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[RP] Ainsi soit-il

Scopolie
J'observais tour à tour les trois intrus, essayant vainement de découvrir quelque chose qui aurait pu m'aider à comprendre d'avantage la situation. Mais je ne pouvais faire que des suppositions. Puisqu'ils cachent leurs visages, c'est qu'ils ont peur d'être reconnus, donc ce sont des angevins ou des voyageurs connus dans le coin. Mais puisque l'une des hérétiques m'appelle curé, alors que personne ici ne me considère comme tel, elle, au moins, n'est pas de Craon. Alacian avait fait fort en recrutant des hérétiques étrangers à notre village, lui qui semblait ne jamais avoir dépasser les murailles.

Les sourcils froncés, j'observais les flammes dévorer les archives et autres annonces vieilles de plusieurs mois. Cela m'épargnera le soin de les ranger, mais ne présageait rien de bon quant au sort qu'ils réservaient à l'église. Elle était en ruine à mon arrivée, et elle le sera encore après cette nuit. Tous ces efforts pour rien. Mais le pire, c'est que ma vie va peut-être s'arrêter ce soir. Moi qui ait dépensé tant d'énergie pour en arriver là, on allait me priver des fruits de mon travail. Rageusement, je lançai ma crosse derrière moi avant de faire quelques pas de côté, encore et encore. La seule raison pour laquelle cela me dérangeait de m'éloigner de Sorianne, c'est que je ne pouvais plus l'utiliser comme bouclier pour intercepter un carreau d'arbalète qui m'aurait été destiné.


Je ne vous offre rien, vous le prenez de vous-même. C'est pour quoi j'irai au Paradis, et vous en Enfer.

Mon corps douloureux. Puisqu'elle me voulait faible vieillard gâteux, j'allais lui offrir ce qu'elle voulait. Lentement, sans geste brusque pour ménager mes articulations, je m'allongeais sur le sol, mon corps dans la même position que celui de Christos sur sa croix, avec une dague cachée dans ma manche en plus. Celle que Sorianne avait utilisé contre moi à notre première rencontre. La joue collée contre le sol poussiéreux, j'observais une feuille brûler ; et comme toute personne qui sait qu'elle va bientôt mourir, je repensais à mon passé. Cette flamme semblait être la même que celle qui brûlait la lettre d'amour qu'un messager que nous avions intercepté transportait, moi et mes camarades. Si les carrosses nobles étaient des prises trop audacieuses pour nous, leurs employés et autres gens de basse condition étaient notre pain quotidien. Jusqu'au jour où le Très-Haut décida de nous punir pour nos péchés. J'entrouvris la bouche pour réciter le psaume Imprecatorio.

Dieu, je fais Votre éloge et je ne me tairai pas,
Car contre moi se sont élevées les voix des impies remplies de vice, s'exprimant avec la langue du mensonge.
Les hommes me bafouent avec des mots de haine et me combattent sans raison.
En échange de mon amour, je récolte des accusations jetées à mon encontre lorsque je prie.
A l'amour ils répondent par la haine, au bien ils répondent par le mal.
L'impie suscite l'accusation dans le cœur de l'homme qui est à ma droite.
Cité à comparaître, je suis jugé coupable et tout appel se solde en nouvelle condamnation.
Rares sont les jours où ils sont occupés à s'en prendre à d'autres...


Je poursuivis par le cantique au Très-Haut, dont la conclusion se prêtait parfaitement à la situation.

Rendons grâce au Très-Haut !
En Lui, tout fut créé, dans le ciel et sur terre.
Car le moteur du monde écartant le néant
de la Sainte Parole, nous faisant légataire
nous a prédestinés a être ses enfants.

Le peuple d’Oanylone céda à la folie,
Et tous renonçant à l'amour d'eux-mêmes,
Impies jusqu'à mourir à force d’acédie,
Aux côtés du Sans Nom reçurent l’anathème.
Alors
Sa colère est venue et Il leur a offert,
Par la voie du Pardon de trouver le salut,
Epargnant les Vertueux dans un destin solaire,
Jetant les corrompus dans la lune, reclus.

Mais Son Amour s'étend de royaume en royaume.
Dieu a su éveiller nos esprits sous nos heaumes
Comme Il nous l’a promis depuis les temps anciens
Au travers du prophète, par la bouche des saints.

Dispersant les ténèbres au dessus d’Oanylone,
Renversant les imbus de leurs superbes trônes
En déployant la force de son bras divin,
Il élève les humbles, comble les crève-la-faim,
Renvoie les riches impies repartir les mains vides,
Et secours la vertu dont la force impavide,
A la face des peuples chante pour qu’on bénisse
Aristote le Sage, qui fût notre Prophète
Lumière qui nous révèle à sa pensée parfaite
Et, qu'au nom de Christos tous les genoux fléchissent !

_________________
Anaon
    En réponse au murmure qui éclot, il n'y a que le silence d'une Anaon, et bientôt vient s'ajouter à la lueur des cierges, une lumière plus chatoyantes. Elle entend les flammes arracher leurs derniers soupirs chuintants aux pages qu'elle consume, mais le regard ne se détourner pas des deux êtres qu'elle menace. Placidement, presque lasses, les azurites contemplent les ombres et lumières qui s'étirent sur les visages baignés d'une couleur safranée. Au mots de sa comparse qui se perdent en ricochet sur les parois de pierre, la femme n'offre pas plus de réaction. Plus marbre que le marbre même, seul l'imperceptible mouvement de l'arbalète qui change de cible vient de temps à autre briser l'immobilité profonde qui la fige.

    Le carreau suit lentement le corps du cul-bénit qui vient embrasser les pavés avant de retourner brusquement se braquer sur la silhouette féminine qui n'a pas bronché d'une oreille. A l'arme de désigner le sol, aussi calmement que la voix qui émerge de nouveau derrière le col.

    _ Fais donc de même...

    Ordre de fer dans sa voix de velours. Quelque pas la rapprochent de Cerdanne et une main quitte l'arbalète le temps de dégager prestement la bandoulière qui sommeille sous sa cape. La sacoche s'échoue sur les dalles dans un bruit feutré et la balafrée s'adresse alors à sa voisine tandis que la voix masculine s'élèvent dans l'édifice.

    _ Ça restera bien léger, mais les curetons sont souvent plus riches qu'ils ne veulent bien le faire croire. Rendons-leur donc la sobriété dont ils prétendent s'entourer. Il y a forcément quelque chose de vendable... Le ciboire et la pyxide notamment...Porte-cierge, bénitier, crucifix en prime... Je pose une option sur le calice.

    L'esgourde s'accrochent aux derniers mots prononcés par la bouche dévote. Les azurites se glacent un frêle instant. Quelque secondes de latence le temps d'une réflexion puis lentement la mercenaire se rapproche de l'homme. Les talons se plantent tout proche du visage contre terre et la femme vient s'accroupir sans empressement.

    _Donnez nous, O Dieux votre appui
    Et avec votre appui la force
    Et avec la force la compréhension
    Et avec la compréhension la science
    Et avec la science, la science de ce qui est juste
    Et avec la science de ce qui est juste, le pouvoir de l'aimer
    Et avec le pouvoir de l'aimer, l'amour de toutes choses vivantes
    Et avec l'amour de toutes choses vivantes, l'amour des Dieux
    Des Dieux et de tout bien.


    Un instant de silence avant de reprendre avec le même calme.

    _Devant Toi je m'incline, ô Belen, protecteur du Monde,
    Protège-nous aujourd'hui, protège-nous durant cette nouvelle année.
    Protège le Savant et ses livres,
    L'Artisan et ses outils,
    L'Agriculteur et sa charrue,
    Protège la Mère et ses Enfants, nos foyers,
    Protège le Soldat et ses armes.
    Protège-nous, protège notre bétail, nos maisons,
    de tous périls et maléfices.
    Protège et inspire l'artiste et ses moyens d'expression,
    Inspire nos œuvres, Accorde-nous l'Amour et la Bonté,
    Pour que, nous quittant ce soir dans ta Gloire, tu nous laisses sains et joyeux et nous retrouves tels, demain à l'Aurore.


    La tête se penche sur le côté, imperceptiblement, et les sourcils se froncent. Il n'y a aucune haine dans ses traits, seulement l'empreinte d'une réflexion sincère, l'effort réel de vouloir comprendre l'incompréhensible. C'est la voix presque fragile qu'elle continue.

    _ Le message est-il si différent? Ta Foi prétend n'être qu'Amour... tout comme la mienne. Qu'importe qu'IL ne soit qu'un unique à trois facettes ou bien Dieux à mille visages... Mes Dieux à moi préfèrent seulement voir les hommes debout plutôt qu'à genoux... Pourquoi ne pas nous ignorer comme nous vous acceptons?

    Et dans le trop calme des derniers mots transpire toute l'amertume qui l'habite. Pensivement, le carreaux vient piquer la commissure de la lèvre masculine avant de remonter d'un geste presque inconscient le tendre de la joue. Et le regard vague se perd sur la balafre imaginaire dont elle imagine chaque perles carmines qui pourraient s'y libérer.

    _ Ça pourrait être tellement plus simple...

    A défaut de tolérance, se rendre aveugle et sourd au autre. Ce ne serait qu'une cécité de plus pour les esprits qui ne veulent pas voir ce qui se passe ailleurs. Le geste stoppe net sa course sur le saillant de la mâchoire. Le visage de la femme se crispe subitement et le carreau abandonne la peau brutalement comme on fuirait la peste même. Et d'un bond la silhouette se redresse dans un soupir.

    _ Ces couillus sont des cabochards butés doublés d'une hypocrisie sans faille... On aura jamais crée pareille mauvaise herbe sur terre.

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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - [Clik]
Sorianne
Ne pas bouger, c'était sans doutes ce qu'il y avait de mieux à faire. Du regard, la noiraude sondait les ténèbres, se demandant combien ils étaient et si d'autres allaient se montrer à la lueur des chandelles et cierges qui se consumaient doucement. Apparemment aucune ombre ne semblait vouloir se détacher pour rejoindre celles qui s'étaient avancées... Et cette pointe qui les menaçait... La mine sombre, la So ne put qu'observer le prélat s'éloigner d'elle avec un mélange de soulagement et d'inquiétude. Cela ne lui disait rien qui vaille...

Un bruit de pas léger, et la brune vit l'un des intrus se poster devant l'autel... Le feu. La torche s'embrasa avec ce grondement rauque qu'elle avait apprécié d'entendre lorsqu'elle avait fait brûlé ce qui faisait sa vie d'avant. Ici ce fut un épais livre que la flamme vint ronger, faisant grimacer la brunette qui ressentit la chaleur sur son visage. Comptaient-ils mettre le feu à la bâtisse? A cette idée, elle ne put retenir les frissons qui lui parcoururent l'échine.

L'éclat d'une voix la fit sursauter et détourner le regard de ce petit brasier qu'elle contemplait. Le troisième larron venait de s'adresser au curé et le bruit de la crosse jetée au loin résonna à ses oreilles. Debout, elle ne put que le regarder s'allonger à même le sol, sur les dalles froides. Était-ce la fin? Et elle capte le regard glacé de celle qui venait de parler. Un léger froncement de sourcils et la So remarqua le carreau pointé vers elle maintenant. Le signe était clair, mais trop fière, la noiraude ne put que lever le menton... Avant de se rendre compte qu'il était des plus stupide de mourir de cette façon. Aussi c'est à contre-coeur qu'elle mit genoux à terre au moment où le sac atterri doucement au sol.

Le menton posé sur les mains jointes devant elle, la petite brune rageait de ne servir à rien, rageait de ne savoir se battre, pestait contre son inutilité et sa faiblesse. Tournant la tête, elle voyait le peu d'objets qu'ils avaient installé dans la bâtisse, gonfler la besace de la voleuse pendant que la femme au carreau avait prit la parole. Sourcils froncés par la perplexité autant que par l'anxiété de ne savoir ce qu'ils allaient faire d'eux ensuite, la noiraude tendit l'oreille avant de suivre le mouvement de la pointe sur le visage du prêtre. Et ce n'est qu'une fois que la femme fut debout que la So se redressa, grimaçante sous le mouvement pour se remettre à genoux.


C'est immoral de piller une église. Il n'y a aucune richesse ici... Elle était abandonnée depuis des lustres... Il n'y a rien, on a passé du temps à lui redonner vie...

Comme il était immoral d'entrer dans la maison du Très Haut avec des armes ou de mettre le feu à des ouvrages. Le regard fixé sur les intrus, la So n'avait pu s’empêcher de parler. Il était hors de question de laisser faire. Cela n'avait aucun sens. Était-ce la fatigue? La tension qu'elle avait ressenti quand elle s'était vue coincée sur ce banc pendant qu'il prendrait son Pardon?... Elle ployait déjà suffisamment devant un homme pour s'abaisser devant un autre quel qu'il soit. N'avait-elle pas été jusqu'à défier le Diable? Il était des vies non précieuses après tout, et la sienne ne servait à rien...

Êtes vous couards à ce point pour nous menacer nous alors que nous n'avons pas d'armes?
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♥♥♥ Crokiiiiie
Anaon
    La voix de la bravoure s'éveille, à moins que ce ne soit celle de l'inconscience.... ou encore même de la sottise. Les azurites se rivent sur la silhouette qui fait affront à la menace de l'arbalète. Et sous le col sombre les narines se crispent, la mâchoire trésaille des muscles qui convulsent. La fragile est à genoux et ces mots lui font l'effet d'un tison niché contre ses reins. Les pas de la balafrée abandonnent le visage du dévot en croix pour longer son corps dans un calme des plus éloquent. La haine est silencieuse, les plus grandes colères muettes. Et si l'Anaon est taillée à même le marbre, elle a les fêlures à fleur de glace. L'insupportable hypocrisie de la petite femme se déverse dans l'entaille la plus douloureuse qu'elle porte au cœur comme on verserait de l'acide sur une plaie gangrenée.

    La marche métronome s'arrête dans le dos de la brune Le sang froid vol en éclat. La botte percute violemment les omoplates de l'impertinente qu'elle renvoi face contre terre. Le talon la tient cloué par la septième cervicale et la mercenaire se penche, écrasant de tout son poids cette nuque qu'elle voudrait entendre craquée sous son pied.

    _ Crois-tu que ta putain d'Eglise s'encombre de morale?! Aujourd'hui tes culs-bénis sont gras de mon or et bouffe dans mes couverts! Ce sont mes tapisseries qui réchauffent leurs murs et c'est dans mes robes que se vautrent les catins de tes curés!

    La voix se perd en échos dans les entrailles de l'édifice comme un accroc à ce trop plein de prudence qui était de mise. La main sur l'arbalète est fébrile. Il suffirait du tremblement de trop, d'un spasme incontrôlé pour déclencher le mécanisme qui aura tôt fait d'éclater ce crâne aussi fragile qu'une coquille vide.

    Le talon broie encore un peu plus fort alors que les mains retrouvent toute leurs assurances sur le bois de son arme. La voix reprend un semblant de contenance, mais dans son timbre, la crispation demeure. Et sur la langue, la salive à un goût d'acide

    _ Ne me parle pas de moral quand ton Inquisition n'hésite pas à porter sa dague sur le cou d'enfants.

    Le souvenir est vivace, la rancœur est tenace. Poison qui s'est mêlé au sang et qui lui imbibe désormais les chairs. Ça lui bouffe la vie et fait de ses nuits des insomnies. Pourtant elle pourrait bien raser touts ses fervents d'Aristote de la terre, brûler mille et une église, anéantir les cathédrales, elle n'en aura pas pour autant le sommeil meilleur. De cela, elle en est pleinement consciente et cela lui est presque insupportable. Quoi qu'elle fasse, le mal à été fait, rien n'y changera. Irréparable. Cette nuit n'est pas un achèvement, ce n'est que l'exutoire d'un instant. Demain, quand l'adrénaline aura foutu le camp, elle aura plus mal encore, corps et pensées ankylosés comme le lendemain d'une beuverie trop forcée. Cette nuit ne sera la fin de rien, elle ne sera pas la concrétisation d'une vengeance, mais le début peut être de nouvelles lubies. Demain, elle rongera sa haine encore et toujours et à chaque fois qu'elle se livrera à ses défouloirs macabres, elle ne l'exacerbera que plus encore. Oui, Anaon haïra sans écueil jusqu'à ce qu'elle en crève, un jour, sur un bucher ou au bout d'une potence.

    _ Sotte brebis qui suit sagement son troupeaux d'imbécile, tu oses nous accuser de couardise... mais toi qui vit chaque jour dans la crainte d'un jugement dernier, crois-tu être bien placer pour nous invectiver? Plus que l'amour d'un Dieu c'est cette trouille au ventre qui vous fait prier. Pitoyable... Misérable...

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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - [Clik]
Scopolie
L'erreur. Sûrement la plus terrible invention de la Créature Sans Nom. Elle voile le jugement, altère la Raison, fait commettre l'irréparable. Tous les hérétiques sont dans l'erreur, mais ceux dans l'erreur ne sont pas tous des hérétiques. Des hommes d’Église aussi se trompent et refusent de l'admettre. Heureusement, je suis clairvoyant. Et tandis que j'écoute, bien obligé, le psaume de l'hérétique, je comprends à ses premiers mots que l'erreur la rend capable de tuer et imperméable aux arguments rationnels. Rien ne servirait d'essayer de la raisonner.

Le métal froid du carreau caresse de sa pointe la peau de ma joue. Les yeux fermés, je pousse un léger soupir de douleur alors même qu'aucune goutte de sang ne coule. Les dents serrés à l'extrême, je m'attends à souffrir. Plus d'un voudrait regarder la mort en face, aussi sadique soit-elle ; mais ce n'est pas du courage, juste de la témérité. Plutôt que de se résigner à mourir, ils préfèrent penser que leurs derniers instants sera glorieux. Eux aussi sont dans l'erreur.

La voix de Sorianne résonne dans l’édifice. Je n'aurais jamais cru qu'elle me défende, quoi qu'elle se défendait aussi par la même occasion. Mais elle aurait pu attendre qu'ils me tuent. Elle aurait été débarrassé de moi, depuis le temps qu'elle attend ça. La bonté est une vertu, mais pas un plan de victoire. La bonté est à utiliser lorsqu'on a rien à y perdre. Quelle belle erreur. A moi de jouer maintenant. Voyons si j'arrive à avancer vers la fuite sans faire de faux pas. Toujours aplatis sur le sol, la tête tournée vers Sorianne, je m'adressai à elle, ignorant les trois hérétiques.


Je crois que voici venu la dernière leçon que je te dispenserai, ma fille. L'hérésie ne part pas d'une mauvaise intention.

Des propos qui pouvaient paraitre surprenant venant de moi, mais il ne fallait pas qu'ils me coupent la parole avant la fin.

Forts de leurs préjugés, ils pensent que les dons faits au clergé sont importants, que les clercs ont accès à leur propriété.
Forts de leur bêtise, ils ne voient pas que les représentants de l’Église ne sont pas payés pour leurs offices, et qu'ils ne sont pas appréciés à leur juste valeur, en Anjou plus qu'ailleurs.
Forts de leur orgueil, ils justifient leurs actes en accusant l’Église d'avoir fait de même.


Je n'adressai pas un regard vers leurs bottes tournées vers moi. Je fixai paisiblement Sorianne, comme si je lui donnais réellement une leçon.

Parce que cela les conforte dans l'idée que ce qu'ils font est légitime, écoute bien ce qu'ils disent, et tu verras que tout ce sur quoi ils se fondent pour juger Notre Sainte Mère l'Eglise est antérieur à l'ère du renouveau de la foi. Comme dans ces tragédies grecques où les crimes se perpétuent de père en fils, un fils vengeant son père en tuant le fils du père incriminé, ils n'ont pas compris qu'ils sont livrés à la folie vengeresse de la Créature Sans Nom et de son lieutenant, le Prince-Démon Leviathan.

Un léger sourire moqueur étira mes lèvres qui bientôt, je le prévoyais, seraient bleuies par un coup de botte.

Regarde les attentivement. Nous, désarmés ; et eux, assoiffés de sang. Imagine les maintenant. Eux, suppliciés sur une estrade ; les Inquisiteurs, assis devant eux pour s'assurer de la bonne tenue de la sentence. La sainte et justifiée violence est nécessaire pour que l'humanité ne tombe pas dans le péché et qu'elle ne soit détruite par le Tout-Puissant, déçu de ses créations. Mais elle n'est qu'une réponse.

Les hérétiques, même s'ils pensent faire ce qui leur semble juste, sont le mécanisme qui engendre toute cette violence. Car en cherchant à se défendre de ce qu'ils pensent être une menace, ils cherchent aussi la domination. Et la Créature qui, la première, a fait l'erreur de croire que le sens de la vie était la domination, était la Créature Sans Nom.

Convoquée avec le reste des créatures vivantes par le Très-Haut, elle clama "Tu as fait les créatures animées par le besoin de se nourrir. Tu as fait les forts capables de dévorer les faibles. Sans conteste, il s’agit donc d’assurer la domination du fort sur le faible ! J’en veux pour preuve que je suis le dernier représentant de mon espèce. Seul le plus fort a survécu parmi les miens ! Si Tu me nommes "Ton enfant", je saurai Te montrer qui, de toutes créatures, doit dominer le monde".


Je fermai lentement les yeux en marmonnant mais en restant audible :

Pardonne les car ils ne savent pas ce qu'ils font.

Et si je ne m'étais pas trompé, leur logique, si on peut appeler un mécanisme aussi douteux ainsi, piquée au vif, ils n'auront pas envie de me tuer, mais plutôt de me faire dire ce qu'ils veulent entendre pour les conforter dans leur idée que tous les clercs sont des coupables.

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Eliane_
"Si je suis condamnée, autant me damner avec application."

    "C'est pourquoi j'irai au Paradis, et vous en Enfer."


Les mots résonnent dans son esprit et martèlent ses tempes. Combien de fois avait-elle entendu ces paroles, cette évidence même ? Trop à son goût. Son futur était tracé en tant qu’invertie et le bûché était ce qui l’attendait. Du couvent à aujourd’hui, cette évidence, cette fatalité n’avait de cesse de lui être soufflée au creux de l’oreille. Perfides murmures.
Quel mal y avait-il à aimer une femme, à désirer corps et âme ces formes qui ressemblent tant aux sienne ? Le Très Haut était-il si intolérant, si droit dans sa conception de l’Amour que l’on peut porter à son prochain ? Ils avaient su l’en persuader.
Autrefois, ces mots la rongeaient tel le plus infâme des corrosifs, son corps subissait la douleur pour goûter à l’apaisement, son esprit subissait les insultes et les humiliations pour se rapprocher de sa pénitence, du Pardon divin.
Désormais, c’est avec une fierté méprisante, qu’elle brûlait ces saints documents et qu’elle jubilait sous ce feu malsain.

A ses côtés, Cerdane s’avance et hausse la voix pour lancer un ordre qui lui arrache un sourire. La scène est irréaliste. Le prêtre est allongé à même le sol, en croix et cette vision si décalée, si choquante l’invite à savourer pleinement ce trouble.

Si elle était maudite, si elle était bien vouée à crever par le feu, alors il n’y a plus aucune limite à la folie et aux péchés. Ceux qui avaient su la brimer, sont désormais les aliénés qui ont fait naître en elle le désir croissant de liberté et de vices.
Je-m’en-foutiste, Eliane vivait pleinement et cette soirée était de loin la plus blasphématoire qu’elle ait vécue de sa vie. Anaon pimentait le tout avec la lueur du carreau pointé vers l’homme de foi et ses menaces. Habitée ? Peut-être que la Balafrée l’était à ce moment.

Le Duel s’installe alors entre ces paroles saintes et ces paroles d’hérétiques. Duel inutile en soit, tant les protagonistes sont assurés de leurs croyances et de leurs mots…
Il est impossible de troubler un croyant dans sa foi, impossible de culpabiliser une hérétique qui aura vécu tant de maux.
C’est un dialogue de sourds où seules quelques paroles viennent à l’irriter plus qu’il ne le faudrait. Eliane tilt, serre le poing sous le poids de ces prières et de ces manipulations…et voilà que l’esprit se laisse entièrement prendre par cette Vendetta…

La blonde s’avance doucement de la croyante et vient effleurer sa tignasse. Douce petite brebis qui subit la perversion d’un berger. Elle avait bien vu cette main sur sa cuisse et peut être qu’elles étaient arrivées à temps pour lui éviter à nouveau les soubresauts de ce prêtre. Et pourtant, elle défend son berger, chienne aveugle aux crocs de lait…Créature délicieuse et pourtant si troublée, si paumée.
Sa main se perd alors sur sa joue et ses lèvres s’approchent de son oreille. L’accent italien est bafoué, la voix se fait plus grave, totalement méconnaissable…

Penses-tu que les hommes de foy s’emparent du corps de leurs croyantes ? Penses-tu que le Très Haut cautionne ce Pardon, aussi pervers et décadent ? Réfléchis ma belle, les croyantes ne sont pas des putains, elles ne vendent pas leur corps pour le prix d’un Pardon et les prêtes n’abusent pas de ces formes…Tu es dupée.

Les mots sont glissés dans l’espoir d’être analysés, de heurter l’esprit de cette croyante. Imperceptible naïve qui n’a de cesse de croire aux miracles de la Réflexion.
L’échine se redresse et un regard est adressé à Anaon comme pour la soutenir dans sa présence, comme pour lui donner ce courage qui apaisera ce tremblement qu’elle a su apercevoir.
Elles sont ensembles, toutes marquées par le Fléau.

D’un pas sur le côté, elle se rapproche alors du prêtre et décroche sa dague de son ceinturon. Une lueur de plus dans ces ténèbres, une menace qui s’annonce sanglante. Elle s’agenouille à ses côtés, et la lame vient se poser sur la joue du prêtre.
Le désir lui brûle la main et si Anaon n’avait pas eu la folie du geste, Eliane était de celle qui s’y prêtait volontiers. La lame descend vers son cou et voilà qu’elle creuse la chair et laisse couler ses larmes de sangs.

    Alors, qu’est-ce que ça fait que d’être marqué par la conviction des autres ? D’être soumis à la folie d’une pensée et d’une croyance qui n'est pas la tienne ?
    Nous ne sommes que des condamnées et nous en avons rien à foutre de votre Eglise, seul importe à nos yeux l’apaisement de nos âmes, le soulagement d’une Vendetta trop longtemps muselée.


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Envie d'un RP ? Envoyez un MP précis, sans tabou.
Cerdanne, incarné par Calyce..
Blablabla…
Elle baille, Cerdanne. Les longs discours, les menaces, les sermons..Blablabla…

Sans vraiment les perdre du regard, elle s’éloigne d’eux après avoir ramassé la sacoche de la Roide.
Le regard évalue les maigres objets.
Les discours continuent et La Provençale s’ennuie.

D’une main délicate, elle soulève les quelques reliques qui trainent. Les laissent retomber sur le sol d’un mouvement dédaigneux lorsqu’elle les juge invendables.
Ces pas peu à peu la mènent devant l’Autel.

Les yeux gagnent en éclat…

Lentement, son doigt prend possession de la table sacrée. En fait le tour pour bien en prendre les mesures.
Récupère les précieux outils des précieux sacrements et les enferme dans la besace.

D’un bond, la voila assise sur la pierre plate.
Dominant les corps allongés..
Les pieds se balancent en douceur, tandis qu’elle chantonne distraitement…

Le regard vient se fixer sur La blonde Eliane qui sort de sa douce réserve..
Pour le coup, elle s’en allonge sur le lit froid des serviteurs d’Aristote.
Accoudée, tête posée sur la main, elle les regarde et laisse échapper un petit sifflement d’encouragement…

Il lui semble entendre s’ouvrir les plaies dans son dos battant la mesure, reprenant en chœur les cantiques fébriles des moines….

Il manque juste les chaines dans la douce symphonie qui se met en place… Elles manquent à l’appel de ce tribunal extraordinaire…

De frustration, la brune s’allonge sur le dos…
Regard perdu vers la voute...
La voix morne résonne...


Il faut en finir…Tue-les...
Sorianne
Les mots se sont échappés et il était désormais trop tard pour reculer. La tête droite et l'air pincé, la noiraude crispée coulait un regard en biais à la femme à l’arbalète. Il en faudrait de peu pour que parte le carreau armé, mais peu lui chaut, qu'il file. Elle serait ainsi libérée de cette vie qui ne lui convenait plus. La jeune femme ne tourna pas la tête quand la mercenaire passa dans son dos, préférant fixer un point devant elle, mâchoires serrées en l'attente de la réponse à ses injonctions. Le silence est des plus pesant à ses oreilles, et c'est le cœur battant à tout rompre qu'elle imaginait la pointe de la flèche la traverser de part en part, mettant ainsi fin à sa misérable condition... Est-ce que c'était ça qu'elle désirait? Une pointe d'optimisme et d'espoir pointa toutefois... Sans doutes que non, la roue n'avait pas fini de tourner et elle avait peut-être sa chance à retenter... Mais s'il lui fallait mourir, il ne serait pas dit qu'elle l'aurait fait sans broncher.

Le coup violent dans son dos lui coupa le souffle, et la brune aurait pu saluer ses réflexes si le temps le lui avait permis, ne serait-ce que pour avoir réussi à se rattraper de ses mains. A peine eut-elle manqué embrasser le sol que la lourde botte de la femme l'y plaqua davantage, lui arrachant un geignement douloureux tandis qu'elle portait une main à cette nuque malmenée, sans pour autant parvenir à se dégager. Elle n'avait plus qu'à prier pour ne pas se faire briser le cou. Son heure était-elle venue? Pas ici et pas comme ça... La So n'écoutait pas le venin craché, ce qui lui importait était de se défaire de la pression exercée, mais ses vains efforts furent enlisés un peu plus quand elle sentit le poids se faire plus lourd encore, un cri fut poussé et elle finit par se tenir immobile. La tête lui tournait, la nausée lui montait en gorge et elle se sentait presque défaillir.

Presque... La voix plus calme de la femme lui parvint, la haine ressentie la fit frissonner, mais elle visait juste, rajoutant au trouble qui lui rongeait l'esprit depuis maintenant un long moment. Depuis qu'elle avait croisé la route de ce prélat qu'elle côtoyait jour après jour. La route de cet homme allongé auprès d'elle, soumis à la violence inutile de femmes armées jusqu'aux dents et plus nombreuses. Voilà bien longtemps qu'elle ne s'était plus retrouvée dans pareille situation. La petite brune en avait oublié ce que cela faisait. Et cela ne lui avait point manqué. Dans la brume dans laquelle elle commençait à sombrer, elle entendit la voix du prêtre, et ouvrant les yeux, fut presque surprise de le voir aussi serein, avant de se rappeler que le calme les avait entouré toute la soirée jusqu'à l'arrivée des trois hérétiques qui les menaçaient.

Allait-elle écouter? Allait-elle croire ce qu'il disait? La confiance, elle n'en avait plus, et en lui encore moins. Pourtant quand l'ambiance était détendue et paisible, tout semblait plus aisé. Le ton qu'il employait, son air, c'était troublant, et elle ne savait plus que penser. Appuyée contre la dalle froide, elle referma les yeux, luttant contre les sifflements qui lui emplissaient les oreilles et elle ne put que l'écouter jusqu'au bout avant de sursauter en sentant une main douce la toucher. Si le geste était caressant, elle n'en tendit pas moins le dos à l'idée qui cela pouvait être, de ce qui pouvait être fait et elle s'était préparé à tout sauf à ce qu'on lui murmura.

La petite brune rouvrit des yeux perdus en plus de se sentir s'empourprer, honteuse et piteuse. Ne savait-elle pas déjà tout ceci? La putain du curé. Combien de fois l'avait-elle fait remarquer au Père Scopolie? Elle observa l'ombre se mouvoir jusqu'à ce dernier, et briller l'éclat d'une lame. Les sourcils se froncèrent, méfiante et inquiète. Elle avait beau le haïr, elle s'était habituée à sa présence, malheureusement. Et ils se trouvaient dans la maison du Très Haut, on ne pouvait pas y faire couler le sang, tuer un homme, elle ne s'y résoudrait jamais, aussi détesté soit-il. Le sang coula, et la So se redressa d'un coup, une main tendue, égorger ainsi un homme à terre, quoi de plus lâche?


Arrétez! Il ne vous a rien fait!
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♥♥♥ Crokiiiiie
--Achim_al_qasim


De leur Dieu il ne s’est jamais préoccupé. Priant ses antiques divinités sans qu’on vienne mettre le nez dans ses affaires. Sans doute parce qu’il se montrait discret aussi, n’intervenant que dans les cas extrêmes… Ceux qui lui permettaient d’exercer son bel art. Dans l’ombre il a suivi de loin les trois assassines, inquiet lorsqu’ils les avait vu pénétrer dans l’église où il savait se trouver la brunette.

Délicieuse nymphe aux yeux de biche, sa malak. Pas question de laisser trois mécréantes mesquines et jalouses de tant de grâce en imposer à ce corps harmonieux. Il est déjà assez mécontent qu’à l’instar de l’autre brune qui hante ses rêves, So lui échappe au profit d’un autre, qui l’accapare de la plus éhontée des façons.

Le cuir de ses bottes n’a pas crissé sur le gravier de l’allée, et à peine a-t-on pu deviner le bruissement de ses tissus lorsqu’il se déplaçait en silence pour se glisser à l’arrière du bâtiment, s’infiltrer lentement dans le presbytère, à pas de loup.

Par l’entrebâillement de la porte qui sépare la chapelle et le presbytère il n’a rien manqué de l’entrée fracassante des trois revanchardes. Il n’a pas saisi la finalité de leur incursion, si ce n’est ce complexe des nuisibles envers leur prochain, ou une tentative désespérée de fuir leur propre réalité en délivrant un message aussi médiocre que celui du cureton. Vaines, insipides, sans âme… Il lui serait doux d’instiller en elles le délicat poison que les croyants de cette partie du continent appellent acédie. Il suffirait d’un rien, de leur signifier toute la viduité de leurs actes, de les mettre face à elles mêmes, face au néant qui enrobe leur existence. Une pichenette et une corde tendue pour en terminer, pathétiques marionnettes oscillant au gré du vent… mauvais.

Mauvais comme il le devient au fil des évènements qui se déroulent sous ses yeux. Sans qu’il ne bouge pour autant, attendant l’instant T… celui où la brune se croit intouchable sur son Autel et surtout celui où elle lâche ces mots qui condamnent sa tendre colombe. Et de la même et implacable façon qu’elles ont investi les lieux, il se glisse, shamshir fermement en main, derrière elle. Elles sont bien trop occupées à s’écouter parler, à honorer un bélial de seconde zone. Sa lame vient flirter sur la gorge blanche alors qu’il murmure presque, laissant soin aux murs et à l’accoustique de la sainte bâtisse pour répercuter son message…


Par Allat, si une seule goutte de sang coule encore… je te vide comme un goret… Prends ton misérable butin et partez…

Et qu’elle ne pense même pas lui faire le coup de -j’me retourne et j’te désarme-… S’il ne sort que rarement son arme il n’en est pas moins un guerrier aguerri et surtout sans pitié. Il sait chaque parcelle de corps, consciencieux et d'un calme olympien de par sa profession, elle serait saignée avant de réussir à lui infliger le moindre mal. Ses prunelles brillent, comme deux ébènes scintillantes dans cette obscurité qui semble ne jamais vouloir finir, surveillant aussi bien les gestes de sa prisonnière que ceux de l'arbalestrière. Déjà miracle qu'elle arrive à la soulever, alors si elle se sentait l'âme d'un Guillaume Tell en jupons, qu'elle n'oublie pas que son corps est protégé par celui de la brune.

La vie n'est qu'un jeu de dupes où se cassent les dents ceux qui veulent gagner à tout prix. L'inéluctable mirage de croire que l'on a la moindre emprise sur les choses est brisé aussi irrémédiablement que le jour succède toujours à la nuit.
Scopolie
Je jette des coups d’œil curieux à l'ombre qui tourne autour de Sorianne, comme le ferait la Créature Sans Nom. Sensuelle, provocante, tentatrice. C'est une femme, maintenant je le sais. N'importe quel ivrogne serait charmé, comme il serait charmé par une catin à la poitrine pas trop molle et aux cuisses charnues. Ces benêts ne regardent que l'extérieur, ils ne voient pas la laideur de l'âme, la laideur de la pensée, la laideur de la petite vérole. Laide et contagieuse, aussi désagréable à regarder que nuisible à côtoyer. Comment peut-on en vouloir aux services de l'Inquisition de l'avant nouvel ère d'avoir tenter d'exterminer la vermine ?

Je reporte de nouveau mon regard sur la pointe de l'arbalète. Le contraire de la justice, le péché de l'envie. Elle a envie de me tuer, et tant pis si cela va à l'encontre des enseignements du Très-Haut ou de ses dieux païens. Orgueilleuse, elle croit connaitre les Vérités essentielles du monde spirituel, elle croit que ses valeurs sont les valeurs, celles à prôner, comme la tolérance. Guidée par la colère, elle pourrait m'abattre de sang froid, moi qui suis étranger à ses mésaventures. Mais au final, tout ce qu'elle veut, c'est soulager sa soif de sang. Cette histoire de vengeance, de clergé qui l'affame, ce n'est qu'une justification rationnelle à ses actes pour ne pas voir qu'elle est possédée.

Sur l'autel, la voix résonne, lasse. Le corps encapuchonné se prélasse, comme s'il était affaibli à l’extrême par l'acédie qui l'habite. Elle laisse aux autres le soin de faire le travail, en oubliant pas au passage de se servir dans les reliques dont elle pourra tirer un bon prix. Son avarice vaut bien quelques efforts. Et en plus, elle pourra laisser libre court à sa gourmandise, buvant du vin jusqu'au coma et mangeant les mets les plus fins lorsque d'autres meurent de faim.

Obéissante ou simplement autorisée, les griffes de l'ombre caressent une dernière fois ce corps désiré par sa luxure dégoutante avant de se saisir de sa lame. C'est toujours son appétit sexuel vorace qui la guide, mais sa perversion est telle qu'au lieu de jouir du corps comme tout à chacun, elle aime aussi le faire souffrir, affirmer sa domination. Un complexe qui remonte à l'enfance sûrement. J'ai déjà vu ça chez des femmes violées par leur père et leurs frères qui vouaient une haine féroce aux hommes. Je la mets dans le même panier que ces chevalières blanches qui se disent fières amazones, comme dans les récits grecs de l'Antiquité, mais qui servent, travaillent avec et épousent des hommes.


Vous vous faîtes instrument d'une vengeance injustifiée contre l’Église, mais vous êtes prêtes à tuer une simple fidèle en sus... Cela n'aura pour effet que de renforcer la haine envers les hérétiques de votre espèce : plus rares seront les procès inquisitoriaux, plus nombreuses seront les mises à mort par les Saintes Armées ! Et tant mieux, car le Très-Haut, lui, ne perdra pas son temps en tâches administratives lorsqu'il détruira l'humanité pour avoir abriter trop de péchés !

Sa lame suit le même chemin que celle de sa comparse, jusqu'à aller plus bas, abaissant mon col et laissant voir mon tatouage, la corde de pendu autour de mon cou. Le métal s'enfonce un peu, je pousse un gémissement de douleur sans oser bouger de peur de m'égorger moi-même. Elle s'amuse avant de me tuer, comme le ferait un chat avec sa proie. Je m'attendais à souffrir avant de mourir et de voir mon âme s'élever, mais le Très-Haut a dû m'avoir pris en miséricorde, ou a été inspiré d'un bien mauvais humour, pour m'envoyer un hérétique me sauver. C'était sûrement un averroïste pour avoir la peau aussi foncée.

Toujours menacé par la lame près de ma gorge, je dis d'une voix forte et autoritaire :


Aucun objet de l’Église ne franchira ces portes. En revanche, qu'ils découvrent leurs visages, laissent là leurs armes, leurs bourses et leurs vêtements. Qu'ils fassent pénitence en s'enfuyant nus dans la nuit à la faveur de laquelle ils se sont infiltrés ici. Et qu'ils s'estiment heureux que je sois miséricordieux.
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Cerdanne, incarné par Eliane_
Elle aurait pu rester là, à contempler jusqu’au sommeil, la voute empierrée et sombre de la petite église. L’agitation, les plaintes et par-dessus tout la voix caverneuse de ce curé l’entrainait dans une spirale infernale qu’elle connaissait trop bien.
Elles avaient envie de feu qui réchauffent et les voilà a palabrer entre des murs froids. De vieux relents d’encens tournoyaient autour d’eux agrémentés de cette si caractéristique odeur qui imprègnent sans exception le moindre édifice religieux. Le majestueux parfum de moisi qui règne depuis des siècles sur leur dogme.
Elle écoute de loin en loin et c’est avec infiniment de détachement qu’elle se voit faite prisonnière d’une lame tranchante et fermement appuyée sur sa gorge.

Allat…c’est le seul mot qui arrive à rester présent parmi tous ceux que la voix chaude et masculine murmure. L’accent, léger, chante la mort à son oreille…Alors lorsque résonne les paroles du prédicateur, elle s’appuie contre son bourreau. Retenant le rire dérisoire qui monte en elle.


Regarde bien, toi qui ne jures que par Allat, regarde bien ce qu’il veut au fond cet homme. Gardez son or et contempler nos corps.
Poser ces mains sur les cuisses de sa compagne pour les écarter plus vite ne lui suffit pas. Il lui faut aussi se repaitre de la vision des autres, de toutes les autres. Nous l’avons frustré, nous sommes arrivés trop vite et il enrage. Il n’a pas eu le temps de l’empaler à son dard de mâle lubrique. Alors il enrage...
Alors il veut nous voir nues pour mieux nous humilier.
Et cette bécasse qui le défend, qui le pleure déjà. Lui seul mérite châtiment. Elle nous indiffère.
Tu la veux ? Prends là. Mais lui, il est à nous.


Ses yeux n’ont de cesse de fixer Anaon tandis qu’elle parle à celui qui la menace. Et c’est d’une voix plus forte qu’elle s’adresse à sa complice.

Ne baisse pas ta pointe. Ne lui donne pas ce plaisir.
Tu peux, enfoncer ta lame bourreau. Je suis morte il y a bien longtemps.



Scopolie
Entre l'église de Craon rénovée par mes soins et la chapelle abandonnée de la Cour des Miracles, il n'y avait pas grande différence. Je me sentais revenu à ce jour où j'ai dû prêcher sur la place du marché devant tous les gueux de la face lépreuse de Paris pour contrer la prêche d'une femme tatouée qui tentait elle aussi de me faire passer pour le méchant de l'histoire. Une vieille ruse qui marche lorsqu'on sait faire preuve d'un minimum d'adresse avec les mots. Mais là, se faire passer pour la sauveuse d'une femme qu'on était prêt à tuer avec son tortionnaire l'instant d'avant, c'est grotesque. Malgré la lame près de ma gorge, je vociférai :

Elle parle la langue du mensonge ! Elles nous ont pris par surprise alors que je parlais avec ma suivante, elles n'ont vu que nos dos, même pas l'expression de nos visages lorsqu'elles se sont signalées ! Elles sont venues en me traitant comme si je les affamais, que j'étais responsable de tous leurs mots, et voilà qu'elles se font les protectrices de ma suivante qu'elles étaient prêtes à tuer lorsque tu es arrivé! Tue cette folle s'il le faut et que les deux autres repartent sans poches, sans honneur, sans la satisfaction de nous avoir nui !

Je marquai une courte pause, commençant à m'agiter dans tous les sens pour me relever malgré que j'étais encore prisonnier de la créature débordante de luxure.


La marche des vertueux est semée d’obstacles qui sont les entreprises égoïstes que fait sans fin surgir l’œuvre du malin ! Béni soit-il l’homme de bonne volonté qui, au nom de la charité se fait le berger des faibles qu’il guide dans la vallée d’ombre de la mort et des larmes, car il est le gardien de son frère et la providence des enfants égarés ! J’abattrai alors le bras d’une terrible colère, d’une vengeance furieuse et effrayante sur les hordes impies qui pourchassent et réduisent à néant les brebis de Dieu ! Et tu connaîtras pourquoi mon nom est l’éternel quand sur toi, s’abattra la vengeance du Tout-Puissant !*


J'adressai un regard vers Sorianne. Qu'elle lui parle, à cet inconnu prêt à nous sauver. Qu'elle le convainque de servir notre cause, elle qui n'a pas su convaincre un juge de servir la mienne.


*Citation de Pulp Fiction
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Sorianne
Et pourquoi demandait-elle grâce pour son bourreau? Pourquoi réclamait-elle la clémence pour le Curé qu'elle aurait pourtant voulu voir pendu au bout d'une corde? Ne le lui répétait-elle pas assez? Les mots étaient sortis, et il fallut qu'elle se fasse une raison. Il rythmait son quotidien, malgré elle, il était devenu son seul repère dans cette vie qu'elle regrettait. Et si elle s'en doutait, la révélation la frappa de plein fouet, pile à ce moment, la laissant dans un profond désarroi.

De toutes façons, ils allaient mourir tous les deux. N'était-ce pas ce que venait de proposer celle qui s'étendait sur l'autel, l'air de s'ennuyer après avoir trouvé le peu d'objets de valeur qu'il pouvait y avoir dans la bâtisse? Cela mettra ainsi fin à tout calvaire futur... Un mal pour un bien... Résignée, il n'y avait plus qu'à attendre la fin sanglante à laquelle ils auraient sûrement droit. C'est une voix connue qui la fit réagir et relever quelque peu la tête. Une voix chaude et profonde qui avait failli lui retourner les sens par deux fois déjà. Elle ne pouvait que rêver...

Mais non, il se tenait là, dressé au dessus de la silhouette allongée, prêt à mettre fin à sa vie s'ils ne cessaient pas de menacer les leurs. Le Père Scopolie n'avait pas failli à ses pensées et ne semblait pas craindre ce qui les guettait... Un regard de gratitude à l'égard du chirurgien, mais cela ne dura pas. La femme répondit, et la So s'empourpra. Oh pas de gêne timide non... Une gêne, honteuse et profonde, parce que c'était exactement ce qui allait se passer si elles n'étaient pas arrivées. Et non content de ça, sans même la moindre résistance... Mais mettre des mots sur cet acte qu'elle réprouvait et qu'elle exécrait... C'était comme la mettre face à la réalité... Elle eut désespérément envie de s'enfoncer dans le sol, de disparaitre loin de la vue de tous, de se cacher pour ne pas voir les regards qu'on pourrait lui lancer et qu'elle ne puisse y lire tout ce dont elle avait conscience mais qu'elle étouffait dans son esprit...

Bécasse... Le mot était gentil pour désigner une femme pourtant si stupide. Mais elle était sauve... Sauve parce que trop naïve et idiote... Pourtant comment pourrait-elle aller contre les valeurs qu'elle défendait depuis des années? Elle ne le pleurerait sans doutes pas, mais elle ne pouvait laisser le prélat se faire torturer, ou même une goutte de sang couler dans la maison du Trés Haut... Et le prêtre parla de nouveau, la faisant rougir un peu plus... Suivante... La dernière fois qu'elle avait vu le beau Maure, elle était libre, avait reprit du poil de la bête, souriait de nouveau... Et il la trouvait asservie. Relevant doucement le museau, elle ne put que croiser le regard que Scopolie lui adressa. Mais ce n'était pas pour lui qu'elle allait parler. Juste pour elle et ses "principes à la con" qui lui avaient valu la pire torgnole de sa vie.


Achim... Pas de sang, pas ici...

Qu'allait donc dire le curé en se rendant compte qu'elle le connaissait? Un hérétique de plus? Il s'était vu interrompu ce soir, mais ce n'était que partie remise. Comme elle aurait voulu se lever... Mais sous le joug du carreau, mieux valait éviter. Le regard lancé au chirurgien ne laissait pas de place au doute quant à ce qu'elle avait dit, elle était convaincue du bien fondé de sa demande. Pas de sang, pas de meurtre, c'était tout ce qu'elle demandait. Juste ça. Baissant de nouveau le nez, elle finit par la ramener de nouveau. Il voulait qu'elle plaide leur cause... Elle savait ce qu'elle risquait à ne pas le faire, ne serait-ce qu'un peu, et ce, même si la soirée semblait au départ paisible...

On ne faisait que parler. La godiche que je suis ne se serait pas laissée faire s'il en était allé autrement. C'est un prêtre, il sait ce qu'il fait, ce qui est juste.


Mensonges. Elle sentait encore sa main posée sur elle, ses serres refermées sur sa cuisse. Elle avait renoncé à s'en éloigné, elle avait renoncé à lutter et si personne n'avait fait irruption, nul doute qu'elle serait à l'instant même étalée sur un banc à subir des assauts valant Pardon.
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♥♥♥ Crokiiiiie
Eliane_
La situation se complique, la menace plane dans les deux camps, insouciante et insolente. Sa lame reste encore plaquée contre le cou du prêtre, incapable de résister à l’attraction si délicate de la Vendetta. Eliane ne peut simplement renoncer à ce parfum, ne peut balayer toutes ses souffrances qui semblent enfin trouver en cette nuit funeste, une solution, une apogée.
Le tuer ? Elle pourrait aisément à dire vrai, sans remord, sans appréhension, sans couardise, simplement guidée par la folie meurtrière.
Mais dans l’équation s’ajoute la menace qui tombe sur la brune au loin. Elle trône sur l’autel, éblouit simplement par l’éclat d’une autre lame. Avait-elle été imprudente ? Certainement pour ne pas avoir senti l’arrivée d’un étranger, de ce pion qui arrive tel le messie.

Eliane inspire doucement, un goût amer vient tapisser sa gorge, l’agacement se sent, lié à l’âcreté de la frustration. La main libre se serre, les ongles se logent dans le creux de la main en une morsure vivace et apaisante. Le Sauveur finira secoué par le carreau d’Anaon, à n’en pas douter.
Son regard se pose d’ailleurs sur son acolyte dans l’espoir de trouver en elle, une quelconque solution à ce soudain problème. Pour elle, l’équation allait être simple, l’Etranger allait soustraire la vie de Cerdanne, Anaon celle de l'assassin et Eliane pourrait ôter celle du prêtre ainsi que les jupons de Sorianne, elle ne devrait pas trop être farouche la putain du curé…

D’ailleurs, elle se réveille la brune, suppliant encore qu’aucun mal ne soit fait à son prêtre. Un sourire s’étire sur le visage de la blonde, la scène est surréaliste, tellement pathétique qu’elle en est quasiment amusante. Qu’il est troublant d’aimer son bourreau, de veiller à la vie de celui qui use et abuse de ses pouvoirs…Brutal reflet qui lui revient en pleine face. Une relation déjà connue et vécue, la sienne, si ambigüe et malsaine avec sa propre servante, triste Naelys.

Te rends –tu comptes de ta stupidité, jeune fou ? Tu as entre tes mains, la vie d’un seul de nos hommes. Nous avons ici même, la vie du prêtre, celle de la croyante et certainement la tienne par la même occasion…La perte de notre alliée ne saurait justifier la fin de notre quête et le salue de vos âmes…Pose ton arme et devient homme de Raison.

Les jupons ne seront peut-être pas relevés et finalement ce n’est pas plus mal, la distraction de Cerdanne avait déjà eu un prix. Le visage se baisse un peu, observant les traits du prête bloquée entre ses cuisses et sa lame rougie. Le sang ne coule plus, il sèche doucement sous cet air pesant et ces tensions. Eliane se penche un peu plus, venant souffler dans l’oreille de ce bougre quelques paroles cinglantes.


Alors dis-moi, vile pervers que tu es…Il a quel goût le jardin de ta putain ? Se plie-t-elle à toutes tes volontés en étant juste sous le charme de tes si perfides et écœurantes paroles ?


Les paroles se glissent, fourbes et obscènes à l’attention de cet autre qui tout comme elle joue au manipulateur.

Nulle place ici pour ton Sauveur, pour tes paroles enrobées de douceur et de mensonges…Je n’ai comme seul guide que celui qui accepte les pécheurs et les vices.

L’échine se redresse, doucement et la situation n’aura pas changée pour autant…Qu’il ose le Messie, faire couler le sang de l’hérétique…

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Anaon, incarné par Calyce..
    Elle est là l'Anaon. Silencieuse. Aussi marbre que les faciès des saints qui pourraient crécher aux cœurs de quelques alvéoles. Son bref instant de rage est bien vite retombé. Elle avait laissé son attention volage se poser sur les murs de l'église, laissant le cureton à ses discours qui ne l'intéressaient plus. Et dans sa brève inattention elle n'avait pas vu le Maure arriver.

    Avec minutie elle étudie ce nouveau facteur bien dérangeant. Que les autres jacassent, elle, elle analyse et si aucune once de panique ne vient ébranler ses gestes, son esprit carbure derrière les remparts de son crâne. La situation n'est pas des plus jouasse, mais c'est bien souvent pour cela qu'on la paie. Pour qu'elle foute les deux pieds dans un bourbier où les nobles ne tremperaient même pas leur regards et pour qu'elle réussisse à s"en dépêtrer sans qu'aucun son ne ressorte de cette histoire. Femme de basse œuvre ou artiste du silence qui laisse ses réussites sous nom d'anonyme. Pour elle, cette lame est un écueil comme un autre, une éventualité dérangeante qu'il fallait prévoir. A la différence près que la gorge qui palpite sous l'éclat de métal est celle de Cerdanne.

    D'un pas sans empressement, la mercenaire se décale quelque peu de la femme allongée à ses pieds. Non pas qu'elle réponde a une menace, mais la donzelle serait assez fourbe pour tenter de lui faucher les chevilles. Et ce n'est pas l'heure de perdre pied.

    _ Je crois, voisin, que nous avons un problème...

    Les bottes se figent. La voix est des plus calme et ne souffre d'aucune émotion. L'arbalète tient toujours en joug la silhouette de la jeune femme, mais les azurites, elles, scrutent la peau sombre de l'inopportun.

    _ Je crains que nous n'arrivions jamais à un accord, voisin... Alors ne soyons pas sot. Préférons le compromis.

    Tout est déjà orchestré dans la caboche de la brune. Il n'y a plus qu'à s'assurer que chacun joue le même accord.

    _ Tu la connait. Alors c'est elle que tu veux... Alchim? Prend ta gonzesse et part. Le prêtre reste là. Dieu est bon dit-on et s'il l'est tant, il ne permettra pas que malheur soit fait à l'un de ses serviteurs... Tu n'as donc pas à te soucier de lui. Ou alors...

    L'arbalète se meut jusqu'à braquer la tête de l'homme. Qu'il réfléchisse. Et toi jeune fille méfie-toi des tes faux pas... car je ne te louperais pas. Si ce n'est pas lui, c'est sa donzelle qui y passe. L'Anaon n'a plus qu'à se la jouer fine pour que Cerdanne n'y laisse pas bêtement la vie. Qu'il esquisse le mauvais geste. Si elle n'est pas assez rapide pour lui clouer la tête, c'est la petite croyante qui casquera à sa place. Non, l'Anaon n'a pas la prétention de se croire être un Guillaume Tell, mais bien sot serait celui qui douterait de son adresse.

    _ … Se sera ta vivacité contre la mienne.


Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - [Clik]
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