Khy
[Sous le crachin de Bretagne]
A la lueur d'une bougie, la plume griffe, gratte & lacère le parchemin, gravant des lettres d'encres aux courbes hésitantes, traçant sillons de phrases imbriquées les unes aux autres. Khy s'applique, plus que nécessaire, maîtrisant à grand-peine le trouble qui l'assaille.
Partie comme une voleuse, incapable de trouver un instant loin d'Hélios lui permettant de rassurer Nashia, la jeune femme se sent enfant découverte après une blague de mauvais goût.
Alors enfin seule, délaissée & soulagée, la main, hyaline, transparente sous la faible lumière, vient quémander le pardon à celle qu'elle a déçue.
A la lueur d'une bougie, la plume griffe, gratte & lacère le parchemin, gravant des lettres d'encres aux courbes hésitantes, traçant sillons de phrases imbriquées les unes aux autres. Khy s'applique, plus que nécessaire, maîtrisant à grand-peine le trouble qui l'assaille.
Partie comme une voleuse, incapable de trouver un instant loin d'Hélios lui permettant de rassurer Nashia, la jeune femme se sent enfant découverte après une blague de mauvais goût.
Alors enfin seule, délaissée & soulagée, la main, hyaline, transparente sous la faible lumière, vient quémander le pardon à celle qu'elle a déçue.
Citation:
A Lenaïg Tiallaz dicte Nashia,
Dame de Pettinengo,
Mère adorée, femme aimée,
Tutrice tant de fois détestée, mais ô grand jamais haïe,
Toi la Sanglante,
Puisses-tu me pardonner.
Je te vois déjà m'affubler de toute sorte de noms d'animaux que tu auras plus ou moins inventé, je t'entends déjà réunir ta Savoy tant chérie & l'Hélvétie tant combattue dans un blasphème que tu t'empresseras de confesser, je te sens déjà froisser le parchemin avec une colère que même les macarons de la Durée ne sauraient te faire passer.
Mais tout de même, calme-toi. Tu vieilliras trop vite, à ce rythme.
Suite à notre discussion sur la nécessité de cacher la Chose, & aux paroles pleines de bon sens que tu m'as apporté avec tant de gentillesse, de patience & de générosité, j'ai pris la décision, hâtive certes, de mettre à l'instant tes mots en pratique. Je pars plus au Nord, là où il fait frais & où la chaleur du Sud ne risque pas de m'importuner.
Sache que je ne prends pas de risque, & que je reviendrai lorsque toute cette affaire sera réglée.
Tu as du t'apercevoir qu'un pigeon te manquait, & qu'il portait de plus la missive que j'écris à l'instant. Ne m'en veux pas, mais je voulais être sûre de pouvoir te trouver, si jamais te prenait l'envie de quitter le Berry avant que cette lettre ne te parvienne.
Donne-moi de tes nouvelles, raconte-moi les caprices de Juliette & tes nuits de boisson avec Ripouf. Je m'ennuie de vous, déjà, & bien que tes mots me semblent sensés, je regrette souvent de ne pas être restée auprès de vous.
Et ne renvoie pas Alix, fais-la s'occuper de Juliette, elle l'aime bien, je crois, malgré le vol de ses souliers.
Que le Très-Haut tatati, tatata.
Tu sais tout ça, & je commence à fatiguer.
Ta pupille.
PS : Et ne fais pas la gueule pour ma prétendue fuite en refusant de me répondre. C'est toi qui a donné l'idée, qui me l'a même ordonné, souviens-toi.
Dame de Pettinengo,
Mère adorée, femme aimée,
Tutrice tant de fois détestée, mais ô grand jamais haïe,
Toi la Sanglante,
Puisses-tu me pardonner.
Je te vois déjà m'affubler de toute sorte de noms d'animaux que tu auras plus ou moins inventé, je t'entends déjà réunir ta Savoy tant chérie & l'Hélvétie tant combattue dans un blasphème que tu t'empresseras de confesser, je te sens déjà froisser le parchemin avec une colère que même les macarons de la Durée ne sauraient te faire passer.
Mais tout de même, calme-toi. Tu vieilliras trop vite, à ce rythme.
Suite à notre discussion sur la nécessité de cacher la Chose, & aux paroles pleines de bon sens que tu m'as apporté avec tant de gentillesse, de patience & de générosité, j'ai pris la décision, hâtive certes, de mettre à l'instant tes mots en pratique. Je pars plus au Nord, là où il fait frais & où la chaleur du Sud ne risque pas de m'importuner.
Sache que je ne prends pas de risque, & que je reviendrai lorsque toute cette affaire sera réglée.
Tu as du t'apercevoir qu'un pigeon te manquait, & qu'il portait de plus la missive que j'écris à l'instant. Ne m'en veux pas, mais je voulais être sûre de pouvoir te trouver, si jamais te prenait l'envie de quitter le Berry avant que cette lettre ne te parvienne.
Donne-moi de tes nouvelles, raconte-moi les caprices de Juliette & tes nuits de boisson avec Ripouf. Je m'ennuie de vous, déjà, & bien que tes mots me semblent sensés, je regrette souvent de ne pas être restée auprès de vous.
Et ne renvoie pas Alix, fais-la s'occuper de Juliette, elle l'aime bien, je crois, malgré le vol de ses souliers.
Que le Très-Haut tatati, tatata.
Tu sais tout ça, & je commence à fatiguer.
Ta pupille.
PS : Et ne fais pas la gueule pour ma prétendue fuite en refusant de me répondre. C'est toi qui a donné l'idée, qui me l'a même ordonné, souviens-toi.
Le parchemin est sablé, soufflé, roulé & lacé d'un ruban vert.
Vert de ses grands yeux sombres qui se perdent sur la buée de la fenêtre, espérant que si Nashia sait son départ, elle n'a pas noté l'absence égale de l'Acéré. Car si la Pettinengo venait à le découvrir...
- Que le Très-Haut me garde...
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