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[RP] Et le glas sonnera la mort d'un Roi...

Mai

      [Douetum, Anjou]

    Une lettre porteuse de mauvaises nouvelles était venue se glisser entre ses mains blanches, il y a quelques jours à peine. Son suzerain se mourrait sur ses terres de Retz. La lecture était à peine finie qu’un cheval était attelé pour elle par les gens de Douétum. La « Mai de Bretagne », comme on l’appelait là-bas, rentrait chez elle.


      [Machecoul, Bretagne]

    L’entrée de la Kermorial au château de Machecoul ne se fit pas dans le calme. La Marquise avait juste courru - la peur au ventre, craignant d’arriver trop tard - jusqu’au appartement de celui qui était finalement un Roi pour elle. Touchant au but, Buzay avait fendu la foule des curieux et pénétrer dans la petite pièce aux volets fermés et à l’air vicié. Dans la chambre, allongée sur le lit, son suzerain était là, entourée de seulement Marzina et d’un jeune homme qu’elle devinait être le nouveau duc de Retz… Taliesyn. Les saluant à peine d’un hochement de tête, la blondine posa un regard céruléen sur le corps à bout de souffle de son duc, avant de s’agenouiller à ces côtés. Les mains jointes. Dans cette chambre noire, loin des bruits, des rumeurs et des médisances, il y eut quelques échanges. Des mots. Des sourires. Des promesses… Une intimité que la pudeur ne vous permettra pas de connaitre dans les détails. Pauvre vous !

    Et il y eu un dernier souffle...
    Celui d’Elfyn de Montfort, Grand-Duc de Bretagne et Duc de Retz.


      [Rennes, Bretagne]

    Marie était ressortie de la macabre pièce, un vélin à la main et une mission ancrée au cœur. Celle de lire le dernier discours du souverain breton. Le visage fermé, la silhouette sombre s’avança sur la grande place bretonne avec pour seule musique le glas des clochers qui résonnaient dans tout le pays. Debout, surplombant la foule, la vassale attendit que le silence se fasse pour mieux le rompre.


    Peuple de Bretagne ! Résonna sa voix sur le parvis de la primatiale
    J’ai… Un message pour vous. De la part d’Elfyn de Montfort, feu votre Grand-Duc.

    Simple. Le glas donnait déjà la teneur de son annonce. Tous avaient compris. C’est la gorge nouée et les mains tremblantes que Marie brisa le sceau de son suzerain. A ses côtés, Marzina et Taliesyn étaient là. Silencieux. Dans l’attente de cette lecture qu’elle avait du mal à commencer... Puis un à un, les mots furent lu à l’ensemble des bretons.


    Citation:


      Bretonnes, Bretons,

      Mes derniers mots seront pour vous.

      Ma vie ne fut qu'un long combat pour la Bretagne, et voici que celles-ci se délitent sous mes yeux. Impuissant de voir la gangrène gagner petit à petit, vaincu par un mal que je ne peux terrasser et qui a raison de ma volonté de fer, je me rends à l'évidence que l'issue ne peut en être que funeste.

      Les abandons ont ce goût de souffre que la défaite n'a pas, car à perdre une bataille l'on ne peut que garder l'espoir d'une revanche, mais abandonner c'est avant tout se rendre compte qu'il n'y aura de victoire possible et se résigner à la défaite. Mon corps parle pour moi, il est résigné tout autant que je le suis désormais. Plus que ma maladie c'est l'acharnement de bretons, pensant certainement bien faire, qui m'ont donné ce goût de fer, la volonté de certains devraient avant tout œuvrer à construire plus qu'à détruire, mais je me suis heurté là à un mur d'incompréhension, de cynisme acerbe, annihilatrice des plus fortes volontés.

      Mes jours s'amenuisent, et je ne peux dorénavant que regarder mes dernières aubes s’élever tout autant que les cieux s'assombrir au crépuscule de mon règne. J'aurais aimé être plus vaillant, balayer d'un revers de la main les simples ego malappris et déplacés. Est-ce une force ou une faiblesse que de n'avoir point écrasé toute opposition même si celle-ci apparut clairement comme révélatrice d'un mal qui enfle toujours en notre pays, celui de la discorde ? Ai-je eu raison pour Bretagne de ne point donner coup d'estoc à ceux qui chantent, conquérants d'un tas de débris qu'ils ont créé, tirant un bilan aigri d'une Bretagne devenue amère par leur propre combat dément et abject ?

      Où peut-on trouver passion dans la déraison ? Où peut-on trouver saveur à dénigrer, à détruire l’œuvre de bretons?Quel bien peut-on tirer à diviser les uns afin de les monter contre les autres. Mon règne aura certainement été à mon image, celle d'un homme entier, plus nuancé que certains dans la capacité à sacrifier pour l’intérêt général, mais peu prompt à comprendre les aspirations de certains en ce monde. C'est en cela que j'ai échoué, car mon incompréhension est révélatrice d'une lacune de jugement de ma part sur ces individus, et la Bretagne en serait sortie grandie si à la tolérance ou l'indifférence j'en avais sorti quelque chose d'idoine tant pour leurs aspirations que pour la Bretagne.

      Ainsi à ceux qui m'ont sali, trahi, déshonoré, moi ou la Bretagne par moi, je leur pardonne, car je ne quitterai pas ce monde en les maudissant comme certains pourraient, il faut croire, le mériter. Je laisse soin aux enfants de la Bretagne de juger leur pairs et d'avoir la justice et l'équité que n'ont plus nos Cours de Justice, avides de vengeance personnelle ou de pouvoir.

      Je ne leur demande pas de me pardonner si j'ai commis quelques délits qu'ils peuvent voir comme crime, leur aveuglement empêchera certainement quelque raison de s'immiscer dans les actes et seule l'Histoire saura juger dans l’espoir qu'elle ne soit pas tronquée, éborgnée et ternie de la vérité des faits.

      Je pars avec le sentiment plein d'une vie consacrée à ma terre. J'ai pu la voir grandir, prendre les chemins les plus tortueux qui soient pour gagner en prestance, rayonner. Je suis fier d'avoir participé aux grandes étapes de son émancipation, par des petits pas, des soutiens légers mais indéfectibles par la foi que j'avais en la Bretagne, ma Bretagne. J'ose croire et me permettre cet individualisme sur mes derniers jours, quelle hardiesse !

      Ma douleur est continue, mes derniers efforts sont douloureux et j'ai peine à rester concentré, tant de difficulté ne serait-ce que pour rester éveillé. Le désir de gagner l'autre rive devient pressant , c'est ce vers quoi je tend désormais, rejoindre ceux qui m'ont précédé.

      Serais-je accepté en Ynis Affallach ? Y retrouverais-je les anciens Maîtres Ovates, Bardes et Clercs du Chêne Blanc, est-ce que je chanterais avec Mat d'Ys comme nous le faisions lorsque nous dirigions l'Ordre ?
      Serais-je à chevaucher avec les premiers Chevaliers de la Bretagne de Nathan, ceux des anciennes guerres bretonnes ?
      Serais-je en mer avec l'Amiral Bandor, à découvrir les horizons des sept îles de l'est ?
      Serais-je en campagne, une nuit étoilée avec mes dragons de Vannes l'opulente, à tendre des embuscades ou à résister aux assauts, coude à coude ?
      Enfin retrouverais-je la belle Gannika ou la sulfureuse Akemi ?

      La vie qui m'attend après le trépas sera-t-elle entourée de ceux que j'aime et qui m'ont trop vite quitté ?

      Ma vaillance n'est plus, mon corps s’essouffle et je sens l'Ankou lorgner ma carcasse putréfiée, je laisse à la Bretagne un héritage d'honneur et de parole qu'elle sache avoir la sagesse de conserver cet héritage d'un peuple prompt à tenir ses engagements.
      Je laisse l'héritage d'un franc parler et d'une porte ouverte à tous quoiqu'on en dise, mon écoute aura été offerte à tous ceux le désirant, ami comme ennemi.
      Je lègue un Grand-Duché plus fort et plus apte à soutenir la Bretagne lorsque son duché vacille, tant économiquement que militairement.
      Je laisse la Bretagne récolter les alliances semées chez nos cousins celtes et la consolidation de notre parole aux ponantais.

      Bretons ne soyez pas moutons, soyez lions, battez-vous pour ce en quoi vous croyez mais restez ouvert aux autres. Choisissez vous un Grand-Duc digne de vos espérances, et qui soit aussi prompt à prendre des décisions urgentes que sage à sauvegardez vos vies et vos âmes avant tout.

      Ma destinée m'aura forcé à abandonner le combat qui fut mien de ramener l'honneur et la droiture en Bretagne, mais je ne laisse pas le flambeau à n'importe qui car je vous le laisse à vous, Bretons !


      Elfyn de Montfort
      Grand duc de Bretagne.




    Le vélin fut replié sur lui-même et rangé précieusement dans un repli de sa robe. Si il y avait bien une lettre qu’elle garderait encore plus précieusement que toutes les autres ce serait celle-ci.

    Puis un second vélin fut sorti et lu à haute voix.


    Citation:


      De Nous Elfyn de Montfort, Grand-Duc de Bretagne,

      Afin que ne soit pas utilisé nos funérailles à des fins politiques,
      Afin que ne soit pas utilisé notre mort dans le but de répudier toute personne qui pourrait l'être,
      Afin que soit organisée mes funérailles comme je l'entends et que mes dernières volontés soient respectées plus que ne l'ont été les précédentes par l'avidité hative d'oublier tout serment d'allégeance ;

      Nous confions l'organisation des funérailles à Roxanne de Montfort-Laval et Clodeweck de Montfort-Toxandrie.

      Que cela soit su et respecté ou craignez que je ne vienne hanter vos nuits.

      A Retz ce Lundi 1er Mai



      Elfyn de Montfort
      Grand duc de Bretagne.



    _________________









Coldtracker
Quittant la demeure familiale et la dépouille de son souverain pour quelques heures...
Le colosse connaissait déjà le courrier la mise en public ne ft donc pas une surprise....

Il eut un triste sourire même cela, il l'avait anticipé....

Il murmura:
-"On continuera comme on l'a toujours fait ma Roué, on ne lâchera rien...."
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Une guerre à mener?De Morrigan-Montfort à vostre service...
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