abandon ... Le petit doit avoir quatre ans ou cinq. Elle revoit la petite masse informe, les cheveux aussi noir que la mort, les yeux marrons de son père. Difficile de porter un secret comme ça. Elle avait même réussi à l'oublier, à le sortir de sa mémoire. L'histoire d'Haynard le lui avait fait repenser, mais elle avait vite repoussé tout ça. Aucun regret. Sauf que elle qui se disait sans famille ... Bref ! Chaque nuit, l'image de ce petit bout revient la hanter. A Sarah, elle pourra tout raconter, elle pourra vider son sac. D'icy là, Maryah n'est plus que l'ombre d'elle même. Et ça lui va.

Lasse, elle se passe une main sur la nuque, elle se penche vers l'arrière, attrape une fiole, et avale d'un trait un bon coup de gnôle, tant que la Fanchon s'occupe de la réserve à l'arrière. Chienne de vie ! Rien ne lui sera épargné ! Maryah saute du comptoir, attrape le chiffon et commence à s'échiner sur le comptoir ... encore des traces de cendres ... Allez faut se magner, les marchands d'bas étages et les pochtrons vont commencer leur défilé infernal. Et de commencer à chanter, pour se donner un peu de courage :


Si proche peu importe la distance
Ca ne pourrait guère être plus près du cœur
Croyons éternellement en ce que nous sommes
Non rien d'autre n'a d'importance ... *
" * Nothing Else Matter ... "

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« - Mes sires.
Enguerrand Mirandole interpella Avyd Louvelle et le chevalier Stradivarius afin d'obtenir leur attention. Jusque là flou dans les détails, le borgne avait prévenu ses compagnons de route d'une manière plutôt brève. Paris, la cour des miracles. La taverne sans-nom des Corleone. Maryah. Ô, Maryah, le jeune homme n'en avait pas dit plus ni même prononcé le surnom de bohème pour faire référence à cette femme là.

Nous allons au quartier Spiritu Sanguis. Nous longerons Saint-Denis avant de pénétrer par la rue du Petit Lion. Le jeune Mirandole passa sa main sur l'encolure de sa monture. Cette dernière ressentait l'ambiance froide des fonds de Paris. Ses naseaux crachèrent deux gigantesques écrans de fumée blanche à intervalles réguliers. J'ai rendez-vous avec Maryah dans la taverne le Sans-Nom pour lui transmettre un message : Sarah a été aperçue dans le Berry. Enguerrand regardait autour de lui. Il s'était approché de Avyd et de Stradivarius pour leur parler à voix basse. Si nous venons à être séparés, nous nous retrouverons demain aux halles. Et nous vous laissez point intimider par les Corleone, braves gens.

Un hochement de tête vint conclure cette conversation. Enguerrand dissimula sa nuque sous le col épais de son imper. Il mit deux coups d'éperons dans les flancs de sa monture afin de donner l'ordre de marche.
Enguerrand Mirandole avait proposé au Louvelle de l'accompagner parce qu'il appréciait bien ce petit jeune. Il portait un patronyme particulier et en tant que frère de sang des aïeux de Avyd, le borgne se sentait obligé de lui enseigner la vie. Notamment à Paris, là où il se sentait à l'aise au milieu des magouilles et de la cour des miracles. Puis à Stradivarius, parce qu'il cherchait à avoir un moment d’intimité avec le chevalier Lyre. Ce dernier lui transmis de plus, le souhait de plonger dans ce genre d'affaires lugubres. D'une pierre deux coups, les trois compères, unis comme les doigts d'une main, veilleraient sans doute sur leur vie autant que sur celle des deux autres.

Enguerrand posa un pied à terre. Le lieu du rendez-vous se trouvait devant ses yeux. Il lui suffit de vérifier le nom de l'enseigne pour s'en apercevoir. Par dessus son épaule, le duc lança un regard aux compagnons pour s'assurer de leur présence. D'un pas déterminé, il pénétra dans l'auberge. L'atmosphère oppressante restait néanmoins calme. Les flambeaux muraux éclairaient à peine les vieilles tables. Son regard se dirigeait vers le comptoir lorsqu'il lança un :


Hola ! Holla bonne gens. »

Ceci étant dit, les murs de pierre le protégeait du froid mordant à l'extérieur. La chaleur humaine qui s'accumulait dans cette taverne de bas étage lui suffisait. L'odeur de tabac grillé vint lui chatouiller les narines. Enguerrand retira le col de ses oreilles et se découvrit du couvre-chef luxueux qu'il jeta par dessous son bras. Avec sa tenue, impossible de le rater.
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Stradivarius.
-Ma Suzeraine Grâce.

Les mots sont lancés.
Je n'ai pas pour l'habitude de m'abaisser à d'obscures prononciations de titres avec éloquence de l'étiquette et respect en la matière. Je n'ai pas l'habitude d'utiliser l'air redondant aux alentours pour se faire voir comme étant plus faible que je ne le suis. Oui, j'ai souvent l'impression, en ces cas, de n'être que l'ombre de moi-même et devoir me la fermer prestement dans l'optique de m'écraser devant la silhouette d'un autre homme. Je préfère nettement prendre le dessus et faire jaillir la part de moi-même qui saurait faire taire et rabattre le caquet de ce genre de grand seigneur mieux que quiconque. Je leur crache dessus, à l'habitude. Mais pas lui. Pas lui. Jamais. Je veux bien servir de paillasson, de tapis rouge emplit de sang. Par respect plus envers l'homme qu'envers le titre. Par respect envers les idéaux partagés et par le plaisir d'avancer pour une cause que je trouve juste, me ressemblant. C'est donc avec un énorme plaisir et un sourire immense que je m'avance à ses côtés et que je me prépare à l'accompagner vers la destination qu'il aura désiré. D'après la mande douce et concise d'une chevauchée vers Paris, Cour des Miracles, nous pourrions aller vers quelques ennuis. D'où la nécessité d'acquérir l'aide de personnes censées être là pour l'aider, lui prêter main forte. Mais armée et brodée de l'écusson d'une noblesse servile et militaire. Je lance un salut à Avyd, qui nous accompagne aussi. Point connu personnellement. Le chaleureux était, du moins, de rigueur.


-Point d'intimidation ne saura traverser mon âme, mon Suzerain. Qu'ils aillent à l'encontre de ma lame ensanglantée si le besoin s'en fait sentir. Je saurai leur broder un sourire des anges et me faire respecter de violence s'il eut fallu. À vôtre suite, mon Seigneur.

Sous l'air glacé.
L'hiver se montre, chatouillant les narines fraîches de nos trois personnes. Je me trouvais sur le destrier offert par le Mirandole. Brave bête fougueuse qui ne fatigue aucunement en quelques secondes de chevauchée. Il saura nous mener à la suite du Duc sans jamais nous perdre de vue. Il ne s'agit pas de vieux poneys de cambrousse! Et j'ai hâte d'y être. Goûter aux joues d'une partie d'une ville magique et magnifique. Certes, la Cour des Miracles n'est pas l'antre de la beauté, mais bien de la débauche. J'y suis déjà allé, lorsque j'étais petit. J'y suis allé, et j'ai aimé. L'envie de remettre les pieds en telles lieux ne peut que me profiter et me faire respirer le doux air perdu de mon enfance. Je suis en train de sourire comme un con, sur mon cheval, la paume sur mon épée. L'allure à moitié noble, à moitié pourrie de l'homme que je suis en réalité. j'ai refusé l'armure, préférant mon état naturel pour une mobilité plus souple. S'il y a quelques problèmes à l'arrivée, je saurai me montrer digne de ma situation. Bien que, d'après les mots du borgne, ce ne sera que de voir l'intrépidité d'une femme qui est sans doute à la recherche d'une certaine Sarah qui se trouve dans le Berry. Certes. Je retiens le message, on ne sait jamais ce qui peut se passer. Les pieds à l'étrier, je donne un coup de talon sur les hanches de mon cheval. Celui-ci souffle l'humidité embrumée de l'atmosphère avant d'avancer prestement vers l'horizon. Nous y serons en peu de temps.

Et quelques temps ensuite.
Le duc pose pied à terre. Je le regarde avant de faire de même. Les alentours sont puants. J'aime cela. Odeur de foutre, de sang, de rapines et autres misères sociales. J'ai l'impression que mon malin s'adresse à moi une nouvelle fois pour me demander de trouver un logement et d'élire domicile ici-même et donner la mort à toutes les âmes présentes. Soyons sérieux, petite âme, nous allons pas tuer tout le monde, ce serait con. Après, il ne restera que de bonnes gens et de riches. Mais il est vrai que la moisissure environnante me convient, me plaît bien. J'ai gardé le sourire tout le long de la route, non prêt à le ranger de sitôt. Je jète un regard à l'enseigne. Le Sans-Nom. C'est amusant, comme titre. Je crois que cela me correspond bien, avec mon malin morbide qui m'accompagne toujours. On va bien s'amuser en ces lieux. Je pousse la porte à la suite du Duc. Pénètre les lieux. M'amuse à constater la salubrité et l'atmosphère que d'aucuns pourraient qualifier d'oppressante. Non, ça me plaît bien. Les flambeaux chatoyants, les vieilles tables, l'odeur. C'est presque trop classe pour l'endroit. Je laisse le borgne saluer les gens. Bonnes gens, je ne sais. Mais j'acquiesce d'un signe de tête, sans dire un mot, regardant les alentours tout en gardant une main sur mon arme. En espérant aussi que ma présence sera utile et non point à décorer les fioritures d'un homme riche au couvre-chef luxueux d'en-dessous un bras déjà bien chargé.


-Putain, ça claque ici. T'es sûr de pas vouloir y finir tes jours, Robert?
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