Aurore
Dans une nouvelle révérence, Aurore acquiesça à la demande du jeune homme. Verser l'eau ? Elle était là pour ça. Elle ne réagit pas vraiment aux mots du seigneur, cela était souvent ainsi, au début. Et puis après, plus rien. A 18 années, elle avait encore un peu de temps avant de trouver un bon époux. Sans doute un autre domestique du château. Si le seigneur le permettait. Mais ça, Aurore n'y songeait pas vraiment.
- Oui messire, bien messire.
Elle s'approcha alors du baquet, posa l'un des cruches au sol, et vida l'autre dans le baquet. De la vapeur s'éleva alors dans la pièce. Elle fit de même avec la seconde. Le bain commençait à être prêt. Il faudrait un second voyage pour permettre au seigneur de profiter pleinement des plaisirs du bain. Et encore d'autres pour le rincer, ensuite. Une fois l'eau dans le baquet, elle se passa la main sur le front, l'effort était plus grand qu'il n'y paraissait, et l'eau était chaude, ce qui n'aidait pas. Elle vérifia qu'il y avait bien du savon à proximité, que rien ne manquait, et elle reprit la parole :
- Je descend chercher le reste de l'eau, mon bon messire. Je ne serai pas longue.
Une nouvelle petite révérence -ça ne mange pas de pain- et elle se retira, le regard baissé, courant jusqu'aux cuisines chercher le reste de l'eau, de quoi remplir le baquet. Elle ne serait pas longue, et le seigneur n'aurait pas à attendre longtemps son retour.
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Aurore
Servante du Château
Aurore
Aurore rejoignit les cuisines, où le reste de l'eau chauffait encore. Elle se saisit des deux récipients et, chancelante à cause de la masse à transporter, elle remonta aussi vite qu'il lui était possible vers les appartements du seigneur. Elle ne savait même pas comment l'appeler. Pourtant, ce serait nettement plus pratique pour lui répondre, de pouvoir utiliser son nom. Après un voyage qui sans être très long n'était pas spécialement aisé pour autant, elle était de retour dans l'aile Nord, et avança jusqu'aux appartements en question. Ensuite, il faudrait les préparer pour le soir, afin que le seigneur puisse y dormir, lorsqu'il serait temps de se reposer, une fois qu'il aurait vu le maître, sans doute. Lorsqu'elle revint, elle ne vit pas le jeune homme de suite, puis réalisa qu'il était déjà plongé dans l'eau, bien qu'il n'y en ait guère assez encore. Elle manifesta sa présence, de peur de surprendre le jeune cavalier.
- Messire, voici le reste de votre bain. Je suis navré pour le délai que cela a occasionné.
Elle s'approcha alors et recommença les gestes qu'elle avait déjà fait quelques instants plus tôt, en finissant de remplir le bain de l'invité. Pendant qu'elle vidait son eau, elle posa le regard sur le jeune homme. On le sentait étranger au pays, par son accent, mais aussi par son visage. Mais il paraissait gentil, au moins, cela changeait de certains autres. Elle avait encore en tête un visage, un gros vilain pas beau, qui avait fait un scandale au mariage du seigneur Louis. Celui qui venait en visite en ce jour était plus jeune et était plus plaisant à regarder. Ce n'était pas grand chose, mais cela rendait la tâche un peu moins pénible à faire. Lorsqu'elle eut finit sa tâche présente, elle alla reposer les deux récipients, vides à présent, près de la cheminée, d'où aucun feu ne sortait pour l'instant. Il faudrait qu'elle s'en occupe pour le soir, même si pour l'heure rien ne pressait encore. Ramener du bois, allumer le feu, l'entretenir, veiller à ce qu'il convienne... Elle aurait à s'en occuper une fois que le seigneur aurait terminé. Revenant vers le baigneur, elle brisa à nouveau le silence.
- Puis-je me rendre utile en quelque chose, messire... ?
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Aurore
Servante du Château
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"Ma jolie". Il l'avait appelée "ma jolie". Cela ne surprit pas tellement la jeune fille. Elle avait beau être encore niaise, elle avait beau ne rien connaître des choses de l'amour, elle était servante et habituée à recevoir quelques mots doux des seigneurs, des bourgeois et même aussi souvent des gardes. Elle avait apprit à vivre avec, car cela s'arrêtait là. Ce qui laissait la jeune fille encore innocente, au moins pour ce point de vue là. Mais elle compensait largement, par sa langue bien pendue, cette innocence, car elle était bavarde, et s'empressait de raconter les secrets qu'il lui arrivait d'apprendre. S'asseoir à ses côtés et lui tenir compagnie ? Oui, elle pouvait faire. Et puis, cela ferait tant de choses à raconter ensuite. C'était juste très inattendu. Gardant le regard baissé, regardant ses pieds, elle reprit alors :
- Si cela est votre bon plaisir, je peux bien le faire, même si ma compagnie ne sera peut être pas la meilleure.
Et c'est presque naturellement qu'elle continua :
- Et non, aucun homme ne m'attend. A part Monseigneur. Ou bien mon oncle. S'ils ont besoin de mes services. Pour l'instant, je dois veiller à ce que vous ne manquiez de rien.
Aurore hésitait. Il n'aurait pas été bien de faire ce que le seigneur lui proposait de faire. Mais il souhaitait sa compagnie, et elle devait lui donner cela, sinon oncle Gautier risquait de ne pas apprécier. Alors, pour rester à sa place tout en satisfaisant la demande du seigneur, elle se plaça en fasse le lui, debout, les mains jointes, dans son dos, le regard baissé, sur ses petits pieds, légèrement intimidée, et priant de ne pas commettre d'impair.
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Servante du Château
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"Tu crois que tu pourrais ?" Eventuellement, oui, encore fallait-il qu'elle sache quoi faire. Elle releva un peu les yeux, et l'observa. Il mettait beaucoup d'ardeur à se frotter. Aux cuisines, elle en avait apprit un peu sur lui. Il avait voyagé depuis l'Ouest du Royaume, revenu de la guerre. Ses vêtements sales et poussiéreux confirmaient ces rumeurs. On le disait en visite de courtoisie, et proche du châtelain. On le disait de haut rang, aussi [et pas de Oran]. Il l'était forcément, pour avoir des appartements alloués. Mais les rumeurs faisaient état de sa haute lignée, et il était pourtant, d'apparence, très simple. A parler avec elle en bonne compagnie, bien que le protocole ne reste bien présent. Il y avait quelque chose qui n'allait pas. Et elle ne savait toujours pas son nom : aux cuisines il n'était pas encore sut quand elle y était passée. Alors, en attendant de mieux, elle tâcha d'être de bonne conversation, comme le souhaitait le seigneur.
- Si ma présence convient à messire alors je resterai. Mais je peux aussi aller faire une course pour vous. Et s'il vous manque une chose, alors je tâcherai de vous l'apporter.
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Aurore
Servante du Château
Aurore
Et bien voilà qui était mieux : il disait ce qu'il souhaitait. Aurore allait pouvoir donc se rendre utile. De quoi se raser et se peigner, histoire de se faire propre. Aurore repensa à ce qu'elle en avait entendu, s'il revenait de la guerre, alors ce ne serait pas de trop. Elle osa levé un peu le regard pour vérifier que ce n'était que trop nécessaire. Et cela se confirma, il aurait bien besoin d'être rafraîchi. Il ferait sans doute plus jeune, enfantin peut être, quoi que. Mais il serait présentable, sans aucun doute. Elle pourrait lui apporter le nécessaire, mais pour l'instant, le jeune homme semblait préférer autre chose. Etant là pour être aux petits soins pour le cavalier, Aurore ne pouvait qu'accepter, sens du devoir oblige.
- Je devrais pouvoir vous apporter ce que vous souhaitez, messire...
Elle laissa sa phrase en suspension. Peut être le jeune homme se présenterait-il, cela rendrait les choses plus simples pour elle.
- J'irai vous chercher de quoi vous raser de près et de quoi vous peigner. Vous avez bien raison, si je peux me permettre. Et en attendant, si je peux me rendre utile ce sera avec plaisir.
Empoignant le savon tendu, elle fit le tour du bain. Elle hésita un instant : c'est qu'il ne fallait pas faire de bêtises, pas là. Le premier problème qui se posa fut la chemise. Aurore devait la retirer, afin de libérer le dos du seigneur, mais sans gêner le dit seigneur par des contacts trop répétés. Alors, délicatement, saisissant la chemise par le col, et la tira tout doucement, puis laissa le tissu retomber, sous l'eau. Avec le savon, avec toute son énergie, sans en abuser toutefois, elle s'attela au lavage en règle du dos de l'invité surprise. La situation aurait put être gênante, mais Aurore ne prenait pas garde à cela. Elle ne songeait pas aux choses de la vie, ignorante de tout cela, et se contentait de faire ce qu'on lui avait demandé, espérant que cela convienne.
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Aurore
Servante du Château
Margot
Dans les cuisines
Grand bruit dans la domesticité de Meaux, un grand seigneur était arrivé pour rencontrer le Vicomte. D'après la rumeur, celui-ci viendrait d'assez loin et ne serait pas trop vieux.
Margot, la jeune servante, avait passé un long moment à fureter pour essayer de le croiser au détour d'un couloir. Aussi quand elle entendit Maitre Gautier donner l'ordre à Aurore d'aller s'occuper du bain du voyageur, elle fut dépitée.
Cette gourde d'Aurore, encore pucelle, ne saurait mettre l'homme dans d'heureuses dispositions.
Se glissant furtivement hors des cuisines, Margot passa dans la chambrée commune, au premier étage du donjon, afin de mettre un peu d'ordre dans sa tenue. Tirant sur sa chemise afin de laisser une plus belle vue sur sa gorge. La gorge, tout homme y était sensible et il était important de la mettre en valeur.
Elle se recoiffa aussi et fit son chignon de telle sorte qu'en retirant une pince, tout les cheveux seraient libérés. Cela aussi rendait les hommes fous.
Se mirant dans le pot qui lui servait pour faire ses ablutions, notre jeune délurée se trouva appétissante.
Devant les appartements du Baron
Une fois apprétée, Margot se rendit devant les appartements qui étaient réservé au dit Seigneur, et attendit qu'Aurore n'en sortit. En espérant, que la pucelle ne se soit pas transformée en catin.
Il fallait quand même se méfier de l'eau qui dormait
Bravant les ordres, Margot entra délibérement dans l'appartement. Son excuse ? Réchauffer le lit du seigneur en glissant un poele de tisons fumants sous le matelas.
En entrant, elle se courba devant le noble invité, en profita pour faire un tour d'horizon du désordre de la pièce, voyant qu'Aurore était toujours habillée, elle sourit.
Prenant la parole, pour expliquer son entrée aussi impromptue que malvenue :
Vue votre seigneurerie ne s'offense pas de ma v'nue. J'susi venue réchauffer la couche, il fait bien froid ici la nuit, sa Seigneurie sera bien contente de dormir dans un lit chaud.
Jouant exprès avec le double mot, et avec son petit sourire mutin, Margot se rendit vers la cheminée afin de récuperer les braises chaudes. Prenant bien son temps, et sans cesser de jetter des coups d'oeil vers l'homme.
Elle ne se posait même pas la question de savoir s'il lui plaisait ou pas, il avait l'air riche, le vicomte faisait grand cas de lui et cela suffisait à Margot.
Le vicomte ne pouvait recevoir aussi bien qu'un invité de marque.
Margot
Margot avait rapidement compris l'interet que lui portait le jeune seigneur. Ses regards qui glissaient inéluctablement dans son décolleté étaient fort éloquent.
Sans pudeur, elle continuait à lui faire des petits sourires et à se laisser regarder.
Le Noble seigneur lui entama la conversation, et Margot revint donc vers la baignoire pour lui répondre plus aisément.
Mon prénom de baptème est Marguerite Messire, mais tout le monde m'appelle Margot, pour vous servir
encore un regard des plus malicieux, Décidemment Margot avait l'art et la manière de mener un homme là où elle le désirait.
Elle capta aussi un regard desapprobateur d'Aurore, visiblement celle-ci prenait plutôt mal la venue de la coquine.
Mais revenons au plus interressant, l'intrigue qui se nouait entre les deux autres, en effet Margot reprenait la parole
Que Messire ce rassure, son lit s'ra toujours chaud, j'en fait mon affaire. Sa seigneurerie aurait-elle d'ailleurs d'autres envies? Veut-elle que je lui monte de quoi s'nourrir?
Margot attendit, en bonne servante aux ordres du noble invité. Elle espérait ainsi lui faire comprendre qu'elle lui obéirait dans tout ses commandements.
Aurore
Tandis qu'Aurore remplissait sa tâche, une irruption dans la chambre se produisit. Et sa collègue Margot entra, s'occupa du lit, du feu. Pourquoi Gautier ne lui en avait-il rien dit ? Le seigneur semblait désireux de parler avec tous ceux qu'il croisait, et il entamait aussi une discussion avec la nouvelle arrivante. Aurore n'aimait pas les manières de la Margot, même si elle ne pouvait pas dire pourquoi. Elle la trouvait gentille, mais il y avait un elle ne savait quoi de dérangeant. Mais il y avait plus important que ses pensées, il y avait la satisfaction du seigneur. Alors, tandis que Margot proposait également ses services, elle ouvrit la bouche et, la voix étouffée, elle demanda :
- Messire est-il satisfait ? Dois-je continuer ou bien ?
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Aurore
Servante du Château