Le_petit_sentier
- Chapitre Premier - l'Orage
Rêves et espoirs retrouvent leurs devenirs...
Nuit d'Équinoxe...
Les monts d'Auvergne, quelque part entre ses volcans. D'épaisses fumerolles sulfureuses se mêlent sous la gronde aux nuages d'orage plafonnant bas entre les crêtes et les cols. Thor et Zeus ne tarderont à entonner leurs cantiques tonnerriques, s'entraine en attendant à quelques vocalises roulant dans le lointain. Quelque part entre les versants boisés à l'escarpe, un vallon caché, reculé. On pourrait même le dire complétement perdu s'ils n'étaient quelques rares à en connaître l'emplacement. Un berceau de calme, même les hivers, ici, sont reposants. Mais cette nuit en sonne justement la fin. Elle annonce une aube nouvelle, elle apporte au vent un nouveau murmure caché dessous la brise.
Toi aussi tu l'as senti?
Toujours cet accent à l'Écossais des Pistes du Nord quand il s'exprime. Un anneau d'argent retenant sa longue chevelure d'écorce, il se tient à l'entrée de la grotte leur servant d'abri pour la nuit. Sorte de vain espoir qu'il a de vouloir de son seul regard traverser plafond nuageux en quête de voute étoilée. À l'odeur de terre mouillée que le vent lui porte, il devine qu'au contraire, que l'orage se rapproche. Déjà l'obscurité s'illumine de quelques zébrures lointaines. Bientôt l'averse dégoulinera sur les versants.
À mon âge il est des choses qu'on sait avant de les sentir.
Je sais à quoi tu fais allusion, mais je ne perçois le froid ni du vent, ni de la pierre, ni de la pluie...
Tout ce que je sens, c'est la chaleur du feu...
Mensonge de la part du Vieux grelottant ses années sous une épaisse couverture, peinant à se réchauffé malgré la flambée. Une mauvaise toux qui le prend, héritée de trop de routes, de trop d'hivers, trop de pluies à lui ronger les poumons. Même si l'âge l'a rendu d'une sagesse pragmatique, nul animosité vraiment dans sa réponse. Vrai, l'un et l'autre savent pourquoi ils sont là. Il arrive que ça soit le Sentier lui même qui impose certains choix.
Il reste peu de temps mon jeune ami.
Ami? Non, pas vraiment en fait. Depuis toutes ses années qu'ils se connaissent, les distances à les séparer, le plus souvent, n'avaient rien de géographique. Trop différents l'un de l'autre pour vraiment s'aimer, mais assez en commun pour forcer plus qu'un simple respect. Ce qu'ils partagent, oui, entre le rêve et la souffrance. Cela même qui les rassemble ce soir en ce coin ignoré du Monde.