Scopolie
"Mal aimé
Je suis le mal aimé
Les gens me connaissent
Tel que je veux me montrer
Mais ont-ils cherché à savoir
Doù me viennent mes joies?
Et pourquoi ce désespoir
Caché au fond de moi?
Si les apparences
Sont quelquefois contre moi
Je ne suis pas ce que lon croit..."
Le mal aimé, Claude François
Je me présentais au tribunal d'Anjou après avoir reçu la convocation quelques heures plus tôt. J'avais revêtu mon plus bel apparat, ma robe de bure blanche que je ne portais que lors des grandes occasions. Les gardes insistèrent pour que je laisse ma crosse à l'entrée, pensant peut-être que je pouvais être dangereux. L'idée eut le mérite de m'amuser. Je pénétrai dans la grande salle, accompagné de ma témoin, Sorianne, et prit la place de l'accusé. Mon regard croisa celui du juge, pas inconnu. Puis la procureure prit la parole. Du moins, le temps qu'elle allait le rester, les résultats des élections allant très bientôt être connus, et le jeu des chaises musicales allait donner un nouveau visage au conseil ducal. Le temps passe, mais on n'a pas ce genre de problème dans le pouvoir spirituel.
Nous, Chalva, procureur d'Anjou, ouvrons procès ce 28 avril 1460 à l'encontre de Scopolie sous le chef d'inculpation de trouble à l'ordre public.
Scopolie est accusé d'avoir délibérément mis en danger l'équilibre économique du marché de Craon en ne respectant pas le décret du 13 décembre 1959.
L'article 1 de ce décret précise que l'achat de masse de nourriture (excepté le poisson, fruit) est interdite. (Achat de nourriture pour une durée supérieur à 4 jours), or messire Scopolie a acheté en une seule fois 10 viandes à 17 écus au boucher Brutus666.
L'article 3 précise que tout vente par un Craonnais de denrées non produites dans son champs ou échoppe, et ne pouvant prouver l'achat dans une autre ville, est considéré comme de la spéculation et est interdite. Or messire Scopolie a vendu des miches de pains à 6,70 écus et des viandes à 18,65 écus sur ce même marché, alors qu'il n'est ni boulanger, ni boucher.
Ainsi, Scopolie est accusé d'avoir acheté de la nourriture en masse, d'avoir vendu des denrées dont il n'était pas le producteur, et soupçonné d'avoir acheter des denrées à bas prix pour les revendre plus cher (Viandes acheté à 17 TTC, viandes vendu à 18,65 TTC)
Enfin, comme le précise l'article 4 : Tout non-respect de ce décret peut entraîner un procès pour trouble à l'ordre public ou pour spéculation.
C'est pour cela que en ce jour, nous ouvrons procès contre Scopolie. En effet, bien que le maire ait proposé un arrangement à l'amiable, aucune réponse n'a été apporté par l'accusé.
Précisons que nous avons comme témoin le maire, et que celui ci pourra apporter les preuves de ces accusations lors de son passage.
Accusé levez-vous, qu'avez-vous à répondre à cette accusation?
Plusieurs choses me valaient une légère tension visible dans les traits de mon visage, mais je fis l'effort de ne pas interrompre la magistrate avant la fin. Lorsqu'elle m'invita à prendre la parole, je ne me fis pas prier et me levai aussi vite que mon dos me le permit.
Tout d'abord, seule ma cousine m'appelle simplement Scopolie, à ses risques et périls. Pour les officiels, c'est Mon Père ou Père Scopolie de Carniole.
Ensuite, il serait plus logique de me présenter toutes les preuves du dossier pour que je puisse me défendre convenablement, n'est-ce pas ? Ô non, je me défendrai seul, inutile de me proposer un avocat. Donc, il serait préférable d'attendre le témoignage de l'hérét... du bourgmestre, qui ne manquera pas d'apporter son jugement personnel, j'en suis sûr. Épargnons nous le témoignage de ce boucher au nom significatif qui ne se plait que dans la chair et le sang.
Pour information, je vends la viande à 18,10 écus et le pain à 6,50 écus, hors taxes. Et il n'y a pas d'exceptions à l'article 1, ou alors elles ne figurent pas sur le panneau d'affichage municipal.
Je ferai ma plaidoirie après l'écoute du témoin, auquel je ne poserai aucune question car connaissant la sale bête, il s'arrangerait pour enjoliver une réponse qui ne lui conviendrait pas et en profiterait pour déverser son fiel à mon encontre, comme il l'a déjà fait en portant plainte contre moi.
Avec un léger sourire en imaginant le témoin en question sortir des rangs et venir prendre la parole, je me rassis, attentif à ce qui allait se dire : ces médisances, ces accusations infondées, ces buts inavoués. Personne ne m'aime.
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Je suis le mal aimé
Les gens me connaissent
Tel que je veux me montrer
Mais ont-ils cherché à savoir
Doù me viennent mes joies?
Et pourquoi ce désespoir
Caché au fond de moi?
Si les apparences
Sont quelquefois contre moi
Je ne suis pas ce que lon croit..."
Le mal aimé, Claude François
Je me présentais au tribunal d'Anjou après avoir reçu la convocation quelques heures plus tôt. J'avais revêtu mon plus bel apparat, ma robe de bure blanche que je ne portais que lors des grandes occasions. Les gardes insistèrent pour que je laisse ma crosse à l'entrée, pensant peut-être que je pouvais être dangereux. L'idée eut le mérite de m'amuser. Je pénétrai dans la grande salle, accompagné de ma témoin, Sorianne, et prit la place de l'accusé. Mon regard croisa celui du juge, pas inconnu. Puis la procureure prit la parole. Du moins, le temps qu'elle allait le rester, les résultats des élections allant très bientôt être connus, et le jeu des chaises musicales allait donner un nouveau visage au conseil ducal. Le temps passe, mais on n'a pas ce genre de problème dans le pouvoir spirituel.
Nous, Chalva, procureur d'Anjou, ouvrons procès ce 28 avril 1460 à l'encontre de Scopolie sous le chef d'inculpation de trouble à l'ordre public.
Scopolie est accusé d'avoir délibérément mis en danger l'équilibre économique du marché de Craon en ne respectant pas le décret du 13 décembre 1959.
L'article 1 de ce décret précise que l'achat de masse de nourriture (excepté le poisson, fruit) est interdite. (Achat de nourriture pour une durée supérieur à 4 jours), or messire Scopolie a acheté en une seule fois 10 viandes à 17 écus au boucher Brutus666.
L'article 3 précise que tout vente par un Craonnais de denrées non produites dans son champs ou échoppe, et ne pouvant prouver l'achat dans une autre ville, est considéré comme de la spéculation et est interdite. Or messire Scopolie a vendu des miches de pains à 6,70 écus et des viandes à 18,65 écus sur ce même marché, alors qu'il n'est ni boulanger, ni boucher.
Ainsi, Scopolie est accusé d'avoir acheté de la nourriture en masse, d'avoir vendu des denrées dont il n'était pas le producteur, et soupçonné d'avoir acheter des denrées à bas prix pour les revendre plus cher (Viandes acheté à 17 TTC, viandes vendu à 18,65 TTC)
Enfin, comme le précise l'article 4 : Tout non-respect de ce décret peut entraîner un procès pour trouble à l'ordre public ou pour spéculation.
C'est pour cela que en ce jour, nous ouvrons procès contre Scopolie. En effet, bien que le maire ait proposé un arrangement à l'amiable, aucune réponse n'a été apporté par l'accusé.
Précisons que nous avons comme témoin le maire, et que celui ci pourra apporter les preuves de ces accusations lors de son passage.
Accusé levez-vous, qu'avez-vous à répondre à cette accusation?
Plusieurs choses me valaient une légère tension visible dans les traits de mon visage, mais je fis l'effort de ne pas interrompre la magistrate avant la fin. Lorsqu'elle m'invita à prendre la parole, je ne me fis pas prier et me levai aussi vite que mon dos me le permit.
Tout d'abord, seule ma cousine m'appelle simplement Scopolie, à ses risques et périls. Pour les officiels, c'est Mon Père ou Père Scopolie de Carniole.
Ensuite, il serait plus logique de me présenter toutes les preuves du dossier pour que je puisse me défendre convenablement, n'est-ce pas ? Ô non, je me défendrai seul, inutile de me proposer un avocat. Donc, il serait préférable d'attendre le témoignage de l'hérét... du bourgmestre, qui ne manquera pas d'apporter son jugement personnel, j'en suis sûr. Épargnons nous le témoignage de ce boucher au nom significatif qui ne se plait que dans la chair et le sang.
Pour information, je vends la viande à 18,10 écus et le pain à 6,50 écus, hors taxes. Et il n'y a pas d'exceptions à l'article 1, ou alors elles ne figurent pas sur le panneau d'affichage municipal.
Je ferai ma plaidoirie après l'écoute du témoin, auquel je ne poserai aucune question car connaissant la sale bête, il s'arrangerait pour enjoliver une réponse qui ne lui conviendrait pas et en profiterait pour déverser son fiel à mon encontre, comme il l'a déjà fait en portant plainte contre moi.
Avec un léger sourire en imaginant le témoin en question sortir des rangs et venir prendre la parole, je me rassis, attentif à ce qui allait se dire : ces médisances, ces accusations infondées, ces buts inavoués. Personne ne m'aime.
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