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[RP] Le Morte de Silanie

Vikentios

  • Le Morte de Silnaie signifie La mort de Silanie. C'est du moyen français, parlé notamment entre le milieu du XIVème et le début du XVIIème siècle.
  • RP fermé ! Contactez ljd Silanie ou ljd Vikentios pour pouvoir participer. Tout post incongru sera porté à la censure pour suppression. Bon jeu et bonne lecture !






Une nuit de printemps, Aix-les-Bains, palais di Leostilla

La main d'Antoine effleurait les murs des couloirs qui se succédaient indéfiniment. La Lune éclairait ses déplacements aidée par quelques chandeliers aux flammes presque mortes et chancelantes. L'homme ne dormait plus ou du moins très mal depuis des semaines. Il gérait les affaires judiciaires de l'Etat de Lotharingie quelquefois, mais le silence qui résonnait à Besançon était tel, que parfois, le moindre bruit semblait étrange et suspicieux. Il faisait toujours partie de la prévôté savoyarde. A vrai dire, il était le plus gradé de Chambéry. Il possédait l'exécutif et le législatif. Sa dernière victoire avait été totale sur le monde des lois. Son partisan Romain, qui avait été trainé comme un malpropre devant le tribunal, s'était vu accusé de Haute Trahison par quelques hérétiques sorciers flirtant avec les fleurs du mal. Eh bien malgré cela, l'avocat du diable était parvenu, de manière officieuse, à faire officiellement relaxé son client en trouvant le vice de procédure approprié : il n'y avait plus de doutes : il était le maître de la justice. Ce pouvoir lui procurait une certaine fierté et une véritabla jouissance. Décider du résultat d'un procès, il avait quand même fait fort. Il sourit à cette pensée, tandis qu'il parvenait dans la salle du conseil. Les deux gardes de nuit lui ouvrirent les portes et retournèrent à leur partie de carte. Les soldats savaient que leur seigneur était du genre nocturne et que dormir eût été une bien mauvaise idée ! Ils connaissaient aussi sa folie paranoïaque et sa soif de pouvoir toujours grandissante.

Depuis que Fiorella avait quitté le domaine et avait sans doute jurer de ne plus y remettre les pieds, Antoine s'était endurci. Malgré la présence de son héritier Octave, il se renfermait sur lui-même. Les condamnations allaient bon train. La terreur régnait parmi le peuple di Leostillien. Toutefois, comme leur maître disait : vous n'avez rien à craindre si vous ne cachez rien. Là était toute la vérité de ce monde ! Ne pas pensez le contraire de ce qu'on vous demande de penser ! La limpidité même ! La pensée causait l'indignation. L'indignation la colère. La colère la révolte ! La révolte la mort des plus forts ! C'est pourquoi les réunions de personnes étaient interdites. Les réunions commençant à 5 personnes, hormis les familles nombreuses. Le couvre-feu avait été instauré pour mieux protéger le peuple. Car la nuit appartenait aux démons. Quiconque sortait, avait quelque chose à cacher, ne voulait pas qu'on le découvre car ses activités étaient trop repérables le jour ! C'est pourquoi les soldats patrouilleurs avaient reçu l'ordre de tirer à vue les hommes de corpulences adultes, et d'arrêter les enfants. Antoine n'était pas un monstre. Mais les insurgés qui impliquaient leur progéniture dans d'atroces pensées de complot, songeant qu'on ne pouvait pas avoir de doute sur l'innocence des enfants, se trompaient, et étaient lesdits monstres ! Du coup, on décimait toute la famille. Telle était la loi.

Alors qu'il allait entrer dans la salle :

- Monseigneur, dit l'un des gardes. Hubert de Lagonières vous attend à l'intérieur. Il est arrivé voilà quelques heures.

Les yeux d'Antoine brillèrent curieusement. Enfin, il était là. Sa nuit semblait moins morne soudainement. Depuis le temps qu'il attendait cela ! Il pénétra dans la salle du conseil avec le sourire aux lèvres. Bercée par une bougie allumée sur l'immense table de travail, une silhouette rejetait de la fumée d'une longue pipe. Encapuchonnée et mystérieuse. Le Leostilla s'installa sur son siège, en bout de table, et lorgna l'homme, assis à environ cinq chaises de lui, sur sa gauche. Les lèvres d'Antoine se murent lentement :

- Hubert de Lagonières. Vous étiez en territoire inconnu, là où l'on vous a envoyé tuer. Je deviens aujourd'hui votre employeur. Et je veux que vous tuiez.

Hubert retira sa capuche mais son visage demeura encore indiscernable. Il tendit simplement l'oreille pour percevoir le nom qu'il devrait supprimer.

- Elle est le Sénéchal de Savoie et la Dame de Castiglione. Elle a causé tant de tort à ma famille que l'Honneur m'oblige à l'éliminer. Je veux que vous assassiniez Silanie de Trévières.

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Silanie


Rien de nouveau sur l'horizon....

Et que dire d'ailleurs! Les élections venaient de passer, d'autres se préparaient, et l'agenda de la jeune femme n’étaient qu'une belle répétition. Levée aux aurores par Miranda, elle s'était apprêtée, profitant de ces derniers instant de calme avant sa longue journée. Vêtu de sa robe de sable et d'or, sa préférée, acquise durant son séjour en Astarac, elle avait opté pour un confort relatif, chaussant ses vieilles bottes, plus confortable pour elle dans son état. Miranda lui avait prodiguée les soins que son amie Aures avait décrété pour arrangé sa hanche. Depuis une dizaine que ça lui était arrivé, elle ne pouvait que constater l'amélioration de ses contusions. Certes, elle s'aidait d'une canne, mais elle marchait mieux qu'au premier jour. Une fois fin prête, la journée pouvait débuté, et ça commençait par l'Ost. Elle congédia Miranda, lui donnant ses directives du jour pour la demeure et surtout ses deux merveilles, avant de rejoindre Abran et partir au labeur journalier.

Il l'attendait comme à son habitude depuis quelques jours a l'entrer du domaine. Il n'aimait pas vraiment sa mission actuelle, non pas que suivre la Castiglione le dérangeait, ils palabraient a n'en plus finir sur leur sujet commun, les armes. Mais il n'aimait pas devoir se faire remplacer à son poste. Mieux servit que par soi même etait sa devise, et il avait toujours la crainte que le nouveau fasse des erreurs. Mais soit, il ne voulait pas non plus qu'elle se promène seule depuis sa mésaventure, et donc comptait bien lui assurer une sécurité. Paradoxal, quand on connait le cursus militaire de la demoiselle!

Ils étaient montés dans le carrosse, et avaient donc pris direction les occupations de la blondine. Passage à l'Ost, pointage, prise d'information, puis cheminement vers le château ducal. Difficile pour elle de passer inaperçu, le claquement de sa canne sur le sol et la présence d'Abran, homme a l'apparence bourru. Elle claudiqua jusqu'au conseil municipal, et y passa un bon moment. La journée filait tranquillement. Abran assis dans un coin, ruminant un peu son inactivité. L’après midi se pointa, et l'heure de se rendre à l’État Major de Crise était arrivé. Elle y claudiqua. Journée ordinaire chez la blondinette, rien de nouveau à l'horizon. Elle rentra enfin chez elle, ce soir, elle était de garde, ce soir il fallait être en forme, il fallait donc du repos. Une fois assurée que tout allait bien, elle reprit donc le chemin de sa demeure, palabrant pour la énième fois avec Abran.

Le soir venu, reposée, apprêtée pour la circonstance, elle se préparait à rejoindre la garde du jour. Eloi l'avait aider a revêtir quelques protection de rigueur, bien qu'elle ne put revêtir l’entièreté. Ce qui n'enchantait que peu le jeune Eloi.

Ma Dame, ce n'est point raisonnable...Vous devriez laissez Abran y aller seul...

Elle avait sourit, touchée par son inquiétude, même si elle n'y plierais pas.

Il n'y a rien de plus reposant que Belley la nuit Eloi. Nous serons prudent et nous ne serons pas seuls.

Une fois prête, elle le laissa, lui souhaitant une bonne nuit, et avait rejoins de nouveau le garde castiglionais. Claudiquant toujours, sa canne dans une main, son épée à la hanche, le bouclier dans l'autre main, la jeune offrait un portrait militaire qui aurait surement fait rire les siens. On aurait put pensée qu'elle s'en allait en guerre, prête a en découdre les deux mains pleine, armée jusqu'au dent. C'etait sans compter sur son boitillement qui la rendait moins agressive. Les voila donc tout deux, clopinant pour l'une, maugréant pour l'autre, en direction des remparts de Belley.

Rien de nouveau sur l'horizon...

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--_hubert_




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  • Casier judiciaire de Hubert de Lagonières

  • Nom : de Lagonières
  • Prénoms : Hubert Charles Alexandre
  • Titre : Vicomte de Lagonières. Déchu à ce jour.
  • Origine : France, duché du Berry.
  • Date de naissance : L'accusé ne s'est pas exprimé sur le sujet.
  • Age : Environ 55 ans
  • Poids : Environ 180 livres.
  • Taille : Environ 6.7 pieds.
  • Description sommaire : Cheveux blancs bien coiffés. Belle allure. Yeux bleus. Porte la barbe. Grand nez. Cicatrice au front. Gaucher.
  • Faits reprochés à l'accusé : Meurtre, assassinat, torture, chasse illégale à la sorcière, tuerie, escroquerie, fanatisme, révolte, incitation à la révolte, trahison, haute trahison, trouble à l'ordre public et conspiration.
  • Verdict : Coupable de tous les chefs d'inculpation sauf pour l'escroquerie, où il a été prouvé qu'il s'agissait de Victor André qui avait triché lors de la partie de carte.
  • Condamnation : La mort. Doit être pendu jusqu'à ce que mort s'en suive.
  • Remarques éventuels relatives à l'accusé : S'est enfuit de ses geôles en empoisonnant les gardes puis a escaladé les remparts du château de Carcassonne où il était enfermé.
  • Recherche : Mort ou vif. 10 000 écus. 500 écus contre toute information. A voir avec la Prévôté Française.


Tel était le parchemin que le vieil homme lisait à la lueur de la bougie qu'il avait allumée. Il souriait. Combien de fois ces informations avaient dû circuler... Et pourtant, il était toujours en vie. La maréchaussée était dotée d'hommes médiocres. Tous sots les uns les autres. Et pourtant, c'était l'un d'eux qui désirait lui parler ! Voilà des mois qu'il avait reçu la lettre de Leostilla. Des mois qu'il avait songé. Il avait finalement accepté. Car tous ses contrats étaient terminés. Quand on vivait en tuant, on ne s'arrêtait pas à cause d'une justice frêle et débile. Non, on mourrait en mission ! Dans un dernier et joli contrat. A ce niveau là, il ne craignait rien : il avait vaguement compris qu'il devait assassiner une femme. Lui ! Le Géant des Plaines et la Terreur de Carcassonne ! La retraite n'était pas dans son programme immédiat.

Il fouilla dans son baluchon et s'empara de sa longue pipe. Il l'alluma et commença à fumer lentement. Cette herbe le calmait. Elle avait le don de lui remettre les idées en place. Il revenait de loin. En effet, il avait été engagé pour chasser la sorcière dans les pays du Nord. Le froid, la neige... ce fut difficile de faire prendre les bûchers là-haut et d'enflammer les magiciennes ! Mais il en avait crâmer quatre ou cinq. C'était déjà cela de moins.

Il faisait toujours froid dans ces vieux châteaux. Il se rappelait de l'ère Tibérias. Car oui ! Le vicomte l'avait jadis appelé. Sa réputation de traqueur de magie l'avait devancé. On avait peur de lui. On le craignait. Généralement, il n'acceptait pas deux contrats chez la même famille. Mais il faisait une entorse à son propre règlement. Il s'ennuyait ferme. Il lui fallait de l'activité, de l'action, du danger ! Il devait cotoyer la mort une fois de plus ! Rien qu'à l'idée, ses bouffées de fumées se firent plus intense. Le parchemin qu'il avait en main fut rangé quand les portes de la salle du conseil s'ouvrirent. Il savait qui ils étaient ici, mais ce casier judiciaire était le seul souvenir matériel de son passé. Il y tenait malgré tout.

C'était le Leostilla qui entrait. Il fit silence, lui aussi. Toujours attendre, ne pas provoquer. Son interlocuteur s'installa à son siège. Puis il parla. Hubert sourit. Il ôta sa capuche et écouta le nom. Pour lui, tous les gens ici étaient des inconnus, aussi ne broncha-t-il pas. Une seule femme. Le contrat s'annonçait sans trop de risques. Hubert s'avança alors vers la bougie, dévoilant son ignoble visage.

- Considérez, contre bon salaire, que c'est chose faite. Parlons maintenant de la mise en application.

Hubert posa sa pipe sur le table et croisa les bras. Il sembla réfléchir et ajouta.

- Voici donc mes règles. L'employeur donne le nombre exact d'ennemis à l'exécuteur. Il devra lui fournir en mercenaires, à sa solde, ledit nombre exact d'ennemis plus un homme.
Au début de la mission, l'employeur donne à l'exécuteur les 3/5ème du salaire prévu. Si l'exécuteur réussit la mission, la différence doit être envoyée à l'endroit que l'exécuteur aura préalablement indiqué à l'employeur. S'il échoue, l'exécuteur, s'il survit, garde la somme déjà engagée comme prime de risque et ne demande pas son reste.
L'employeur et l'exécuteur ne se voient qu'une seule fois : au début du contrat. Ledit contrat est en fait un pacte oral qui n'a qu'en seuls témoins, le professionalisme de l'exécuteur et l'argent de l'employeur.


Hubert se tut alors, attendant qu'Antoine eut hoché la tête. Il sourit enfin et ajouta :

- Je vous écoute donc. Monsieur di Leostilla.

Puis il se mit à fumer encore, espérant que son employeur donnerait une prime suffisamment bonne pour qu'il puisse prendre des risques. Sinon, il s'en irait, tout simplement. Alors, lentement, ses yeux disparurent dans la pénombre des ténèbres, laissant la lumière de la bougie à son interlocuteur.
--Abran.


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C'est qu'elle trotte la blonde! A ce rythme là, je vais perdre mon embonpoint, celui qui fait rêver la Jeanette! Depuis plusieurs jours maintenant je cavalais aux cotés de la Dame, a droite, a gauche. Moi, Abran, chef de la garde castiglionaise, me voila garde du corps. Et en plus, c'etait le jeunot qui assurait mon remplacement dans mon bureau. Ah que je n'aime pas ça. On fera jamais mieux que toi même, disait mon père, et laisser quelqu'un d'autre faire mon travail, ça me foutais en boule. C'est que ça fait bien dix ans passés que je suis là, à veiller le domaine nobiliaire.

Mais la nouvelle maitresse des lieux était rentrée mal en point, et on m'avait donné pour mission de la protéger en tout lieu. Je l'aime bien la petite, un bout de femme volontaire, et surtout de caractère. Je n'avais donc pas sut refuser ce service demander, mais ça me retournais les tripes de laisser le gamin à ma place! Les bons soldats se perdent, du bon comme moi, on en trouve plus tant que ça. C'etait ça qui plaisait à la Jeanette, elle disait que je payais pas de mine, mais on pouvait dormir tranquille. Des guerres, j'en avais fait, oh ça oui! Ancien mercenaire, j'allais dans le temps de mission en mission, offrant mon bras contre quelques richesses. Boarf, j’étais pas non plus crésus, mais j'avais au moins put m'offrir quelques douceurs. C'etait même comme ça que j'avais croisé la route de la Jeanette! Les années avaient passés, et j'avais fini par décidé de me ranger. Depuis, j'etais là. Et depuis une dizaine, je cavalais aux cotés de la Castiglione. Heureusement, elle est pas comme les autres greluchons. Elle te prends pas la tete pour des trucs sans intérêt.

Je me rappelle la Claudine, la seule chose qu'elle avait de bien, c'etait la chaleur des ses cuisses. Quand on en profitait pas, elle bavassait a n'en plus finir, de quoi vous mettre la tête à l'envers. Mais une femme qui aime les armes, alors là, c'etait la joie. Pis c'est qu'elle en a dans la tête la petiote.

Tout ça pour dire que depuis quelques temps, mes journées étaient chamboulées. Le matin je me levait et mettait les habits du dimanche. J'allais quand même pas lui faire honte, puis elle m'emmenait pas au bordel du coin non plus. J'allais l'attendre auprès du carrosse, et le marathon commençait. Ost, château, mairie, chancellerie, château, ost, taverne, mairie, château....Pfff, je comprends qu'elle a sut retrouver la ligne quand elle a eu sa mini petiote! A courir comme ça partout, même moi je vais devenir aussi mince qu'un cure dent! Ce soir là, la journée avait été plutôt calme, et on était rentré. J'avais dut délaisser la pauvre Jeanette pour aller dormir un peu. Ce soir là, la Trévière était de garde, et entêtée comme elle est, elle tenait à la faire! Quand l'heure fut venu, j'avais revêtu mon plastron, et avait quitter ma cahute aussi furtivement que possible. Beh oui, c'est que la Jeanette, elle pestouille. Une femme d’intérieur que la mienne, tout l'inverse de notre suzeraine, femme d'action.

Ce soir là, je l'avais donc rejoins, comme à l'accoutumé, et on avait donc pris le chemin des remparts belleysannes. J'avais souris en la voyant arrivé, c'etait certain que son accoutrement en ferait fuir plus d'un!
Vikentios



Quand Hubert de Lagonières dévoila son visage à la lueur de la bougie, Antoine retint une grimace de satisfaction. Il était affreux ; il était l'homme qui lui fallait. Contre bon salaire... Qu'entendait-il par là ? Le Leostilla ne devait proposer qu'un prix. S'il était bon, le tueur resterait, s'il était trop bas, il s'en irait. Il devait évaluer. Risquer la peine de mort, évaluer les dangers, cela chiffrait dans les milliers d'écus, à n'en point douter. Avant néanmoins qu'il n'ait pu lui dévoiler son idée, Hubert enchaîna sur ses conditions. On pouvait se rendre compte de toute son professionnalisme et de toutes ses habitudes. Il était un assassin, indubitablement. Dire qu'il vivait de ce métier... sans regret, sans scrupule. Quand on y réfléchissait, il fallait être solide d'esprit. Ne pas craquer, exécuter tous les contrats... Dans l'horreur, Antoine était assez doué. Enfants, femmes, hommes... Nuance : il les avait faits tuer. Il ne se mettait presque jamais en danger : les autres étaient là pour cela après tout. Il était différent de son oncle Tibérias, qui avait vécu la guerre, loin de chez lui, loin des siens. Quelles atrocités avait-il dû vivre et faire... Ses Mémoires de général le montraient juste et droit, mais aussi cruel et froid, respectant les ordres... Les ordres, Hubert les attendait. Sortant de ses mornes pensées, Antoine s'avança à son tour.

- Cette nuit, Silanie de Trévière est de garde pour la défense de Belley. Grâce à mon statut de lieutenant de la prévôté, j'ai pu poser un oeil sur les besoins en défense de la soirée.

Il était fourbe. Il se servait d'informations secrètes pour parvenir à ses fins ! Là étaient toute sa puissance et sa dangerosité ! Quand on vivait dans les secrets de l'Etat, on pouvait aisément lui nuire. Néanmoins, Antoine ne nuirait jamais à la Savoie : elle lui tenait trop à coeur. Nuire aux représentants du duché étaient beaucoup plus amusants. Tous ces corrompus et ses beaux parleurs. Ah qu'ils étaient détestables !

- Le Prévôt a requis 4 hommes pour la surveillance de Belley ce soir. Je vous fournis donc 4 de mes meilleurs soldats. Je ne connais que très peu Belley. Le Sénéchal pourra se trouver aussi bien sur les remparts que dans la ville. Vous la reconnaîtrez sans mal, Silanie de Trévière est boiteuse, appuyée sur une canne. Oui, c'est elle qu'il faut abattre, ne riez point.

Antoine tapa dans ses mains. Un petit notable, aux yeux fouineurs, à l'allure mesquine, sortit d'un passage secret, deux sacs dans ses mains. Il posa l'argent sur la table et resta dans la salle.

- 6000 écus. Quand l'affaire sera réglée, je vous ferai parvenir un billet personnel pour vous expliquer où vous pourrez trouver les 4000 écus restants, puisque telle est votre habitude.

Antoine s'enfonça dans son siège. Le plan était lancé. La bête Hubert était en marche.

- Fut un temps où j'aurais aimé la capturer vivante et la faire torturer dans mes sous-sols. Mais je ne peux plus attendre... Tuez-la vite. Que demain matin les cloches sonnantes m'avertissent de son trépas. Allez ! Vicomte de Lagonières ! Suivez mon trésorier, il vous mènera à l'armurie et vous guidera jusqu'à mes hommes. Vous conviendrez avec moi, qu'il vaut mieux qu'ils soient dévêtus de leurs uniformes... Quand vous vous apprêterez à la tuer, citez-lui mon nom...

La petite fouine aux sacs d'or demanda à Hubert de bien vouloir le suivre. Puis ils quittèrent la salle du conseil, laissant Antoine, seul dans le noir. La bougie s'éteignit alors, plongeant l'endroit dans des ténèbres profondes, dont le Leostilla avait très peur. Néanmoins, il ne bougerait pas. Il attendrait jusqu'au matin que les cloches sonnent. Il saurait alors, que Silanie de Trévière avait rendu l'âme.

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Fenthick


L'essieu du coche du Chancelier Impérial s'était brisé net sur la route entre Strasbourg et Chambéry, ou il avait quelques affaires à régler, l'obligeant ainsi à finir à pied, accompagné de ses trois gardes qui ne le lâchaient plus d'un semelle depuis des péripéties hautes en couleurs, les quelques lieues qui le séparaient encore de la bourgade belleysane dont il était originaire.
Il avait révisé ses plans, et passerait donc la nuit en son domaine belleysan, avant de rejoindre la Capitale des Ducs et son animation toujours particulière.

Maugréant dans sa barbe contre la solidité plus que douteuse des pièces de coche actuelles, et regrettant, comme tout bougon qui se respecte, le professionnalisme des artisans d'antan, le Galanodel s'en était allé, bon gré mal gré, sur les routes heureusement peu fréquentées qui le mènerait jusqu'à son lit.

Si Flavien-Charles réservait une affection particulière à l'équitation, il exécrait au plus haut point la marche à pieds, autant pour sa lenteur que pour son côté interminable. Et évidemment, la contrariété mêlée à l'effort faisaient accourir la fatigue, qui se fit vite lourde et harassante.

Éreinté, las et profondément mécontent, il arriva donc à la nuit tombante en vue des remparts si familiers à son regard, pestant, et c'était rare chez lui, pour un "oui" ou un "non". Ses propres gardes d'ailleurs, peu habitués à telle humeur chez leur maître, tiraient eux aussi des airs mauvais de leurs bobines rendues grisâtres, couvertes de poussières par le martèlement de leur bottines sur la terre rocailleuses des vallées savoyardes.

Fort heureusement pour ses agents, le Guet laissa entrer le Seigneur non sans saluer au passage. Après tout, il était bien ancien Prévôt le bougre.

Connaissant la ville sur le bout des doigts, le Juste avait ses adresses, et ses connaissances.
La semaine précédente, il avait renvoyé tout son personnel au Selvage pour les plantations du printemps, ainsi qu'à Roure pour la ré-ouverture de la carrière, ne laissant à Belley qu'un commis, qui prenait les messages et écoulait les marchandises, et trois bonnes et leurs familles, qui tenaient la maisonnée en attendant le retour de tout son petit monde.

Il jeta un oeil au ciel, repérant l'avancée des étoiles dans la voûte nocturne, et poussa un soupir. Vu l'heure, il se refusait à réveiller ses gens. Son arrêt n'était pas prévu, et devoir attendre que l'on prépare tout le décorum le mettrait plus en rogne encore qu'il ne l'était déjà. Et avoir des serviteurs étaient une chance, à laquelle il refusait l'affront de l'impolitesse facile.

Il quitta donc la grand rue qui menait au centre-ville et s'enfonça dans les ruelles adjacentes, en direction d'un bouge qu'il connaissait bien pour y avoir entretenu dans sa jeunesse quelques affaires, alors qu'il luttait contre un commerce de bâtonnets prétendument enchantés, et simplement trempés dans la pisse de veau. Il s'était par la même fait un ami du tenancier en mettant fin au racket qu'il subissait des trois escrocs, de manière certes sanglante, mais surtout bienveillante.

Il y prit un repas copieux, en compagnie de ses hommes.

"Partage la table de celui qui garde ta vie. On connaît un homme à ce qu'il mange .." Une phrase de son père.

Et une envie subite le prit, alors que Jeod, Roland et Gil en étaient à leur quatrième pinte, de profiter un peu encore du ciel belleysan.

Laissant là son escorte, il ressortit du bouge, et s'en alla humer l'air des faubourgs, non loin des murailles. Peut être monterait-il sur le chemin de ronde, se remémorer ses premières gardes, bien loin, désormais, de ses préoccupations impériales.

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--_hubert_




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Hubert souriait à chaque fois qu'une information s'ajoutait. Il n'avait jamais eu contrat si aisé ! Une femme, boiteuse, à canne ! Il faillit rire au nez d'Antoine s'il n'avait pas été aussi sérieux. Les pièces d'or toutefois attirèrent ses pensées loin de tout. D'une avidité et d'une avarice immonde, Hubert adorait l'argent. Quand leur entrevue se termina, le tueur se leva et suivit le trésorier. Il passa devant son employeur, faisant tinter les écus qui dormaient dans les sacs qu'il tenait en mains.

- J'aurai le loisir de compter les pièces une par une. Et s'il manquait un écu, je reviendrai. Soyez heureux, monsieur di Leostilla, les minutes de madame de Trévière sont comptées.

Il laissa échappa un rire tonitruant pour l'occasion et quitta la salle obscure. Hubert suivit la fouine de comptable dans les couloirs clairs obscurs du château leostillien. Y avait pas à dire, cette famille savaient y faire dans la pierre. Les deux hommes parvinrent à la caserne où Lagonières choisit quatre hommes, ceux qu'il jugeait les plus vifs d'esprit à un telle heure de la soirée. Il lui fallait des éveillés, des mercenaires, des hommes qui obéissaient au moindre ordre. Rapidement, le notable du castel expliqua l'affaire aux militaires : Obéir à Hubert revenait à obéir à Antoine. C'étaient les ordres les plus simples au monde. Mais qui pouvait se vanter de suivre sans douter ? De tuer sans souffrir, d'exécuter sans réfléchir ? Seuls les fanatiques ou seuls ceux qui se défendaient légitimement. Puis il y avait aussi ceux qui n'éprouvaient aucun remords : les fous, en plus d'être fanatiques. Le monde était ainsi fait, selon Hubert. Pour sa part, il se classait dans la dernière catégorie : les ombres. Mi-mort, mi-vivant, oublié d'un temps, réfugié dans un autre. Tel un esprit, qui n'est retenu à la vie uniquement parce qu'on le connait et qu'on sait qu'il est là. Mais oubliez-le, ne pensez plus à lui, et le fantôme s'évapore, comme l'eau au soleil. Ne craignez plus Lagonières, et Lagonières disparaîtra. Tout était si simple et si difficile. Comment oublier le Mal ? L'ennemi antique du Bien ? C'était impossible ! Car si on pensait au bien, on pensait forcément à son contraire. Hubert était donc inoubliable, car il faisait partie du Mal ! Enfin, tout cela pour donner sa définition de lui-même. Il était complètement allumé.


Sur les routes, la nuit, au clair de lune.

Les muscles puissants des chevaux étaient ardemment demandés. La poussière que les animaux créaient en galopant passait devant les étoiles et les voilait tristement. Ils étaient 5. Les cavaliers de l'Apocalypse, venus de la Lune, ne craignant ni la mort ni les ténèbres ! Ils venaient accomplir leur terrible besogne ! Hubert chevauchait en tête. Sur son cheval personnel, noir comme ses vêtements. Lagonières adorait le noir. Il tenait d'une main les brides de sa monture, et de l'autre, aplatissait le chapeau sur sa tête pour ne pas qu'il s'envole. Les cliquetis de ses armes étaient intenses. Arbalète, hâche, sarbacane, épée à une main, épée à deux mains, arc, flèches et autres instruments de torture dont nous tairons les noms et usages ici.


Belley, lieu fatidique.

Ils entrèrent pas une porte mal gardée. Antoine avait indiqué qu'un seul soldat veillait normalement. Jusque là il n'avait pas menti. La lanterne que le milicien portait n'affichait qu'une seule silhouette. Les cavaliers ne ralentirent cependant pas leurs galops. Le garde leur tournait le dos, regardant la ville. Toutefois, en attendant les sabots marteler le sol, il se retourna juste au moment où Hubert, brandissant une puissante masse d'arme au-dessus de sa tête, lui ôta brutalement la vie. Alors ils ralentirent. Le poste de la milice était désert. Lagonières descendit de son cheval, comme s'il avait moins de la moitié de son âge, et dégaina son épée à une main. Les autres l'imitèrent et laissèrent les montures récupérer à l'abreuvoir de la maréchaussée. Le cadavre du milicien jonchait le sol, le crâne démoli par le coup de Hubert. Ce dernier ordonna qu'on cachât le corps et qu'on débarasse les pavés de la lanterne cassée. Il ne fallait rien laisser suspecter.

Ils longèrent les remparts, telles des ombres, tels des fantômes. Hubert était surprenant, il était un vrai homme d'action. Puis soudainement, au détour d'une ruelle sombre, ils croisèrent un groupe. Lagonières fixa aussitôt le chef du cortège. La canne. C'était celle qu'il devait tuer. Le groupe était plus que prévu, mais le tuer ne s'en aperçut pas, car d'autres n'étaient encore pas arrivés.

- Dame Silanie de Trévière, je suis le Vicomte Hubert de Lagonières. Et je viens pour vous. Tuez-les tous !
Silanie


La ronde. C'etait un moment que la jeune femme aimait par dessus tout. C'etait l'instant où tout ce qui pouvait faire d'une journée, une mauvaise journée, disparaissait, pour ne laisser qu'une étendue de ruelle vide. Bon ce n'était pas aussi vide que ça. Le bordel avait toujours autant d'animation, on parlait fort du coté des tavernes. La blondine était depuis quelques heures en poste sur les remparts.

Quelle belle vue tout de même. L'Ost devrait s'en servir comme argument. De là haut, on pouvait, selon le coin choisi, avoir pleine vu sur la magnifique forêt qui lie Belley à Bourg. Ou sur le fleuve, avec son porte et ses bateaux. Ou encore, et surtout, sur les Sabaudias, ces montagnes qui font de la Savoie ce qu'elle est. Un régal pour les yeux. A l'occasion, on pouvait croisé quelques malintentionné, et profiter ainsi d'un entrainement à l'épée. Mais ce soir, la demoiselle souhaitait vivement que la nuit se passe sans événement aucun. Les rondes s'enchainait, les défenseurs occupant les divers postes à tour de rôle.

Abran n'était pas très bavard, il était pire qu'elle. Elle regardait toujours partout, ne voulant manqué aucun détail de ce qui pouvait se passer sous ses yeux, mais lui, elle le sentait, il surveillait partout, tendu de ce qui pouvait possiblement arrivé. Non je vous rassure, la blonde ne sait absolument pas les intentions du Leostilla, du moins, pas encore. Ni Abran, mais elle boite et qui ne redoublerai de vigilance embarqué dans une telle aventure qu'une défense, pour défendre le défenseur. Un milicien vint à eux, elle lui fit un petit rapport du coin, un signe a Abran et les voila qui descendent des murs pour retrouver les ruelles.

Marchant tranquillement, elle décida de lui faire la discussion. Après tout, c'etait leur passe temps pour ne pas rester a se regarder dans le blanc des yeux. Elle lui parla donc de son projet.

Dites moi Abran, si vous deviez instruire le maniement d'épée, vous commenceriez par les gardes ou les déplacement?

Elle ne le regarda pourtant pas. Son expérience lui avait appris que, quoique tu fasse, tes yeux doivent toujours être dans l'observation. Ils marchaient tranquillement, arrivant aux abords d'une taverne. Un malheureux se soulageait dans un coin, et ils choisirent de ne pas se signaler. Ce serait vraiment dommage qu'il se fasse sur sa braie. Notre Silanie a tout de même un sens du raffinement, qu'on le sache! Abran lui faisait ses commentaires, qu'elle écoutait d'une oreille attentive, et poursuivirent leur chemin. Un sourire amusé en coin des lèvres.

Ils croisèrent un groupe de miliciens avec qui ils échangèrent un peu, se tenant ainsi informé des divers "événements" nocturne de Belley. La jeune Sénéchal ne regrettait vraiment pas d'être venue défendre, bien que boitillante, son moral reprenait du poil de la bête a chaque défense. Ils firent un peu de marche ensemble, elle claudiquant doucement, appuyée sur sa canne, eux discutant de tout et de rien. C'est donc vraiment surprise qu'elle entendit une voie l'interpellé.

- Dame Silanie de Trévière, je suis le Vicomte Hubert de Lagonières. Et je viens pour vous. Tuez-les tous !

Elle regarda Abran, haussa un sourcil et fit face, de là ou elle se trouvait, au propriétaire de cette voie. Elle avait toujours aimée titiller les brigands, se moquer d'eux. Non pas qu'elle est surhumaine notre blonde, mais les brigands qui venaient s'en prendre aux villes savoyardes étaient pour elle des idiots, qui n'avait toujours pas compris que c'etait une entreprise difficile. Elle pencha la tête un peu sur le coté, jaugeant un peu l'homme. Elle lança une petite réplique a l'intention de son second.

Eh bien, il semble que les présentation ont déjà été faite. Tu le connais?

Vicomte Lagonières, jamais entendu parler. Elle émit un petit soupire. Se moquait il d'elle, lui annonçant une fausse intention, ou était il le plus sérieux du monde et assez abruti pour lui dévoilé son dessein? Savait il qui il elle était? En avait il la moindre idée? Elle serra la main sur sa canne. Ahhhh mais oui, il devait croire qu'elle prendrait ses jambes a son cou. Que son état lui serait profitable. Mais cette fois, elle ne fit aucun commentaire. L'homme semblait sérieux, et elle se laisserait pas perturber.

L'homme semblait avoir un certain age, bien qu'il semblait en grande forme. Il était accompagner. Était il là pour le compte de quelqu'un ou était ce un vilain qu'elle avait déjà botter par le passé et qui venait rendre sa monnaie? Le temps d'un coup semblait long. Il voulait la tuer. Elle ignorait pourquoi, elle ignorait bien des choses, mais une seule était sur, elle lui donnerait du fil a retordre et si mort devait s'en suivre, ce serait avec l'honneur de s’être battue dignement!

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--Abran.


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Il y en a dans la vie, qui n'ont peur de rien. Celui qui venait d'ouvrir la bouche en faisait apparemment parti. Je m'étais retourné, aux cotés de ma suzeraine, et avait commencé à jauger l'homme. Il n'était pas de première jeunesse, mais je me doutais qu'il n’était pas un débutant. J'avais l'impression de me voir quelques années auparavant.

Il était accompagné d'un brin d'homme. Ce qui démontrait qu'il avait la réelle intention d'en découdre. Mais j'étais surpris, et un constat me frappa en plein crane. Il avait le regard bourré de certitude, surement celle de la victoire. Pourtant, il semblait aussi un peu démunie en homme, la présence de défenseur étant légèrement plus nombreuse qu'eux. Il était là pour le compte de quelqu'un, quelqu'un apparemment mal renseigné, ou ayant acquis peu d'information. Quatre hommes, quatre, pour une femme? Surement l'homme, ou son employeur, avait jugé que quatre suffirait pour occuper les miliciens, pendant qu'il s'occuperait lui même de ma suzeraine. L'état de celle ci lui donnait elle cette assurance? Surement. Il déchanterais bien vite. Lui et ses hommes, comprendront leur erreur. Enfin, j’espérais me tromper. La Trévière me questionna, et je réfléchis. Lagonière, Lagonière.

Non ma Dame, cela ne me dit rien, mais je serais vous, je lâcherais ma canne. Je crois qu'on nous offre une valse ce soir.

Tout en terminant ma phrase, je sortais ma belette de son fourreau et la laissa pendre au bout de mon bras. La pointe de celle ci vint titiller le coté de ma botte, l'heure allait bientôt sonné. On pouvait deja sentir une tension au sein du groupe que nous formions, les défenseurs, la Sénéchal et moi même. Ceux ci devenait a n'en point douter nerveux de ce qui se préparait, et je ne doutais pas que ma suzeraine était déjà prête a se battre, même si il n'en paraissait rien encore. Je la connaissait déterminée.

Quand je pense que j'ai promis à la Jeanette que tout irais bien...
--_hubert_




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Tandis qu'un homme semblable à une montagne échangeait quelques venimeux propos avec la silhouette féminine, Hubert évaluait les forces en présence. Des torches à l'arrière du groupe ennemi indiquait la présence de renfort. Le di Leostilla s'était trompé ; ils étaient plus que quatre. Presque le double ! Que faire ? Eux qui n'étaient que cinq. Lagonières pouvait vaincre à trois contre un, mais qu'en était-il de ses mercenaires ? Etaient-ils assaillis par la peur, la mort les effrayait-elle ? Il tourna légèrement la tête et put discerner leur ombre. Ils étaient présents. Ils le suivraient. Le vicomte était satisfait. Son employeur ne s'entourait pas de n'importe qui. Une fois la mission effectuée, il faudrait se méfier du syndrome du poignard dans le dos, commme Hubert l'appelait. Il faut toujours se méfier d'un employeur. Pour récupérer son argent, il était prêt à tout. Parfois tout se passait à merveille, mais d'autres fois... il n'était pas rare qu'un bain de sang conclut l'affaire ! Néanmoins, les nobles étaient plus sages : l'honnêteté et le professionalisme opéraient avant tout. Si Hubert était bon, on le félicitait, puis il disparaissait, jusqu'à la prochaine fois... Disparaître ? Lagonières ne pouvait pas se le permettre. Il s'était présenté à Silanie, il avait été fort convaincant : s'enfuir eût été d'une couardise hors du commun. Non, le vieux tueur n'était pas de ces pleutres qui couraient devant le danger !

Quand le corps du garde dégaina son épée, Hubert se plaça sur la défensive. Il tenait déjà son épée. La petite troupe était prête au combat. Alors il y eut un cri, terrible, poussé par Lagonières, et ils chargèrent. Impossible de reculer : l'assassin aimait trop la bataille. Il adorait se battre, même quand la cause semblait désespérée, tant pis : il mourrait dans ce qu'il a toujours aimé faire : qui vit par l'épée périt par l'épée ! Le diction était bien vrai. Hubert fendit sur Silanie : c'était sa cible omnubilante. Ses yeux n'étaient plus humains, mélange de loup et de rapace. Au clair de lune, sa lame brilla dans les airs, mais elle ne rencontra pas celle de la Sénéchal ; mais celle du garde du corps !

Surpris, Lagonières recula, tandis que ses hommes se battaient contre les miliciens.

- Arrière chien ! Ou tâte de mon épée ! Je te promets une mort rapide si tu me combats ! Laisse-moi passer !

Rien n'y fit, l'homme était dévoué à la protection de Silanie. Il fallait donc combattre et tuer. Tuer ! Ce mot l'envahissait. Il frappait vers Abran avec toute la colère et la hargne en lui. Aucun épuisement, si ce n'était celui de son adversaire. Hubert était endurant : il avait fait la guerre, les pires batailles que ces temps avaient connu. Il en avait vu des horreurs... Comment prétendre à une vie normale, après avoir vu tant de douleurs ? On devenait forcément une atrocité vivante. Lagonières sublimait ses violents souvenirs et cette passion démesurée en tuant.

Son épée heurta le mur d'une maison. Son adversaire en profita pour lui asséner un puissant coup de pied dans le thorax. Hubert perdit son souffle. Il fuit le combat durant quelques secondes, parant simplement les attaques, d'une lame tremblante et incertaine. Abran frappa plus fort. L'épée du vicomte vola dans les airs, non loin de lui. Hubert tomba au sol, sur les durs pavés de Belley. Il rampa et se positionna contre un mur, recouvrant son souffle. Assis contre le mur, il regarda son ennemi avancer vers lui.

- Ne t'approche pas... Tu... tu vas perdre...

Malgré son avertissement, Abran s'approcha et leva son épée dans les cieux pour achever Hubert. Celui-ci scruta ses hommes. Tous faiblissaient, sous les coups de leurs adversaires, devenus trop nombreux. Hubert fit une grimace. Il allait mourir à cause d'Antoine di Leostilla... Non ! Peut-être ! Mais pas sans avoir terminé la mission. Il avait un honneur à converser ! Quand le garde du corps leva son épée, Lagonières dégaina une dague de sa ceinture, et d'un geste d'une rapidité déconcertante, il perfora l'abdomen d'Abran, qui lâcha son épée en arrière. Hubert sourit et émit un petit rire. Il se releva et retira le poignard. Son ennemi toujours debout n'était plus que feuille au vent. Le vicomte le poussa violemment à terre et reprit son épée. Un de moins !

Il chercha alors sa cible des yeux. Elle se battait contre un mercenaire. Mais Hubert vint prendre le relai. Il intercepta la lame de Silanie quand celle-ci allait abattre son adversaire.

- En garde, ma dame.

Puis il rit. Leurs deux épées restèrent entrechoquées plusieurs instants avant que le combat ne commence. Hubert s'amusait. Mais il se méfiait du loup blessé, plus dangereux que mille autres en pleine forme.
--Abran.


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Le temps parut en suspends, malgré la rapidité avec laquelle les événements s'enchainèrent soudainement. Notre adversaire nous regardait mais ne semblait pas effrayer. Nous étions une poignée, une poignée de l'effectif des défenseurs, une poignée, mais ils étaient en sous nombre malgré tout. Ne sous estimons de rien, ce sont des mercenaires, de vrais chiens de guerre.

Le silence laissa place finalement a un cri a faire frisonner les brebis, un cri amorçant une charge. L'heure était venu, le combat était engagé. Les acolytes du Lagonière prirent direction sur les miliciens alors que le vicomte chargeait directement sur ma suzeraine. Une lame brilla, fit siffler l'air alors qu'elle allait s'abattre sur la Trévière. Petite passe de marche, avançant ma jambe pour prendre appuis et levé ma lame, la portant à la rencontre du fer ennemi, stoppant ainsi son chemin. J'en profitait pour me mettre entre le mercenaire et ma suzeraine. Je le regardait, le fixait, alors qu'il me mettait en garde, mais non, je ne bougerais pas de là, il faudra me passer sur le corps pour atteindre ma suzeraine, foi d'Abran! Le vicomte avait pris du recul et lorsqu'il compris que je ne laisserai pas le champs libre, me fondit dessus, le combat s'engagea alors pour moi.

Je lui offris toute mon attention, battant en retraite pour l'isolé du reste du groupe, alors qu'il chargeait vers moi. Alors que je reculais, je sentis un obstacle en mon dos, un mur! Rien de pire que d’être dos au mur pour un soldat! Mais Aristote semblait me veiller, le fer du Lagonière frappa violemment le mur, alors dans un élan, je le repoussait d'un plat du pied, prenant appuis contre le mur pour lui donner plus de force, le forçant a reculer. Je me remettait en garde alors que le vicomte semblait en peine. Je sautais sur l'occasion, engagement le fer avec force, le désarmant par le même fait.

J’eus un sourire satisfait, alors qu'il tombait a terre, le regardant ramper. Quel pleutre, quel couard! Il fuyait! Cela m'en retirait tout le plaisir de lui donner sa leçon. Il pris appuis contre un mur, je tenais mon épée de mes deux mains, avançant doucement, s'en serait fini de lui bientôt. Il me mit a nouveau en garde, que de certitude pour un pleutre! Je me tenais maintenant devant lui, et commençait a levé ma belette, dans l'intention de lui retirer ce qui lui servait de tête. La mort était proche, je la sentais poindre au bout de ma belette.

Je n'avais pas prévu que la mort me toucherait...Je n’eus pas le temps de comprendre, alors qu'une brulure se fit sentir en mon abdomen. Sous le coup de cette brulure fulgurante, je lâchais mon fer, celui ci continuant son chemin sans moi, tombant dans un bruit sourd prés de moi. Un rire, une grimace, et je compris. Il m'avait eu. Il fallu peu pour que je me retrouve à terre, dans un bruit sourd. Ma vue se troublait peu à peu, et je vis le Lagonière se relever.

On dit beaucoup de chose de la mort. Qu'elle est rapide, vivace, douloureuse, lente, douce. Il est vrai que le temps semblait s'être arrêter. Je sentais un liquide chaud se répandre, et mes mains et mes pieds se rafraichir. Je me sentais partir peu à peu, et je savais que nul retour ne serait possible. Le gout du sang commençait a me remonter en gorge, me donnait l'amertume. Je bougeais un peu la tête, portant mon regard sur le combat qui se poursuivait...sans moi. Et j’eus un regard pour ma suzeraine, ma chère suzeraine. J’eus une pensée pour ma Jeanette qui m'attendait à notre bicoque, a toute cette chienne de vie que ces deux merveilleuses femmes m'avaient adoucie.

Mon souffle s’échappait doucement, mon corps se soulevant légèrement dans quelques soubresauts. Ma dernière pensée fut a cette jeune Trévière, cette jeune femme a qui j'avais promis protection...cette jeune femme qui allait devoir se battre seule....Mes yeux se fermèrent doucement, libérant une larme qui glissa sur mon visage. J'avais échoué.
Silanie


Elle avait laisser tomber sa canne, celle ci avait rouler le sol de la ruelle, dans un bruit plus ou moins lointain, l'attention de chacun rivé entièrement sur le groupe qui leur faisait face. La Castiglione avait pris le temps de jauger de ce qui serait sans nul doute, un affrontement a venir. Remontant son bouclier, sortant sa Wyl de sa main désormais libre de sa canne, elle donna des directives.

La jeune femme n'avait pas peur, elle n'avait pas peur des affrontements, pas peur du bruit du fer qui se cogne, qui se ripe. Elle n'avait pas peur de la vue du sang, pas peur de tuer quand il le fallait. Deux guerres à son actif, deux dans lesquelles elle avait appris qu'il fallait tuer pour vivre. Dans lesquelles elle avait appris a trancher sans remord. Elle s’était forgée. Mais elle avait aussi appris qu'une guerre se gagnait pas une stratégie de haut vol, et son expérience pris le pas sur le reste. Ils étaient six, quatre miliciens, Abran et elle. Elle leur donna alors des directives alors que déjà le Lagonière se mettait a crier. La tension était plus que palpable alors que chacun prenait place, et que leur adversaires fonçait sur eux. Tous en garde, prêt a en découdre.

Elle se mit en garde médiane, les pieds en position de marche, stable, malgré que sa hanche lui signalait son mécontentement du mouvement. Mais la Trévière n’était plus dans l'envie de se soucier de son corps, seul sa vie, et la vie de ceux qui l'accompagnait comptait. Seul l'objectif de mettre a bas leur ennemi comptait pour la Sénéchal. Sa hanche attendrait. Lagonière leva le fer pour l'abattre sur elle. Elle allait pour parer mais Abran fut plus rapide. Elle leva son bouclier alors que le fer de leur deux épées s'entrechoquait. Reculant par la même pour ne pas gêner Abran, celui ci se plaça entre elle et le vicomte. Tout s'enchaina, Abran et Lagonière s'isolant dans un duel.

De leurs cotés, les miliciens étaient également tous pris dans un duel. Elle aurait bien suivit le duo Lagonière/Abran, mais un milicien semblait en mauvaise posture. La jeune femme ne savait que trop bien que les miliciens sont généralement des habitants se mettant au service de la défense à l'occasion, souvent des novices en matière d'arme. Elle alla donc l'aider, levant sa lame dans un cri de rage, et l'abattant sur l'épaule du mercenaire, projetant ainsi du sang. Tant pis pour sa robe, elle était fichu. Elle laissa le milicien en terminé avec le mercenaire, se retournant, grimaçant sous la douleur de sa hanche, maudissant contre tout. Un milicien fut blessé, et battait en retraite devant un mercenaire tout aussi déterminé que chacun l’était. Elle vint s'ajouter, prenant la relève du milicien. Et le fer croisa. Le vent sifflait, le fer sonnait, sa hanche piquait, sa cuisse lançait, et Abran tomba. La jeune femme vit l'homme, son fidèle garde, tomber au sol. Elle voulu hurler, elle aurait voulu se porter auprès de lui, mais elle savait que c'etait impossible. Elle avait déjà vu nombre de frères et de sœur d'arme tombé au combat, elle avait voulu nombre de fois se porter a eux, les aider, mais elle savait que l'ennemi ne s’arrêtait qu'une fois mort lui même. Son visage se déforma par la rage, par la haine, un cri sourd sorti du fond de ses tripes, alors qu'elle leva sa Wyl pour l'abattre sur le mercenaire, souhaitant sa mort plus que tout.

Mais sa lame fut stoppé, de quoi l’énerver encore plus. Lagonière, la pourriture venait de la stopper dans son élan, et la repoussait, maintenant leurs épées l'une contre l'autre, riant aux éclats. Elle sentit son souffle s'emballer, tel un cheval qui galope, la jeune femme haletait de rage. Elle le fixait avec une haine comme rare il était possible de voir sur son visage, la jeune femme douce et généreuse avait laissé place a un soldat sans pitié. Elle lui cracha à la figure.

Vous êtes un homme mort Lagonière!

Elle se recula, mettant une distance raisonnable entre eux, en profitant ainsi pour se mettre en garde. Sa jambe criant de douleur, ajoutant ainsi à sa détermination. Un dernier regard sur son fidèle Abran, foi de Silanie, il serait venger! Et alors que la jeune femme se préparait a ce duel, le bruit de l'affrontement commençait deja a rameuter le reste de la garde.

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--_hubert_




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La haine, la colère et la rage se lisaient sur le visage de la Sénéchal. Utilisés correctement, c'étaient les trois ingrédients de la victoire. Hubert sourit de pouvoir autant lire les sentiments de Silanie, mais il resta concentré. Une petite inattention, et il en était fini du vicomte déchu. Il subsistait à ses côtés un seul mercenaire. Les deux partis s'étaient rassemblés ; Hubert était largement en infériorité numérique. Mais il ne broncha pas. Ne jamais s'avouer vaincu, attendre le miracle, quand bien même fût-il inespéré. Avant de se reculer, elle lui avait craché au visage. Lentement, Lagonières s'essuya le visage grâce à son gant. Puis elle lança un cri assassin. Un homme mort ? Il l'était déjà depuis des années. Une ombre, se qualifiait-il. Un fantôme, un lieutenant de la Mort à qui il envoyait quelques âmes dérangeantes sur terre. Passer ad patres ne l'effrayait pas : ce n'était qu'une continuité dans son histoire.

Silanie regarda Abran, les yeux d'Hubert glissèrent aussi vers le cadavre sans vie. Ah la tristesse ! Mauvaise conseillère pour la guerre. Lagonières se moquait éperdument de ceux qu'il tuait. Avaient-ils femmes, enfants, maisons ? Qu'importe ! Il était sans coeur. Au du moins était-il de pierre et battait-il lentement au son de nulle émotion.

Puis ce fut la charge à nouveau. Cette fois-ci, personne pour arrêter le choc de son épée sur celle de la Trévière. Il avait cet avantage d'être un homme. Elle avait ces inconvénients d'être une femme et blessée. Selon ses statistiques, il ne pouvait pas perdre ! C'était tout bonnement impossible. Du moins, contre elle. Hubert asséna un violent coup sur le bouclier de Silanie qui se brisa, devenant complètement inutile. Il en émit un petit rire. Il para plusieurs attaques de la Sénéchal. C'était indubitable : elle savait se battre. Mais elle était convalescente : sa faiblesse !

Après s'être défendu, Hubert passa à la contre-attaque. Sa lame vint goûter à la chair du bras gauche de la Castiglione. Il l'avait touché. Le sang se répandait déjà sur les pavés froid d'avril. Lagonières se délectait. Mais attention toujours à l'animal blessé ! Même la tête tranchée du loup pouvait encore mordre dans un dernier réflexe nerveux.

La furie de la dame était incontestable, la douleur semblait ne pas l'atteindre. Mais alors qu'elle fendait sur lui, Hubert se recula et l'épée de Silanie heurta le sol, déstabilisant la Trévière. Lagonières en profita. Il répugnait l'idée de frapper les femmes, mais il n'eut pas le choix. Profitant de l'état d'errance de son adversaire, Hubert décocha un coup de poing dans la mâchoire de Silanie. Et avant qu'elle ne tombe au sol, il put l'entailler à la jambe droite, d'où le sang sortit immédiatement et abondamment.

Alors qu'il s'avança pour achever sa proie, les miliciens chargèrent vers lui. Ils étaient bien trop nombreux. Hubert hurla sa défaite et prit la fuite, poursuivi par quelques hommes. Mais il parvint à les semer dans les ruelles sombres et malfâmées. Il se maudit ! Comme il maudit Leostilla ! Si seulement il lui avait fourni plus d'hommes, l'assassinat eût été parfait ! Il espérait avoir suffisament blessé la Trévière pour qu'elle rejoigne ses ancêtres. Au sang qu'il avait vu se répandre, Lagonières ne lui donnait plus que quelques heures à vivre si on ne s'occupait pas d'elle rapidement.

Lagonières s'enfuit, comme le renard à la vue des hommes, et sans une seule blessure.
Silanie


Elle tenait fermement son bouclier de son bras gauche, son épée de sa main droite, bien campée sur ses pieds, les jambes un peu fléchies pour un équilibre subjectif. Sa hanche la meurtrissait, la douleur la rongeait. Elle savait que sa faiblesse était là. Elle ne serait pas aussi endurante, pas aussi fluide dans ses mouvements. Elle le savait et Lagonière aussi. Mais sa haine, sa détermination prenait le dessus, il lui faudrait s'en servir pour combler cette faiblesse. Terminer au plus vite. Les mercenaires commençaient a faiblir, a tombé un a un. Il ne fallait rien lâcher.

Il chargea, elle se prépara à la rencontre. Elle leva le bouclier pour parer sa charge. Celui ci se brisa sous le coup. Il ne lui restait plus qu'une alternative, le charger sans lui laisser la possibilité de reprendre l'avantage. C'etait là sa seule chance. Elle leva alors son fer, et frappa, encore et encore, inlassablement, espérant le voir faillir. Dans un coup ultime, son bras brula. Il venait de la toucher. Elle sentait deja sa manche s'humidifier. Elle grogna, chargeant de nouveau. Sa lame choqua le sol, ajoutant à sa douleur, la déstabilisant.

Elle allait pour se remettre en garde, mais elle sombra. Il venait de la frapper au visage. Elle sentit vaguement le métal lui taillader la jambe, alors qu'elle s'écroulait sur le pavé.

La Castiglione était gravement blessée. Perdue entre conscience et inconscience, son sang s'échappant de son corps. Elle savait que c'était fini, qu'il ne l'épargnerait pas. Elle attendait alors le coup fatal, son cœur de mère prenant le dessus sur son état. Elle pensa à sa fille Lyla Clémence, qu'elle laissait orpheline en cet instant.

Elle n'eut pas conscience de se qui se passa ensuite. Elle ne voyait pas la garde venir à leur secours. Elle ne vit pas que le vicomte avait pris la fuit, la laissant là. Elle sentit vaguement que l'on s'affairait autour d'elle. Des bruits sourd comme venu de loin lui parvenant dans le flou le plus totale. Elle se sentait faiblir. Dans un souffle entrecoupé, elle souffla vaguement.

Leurs têtes...je...veux...


Elle perdit connaissance.

[D'un autre côté...]

Du coté des miliciens, ce fut l'effarement, la consternation en découvrant la scène. Le sol luisait au clair de lune par le sang répandue. Instinctivement, ils se divisèrent, certains prenant en chasse les fuyards, les autres s'affairant dans la ruelle. Les miliciens combattants firent un rapport des événements aux secours. Le bilan fut rapidement établie. Quatre mort, dont le garde de la Sénéchal, celle ci gravement blessée gisant sur le sol dans le sang, et trois miliciens épuisés ou blessé, c'est selon. L'un d'entre eux pris la tête du groupe, et commença a lancé des directives. Il fallait agir vite, vraiment très vite.

Faites venir un soignant! Et vite! La Sénéchal est mourante! On ne peut la déplacée! Rassemblé le corps des trois mercenaires et recouvrez celui du garde! Faite prévenir la famille du Sénéchal, qu'ils prévoient un enterrement! VITE!

Dans la ruelle, on s'activait. L'un parti à la recherche d'un soignant, pendant que l'autre aidait a comprimer les plaies de la sénéchal. Un autre s'occupa de rassembler les corps, en tas dans un coin, et de recouvrir le corps d'Abran.

C'etait une nuit bien noire qui frappait Belley.

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Vikentios



Palais di Leostilla, peu avant les combats de Belley

Antoine avait regardé ses cavaliers de l'ombre quitter le château et bondir vers Belley. Ses yeux fixaient les alentours, inquiets et interrogatifs. Il quitta finalement sa fenêtre et s'installa sur un fauteuil quelconque de la salle du conseil. Puis il entrecroisa ses mains gantées, les coudes posés sur la table rectangulaire, et posa son menton contre le cuir épais. Sa fine barbe de trois jours râclait les gants dans un bruit qui le plongeait dans plus de pensées. Hubert était un spécialiste, il parviendrait sans mal à exécuter cette tâche. Qui, qui se douterait que le di Leostilla était le commanditaire ? Personne ! Et si on le soupçonnait, pire : si on savait que c'était lui, il pouvait aisément tenir un siège, ici en son palais, contre les armées savoyardes. Plusieurs passages secrets enfouis sous terre permettraient sa fuite, loin d'Aix, loin de la Savoie. Il rejoindrait sa cousine, en Armagnac, rien n'était perdu, tout restait à faire.

Mais quelles étaient donc ses pensées auxquelles s'adonnaient Antoine ? Il les baya d'un revers de la main, en souriant presque de son idiotie. Ce n'était pas la première fois que la famille se débarassait d'un ennemi gênant. Rappelons-nous, Chandin l'Impérialiste, douteux personnage, qui avait sans doute pactisé avec quelques forces obscures. Remus, son fils, atteint d'une malade mystérieuse, à laquelle il succomba : son idée de sang pur le mena à sa perte, ô combien d'hommes avaient trépassé pour avoir osé approcher sa jumelle Angeline ? Puis il y eut Tibérias, sans doute le plus fervent savoyard de la famille. Il bâtit même une compagnie secrète pour protéger le duché de tous les profiteurs. Ses qualités de juge l'avaient conduit à mener plusieurs guerre, dont il ressortait vainqueur au vu des morts qui pesaient sur son dos, mais perdant, quand on sait que cette folie assassine lui fut fatale. Antoine s'inscrivait logiquement à la suite de ses illustres défunts.

Alors que les tableaux de sa famille lui parlaient et lui souriaient, il se perdit dans leur contemplation. Mais soudainement, la porte du conseil s'ouvrit. Surpris, il porta instinctivement la main au fourreau de son épée. Il tourna la tête et fut soulagé quand il aperçut l'un de ses serviteurs. Ce dernier vint devant le seigneur, s'inclina. L'autre, hocha le chef pour qu'il commence :

- Mon seigneur, l'un de vos agents dévoués à la prévôté est venu porter un message.

Antoine se leva et intimida le page auquel il demanda de poursuivre. Ce dernier tira un petit parchemin du creux de sa main et le lit :

- Urgent. A Antoine. Les besoins en défense pour Belley ont doublé, à cause d'une troupe suspecte d'italiens dans l'après-midi. Hubert aura besoin de renforts.

Les yeux d'Antoine se figèrent, son corps se figea. Tout basculait. Dieu quelle pitié ! Si seulement il était resté plus longtemps à la prévôté ce jour ! Que faire ? Aussi soudain que la pluie sur les montagnes, il dicta ses ordres au petit page :

- Rassemble une demi-douzaine de mes hommes dans l'urgence. Nous partons pour Belley.

Il devait s'impliquer directement. Pour veiller au bon fonctionnement. Il espérait que Hubert n'était pas encore passé à l'acte, sinon tout eût été vain. Il enfila sa cotte de maille et ses vêtements de combat puis rejoignit ses soldats dans la basse-cour.

Belley

La troupe chevaucha jusqu'à la ville portuaire dans l'espoir d'arriver à temps et de donner du renfort à Lagonières. Ils abandonnèrent leurs chevaux à un poste de garde : après telle cavalcade, les animaux ne ressentaient plus que le besoin de boire.

Ils pénétrèrent dans les rues de Belley, quand subitement, un homme leur fit face. Antoine ne le reconnut pas immédiatement. On se reculait devant le passage d'un tel cortège. Pourquoi restait-il au milieu ? Tant pis... pas de témoin...

- Vous autres, allez en aide à Lagonières ! Je m'occupe du silence de l'ivrogne.

Les soldats disparurent. C'est alors, à la lumière d'une torche de la rue, qu'Antoine reconnut Fenthick. Ses pensées s'échouèrent. Que faire ?

- Votre Excellence Impériale. Vous vous trouvez au mauvais moment... au mauvais endroit. Il eût fallu que vous restiez à Strasbourg ce soir.

Il tira son épée.

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