Vikentios
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Le Morte de Silnaie signifie La mort de Silanie. C'est du moyen français, parlé notamment entre le milieu du XIVème et le début du XVIIème siècle.
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Une nuit de printemps, Aix-les-Bains, palais di Leostilla
La main d'Antoine effleurait les murs des couloirs qui se succédaient indéfiniment. La Lune éclairait ses déplacements aidée par quelques chandeliers aux flammes presque mortes et chancelantes. L'homme ne dormait plus ou du moins très mal depuis des semaines. Il gérait les affaires judiciaires de l'Etat de Lotharingie quelquefois, mais le silence qui résonnait à Besançon était tel, que parfois, le moindre bruit semblait étrange et suspicieux. Il faisait toujours partie de la prévôté savoyarde. A vrai dire, il était le plus gradé de Chambéry. Il possédait l'exécutif et le législatif. Sa dernière victoire avait été totale sur le monde des lois. Son partisan Romain, qui avait été trainé comme un malpropre devant le tribunal, s'était vu accusé de Haute Trahison par quelques hérétiques sorciers flirtant avec les fleurs du mal. Eh bien malgré cela, l'avocat du diable était parvenu, de manière officieuse, à faire officiellement relaxé son client en trouvant le vice de procédure approprié : il n'y avait plus de doutes : il était le maître de la justice. Ce pouvoir lui procurait une certaine fierté et une véritabla jouissance. Décider du résultat d'un procès, il avait quand même fait fort. Il sourit à cette pensée, tandis qu'il parvenait dans la salle du conseil. Les deux gardes de nuit lui ouvrirent les portes et retournèrent à leur partie de carte. Les soldats savaient que leur seigneur était du genre nocturne et que dormir eût été une bien mauvaise idée ! Ils connaissaient aussi sa folie paranoïaque et sa soif de pouvoir toujours grandissante.
Depuis que Fiorella avait quitté le domaine et avait sans doute jurer de ne plus y remettre les pieds, Antoine s'était endurci. Malgré la présence de son héritier Octave, il se renfermait sur lui-même. Les condamnations allaient bon train. La terreur régnait parmi le peuple di Leostillien. Toutefois, comme leur maître disait : vous n'avez rien à craindre si vous ne cachez rien. Là était toute la vérité de ce monde ! Ne pas pensez le contraire de ce qu'on vous demande de penser ! La limpidité même ! La pensée causait l'indignation. L'indignation la colère. La colère la révolte ! La révolte la mort des plus forts ! C'est pourquoi les réunions de personnes étaient interdites. Les réunions commençant à 5 personnes, hormis les familles nombreuses. Le couvre-feu avait été instauré pour mieux protéger le peuple. Car la nuit appartenait aux démons. Quiconque sortait, avait quelque chose à cacher, ne voulait pas qu'on le découvre car ses activités étaient trop repérables le jour ! C'est pourquoi les soldats patrouilleurs avaient reçu l'ordre de tirer à vue les hommes de corpulences adultes, et d'arrêter les enfants. Antoine n'était pas un monstre. Mais les insurgés qui impliquaient leur progéniture dans d'atroces pensées de complot, songeant qu'on ne pouvait pas avoir de doute sur l'innocence des enfants, se trompaient, et étaient lesdits monstres ! Du coup, on décimait toute la famille. Telle était la loi.
Alors qu'il allait entrer dans la salle :
- Monseigneur, dit l'un des gardes. Hubert de Lagonières vous attend à l'intérieur. Il est arrivé voilà quelques heures.
Les yeux d'Antoine brillèrent curieusement. Enfin, il était là. Sa nuit semblait moins morne soudainement. Depuis le temps qu'il attendait cela ! Il pénétra dans la salle du conseil avec le sourire aux lèvres. Bercée par une bougie allumée sur l'immense table de travail, une silhouette rejetait de la fumée d'une longue pipe. Encapuchonnée et mystérieuse. Le Leostilla s'installa sur son siège, en bout de table, et lorgna l'homme, assis à environ cinq chaises de lui, sur sa gauche. Les lèvres d'Antoine se murent lentement :
- Hubert de Lagonières. Vous étiez en territoire inconnu, là où l'on vous a envoyé tuer. Je deviens aujourd'hui votre employeur. Et je veux que vous tuiez.
Hubert retira sa capuche mais son visage demeura encore indiscernable. Il tendit simplement l'oreille pour percevoir le nom qu'il devrait supprimer.
- Elle est le Sénéchal de Savoie et la Dame de Castiglione. Elle a causé tant de tort à ma famille que l'Honneur m'oblige à l'éliminer. Je veux que vous assassiniez Silanie de Trévières.
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