Actarius
Des Rois du passé au porte-parole actuel du Conseil Comtal, il y avait un univers de différences. Rien de commun entre le "roi trouvé" et le Mendois, qui peinait à se frayer un chemin dans les méandres de sa vie tourmentée, si ce n'était peut-être ce brin d'enthousiasme qui avait mené le premier à s'écrier "Qui m'aime me suive !*" avant de partir en campagne en Flandres et le second à proposer à quelques compagnons de sillonner à ses côtés les routes accidentées du Languedoc; si ce n'était peut-être qu'en écho à la sentence du Valois, le Vicomte serait, qui sait, bientôt suivi par une personne qui l'aimait. Un amour terrible et douloureux, un amour de toutes les contradictions, de toutes les querelles, mais un amour quand même, partagé de surcroît.
Le Phénix pensait-il vraiment à Philippe VI, perché qu'il était sur son cheval ? Certes non, il pensait à cette voiture qu'il imaginait se dessiner dans l'angle d'une rue menant à la place Arganossius de Mende. Viendrait-elle ? Viendrait-elle après leur dernière confrontation, exaltation sublime de leur profonde contradiction, de l'insondable impossibilité de leur union ? Son instinct l'affirmait. Au-delà de toutes les contingences, de toutes les contraignances, de toutes les douleurs, de tous les substantifs imaginables, il existait une réalité: ils avaient besoin l'un de l'autre. Elle lui infligerait sa garde d'Italiotes détestés, il lui répondrait par ses maladresses honnies. Elle lui opposerait son froid silence, il la brûlerait de ses yeux passionnés. Elle lui répliquerait sèchement, il lui sourirait. Ils s'agaceraient mutuellement, se chasseraient, se fuiraient, se détesteraient, se chamailleraient, mais elle serait là, il serait là. Ensemble malgré la convenante distance.
Puis, il y aurait la Flamboyante, touchante vassale, appréciée du Mendois, le neveu peu connu. La mystérieuse et envoûtante Désirade, le fougueux Mordric au nom dissonant comme seuls savaient les façonnaient les dialectes rugueux du nord, de l'est ou de l'ouest, tous ceux finalement qui se dérobaient vilement à la merveilleuse mélodie de l'oc. Un groupe qui grossirait par la suite, rejoint par l'héritier normand et son suivant. Un groupe hétéroclite, improbable. Un porte-parole pour les trouver, un porte-parole pour les amener tous et dans le Languedoc les lier*.
L'équation aux multiples inconnues était posée et sur cette place où le départ serait donné le Magnifique attendait. Cavalier encore solitaire, il souriait à la légère brise printanière qui s'était levée et qui les accompagnerait à travers la haute-vallée du Lot, déjà verdoyante de vie. Dans la région de la Garde, plus ouverte, elle s'estomperait, puis renaîtrait après Villefort, d'un souffle plus chaleureux car issue du sud, berçant leur trajet sur l'antique voie Regordane qui les mènerait à Alais, la prochaine étape de leur périple. Mais la route à engloutir était longue encore et en cet instant-là, il n'y avait que cet homme à la quarantaine bien trempée, à la silhouette robuste, guerrière, à l'allure rendue presque farouche par ce regard sauvage, par cette taille diabolique de son collier de barbe, son cheval et cette place mendoise...
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Le Phénix pensait-il vraiment à Philippe VI, perché qu'il était sur son cheval ? Certes non, il pensait à cette voiture qu'il imaginait se dessiner dans l'angle d'une rue menant à la place Arganossius de Mende. Viendrait-elle ? Viendrait-elle après leur dernière confrontation, exaltation sublime de leur profonde contradiction, de l'insondable impossibilité de leur union ? Son instinct l'affirmait. Au-delà de toutes les contingences, de toutes les contraignances, de toutes les douleurs, de tous les substantifs imaginables, il existait une réalité: ils avaient besoin l'un de l'autre. Elle lui infligerait sa garde d'Italiotes détestés, il lui répondrait par ses maladresses honnies. Elle lui opposerait son froid silence, il la brûlerait de ses yeux passionnés. Elle lui répliquerait sèchement, il lui sourirait. Ils s'agaceraient mutuellement, se chasseraient, se fuiraient, se détesteraient, se chamailleraient, mais elle serait là, il serait là. Ensemble malgré la convenante distance.
Puis, il y aurait la Flamboyante, touchante vassale, appréciée du Mendois, le neveu peu connu. La mystérieuse et envoûtante Désirade, le fougueux Mordric au nom dissonant comme seuls savaient les façonnaient les dialectes rugueux du nord, de l'est ou de l'ouest, tous ceux finalement qui se dérobaient vilement à la merveilleuse mélodie de l'oc. Un groupe qui grossirait par la suite, rejoint par l'héritier normand et son suivant. Un groupe hétéroclite, improbable. Un porte-parole pour les trouver, un porte-parole pour les amener tous et dans le Languedoc les lier*.
L'équation aux multiples inconnues était posée et sur cette place où le départ serait donné le Magnifique attendait. Cavalier encore solitaire, il souriait à la légère brise printanière qui s'était levée et qui les accompagnerait à travers la haute-vallée du Lot, déjà verdoyante de vie. Dans la région de la Garde, plus ouverte, elle s'estomperait, puis renaîtrait après Villefort, d'un souffle plus chaleureux car issue du sud, berçant leur trajet sur l'antique voie Regordane qui les mènerait à Alais, la prochaine étape de leur périple. Mais la route à engloutir était longue encore et en cet instant-là, il n'y avait que cet homme à la quarantaine bien trempée, à la silhouette robuste, guerrière, à l'allure rendue presque farouche par ce regard sauvage, par cette taille diabolique de son collier de barbe, son cheval et cette place mendoise...
*phrase attribuée à Philippe VI
*libre adaptation d'un passage du fameux JRR Tolkien
*libre adaptation d'un passage du fameux JRR Tolkien
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