[RP] La Saoul c'est pour les p'tit et pour les grands

Comme il attendait, la femme revint sur cette question qui décidément en perturbait beaucoup : son nom. Certes il ne parlait que le françois mais lorsqu’elle lui attribua ce drôle de « surnom », le brun sentit que si ce n’était pas une insulte, ce ne devait au moins pas être un nom à son avantage. Pas vrai… ? Il fronça donc les sourcils, prêt à demander éclaircissement. Mais là Ô MIRACLE des mers du Sud – oui parce que ce type de miracle a plus la classe que les autres – une chope, certes à moitié pleine, lui fut amenée sous le nez. Un mince sourire étira les lèvres du Berrichon, un instant. Instant qui ne devait pas vraiment durer. Disons… Le temps d’engloutir le contenu de la bière en grommelant un « merci » à peine audible. Pourquoi pas plus longtemps me direz-vous ? Il est vraiment râleur ce type ! Oui mais non j’y viens ! Car il venait tout juste de descendre la chopine et de s’essuyer les lèvres d’un revers de manche qu’ une nouvelle personne fit son apparition, théâtrale, du moins l’homme devait-il en être convaincu… Vahanian se contenta de le regarder d’un air empreint de pitié toute relative et s’apprêtait à lui expliquer que pour boire à l’œil visiblement il fallait certaines conditions supplémentaires que celles précédemment énoncées lorsqu’un cri, que dis-je, un hurlement des plus stridents – un peu dans la même lignée que les porcs lorsqu’on les égorge – retentit là, tout près, juste dans ses pauvres petites oreilles sensibles. Il grimaça. Le genre de réaction typiquement féminine qu’il avait en horreur. Lui expliquer la soule ? Hé il n’était pas crétin ! Celui qui boude ? Pfff c’est quoi ces conclusions pourries ? Neurones ? Oulala késako ? C’est quoi ça, encore un patois qu’il ne connait pas ? Et voilà que le « Sylveninounette d'amuuuuuur » se lance dans une explication, longue, qui n’est pas une explication mais plutôt une sorte d’ode à ce sport qu’il connaît déjà. Soupirs.

- Sinon... on peut aussi parler de tout et de rien... j'sais pas moi... le temps qu'on ait un public plus enthousiaste

Vafanculo une idée? T'en as une de bonnes je t'offre 2 chopes en même temps!

Vafanculo ? Ah oui, c’est sensé être lui, c’est vrai ! Hm 2 chopes, ouais il n’aime pas se faire acheter m’enfin là, causer et boire ou s’emmerder et entendre ces gens étranges jacter… Le choix est fait ! Haussement d’épaules nonchalant le temps de réfléchir, et puis la réponse vient.

- Causer d’tout et rin c’pas trop dur hein. M’dites pas qu’vous manquez d’imagination là d’jà ? Fin en tout cas *se frotte les oreilles* puuuutain vous manquez pas d’voix… Malheureus’ment ! C’quoi c’truc de « trouvez moi d’quoi causer » ? Suffit d’lancer un truc. J’sais pas du genre « qu’est-c’vous foutez dans l’coin ? » ou « p’quoi qu’vous êtes là à brailler sur la soule ? » ou encore « z’êtes plutôt crabe ou pigeon ? » pfff j’sais pas moi quand j’ai envie d’causer béh j’cause ! Pis boire ça aide....

Sous condition ? La connaissant – bon pas vraiment, mais il commençait à piger l’oiseau – les conditions allaient s’allonger au fur et à mesure. Mais à ce genre de jeux il sait bien jouer. Il la laisse finir dans ses grands élans de parlotte et fronce même de ses soyeux sourcils en la voyant servir deux verres à celle qui visiblement se nommait « Lanceline ». Gentleman ? Et elle suppose qu’il cause anglois en plus ? Ça veut dire quoi ce mot ? Savoir le nom des arbitres ? Pff déjà qu’il ne se souvient pas de plus de la moitié des noms des gens qu’il croise longuement en taverne, alors des arbitres de soule ? Pfff ! Il soupira.

- J’cause b’coup plus quand on essaie pas d’m’arnaquer sur une bière. Norf ! Vous voulez d’ma salive ? Bah aboulez d’jà la boisson pis après on verra. Pis si vous croyez qu’j’ai la mémoire des noms bah vous vous gourez. Dir’qu’j’étais prêt à causer d’la soule 'tant qu'vous voulez ‘vant qu’vous tentiez d’faire chantage là.. !

Il la regarde en soupirant de nouveau. Tergiverser dix ans ce n’est pas son genre au gaillard. Et céder du terrain même pour une bière, hors de question. La bière promise d’abord, et une fois parole respectée causette autant que vous voulez. Pas si complexe que ça le brun hein ? Et puis rester debout commence à l'ennuyer, surtout sans bière. En plus là en plein cagnard avec ce beau temps des derniers jours, une boisson fraiche ne serait pas de trop, il commence à faire chaud ! Et vas y qu'on boit sous ton nez en se foutant de ta pomme... Tss. Le brun grommelle en attendant réponse.

Mais elle s’arrête quand de causer celle-ci ? Pas possible ça ! Il aime les femmes causantes mais là quand même… Enfin ! La voilà qui se tait brièvement. Elle a dit quoi déjà au début ? Le brun laisse échapper un soupir, il ne s’en souvient qu’à moitié tellement elle l’a noyé sous son flot de paroles. Courage, on ne va pas se laisser emberlificoter par une femme, non mais, HO ! Il esquisse un sourire plein de résolution et, comme les cent autres fois par jour, il s’étire avant de déclarer ce qui suit :

- Ouais j’la veux. Bah oui quoi, il ne se manifeste pas pour ça depuis tout à l'heure peut-être ? Tss, elle le fait exprès cette carne ! Elle ne doit pas être aussi ivre que ça... Il poursuit néanmoins. Et si z’vez un chouilla d’parole vous m’la fil’rez. C’quoi ces déclarations creuses là ? Publicité mensongère pour appâter ? Pfff ! Hé pis mais j’cause hin, just’ment ! Elle croit causer toute seule encore ? Pis z’vez p’t’et’tout vot’temps mais moi nan. ‘lors el’vient ou pas c’te bière ?!

Réminiscence elle ne lui avait pas demandé un échantillon de salive ? Non, autre chose qui l’avait fait sourire intérieurement… Ah oui ! Les fesses. Y’avait un truc à ce propos. Ah oui ! L’éternelle question du « Comment vous vous appelez ? » à laquelle il ne répondait jamais. Sauf pour la collection, évidemment. La collection ? Oui, le ménage à trois – haha – qu’il faisait avec Lonie et Hénora, paraîtrait même qu’il couchait avec les deux en même temps, qu’il les dégradait et patati patata. Bref répondre à ça il pouvait.

- Ah pis j’m’appelle com’qu’vous voulez. On s’en cogne ! J’viens d’Bourges pour l’instant pis pour l’reste z’vez qu’à d’viner vous-même c’facil’ment constatab’ !

Et voilà qu'une femme s'avance, et vas y que je me la pète et que je récite tout ce que je sais de la soule. Pfff ! Il sent qu'il va pouvoir faire demi-tour et chercher une chope offerte ailleurs... Il l'écoute seulement sur la fin et se marre, intérieurement toujours, elle serait pas alcoolique aussi la nouvelle à causer là ?