L_azrael
- Étape 1 : Le choc, la sidération...
La nuit était tombée doucement sur les routes tourangelles Voilà une heure, que le maigre convoi avait contourné Loches sans se faire remarquer. Les voyageurs et les blessés croisés les jours précédent dans les auberges berrichonnes leur avaient bien dit de rester sur leur garde et déviter le plus que possible de voyager en journée à la vue de tous. Les armées fauchaient tous se qui bougeait sans se poser de question A lécoute de langoissante nouvelle, linquiétude sétait aussitôt emparée de la pauvre fossoyeuse. Ne pouvait-on pas éviter la Touraine plutôt que de risquer nos vies bêtement ? Sans doute que oui. Mais lOrtie téméraire qui lemployait avait décrété que telle serait leur route. Et la parole du Von Frayner ne souffrait pas négociation. Surtout pas de la part dune femme. Encore moins de celle dune employée.
Constance avait donc pris place, seule, à larrière des bagages. Elle avait catégoriquement refusé de monter sur lun des canassons proposé. Plutôt mourir que de remettre sa vie à la seule volonté dun quadrupède faisant plus de dix fois son poids. « Cest une question de bon sens » avait-elle rétorqué sèchement au Judas, avant de grimper le menton haut à larrière de la carriole ou le sommeil lavait doucement gagné. Entre deux songes, elle entendait vaguement le bruit des conversations de la troupe de Petit Bolchen. Ca discutait, riait, refaisait le monde Le voyage se passait bien et les angoisses suggérées par la présence des armées avait disparue à larrivée de Morphée. Grave erreur.
Le grondement sournois des sabots sur la terre battue lavait réveillée brutalement. Une armée leur fonçait dessus, ne laissant que peu de doute sur leur avenir proche. Hormis la fuite, il ny avait aucune solution. Et fuir en carriole était chose impossible. Elle aurait dû remettre sa vie entre les jambes puissantes dun équidé, cela laurait finalement sauvé. La frêle fossoyeuse allait payer cher sa bêtise. La pelle quelle aimait tant et qui ne la quittait que rarement, fut cette nuit-là, lobjet de son tourment. Un coup violent et le contact froid du métal sur sa tempe la laissèrent inanimé au pied de la charrette. Par précaution, un soldat jugea bon de lui transpercé la cuisse pour lempêcher de senfuir. Leur macabre besogne exécuté à la perfection sans doute que chacun des soldats sen est retourné chez lui. Fier davoir vaillamment défendu leur terre dune troupe de dangereux voyageurs ? Un homme et sept femmes dont certaines nétait que des enfants.
La Constance se vida de son sang dans la boue du chemin une partie de la nuit. Ce nest quà laube quun groupe de religieux la retrouva. Inanimée. Respirant à peine parmi les débris des affaires que lon avait pillées. Le corps inerte fut ramené à Bourges, au couvent bénédictin. Si les religieux navait que peu despoir de la sauvé, ils espéraient surtout lui offrir une sépulture descente. Elle pauvre victime de la noirceur des hommes.
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