Scopolie
J'observais tour à tour les trois intrus, essayant vainement de découvrir quelque chose qui aurait pu m'aider à comprendre d'avantage la situation. Mais je ne pouvais faire que des suppositions. Puisqu'ils cachent leurs visages, c'est qu'ils ont peur d'être reconnus, donc ce sont des angevins ou des voyageurs connus dans le coin. Mais puisque l'une des hérétiques m'appelle curé, alors que personne ici ne me considère comme tel, elle, au moins, n'est pas de Craon. Alacian avait fait fort en recrutant des hérétiques étrangers à notre village, lui qui semblait ne jamais avoir dépasser les murailles.
Les sourcils froncés, j'observais les flammes dévorer les archives et autres annonces vieilles de plusieurs mois. Cela m'épargnera le soin de les ranger, mais ne présageait rien de bon quant au sort qu'ils réservaient à l'église. Elle était en ruine à mon arrivée, et elle le sera encore après cette nuit. Tous ces efforts pour rien. Mais le pire, c'est que ma vie va peut-être s'arrêter ce soir. Moi qui ait dépensé tant d'énergie pour en arriver là, on allait me priver des fruits de mon travail. Rageusement, je lançai ma crosse derrière moi avant de faire quelques pas de côté, encore et encore. La seule raison pour laquelle cela me dérangeait de m'éloigner de Sorianne, c'est que je ne pouvais plus l'utiliser comme bouclier pour intercepter un carreau d'arbalète qui m'aurait été destiné.
Je ne vous offre rien, vous le prenez de vous-même. C'est pour quoi j'irai au Paradis, et vous en Enfer.
Mon corps douloureux. Puisqu'elle me voulait faible vieillard gâteux, j'allais lui offrir ce qu'elle voulait. Lentement, sans geste brusque pour ménager mes articulations, je m'allongeais sur le sol, mon corps dans la même position que celui de Christos sur sa croix, avec une dague cachée dans ma manche en plus. Celle que Sorianne avait utilisé contre moi à notre première rencontre. La joue collée contre le sol poussiéreux, j'observais une feuille brûler ; et comme toute personne qui sait qu'elle va bientôt mourir, je repensais à mon passé. Cette flamme semblait être la même que celle qui brûlait la lettre d'amour qu'un messager que nous avions intercepté transportait, moi et mes camarades. Si les carrosses nobles étaient des prises trop audacieuses pour nous, leurs employés et autres gens de basse condition étaient notre pain quotidien. Jusqu'au jour où le Très-Haut décida de nous punir pour nos péchés. J'entrouvris la bouche pour réciter le psaume Imprecatorio.
Dieu, je fais Votre éloge et je ne me tairai pas,
Car contre moi se sont élevées les voix des impies remplies de vice, s'exprimant avec la langue du mensonge.
Les hommes me bafouent avec des mots de haine et me combattent sans raison.
En échange de mon amour, je récolte des accusations jetées à mon encontre lorsque je prie.
A l'amour ils répondent par la haine, au bien ils répondent par le mal.
L'impie suscite l'accusation dans le cur de l'homme qui est à ma droite.
Cité à comparaître, je suis jugé coupable et tout appel se solde en nouvelle condamnation.
Rares sont les jours où ils sont occupés à s'en prendre à d'autres...
Je poursuivis par le cantique au Très-Haut, dont la conclusion se prêtait parfaitement à la situation.
Rendons grâce au Très-Haut !
En Lui, tout fut créé, dans le ciel et sur terre.
Car le moteur du monde écartant le néant
de la Sainte Parole, nous faisant légataire
nous a prédestinés a être ses enfants.
Le peuple dOanylone céda à la folie,
Et tous renonçant à l'amour d'eux-mêmes,
Impies jusqu'à mourir à force dacédie,
Aux côtés du Sans Nom reçurent lanathème.
Alors
Sa colère est venue et Il leur a offert,
Par la voie du Pardon de trouver le salut,
Epargnant les Vertueux dans un destin solaire,
Jetant les corrompus dans la lune, reclus.
Mais Son Amour s'étend de royaume en royaume.
Dieu a su éveiller nos esprits sous nos heaumes
Comme Il nous la promis depuis les temps anciens
Au travers du prophète, par la bouche des saints.
Dispersant les ténèbres au dessus dOanylone,
Renversant les imbus de leurs superbes trônes
En déployant la force de son bras divin,
Il élève les humbles, comble les crève-la-faim,
Renvoie les riches impies repartir les mains vides,
Et secours la vertu dont la force impavide,
A la face des peuples chante pour quon bénisse
Aristote le Sage, qui fût notre Prophète
Lumière qui nous révèle à sa pensée parfaite
Et, qu'au nom de Christos tous les genoux fléchissent !
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Les sourcils froncés, j'observais les flammes dévorer les archives et autres annonces vieilles de plusieurs mois. Cela m'épargnera le soin de les ranger, mais ne présageait rien de bon quant au sort qu'ils réservaient à l'église. Elle était en ruine à mon arrivée, et elle le sera encore après cette nuit. Tous ces efforts pour rien. Mais le pire, c'est que ma vie va peut-être s'arrêter ce soir. Moi qui ait dépensé tant d'énergie pour en arriver là, on allait me priver des fruits de mon travail. Rageusement, je lançai ma crosse derrière moi avant de faire quelques pas de côté, encore et encore. La seule raison pour laquelle cela me dérangeait de m'éloigner de Sorianne, c'est que je ne pouvais plus l'utiliser comme bouclier pour intercepter un carreau d'arbalète qui m'aurait été destiné.
Je ne vous offre rien, vous le prenez de vous-même. C'est pour quoi j'irai au Paradis, et vous en Enfer.
Mon corps douloureux. Puisqu'elle me voulait faible vieillard gâteux, j'allais lui offrir ce qu'elle voulait. Lentement, sans geste brusque pour ménager mes articulations, je m'allongeais sur le sol, mon corps dans la même position que celui de Christos sur sa croix, avec une dague cachée dans ma manche en plus. Celle que Sorianne avait utilisé contre moi à notre première rencontre. La joue collée contre le sol poussiéreux, j'observais une feuille brûler ; et comme toute personne qui sait qu'elle va bientôt mourir, je repensais à mon passé. Cette flamme semblait être la même que celle qui brûlait la lettre d'amour qu'un messager que nous avions intercepté transportait, moi et mes camarades. Si les carrosses nobles étaient des prises trop audacieuses pour nous, leurs employés et autres gens de basse condition étaient notre pain quotidien. Jusqu'au jour où le Très-Haut décida de nous punir pour nos péchés. J'entrouvris la bouche pour réciter le psaume Imprecatorio.
Dieu, je fais Votre éloge et je ne me tairai pas,
Car contre moi se sont élevées les voix des impies remplies de vice, s'exprimant avec la langue du mensonge.
Les hommes me bafouent avec des mots de haine et me combattent sans raison.
En échange de mon amour, je récolte des accusations jetées à mon encontre lorsque je prie.
A l'amour ils répondent par la haine, au bien ils répondent par le mal.
L'impie suscite l'accusation dans le cur de l'homme qui est à ma droite.
Cité à comparaître, je suis jugé coupable et tout appel se solde en nouvelle condamnation.
Rares sont les jours où ils sont occupés à s'en prendre à d'autres...
Je poursuivis par le cantique au Très-Haut, dont la conclusion se prêtait parfaitement à la situation.
Rendons grâce au Très-Haut !
En Lui, tout fut créé, dans le ciel et sur terre.
Car le moteur du monde écartant le néant
de la Sainte Parole, nous faisant légataire
nous a prédestinés a être ses enfants.
Le peuple dOanylone céda à la folie,
Et tous renonçant à l'amour d'eux-mêmes,
Impies jusqu'à mourir à force dacédie,
Aux côtés du Sans Nom reçurent lanathème.
Alors
Sa colère est venue et Il leur a offert,
Par la voie du Pardon de trouver le salut,
Epargnant les Vertueux dans un destin solaire,
Jetant les corrompus dans la lune, reclus.
Mais Son Amour s'étend de royaume en royaume.
Dieu a su éveiller nos esprits sous nos heaumes
Comme Il nous la promis depuis les temps anciens
Au travers du prophète, par la bouche des saints.
Dispersant les ténèbres au dessus dOanylone,
Renversant les imbus de leurs superbes trônes
En déployant la force de son bras divin,
Il élève les humbles, comble les crève-la-faim,
Renvoie les riches impies repartir les mains vides,
Et secours la vertu dont la force impavide,
A la face des peuples chante pour quon bénisse
Aristote le Sage, qui fût notre Prophète
Lumière qui nous révèle à sa pensée parfaite
Et, qu'au nom de Christos tous les genoux fléchissent !
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