Erwelyn
St Fargeau, début avril.
Voilà plusieurs jours maintenant que la Corleone avait rejoint la demeure de son époux. Ce nétait pas par gaité de cur, loin sen faut, mais il fallait bien passer ce mauvais moment quavaient été ces retrouvailles. Enfin retrouvailles
Secouant la tête, Lynette essaya de chasser cette pensée et son regard retomba sur le parchemin reçu de la part du Von Frayner quelques jours auparavant.
A vous ma marraine,
A vous baronne,
A ma future Suzeraine,
A Erwelyn Corleone
C'est à regret que je vous fais parvenir quelques nouvelles, souffrez que je les aurais voulues meilleures. Je suis blessé à Bourges avec mon escorte suite à l'attaque sournoise d'une armée de Tourraine lorsque je me déplaçais vers Courceriers pour aller visiter les terres que vous m'octroyez de si bonne grâce. Le bilan n'est pas fameux, je compte un mort et quatre blessées, une disparition aussi. Je suis pour ma part entier, quoi que le bras en écharpe chez les bénédictins. Le Très Haut m'a épargné, et malgré ces heures difficiles je n'ai de cesse que de l'en remercier. Ainsi je vois la surprise de ma visite par chez vous avortée, et j'en suis navré, gagez que ce n'est que partie remise... Où que vous soyez, mes sentiments les meilleurs vous accompagnent, gardez-vous de courir les routes.
Judas Gabryel Von Frayner.
Elle navait pas encore pris le temps de lui répondre, étonnée quelle avait été de voir le ton utilisé. Cordial, sans animosité, presque amical. Bizarrement, leur relation était en train de changer, après être passée par toutes les couleurs de larc-en-ciel.
La baronne décida donc de lui répondre, prenant encre rose, plume et parchemin.
Mon filleul,
Mon futur vassal,
Cest avec désappointement que jai parcouru votre courrier. Décidemment ces soldats nont rien dautre dans le ciboulot quun pois chiche. Et encore, celui-ci doit être complètement sec. Je déplore la perte que vous avez subi, et espère que vos blessés se remettront rapidement. Quant à la disparition, mon cher, je gage que vos ressources que je sais grandes vous aideront à la retrouver.
Vous me voyez en tous cas soulagée que vous même nayez quasiment rien. Jenverrai une bourse pleine aux Bénédictins pour prendre soin de vous tous. Après tout, vous êtes mon futur vassal et je vous dois subsistance. Enfin, si serment vous me prêtez.
En parlant de serment, je suis actuellement en Bourgogne. Aussi, si le chemin vous y mène également, nous pourrions enfin échanger ce serment vassalique et vous pourrez dès lors jouir des terres de Courceriers.
Tenez-moi au courant de votre santé, et de votre venue, si le cur vous en dit.
Erwelyn Corleone dicte la Rose
Voilà, cétait fait, et cest songeuse quelle regarda le messager repartir vers son futur vassal.
[Plusieurs jours et aller-retour de courriers plus tard ]
Judas avait répondu. Plutôt prestement. La perspective de sa future seigneurie devait sans aucun doute y être pour quelque chose. Vêtue de sombre, pour changer ses habitudes, la duchesse se tenait droite non loin de lâtre dune des salles de St Fargeau, quelle avait choisi petite, cosy. Ce château navait vraiment rien à voir avec Evron. Même sil était décoré avec soin, les lourds tapis réchauffant lambiance, rien ne vaudrait à ses yeux sa baronnie. Ses terres lui manquaient déjà. Pas forcément le Maine, car y avoir passé ces derniers mois lui avait, comme à chaque fois, donné envie den repartir tellement les altercations, injures, réprimandes et autres joyeuseté étaient devenues monnaie courante en place publique. Pas adressées à elle non, mais cétait sans cesse un match de soule entre les paysans et les conseillers comtaux, voire même entre les conseillers comtaux entre eux. Cen était fatiguant. Parfois lidée lui traversait lesprit de devenir comtesse elle-même. Elle ny connaissait rien en économie, pas grand chose en justice, mais était plutôt douée en diplomatie. Après tout, cétait ça le plus important pour un dirigeant, éviter des guerre, ou alors en provoquer. Avec des voisins comme lAnjou et la Bretagne, ça nétait pas si difficile. Elle ferait tenir des bals dans le comté, obligerait tout le monde à shabiller en rose et à aduler Poneybouboule. Tiens dailleurs, elle lui ferait même ériger une statue sur la place du mémorial du Maine. Peut-être que ça calmerait les esprits
Bref, le feu qui dansait devant ses yeux lui faisait avoir de drôles de pensées. Erwelyn Corleone comtesse du Maine, quelle idée idiote, elle ne serait sûrement jamais à la hauteur de la tâche.
Cest donc toute à ses rêveries que la baronne, qui allait ce jour anoblir et faire vassal Judas Von Frayner, futur seigneur de Courceriers, seigneurie mouvante de sa baronnie dEvron, attendait ses invités du jour. Ils ne seraient pas nombreux. Orléans, évidemment, pour officier. Efficace et souriant. Et Judas, pour prêter serment. Elle avait vaguement fait part à Vaxilart de cette cérémonie la veille, mais elle doutait quil soit de la partie.
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Voilà plusieurs jours maintenant que la Corleone avait rejoint la demeure de son époux. Ce nétait pas par gaité de cur, loin sen faut, mais il fallait bien passer ce mauvais moment quavaient été ces retrouvailles. Enfin retrouvailles
Secouant la tête, Lynette essaya de chasser cette pensée et son regard retomba sur le parchemin reçu de la part du Von Frayner quelques jours auparavant.
A vous ma marraine,
A vous baronne,
A ma future Suzeraine,
A Erwelyn Corleone
C'est à regret que je vous fais parvenir quelques nouvelles, souffrez que je les aurais voulues meilleures. Je suis blessé à Bourges avec mon escorte suite à l'attaque sournoise d'une armée de Tourraine lorsque je me déplaçais vers Courceriers pour aller visiter les terres que vous m'octroyez de si bonne grâce. Le bilan n'est pas fameux, je compte un mort et quatre blessées, une disparition aussi. Je suis pour ma part entier, quoi que le bras en écharpe chez les bénédictins. Le Très Haut m'a épargné, et malgré ces heures difficiles je n'ai de cesse que de l'en remercier. Ainsi je vois la surprise de ma visite par chez vous avortée, et j'en suis navré, gagez que ce n'est que partie remise... Où que vous soyez, mes sentiments les meilleurs vous accompagnent, gardez-vous de courir les routes.
Judas Gabryel Von Frayner.
Elle navait pas encore pris le temps de lui répondre, étonnée quelle avait été de voir le ton utilisé. Cordial, sans animosité, presque amical. Bizarrement, leur relation était en train de changer, après être passée par toutes les couleurs de larc-en-ciel.
La baronne décida donc de lui répondre, prenant encre rose, plume et parchemin.
Mon filleul,
Mon futur vassal,
Cest avec désappointement que jai parcouru votre courrier. Décidemment ces soldats nont rien dautre dans le ciboulot quun pois chiche. Et encore, celui-ci doit être complètement sec. Je déplore la perte que vous avez subi, et espère que vos blessés se remettront rapidement. Quant à la disparition, mon cher, je gage que vos ressources que je sais grandes vous aideront à la retrouver.
Vous me voyez en tous cas soulagée que vous même nayez quasiment rien. Jenverrai une bourse pleine aux Bénédictins pour prendre soin de vous tous. Après tout, vous êtes mon futur vassal et je vous dois subsistance. Enfin, si serment vous me prêtez.
En parlant de serment, je suis actuellement en Bourgogne. Aussi, si le chemin vous y mène également, nous pourrions enfin échanger ce serment vassalique et vous pourrez dès lors jouir des terres de Courceriers.
Tenez-moi au courant de votre santé, et de votre venue, si le cur vous en dit.
Erwelyn Corleone dicte la Rose
Voilà, cétait fait, et cest songeuse quelle regarda le messager repartir vers son futur vassal.
[Plusieurs jours et aller-retour de courriers plus tard ]
Judas avait répondu. Plutôt prestement. La perspective de sa future seigneurie devait sans aucun doute y être pour quelque chose. Vêtue de sombre, pour changer ses habitudes, la duchesse se tenait droite non loin de lâtre dune des salles de St Fargeau, quelle avait choisi petite, cosy. Ce château navait vraiment rien à voir avec Evron. Même sil était décoré avec soin, les lourds tapis réchauffant lambiance, rien ne vaudrait à ses yeux sa baronnie. Ses terres lui manquaient déjà. Pas forcément le Maine, car y avoir passé ces derniers mois lui avait, comme à chaque fois, donné envie den repartir tellement les altercations, injures, réprimandes et autres joyeuseté étaient devenues monnaie courante en place publique. Pas adressées à elle non, mais cétait sans cesse un match de soule entre les paysans et les conseillers comtaux, voire même entre les conseillers comtaux entre eux. Cen était fatiguant. Parfois lidée lui traversait lesprit de devenir comtesse elle-même. Elle ny connaissait rien en économie, pas grand chose en justice, mais était plutôt douée en diplomatie. Après tout, cétait ça le plus important pour un dirigeant, éviter des guerre, ou alors en provoquer. Avec des voisins comme lAnjou et la Bretagne, ça nétait pas si difficile. Elle ferait tenir des bals dans le comté, obligerait tout le monde à shabiller en rose et à aduler Poneybouboule. Tiens dailleurs, elle lui ferait même ériger une statue sur la place du mémorial du Maine. Peut-être que ça calmerait les esprits
Bref, le feu qui dansait devant ses yeux lui faisait avoir de drôles de pensées. Erwelyn Corleone comtesse du Maine, quelle idée idiote, elle ne serait sûrement jamais à la hauteur de la tâche.
Cest donc toute à ses rêveries que la baronne, qui allait ce jour anoblir et faire vassal Judas Von Frayner, futur seigneur de Courceriers, seigneurie mouvante de sa baronnie dEvron, attendait ses invités du jour. Ils ne seraient pas nombreux. Orléans, évidemment, pour officier. Efficace et souriant. Et Judas, pour prêter serment. Elle avait vaguement fait part à Vaxilart de cette cérémonie la veille, mais elle doutait quil soit de la partie.
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