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[RP] « Si la liberté grise, la famille rassure. »*

Grimoald
Ils s'étaient donnés rendez-vous la veille au soir. Il l'aurait reconnue entre mille, et elle... il faut dire qu'il n'y a pas quinze-mille nabot à bouclettes blondes qui se baladent dans le pays.
Premiers échanges timides... Cela faisait si longtemps qu'ils ne s'étaient point vu.
Bien des choses, bien des souvenirs, des reproches peut-être...
Une chose est sûre, il avait changé le jeune Grimoald. Il avait vu, il avait vécut...
Elle aussi, certainement... Qu'allaient-ils bien pouvoir se raconter ? Lui dirait-il la vérité ? Que peut-on dire, ou ne point dire, à sa cousine bien aimée ?
C'est la tête lourde de pensées que le nain allait jusqu'au point de rendez-vous qu'ils s'étaient fixés. Là-bas, à la lisère du bois. Peut-être l'y attendait-elle déjà ? Peu importe. Il le savait, elle serait là.
Ces derniers mois, pour le nain, étaient comme des années. Il n'était plus cet enfant qui avait fugué il y a bientôt une année. Non, il avait vécu, il avait vu, il avait appris...

Il était bien mal en point notre cher nabot à bouclettes blondes.
Enroulé, comme toujours maintenant, dans sa longue et enrobante cape de laine grise, il avançait aussi vite que ses jambes endolories le lui permettaient. Sa canne martelait le sol. Sa canne... Maudite canne pensait-il.
Il n'en avait presque plus besoin jusqu'à maintenant. Mais ce jour, c'était différent.
Ce jour, il s'était battu en lice. Ce jour, il avait ramassé sévère... Mais il en était sortit vainqueur ! Et cela, il en était fier le nabot, et il marchait la tête haute : fier comme un jeune paon !
Bien sûr, il était passé par la case soin juste après le combat. Il faut dire que de se battre comme un jeune chiot, lorsque les plaies profondes qui parsèment notre corps ne sont point encore totalement cicatrisées... Ce n'est vraiment pas une bonne idée !
Il souffrait, et toutes les irrégularités sur le pavé et le chemin lui extirpait une vilaine grimace... Bien fait !

Il arrivait enfin, le souffle haletant. La fatigue le fauchait vite maintenant. Même s'il avait bien récupéré, il lui fallait encore du temps.
Un petit bout de prairie baignée de soleil. Quelques arbres fruitiers en fleurs et derrière une forêt de grands et vieux chênes indétrônables.
Nulle âmes alentours, ils seront seuls... Seuls pour se retrouver, seuls pour se raconter.

Il s'arrêta là, poireautant sous les timides rayons du soleil.
Et le jeune nain, un tantinet capricieux, n'aimait point attendre !
Aussi... A peine arrivé au point de rendez-vous... Il grommelait !


-"Rhââ... bon, bon... Qu'est-ce qu'elle fabrique ?
Hum... Sans doute une catin ou une bigote qui la retient au presbytère..."


*Robert Choquette
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Quelfalas
Elle s’était lever de Bonheur. Remplie par un bonheur de la veille au soir. Cela n'arrivait pas souvent de croiser une vieille connaissance en taverne. Mais alors, croiser son cousin, ici même, au Mans. Cela la remplissait de joie.

Elle avait été faire son tour par l’Église. Voir que tout allait bien. Et puis zut, elle avait changer d'avis. Direction le bois. Directement. Elle traversa la ville d'un pas assurer. La place du village, elle aperçu le verger.


Cela fait longtemps que je n'y ait plus mis les pieds, je devrais pourtant....

Elle continua sa route. Elle était déjà en retard. Le soleil n'était pourtant pas haut dans le ciel. Il faisait encore un peu froid. Le beau temps reviendrait vite.

Elle repensa à la dernière fois qu'il s'était vu. C'était il y a trop longtemps. Elle en avait fait du chemin.Mais tout était rémonté à la surface. Comme une porte qui s'ouvre poussé par une forte pluie. D'un coup, le flot de souvenir arrive. Son prénom en premier. Pourtant. Plus personne ne l'appelait par son prénom. Elle l'avait presque oubliée.

Perdu dans ses pensées, elle continua à avancer. Elle vit le bois de montrer plus loin. Elle accéléra le pas. Elle le voyait attendre. Il était donc déjà là.

Arrivé à sa hauteur, elle ne savait que lui dire. Elle le regarda. Puis tout simplement.



Bonjour ! Cher cousin ! Je ne t'ai pas trop fait attendre?

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Quelfalas, Cultivatrice de blé.
Habitante du Mans
Diacre du Mans
Clergé du Mans
Grimoald
Se faire surprendre en flagrant délit de "râlage" ? Il n'en était pas passé loin.
D'un autre côté, cela n'aurait sans doute pas perturbé, et encore moins surpris, sa cousine qui n'avait certainement point oublié que son cousin était un petit capricieux.
Mais le bruissements des pas sur le sol avait alerté le jeune nain. Aux aguets ? Il l'était sans cesse dorénavant.
Elle était là, devant lui. C'était bien elle, c'était sa cousine Jeanne. Il ne l'avait point revu depuis un an. Il ne l'avait point revu depuis l'enterrement de leurs grand-parents.
Elle ne semblait point hostile. Non, tout au contraire. Peut-être était-elle tout aussi gênée que lui, peut-être pas pour les mêmes raisons...
Savait-elle ? Il en était persuadé : elle savait. Elle savait et lui savait qu'elle finirait par en parler... Mais que savait-elle, au juste ?
Un simple "Bonjour", elle l'abordait par un "Cher cousin"... Gêne ou froidure ? Pour le jeune Grimoald, la deuxième option était assurément la bonne. Il ne s'y trompait point, il savait à présent : il savait qu'elle savait...
Quelle attitude adopter ? Attendre ses reproches et fondre en larme à genoux ? Possible...
Il y avait une autre solution, cela dit. Celle-ci était plutôt défensive... Et c'est celle-ci qu'il adopta.


-"On raconte que tu étais en Hollande. Je ne m'attendais point à te voir icelieu"

Calme plat sur son doux visage d'ange-enfant, ponctué enfin d'un petit sourire de réjouissance.
Tout de même, c'était sa cousine. Plus que jamais il avait besoin d'êtres chers, et sûrs...
La "Hollande"... C'était ce que lui avait raconté sa mère peu de temps après le départ de Jeanne lorsque le jeune Grimoald s'était étonné de ne pas avoir vu sa cousine le dimanche. C'était il y a un an... Il avait pu s'en passer des choses entre temps. Il s'en était passées pour lui, peut-être s'en était-il passées pour elle également.
La "Hollande", cette contrée lointaine "plus loin même que notre Royaume", cette "contrée du Nord"... Pour le jeune Grimoald de l'époque, cela n'évoquait pas grand chose. Non, il ne connaissait que Thiers et ses environs proche. On l'avait préservé du monde. Une fois seulement, il était allé à Paris... Mais il était si jeune qu'il n'en gardait guère de souvenirs. Il n'avait connu que les Lefebvre, et les amis des Lefebvre. On vivait entre bourgeois aisés. La noblesse et la misère appartenait aux contes que lui lisait sa mères, où aux discours pleins de mépris de son grand-père.
Mais Grimoald n'était plus celui que Jeanne avait connu... Il avait vu, il avait vécut...


-"Si tu es revenue pour ta part... Saches que c'est notre tante qui possède tout à présent. Je ne puis rien pour toi." déclara t-il sèchement.

Grimoald avait été élevé pour reprendre l'affaire familiale et florissante à la mort de son grand-père.
Il ne savait pourquoi sa cousine était revenue, et son cœur mutilé l'avait rendu méfiant, parfois hargneux.
Peut-être voulait-elle sa part de l'héritage, sa part de l'empire Lefebvre. C'était une possibilité... Mais il n'en était point convaincu, au fond. Pourquoi serais t-elle au Mans, sinon ? Une femme d'église peut-elle convoité la richesse matérielle ? Non, il n'en était point convaincu. Mais les mots étaient sorti de sa bouche et il était trop tard à présent pour les rattraper.


-"Excuses-moi... Je... Je ne voulais point dire cela."
lui dit-il alors, un ton plus bas.

La vérité blesse, les reproches aussi. Il en était convaincu, elle ne pouvait l'ignorer. Qu'elle rompt tous liens avec leur tante Cunégonde, le Dragon, ne l'aurait point étonné; lui-même ne parvenait point à lui écrire. Mais que sa cousine ait rompu tous liens avec sa pauvre mère, il ne pouvait l'imaginer. Aussi, elle devait être au courant : au courant pour sa fugue, au courant des signes de vie qu'il n'a point donné, au courant pour la mort de sa tante Elena.
La culpabilité le rongeait déjà. Nul besoin que sa cousine ne viennent la lui rappeler...
Était-ce pour cela, alors, qu'elle se trouvait ici ? Le Mans n'est qu'à quelques lieues de la Touraine. Aussi aurait-elle put garder un œil sur lui et ressurgir au moment où il s'y attendrait le moins. Oui ! C'était une autre possibilité, beaucoup plus convaincante que la thèse de la cupidité.
C'était cela ! C'était le Dragon qu'il l'envoyait veiller sur lui !
Grimoald se sentit alors attaqué, et il répliqua :


-"Je ne regrettes rien... Tu entends ? Rien !
Maman serait morte de toute façon ! Le fait que j'ai été à ses côtés ou non n'y aurait rien changé ! Et tu le sais... Elle le sait !
Maman était souffrante et je l'ignorais... Mais elle, le Dragon... Elle ne pouvait point l'ignorer !
Tu ne t'attendais point à me voir si tôt, je me trompe ? Non, je ne suis point à Loches comme elle le croit !
Elle croit pouvoir me récupérer ? Ah ! Ah !
C'est elle qui t'envoie, n'est-ce pas ?"


Grimoald avait changé... Jamais il n'aurait été capable de telles paroles auparavant.
Il était capricieux, certes. Mais il n'était que douceur, naïveté et innocence...
Cet éclat dans la voix, cette étincelle dans les yeux, cette peur dans le regards... C'était quelque chose de nouveau, quelque chose que Jeanne ne pouvait déjà avoir vu en son cousin...

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Quelfalas
Elle ne la sentait pas venir. Une gifle. Un coup. Une pointe droit dans son âme.
Il était sur la défensive. Lui en voulait-il ? Mais pourquoi? Elle était partie sans crier gare, il est vrai.


On raconte que tu étais en Hollande. Je ne m'attendais point à te voir icelieu"

Oui, c'est le cas. J'étais en Hollande. J'avais besoin de prendre mes aises. De retrouver mes esprits. Et puis, je suis partit. Il fallait que je vive ma vie. J'ai vagabondé par ci, par là. Pour enfin terminer au Mans. Je m'y suis établie. Pourquoi le Mans? Parce que j'avais trouvé ma voie. Je savais ce que je voulais devenir. J'avais enfin décidé de vivre ma vie.

Elle avait adopté un air qu'elle n'avait plus adopté depuis longtemps. Un rictus sur son visage montrait un malaise. Non, pas de la timidité. Un malaise. Il se tramait quelque chose. Il y a quelques choses quelles ne savaient pas, mais qu'elle aurait du savoir. Puis, Un flot de parole lui survient. Une deuxième gifle. Pire que la première. Il avait donc bien changé. Il n'était plus celui qu'elle avait connu.

-"Si tu es revenue pour ta part... Saches que c'est notre tante qui possède tout à présent. Je ne puis rien pour toi.

Elle fit un geste de sa main vers lui, comme pour lui faire une accolade. Puis elle se rétracta.


Mais qu'est tu donc devenu pour te mettre à parler comme cela. Je ne m'y attendais pas. Je l'avoue. Si je suis revenu, c'est pour m'établir en terre française. Pour y vivre pleinement dans l'amour.

Elle laisse un blanc. un silence. Pesant. Elle n'était pas très douée pour converser avec les gens, mais avec son cousin. Qu'elle se faisait une joie de revoir. Son cœur se mit à rebondir sur sa poitrine. Elle le sentait.

Je te préférais avant.....

Une larme sur sa joue coula. Elle l'essuya rapidement. Elle devait être forte. Et puis, le seigneur était avec elle.

"Je ne regrettes rien... Tu entends ? Rien !
Maman serait morte de toute façon ! Le fait que j'ai été à ses côtés ou non n'y aurait rien changé ! Et tu le sais... Elle le sait !


Elle entendit à peine les derniers mots de Grimoald. Elle ne se sentait pas bien. Le retour d'une porte ouverte trop rapidement. Elle était pâle. Elle avait besoin d'air. Pour quelqu'un qui était dehors, n’était ce pas un comble? Elle se sentait tressaillir.


Morte? Elena?

Et là, plus rien. Elle s’effondra sur ses jambes. Et se retrouva par terre.

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Quelfalas, Cultivatrice de blé.
Habitante du Mans
Diacre du Mans
Clergé du Mans
Grimoald
Les mots filaient de sa bouche comme les eaux troubles et agitées du torrent filent vers l'inconnu sans se soucier de rien. Le torrent de paroles gronde et emporte tout sur son passage. Le torrent est aveugle, il engloutit d'abord et entraîne. Le torrent n'oublie rien sur son passage. Non, c'est juste qu'il ne peut s'arrêter...
Le jeune nain ne peut retenir le flot de paroles qui s'évade de sa fine bouche. La colère et la crainte l'ont rendu sourd et aveugle.
Il n'entend pas les répliques de sa cousine... Il continue, il ne voit rien. Il ne voit point son malaise, il ne voit point son visage. Il ne voit point l'innocence et la surprise en elle.
Il n'entend pas son histoire, il n'entend point ses question... La crainte et la recherche de la Vérité l'ont rendu sourd.
Être cupide en quête de sa part ? Petit espion de Cunégonde le Dragon ?
Il ne sait pourquoi elle se trouve ici, mais il y a une raison... Et c'est forcément en vue de lui nuire, c'est une attaque, un coup que l'on veut lui porter.
Alors il réplique, il se défend, il porte des coups !
Peu importe la raison qui l'a poussé à s'établir au Mans... Il compte bien la démasquer !
Alors il continue à parler, imperturbable. Elle peut bien dire ce qu'elle veut, son visage peut bien se décomposer, elle peut même s’effondrer sur le sol... Il n'entend rien, il ne voit rien.
Il n'entend rien, Il ne voit rien... Mais chaque mouvements, chaque traits changeant de son visage, chacun de ses mots vont se graver dans la mémoire du jeune nain.
Ils ressurgiront lorsque le torrent se sera calmé... Ils ressurgiront et assurément, il feront mal, très mal.
Et la mélopée s'arrête enfin sur cette dernière question à laquelle il n'attend pas vraiment de réponse puisqu'il en est déjà persuadé. Oui, c'est elle qui l'envoie. C'est le Dragon qui l'envoie veiller sur lui et le remettre sur le droit chemin. Il le sait, il n'attend pas un réponse : il veut un aveu ! Oui, il veut l'entendre de sa bouche ! Il veut qu'elle lui dise ! Il veut voir sur son visage qu'elle est démasquer et que le plan à foirer ! Il veut voir le mépris sur le visage de sa cousine, il veut voir la colère, il veut voir toutes les reproches !
Mais rien de tout cela...
La brume se dissipe alors et le jeune Grimoald recouvre la vue, il recouvre son cœur, il recouvre sa mémoire...


-"Jeanne..." murmura t-il soudain. Un murmure rauque, un murmure douloureux.

Et c'est alors une douleur vive qui vient lui compresser le crâne. Il ferme les yeux et ses deux petite mains viennent se poser sur ses tempes comme si la pression pouvait calmer le trouble en sa mémoire.
Les mots de sa cousine ressurgissent alors en un seul bloc. Ils tourbillonnent dans sa tête et lui grignote le cœur.
Sa voix, les traits de son visage, ses interrogations, sa déception... Rien ne trahissait un quelconque complot contre lui. Il n'y avait aucune offense, aucune hostilité.
Elle était au sol, c'était comme s'il avait sauvagement abattu de sang froid sa cousine... Et c'était douloureux.
Alors il se tenait le crâne et les larmes se mirent à couler sur le visage d'ange du jeune nain. Comment avait-il pu faire cela ? Comment en était-il arrivé là ?
Il avait changé, son cœur était blessé et salit... il le savait, il en souffrait.
Ce "je te préférais avant...", il l'avait touché en plein cœur. C'était comme un coup de poignard...
Il tomba alors à genoux, comme s'il était sur le point d'implorer le Ciel de lui pardonner et de lui rendre son cœur pur.
Mais c'est sa cousine à terre qu'il implorait...
Le corps du jeune était recouvert de plaies profondes et le duel du matin avait réveille sa douleur. Mais il oublia ses plaies et la douleur physique. Il souffrait d'avoir attaquer sauvagement et injustement sa cousine bien-aimée...


-"Pardonnes-moi... Je t'en prie... Pardonnes-moi..." .. Il l'a suppliait, la voix emplie de sanglots

Il était à genoux, replié contre elle. Il avait prit ses mains et les recouvraient, il baisait les mains de sa cousine en sanglotant, tête baissée.
Il l'avait pensée si animée de mauvaise intention et si forte... Et elle se trouvait là, atteinte en plein cœur, couchée sur l'herbe mouillée.
Elle ne savait pas... Non, elle ne savait pas...
Alors, recroquevillé sur les mains de sa cousine qu'il recouvrait de ses propres petites mains, il lui raconta...


-"Maman nous a quitté cet automne... Elle était très malade.. Et je..." .. il s'arrêta et baisa à nouveau les mains de sa cousine en les inondant de ses larmes..
"Je t'en prie... Pardonnes-moi... Je t'en prie... Jeanne..."
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Quelfalas
Ses yeux s'ouvrirent. Elle était désorientée. Un bois, tout prêt. L'odeur de la rosé matinal. Elle reprit ses esprits. Doucement. Elle entendait une voix au loin. Elle vit Grimoald.
Mais que s'était-il passé? Une perte de mémoire. Cela faisait longtemps qu'elle n'en avait plus eu. Rien d'important cette fois ci. Elle se souvint en une fois qu'elle était avec son cousin, entrain de parler. Ou plutôt entrain de se faire assener de coups. Rien de physique. Tout lui avait été droit au cœur. Elle n'avait pas supporté. Elle sentait ses mains prises dans celles de son cousin. Elles étaient mouillées par les larmes de Grimoald.

Les voix se firent plus claires. Plus nettes. Plus proches.


"Pardonnes-moi... Je t'en prie... Pardonnes-moi..."

Pardonnez ? Elle ne voyait pas refuser. C'était inné. Deux routes qui se séparent ont parfois du mal à se retrouver. Il le fallait.

Tu....Tu sais très bien que tu es déjà pardonné.


Elena, Morte. En voilà un autre choc auquel elle ne s'attendait pas. Mais c'était passé. Elle avait certainement rejoints le très haut.

Elle retrouva une respiration sereine. Elle allait mieux. Le Seigneur la rassurait.

Elle ne savait pas comment réagir. Elle s'assit sur l'herbe fraiche. Le soleil la réchauffait. Elle devait lui dire quelques choses. Il fallait qu'ils se retrouvent. Ils étaient à la même hauteur. Il lui tenait les mains. Cela faisait longtemps qu'on ne l'avait plus tenu comme ça.

Elle chercha longuement des mots. Que lui dire. Elle lui dit quelque chose de simple, d'approprier, de politiquement correct. Cela restait froid. Un froid qui n'aurait du pas être là. Qu'il fallait briser.


Calme-toi, et retrouvons nous. Commence par sécher tes larmes.

Elle voulait le prendre dans ses bras. Lui dirent que rien n'avait changé. Mais comment ? Rien n'était plus pareil.C'était faux. Ils avaient vécus. Elle en Hollande, puis sur les routes. Et lui ? Elle n'en savait rien. Elle n'avait plus eu de nouvelles depuis fort longtemps. Depuis trop longtemps.


Et prends-moi dans tes bras ! Comme il y a longtemps, quand nous étions cousin et cousine!

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Quelfalas, Cultivatrice de blé.
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Grimoald
Il pleurait sur ses mains qu'il baisait comme pour les réchauffer de son souffle. Il pleurait à chaude larmes parce que qu'il recouvrait la raison et qu'il avait été vil. Il pleurait parce qu'il s'en voulait... Il pleurait parce qu'il savait que ce n'était point lui, mais ce qu'ils avaient fait de lui.
Il baisait ses douces mains en implorant son pardon lorsqu'elle se réveilla enfin.
Et son pardon, elle le lui accorda. Il ne s'y attendait point le jeune nain. Lui qui n'oubliait dorénavant rien et qui ne se tenait encore debout que pour ce désir fou : ce désir, ce besoin, de vengeance.
Mais elle, elle lui pardonnait... Elle lui pardonnait et ses larmes redoublèrent d'intensité.
Elle aussi était différente, il le sentait. Ils avaient tous deux vécus et la gêne, l'appréhension de cette rencontre était palpable.
Elle se faisait cependant plus sereine tandis que le jeune Grimoald sanglotait toujours sur les mains de sa cousine, tête baissée n'osant point la regarder dans les yeux.
Elle était maintenant assise dans l'herbe mouillé. Les rayons du soleil éclairait ces étonnante et émouvante retrouvailles.
Elle lui dit alors de se calmer, elle lui de de sécher ses larmes...
Il renifla, tentant vainement de calmer ce torrent qui lui emplissait les yeux.
Elle lui dit alors de la prendre dans ses bras... comme autrefois...
C'est cela qu'il aurait dû faire dès l'instant où il l'avait reconnue.
Timidement d'abord, il lâcha ses mains et releva la tête, regardant sa cousine le yeux emplis de larmes.
Puis il ouvrit ses bras et l'enveloppa. Froidement d'abord, comme s'il y était contraint.
Puis son corps se relâcha, son cœur se desserra...
Alors il l'a serra fort, plongeant sa tête d'ange contre sa nuque...
Alors il se sentit comme avant. C'était comme s'il avait retrouvé la vue et qu'il la recouvrait soudain.
Sa cousine, ce n'était pas tout à fait comme sa maman... mais quand même, c'était sa cousine...
Il ferma alors les yeux. Cela faisait si longtemps...


-"Je suis parti, moi aussi... Pas très longtemps après toi..."
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Quelfalas
Jeanne serrait son cousin dans ses bras. Elle dit tout bas:

Nous avons vécu. Tout les deux. Nous sommes devenus ce que nous sommes.

Par où commencer ? Fallait t’il quelle lui laisse la parole ? Il la serrait dans ses bras. Elle sentait qu’il se relâchait. Qu’il avait besoin de retrouver ce qu’il avait été. Il n’était plus le même. C’est certain. Elle posa sa main sur la tête blonde. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait plus vu pareil cheveux. Cela faisait du bien. Elle prit la parole. Sa voix avait retrouvé son assurance.

J’ai été en Hollande, comme tu le sais. J’y aie vécu quelques mois….

Par où commencer ? Par la fin peut-être. Ou par le début ? Il y avait tant à dire. Elle ferma les yeux. Elle remercia le très Haut de pouvoir vivre ce moment là. Et puis non. Il était le dernier arrivé au Mans. Elle lui laissait donc la chance de commencer. Il était partit après. Elle ne savait pas pourquoi. Elle avait moult question. Toute cette foultitude ce bousculait dans sa tête. Elle déversa un flot de paroles sans la moindre continuité. Un discours rapide. Peu approprié.

Que dis-je. Tu le sais déjà. Ça n’a pas d’importance. Raconte-moi qu’est ce qui me vaut de te croiser icelieu ? Nous avons cette chance de nous être retrouvé. Profitons-en ! Tu me dis être partit peu après moi ! Pourquoi donc ? J’ai eu du mal à suivre toutes les histoires de la famille à cause du peu de courrier qui passait par ici et qui arrivait en Hollande.

Et puis… Elle s’arrêta. Nette. Coupure. Elle reprit. Puis plus calmement. Même timidement. Elle s'était laissé emporté par la joie.

Excuse-moi. Je veux tellement savoir ce que tu as vécu que je te noie sous mon flot de parole.

Elle profita de la tête blonde qui était sur elle. La famille. Quoi de plus merveilleux. Elle était aux anges. Une larme de joie perlait sur son visage. Celle là, elle ne devait pas la cacher.
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Grimoald
Il fermait ses yeux, il était ailleurs. Il était autrefois, du temps où il était encore en Auvergne, du temps où il était le petit Lefebvre.
Il était blottit tout contre sa cousine si longtemps perdue de vue. Plus rien n'avait d'importance, même son corps ne le faisait plus souffrir. Oui, il était bien. Cela faisait si longtemps qu'il ne s'était point sentit ainsi.
Il avait vu, il avait vécu, il avait changé... Mais le jeune Lefebvre aux grands besoins d'affection était toujours là, au fond de lui. Il n'avait point disparu, il n'était point mort...
Alors il écoutait la voix douce et apaisante de sa cousine.
Oui, tous deux avaient vécus...
Ainsi, elle avait vécu quelques mois en Hollande comme il le savait... Et après ?
Elle voulait savoir ce qu'il faisait au Mans, elle voulait savoir ce qui l'avait amené jusqu'ici, elle voulait savoir pourquoi...
Il la serra alors un peu plus fort de ses bras, respira profondément son odeur familière. Sur sa joue, ses lèvres rencontrèrent une petit larme... Elle aussi venait de retrouver sa famille.
Il deserra son étreinte et bascula sur le côté, s'asseyant en tailleur sur l'herbe mouillée, jouant nerveusement avec le pommeau de sa canne... cette fichue canne.
Par moment, sa voix se faisait plus rauque. C'était comme si un voile sombre venait recouvrir ses paroles. Cela lui arrivait par moment... Cela lui arriva à cette heure : cette heure où il le savait, il faudrait parlé du passé...


-"Je me suis enfui le lendemain de mon anniversaire, le vingt-quatre, et... c'était il y a bientôt un an..."

Que devait-il raconter ? Devait-il tout lui raconter ? Dans les moindres détails ?
Peut-on tout raconter à sa cousine ? Que penserait-elle de lui ?
Qu'était-elle devenue, elle ?
Tout de même, il poursuivit...


-"Maman avait décidé qu'il était temps que je fasse ma pastorale. Elle ne pouvait pas me conduire à Thiers car elle avait à faire, et puis, cela ne devait être l'affaire que d'une semaine. Elle m'a fait conduire en ville où je devais suivre mes leçons. Je... Je ne voulais pas y aller... J'ai pleurer, et crier et... je n'ai point répondu à son baiser avant que le coche ne démarre... J'étais en colère et... C'est la dernière image que je lui ai donné..
Et puis le coche est parti et nous avons fait route jusqu'à la ville. Mais en ville, il y avait foule et le coche dû s'arrêter dans une allée bondée.
Je ne sais ce qu'il m'a prit mais... J'ai ouvert la porte et je me suis sauvé. J'ai couru et couru encore. La rue était bondée, le type ne pouvait point me suivre..."


Après un petit instant de silence pesant, il lâcha, presque dans un murmure : "Et aujourd'hui, je suis là..."
Comme si cela lui suffirait. Comme s'il ne s'était rien passé entre temps.
Et des choses, il s'en était nécessairement passée... il n'y avait qu'à l'observer, c'était une évidence.
Il répondit néanmoins à sa dernière question : pourquoi était-il parti ?


-"L'aventure... C'est pour cela que j'ai couru après avoir sauté du coche.
Si j'ai sauté... C'était seulement pour faire une mauvaise farce. Je ne pensais pas m'enfuir vraiment... Tu dois me croire... Je ne voulais pas... J'aimais maman, jamais je n'aurais pu envisager de lui faire une telle chose.
Mais... mes jambes me portaient ! Il y avait comme un vent très fort, un tempête, qui poussait toujours plus loin...
Jamais je n'aurais pu.. Je n'aurais point pu y songer. Tu dois me croire..."


Des péripéties, des mauvais coups, des raisons... Il y en avait bien d'autres.
Mais c'était à elle de parler maintenant. Et puis... devait-il tout lui raconter ?
Il venait tout juste de se retrouver. Ils procèderaient étapes par étapes. Mais bien des choses s'étaient passées depuis un an.
Que lui était-il donc arrivée, à elle ?


-"Tu as des nouvelles de notre tante ?"
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Quelfalas
Enfui. Voilà un mot qu’elle n’aimait pas. Il lui rappelait peut-être ce qu’elle avait fait. Fuir. La réalité. Sa famille.

Elle écouta son début d’aventure. L’acte qui avait initié tous ces changements.
"Et aujourd'hui, je suis là...", Il était là. Elle était là. Ils étaient là ensemble. Leur route s’était recroiser. Pour longtemps. Elle espérait. Elle le voyait avec sa canne. Elle devait expliquer une partit de ce qu'il était devenue. Un sujet, peut-être trop dur pour le moment.

Elle se mit à murmurer. puis à parler à voix plus audible.


Et aujourd’hui nous sommes là. Oui. C’est exactement ça. Ce qui s’est passé durant cette année n’est une histoire qu’entre chacun de nous. Je ne te demanderais pas de me la réciter comme tu récitais un poème. Même en famille, nous avons nos secrets. Ils peuvent être bons, ou mauvais.

Il reprenait. Une cause. Un effet. Un lien dans ce cas ci. Voilà ce qu’il se disait. De la culpabilité. Peut-être. Il se pensait responsable. Sommes-nous pour autant responsables des choix de Dieu ?
Et puis, il lui retourna ces questions. Par une seule. Des nouvelles de sa tante ? Non. Et elle était bien comme ça.



Non. Plus depuis que j’ai quittée la hollande. J’ai beaucoup bougé, pas d'adresse fixe pour échanger des courriers, j'ai exercé différents métiers, rencontré différentes personnes. Je ne pense pas dire que j’ai mal vécue. Je dirais que je me suis cherchée.


Elle était en paix avec elle même. Elle n'avait rien à cacher, ou presque. Son nom, elle en parlait peu. Elle préférait son surnom. Elle ne voulait expliquer la raison. C'était à elle.

De ville en ville, de campagne en village. De village en forêt, je suis devenue celle que je suis. La seule habitude que j'ai gardé, c'est mon amour pour Dieu. Il m'est arrivé de penser à vous, à toi. Je me demandais ce que tu devenais. Je ne savais pas que tu avais prit la route.


Sereine. C'était son état. Elle avait retrouver son cousin adoré. Elle avait compris qu'elle allait mieux.
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Quelfalas, Cultivatrice de blé.
Habitante du Mans
Diacre du Mans
Clergé du Mans
Grimoald
Le jeune Grimoald regardait le tapis herbe fraîche et mouillé qui s'étendait sous ses genoux.
Il avait répété à qui voulait bien l'entendre qu'il n'était point un Lefebvre, qu'il n'avait point de famille, qu'il était Grimoald... juste Grimoald.
Mais la famille est sacrée, et les liens qu'on y tisse y sont fort. La famille est quelque chose qui ne vous lâche jamais, et quand bien même les corps sont séparés, quand bien même certains de ces corps semble vouloir vous abandonner ou vous renier, les souvenirs restent et prennent leurs racines au plus profond de votre cœur : là où ni la torture, ni le fer, ni la flamme, ni les humiliations ne peuvent répandre leur venin.
Il était un Lefebvre, et elle aussi. Ils avaient grandi ensemble, avaient tissés des liens solides... Puis la vie les avaient séparé.
Mais il se retrouvaient enfin après une année riches en péripéties, en découvertes, en expériences...
Ils se retrouvaient et même s'ils n'étaient plus les mêmes qu'autrefois, les liens eux n'avaient point disparu dans le tourbillon de la vie. Les liens étaient restés au plus profond de leur deux cœurs...
Il écoutait son histoire sans mots dire. Elle aussi restait vague...
Mais elle avait raison, on peut garder quelques secrets, même en famille.
Ils s'étaient retrouvés, et c'était tout ce qui importait.
Mais lorsqu'elle cessa de parler, un lourd silence plana au-dessus des deux cousins. Mais le jeune nain, tête baissé et voix grave, prit la parole...


-"Notre tante raconte que c'est de ma faute si maman est morte. Mais le notaire, l'ami de grand-père qui venait parfois dîner, m'a écrit quelques temps après que le Dragon soit venu me voir en Touraine.
Maman était souffrante, mais elle n'en avait parlé à personne. Elle n'avait pas même voulu prévenir un médecin, il n'y avait que le curé du village qui était au courant...
Mais je n'ai rien vu... J'aurais dû le voir... Ce... C'était ma maman et... J'aurais dû voir qu'elle n'allait pas bien !"


Et les larmes reprirent leur droit.
Oui, il se sentait coupable...
Il pleurait à chaude larmes et vint à nouveau se blottir contre sa cousine. Il la serra fort dans ses bras, sa petite tête blonde enfouie entre son épaule et sa nuque.
Il lui murmura alors...


-"Tu m'as manqué... Je suis si content de te revoir enfin..."
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Quelfalas
Elle le serait dans ses bras. Il pleurait. On aurait dit une porte bloquer trop longtemps qui s'ouvre d'une fois, dans une facilité déconcertante. Ses larmes n'étaient que des larmes. Des larmes de culpabilité. Elle ne savait que faire. Voilà longtemps qu'elle n'avait eu son cousin avec elle. Ou quelqu'un a réconforter. Oui,elle connaissait des gens, mais rien de bien sérieux. Personne qu'il ne fallait réconforter. Aucune peine, aucun chagrin. Cela lui avait manqué. N'est ce pas dans les moments difficiles qu'on sait qui compte pour nous ? Pour elle, c'était le cas. Et son cousin, Oui, il comptait pour elle. Cela lui permis de trouver les mots, les phrases qu'il fallait dire.

Il y a des choses qu'on ne sait voir même si l'on regarde avec la plus grande insistance. L'amour rend aveugle, et ta mère, tu l'aimais, comme un fils aime sa mère. On ne peut comprendre pourquoi le Seigneur nous retire des être chers trop tôt.

Elle écoutait Grimoald. Il était meurtri, accabler de se doute que c'était sa faute si sa mère était morte. C'est comme cela que Jeanne sentait la chose.

C'était ta mère. Ce n'était pas à toi de veiller sur elle. Je pense qu'elle n'aurait pas voulu. Elle voulait que tout aille bien pour toi. Elle ne voulait pas t'inquieter.


Quelfalas disait cela, mais le pensait-elle vraiment? Elle ne savait si il disait la vérité. Mais c'était ce qu'y le réconforterait le plus.

Et puis, la conversation était passé du coq à l'âne. Le page du passé avait été tourné. Elle se rouvrirait certainement. Mais pas tout de suite. Ils étaient là, dans l'herbe. Le temps passait lentement. Le soleil n'avait pas encore eu le temps de monter bien haut dans le ciel. les froideurs matinales laissaient place à un soleil revigorant. On aurait dit que le Seigneur était là, en train de les bercer de son regard.


Tu m'as aussi manqué. Mais qu'un peu ! j'ai souvent pensé à toi. J'attendais ce jour avec impatience !Je me demandais ce que tu me dirais, ce qu'on ferait. Ou cela se passerait-il....

Elle était contente. Sourire au lèvre, jusqu'au oreilles.
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Quelfalas, Cultivatrice de blé.
Habitante du Mans
Diacre du Mans
Clergé du Mans
Grimoald
Peu importe ce qu'elle aurait put lui répondre. Rien ne pouvait ôter ce poids sur la conscience du jeune nain.
Des poids, il en avait bien d'autre. Mais celui-ci était particulièrement lourd à porter.
S'il n'avait point porter un coup mortel à sa propre mère, il n'avait rien fait pour la maintenir encore un peu auprès de lui. Pis encore ! Il s'était enfui, la laissant sans nouvelle, lui ôtant l'être le plus cher à ses yeux : son fils chéri et adulé, ce fils pour qui elle avait déployé tant de force pour le préserver du monde cruel et pourtant bien réel.
Mais il s'était enfui, plein de rêve, ignorant tout de ce monde, persuadé d'être un de ces héros intrépide des contes que sa douce mère lui lisait le soir pour qu'il s'endorme. Il rêvait de quête, de dragon à combattre, de princesse à libérer. Mais la réalité, celle dans laquelle il plongea en sautant du coche, était tout autre...


-"Je ne savais pas, Jeanne...

Parlait t-il encore de sa mère ? Peut-être.
Peut-être aussi parlait-il de la vie, de ce monde réel et désenchanté.
Sa phrase resta en suspend : il ne savait pas...
Il restait là, figé tout contre sa cousine, oubliant le temps, les oiseaux, le passé, les plaies qui se rouvrent et se referment, les brûlures les plus profondes qui peinent à cicatriser, les coups portés au cœur qui ne cessent de le faire saigner...


-"Bien des choses ont changé, Jeanne... Je ne puis redevenir celui que tu as connu. Je le suis encore, un peu moins, mais plus tout à fait.
Je ne puis rester un enfant... J'ai voulu le rester... Mais je ne le puis plus. Même si mon corps ne sera jamais celui d'un homme... Je dois le devenir..."


Pas facile de devenir un homme, lorsqu'au fond, on est encore un petit garçon...
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Quelfalas
-"Je ne savais pas, Jeanne...

En voilà une phrase qu'elle n'avait pas compris. SI simple, mais pourtant si compliqué. De quoi parlait-il. Il était perdu dans ses pensées. Toujours le poids de la culpabilité. Un poids lourd, qu'on se pose soit même sur les épaules.
Elle ne savait que lui dire. Elle voulait le réconforter. Mais comment ? Se croire coupable de la mort de sa mère est un fardeau. Une charrette qu'il faut tout les jours tirée. Il serait plus simple qu'il en passe un bout à quelqu'un. Qu'il se le retire. Mais non. Elle ne savait que faire. Elle l'avait perdue quand elle les avaient quitté. Il y a un an.


Redevenir celui qu'elle avait connu.C'est impossible. Rebrousser dans le chemin de sa vie. Il ne fallait pas qu'il le fasse. Il fallait qu'ils aillent de l'avant.

Je ne veux pas que tu redeviennes celui que j'ai connue. Enfin.... Si. Mais je sais que ce n'est point possible. Moi-même j'ai changé. Tu dois devenir un homme. Et tu en seras un. Un bon j'espère.

Ils étaient là. Elles se disaient qu'ils étaient chacun d'un coté d'un fleuve et ne savait comment se retrouver. Elle le désirait pourtant. De tout son cœur. Elle se remémorait des fragments de son passé. De ses moments qu'ils avaient vécu en famille.

Je ne peux te demander de me dire ce que tu as fait, vécu. C'est à toi.Tu le feras, un jour, si le cœur t'en dit. par contre, je peux te demander ce que tu feras. Comment envisages tu ton avenir. Le sais tu déjà seulement ? Ou ton présent.


Elle s’arrêta. Consciente que c'était des questions dures.

Ce sont des sujets qui importent plus que le passé. J'ai le désir ardent que tu ailles mieux. Tu as l'air meurtri, blessé, au plus profond de toi même. Je le sens, je l'entends. Je ne sais que faire.
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Quelfalas, Cultivatrice de blé.
Habitante du Mans
Diacre du Mans
Clergé du Mans
Grimoald
Est-ce que ses mots le rassurent ? Peut-être...
Ils le confortent en tous les cas. Certes, elle le préférait avant... Lui aussi se préférait avant. Mais on ne peut point savoir avant d'avoir vu... et lorsque l'on a vu, on ne peut plus revenir en arrière. On essaye, mais on ne le peut point tout à fait.
Tu dois devenir un homme... Voilà ce qu'il voulait, ce qu'il devait, être à présent.
Ce petit être enfermé dans un corps d'enfant ne pouvait plus se permettre de rester un enfant en son intérieur. Il devait être un homme... Un homme, ça ne souffre point, un homme c'est fort, un homme est plein de courage, un homme frappe fort et bien...
Elle semble avoir confiance en lui. Du moins, elle le lui dit... Un homme, il en sera un. Un bon espérait-elle... Il l'espérait aussi...
Elle lui posa ensuite ces questions... Oui, ne parlons point du passé : parlons du présent, parlons de l'avenir.
Mais que fait-il aujourd'hui ? Que fera t-il demain ?
Questions bien difficiles pour le jeune nain...


-"Je ne sais, Jeanne...

J'étais... j'ai été...
*long soupire, incapable de terminer ses phrases...* Victoire, tu sais, c'est elle qui m'a soigné lorsque j'étais à l'Hostel Dieu. Oh, bien sûr, elle n'était point seule... Mais après mon opération, lorsque je me suis reveillé dans ce lit, elle était là, auprès de moi...
C'est elle qui m'a gardé en vie... elle et le Seigneur...
Un jour, je te raconterai tout cela... Mais c'est encore trop tôt... Je te raconterai ma vie après ma fugue, je te raconterai ma vie en Touraine, je te raconterai cette nuit... je te raconterai ma mort, je te raconterai l'Hostel Dieu et ma vie depuis...
*Les yeux du jeune Grimoald furent alors envahit par les larmes... De ces larmes qui brouille la vue mais qui ne perlent point... Il reprit la voix plus terne...* Il est temps pour moi d'apprendre et de grandir. Il est temps pour moi de voir... Voilà ce que je fais, et ce que je compte faire : apprendre...
J'ai rejoins Victoire, je ne sais où cela me mènera... Peu importe.


Puis les dernières paroles de sa cousine affluèrent dans son esprit...
Oui, il était meurtris, blessé, au corps et au cœur...
Il l'entoura alors de ses deux petits bras et dans un murmure :
-"Tu ne peux rien faire, Jeanne..."

Les larmes se mirent à couler alors et le jeune nain desserra son étreinte.
Il aurait voulu rester encore tout contre sa cousine, tout contre son sang, cet être qui l'avait connu avant... avant cette Nuit, avant la Touraine, avant sa fugue il y a de cela un an...
Mais une petite tâche brunâtre grandissait sur la cape de laine grisâtre au dessus de son petit torse. Une de ses nombreuses plaies s'était rouverte et mise à saigner...
Du temps... c'est ce qu'il lui fallait pour guérir de ses blessures.
Du temps... c'est ce qu'il lui faudrait pour devenir un homme, et un homme bon.

-"Excuses-moi, Jeanne... Je... Je dois montrer cela à Victoire."

Il se redressa sur ses petites jambes, s'appuyant sur sa canne.
Avant de tourner le dos à sa cousine et de se mettre en marche jusqu'à la ville, il adressa un petit sourire rassurant à sa cousine.


-"Ne t'en fais pas... Je ne suis que ce n'est rien. Nous nous verrons en taverne, et je viendrai à l'office, sois-en certaine !"

Puis il se mit en marche, et quitta ce petit coin de verdures éclairer par la pâle lueur d'un soleil d'avril...
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