[rp] Leçon de vie , quand le réel est pire que l'imaginaire

Aux abord de Mazapa se tenait un élevage de pécaris , nombreuses bêtes y vivaient et c’était un potin du diable et une odeur affreuse qui y régnait , mais fallait ce qu'il fallait .

Sortant de la taverne , la mioche qui trottinait derrière elle , le pas rapide , elle avait pris la direction est du clan , suçant sa noix de coco .

Bon t'en veux toujours pas? mange maintenant parce que après tu seras sûrement degoutée , pas de ce que tu vas voir , mais ça pue .

Parvenues à la barrière , se posta tout contre , plissant les yeux pour voir dans la masse grognante si y en avait pas deux qui se chevauchaient , quand un sourire illumina son visage .

Viens !!

Puis , elle passa sous la barrière , entraîna la gamine qui n'avait presque pas d'effort à faire pour se glisser dessous , prît sa main dans la sienne et se faufila entre les bêtes au groin luisant .

T'as pas peur au moins ? c'est pas mechant ; les hommes sont tellement pires , et tout aussi idiots souvent . et même sentent presque autant . tu veux grimper ?

Trottinant gaiement derrière la femme, encouragée par l'idée de faire quelque chose d'interdit, elle suivait celle-ci en pressant le pas .
Elle allait enfin découvrir la clé du plus grand mystère au monde .Elle en était littéralement subjuguée.

Bon t'en veux toujours pas? mange maintenant parce que après tu seras sûrement dégoûtée , pas de ce que tu vas voir , mais ça pue .

Elle cessa soudainement de jubiler.

Pffff, elle remet ça avec sa noix de coco, pensait-elle.
La mioche, toujours vexée par le fait que la femme lui avait ,plus tôt, jeter une noix de coco en guise de repas, comme on aurait lancé des haricots à un pécari, shoota dans un cailloux. Elle releva le menton en prenant un air hautain et renfrogné, signe que la discussion était belle et bien close et que la question ne se posait même pas.
Elle en profita pour regarder le spectacle qui avait lieu en face d’elle.
D’énormes bestioles poilues et puantes s’entassaient dans un enclot, l’odeur était infecte et Cihua se pinca le nez de dégout .
C'était horrible à regarder.

Eurk…

Viens!

La mioche releva la tête pour regarder la femme avec appréhension.

Elle est sérieuse?

La jeune femme déja passait sous la barrière pour confirmer la crainte de la gamine en l'entrainant avec elle.

Splash.

Les sandales de la petite prétentieuse s'enlisaient dans le purin qui couvrait le sol.
Comment allait-elle pouvoir cacher à sa mère et à sa nounou qu'elle avait encore fait les quatre cents coups?

Avec toute cette boue collée aux sandales, c'était tout simplement impossible.

T'as pas peur au moins ? c'est pas mechant ; les hommes sont tellement pires , et tout aussi idiots souvent . et même sentent presque autant . tu veux grimper ?

La mioche était bien trop omnibulée par ses sandales flambant neuves couvertes d'excréments pour penser une seule secondes aux grosses bêtes puantes qui l'entouraient.

Toutefois l'idée de grimper sur les pécaris retint l'attention de la gamine qui hocha la tête avec vigueur tout en souriant. Au moins, cette partie pouvait être amusante!

Elle tira sur la main de la jeune femme en s'écriant:

Oui, oui fait monter z'il te plaît!
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NK n'est pas un RR bis

Ahhh les malentendus , comme c'était hilarant parfois , monter sur un Pecari ... Onyx partît d'un éclat de rire grandissant , ce qui faisait grogner les bestioles , et se renfrogner la gamine.. Gamine qu'elle attrapa par les aisselles les épaules secouées de rire, avant de la hisser sur un cochon sauvage plus qu'étonné , l’œil effaré même , n'ayant jamais subi pareil affront .

En réalité , les fesses de Cihua n'eurent pas même le temps de toucher le cuir poilu que l'animal s'enfuyait à toutes pattes en couinant sa panique et son mécontentement .

Tu veux qu'on lui mette une selle aussi?et même des rênes? et un ptit traîneau? ces bestioles ne sont vraiment bonnes qu'à être mangées , et expliquer aux petites filles les plaisirs ou horreurs de la vie ..

Posant la gamine à terre après un rapide tour d'horizon , elle fît une moue .

Ben ils ont déjà fini là bas ! tu vois Cihua, souvent ça ne dure que quelques secondes , avec les humains aussi , je t'assure , t'as pas même le temps de sentir un frisson que hop , pu rien ! terminé , nada , la niente !

portant sa main en visière , scrutait l'horizon, un soupir de lassitude s’échappant de ses lèvres .
Regard vers la petite qui semblait tout aussi déçue qu'elle , la voilà à genoux , lui montrant ses épaules de la main :

Grimpe , tu verras plus loin . Tu me diras si tu vois une bestiole sur une autre s'essouffler et gigoter , l'odeur me harcèle tellement les narines que je n'y vois plus rien.

C'est ce qui s'appelait un bide: même pas le temps de poser son popotin sur son dos que la bête s'était enfuie en couinant.

Bon, pour la petite course à dos de pécaris on repassera. Et dire qu'elle pensait que tout les animaux étaient comme les lamas, dociles, et qu'ils laissaient monter n'importe qui sur eux. Encore une déception.

Tu veux qu'on lui mette une selle aussi?et même des rênes? et un ptit traîneau? ces bestioles ne sont vraiment bonnes qu'à être mangées , et expliquer aux petites filles les plaisirs ou horreurs de la vie ..

C'est pas la petite qui aurait été dérangée de voir un pécaris avec une selle, ça aurait été surement plus confortable. Mais vu la vitesse à laquelle le goret avait déguerpie, mieux valait ne pas retenter l'expérience, ne sait-on jamais.


Ben ils ont déjà fini là bas ! tu vois Cihua, souvent ça ne dure que quelques secondes , avec les humains aussi , je t'assure , t'as pas même le temps de sentir un frisson que hop , pu rien ! terminé , nada , la niente !

La jeune femme déposait la petite dans la boue qui acquiesçait sans vraiment comprendre son discours.
Qu'est ce qui durait que quelques secondes? Elle ne le saurait pas. A peine le temps de regarder dans la direction qu'elle ne voyait que deux pécaris s'éloigner l'un de l'autre.
Les dieux ne voulaient donc pas qu'une petite fille perce le plus grand secret de la vie?

La jeune femme s'agenouillait a côté de Cihua en lui indiquant ses épaules.

Grimpe , tu verras plus loin . Tu me diras si tu vois une bestiole sur une autre s'essouffler et gigoter , l'odeur me harcèle tellement les narines que je n'y vois plus rien.

La petite grimpa, la femme se releva comme si Cihua était une plume.
La gamine prit le temps de remettre toute la scène à l'endroit, peu habituée à un telle hauteur... désagréable pour qui avait le vertige comme elle.

Bon, Cherchons une bestiole sur une autre maintenant.

Là. Derrière la mêlée, deux pécaris occupaient à se reproduire.

La gamine regarda attentivement la scène.
Le pécaris du dessous couinait comme si on l'égorgeait tandis que celui du dessus haletait, grogner, s’essouffler et monter sur l'autre dans un mouvement de va et vient.

Elle ne put articuler un mot, elle était tout simplement... traumatisée.

Elle manqua de se renverser sous l'effet de l'émotion et les questions se frayaient un chemin dans son esprit .

C'était donc comme ça qu'on faisait les bébés?

Elle était pâle et regardait la scène d'une oeil livide comme si tout ça se passait à des kilomètres d'elle.

C'était donc comme ça qu'elle était venue au monde ?

Le pécari qui se trouvait au dessous retenait son attention tant le couinement de douleur strident résonnait dans la petite tête de la gamine.

Sa mère avait fait ça avec son père pour l'avoir ?Comment avait-elle pu?

C'était si douloureux à en croire l'animal qui gigotait de tout les sens sous le poids de l'autre.

Elle secoua la tête pour reprendre ses esprits, ses yeux s'embuaient. Dans un élan de survie, elle hurla de toutes ses forces et se balançant sur les épaules de la jeune femme.

ZE VEUX DESCENDRE!
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NK n'est pas un RR bis

Elle cherchait sa fille , qui comme d’habitude ne se trouvait nullement assise sagement dans une hutte à attendre qu'on lui donne trois bouts de bois pour s’inventer un monde , non, mais allait le chercher et le provoquer le monde , sur ses petites jambes et avec sa voix de sirène hurlante et rarement enchanteresse .
Et c'est donc au son de cette dernière que l'Amazone se guida, riant d'avance de voir la trombine de celui ou celle qui en ferait les frais .


A vrai dire , la victime avait pris la fuite , et planté là la gamine au milieu de dizaines de pécaris tous terrorisés , les femelles faisant dejà fausse couche ou descentes d'ovaires , les petits définitivement inapprivoisables , et les mâles , comme à leur habitude , sourds pour la plupart , ou loin pour les autres .
Et la môme hurlait de tous ses petits poumons sur l'atrocité de la vie et l'horreur de l'amour , un espace en cercle autour d'elle , inconsolable et solitaire , vison vraiment déchirante que cette gosse seule au milieu de ces bestioles à l’œil à peine moins brillant que les congénères de Cihua .
Zone enfourcha donc la barrière et couru vers la gosse , l'emportant loin de cet endroit puant et gadouilleux , son pagne sali par les pieds boueux de sa fille , mais le cœur surtout ceinturé de fer par l'angoisse que Cihua témoignait bruyamment .

Une fois au sec , dans un endroit moins puant , elle posa sa fille à terre avant de se mettre à genoux devant elle :

MA fille , que venais tu chercher dans cet endroit? une vision de l'humanité ? bien maline maintenant , sans tes illusions .
Allez viens , la rivière lavera tout ça , tu pues que c'est une infection. Maintenant tu vas me dire ce que tu faisais là, je suis sûre qu'on t'y a emmenée , qui, tu vas me le dire t'entends?

Zone était furieuse, et scrutait alentour qui aurait abandonné sa fille , protégée d'Atlaua , dans ce cloaque , détruisant à jamais les rêves d'une petite fille nécessaires à sa croissance et son esprit ...et se jura de faire une brochette de celui ou celle qui avait ainsi sali sa fille .

Cihua , maintenant , tu ne me quittes plus , je ne fais confiance à personne , et il vaut mieux la guerre que cette misère.
En attendant , la rivière ! j'ai quelqu'un à te presenter au bout de notre voyage , mais pas dans cet état.

Prenant la main de sa fille avec fermeté , après avoir seché ses larmes , elle l'emporta vers une onde claire et limpide , dans laquelle elle s'enfonça après déshabillage rapide d'elle même et de son petit pécari crotté , la tenant contre elle dans l'eau froide.

[Sur les chemins. Quelques mois plus tard ]

L'incident était passé et effacé ou presque de sa mémoire. Elle y repensait parfois quand un mâle faisait de l'oeil à sa mère et elle se mettait en colère. Puis, le mâle finissait toujours pas disparaître de la vie de sa mère. Elle non. Elle restait là, collée aux sandales de sa mère et aujourd'hui elle la suivait encore dans ces péripéties.

Depuis quelques mois, sa mère s'était mise en tête de brigander sur les chemins. Et aujourd'hui, c'était le jour où Cihua la suivait sur les chemins.



Les premières minutes furent excitantes pour la gamine, elle avait écouté sagement les conseils de sa mère et elles s'étaient cachées toutes les deux derrière un bosquet dans l'intention de faire les poches au premier malchanceux qui passerait. Cihua, décidée à montrer à sa mère qu'elle était maintenant une grande fille et qu'elle pouvait faire comme elle, regardait gravement le chemin, son bâton en main pour repérer la première personne qui passerait par là.


Une heure plus tard.
La gamine s'était totalement désintéressée du chemin pour s'occuper à tirer sur ses doigts, bouger ses jambes quand elles fourmillaient et faire des "plocs" sonores avec la bouche.

Il n'y avait rien sur ce chemin, ni mâle, ni femelle... même les bêtes l'avaient déserté. Pas un puma à l'horizon.

Il n'y avait absolument rien à faire dans ce coin .
Elle regardait de l'autre côté, celui de la forêt, en rêvassant. Il devait y avoir tellement de choses à découvrir, tellement de chose avec quoi s'amuser.

Puis, son ventre gronda. C'en était trop. Maintenant elle avait faim en plus.
Elle se tourna vers sa mère et tira sur son huipil déclara énervée:

M'an, J'ai faim. Et puis y'a personne ici, c'est nul. Je m'ennuie moi.
Avant de finir par un plaintif:
C'est quand qu'on rentre hein?

Demande accompagnée par des yeux humides et un reniflement pitoyable destiné à la faire fondre.
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NK n'est pas un RR bis

Grand moment pour Zone, initier sa fille à sa vie , lui transmettre ses valeurs, totalement amorales , sauvages , mais ses valeurs .

Quelles étaient elles d’ailleurs? n'avait elle pas il n'y a pas si longtemps suivi l'armée de l’impératrice , passé son temps à compter et faire fructifier les caisses d'un calpulli, honnêtement, et dans un total désintéressement?
Alors quoi.. qu'est ce que c’était que ces valeurs ?
Référence à sa vie antérieure, celle qui lui avait valu son nom, sa vie en forêt , avec ses sœurs , et quelques mâles , celle d'une tribu guerrière et envahisseuse , ne vivant que de pillage et de chasses diverses , vie qu'elle avait quitté après une tuerie qui avait décimé tous les siens, ou du moins le pensait elle, s’étant retrouvée seule au milieu de cadavres.

Pourquoi avait elle été épargnée? la question restait sans réponse .
Mais elle avait dû s'adapter , aller vers les tribus et clans , apprendre à parler leur langue , apprendre à aimer les mâles , puisqu'on lui avait enseigné le contraire , et apprendre à se contenter de regarder pousser ses haricots .

Puis.. Arcadiens.. avait réveillé sa véritable nature , lui seul l'avait perçue telle qu'elle était, lui seul l'avait respectée en tant que telle .

Il était mort, et aujourd'hui, Zone initiait sa fille à cette vie qu'elles allaient mener , toutes les deux, jusqu'à nouvel ordre , ou jusqu'à ce que mort s'en suive.

La gamine était la fierté de sa mère, indomptable, irrécupérable, insupportable , et maligne comme un singe.
Mais.. mais.. elle devait l'endurcir...

Elles étaient aux aguets , Zone habituée , reluquant sa fille qui semblait l’imiter avec tant de ferveur , un sérieux presque à se tordre de rire , la gosse cramponnée à son bâton, phalanges presque blanches de tension , l'air si concentré qu'on se demandait si elle laissait l'air entrer de sa bouche si pincée .

Respire Cihua, tu pourras jamais sauter sur qui que ce soit, morte .

Puis, au chougnement de sa fille, Zone resta d'abord perplexe , trouvant aussi qu'on s'em... ferme , et que le chemin etait sans doute mal choisi .... mais.. mais... pas question qu'elle concède à sa fille le moindre caprice de petite princesse niaise et sans vigueur :

Debout !!

Elle la prend par le vêtement , mimant une colère profonde , la regardant avec severité .

Inutile de me regarder comme ça , Cihua .
Tu n'es pas prête , on dirait , alors tu vas retourner au clan faire mumuse avec les enfants de ton âge , faire des pâtés de glaise et chasser les papillons , les guerrières ne se plaignent pas au moindre découragement .

Manu militari, Zone prît la main de sa fille et l'emporta d'un pas rapide et sans tendresse vers le clan le plus proche , ajoutant :

Je vais te confier à une esclave , quand tu seras plus grande tu seras digne d'accompagner ta mère .

Elle avait du mal quand même, avait beau être dure pour ce qui concernait son éducation , tout ce qui touchait sa fille avait le don de la rendre plus molle, plus tendre, plus humaine.
Il est évident qu'elle ne confierait pas sa fille à quiconque, n'ayant nulle confiance , cependant , espérait que la douche froide raviverait le courage de la capricieuse .