Sayurii
Un nouveau jour s'offrait à la jeune Sayuri qui venait d'ouvrir les yeux en quelques battements de cils... assoupie la veille dans un champ de coton elle peina à se débarrasser de toutes les fleurs qui s'étaient prisent aussi bien dans ses longs cheveux argents que dans ses haillons. Quelques timides rayons perçaient à travers d'épais nuages qui semblaient s'éloigner chassés par le vent.
Après quelques étirements et s'être frotté les yeux à deux reprises la jeune femme repris sa marche et découvrir cette ville dont elle ne connaissait pas encore tous les recoins. Sa marche ne fut pas longue et ses pas la menèrent à un petit cours d'eau où elle pu se débarbouiller. L'index plongé dans l'eau glacée elle s'amusait à déformer son double immergé et la faisait disparaitre en quelques mouvements circulaires. Le noir de ses joues n'était plus et la peau porcelaine avait retrouvé sa pâleur habituelle.
L'oeil toujours hagard cherchait le détail qui dans ce décor attirerait son attention... un oiseau curieux qui viendrait se poser à ses côtés... ou bien une fleur qui perdue dans un courant d'air trop violent viendrait mourir emportée par le courant du petit ruisseau.
Rien... ou presque ne la fit partir dans ses rêveries quotidiennes, elle vînt ramener ses cheveux en un grossier chignon qui laissait s'échapper des mèches rebelles ici et là vagabondant sur ses épaules. Et elle partit le pas léger les bras balançant au même rythme que les haillons ondulaient sur ses jambes le tout harmonieux lui donnait une grâce naturelle.
La jeune femme revînt rapidement en ville, elle errait de rues en rues n'ayant pas de réelle destination... et c'est là que sa curiosité la mena... au bout de cette impasse un peu plus calme et derrière ce portail de bois sombre. Elle avança timidement vers le lieu qui vînt piquer à vif sa curiosité. Elle eut l'impression qu'elle allait pénétrer dans un lieu interdit... où les regards indiscrets étaient châtiés et c'est ce goût de l'interdit qui la guida.
Ses pas se faisaient plus lent à mesure qu'elle s'approchait du portail, son coeur lui s'emballait un peu plus et ses iris noires tentaient désespérément d'en voir un peu plus que le magnifique jardin.
Sayuri s'arrêta devant les pois sucrés... des fleurs comme celles ci elle n'en avait jamais vu avant et elle les trouvait particulièrement belles... Alors elle approcha la main venant déposer son index sur la fleur rose. Plusieurs minutes s'écoulèrent et la jeune femme ne s'était pas aperçue qu'il y avait quelqu'un dans le jardin.
Sayurii
Le bruit du portail la fit sursauter... ses doigts quittèrent la fleur dans la seconde. Les grands yeux noirs se posèrent sur la femme. La jeune Sayuri n'avait jamais vu une aussi belle femme... elle avait vu des nobles, des paysannes mais cette fois ci c'était différent. Elle se mit à la détailler des pieds à la tête s'arrêtant sur le moindre détail allant du motif à fleurs de lotus blanches qui contrastait sur l'owase pourpre aux artifices employés au maquillage de la femme. Elle n'aurait su lui donner d'age, la poudre de riz lissant le grain de sa peau la faisait paraitre encore jeune. Ce sont ses cheveux blancs qui la trahissaient.
La bouche à demie ouverte les lèvres purpurines hésitantes entre un sourire ou la sortie d'un quelconque son, l'état dans lequel la femme l'avait plongé tenait plus de l'intimidation que de la surprise. Ses joues s'étaient déjà colorées de rose.
Elle la regarda s'attacher les cheveux d'un geste si habile que la jeune femme en vînt à se toucher les cheveux machinalement. Tentant de lutter contre son mutisme elle réussit à sortir quelques mots d'une voix hésitante et presque inaudible.
Quel est ce lieu ?
Oui, elle ne savait pas vraiment où elle était... jusqu'ici elle s'était laissé porter au gré des flots au bon vouloir d'un capitaine, elle n'avait pas de réel but dans la vie si ce n'est échapper à cette vie de travail acharné de fille née d'une mauvaise naissance. Mais elle avait prit goût à cette vie d'errance... voyager et étancher cette curiosité qui sommeillait en elle, s'enrichir de l'apprentissage des rencontres qu'elle effectuait... et elle le savait, la rencontre avec cette femme lui apporterait beaucoup.
Elle luta pour ne pas montrer la bâtisse érigée au fond du jardin, on le lui avait apprit... cela était mal alors l'index resta pointé contre ses haillons, ce sont ses iris noires qui fixaient la dite maison. Que faisait-on ici... qui vivait ici...? Beaucoup de questions se bousculaient et le flot de parole désorganisé la fit bredouiller.
Votre jardin est vraiment très beau...
Cherchant à en voir plus elle se pencha légèrement sur le côté pour avoir la vue que lui offrait l'entrebâillement du portail.
Sayurii
Et elle entra... ses yeux se posaient sur tout ce qui bougeait, elle eut l'impression d'être transporté dans un autre monde, ici tout était beau... tout semblait simple... La jeune Sayuri s'arrêta sur le petit pont de bois qu'elles traversaient, agenouillée elle laissa passer sa tête entre les barreaux de la rambarde, avançant doucement sa main au dessus de l'eau, ne pouvant toucher son paisible reflet.
Je suis Sayuri... Et vous ? qui êtes vous ?
Ses lèvres purpurines vinrent se fendre d'un petit sourire avant que ses joues ne rosissent à nouveau. La jeune femme se releva gracieusement et vînt lisser ses haillons au niveau des genoux. Une mèche de cheveux s'était échappée et venait lui cacher un oeil mais ça ne gâchait rien à ce qu'elle voyait. Elle ne savait plus où donner de la tête.
Où sommes nous ici ? Quel est ce lieu ?
La jeune Sayuri n'avait pas oublié ses questions et même si la femme avait semblé les éluder elle voulait une réponse. Quelques minutes après avoir traversé le point deux femmes vînt à leur rencontre... des beauté à vous couper le souffle, L'une semblait plus âgée et arborait une tenue différente... bien que la différence fut mince ce détail attira l'oeil expert de la jeune fille.
Elles passèrent toutes deux à petits pas laissant s'échapper de petits rires lorsqu'elles passèrent près de Sayuri. Se moquaient-elles ? Les suivant du regard la jeune fille se tourna pour les suivre affichant une petite moue, des sourcils légèrement froncés et un regard qui réprimandait quiconque l'aurait croisé. Puis ses traits se lissèrent à nouveau laissant un visage porcelaine sans expression à l'okâsan.
Qui sont ces filles? et pourquoi...
La jeune femme se pencha pour employer un ton se prêtant plus à la confidence, ses joues rosirent fortement. Elle, elle ignorait tout de ces pratiques, ces coutumes... d'où elle venait les seules femmes qu'elle avait croisé étaient des paysannes travaillant au rizières. Des Femmes de beauté simple sans artifices qui n'étaient pas forcément gracieuse et ne portaient surtout pas de tels vêtements.
Pourquoi ont-elle de tels artifices sur leur visage...?
La petite curieuse en avait des questions, et il y avait de quoi. Ca n'était pas tous les jours que vous entriez dans un rêve éveillé !
Elles entrèrent toutes deux dans la maison, Sayuri, les pieds nus, un peu honteuse de pénétrer dans une telle demeure ainsi regardait ses pieds n'osant plus affronter le regard de la femme.
Nailla
Nailla qui se promenait seule dans les ruelles arriva devant une grande et jolie maison. Elle reconnu tout de suite ce genre de maison, de part les contes de sa grand mère. Elle rélfèchit quelques minutes, puis pris une grande inspiration et entra dans la maison. Le calme et la beauté reignaient en maitres dans ces lieux. Nailla se dit qu'elle prenait la bonne décision en voulant apprendre à être geisha, car leurs valeurs, étaient aussi les siennes.
Elle avait déjà longuement réflèchie chez elle. Mais sa décision était prise, elle voulait tout faire pour être digne de ce titre.
Avant de partir elle s'était joliment préparée, avec une kimono rose comme les fleurs de cerisier. Elle s'était mis de la poudre de riz sur son visage pour avoir le teint blanc et avait peint sa bouche en un rouge doux. Ses cheveux étaient relevé en un chignon simple mais joliment parer grace à des petites fleurs.
Elle attendit de voir quelqu'un arriver, les yeux baisser.
--Makiro
La petite Makiro avait l'oeil à tout un papillon qui était venu un peu trop près d'une fleur s'était vu capturé sans ménagement, elle n'avait pas encore la délicatesse de ses grandes soeurs. Elle était même plutôt distraite et indiscipliné, c'était toujours elle que l'ont cherchait lorsqu'une petite avait déserté le cours de chant ou de danse. Cette petite canaille passait son temps à jouer des tours à ses aînées glissant quelques grenouilles dans leurs plus belles toilettes ou subtilisant la poudre de riz la remplaçant par de la farine laissant s'échapper quelques cris de terreur de l'okiya.
Une fois n'était pas coutume elle se promenait dans le joli jardin cherchant quel tour elle pourrait bien inventer cette fois. Du haut de ses dix ans la petite était très mince et plutôt grande pour son âge, ses cheveux ébènes qui n'étaient pas très long étaient à la merci des vents, habituellement attachés par une jolie broche dorée dont quelques brelots venaient s'entrechoquer sonnant un joli petit cliquetis, elle avait décidé qu'aujourd'hui ils seraient libres comme l'air. Elle portait un kimono d'un rose éclatant qui n'était pas sans rappeler la couleur des pois sucrés ornant le portail de la demeure, un petit obi jaune venait marquer sa fine taille.
Son passe temps de la journée elle l'avait trouvé : elle était friande des passages dans la rue, même si peu de gens s'aventuraient dans l'impasse, elle savait qu'elle ne serait pas déçue. Alors elle était grimpée sur le petit banc placé dans l'angle du jardin, sur la pointe des pieds... bras reposant sur le lourds portail de bois elle regardait de ses grands yeux noirs l'extérieur.
C'est alors qu'elle la vit, la jolie jeune fille avec un kimono presque similaire au sien. Makiro la regarda ainsi pendant quelques minutes sourire aux lèvres.
Hey ! Tu es drôlement jolie ! Je suis Makiro... j'habite ici ! Et toi tu viens d'où ? Tu fais quoi ici ?
Nailla
Nailla sursauta en entendant quelqu'un lui parler. Elle se retourna et vit une jolie petite fille qui lui souriait. Elle s'inclina en souriant.
Konnichi wa Makiro, et arigato, toi aussi tu es très jolie.
Je suis Nailla, je viens du Daimyo Otomo mais j'ai été élevée par ma grand mère dans une petite maison dans la foret.
Tu habites ici depuis toute petite?
Je suis venue pour complèter mon éducation et faire honneur a ma grand mère qui est partie il y a quelque mois. Elle m'a élevée dans le but de devenir geisha.
Amaterasu.
Ignorant ce qui se déroulait à l'entrée du lieu, Amaterasu marchait à présent devant Sayurii et fît une halte près du bassin. Les poissons Koi nageaient en silence aissait le soleil se reflétaient sur leurs écailles blanches et rouges.
Une brise légère vint alors titiller la tranquillité de l'eau l'obligeant à quelques ondes qui déformaient le reflet de la jeune femme.
Sayurii n'était pas forcement belle, mais elle était gracieuse et saurait certainement après quelques cours devenir raffinée.
C'est alors qu'elle entendit les bas reconnaissable entre tous d'une geisha en déplacement. Elle se retourna pour constater l'arrivée de Chisato.
Il est de coutume qu'une Geisha passe chaque jour salua l'Okasan et Chisako ne manquait jamais à cet usage quotidien.
Aussi elle se planta, raide comme un piquet face à la nouvelle Geisha. Il est vrai qu'elle avait travaillé dure pour en arriver là et Amaterasu était fière de ses filles.
S'adressant à la jeune fille toujours agenouillée au bord du bassin :
Relèves toi Sayurii, que je te présente à une de mes filles.