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[RP fermé] Quand la vengeance vous possède et vous consume..

Maywenn
[ Plus la patience est grande et plus belle est la vengeance]*


L’aube…

Les yeux azurs de Maywenn regardèrent pour la dernière fois, l’aube à Honfleur, avant de se retourner et de lancer sa monture hors de la ville. La jeune fille, s’éloigna de la mer, s’éloigna, de ses amis, de son compagnon, de sa famille…de sa rédemption.

Chevauchant un grand cheval noir qu’elle venait de voler dans une écurie, sa croupe se dandinait lentement sous les pas lents de son destrier sur un chemin, sur Le Chemin.
Là, où tout a basculer…

Entre Lisieux et Argentan, on ne pouvait y voir que la foret, la verdure, un lieu sans rien de particulier à première vue, tout était paisible, on pouvait sentir qu’elle prenait vie avec l’arrivée du printemps qui était chantée par les oiseaux qui révisaient leurs gammes pour l'occasion.

Arrivée au lieu du rendez-vous, elle arrêta sa monture, et attendit.
Elle regarda lentement autour d’elle… quelques part dans cette étendue de nature, reposait le corps ou du moins se qu'il en reste de sa tendre mère… à cette pensée elle serra de toute ses forces les rênes qu’elle avait entre ses mains. Elle pouvait sentir cette rage, cette haine, l’envahir inexorablement, elle ruisselait lentement dans tout son corps, elle était chaude…elle était douloureuse… elle était la bienvenue.

Elle entendit du bruit, des pas d’un cheval marchant au trot. Elle ne bougea pas d’un iota, et observa l’homme sous la capuche de sa longue et sombre cape.
Il était enfin là, comme prévu.

Elle attendit qu’il soit à sa hauteur, puis elle sortit un rouleau qu’elle avait précieusement gardé sous sa cape et lui donna.
Elle descendit de son destrier afin de pouvoir régler la hauteur de ses étriers, qui étaient bien trop longs pour elle.

Puis d’une voix claire et froide elle l’interrogea.


Ai-je besoin de te rappeler les instructions ?




*Massa Makan Diabaté - Le boucher de Kouta
_________________
--Vincent_


Vincent, homme d'une quarantaine d'années puant l'alcool à plusieurs lieux à la ronde.
On pouvait lire sur les nombreuses et profondes rides qu'il avait sur le visage, que cet homme avait vécus sa vie sans s’arrêter.

Il ne comprenait pas pourquoi Naïade, lui avait donné rendez vous ici, au milieu de nul part...
Voilà bien longtemps que le vieil homme ne l'avait pas revue, cette Farouk.

Lui qui la pensait au fond de la mer avec son redoutable père, la gamine semblait avoir bien plus de ressources.

Il arriva enfin au point du rendez vous, une route...étrange. Un peu plus loin, quelqu'un vêtu d'une longue cape noire.

Il s’avança avec méfiance et se mit à son niveau, oui c'était bien Elle.
Comme, elle avait changée, elle avait une belle chevelure, elle était bien moins maigrichonne que dans ses souvenirs.
Elle lui tendit sa mission, et se mit à rire en l'entendant.

Pas de B'jour ? de comment vas tu mon cher Vincent ?

D'un oeil jaune et rieur il observa la gamine mettre à bonne hauteur ses étriers.

Joli canasson ...Tu l'as depuis longtemps ?

Voyant qu'elle n'avait pas envie de faire la causette, elle se racla la gorge avant d'éjecter un monstrueux crachat et rangea le rouleau soigneusement à l’intérieur de son manteau souillé.
Puis il prit un air plus fermé.

Je chais ce que je dois faire, ch'uis pas abrutit...sale peste.
Naïade...Maywenn, Je sais que je vais perdre mon temps, tu es la garce la plus têtue que les flots ont réussit à faire émerger.

Mais... Mais, Ton arrogance te tuera, comme elle a tué ton père...
Maywenn
Elle esquissa un sourire en écoutant son vieil ami Vincent tout en réglant ses étriers.
Puis elle remonta sur son larcin à quatre pattes. Son regard ne tarda pas à s'assombrir quand celui ci lui parla de son père...


Farouk le Noir, Pirate notoire et sans pitié, même pas pour ses propres enfants.
Lui, qui l'avait tant frappé, lui qui l'avait tant fouetté, lui qui l'avait traité comme un garçon en lui coupant les cheveux, lui qui avait un ego tellement surdimensionné qu'il s'était permis de la marquer au fer rouge, comme on marque une propriété et enfin lui qui...

Son visage était inexpressif, son regard azur était dans le vague... Elle lui lâcha quelques mots avec une voix placide.

Vincent, nous sommes pas ici par hasard...

C'est ici.
C'est quelques part autour de nous, elle est là ...
Ils l'ont assassinée ici, ils lui ont ôté la vie et ils l'ont laissé pourrir...ils ont laissé son corps à la merci de la vermine et des animaux tout comme mon oncle...

Son corps se contracta à cette pensée, elle mordilla sa lèvre jusqu'à la faire saigner, elle ferma les yeux pour contenir toute cette rage qu'elle avait accumuler en attendant de pouvoir enfin la libérer sur ses cibles...


Ils vivent eux, ils respirent, ils s'amusent avec des putains, ils dorment, ils rêvent...

Elle essuya sa lèvre du revers de son gant noir et reprit.

Tu as raison, Vincent, tu perds ton temps ...
A dans deux jours, Vincent...


Elle prit bien en mains ses rênes, prête à partir, elle le regarda une dernière fois, et le salua en inclinant légèrement la tête.
Puis elle élança son cheval... Elle s'élança vers peut être sa dernière aventure, mais qu'importe, elle ne vivait plus que pour venger la mort de sa mère et de la tentative d'assassina de son oncle.

Oui, contrairement à se qu'elle avait dit à Vincent, son oncle était laissé pour mort, mais son coeur battait toujours. Mais valait il mieux qu'on le croit poussière...c'était plus prudent. La confiance est une denrée rare...

Les lieux se défilèrent à une vitesse folle sous les sabots du sombre destrier.
Au loin, elle vit la naissance des premières toitures d'une ville...


_________________
--Vincent_


Le vieil homme se sentit comme un gros troufion en écoutant Naïade...

Oui, c'était son surnom dans le "milieu" c'était ainsi que son paternel, le chef Farouk, l'avait baptisée, pensant qu'avoir une "divinité" des rivières et des fleuves porterai chance à l'équipage.
Manque de chance, cela n'a pas était le cas...

Vers la fin Mai, le navire des Farouk fut attaquer par une bande rivale, tous ont été tué sauf une ... Naïade.
Par va savoir quel miracle, la gamine s'en était sorti.
Ce soir là, notre héros aux yeux jaunes n'était pas sur le navire, prétextant être malade...en réalité il était au chaud entre les reins d'une dame peu farouche...

Il se mit à tousser, une toux grasse et sonore...avant de retomber dans ses pensées...

Il se rappela quand il avait Maywenn, elle devait avoir à peine 8 ans, c'est lui qui l'avait formé à l'art de la navigation, manier une lame, il lui avait raconter des stupides histoires à propos des étoiles, et quand l'occasion se présentait, c'est lui qui lui pansé ses blessures ...Mais cela était bien rare.
Elle était bien trop fière pour demander de l'aide. Jamais il ne l'avait entendu pleurer sur son sort, elle l'avait accepter et fait avec.

Et lui aussi... L’appât du gain, était bien plus fort que le sort de la progéniture du patron.

L'homme aux yeux jaunes, se signa en pensant aux deux âmes qui hantèrent surement cette foret. Et en espérant que la gamine s'en sorte...

Quelle chienne cette vie, pensa t'il, avant de recracher par terre.

Il se remit à tousser...tellement fort que du sang sortit de sa bouche... Il poussa un grognement et passa la manche de sa veste déjà souillé pour se nettoyer...

Il reprit les rênes de son vieux cheval et lui donna quelques coups de talon pour le faire avancer... direction : Honfleur, telle était sa mission...
Maywenn
[Celui qui s’applique à la vengeance garde fraîches ses blessures] *


L’occasion était trop belle…

Il était assez simple de gagner la confiance des gens quand on a un joli minois et un sens de la politesse et de la gentillesse.
C’est ainsi qu’elle a réussit à duper la maîtresse de maison.
Peu avant, elle avait vu les locataires de cette jolie maison bourgeoise monter en calèche pour va savoir où, une soirée mondaine surement.

Elle avait frappait à la porte et échangée quelques mots avec cette femme qui avait déjà bien vécue sa vie.
Elle lui avait servit une tisane pour consoler la jeune fille qui s'était faite soi-disant agressée par deux brigands ...

Nul mal lui a était fait, elle est sagement dans un placard attendant qu'on l'a libère...

"Seule" dans cette jolie demeure pour au moins 2 heures selon la maîtresse de maison, Maywenn profita du bar de monsieur et de la coiffeuse de madame.

Elle se servit un verre armagnac et s’installa devant la coiffeuse pour contempler son reflet.
Elle s'était métamorphosée depuis qu'elle avait changé de vie.
Ses cheveux étaient longs et soyeux, elle avait prit un peu de poids, son visage était doux, lisse et bienveillant…
Mais bien plus que le physique, elle avait aussi bâti un chemin dallé par des bonnes attentions en intégrant la guilde des Herboristes, en étudiant la médecine, en étant là pour sa famille et ses amis … Il devait l'amener vers une possible rédemption...

Oui elle avait changé…Du moins une partie d'elle.

Elle était une dualité, Maywenn l’herboriste à l’euphorie diaprée, et Naïade la pirate turpide.
Suivant les situations, elle était l'une ou l'autre...
Et ce soir, elle avait besoin d'être Naïade.
Elle devait briser toutes les dalles, pour façonner un chemin chaotique, aride...et sauvage.

Ne dit on pas, qu'il faut vaincre le mal par le mal ?

Après plusieurs verres, l’ivresse commença à la gagner, elle attrapa sa dague avec sa main droite, de sa main gauche elle caressa lentement, tendrement, délicatement une mèche de sa belle chevelure … avant de la trancher.

Les pointes de sa chevelure qui caressèrent la moitié de son dos, effleurèrent maintenant ses épaules.
Mèche après mèche, à une cadence régulière, elle trancha.
Sa respiration était lente, le geste était sûr, son regard était déterminé.
Elle était totalement noyée dans sa folie vengeresse, elle était manipulée par sa fureur telle une marionnette, elle s'abandonna à elle, elle lui était totalement et volontairement soumise...

Puis, elle retira ses vêtements, pour enfiler ceux de Naïade, des brais noirs, une chemise blanche maintenue par un corser noir. Elle porta sa grosse ceinture de cuir au quel elle y accrocha son coutelas et une dague. Elle retourna devant la coiffeuse, elle eut un frisson quand elle se vit ainsi… c’était comme retrouvé un vieil amant qu’on aurait perdu de vue depuis des années.

Elle prit ensuite du Khol pour noircir son regard, comme le font les combattants du désert, elle noua son foulard bleu nuit sur sa tête de manière que ses cheveux devenus courts ne viennent pas troubler sa vision.

Elle ramassa ses anciennes affaires et sa chevelure et les balancèrent au feu. Elle examina, un verre de Armagnac à la main, les flammes léchant et détruisant se qui représentaient sa féminité, sa tentative de rédemption, sa tentative d'une nouvelle vie … elle fut courte mais tellement agréable...


Au revoir Maywenn....


*Francis Bacon- Les essais
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Crowsam
Honfleur.....

C'est un Sam totalement abasourdit que l'on retrouvait dans sa demeure qu'il avait rejoins durant la nuit après une discussion pour le moins troublante et incompréhensible avec sa May quelques heures plus tot

Lui pourtant si calme et si réfléchit habituellement perdait doucement son sang froid en se demandant ce qu'il avait bien pu faire ou dire pour en arriver la , pour en arriver a ce que Maywenn lui dise :

J'ai besoin d'une pause va t'en , laisse moi tranquille.......

Ces dernières paroles résonnaient dans sa tête, comme une mauvaise blague, un mauvais rêve qui allait bientôt se terminer...

Une soirée qui avait pourtant commençé comme toutes les autres avec un réel plaisir de se retrouver, pour partager ces instants complices à siroter quelques verres de calva , à se raconter leurs journées respectives , à se taquiner et surtout à se caliner.
Eux qui semblaient si attachés l'un à l'autre depuis le début, laissant encore entrevoir beaucoup de bons moments à passer ensemble.


Assis, la tête entre ses mains il se versa quelques verres d'alcool qu'il but d'un trait pour essayer de comprendre,
c'est vrai que l' ex pirate avait bien des moments d'absence , des moments où elle semblait ailleurs ces derniers temps mais de là à en arriver à tout remettre en cause, elle si adorable avec lui, si protectrice aussi.......


Peut être que Sophia aura des réponses à me donner, peut être saura t'elle se qui se passe dans la caboche de la brunette ??
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Sophia


La So était en train de ranger un tas de fourbi en tous genre qui s'était amassé au fil des jours passants.. Y'avait du linge à Laver, de la vaisselle à faire , des cadavres de bouteilles de CaLva amoncelleées dont fallait se débarrasser, plus des épluchures de nourriture presque moisies, enfin tout un tas de ramassi immonde. Bref c'était presque quasiment le bordel limite et un grand coup de ménage là-dedans premettrait d'y voir plus clair. ... Puig comme à son habitude dormait et elle ne comptait jamais sur lui pour l'aider à ce genre de besognes qu'il avait en horreur. D'ailleurs faudrait qu'elle lui en parle un jour cr c'est fout ce qu'il pouvait dormir son chéri ; encore un truc de bizarre ça ?

En ce matin printanier , joyeuse et sifflotant , la belle se mit le coeur à l'ouvrage et ses pensées tournicottairent dans sa tête bien faite de brunette pas trop bête.

Souvent, tel un comptable So faisait des bilans mais pas de chiffres car les chiffres etaent ses copains que quand plus dans sa jeunesse elles volait pour avoir plus de pesetas dans sa besace. Non là elle pensait aux siens.
Et , aller savoir pourquoi, ce fût May qui arriva en tête de liste ... à la bonne heure , ohhh mais ouiiii la frangine , ça faisait un sacré bout de temps qu'elle ne l'avait pas vu , ni eu eu de ses nouvelles ; en tous cas pas depuis que cette dernière était partie à Lisieuxvoir Frobbie lors de la dernière élection municipale.

Aussi, ni une ,; ni deux, derechef, Sophia mit sa cape sur ses épaules et s'en alla frapper chez le couple d'amoureux May et Sam en espérant qu'ils ne soient pas endormis car il n'était que 5h du matin, oui So se levait toujours très tôt.
Toc, Toc, TTTttttttoooooooOOOOOOcccccCCCCC , l'honfleuraise asséna sa main en coups forcés sur la porte en bois de chène et cria fortement :



Y'a t'y quelqu'un dasn l'patelin, j'ai soiffffff et pas qu'un peu alors debout là-dedans


[Cheffe Aldraien
Retrait des smileys qui piquent les yeux. Merci de lire les Règles d'Or et bon jeu.]

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Chez Les Farouk
Maywenn
[ Quelque part dans le duché d'Orléans ...]


C'était le petit matin, le ciel était bleu et sans nuages, la route était paisible sous les sabots du destriers.
Voilà un peu plus d'une journée que la gamine avait quitté Honfleur.

Couverte sous la longue cape noire, elle se rendit dans un lieu tenu secret, seul les personnes peu fréquentables mais dignes de confiances connaissaient son existence.
Elle attela sa monture devant une bâtisse en bois au milieu de nulle part...

A pas lent, elle contempla ce vieux taudis qu'elle n'avais pas revue depuis plusieurs mois, l'endroit empesté la fumée euphorique, l'alcool et l'urine ....
Elle entendit déjà des beuglements, des insultes, des menaces...

Elle découvrit sa tête et entra dans l'Auberge après avoir poussé une porte poisseuse.
A son entrée, un silence lourd s'installa, elle sentit les regards d'une dizaine de personnes bien usées par la vie de chienne qu'ils menaient, quelques secondes après, elle entendit des murmures ...

Elle s'avança sans broncher et toqua contre le comptoir. Le proprio' borgne arriva en boitant. Il fixa la jeune fille, il était interdit.


Voyez vous çà ... On pensait que tu étais au fond des eaux avec ton paternel...Paix à son âme si tu savais se qu'il nous manque ... Sans lui, nous voilà en perdition....

Les Requins Rouges, n'ont pas eu le loisir de se payer la progéniture du Grand Farouk.
Ohh mais rassure toi, on c'est chargé de le venger ton honorable père.

Mais ....Comment as tu fait pour t'en tirer hein ?


Il se racla fortement la gorge, tout en servant une eau de vie à la brune.
Il était du genre bavard... il continua à éructer quelques mots.


Regardez un peu les gars !!! Naïade est ici.

Huumm c'est offert par la maison... alors....mais dis moi ma jolie, tu reprends les affaires c'est çà ?
J'ai de quoi faire une belle bande d'enfoirées, tu veux quoi ? des as de la lame ? des raclures sans pitié ? Des matelots ? des mendiants ? des putains ?
Tu n'as qu'à demander ! Et c'est comme si c'était fait !


Disait il avec un sourire troué et jaune. Son oeil pétillait comme si il était en face d'un trésor.
Elle, elle entendait les hommes discuter entre eux, certains ricanaient doucement, d'autres ne dire mot.
Mais elle en avait cure, elle était ici pour une raison bien précise.
Elle but cul sec son verre, le breuvage lui brûla littéralement l’intérieur.
Elle toussa une fois et lui répondit avec autorité.

Je ne suis pas là pour faire causette, pas aujourd'hui, j'ai rendez-vous ici avec Emma.

Il se racla fortement la gorge,l'air déçu, presque méprisant.

Ouai... elle est dans le coin ... Elle m'avait dit qu'elle attendait une invitée...

Il lui indiqua du regard le fond de la salle, dans un coin d'ombre embrumée par la fumée.

Viens me voir après. On a encore tellement de choses à se dire.

Elle lui fit un signe de tête pour le remercier et se rendit à l'autre bout de l'auberge.

Elle était bien là. Seule a sa table.
Elle prit place face à elle.


Bonjour Emma.
On se retrouve enfin.

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Emma_diangelo
Assise dans un coin sombre, son chapeau à larges rebords enfoncés sur sa tête afin de bien masquer son visage, des bottes de cuirs noires et croutées de boue séchée croisées sur le coin de la table, elle se balançait de temps à autres sur les pattes arrière d’une chaise grinçante. Elle se curait les ongles, d’un air ennuyé, de la lame de son poignard en jetant de temps à autre un œil vers la porte. Elle attendait…

Chose dont elle avait horreur ! A un point tel que de temps à autre elle lâchait un genre de grognement long et sourd tout en jetant avec envie un œil à sa chope encore vide. De surcroit, elle devait rester dans cet endroit détestable à supporter tous ces bons à rien d’ivrognes beuglant et vociférant leur insupportable et interminable beuverie.

Mais, son attente et ses idées meurtrières touchèrent enfin à leur fin quand une jeune femme franchit la porte pour se diriger vers Juan le taulier. Quelques minutes plus tard, elle était installée là, devant elle.


Bonjour Emma,
On se retrouve enfin.

Elle releva tranquillement la tête et la regarda droit dans les yeux.

Tu es en retard ! Comme toujours … Farouk.

Puis elle la dévisagea longuement. Les brunes ne s’étaient pas revues depuis plusieurs mois, et pour finir elle l’avait crue morte en mer bouffée par les requins. Elle la trouva changée. Elle avait prit du poids, ses joues n’étaient plus aussi creuse et son regard… il était différent… même son allure, sa démarche. La brigande fronça légèrement les sourcils tout en continuant de la disséquer.

Après quelques secondes, elle reprit d’une voix provocante.


Tu as grossi ! Lança-t-elle d’un sourire narquois. Puis poursuivit d’un ton désinvolte :

J’ai entendu dire que tu avais changé de vie, que tu étais devenue une gentille jeune fille… avec des gentils amis à faire des trucs de gentils ? Pffff, quel gâchis, une vie niaise et futile à souhait… Et tu oses te présenter devant moi ! On ne fuit pas son passé ma chère et gentille bourgeoise que tu le veuilles ou non !

Lui cracha-t-elle au visage avant de lui balancer une pile de missives sur la table.

On n’va pas prendre le thé et s’éterniser, j’ai ce que tu m’as demandé.

Elle retira lentement ses pieds de la table, se redressa sur sa chaise et s’approcha de la fille, d’un air sérieux, presque menaçant. Elle pointa du doigt la pile de documents en lui disant à voix basse :

Six aigles ont été engagés par ton père pour s’occuper de ta mère et de ton oncle. Trois d’entre eux sont au fond d’un trou à se faire bouffer le cul par les bestioles, pour les trois autres, j’ai réussis à te les retrouver.

Tournant brusquement la tête, elle jeta un regard noir et insistant au tavernier qui s’empressa de remplir deux chopes et de les apporter. Elle en fit glisser une vers la fille, prit une longue lampée de la sienne et poursuivit:

Écoute-moi bien car je ne répèterai pas deux fois. Le premier, Leonardo dict la flèche, était le lieutenant du groupe, c’est un imbécile, un pauvre couillon qui a failli mener ses hommes à la mort. Il tente de gagner sa vie en se cachant près de Vanne en Savoie. Le 2e, Bertrand, dict le cannibale, roderait plus au sud, vers la Camargue. Tu le reconnaîtras à son collier d’os de phalanges
Agitant devant la fille la 2e phalange de son index.
Tu piges ? Il renifle les p’tites bourges de ton espèce à cent lieux alors fait tout de suite tes prières bella. Il est probablement déjà sur ta trace.

Le dernier, Raphael, celui là, j’ai eu du mal à retrouver sa trace. Il semble être un peu plus futé que les autres. Il semblerait que lui aussi soit devenu un gentil, tu pourras le trouver dans le coin du Rouergue. Et qui sait, vous deviendrez peut être vieux copains tous les deux… ricana-t-elle en attrapant son poignard trainant sur la table.

Elle finit sa chope et la lança d’un air dégouter sur la table puis s’approcha du visage de May, plongeant son regard noir dans ses yeux d’un air de défi.


Dis-moi, princesse, tu sais toujours manier une lame?
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