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[RP] Le Morte de Silanie

Fenthick


Il ne put que tirer lui aussi l'épée du fourreau.

Di Leostilla, tiens donc. Comme c'est étonnant.
Sans doute eut-il fallu que vous hantiez Besançon ce soir encore. Quoi que vous puissiez manigancer ce soir, cela ne prendra pas.


Et l'arme au clair, il s'avança vers celui qui lui faisait face, fier et droit, bien qu'un peu et secrètement inquiet de son propre état physique. La fatigue des voyages répétitifs se faisait bien sentir, et ses mouvements .. Ah, il les trouvait désespérément lents.

Mais avant d'aller un peu plus loin, attardons nous sur les dernières minutes écoulées.

Il avait passé la ruelle du Pont-Neuf, qui longeait le Rhône non loin du port, après avoir quitté son bouge et y avoir laissé ses bougres, baillant et lourd. Il avait acheté une choppe d'hypocras à un marchand du port, qu'il disait venu tout droit de Terre-Sainte, ce qui était sans doute faux, mais qui au demeurant, était bon de même.
Puis, désaltéré pour sa marche nocturne, il avait remonté la ville, longeant les remparts, jusqu'à ce qu'une agitation inhabituelle et somme toute assez suspecte n'éveille bon gré mal gré, plutôt difficilement d'ailleurs, ses sens somnolant.
Il s'était hâté vers les portes, pour y trouver deux gardes morts. Et sentir frémir en lui une inquiétude dont la dernière expérience remontait à presque un an.

Les Helvètes? Impossible. Il en revenait à peine, de Genève, et que foutraient-ils à Belley? Non ..
Des brigands? Pas mieux, la Prévôté aurait été sur les crocs, et ce n'eut été deux mais vingt gardes aux portes, qu'il aurait du trouver.

Inquiet, il remontait la grand-rue, en direction de la Bourgmestrie, pour donner l'alerte, quand un groupe vint de derrière, ce qui le fit stopper net, et se retourner.

Et quelques secondes plus tard, le Galanodel se jetait sur le belliqueux Di Leostilla, sans savoir ni pourquoi, ni comment, mais avec la certitude que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire.
Et l'instinct trompe rarement.

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Vikentios



Ah ! Il était prétentieux le bonhomme. Son plan était que Silanie trépasse. Peut-être était-ce déjà fait. Si ce ne l'était pas, ses hommes s'en chargerait. Il scruta le chancelier tirer son épée. Ces sensations avaient toujours fasciné Leostilla. Rien de plus beau qu'un soldat courageux. Besançon ! S'il savait ce qu'il s'y passait... Sûrement autant de choses qu'à Strasbourg sans Empereur. Il eut un rictus monstrueux. Oh ! Antoine n'attendait que l'assaut ! Ah qu'il aimait ça ! Il fit quelques moulinets avec sa lame, sans détourner ses yeux des prunelles de Fenthick, tapies dans l'obscurité.

Puis soudain, ce fut le moment fatidique ! Lui, un homme fort de l'Empire s'attaquait à un Leostilla ! S'attaquer à l'un d'eux, c'était se mettre à dos tous les autres. Pourtant, lorsqu'il fut duc - car oui ! pareille canaille fut souverain de Savoie ! - il s'était battu avec Tibérias. Le seul qui put les arrêter fut un haut chandelier qui s'écrasa sur leur crâne ! Tout cela, Antoine l'avait lu dans les Mémoires de feu son oncle. Qui l'eut cru... Damnation et dévotion ! Cruauté et bonté ! En ce monde, il n'y avait plus de différence, surtout quand on touchait à la sphère du pouvoir, tant chérie par la famille romaine.

Antoine para la première attaque de Fenthick. Le ton était donné. Ce qui était intéressant lors d'un début de duel, était de s'habituer au style de son adversaire. Les Leostilla n'avaient pas appris à se battre aux côtés d'un professeur : chacun avait sa technique, plus ou moins bonne. Tous savaient que pour survivre, il fallait qu'ils sachent manier les armes. C'était une loi familiale sacrée. Si on s'habituait pas à l'autre, l'autre vous tuait. Et vice-versa. Vite trouver les failles et les gestes devenait un geste de survie.

Mais bon ! Antoine para une nouvelle attaque. C'était comme un combat de cerfs : majestueux mais brutal et sans pitié. Le Leostilla contre-attaqua violemment, en visant la tête de Fenthick. Leurs bottes battaient le rythme lent et calculé des duels sur les pavés froids de Belley. Tout en jetant des coups de lame à son adversaire, Antoine scrutait les hauteurs et les alentours. Avoir une issue de secours était toujours une assurance vie. Il pouvait partir en arrière, mais le chancelier lui collerait au derrière. Mauvaise idée. Seule une pile de tonneaux remplis de mauvais vin attira son attention. Sur les toits ! S'il y montait le premier, il pourrait prendre un certain avantage.

Les deux épées vinrent s'entrechoquer. Antoine appuya le contact pour qu'il perdure. Il avança et quand il fut devant les tonneaux, il repoussa Fenthick d'un coup de pied. Profitant de son bref étourdissement, Leostilla grimpa sur le premier tonneau mais il dut subir quelques assauts de l'impérialiste. Combattre à cheval eût été la même chose.

Antoine sauta à un étage de deux tonneaux, Fenthick le poursuivait montant à l'étage précédent. Ah le vil ! Leostilla monta sur la pile de trois barriques. L'équilibre devenait difficile sur ses immenses gardiens de vin, sans doute issu d'un vigne ecclésiaste non loin.

Le toit était là. Fin acrobate, mais rattrapé par l'âge, Antoine sauta de justesse. Il atterrit à plat ventre à son objectif. Mais il se releva bien vite, car l'autre n'était pas loin, et il était vif le fourbe ! Leostilla profita de son absence pour trottiner sur les différents toits belleysans. Mais quand il entendit qu'un autre l'imitait, il se retourna et vit le chancelier.

- Vous n'êtes pas aussi maladroit que je l'eûs pensé ! Mais cela ne suffira pas !

Il fit tournoyer sa lame dans les airs et l'abattit sur celle de son adversaire. L'équilibre s'ajoutait aux qualités qu'il fallait posséder pour ne pas perdre ce duel. Il n'était pas rare qu'on vît Antoine une jambe hésitante et levée pour retrouver sa solidité.

Voilà longtemps qu'il n'avait pas vécu de telles sensations. Il para une énième attaque du chancelier.

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Fenthick


Les fers sonnaient, discordant, l'un sur l'autre dans une mélodie fracassante. Ils furent bien vite sur les toits, ou le Di Leostilla entraîna le Galanodel dans une poursuite entrecoupée de passes d'armes.

Il l'aurait bien laissé là, mais il savait qu'il ne le lâcherait plus, maintenant qu'il l'avait vu sur les lieux du ... crime/acte/fait.
Réfléchissant en même temps qu'ils échangeaient les coups violents, et sentant la fluidité reprendre peu à peu le dessus sur ses rhumatismes naissant, jamais il ne sentait aussi vivant que l'épée à la main, instant ou tout redevenait clair, et ou tout s'estompait de son esprit, doutes, fatigue, âge, il eut un rictus.
En contre bas, on se battait aussi. Ils s'étaient visiblement rapproché plus ou moins du lieu de forfait du Di Leostilla, mais c'était là bataille rangée qui avait lieu.

Foutredieu, vous avez les moyens l'ami!

Diversion vocale, laisser sa dextre découverte juste assez pour que cela passe pour une erreur ... voilà, il fonce droit dessus le bougre! On se fend, on se retourne, et on rencontre ... le vide?!

Maudit!

Il avait esquivé, voyant le coup venir, mais son flanc droit, là! Découvert! De la garde et du poing, le Chancelier Impérial lui asséna un violent coup dans les côtes, qui le fit chanceler, et il tomba pêle-mêle du toit dans un tas de foin en contrebas.

Fenthick descendit un peu plus loin et s'approcha à grand pas du bougre toujours enfutaillé, mais vif, ce dernier avait déjà repris ses esprits et lui décocha un pied dans le cheville, qui se tordit sous le choc, pendant que la jambe du Selvage se dérobait sous lui, et qu'il s'étalait, devant l'autre, face contre terre au sol.
Il avait perdu son avantage, et ses jambes usées peinait à lui répondre. Sans doute que le dénouement approchait.

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