Scopolie
RP d'intrigue qui aura des répercutions sur l'IG, et vice versa. Ce qu'il s'y passe ne peut être connu de vos personnages par opération de leurs joueurs. Tout le monde peut intervenir, tant que ça reste cohérent.
La citation est de Pascal, Pensées, "Véritable Religion prouvée par les contrariétés qui sont dans lhomme, et par le péché originel".
La citation est de Pascal, Pensées, "Véritable Religion prouvée par les contrariétés qui sont dans lhomme, et par le péché originel".
"Les grandeurs et les misères de lhomme sont tellement visibles, quil faut nécessairement que la véritable Religion nous enseigne, quil y a en lui quelque grand principe de grandeur, et en même temps quelque grand principe de misère. Car il faut que la véritable Religion connaisse à fond notre nature, cest-à-dire quelle connaisse tout ce quelle a de grand, et tout ce quelle a de misérable, et la raison de lun et de lautre. Il faut encore quelle nous rende raison des étonnantes contrariétés qui sy rencontrent. Sil y a un seul principe de tout, une seule fin de tout, il faut que la vraie Religion nous enseigne à nadorer que lui, et a naimer que lui. Mais comme nous nous trouvons dans limpuissance dadorer ce que nous ne connaissons pas, et daimer autre chose que nous, il faut que la Religion qui instruit de ces devoirs nous instruise aussi de cette impuissance, et quelle nous en apprenne les remèdes.
Il faut rendre lhomme heureux quelle lui montre quil y a un Dieu, quon est obligé de laimer, que notre véritable félicité est dêtre à lui, et notre unique mal dêtre séparé de lui. Il faut quelle nous apprenne que nous sommes plein de ténèbres qui nous empêchent de le connaître et de laimer, et quainsi nos devoirs nous obligeant daimer Dieu, et notre concupiscence nous en détournant, nous sommes pleins dinjustice. Il faut quelle nous rende raison de lopposition que nous avons à Dieu et à notre propre bien. Il faut quelle nous en enseigne les remèdes, et les moyens dobtenir ces remèdes. Quon examine sur cela toutes les Religions, et quon voie sil y en a une autre que la [Aristotélicienne] qui y satisfasse."
[Craon la Religieuse - auberge]
Moi, Père Scopolie de Carniole, curé de Craon, ait été humilié par un hérétique, dans ma propre paroisse, en ayant perdu face à une large majorité face à lui aux élections municipales. Très exactement seize bulletins de vote ont été placés dans l'urne, et seulement deux portaient mon nom. Un seul vulgaire bout de papier me donnait d'avantage de valeur que ce brigand qui a déposé sa candidature en croyant qu'il n'aurait pas de concurrence et pourrait ainsi piller une mairie délaissée sans soucis. Mon vote comptant double, cela signifie qu'aucun paroissien n'a voté pour moi. La colère me retournant les entrailles comme un parasite malicieux, je me suis enfermé dans la chambre que je loue depuis mon arrivée dans ce village, c'est à dire pas très longtemps ; avec pour seule compagnie celle de ma plus fidèle des fidèles, ma pire ennemie, celle qui a déjà empoisonné mon repas, ma dernière chance de continuer de marcher la tête haute tandis que partout dans les rues, on crie encore les résultats.
Citation:
Alacian a été élu maire de Craon. Il recueille la majorité des suffrages exprimés.
1. Alacian : 82.4%
2. Scopolie : 11.8%
3. Jackfarell : 5.9%
1. Alacian : 82.4%
2. Scopolie : 11.8%
3. Jackfarell : 5.9%
Je suis assis sur mon lit, la tête entre mes mains, me lamentant sur mon sort et sur celui de la foi du monde. Un hérétique est à la tête de la plus puissante institution de ma paroisse, et cela ne semble déranger personne à part moi d'être ainsi balayé de léchiquier du pouvoir. Et ce n'est pas le conseil ducal qui va me donner raison : une lettre du Pape lui-même ne ferait pas bouger d'un pouce le siège de ce bourgmestre illégitime ; illégitime aux yeux de lÉglise, car un hérétique ne doit pas guider les autres Hommes, il les mènerait dans son erreur ; au mieux, il peut être un bureaucrate, un gratte-papier qui n'a d'influence sur rien d'autre que sa plume. Mais pas un bourgmestre.
Je n'ai donc plus aucun recours légal pour réparer cet affront qui Lui est fait, sauf prendre mon mal en patience et attendre les prochaines élections ; mais les résultats changeront-ils vraiment ? Les angevins sont si hostiles face à toute forme de contrôle sur eux. Ce sont des bêtes sauvages, des animaux sans foi régis par leurs coutumes ancestrales ; et moi, je suis l'homme qui essaie de dompter cette nature, celle qu'Il a créé parce qu'aucun être la peuplant n'avait pris conscience de l'Amour qu'il faut Lui porter. Dans cette entreprise, je ne suis aidé que par une jeune femme qui reste à mes côtés par obligation, tout en faisant tout ce qui lui est possible pour me contrarier. Derrière ce grand drap qui sépare la chambre en deux, je l'entends s'agiter. Je pensais qu'en la prenant sous mon aile, elle pourrait m'être utile ; mais au final, elle m'est plus nuisible qu'autre chose. Et pourtant, elle est ma dernière chance de remporter cette guerre en Son nom.
Crois-tu toujours que cet hérétique soit un bon bourgmestre, ma fille ? Voilà deux jours qu'il a pris place, et le message placardé en façade de la mairie n'a toujours pas été modifié. On peut encore y lire le nom du bourgmestre sortant à la place du sien ; sans parler de la taverne municipale qui affiche toujours un fameux concours datant de mars. Je te le dis comme je le pense, il ne s'est présenté aux élections que pour contrarier la progression de la véritable foi. Si je n'avais pas mis en avant ma religion dans mon programme, peut-être n'aurait-il pas daigner se manifester.
J'essaie de la convaincre, moi qui d'habitude ne fait que la traiter de pécheresse, d'ignorante et d'idiote. J'ordonnais, elle exécutait à contrecur -ou exécutait à moitié sa tâche. Et voilà que maintenant, j'essaie de la rallier à ma cause. Est-ce moi qui me fais vieux, ou est-ce le climat angevin qui me ramollit ? La voix plus douce et faible que d'habitude, je lui expose la situation.
Cet hérétique a été élu par le peuple, mais le peuple se trompe. Voir même, il n'a pas eu le choix : il n'y avait comme candidats qu'un brigand, un curé certes inconnu de tous et un hérétique depuis longtemps tribun. Je peux comprendre qu'ils aient préféré voter pour quelqu'un qu'ils connaissaient, mais ce n'est pas le bon choix : il va mener le village à sa perte, que ce soit par son incompétence et par le courroux qu'Il va nous infliger. Le pouvoir temporel n'est pas de notre côté, mais nous avons la foi : ne rien tenter serait un blasphème, une insulte à Son nom qui pourrait nous en coûter à nous, à nos proches et à nos familles. Nombreux sont les Croisés qui sont morts pour Lui, nous pouvons bien essayer, nous, de prendre une mairie.
Qui plus est, elle n'est gardée que par un seul milicien sous-payé, un paysan que nous pouvons maitriser à trois. Mais prendre le pouvoir par la force, même en Son nom, sera mal vu. Il faut ruser. Nous ferons passer la destitution de ce bourgmestre indigne pour un pillage ; et le lendemain seulement, je reprendrai la mairie, en bon craonnais que je suis, et deviendrais maire intérimaire. Cela me laissera un peu moins d'un mandat pour montrer au peuple son erreur de ne pas avoir voter pour moi. Mais pour que tout puisse fonctionner, j'ai besoin de deux choses de ta part.
La première, de tes connaissances dans le monde du mercenariat. Tu connais bien quelques aventuriers qui seraient prêts à prendre une mairie et à être accusés de ce délit ? Je paierai, en écus sonnant et trébuchant, puisque j'imagine quuvrer pour Sa grandeur importe peu aux mercenaires. S'il le faut, j'en appellerai à tous les fidèles d'Anjou de venir à Craon, sous prétexte de restaurer l'église, pour être sûrs d'être assez nombreux. Il n'y aura aucun danger pour lui, il aura des circonstances atténuantes puisqu'il ne pillera rien. Au pire, il ira quelques jours en geôles, mais je le dédommagerai. Attention toutefois à qui tu parles de nos projets.
La seconde, de ton amitié avec le Duc. Car pour devenir maire intérimaire, j'ai besoin d'un appui du pouvoir ducal, ou cet hérétique essaiera de reprendre la mairie sous prétexte qu'il a été élu. Je ne te demanderai pas de faire du charme au régnant, mais presque. Deviens proche de lui pour les temps à venir ; et le moment venu, lorsque j'aurais repris le pouvoir, demande lui cette faveur : qu'il me déclare officiellement bourgmestre par intérim. Il ne sera pas perdant dans cette histoire.
Alea jacta est. Si elle refuse, par mesquinerie ou par crainte, mon projet n'aboutira pas. Je vois sa silhouette derrière le tissu blanc. Je la vois hésiter. Le silence est pesant, je n'y tiens plus ; je finis par me lever et m'approcher de cette limite soyeuse que je repousse d'un geste de la main pour mieux l'observer, les yeux dans les yeux, retrouvant soudain une certaine détermination.
Accepte, petite bergère, pour sauver l'âme de ta fille...
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