Fenthick
Il ne put que tirer lui aussi l'épée du fourreau.
Di Leostilla, tiens donc. Comme c'est étonnant.
Sans doute eut-il fallu que vous hantiez Besançon ce soir encore. Quoi que vous puissiez manigancer ce soir, cela ne prendra pas.
Et l'arme au clair, il s'avança vers celui qui lui faisait face, fier et droit, bien qu'un peu et secrètement inquiet de son propre état physique. La fatigue des voyages répétitifs se faisait bien sentir, et ses mouvements .. Ah, il les trouvait désespérément lents.
Mais avant d'aller un peu plus loin, attardons nous sur les dernières minutes écoulées.
Il avait passé la ruelle du Pont-Neuf, qui longeait le Rhône non loin du port, après avoir quitté son bouge et y avoir laissé ses bougres, baillant et lourd. Il avait acheté une choppe d'hypocras à un marchand du port, qu'il disait venu tout droit de Terre-Sainte, ce qui était sans doute faux, mais qui au demeurant, était bon de même.
Puis, désaltéré pour sa marche nocturne, il avait remonté la ville, longeant les remparts, jusqu'à ce qu'une agitation inhabituelle et somme toute assez suspecte n'éveille bon gré mal gré, plutôt difficilement d'ailleurs, ses sens somnolant.
Il s'était hâté vers les portes, pour y trouver deux gardes morts. Et sentir frémir en lui une inquiétude dont la dernière expérience remontait à presque un an.
Les Helvètes? Impossible. Il en revenait à peine, de Genève, et que foutraient-ils à Belley? Non ..
Des brigands? Pas mieux, la Prévôté aurait été sur les crocs, et ce n'eut été deux mais vingt gardes aux portes, qu'il aurait du trouver.
Inquiet, il remontait la grand-rue, en direction de la Bourgmestrie, pour donner l'alerte, quand un groupe vint de derrière, ce qui le fit stopper net, et se retourner.
Et quelques secondes plus tard, le Galanodel se jetait sur le belliqueux Di Leostilla, sans savoir ni pourquoi, ni comment, mais avec la certitude que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire.
Et l'instinct trompe rarement.
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