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[RP] L'envol de la tourterelle

Ectelion.le.noir
    « Il ne faut pas tenter les saints, à plus forte raison ceux qui ne le sont pas. » Proverbe italien


Ectelion qui avait plongé son nez dans son verre de bière ne put se retenir de s'esclaffer. Toussant car il avait malencontreusement avaler une gorgée de houblon de travers, il regarda la Tourterelle.

Vous avez été fiancée a un sodomite !? Non, il n'avait jamais eu vent de l'histoire, a vrai dire ça se comprend que l'on est pas voulu ébruiter une telle chose. Rien qu'a l'idée, l'Enkidiev était simplement mort de rire, la malchance frappait décidément a la porte chez les Lablanches. Il se retient de rire plus longtemps, il ne fallait pas froisser les plumes de la délicate oiselle.

Non, vous n'êtes pas si vieille, mais il faut comprendre, la noblesse aime l'idée de pouvoir avoir bon nombre d'héritiers. Et plus qu'une idée agréable, c'est une nécessité. Donc oui, vous serez mariée, avec qui, ça je ne saurais vous le dire.

Le Noir laissa son regard aquilin la détaillée, elle était bien faite, un peu rondelette mais tout de même agréable a l’œil. Il arqua un sourcil quand elle annonça qu'elle prendrait amant si le mariage était forcé.

Vostre phrase sonne comme une menace a mon oreille. & la réponse grondante qu'il fut sonné tout aussi menaçant, il n'aime pas qu'on le menace de déshonorer la famille... Quoi que lui ne puisse dire qu'il fasse réellement reluire le blason. Les regards sombres du Noir Seigneur furent interrompus par l'arrivée d'une jeune servante chargée d'un plateau avec deux bols fumants et dégageant une odeur alléchante. Ectelion ne put s'empêcher de lancer un regard appréciateur a l'encontre du déhanchement fort prononcé de la jeune femme. Les deux ébènes du sombre retrouvèrent ensuite la table quand ses mains elles entourèrent le bol, sa bouche affamée lui fit un sort, rapide, voir même expéditif.
L'alcool aidant, les muscles se détendirent, les langues se délièrent, et la douce chaleur d'un foyer et d'un bon repas rendirent les âmes plus légères. Elle le remercia, alors qu'il n'y avait pas de quoi, entre cousins le soutient est une chose relativement logique. Soudain elle se leva, un peu surprit il lui jeta un regard, mais sa surprise ne fit que grandir en l'entendant, elle n'était pas pudique pour une jeune femme qui sortait a peine des mains de Christos & co.

L'Aigle toisa la Tourterelle. Ignorait-elle que les oiselles et les rapaces ne faisaient pas bon ménages ?

Seulement l'Aigle était joueur, et il verrait ce que la Tourterelle avait en tête. Ainsi quitta-t-il son siège, il la détailla de nouveau, et esquissant un sourire, il jeta :

Je n'avais de toute façon pas l'intention d'attendre a la porte.

Le Noir lui montra l'escalier, la laissant galamment passer devant lui, ils grimpèrent tous deux les escaliers et atteignirent une chambrée relativement spacieuse, plus qu'on aurait put l'imaginer dans un bouge comme celui-ci. Deux lits, un baquet d'eau fumante, et une petite table, juste de quoi penser que l'endroit était confortable, sans non plus être totalement luxueux.

Ectelion s'assit sur le lit, tournant le dos au reste de la chambre, il posa les fontes qui avait porter sur son épaule depuis la salle jusqu'à la chambre. Se délestant de ses bottes, il soupira, dormir, voilà quelque chose qui lui ferrait un bien fou. Mais avant cela, il avait une lettre a écrire. Ainsi prit-il sa plume pour écrire a sa femme. Il avait négligé de la prévenir... Grave erreur, car il sentait que l’accueil au retour serait on ne peut plus glacial.

La plume macula le papier d'encre, et dansa tandis qu'il réfléchissait a comment pouvoir justifier son départ, et surtout comment justifier qu'il avait oublié de la prévenir...


Citation:
A Iloa Lablanche d'Abancourt d'Ectelion de Lagrange d'Enkidiev Lablanche d'Abancourt.

A vous, mon adorée,

Je suis au environ de Moulin, voici une bonne semaine que je suis sur la route, vous avez dû vous poser bien des questions, vous avez dû vous poser bien des questions sur ma nouvelle disparition, rassurez vous, je ne repars guère pour trois mois d'autodestruction au monastère.
Je m'en suis aller en Languedoc chercher vostre petite soeur, Blichilde. Il était temps de la faire sortir de cette prison religieuse.
Sachez également que votre cousine Charline sera bientôt des nostres, j'ignore encore si j'irais la chercher.
Je serais bientôt de retour, embrassez donc Yselda pour moi, elle me manque terriblement.

Je vous aime,
bien a vous,
Ectelion.


Le Plis fut rapidement sceller, a la cire noire comme toujours par un aigle sans fioriture. Garder dans les fontes, le mot serait envoyer au matin. Mais pour l'heure il y avait mieux a faire. Et par mieux, Ectelion entendait faire perdre pied a la jeune Blichilde.
Il regarda la jeune femme qui s'était mise a barboter entre temps, on aurait dit un canard qui redécouvrait les joies d'une mare. Souriant, Ectelion demanda d'un ton badin :


Alors, cette eau, comment est-elle ? A vostre air, elle a l'air délicieuse.

Il ne la lâcha pas des yeux, ses cheveux blonds défaits lui donnait un air encore bien plus enfantin, faisant ressortir ses joues rebondies. Une enfant qui joue avec le feu fini toujours par se brûler.
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Blichilde
«Le meilleur moyen de résister à la tentation, c'est d'y céder»- Oscar Wilde

La porte s'ouvrit sur une chambrette pauvrement meublée, mais le feu crépitant dans l'étroite cheminée donnait à la pièce une atmosphère plus douillette. Deux paillasses jetées sur des cadres de bois grossièrement fabriqués étaient appuyées contre le mur du fond. Au centre de la pièce trônait une cuve de bois cerclé dont les parois étaient couvertes de molleton épais. Une légère vapeur s'en échappait. Ce tableau ravit immédiatement la jeune Blichilde. Un bain, une paillasse et en plus, elle était repue.

Profond soupire d'aise.

Alors que son cousin envoyait valser ses bottes dans un coin de la pièce et s'en fut griffonner quelque message assis en tailleur sur un des lits, la Tourterelle délassa son surcot d'un mouvement ralenti par un début d'ivresse. Le vêtement alla choir sur le plancher dans un murmure d'étoffe. Elle passa ensuite son bliaud par-dessus sa tête et le laissa tomber non loin de la cuve.

La lumière orangée des flammes donnait au corps blanc une légère lueur dorée. Blichilde lança un regard de biais au Sombre. Il ne semblait pas du tout se soucier de sa présence, nue ou non. Haussant les épaules, la jeune femme défit ses cheveux rendus poisseux à cause du manque d'hygiène des derniers jours puis se glissa silencieusement dans l'eau claire et chaude. Bonheur. Des linges à peu près propres avaient été déposés à son intention. Oubliant presque la présence d'Ectelion, l'Occitane se mit en devoir de se frictionner vigoureusement de façon à enlever toute trace de la crasse accumulée au cours du voyage.

Tout occupée à barboter gaiement comme un canard par jour de pluie, Blichilde n'entendit pas le Noir approcher. Elle sursauta lorsqu'il s'adressa à elle.


-Alors, cette eau, comment est-elle ? A vostre air, elle a l'air délicieuse.

La surprise lui avait instinctivement fait remonter ses genoux sous le menton, faisant par la même occasion voler de l'eau à l'extérieur de la cuve. Cette posture craintive ne dura que l'espace de quelques secondes. La jeune femme se détendit ensuite, appuyant ses bras sur les côtés du bain et offrant un peu sa gorge à la vue de l'homme en noir. À peine impudique.

Elle lui rendit son sourire.


-Juste assez chaude. Cela change des baignades dans les lacs et les étangs.

Ils passèrent ainsi une minute ou deux à se jauger avant que la Tourterelle ne prenne la parole.

-Vous me fixez senher ou bien est-ce la fatigue?

Un nouveau sourire mutin se dessina sur les lèvres rosées.Et les épaules nacrées s'enfoncèrent dans l'eau qui n'avait plus rien de claire. Fausse pudeur. L'homme en noir se douterait sans doute que la Blonde n'était pas si innocente qu'elle voulait le faire croire si elle continuait de s'exposer ainsi. Il semblait déjà s'étonner de la voir si peu farouche. Il faudrait jouer de prudence. Elle ne lui parlerait certainement pas du petit palefrenier, il la renverrait au couvent sans autre forme de procès. Après tout, si on la croyait toujours pure et blanche, c'était son billet d'entrée vers un monde à des centaines de lieues de ce qu'elle avait connu à présent.

Se redressant sur son séant, dévoilant par la même occasion la rondeur du buste, Blichilde tordit son épaisse tignasse et la remonta en un chignon.


-Il se fait tard, en effet. Je demande à la servante de vous faire monter de l'eau?

Badinage innocent, voulant donner l'impression qu'elle ignorait l'effet que peuvent avoir des chairs exposées à un oeil de rapace.
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Ectelion.le.noir
    « Le crime comporte son propre châtiment. » Richard Brinsley Sheridan, L'École de la médisance


Le Noir eut un sourire, elle eut un geste de pudeur, enfin un. Les genoux blancs remontant sous le menton, ils gâchaient la vue, nul doute sur ce point, mais Ectelion dû figer son visage dans une expression de passivité absolue pour ne pas laisser deviner sa surprise, il était tout a fait surprenant qu'une jeune femme se dévoile ainsi sans vergogne devant le premier venu. Surtout quand celle-ci sort a peine d'un couvent ou elle fut enfermée pendant une décennie, un couvent ou le contact entre hommes et femmes est totalement prohibé...
L'Enkidiev eut tout de même une question a l'esprit : d’où lui venait cette aisance a se révélée devant un mâle ? Mais surtout, était-elle ce qu'elle prétendait être ?

L'Aigle plissa les yeux, il jaugeait la Tourterelle, se demandant pourquoi elle cherchait a ce qu'il en fasse son dîner.

Soudain, elle quitta son milieu aqueux qui la protégée du regard du Sombre. Celui-ci ne put se retenir de la regarder, que voulez vous, on ne peut résister a la vue d'un corps de douce rondeur. Blichilde ne semblait pas se soucier de l'effet que cette vision pouvait avoir sur un homme, elle le regardait en s’essorant négligemment les cheveux, ce qui donnait une vue imprenable a Ectelion.
Le Noir s'approcha un peu plus de l'Oiselle, il lui caressa la joue dans un geste doux et délicat, et approchant sa bouche de son oreille, il lui glissa quelques mots de sa voix grave, qui semblait-il était un peu plus rauque qu'à l'habitude.


Vous jouez a un jeu dangereux ma chère.

L'aigle aurait bien envie de jouer avec la nourriture, mais c'était déraisonnable. Ainsi attrapa-t-il un linge et faisant le tour du baquet, il le posa sur les épaules de la jeune Lablanche.

Couvrez vous. Ordonna-t-il, il ne voulait pas jouer avec celle-ci, elle qui avait été préservée des hommes tout ce temps, la valeur de sa virginité devait être conservée. S'éloignant de la zone dangereuse pour aller a la porte, il fit demander a ce qu'on monte de l'eau chaude et propre. Il comptait bien prendre un bain a son tour. Il était couvert de poussière et sentait la sueur plus qu'il ne le devrait. Un bain serait un délice, il avait aussi dans l'idée que jouer avec la jeune femme aurait put être un délice mais non, non et non. Elle était la petite soeur de sa future épouse, c'était là un vice bien trop … vicieux & peut être même un peu dangereux, car Ectelion était persuadé qu'Iloa n'hésiterait pas a lui faire la peau s'il le fallait, et si elle ne le faisait pas ce serait Exaltation, il gardait d'ailleurs de sa dernière colère une cicatrice.

Je vais a mon tour me plonger dans l'eau, dit-il en se retournant vers sa cousine. Je vous conseil dormir, sans cela demain vous serez encore épuisée et endolorie.

Sous entendu : joue un peu trop a me provoquer et te va le regretter. Le regard noir que lui jeta le sombre lui laissa le loisir d’interpréter ses paroles.
Il n'avait pas connu de corps de femme depuis la naissance de sa fille, même depuis bien plus longtemps, le monastère l'en ayant privé et sa bâtarde ayant vu le jour juste après... C'est pourquoi le jeu était dangereux, la tentation fort grande et la résistance ainsi que la patience de notre sombre compagnon pas totalement acquise.

L'eau arriva, la servante portant deux grands seaux fumants. Le contenu du baquet fut jeter par la fenêtre pour que l'eau propre le remplisse de nouveau. La gueuse s'inclina maladroitement et sorti en marmonnant qu'elle serait là si besoin.

Ectelion entreprit de se débarrasser de ses vêtements poisseux, prenant garde a bien tourner le dos a Blichilde. Il défit le laçage de son tabard, et l'enleva, le posant sur une chaise, il fit de même avec sa chemise. Se trouvant torse nu, il laissa voir son dos a la jeune femme, si tant est qu'elle regarde, elle put voir différentes cicatrices, le Noir avait le corps d'un homme qui pourtant encore jeune avait déjà passé trop de temps a guerroyer et a chercher les ennuis en différents endroits plus ou moins fréquentables. Les marques étaient pour la plus part relativement ancienne. Il fit glisser ses braies au sol et sans attendre rejoignit le baquet, il n'avait pas l'intention de s'exposer plus longtemps au regard de la Lablanche, il se savait observé, il sentait pesé le regard de l'Oiselle sur ses épaules. Mais il en fallait plus pour perturber notre homme, la jeune femme n'aurait pas le pouvoir de le rendre mal a l'aise.

Se frictionnant a l'aide d'un pain de savon, le Noir se débarrassa de la poussière du voyage, il apprécia la chaleur de l'eau contre sa peau, laissant échapper un soupire d'aise, il se laissa aller un instant, posant sa nuque contre le rebord du baquet, il ferma les yeux. Dieu que c'était bon de pouvoir se détendre un peu, il en oublia presque la présence de la Tourterelle.

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Blichilde
«Mais pour se vendre
Mais pour se vendre à perte d'âme
Mais pour se vendre» - Michèle Lalonde Speak White


[Un petit retour en arrière, pourquoi pas?]

Une nuit d'été de l'année 1457

Toutes les pensionnaires dormaient à poings fermés malgré l'orage qui crevait le ciel. Toutes, sauf une. Blichilde était allongée sur sa couche, raide comme une barre et les yeux grands ouverts. Le tonnerre l'empêchait-il de dormir? Il était fréquent que des enfants ayant été privés trop tôt de l'amour maternel aient quelques phobies. Mais non, ce n'était pas la peur des nuages qui se déchirent qui gardait la jeune fille éveillée, au contraire. Les soirs d'orage, la cour était déserte. Ce soir, ce serait la parfaite occasion de se glisser discrètement hors des murs du couvent. Quitter ce tombeau, c'était tout ce qui comptait.

Lorsque la dernière mèche eut été mouchée et que le cloître entier fut plongé dans le noir, Blichilde repoussa lentement ses couvertures et se leva sans un bruit. Tenant ses chausses d'une main pour ne pas qu'on entende ses pas résonner, elle arpenta les corridors pieds nus et à l'aveuglette. Elle ne craignait ni de chuter, ni de rencontrer quelqu'un. S'il existe un endroit où la routine règne en maître, c'est bien un couvent. Et la Tourterelle séjournait en ce lieu depuis assez longtemps pour la connaître par coeur, cette routine.

Il lui avait dit de le rejoindre à la porte des cuisines par un soir d'orage. La soeur portière n'entendrait rien. Elle était sourde comme un pot, mais il ne fallait quand même pas prendre de risque. Le garçon déverouillerait la porte de l'extérieur et la novice pourrait s'échapper. Ils partiraient ensemble. Il le lui avait promis.


[Un retour en arrière dans un retour en arrière. RPception. Sympa non?]

-Psst. Garçon d'écurie. Oui, toi, avec les cheveux orange. Viens ici.

Derrière la porte mal jointe de l'écurie, on pouvait distinguer une silhouette rondelette vêtue d'une robe blanche.

-La soeur veut quelque chose? S'enquit le jeune homme.

-Nenni. J'ai quelque chose à te demander.

-Quoi donc demoiselle?

- Fais-moi sortir d'ici et je te paierai. Ma famille possède beaucoup de richesses. Et c'est contre le gré de ma parenté que je suis ici.


Menteuse. Un mensonge pas du tout subtil, mais que le petit palefrenier goba comme une truite gobe un vers.

-Qui donc vous a enfermée ici?

-Ne pose pas de question. M'aideras-tu ou non?

-Je ne connais même pas votre nom...

-Blichilde. Je m'appelle Blichilde. Alors, tu me fais sortir? Je te récompenserai.


[À l'aube, été 1457]

La fin justifie les moyens. Elle l'avait bien compris. Allongés dans la paille sèche d'une grange, deux corps dénudés reposaient. Les cheveux blonds de la jeune fille se mêlaient au jaune de l'herbe coupé. À moitié allongé sur elle, couvrant ainsi de son corps la nudité insolente de la Tourterelle, un jeune homme aux cheveux roux somnolait.

La voix douce de Blichilde résonna alors.


-Tu m'espouseras, n'est-ce pas? Tu le jures? Avait-elle demandé.

-Oc. Je t'espouserai.

-Tu n'as pas l'air certain. Il faut que tu m'espouses, sinon je serai condamnée à rester ici pour le reste de mes jours.


Le ton de la demoiselle se fit plus autoritaire.

- Tu m'as prise et j'ai saigné. Je suis ta femme désormais. Que tu le veuilles ou non. Tu me comprends, Jordi?

Et elle se redressa sur un coude pour fixer le jeune homme. Le pauvre palefrenier semblait visiblement mal à l'aise. Certes, il aimait bien Blichilde. Il aimait encore plus lui caresser les cuisses. Mais de là à l'épouser? Et dans le secret? La voix peu assurée de Jordi se fit entendre, pour répondre aux... ordres de l'oiselle.

-Rejoins-moi à la cuisine une nuit d'orage. Personne n'entendra rien.Les orages sont fréquents ici. Nous partirons.

Il s'était levé puis rajusté et était parti sans un autre regard pour la Blonde. Quelques jours s'étaient écoulés depuis leur rencontre à la porte de l'écurie. Lorsqu'elle arrivait à échapper au regard des nonnes, Blichilde multipliait les oeillades et les sourires. Mais cela ne s'était pas avéré suffisant. Elle l'avait compris lorsque le garçon, ravi de voir qu'il était si aisé de séduire une demoiselle, avait tenté d'aller plus loin. Elle s'était laissée aimer comme une poupée. Avait à peine exprimé sa douleur lorsqu'elle avait perdu son innocence. Il l'avait prise. Il devra l'épouser. Un point c'est tout.

Ce que nous ne décrirons pas ici, c'est la suite. Jordi était venu, comme promis. Ils avaient fui. Mais c'était sans compter le père du jeune homme qui, tout étonné de ne pas trouver son fils à l'ouvrage le lendemain matin avait lancé des recherches. On avait trouvé les deux jeunes gens cachés dans une grange à la sortie de la ville.

Blichilde fut ramenée au couvent et corrigée comme il se doit. Elle garde d'ailleurs les cicatrices blanches derrières les cuisses. Quant à Jordi, il fut puni par son paternel et ne s'approcha plus de la meringue blonde



[De retour à la chambrette, mai 1460]

Elle frémit à peine lorsqu'il lui caressa la joue et qu'il se pencha pour lui murmurer à l'oreille. Ruisselante d'eau et la peau découverte, Blichilde répondit sur le même ton:

-Je ne vois pas de quoi vous parlez, mon cousin.

Un léger sourire, bien vite effacé avec le linge lui tombant sur les épaules et l'ordre de se couvrir. Ne cherchant pas à être plus garce qu'une garce, et voulant préserver un minimum cette image d'ingénue soigneusement façonnée, la Tourterelle obtempéra. S'enroulant dans le tissus, la jeune femme s'éloigna de quelques pas de façon à mettre une certaine distance entre eux deux.

-Je vous souhaite un bon bain, alors.

Elle mit un moment à saisir le sens des dernières paroles de l'Aigle.

-Vous me menacez à nouveau Ectelion?

C'était la première fois qu'elle l’appelait par son prénom. Un pâle sourire est esquissé puis elle tourna les talons pour aller se planter sur l'une des couches. Il ne fallait pas trop jouer avec le feu. La servante fit son entrée. portant deux chaudières d'eau chaude qu'elle versa dans la cuve vidée par la fenêtre quelques instants avant.

Blichilde observait son escorte d'un regard plus ou moins appuyé, au cas où l'homme tournerait la tête pour vérifier. Il n'était pas repoussant, il ne serait donc pas dégoûtant de s'offrir à lui si cela permettait de sceller leur amitié. Ou leur alliance, selon ce qu'on entendait.

De longues minutes passèrent et Blichilde se perdit dans ses pensées. Le silence et la fatigue aidaient à cet état quasi méditatif. Le Noir semblait aussi somnoler dans l'eau. Visiblement détendu, l'homme avait les yeux clos et la respiration lente. Se relevant de la paillasse sur laquelle elle s'était installée, la jeune femme se dirigea d'un pas discret jusqu'à l'homme. Agenouillée sur le sol et les bras croisés sur le rebord de la bassine, elle se lança:


-Pour le peu que vous ayez pu me dire sur notre famille. je puis constater que vous n'appréciez pas particulièrement le chef, me trompais-je? Contre l'une de ses soeurs, elle ne tenterait probablement rien. Mais contre vous... Vous êtes bien seul, hélas.

Un index effilé alla jouer à la surface de l'eau.

- Cela fait des années que je n'ai pas revu Exaltation. Je suis une étrangère pour elle. Au même titre que vous. Nous pourrions être amis, ne croyez-vous pas? J'interviens en votre faveur lorsque vous provoquez la colère de mon aînée, ventant vos qualités chevaleresques et votre bonté envers moi depuis notre rencontre. Vous, vous m'informez sur ce qu'elle compte faire de moi. C'est une entente honnête il me semble.

Puis la Tourterelle se releva pour aller se réinstaller sagement sur sa couche. Alors qu'elle s'éloignait de son cousin, elle lança sur un ton nonchalant:

-J'ai vu votre regard. Vous pouvez me prendre si vous le souhaitez. Vous ne seriez pas le premier, de toute façon. Et puis cela scellerait en quelque sorte notre amitié.

Il ne servait à rien de lui mentir, pas à lui. Le voyage rapproche les gens, inévitablement. S'il ne se doutait pas déjà de quelque chose, il finirait par le découvrir d'ici leur arrivée. Les sourires, les révérences et les yeux baissés humblement ne le berneraient pas longtemps. Mieux valait se trouver un allié parmi les rapaces.
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Ectelion.le.noir
    « Le Sang attire le Sang. » William Shakespeare, Macbeth.


Alors que l'Aigle était tout a son délice, appréciant sans modération la chaleur, et la douceur d'un repos aqueux, la voix de la Tourterelle raisonna fort près. Bien trop près.

Ouvrant un œil, puis deux. Ectelion eut la surprise de découvrir la charmante Lablanche agenouillée contre le baquet d'eau, laissant négligemment trainer un doigt a la surface.

Froncement de sourcil.

La Gamine était plus maligne qu'elle n'en avait l'air, son intérêt pour le Noir n'était pas tout a fait désintéressé. Une alliance contre Exaltation, voilà une idée qui lui arracha un sourire sadique. Mais ce qu'ignorait la jeune Blichilde c'est qu'il n'était si seul que cela.


Vous oubliez vostre autre soeur, Iloa, qui chère a mon coeur me défends contre la dragonne corps et âme, dit-il en prenant entre ses doigts le menton de sa cousine pour planter ses yeux droits dans les siens, vous êtes bien naïve ma cousine. Bien naïve.

Souriant, il la laissa s'échapper, sentant pourtant qu'elle n'avait pas tout a fait tord, s'allier serait une bonne chose, plus encore, une nécessité.
Elle était d'une désinvolture absolue, cette Blanche, et lui ne put s'empêcher de regarder ce corps couvert d'un simple drap s'éloigner. Voilà que l'envie le taraude.

L'Aigle quitte son refuge.

Il sortit de l'eau, sans gêne, tendant le bras pour attraper un drap de bain et se le nouer autre des hanches, son regard détaillant la Tourterelle. Les mains sur les hanches, le regard droit et arrogant, il esquissa un sourire. Il l'avait pourtant prévenue qu'il ne fallait pas jouer avec le feu, elle savait qu'il ne lui faudrait qu'un mot, qu'un geste pour subir ses assauts. Et elle l'avait pourtant fait.


Et moi qui croyais aller chercher une ingénue... Vous n'estes qu'une succession de surprise ma chère.

D'un pas approcha, d'un geste le drap attrapa & la jeune fille dénuda.

Ce spectacle n'était pas pour le laisser de marbre. Trop de temps. Trop de provocation pour un soir, trop pour qu'il y résiste plus longtemps.
Le désir chevillé au corps, l'envie lui brûlant la peau, il s'approcha encore & encore. Sa main avide cueillit sans attendre une pomme délicate qui un instant plus tôt était sagement cachée. Sa bouche quant a elle cueillit a la source un soupire d'aise dans un baiser. Son corps chercha l'autre. Seul son esprit aurait put avoir raison de ses actes, mais bien qu'il pensât que c'était folie de faire une telle chose, il ne put se résoudre a abandonner l'embrassade passionnée dans laquelle il s'était fourrée.
Alors qu'il la dominait de tout son être l'Aigle regarda la Tourterelle qui, le rouge aux joues, lui lançait des regards de défit.
L'Enkidiev ne voyait pourtant en elle qu'une distraction passagère, elle qui s'offrait sans remord et sans honte a lui qui pourtant n'était autre que son cousin. Les femmes n'ont décidément aucune morale, pas de chance, Ectelion n'en a pas non plus.

Ainsi si l'on eut pénétré dans la chambre aurait-on put découvrir deux corps bataillant entre les draps.

L'acte en lui même était le plus naturel du monde, mais les protagonistes de par leur liens sanguins et moraux n'en faisait qu'une transgression. Un Cousin & une Cousine, un fiancé & sa future belle-soeur.

Et au matin, qu'en serait-il ?

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Blichilde
«Ce que je prise plus en si belle alliance, - C'est qu'il ne faudra point débourser de finance.» Robert Garnier, Bradamante

Elle avait été trop loin, à n'en pas douter. Alors qu'elle s'en allait se rasseoir sur une des paillasses, Blichilde entendit l'eau du bain s'agiter puis avait senti la main de son cousin se refermer sur son poignet pour l'attirer à lui. Elle ne pourrait plus reculer. Le regard brûlant, il la détaillait avec avidité. Ainsi, le drap la couvrant fut arraché et elle fut transportée jusqu'à l'une des couches où Ectelion la jeta sans ménagement. Pour l'heure, elle lui appartenait. Demain, ils parleraient. Les hommes étaient-ils donc tous aussi faibles pour ne jamais être capables de résister à l'appel d'un sein ou d'une cuisse?

[...]

C'est à cause du poids inhabituel qui reposait sur elle que Blichilde s'éveilla au chant du coq. Repoussant un peu la masse sombre encore endormie, la jeune femme étira son corps ankylosé puis s'inspecta. Elle avait en effet quelques bleus sur les bras, la gorge, et une trace de dents sur l'épaule gauche, vestiges de l'étreinte féroce de la nuit dernière. En bon oiseau de proie, l'Aigle avait plutôt malmené le frêle oiseau. Elle rougit malgré elle au souvenir des serres sur sa peau et de la satisfaction éprouvée lorsqu'il l'avait faite sienne. Une main blanche se posa sur l'abdomen légèrement douloureux qu'elle massa un peu. Un léger sentiment de culpabilité vint la tarauder alors qu'elle fixait le plafond, perdue dans ses pensées. Combien de péchés mortels avait-elle commis au cours des dernières heures? Elle avait trahi sa soeur qu'elle ne connaissait pas encore en séduisant le Sombre, elle avait commis le péché de la chair en acceptant -avec plaisir en plus- de s'allonger sous lui et, comme il s'agissait de son cousin, nous parlons ici d'inceste. Manque flagrant de morale. Sans doute cette vertu coulait-elle dans le sang familial.

Malgré le poids de ces fautes qu'elle ne confesserait évidemment pas parce que chacun sait qu'un curé peut être très facilement acheté, la demoiselle d'Abancourt se sentait plus légère que lorsqu'on était venu la chercher au couvent. En effet, elle possédait à présent un certain ascendant sur son cousin. Certes, elle ne serait pas sa maîtresse, mais il avait semblé tenté par l'idée d'une amitié intéressée autant que par ce corps qu'elle lui offrait. De plus, elle pourrait le faire chanter s'il venait à la trahir. Comédienne talentueuse, Blichilde croyait qu'elle n'aurait aucun mal à jouer la pucelle violentée. Des pleurs, montrer un peu les ecchymoses récoltées et se soumettre à un examen prouvant que l'hymen avait été déchiré. Après tout, qui croirait-on? Un homme au passé aussi sombre que ses yeux ou bien une innocente tout juste sortie d'un lieu saint? Donc, au-delà de l'union des corps, la jeune femme était convaincue qu'ils partageaient désormais un secret qui ne profiterait ni à l'un ni à l'autre s'il venait à être découvert.

La jeune femme tourna la tête vers la droite. Le Noir s'était éveillé et s'apprêtait à se lever. Elle le retint par le bras, pour attirer son attention.


-Vous me disiez hier que je n'étais qu'une succession de surprises. Bonnes, je l'espère.

Et un nouveau sourire vint ourler la lippe de la Blonde.

-J'espère aussi que votre nuit fut agréable, mon cousin. D'ailleurs, ce qui s'est passé dans cette chambre, aussi délectable pour le sens cette... aventure fut-elle, restera entre nous.

La Tourterelle lui adressa un regard entendu avant de se lever lentement pour dissimuler les quelques douleurs qu'avait occasionné la lutte dans l'intimité des draps de lin. Elle avisa que son bliaud et son surcot, lavés, avaient été soigneusement pliés et déposés sur le sol près de la porte. Blichilde se vêtit en silence puis se tourna vers l'Enkidiev toujours assis sur la paillasse. Se sentait-il coupable? Il ne fallait surtout pas. Non, surtout pas. D'un ton enjoué, elle dit:

-J'ai faim. Allons nous restaurer et ensuite nous reprendrons la route.

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Ectelion.le.noir
    « Mouton isolé est en danger. » Noël Audet, L'Ombre de l'épervier


La douce chaleur contre lui était un délice, le corps fondant entre ses bras, un bonheur. Si notre sombre aimait une chose c'était bel et bien se réveiller au matin avec un corps féminin contre le sien.
Soudain il fut repoussé, un grognement s'échappa de sa gorge. Se tournant sur le dos, il se passa une main sur le visage, il ouvrit les yeux, et avec un soupire fit basculer ses jambes par dessus le lit, s’essaya sur le rebord, et alors qu'il s’apprêtait a quitter le lit, il sentit la main de l'oiselle attraper son poignet. Son regard sombre tomba sur la blanche et il esquissa un sourire sadique. A quoi pouvait-elle bien s'attendre de sa part. Il ne répondit guère, il n'avait pas a le faire, et n'aimait pas le petit air satisfait de la jeune femme. Un grognement mauvais fut de nouveau émit. Il savait qu'il avait prit un gros risque avec elle, quoi qu'il pouvait parfaitement l'avouer a sa femme en la faisant passer pour une catin. Mais la chose était risquée, il fallait qu'elle se tienne coite.


La chose vaut également pour vous, amie. Dit-il en plongeant ses ébènes dans ses printanières, il ne comptait pas laisser une enfant avoir l'avantage sur lui. Amie, il l'avait dit, et comptait bien savoir si elle l'était ou non.

Elle se vêtit, lui resta assit sur le bord du lit, la réflexion était de mise. La jeune femme avait été un peu brusquée, si a l'arrivée elle avait encore ces marques, elle pourrait crier au viol, et faire d'Ectelion l'homme a abattre. Le calcule fut vite fait, d'ici quelques jours Montargis serait atteint. Elle aurait toujours les bleus. Une grimace s'étendit sur son visage, l'Enkidiev était dans une mauvaise passe, sauf si on s'en tenait a ce qui avait été dit, une alliée, une amie... Le Noir n'avait plus qu'a l’espérer.

Se levant enfin de sa couche, il se glissa dans ses vêtements, laçant ses braies et son tabard, avec des gestes désespérément lents. Quand il eu fini, il se tourna enfin vers la Blonde qui dansait d'un pied sur l'autre, attendant en silence depuis un bon moment, lui n'avait que peu parlé comme toujours, il détestait les babillages.


Or y allons cousine, mangeons et reprenons la route.

Sur ce, il ouvrit la porte, et descendit la volée de marche qui était là, il n'avait pas eu a le demander, le pain avait été cuit, encore chaud et fumant, on leur avait préparer de quoi se restaurer, s'attablant, le Noir se servit un bol de lait fumant. Il regarda la blonde, ne la lâchant pas d'un cil, il la jaugeait.

Nous avons encore trois jours de voyage devant nous. Ensuite vous aurez a vous présenter a vos soeurs et a prendre vos quartiers. Rien de bien méchant.

Souriant avec douceur le sombre ne parla pas plus longtemps, il fini son bol de lait, passa sa main sur sa barbe de quelques jours et s'étira. Il avait les muscles bien plus délié qu'a leur arrivée dans cet auberge. Le reste du chemin serait bien moins difficile.
Quelques temps plus tard, les deux cousins furent fin prés a partir, les provisions refaites, les chevaux frais et dispos, piaffant d'envie d'aller se dégourdir les pattes.

Une fois en scelle le Noir regarda la Blanche et avec un sourire franc, il lança :


Cette fois, pas de folie, allait au même rythme que moi, je ne tiens pas a ce que vous vous brisiez le cou.

Puis sans un mot de plus, il tourna bride et força l'allure de son destrier, un trot mesuré fut engagé. Les deux cavaliers firent une bonne partie du chemin a ce rythme s'arrêtant uniquement pour manger un morceau a l'heure ou le soleil était le plus haut. Puis quand il disparut derrière les collines, il fut temps d'arrêter. Ectelion descella les chevaux, et donna quelques ordres a Blichilde :

Ramassez du bois, nous ferrons un feu.

Brossant les chevaux couverts de sueur et de poussière avec une poignet d'herbe fraiche, l'Enkidiev ne prêta pas plus attention a la jeune femme. Quand sa tâche fut accomplit, il laissa la longe longue aux deux bêtes, ils apprécieraient l'herbe fraiche.

Le Noir alla prés d'une roche qui leur servirait d’abri contre le vent, il posa ses fontes au pied de ce roc, et regarda autour de lui, se demandant ou pouvait bien être Blichilde. Soudain inquiet car les manants étaient en surnombres dans ces régions, il se dressa de toute sa hauteur et cria le nom de la Blanche.


Foutre dieu... Laissa-t-il tomber alors qu'il n'obtenait aucune réponse, foutue nonne même pas capable de trouver du bois sans se perdre !

Avançant vers le bosquet, il grogna son énervement, et cria encore a plusieurs reprise le nom de la Tourterelle.
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