Sorianne
La noiraude arpentait la chambre où elle s'était confinée pour la journée, dans le flonflon soyeux des tissus de ses jupes. La nuit avait été agitée et elle s'était réveillée avec un sentiment de culpabilité monstrueux. La voilà qui s'en rongeait presque les ongles. Presque, parce qu'elle y tient tout de même. Sa fille jouait avec les poupées de chiffons qu'elle lui avait donné, dans un coin... So n'en avait jamais parlé à Lisbelle. Jamais parlé à quiconque. Ils n'étaient plus qu'un lointain souvenir presque oublié. Alors pourquoi y avait-elle songé?? Puis peut-être étaient-ils morts.
Agitée, elle se laissa tomber sur le lit, assise et les mains croisées sur les genoux. Mais elle n'y resta pas bien longtemps, et la marche reprit. Elle avait même finit par connaitre les recoins de la pièce sur le bout des doigts! Du coin de lil, elle jetait des regards à son matériel d'écriture qui avait été sorti pour écrire à Adye. A ce sujet, il fallait aussi qu'elle réponde à Achim. Gniiiiiii, à s'en arracher les cheveux sur lesquels elle s'était mise à tirer.
Rhaa mais comment je pourrai leur écrire après tout ce temps. Tu te rends compte?
Oui, sa fille était bonne oreille et en plus, elle ne la contredisait jamais. Un vrai bonheur pour sépancher. Les cents pas étaient effectués depuis déjà longtemps mais elle continuait.
Ils ont dû m'oublier depuis... Ou alors ils sont morts. Ou alors ils se gausseront bien et m'enverront paitre comme il se doit...
Puis comment leur expliquer ce à quoi elle était réduite? Oh pour sûr elle avait bien changé l'innocente et insouciante Sorianne. Oh puis lâchant ses cheveux, la brune décida de la chose à faire, ne serait-ce que pour être soulagée de cette sensation qui l'avait éveillée. Profitant de l'absence du Père Scopolie, qu'elle devait à ses études et qui lui permettait d'être seule une bonne partie de la journée, la jeune femme se plaça en tailleur au centre du lit, vélins sur les genoux et fusain prêt à gratter. Oui, fusain. Elle n'arrivait pas à garder une plume intacte et chaque fois qu'elle cherchait à en tailler une, c'était son pouce qui trinquait. Quand on n'est pas doué de ses dix doigts, c'est pour la vie... Un regard au bébé qui lui sourit en retour.
Marres toi... J'en connais qui vont avoir la même réaction à la lecture...
Mais que dire après des années et des années? Le bout de charbon resta en suspend au dessus du feuillet... Raconter sa vie? Pour être raillée?? Plutôt mourir. A cette idée une moue boudeuse vint déjà jouer sur le visage de la noiraude. Pfeuh, oui même pas en rêve. Ah pour sûr, ils allaient être surpris d'apprendre qu'ils avaient une bonne petite branche de famille rien que grâce à elle... A qui écrire en premier? Que devenaient-ils? Autant commencer par l'aîné...
A toi l'Ancêtre.
Ah bah ça commençait bien. Oh elle avait besoin de s'amuser un peu. Puis après tout ils lui en avaient assez fait baver.
Autrement nommé, Mordric.
Ce serait déplacé que de te demander si tu n'es pas mort et enterré au fond de quelque trou, je pense...
Puis je ne suis pas sûre d'avoir une réponse si tel était le cas... Avoue que ce serait dommage.
Je t'écris pour me rappeler à ton bon souvenir.
Ta sur adorée est toujours vivante.
Et peut-être que cette même sur reconnait que la rancune est mauvaise conseillère. Il aura fallu un rêve cette nuit pour me le faire comprendre.
J'avoue être honteuse de ne pas avoir donné de nouvelles durant toutes ces années. Mais à dire vrai, j'avais rangé ton existence dans un petit coin de ma tête. Et tu sais combien elle peut être petite... Très très petite...
La So évita de rajouter qu'il pouvait taper s'il la voyait, ce serait amplement mérité, mais ce serait tendre le bâton pour se faire battre. Ce serait tout de même ballot. Elle aurait aimé en rajouter encore et encore, mais pour le coup, une hésitation la prit. Pas de suite. Il fallait en garder pour la suite... Si réponse il y avait..
Enfin voilà... Je me trouve en Anjou. Loin de chez nous! Je n'y suis pas retournée depuis des lustres d'ailleurs. Je vais envoyer ce courrier en Languedoc, mais rien ne me dit que tu t'y trouves encore! Sait-on jamais, avec un peu de chance...
Fais moi signe si tu es vivant toi aussi... J'attends ta réponse en regrettant de ne pas voir la tête que tu vas faire en lisant ces lignes.
Je m'en vais écrire à Alzin de ce pas. Tant qu'à rédiger des courriers, autant revenir d'entre les morts pour mes deux frères et pas seulement un!
Ta petite soeur aimé et adulée :
Sorianne.
Moui, autant ne pas relire hein, sinon elle pouvait jeter au feu le courrier. Au tour de son deuxième frère. La culpabilité avait fait place à l'envie grandissante de savoir.
Alzin,
Tonton,
(oui tu es oncle!)
Es-tu toujours vivant?
Tu ne devineras jamais qui a trouvé à t'écrire! Nan! Ne regarde pas qui a signé, ce serait tricher.
Bon, elle sait très bien qu'il le fera, mais c'est pour dire.
As-tu bien tourné? Ou est-ce que ça a empiré? Un homme que j'ai aimé m'a dit que ma famille n'était que mauvaises graines et que je n'avais pas à en être fière.
Est-ce que tu confirmeras ses paroles? Ou est-ce que je pourrai me représenter devant lui en lui prouvant qu'il avait tort?
Ou comment tourner autour du pot... Un petit soupir et on se lance.
Ta petite sur chérie a finit par oublier sa rancune. Il en aura fallu du temps!
Je suis en Anjou actuellement et vais sans doutes y rester un moment.
J'espère que tu trouveras à me donner quelques nouvelles sinon il faudrait que je vienne te les arracher et ce serait dommage.
A défaut, fais moi au moins signe si tu es toujours de notre Monde!
La petite sur que tu as toujours rêvé de revoir, je le sais :
Sorianne!
Valà! Et non elle ne relirait encore pas.
Se levant avec quelques difficultés du lit sur lequel elle se trouvait, la petite boiteuse alla chercher sa fille après avoir plié les courriers. Plus qu'à les envoyer, ce qu'elle s'empressa d'aller faire.
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Agitée, elle se laissa tomber sur le lit, assise et les mains croisées sur les genoux. Mais elle n'y resta pas bien longtemps, et la marche reprit. Elle avait même finit par connaitre les recoins de la pièce sur le bout des doigts! Du coin de lil, elle jetait des regards à son matériel d'écriture qui avait été sorti pour écrire à Adye. A ce sujet, il fallait aussi qu'elle réponde à Achim. Gniiiiiii, à s'en arracher les cheveux sur lesquels elle s'était mise à tirer.
Rhaa mais comment je pourrai leur écrire après tout ce temps. Tu te rends compte?
Oui, sa fille était bonne oreille et en plus, elle ne la contredisait jamais. Un vrai bonheur pour sépancher. Les cents pas étaient effectués depuis déjà longtemps mais elle continuait.
Ils ont dû m'oublier depuis... Ou alors ils sont morts. Ou alors ils se gausseront bien et m'enverront paitre comme il se doit...
Puis comment leur expliquer ce à quoi elle était réduite? Oh pour sûr elle avait bien changé l'innocente et insouciante Sorianne. Oh puis lâchant ses cheveux, la brune décida de la chose à faire, ne serait-ce que pour être soulagée de cette sensation qui l'avait éveillée. Profitant de l'absence du Père Scopolie, qu'elle devait à ses études et qui lui permettait d'être seule une bonne partie de la journée, la jeune femme se plaça en tailleur au centre du lit, vélins sur les genoux et fusain prêt à gratter. Oui, fusain. Elle n'arrivait pas à garder une plume intacte et chaque fois qu'elle cherchait à en tailler une, c'était son pouce qui trinquait. Quand on n'est pas doué de ses dix doigts, c'est pour la vie... Un regard au bébé qui lui sourit en retour.
Marres toi... J'en connais qui vont avoir la même réaction à la lecture...
Mais que dire après des années et des années? Le bout de charbon resta en suspend au dessus du feuillet... Raconter sa vie? Pour être raillée?? Plutôt mourir. A cette idée une moue boudeuse vint déjà jouer sur le visage de la noiraude. Pfeuh, oui même pas en rêve. Ah pour sûr, ils allaient être surpris d'apprendre qu'ils avaient une bonne petite branche de famille rien que grâce à elle... A qui écrire en premier? Que devenaient-ils? Autant commencer par l'aîné...
A toi l'Ancêtre.
Ah bah ça commençait bien. Oh elle avait besoin de s'amuser un peu. Puis après tout ils lui en avaient assez fait baver.
Autrement nommé, Mordric.
Ce serait déplacé que de te demander si tu n'es pas mort et enterré au fond de quelque trou, je pense...
Puis je ne suis pas sûre d'avoir une réponse si tel était le cas... Avoue que ce serait dommage.
Je t'écris pour me rappeler à ton bon souvenir.
Ta sur adorée est toujours vivante.
Et peut-être que cette même sur reconnait que la rancune est mauvaise conseillère. Il aura fallu un rêve cette nuit pour me le faire comprendre.
J'avoue être honteuse de ne pas avoir donné de nouvelles durant toutes ces années. Mais à dire vrai, j'avais rangé ton existence dans un petit coin de ma tête. Et tu sais combien elle peut être petite... Très très petite...
La So évita de rajouter qu'il pouvait taper s'il la voyait, ce serait amplement mérité, mais ce serait tendre le bâton pour se faire battre. Ce serait tout de même ballot. Elle aurait aimé en rajouter encore et encore, mais pour le coup, une hésitation la prit. Pas de suite. Il fallait en garder pour la suite... Si réponse il y avait..
Enfin voilà... Je me trouve en Anjou. Loin de chez nous! Je n'y suis pas retournée depuis des lustres d'ailleurs. Je vais envoyer ce courrier en Languedoc, mais rien ne me dit que tu t'y trouves encore! Sait-on jamais, avec un peu de chance...
Fais moi signe si tu es vivant toi aussi... J'attends ta réponse en regrettant de ne pas voir la tête que tu vas faire en lisant ces lignes.
Je m'en vais écrire à Alzin de ce pas. Tant qu'à rédiger des courriers, autant revenir d'entre les morts pour mes deux frères et pas seulement un!
Ta petite soeur aimé et adulée :
Sorianne.
Moui, autant ne pas relire hein, sinon elle pouvait jeter au feu le courrier. Au tour de son deuxième frère. La culpabilité avait fait place à l'envie grandissante de savoir.
Alzin,
Tonton,
(oui tu es oncle!)
Es-tu toujours vivant?
Tu ne devineras jamais qui a trouvé à t'écrire! Nan! Ne regarde pas qui a signé, ce serait tricher.
Bon, elle sait très bien qu'il le fera, mais c'est pour dire.
As-tu bien tourné? Ou est-ce que ça a empiré? Un homme que j'ai aimé m'a dit que ma famille n'était que mauvaises graines et que je n'avais pas à en être fière.
Est-ce que tu confirmeras ses paroles? Ou est-ce que je pourrai me représenter devant lui en lui prouvant qu'il avait tort?
Ou comment tourner autour du pot... Un petit soupir et on se lance.
Ta petite sur chérie a finit par oublier sa rancune. Il en aura fallu du temps!
Je suis en Anjou actuellement et vais sans doutes y rester un moment.
J'espère que tu trouveras à me donner quelques nouvelles sinon il faudrait que je vienne te les arracher et ce serait dommage.
A défaut, fais moi au moins signe si tu es toujours de notre Monde!
La petite sur que tu as toujours rêvé de revoir, je le sais :
Sorianne!
Valà! Et non elle ne relirait encore pas.
Se levant avec quelques difficultés du lit sur lequel elle se trouvait, la petite boiteuse alla chercher sa fille après avoir plié les courriers. Plus qu'à les envoyer, ce qu'elle s'empressa d'aller faire.
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