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[RP] A la recherche du mouton perdu

Mucius
Qu'allait il donc faire dans ces embûches ?
Après tout, il n'avait rien demandé à personne lui. Il se contentait à l'époque de passer sa formation de sergent, comme tout le monde. Il avait suivi des cours et répondu à des questions, comme tout le monde. Sa patronne avait apprécié son élève, suffisamment pour en parler à une amie, comme tout le monde. Ladite amie avait perdu une petite bête, comme tout le monde. Tout le monde aurait donc accroché de petits parchemins demandant le retour de l'animal égaré, accompagné d'un dessin approximatif, d'un texte déchirant, et d'une récompense alléchante. Tiens, c'était donc là que ça coinçait. Car visiblement, dame Ellya prieure du prieuré de Sainte Illinda du Rivet ne ressemblait pas à tout le monde. Elle préférait supplier l'aspirant sergent de l'aider, le mêler à une affaire bien trop compliquée pour un simple mouton, et enfin le précipiter dans un traquenard. Et ce juste avant de s'effondrer à genoux dans le dos de sa victime, les lèvres s'agitant à toute allure pour demander le secours de l'Auréolé !
Qu'allait il donc faire dans ces embûches ?

Possédant une grande maîtrise de soit, ou bien une capacité de réactivité proche de celle de la truite cyanurisé, Mucius n'avait pas tressailli ni couiné. Il ne pu s'empêcher en revanche de hausser un sourcil réprobateur devant le comportement de sa troupe. La génuflexion avait été depuis longtemps abandonné comme position de combat convenable, à moins de disposer d'une arbalète. Qui sait, cette robe de bure dissimulait peut-être des choses intéressantes. Non, pas ce genre de choses fit une petite voix dans sa tête, pense à autre chose Mucius ou je t'envoie une décharge.

Le sergent chef examina la situation. Encore une fois il pataugeait dans l'incertitude la plus crasse. Pas d'ouverture dans les murs. Donc aucun moyen de connaître la situation. Une voix, juvénile, il n'était pas seul pour avoir autant de courage. Malheureusement nombre, équipement, buts, autant d'éléments inconnus ! Mais d'abord, raviver le moral de ses troupes.


Suffit Adjointe-Soeur Ellya sermonna-t-il d'une voix paisible en la relevant d'une main sous le bras, ce comportement est indigne d'une paladin de Sainte Illinda ! Tenez ferme son gonfanon, et nul rustre ne saura jamais vous molester, car votre foi est un bouclier !!!! du coup vous passerez en première si on sort hein...


Puis, d'une voix rivalisant de consonance avec les meilleurs ménestrels, il répliqua.

La souris meurt et ne se rend pas !
Ellya
Ma foy est un bouclier, ma foy est un bouclier, ma foy est un bouclier, se répéta-t-elle comme l'on scande telle ou telle formule magique pour attirer mille maux chez le voisin d'à côté. Le souci principal étant souvent que la seule chose qu'on finissait par attirer était la Sainte Inquisition et qu'alors, on les subissait, nous, les mille maux.

Nul rustre ne me molestera, nul rustre ne m'aura, nul rat ne me rustrera, poursuivit-elle, agrippée au bras de celui qui était en train de causer leur perte. Elle osa s'imaginer qu'il allait leur creuser un petit tunnel, qu'ils allaient devoir ramper à s'en écorcher les genoux pour s'échapper au clair de lune; mais que valait une robe de bure contre le prix de la vie? Elle était prête à prendre cette option. Il ne la proposa pas.

Je vais passer en première si on sort, je vais... quoi?!
Et c'est alors qu'il s'adressa aux monstres qui les attendaient dehors, en meute sanguinaire probablement.

La souris meurt et ne se rend pas !

Aurait-elle su qu'avec ses mains elle pouvait frapper quelqu'un qu'elle l'aurait fait. Là, sur le derrière du crâne, à la base du cou.

Avez-vous perdu la raison en même temps que cette chemise a perdu sa couleur originelle?! Au diable le mouton, reconsidérons nos priorités. Détective Mucius, je vous engage pour sauver ma vie!

Tout cela avait été prononcé avec la voix du désespoir, le menton tremblant et les yeux apeurés. S'il refusait... Elle avait toujours SA solution de secours, celle qu'elle utilisait dès lors qu'elle voyageait seule sur les grands chemins: loin de se faire "brigander", elle "donnait" à ces pauvres malheureux tout ce qu'ils voulaient. Mais bon, elle aurait tout de même préféré éviter autant que possible de traiter avec ces bêtes-là.

Certains finiront riches à l'aube. A vous de voir si vous voulez que ce soit la petite souris ou les grands méchants loups.


Une telle promesse la conduisait tout droit vers le confessionnal. Et elle le savait pertinemment.
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Mucius
Bon, il avait parlé un peu vite, c'est vrai. Mucius connaissait pourtant son inclinaison aux grandes tirades mélodramatiques et surtout la capacité de son sang de s’échauffer bien trop vite. Il faudrait qu'il en parle à son barbier pour avoir une saignée, ça le calmerait sûrement. Après tout, le crieur à l'extérieur était sans aucun doute un innocent dératiseur. Et par simple courtoisie il avait prévenu les rats et autres rongeurs de décamper. Oui, c'était forcément cela, le propriétaire de la cabane en avait assez de voir ses piques niques tomber à l'eau à cause de ces parasites et il avait engagé un jeune freluquet pour les chasser.

Par tous les Dupondts, faites que ça soit ça ! Car si l'égo démesuré du rouquin le conduisait parfois à se poser en sauveteur patenté, la réalité en était toute autre. La science du combat lui échappait totalement, et hormis une expérience malheureuse de joute où le mannequin l'avait mis à terre, jamais il n'avait manié une véritable arme. Son combat contre le Crime, il le menait avec une plume, comme tous les gens civilisés. Et voila qu'à force de fanfaronnades et d'élans tragiques, il se retrouvait avec une religieuse doublée d'une critique de mode pendue au bras. Il n'osait songer à ce qu'en dirait son père.

Toutefois, si elle même le suppliait d'abandonner le combat, il y avait moyen de s'en tirer avec à la fois son intégrité physique et sa fierté. Mucius n'avait jamais été très partisan des causes ovines perdues d'avance. Et visiblement la jeune femme se pelotonnant contre lui non plus. Il commençait à songer à son plan de retraite, ou plutôt comme il aimait à le dire à "des manoeuvres de repli en bon ordre vers des positions prévues à l'avance" quand un mot tinta à ses oreilles. Riches ? Il s'agissait de jouer finement pour arracher la promesse d'une récompense non prévue initialement.


La richesse spirituelle ne m'intéresse pas adjointe-soeurette ! Non, mieux vaut que nous nous jetions dans un corps à corps sans merci ni aucune formule de politesse. Préparez vous, nous allons rosser ou être rossé ! Et priez votre sainte qu'ils se contentent de vous rosser ces bougres !

Puis, à l'intention de l'extérieur:

C'est bien la prieure que vous cherchez ? Je vous l'envoie tout de suite !

Si avec tout ça elle ne craquait pas, il se jura de porter la tonsure
--Camusin
~ Pour ne pas choquer d'éventuels lecteurs, nous ne mettrons pas à leur disposition de gravure censée représenter peu ou prou le malingre Camusin. L'imagination demeurant meilleur pinceau et bien plus fidèle peinture ~

- J't'avions ben dit qu'on aurait p'u vit' fait d'roussir la caban' pou' les voi' détaler, les sou'is. J't'avions ben dit.

Mais j'avions beau dire, jamais qu'il m'écoutait, Eus'. Parait-y qu'chui pas assez fin connaisseur en tissu et en latin, et qu'ça fait d'moi un coupaing classe 2. J'savons pas ben c'que c'est qu'la classe 2 mais on peut ben lui faire confiance là-d'ssus. Pour sûr, l'en sait des choses, Eus'. L'a eu une é-du-ca-tion, comme y dit. Moi, j'jamais eu qu'des é-du-lco-ra-tions quand j'étions ptiot. " 'Va creuver avant d'main, cui-là", qu'elle répétait, mèr', tou' les jou'. Puis j'avions toujou' pas mourons qu'el' m'jeta dehors.

Puis y'a eu Eus'. 'S'est ben marré d'mes pustul' au dépa' pis y'a arrêté.
J'soyons son coupaing.
Classe 2 même que!

Pis l'lallait nous rend' riche, qu'y venait de dire. Ecus, Ecus! 'Vec ça, j'allions enfin pouvoi' m'la payer, la rouquine du bo'del, Maude. Rien qu'j'en pensons qu'ça rend toute chose.


- C'est bien la prieure que vous cherchez ? Je vous l'envoie tout de suite !

J'ravalons l'glaire qu'j'allions cracher. J'va montrer à Eus', moi, qu'savons y faire aussi en négaco...négontia...Bref.

- Ouais! Et va-t-y pas nous pond' une embouche!
Ellya
Elle craqua.
Évidemment.

Au début, elle se contenta de le regarder pour déceler quelque trace de mensonge, bouche ouverte, le cœur palpitant au ralenti. Comment, par tous les saints qu'elle priait, allait-elle pouvoir se sortir de cette situation plus que périlleuse. Les résultats qui découleraient d'une embrassade à bras ouvert entre les brigands et eux étaient mauvais à tous points de vue:
1. Si son héros -qui ne l'était plus trop trop sur l'heure- mourait pour qu'elle puisse en réchapper, elle s'en voudrait terriblement.
2. Si son héros -Ibid- finissait roué de coups et son corps chétif à elle profané...:
    2.1. Elle s'en voudrait pour le rouquin
    2.2 Elle pouvait dire adieu à l'infime parcelle d'honneur qu'il lui restait en matière de vertu toute féminine. Les conséquences d'un tel outrage étant multiples: répudiation de la part de l'époux, étranglement en pleine nuit de son enfançon sous couvert de doute concernant sa paternité, exil à vie ou pire.

3. Si on se contentait de les voler et de les laisser attacher, côte à côte, en pleine nature et qu'on les retrouvait le lendemain et bien... Cf 2.2.

Non, décidément, elle ne pouvait se permettre ni de mourir, ni d'être vue en compagnie d'un homme autre que son confesseur ou son époux. Finalement, la solution 1 était convenable. Et les mots que le futur sergent adressa aux brigands suffit à lui remettre les idées en place. Quoique pas forcément à la bonne.

Car elle craqua.


200 écus -hors taxe, cela va de soi- et vous faîtes ce que je vous demande sans protester.

Elle n'attendit pas de réponse. Cette somme était plus qu'alléchante, surtout en ces temps difficiles!

Tournez-vous, face à la porte.

Quand ce fut chose faite, elle murmura, d'une voix de pucelle effarouchée: Je n'ai jamais fait cela alors... Mhm... Montrez-vous bon.

Demeurèrent comme seuls bruits les crépitements du feu et un "Fffiouch" de tissu qui tombe au sol. Puis un autre suivis de gestes indescriptibles aux sons étouffés. Enfin, elle tapota sur l'épaule du sergent.

Ne vous retournez pas. Tenez. Enfilez-les.

D'un geste empli de pudeur, elle lui tendit les quelques vêtements qu'elle portait auparavant: sa cape grise, sa bure violette et ses poulaines assorties. Autant dire qu'il ne restait plus pour la draper que ses bas et le pourpoint boueux du bordelais dans lequel elle s'était emmitouflée tant bien que mal.

Ne trainez pas. Ils m'attendent. Enfin vous attendent.

Et d'un geste de la main, elle le poussa gentiment vers la porte.

Elle avait craqué.

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Mucius
Le mot "changeante" était un véritable euphémisme pour définir la personnalité de Mucius. Comme disait l'autre, "il a un de ces bordels dans les boyaux d'la tête !". Sans aucun point de repère fixe autre que la rouquinitude, il pouvait passer par tous les spectres possibles de comportement. Sans doute sa brave mère l'avait laissé tomber trop souvent par terre lors de sa prime jeunesse. Toujours est il qu'il pouvait entrer dans une taverne avec la ferme intention de s'enivrer sec, arriver à son tabouret en rêvant de la fermeture de tous ces débits de boissons offensant le regard du Seigneur, soudainement se jeter aux pieds d'une serveuse et lui déclarer sa flamme, revenir des lieux d'aisance en inflexible protecteur du déshérité, s'assoir au comptoir et planifier le vol de la caisse pour finir par être le Maître du Monde et celui qui urine le plus loin après quelques chopines.

Le seul choix de devenir sergent avait demandé des semaines de conciliabules avec lui même. La conclusion avait dû satisfaire toutes les parties: oui il protégerait les faibles, mais rirait à leurs dépends, accepterait les pot-de-vin, se sacrifierait sans hésiter pour une citoyen à condition seulement que ce soit une jolie femme...et il mangerait des brioches rondes par paquet de douze, mais ça c'est le métier qui le voulait.

Dans le cas présent, il oscillait entre toutes ses valeurs permises et imaginables. Car c'était un peu court pour lui, une seule personnalité. Il pouvait penser, oh bien des choses, en variant le ton par exemple:


200 écus
Cupide: Des soussous dans la popoche !-hors taxe, cela va de soi- Naïf: mais c'est mal de tricher avec les taxes non ? et vous faîtes ce que je vous demande sans protester. Idéaliste: Vous n'aurez jamais ma liberté de penser !
Tournez-vous, face à la porte. Libidineux: Oh oui sois brutale avec moi, les fers sont dans ma poche droite. Je n'ai jamais fait cela alors... Mhm... Montrez-vous bon Sage: On se calme petite, je suis trop vieux pour toutes ces bêtises. Ne vous retournez pas Curieux: qu'est ce qu'elle fabrique dans mon dos ?. Tenez. Enfilez-les. Falot: voui médème. Ne trainez pas Coquet: mais je ne suis même pas maquillé. Ils m'attendent. Enfin vous attendent Narcissique: Ne faisons pas attendre mon public.

Et puis la porte. Trouillard: maman !

Elle osa même le pousser à l'extérieur d'une bourrade un peu forte, prouvant que l'habit ne faisait pas la faible nonne et lui arrachant un "iiiik" de surprise. Il était donc face à plusieurs silhouettes portant torches et objets contendants non identifiés. Et Mucius, travesti en religieuse fugueuse, les pieds meurtris dans des poulaines bien trop petites pour eux, un entêtant parfum lui montant à la tête, s'adapta si vite à sa nouvelle "identité" qu'on eut jamais suspecté chez lui la présence de gonades externes. Il s'écria donc d'une voix de fausset


Pitié pour une faible servante de Sainte Illinda du Boulon ! Et pis si vous m'embêtez, j'ai mon chevalier servant juste derrière cette porte et pis y'vous pétera la face !
Ellya
T'as joué, t'as perdu. Ainsi aurait-on pu conclure ce court épisode de vie de la jeune Duranxie.

- Je suis enfermée seule dans un cabanon en bois.
- Je ne peux pas sortir par la porte car les vilains et l'appât sont derrière.
- Il n'y a ni cheminée, ni fenêtre.
- Je suis pratiquement nue.

Vous avez trois heures pour trouver une solution, rédigée en deux parties, sans omettre introduction et conclusion.

Certaines solutions ne sont pas acceptables:
- Non, Ellya ne peut décemment pas creuser un trou à l'aide de ses doigts fragiles destinés à la seule prière.
- Non, Ellya ne sait pas lancer de signaux de fumée.
- Non, elle ne sait pas non plus imiter les voix d'homme et encore moins menacer d'un coup d'arbalète dans le derrière.

Et puis ce fut l'illumination. LA révélation. L'IDÉE ingénieuse de l'année 1460.


Oui... Si je fais cela... Jamais ils ne pourront arriver jusqu'à moi! Je serais sauvée! Et tant pis pour le roux. C'est malheureux mais on ne peut contourner la triste réalité: ils meurent toujours avant la fin.

Et avec l'air d'un génie, elle se saisit d'un bout de bois plus grand parmi tous ceux qui étaient entassés près de leur feu improvisé. Concentrée, elle le colla à ses frères, patientant jusqu'à ce que les flammes le mordent et ne le lâchent plus. Précautionneusement, elle vint le déposer près de la porte du cabanon, un sourire satisfait et soulagé au visage.

Ils ne pourront plus entrer!

La porte s'embrasa au son de ce vœu.
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Mucius
Snif snif

Même dans une situation dangereuse, notre héros ne pouvait s'empêcher de prêter attention à des détails insignifiant. Telle cette odeur familière flattant ses narines, mais qu'il ne parvenait pas à qualifier. Il l'avait sur le bout de la langue pourtant.

Oh non. Oh non.


Faites que ce ne soit pas ça. Lentement, il tourna la tête vers l'arrière. Des flammes recouvraient toute la porte à deux pas de lui et déjà flirtaient avec le toit. Il l'avait laissé seule avec un feu allumé. Cela relevait du surnaturel. Une partie d'elle semblait se complaire dans le feu démoniaque et ne souhaiter que destruction sous le sceau de la Bête. Pour résumer, Mucius avait vu mieux comme bonne soeur.

Aie aie !

La chaleur s'attaquait déjà au recto de sa personne, et plus précisément à un endroit où la chair était rose et tendre. Il s'écarta précipitamment, se jetant presque dans les bras des brigands. Heureusement, ceux ci étaient plongé dans la surprise la plus complète, et ne firent pas attention à elle. Enfin à lui, mais à elle pour eux. Et pour accréditer la thèse du elle, autant que pour se sauver plus vite, Mucius pinça la robe de bure à deux endroits entre deux doigts et la souleva sur ses chevilles.

Deux et deux.

Quatre. Ils n'étaient en tout et pour tout que quatre. Pas très dégourdis. Ils fixaient depuis tout à l'heure la progression du sinistre avec une concentration consternante. Mucius, lui, commençait presque à s'habituer. Cette fois ci au moins il n'était pas à l'intérieur. Il se glissa dans le dos des malandrins et observa le pré autour de lui. Où se cachait elle ? Il tenait à la féliciter pour sa diversion brillante, ainsi que sa sortie discrète. S'était elle cachée derrière sa large silhouette quand il était sorti ? Avait elle foré quelque passage dans la paroi ? A moins que...

Elle n'était pas encore dedans au moins ?
Ellya
« La mouche qui veut échapper au piège ne peut être plus en sûreté que sur le piège même », dixit Lichtenberg. Oui bah tu parles.

On ne peut pas vraiment mettre sur le compte d'une hypothétique stupidité le temps qu'elle mit à réaliser que son idée était de loin la plus catastrophique de la semaine.
Non, ce n'était vraiment pas une question d'intelligence. Sa naïveté était assurément la seule coupable. Ajouter à cela deux pincées de crainte (vous pouvez être généreux et en mettre une troisième à cause de l'époux), une dose d'embarras générée par sa tenue d'occasion, trois bolinettes d'ingéniosité incongrue et voilà le résultat.

La souris était en train de rôtir par sa faute seule.

La panique s'était emparée de la nonnette dès lors qu'elle sentit ses yeux vaporeux lui piquer. S'en suivit une quinte de toux impossible à apaiser. L'Éternel seul sait comment, elle réussit finalement à abattre la porte enflammée pour s'extirper de ce piège mortel.

Elle n'en menait pas large. Le pourpoint avait tout de la serpillère. Son visage délicat était couvert de suie. Et sa chevelure dorée qui lui descendait avant jusqu'au rein avait perdu moitié de sa longueur.

Incapable d'ouvrir suffisamment les yeux pour s'enfuir en courant ou considérer les brigands, elle se contenta, pliée en deux, de toussoter, encore et encore.

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Mucius
Que soeur Ellya de Sainte Illinda du Rivet soit bête l'étonnerait quand même un peu. Qu'elle ne soit pas bête l'étonnerait quand même beaucoup. Il semblerait que, contrairement à Mucius, elle ne pouvait s'empêcher d'agir spontanément, sur des coups de tête, sans aucune pensé à long terme. Tout le contraire de Mucius, sage, perspicace sergent de ville, promis à une belle carrière dans les rangs de la Prévôté grâce à des années de rapports routiniers et de clairets d'Aquitaine dégustés avec ses chefs. Il avait tout prévu, il planifiait à l'infini, rien n'était laissé au hasard. S'il ne dédaignait pas en théorie l'aventure, il lui fallait des semaines de préparation méticuleuse pour chaque aspect possible. Mais en ce cas, pourquoi diable se retrouvait il travesti en femme ? En plus on était même pas le samedi soir !

Cependant, ces petites questions existentielles comme "pourquoi du mauve Seigneur, pourquoi ?" devaient attendre. Un héros avait mieux à faire dans la situation présente. Qu'aurait fait Hercule dans sa situation ?

Il leur aurait éclaté le crâne à tous de ses deux mains. Puis il aurait été cueillir des pommes. Diantre, voila qui ne l'avançait pas beaucoup. Mucius n'était pas Hercule, il avait juste assez de modestie - et d'instinct de survie - pour le reconnaître. Peut-être était il Ulysse ? Cette robe de bure ferait son cheval de Troie ! Il décida aussitôt, et il ne lui fallut que deux battements et demi de coeur pour mener toutes ces réflexions, de poursuivre son rôle. Quand la porte s'abattit sur le sol en un torrent de feu et de fumée, il imita donc n'importe quelle femme.


Un démon !!! C'est un démon venu des enfers pour nous tuer tous !
hurla t'il d'une voix criarde depuis les bras du premier costaud venu où il s'était réfugié. Sauvez moiiiiii !

Il y eut un instant de flottement nettement perceptible chez les brutes, malheureusement brisé par la vision d'une sorte de ramoneur malingre crachant ses poumons. Pas la carrure du démon.


Oh. Tant pis, on fera sans.

Et il asséna son poing dans la face de son protecteur éphémére
--Camusin
J'avions jamais compris pou'quoi qu'les femmes ben elles prenaient l'voile. C'est p'utôt simp' en fait. La solution l'est dans le voil' même, mes bons m'sieurs! Si el' s'le foutent sur la têt', c'est ben pour qu'on la voit pas, la têt'!

Pis qui qu'aurait eu envie d's'la farcir, c'te poul-là? V'là qu'el' marchait t'en crabe pis qu'el' roulait d'ces oeils ! Et c'te voix à te briser les balloches!


- Pitié pour une faible servante de Sainte Illinda du Boulon ! Et pis si vous m'embêtez, j'ai mon chevalier servant juste derrière cette porte et pis y'vous pétera la face !

- 'Va rien nous péter du tout, femm'. V'la qu'ton servant va just' nous servir à grailler. S'rait-y pas en train d'rôtir? Huh huh huh

J'avions toujou' dit qu'j'étions drôle à s'en 'ouler par terr'.
Eus' devait pas en rev'nir. Y regarde l'cabanon sans mouch'ter. Et moi j'me ramassions la moch'té dans les bras.


- Un démon !!! C'est un démon venu des enfers pour nous tuer tous ! Sauvez moiiiiii !

J'aimions pas les démons. "Mang', prie, aim'" qu'elle répétait Mère, "si t'veux pas finir le cul cramé en Enfer".
Mais bon, c'tait just' le ch'valier en loques.


- Ta gueul', fe...

~ La suite, il n'aurait pas su la raconter: il se mordit en effet violemment la langue lors du coup. Bref, pataud, du sang dans les yeux à cause de son arcade défoncée, il brandit son poing avant de l'assener dans la tronche de l'agresseur.
Ou d'Eusèbe.
Mais bon. Il ne pouvait rien voir le pauvre! Hormis Pétrarque qui se carapatait en criant "Môôômaaaan". ~
Ellya
Elle toussait encore, la Prieure, les poumons en feu comme l'était le cabanon. D'une main, elle se frottait les yeux pour en essuyer la suie, de l'autre elle retenait tant bien que mal le bout de tissu cramé qui lui servait de bure, de cape, de chemise et de poulaines.
Tout à la fois.

Elle finit par relever la tête, assourdie par le bruit du bois qui craquait et chutait.
Devant elle se jouait un film muet, en noir et mauve. Papillonnant des yeux pour en améliorer la netteté sans perdre une miette de ce qui se passait, elle se rapprocha à pas timides, toujours courbée.
Elle vit la main du chevalier efféminé voler vers un des brigands.
Celle du brigand s'abattre sur un autre homme.
Que de violence...!


Que doit faire la souris, maintenant, détective Mucius?, couina-t-elle sans grand espoir d'être entendu.
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Mucius
Tu es un héros tu es un héros tu es un héros tu es un sanglier non un héros...L'enburé essayait de ne penser à rien d'autre. Faire le vide dans son esprit, voila ce qu'aurait sans doute pu lui apprendre un maître d'arme s'il en avait fréquenté un. Du moins le pensait il. L'effet de surprise avait fonctionné un temps, assez pour mettre hors d'état de nuire un des sauvages. Enfin presque. Il s'était à peine retourné vers les autres qu'un coup de poing surgi de nul part le cueillit à la nuque, l'envoyant valser à trois pas de là pour lui faire voir trente six tonnelles. Là, ils l'avaient énervé.

Les idées aussi floues que la vue, Mucius releva sa bure. A sa jambe droite, attachée par deux liens, un poignard. D'ordinaire il lui servait à ouvrir les huitres ou à se nourrir une fois enlevés les deux ou trois reliquats épidermiques. Il était temps de voir son effet sur les panses humaines. Jambes arquées, dos voûté, mains pointées vers les quatre gus restant.

Ah oui quatre quand même.

Oui, non, parce que quatre en fait, sur le parchemin on peut se les faire facilement, mais quand ils sont en face c'est une autre paire de braies. Ces quatre là avaient eu le temps de comprendre la situation, aussi dédaignèrent ils d'un commun accord d'ignorer la souris blonde aux cheveux de feu pour se déployer autour de Mucius. Lequel réévalua aussitôt son système de valeur. Après tout, si ils chopaient la noblette, sa vertu ne ferait pas long feu, mais elle s'en remettrait. Tandis que lui, s'il espérait sauver sa vertu dans tous les cas, il ne verrait plus jamais le soleil se lever sur les pavés maculés de vomis ou de sang de Bordeaux. Plus jamais il ne fonderait sur le criminel tel le rapace sur un lapereau s'étant trop écarté du terrier familial où maman lapin l'attendra inutilement durant de longues heures, un châle sur l'épaule, en pensant à tous les projets qu'elle nourrissait pour lui. En plus c'est bon le lapin.

Non. Cela ne pouvait être vrai. Sa tâche n'était pas terminée ici. Il avait des charges. Et ne disait on pas que de grandes responsabilités impliquaient un grand pouvoir ? En ce cas il devait être fort et puissant !

Malheureusement il était surtout distrait. Faisant preuve d'un manque de savoir vivre flagrant, un des jeunes idiot lui courut sus dans l'évident but d'interrompre ses pensées intérieures. Ou de l'estourbir. Armé d'une trique de bois, ses intentions étaient aussi claires qu'un vin anglois sans goût, ce qui relevait du pléonasme. Le cri rauque indiquait de plus son intention de ne pas s'arrêter. Cependant, élan et bêtise ne faisaient pas bon ménage. Quand il ne fut plus qu'à trois enjambées de Mucius, il aperçut enfin la lame dans la main de ce dernier. Emporté par son élan - suivez un peu - ses mains furent paralysés de terreur, son visage balourd refléta son incompréhension, et Mucius l'évita facilement. Avant de faire décrire un arc de cercle presqu'élégant à son arme afin de la planter entre la 8ème et la 9ème vertèbre thoracique, tranchant net la colonne.

Dommage. Dans l'agitation, le sergent oublia de retourner le coutel du bon côté et c'est le manche qui frappa le dos du forcené. Le jetant tout de même à terre. Gros George acheva d'être sonné grâce au concours d'une pierre bien opportune

L'effet fut plus important sur les autres compères. L'un d'entre eux, pâlot, boutonneux, dû se souvenir à temps à quel point la vie d'ouvrier agricole était merveilleuse d'austérité et d'abstinence alimentaire. Il prit donc ses jambes à son cou en appelant sa triste génitrice.

Il restait tout de même deux assaillants. Ceux là devaient avoir mangé plus de poissons, car ils avançaient de concert, chacun à 30 degrés. Ou de force. Entre eux, au loin, se découpant sur l'incendie, la silhouette frêle de son adjointe rappelait à Mucius pourquoi il se battait. Pour sauver les fesses d'une "de quelque chose" ingrate et trop gâtée. Et pour 200 écus
--Eusebe_
Hardi mes gaillards, on va lui faire un tel charivari que les cloches de Notre Dame lui tinteront dans les oreilles ! Il ne va pas remettre les pieds sur le territoire des Téo'ls avant longtemps !

Eusèbe se renouvelait mal. Il avait l'habitude des bagarres parisiennes, entre les durs de deux universités différentes. Lui appartenait à celle de Théologie, il était un téo'l. Enfin appartenir était un bien grand mot. Il était monté à la capitale pour y dilapider la donation paternelle sous couvert de grandes études. Sa mère espérait en faire un séminariste, son père un soldat, lui ne voulait pour vie que celle des étudiants dans la rue, entre vols, bagarres et soirées au tripot. Son verbiage composait sa seule arme, et généralement il se prenait pour un général à la tête de ses troupes, observant l’échauffourée de loin.

A présent, l'action était toute proche, et rurale qui plus est. Comme ils semblaient loin ses braves amis se battant pour lui. Même ce fourbe de Tholomyès lui manquait. Eusèbe allait devoir se battre pour la première fois de sa vie. L'ennemi, un barbu en robe, avait déjà dégommé deux de ses hommes. Même le gros, surnommé "le troll" par ses amis, même lui gisait face contre terre.

A sa dextre, comme pour confirmer ses craintes, Pétrarque foutait le camps. Restait Malbot et lui. Au moins Malbot semblait vraiment déterminé à s'en aller en guerre. Comme pour montrer l'exemple, Eusèbe accéléra la marche. A présent ils entouraient l'inconnu. Les yeux de ce dernier allait de l'un à l'autre. D'une seconde à l'autre, ils se rueraient à l'assaut et le roueraient de coups !

Soudain, le bonhomme se fendit et brassa l'air de son arme juste devant Eusèbe. En vérité à plus d'une toise de lui, mais il paru au jeune homme sentir le souffle de l'acier sur son visage.

Il tourna donc de l'oeil en relâchant sa vessie.
Ellya
"De nouveau, les voici qui s'élancent l'un contre l'autre avec énergie et détermination. Tous deux sont des experts dans l'art de manier l'épée. Dès le premier coup, il s'en faut de peu pour qu'Erec ne soit grièvement blessé ! Sans son heaume, il était perdu : l'épée de son adversaire frôle la tempe, ôte même un morceau du heaume, passe au ras de la houppe blanche et tranche un grand bout du haubert sur le côté. Ce coup aurait pu être fatal à Erec. D'ailleurs l'acier glacial a pénétré à travers les mailles et a touché sa peau. Heureusement que Dieu était de son côté sinon Erec était sectionné en deux ! Mais il réagit sur-le-champ. Vaillamment il attaque son adversaire, le frappe au niveau de l'épaule et porte un coup d'une telle violence que la lame de l'épée transperce et le bouclier et le haubert et la chair. Elle atteint les os, de l'épaule jusqu'à la taille. Le sang jaillit et ruisselle, rouge éclatant. Quel combat ! L'autre continue de répliquer. Chacun se bat avec une ardeur incroyable. Les hauberts sont en lambeaux, c'est comme s'ils luttaient désormais sans aucun équipement de protection. Et ils sont encore à se battre à grands coups d'épée ! A un moment donné, Erec frappe de toutes ses forces sur le heaume du chevalier. Cette fois-ci, son adversaire chancelle. Erec frappe alors une deuxième fois. Et refrappe encore une troisième fois. Le heaume ne résiste pas, il est entièrement disloqué ! La houppe est tranchée, l'épée sectionne la cavité crânienne et s'arrête juste avant le cerveau. Etourdi, l'homme titube et s'écroule à terre. Erec le saisit alors par le haut, défait le heaume et délace le ventail. Il s'apprête à lui trancher la tête lorsque le chevalier vaincu se met à crier « merci »." Erec & Enide, Chrétien de Troyes, 12ès


Réécrivons l'histoire.


Et soudain, les voici qui s'élancent l'un contre l'autre avec trouille et instinct de survie.
Tous deux sont des ignares dans l'art de manier les objets tranchants. Dès le premier coup, il s'en faut de très très peu pour que Mucius ne soit grièvement blessé ! Sans sa bure (comme quoi, on aura beau dire!), il était perdu: le gourdin de son adversaire frôle la tempe, ôte même un morceau de la cape, passe au ras de la houppelande mauve et assomme un des pieds serrés dans la poulaine.

Ce coup aurait pu être fatal à Mucius... ou un handicap certain. D'ailleurs l'air glacial a pénétré à travers les doigts de pied et a touché sa peau. Heureusement que Dieu était de son côté sinon Mucius devenait estropié ! Mais il réagit sur-le-champ.
Vaillamment il attaque son adversaire, le frappe au niveau de l'épaule et porte un coup d'une telle violence que son coutelas transperce le vent avant d'atteindre l'épaule droite.


[*** Nous évitons tous détails choquants***]

Le sang jaillit et ruisselle, rouge éclatant. Quel combat ! L'autre continue de répliquer. Chacun se bat avec une ardeur incroyable. Les hardes sont en lambeaux, c'est comme s'ils luttaient désormais en braies. Et ils sont encore à se battre à grands moulinets de bras !
A un moment donné, Mucius frappe de toutes ses forces sur la tête du brigand. Cette fois-ci, son adversaire chancelle. Mucius frappe alors une deuxième fois. Et refrappe encore une troisième fois. Le vilain ne résiste pas, il est entièrement fourbu !


[*** Ibid***]

Étourdi, l'homme titube et s'écroule à terre. Mucius le saisit alors par le haut, coupe sa moustache et délace sa chemise (certains se demanderont probablement pourquoi).

Il s'apprête à lui trancher une main lorsque le brigand vaincu se met à crier
"Pitiéééééééééé z'êtes trop fort! Ze le f'rai plus zamais!"

Et la nonnette, qui s'était approchée, d'appuyer la demande du malheureux.

Ayez pitié, détective Mucius! Regardez-le! Un ver ne serait pas plus fier! Et en plus, il zozote...
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