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[RP] À la Vie contre le Temps! À l'Infini qui nous attend!

Sashah
Il est là enfin... Un sentiment étrange l'envahit, comme si soudain elle retrouvait l'air qui lui manquait tant pour respirer aisément. Dans ses bras, elle se sent à sa place, comme s'ils étaient faits pour elle. Elle avait murmuré de son accent étrange, pour ne pas déranger la quiétude du lieu. Soupire de bonheur et caresse le visage de cet Orion qui lui chavire le cœur.

- Je...


Elle ne peut lui cacher ses douleurs, si ses yeux sont morts, il voit mieux que quiconque le monde qui l'entoure. Et dans ce monde, à cet instant précis une Sashah fourbue vient à lui.

- Le coursier que tu m'as envoyé a perdu ai-je pu comprendre le contrôle de sa monture. Mon cheval s'est affolé, il s'est cabré, je....

Devait-elle tout lui dire ? Ne pas l'inquiéter lui semble naturel, elle a toujours caché ses blessures pour prendre soin de ceux qui l'entourent...

Elle sourit, car si un sourire ne se voit pas, il se perçoit, de ça elle en est certaine.

- Je ne vais pas si mal, j'ai des remèdes, ça va aller, ne t'en fait pas. Et puis tu es là pour me soigner à présent.

Sourire mutin, elle se love dans ses ailes, vient cueillir sur ses lèvres un baiser, y retrouve la saveur dont elle était tant privée.

- Tu m'as terriblement manqué, sans toi la vie n'avait aucune couleur, aucune saveur...

Ton absence fut ténèbres me laissant dans la nuit
Où s'est écoulé un temps qui m'a paru s'éterniser
J e te retrouve enfin Orion, tu es tel un souffle qui sans bruit
Chasses mes nuages, m'attire et me m'invite à t'aimer...


Souffle-t-elle à l'oreille de son géant.
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Gorborenne
S'enfuient les doutes et les question, il l'étreint de ses ailes de Dragons, les referme en protection, jamais, non jamais en prison. Il peut presque sentir sa chute, les élancements. Des bras en soutient qui se font tuteurs muets. Opine d'un sourire à soigner d'autres plaies.

À la sensation d'un reflet à son visage, il devine un lac se troublant des rivages, la gigue rayonnante du jour naissant. Du jour, du chemin qui les attends. Qu'importe les doutes et les questions, au coin d'un détour se révèleront les solutions...

Mélodies souriantes qui résonnent à l'entour,
Bulle qui se reforme en savon d'amour.
Le Monde encore, comme un écho lointain,
Rien n'existe plus au delà du creux de ses mains.

Mais quand fond la neige sur les chemins,
Le temps des voyages s'en revient...
Pourtant, encore quelques instants, si bien!
Rester l'un contre l'autre, sereins.


En fin des Errances Périgourdines,
Soufflent vents de promesses en devine...


Sur les routes en caravanes armée, route qui se trace vers d'autres contrées. Géant qui ouvre la marche aux attelages, au trop de jument dévorant les paysages. Bivouac en cambrousse, la chaleur d'un feu de camp, se réveiller au matin, avec les parfums du printemps. Doucement raviver les braises d'un peu de bois, protéger les flammes d'une légende se racontant là. Autour d'un peu de pain, de miel, se découvrir la saveur qu'on trouve au ciel, parler d'espoir, des façons d'errer, de trouver son équilibre... Se découvrir, s'apprendre des façons de vivre. S'échapper un temps aux regards de l'escorte, s'enivrer à découverte plus accorte...

Des instants volés au Temps, parcelles d'éternité qui se gardent précieusement, parcelles de Vie, à l'Envie qui nous prends. L'envie de voler, d'arpenter, qu'importe les cieux, toujours plus enivrant de voler à deux. Qu'importe quelle marée les inonde, "Face à face entre nous, dos à dos face au Monde"...

À l'allure tranquille qui se poursuit la chevauchée, Géant souriant d'un cœur jamais trop léger, sort un luth de encore blinquant de nouveauté, sifflote guilleret, et se met à gratter... Tout en confiance à ce que le chemin a à lui réserver...

_________________
Sashah
"Face à face entre nous, dos à dos face au Monde"...

Phrase qui inonde son cœur, loin lui semble la terre des douleurs. S'ouvrir à la vie comme une fleur, s'ouvrir à lui dans toute sa langueur. Instants partagés à l'ivresse des sens, route retrouvée, parfum d'insouciance. Kalliòpê se laisse porter par Orion, se fait flamme, brasier, renait à la vie, nait aux dragons, ailes qui essayent de se déployer... Liberté !

Sur la route, à l'appel du voyage, elle s'adonne à laisser sa plume s'évader...

Et puis une halte, comme un soupir dans une musique qui étourdit. Au coin du feu, protégé par les douze pierres, dans les bras de son Orion, elle conte une histoire de son pays.

La poétesse, divertit :




Le feu


Le feu ! Le feu de bois, de joie, de camp...insouciance d'une jeunesse, d'une promesse, prémices d'une soirée douce où les hommes ripailleront, où les femmes se feront langoureuses...

Une femme assise, pâle et d'une beauté à couper le souffle, buvait une tisane. Elle souriait en regardant les enfants tournoyer autour de la rôtissoire. Il faut dire que ça fleurait bon dans la taverne faite d'une tente de plein air, sous laquelle bancs et tables étaient alignés. Il faisait chaud, les petits riaient se pourchassant autour du foyer, rouges à souhait, comme l'âtre où flammes et flammèches flirtaient, léchant la viande, gourmandes, joueuses, virevoltantes sous le vent. Elle s'abîmait dans la contemplation du cochon de lait qui rôtissait lentement, embroché par un cuisinier ventripotent qui le faisait tournoyer avec lenteur. L'arrosant de temps à autre, il s'épongeait le front d'un chiffon qui avait connu des jours meilleurs.
Elle semblait plongée dans ses pensées, comme si le souvenir d'un autre feu, d'un autre soir, d'un autre printemps, lui revenait. Je vais vous le raconter, ce printemps, c'était celui de ses seize ans...




Une musique l'avait sorti de son lit, un soir où le sommeil ne voulait pas la surprendre, dans une petite ville de Castille, berceau de ses ancêtres. Le domaine familial était plongé dans le calme. Il était tôt encore, le jour commençait à peine à décliner, donnant une couleur noire orangée à un ciel qu'on aurait dit de feu. Quand elle entendit au loin les premières notes de musique résonner, elle sortit et scruta l'horizon. Rori son frère jumeau, lisait assis en tailleur près de la croisée dans une chambre, jouxtant la sienne, elle enjamba la rambarde du balcon qui les séparait et le rejoignit souplement.


• Oyanah tu ne dors pas ?
Lui chuchota-t-il en levant un œil de l'ouvrage.


• Non j'ai chaud, je n'ai pas sommeil, tu entends la musique ? Elle se pencha pour observer la lande puis lança exaltée - Là bas ! Un feu regarde on y va ?


Elle n'attendit pas sa réponse, retourna dans sa chambrée passer jupons et bustier et commença quelques instants plus tard à dévaler l'escalier en colimaçon qui l'emmènerait dans la cour.


• Non attends ! Chuchota Rori. Tu ne peux pas y aller et encore moins seule, attends !!!


Mais elle fila, cheveux au vent vers une porte masquée par un massif de roses odorantes, bientôt rejointe par son frère, qui inquiet pestait derrière elle :


• On va encore avoir des ennuis, Père n'aime pas nous savoir dehors à la nuit tombée, surtout quand il est voyage, je vais me faire punir pour n'avoir pas su te ramener Oyanah, arrêtes-toi, écoutes-moi ! Oyaaaaaaa !


Mais rapide comme l'éclair elle courrait, rieuse, vers le feu de camp, le feu d'où venaient le son des violes, des rires, d'où venait la vie !


Des roulottes postées en rond se laissaient déjà deviner. Elle arriva à leur hauteur et s'arrêta essoufflée. Un grand feu de joie rassemblait des saltimbanques, des hommes jouaient, d'autres dansaient, les femmes ondulaient des hanches sous la musique entrainante. Elle sourit, entendit son frère débouler derrière elle. Elle le regarda un instant, sourire aux lèvres, espiègle, Il la retint par le poignet.


• Non tu ne peux pas, ce sont des gitans, ils sont réputés dangereux, Oyah, ne fait pas ça, Oyaaahhhh nonnnnnnnnnnn !



Trop tard, elle s'était échappée de la poigne fraternelle et s'avançait déjà en dansant vers le feu...




Il buvait de la sangria, lançant son regard de braise, de l'autre côté du foyer, là où les femmes étaient assises. Ne se mélangeant pas aux hommes, il y avait parmi elles, la belle Paquita. La cousine pulpeuse, qui n'avait de cesse de lui tourner autour, avait bien changé depuis la dernière fois qu'il l'avait vu. C'était encore une enfant à l'époque, il avait quoi lui ? Quinze ans ! Et elle ? Douze ? Quelque chose comme ça ! Il quittait le clan alors, voulant en suivre un autre, voyager vers le Nord, découvrir le Royaume de France !

Il était revenu la veille murit, plus serein, plus fort aussi. Ce soir on fêtait son retour parmi les siens. Sept années avaient passé depuis et certains avaient bien changé, comme Paquita.

Malgré l'envie qu'il avait de la mettre dans sa couche, l'idée de se lier à une cousine ne l'enchantait pas du tout ! Mais il aimait à la regarder à la lueur des flammes, ce soir elle paraissait tellement plus belle. Et puis...

Une silhouette gracile surgit de nulle part, dansant à la manière des andalouses. Ses mains ouvertes à hauteur du visage, montaient en tournoyant sur elles-mêmes vers la voûte étoilée. Puis, redescendaient avec grâce et sensualité pour mieux recommencer. Et plus elle se rapprochait du feu, plus elle irradiait. Ses jupons superposés blancs et pourpres comme son bustier, dévoilaient fugacement des jambes d'un galbe parfait.

- "Madre de Dios*" siffla-t-il entre ses dents !



Sashah s'arrêta, prenant un peu d'eau, laissait la magie de l'histoire s'imprégner dans l'esprit de ceux qui l'écoutent.

*Mère de Dieu* Littéralement peut se traduire par *Nom de Dieu*

[Cheffe-cheffe Aldraien
Merci de traduire ce qui n'est pas en français. Bon jeu.]

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Gorborenne
Au gré des jours, la caravane avance à travers les landes et les pays, répétant chaque jour d'un nouveau bout de chemin, d'une nouvelle dorure à leur écrin. Quelque chose à l'âme du Géant qui le transporte, se laisse aller de tout son être à ce vent qui le porte...
Bivouac qui se dresse, charriotes en cercle autour du feu. Vers la route, silhouette montant la garde pour la nuit, sentinelle de l'un d'eux . Une peu de pain et une larme de miel pour se caler l'estomac, quelques lampées d'hypocras pour se garder du froid. Un feu qui se protège de douze pierres, un autre qu'on laisser couver en la chair. Sous ses ailes repliées, il sent battre un cœur de Muse, rythme calme et cadencé. Sa voix le transporte en mélodie, berçant les souvenirs aux aléas du récit. Le frère et la sœur, étrange cette façon qu'il a, de les voir à l'image de Goran et Lileia, ses jumeaux, disparus il y a tant de cela. Une autre histoire, un de ces autres possibles, ce que peuvent être les choses par delà l'invisible. Il l'écoute conter, s'imagine à des visages, d'autres contrées, le nez plongé dans ses cheveux à s'en parfumer, imperceptiblement, ses ailes se sont resserrées.


Et qu'est-il arrivé alors?


Sorte d'impatience toute enfantine, Géant pressé de savoir la suite de l'histoire. Rien d'autre qu'une histoire, oui... Mais dans la tempête qui rage au monde, un accalmie...

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Sashah
Ailes qui se referment doucement sur elle, oreilles qui réclament la suite pour ravir l'esprit, elle sourit, les voyages ont toujours susciter des histoires à conter autour d'un feu. Chez elle c'est une seconde nature, écrire, narrer, donner du rêve, est toute sa vie. Ils avançaient bien, les routes étaient sèches, le temps leur accordait la clémence, leurs cœurs par contre s'accordaient une romance. A mesure qu'ils cheminaient, ils se rapprochaient l'un de l'autre. Quelques escapades qu'ils s'octroyaient de ci de là, abandonnant sans scrupule les autres pour s'isoler, s'apprendre...

Kalliòpê s'épanouissait à l'approche d'Orion et souriant un peu plus chaque jour.


Ce qu'il est arrivé ?

La douce voix à l'accent du sud-ouest teinté d'une pointe d'Andalousie poursuivit son récit :




Le visage à présent visible, hâlé par le soleil, encadré par des mèches de cheveux châtains rehaussés d'or, était beau à damner un saint !

Qui était-elle ? D'où sortait-elle ? Un flottement autour de lui, lui fit comprendre que personne ne la connaissait, mais c'était fête ! Et à une fête tous étaient conviés ! Même les gadjés ! A plus forte raison si elles étaient aussi jolies !

Il se leva, mû par son instinct de mâle, il voulait la voir de près, la toucher, la frôler. Elle, insouciante, continuait à danser, tout sourire, la musique vrillée au corps, incandescente !

Tous les yeux étaient braqués sur elle, tous sauf ceux de Paquita qui dardait sur lui, un regard noir de colère. Elle se leva à son tour, mais fût retenue par la Mama : ¡ "Te quedas aquí" ! Les mots claquèrent sèchement "Tu restes ici" et quand la doyenne parlait, les femmes l'écoutaient sans broncher. Paquita se rassit, ivre de rage, le regard vengeur...

Il arriva à sa hauteur, leva les bras au ciel, l'imitant, à la manière des sévillans, lui tournant autour en claquant parfois des doigts, parfois des talons. Lui l'hidalgo, beau comme le jour, se mettait au pas de la belle inconnue et commençait à captiver sa proie.

Les yeux azur d'Oyanah se plongèrent dans la noirceur de ceux de Diégo, plus personne à partir de ce moment-là n'existaient plus pour eux, le ballet de la séduction venait de commencer.




Rori qui était resté derrière la roulotte, vit l'étranger s'approcher de sa sœur. Un sentiment de dégout l'étreignit, tandis qu'un gout de cendres envahissait sa bouche. Bien plus réfléchit que sa jumelle, il comprit qu'il ne pouvait strictement rien faire pour la ramener à la raison. Aller la chercher déclencherait les hostilités, sa présence n'arrangerait rien, bien au contraire. La surveiller ne serait pas mieux, il pourrait se faire surprendre. De plus il n'avait pas envie de se joindre à cette bande de saltimbanques !

Alors il resta à l'abri des regards et l'observa. Elle n'avait pas l'air farouche, bien évidemment non ! Et quand il vit Le gitan se coller à elle dans une danse indécente, une colère sourde pointa en lui !

Se déhanchant de plus en plus, laissant l'homme la frôler, lui caresser les bras au détour d'une farandole, poser une main sur sa hanche, tout lui sembla scandaleux... décadent. Sa sœur soudain lui fit honte ,et quand plus tard Diégo lui prit la main et l'entraina vers les dunes, il poussa un juron de rage et rentra au domaine, de la haine plein les yeux.

Oyanah la belle, sa sœur, son âme, était en train de le trahir.

Chérie par son père depuis que leur mère n'était plus, sa jumelle était une joie de vivre dès qu'elle revenait du couvent. Trois fois l'an, elle rentrait passer quelques semaines à leur côté et emplissait la maison de ses espiègleries, de son bavardage incessant et de ses rires.
Il n'était en rien étonné qu'elle se soit enfuie ce soir pour aller danser, par contre il n'avait pas conscience qu'elle était devenue une femme ! Non ça il ne l'acceptait pas.

Il revint dans sa chambre et attendit le retour de la traitresse...

L'hidalgo embarqua la belle et les présentations furent vite expédiées entre rires et fuite dans les dunes. La main de la jeune fille dans la sienne était douce, sa peau avait un velouté parfait. L'enfance avait quitté le visage de l'inconnue, mais son innocence se lisait encore dans ses yeux.


Dès qu'ils furent loin, si loin qu'ils n'entendirent la musique qu'au grès du vent, il s'arrêta, la prit par les deux mains et doucement approcha ses lèvres de la bouche pulpeuse qui semblait s'offrir à lui. Elle ne le repoussa pas bien au contraire, leur danse ayant affûté leur désir l'un de l'autre et c'est avec un sentiment de triomphe qu'il lui donna son premier baiser.

Le reste fut tout aussi facile, la main qui descendit sur son corps, leurs bouches qui se cherchèrent, petit à petit il s'enhardit et gouta à sa peau avec une lenteur calculée. Il n'aurait jamais rêvé de plus beau cadeau de retour, de plus belle femme.

Ce corps que nul autre n'avait foulé, était d'une beauté sauvage, amenant en lui une envie de bestialité qu'il réfréna pour ne pas l'effrayer. Il se fit doux dans ses caresses, langoureux dans ses baisers, la découvrant avec extase, l'amenant à le vouloir, l'embrasant toute entière jusqu'à ce qu'elle n'eut plus qu'une seule issue, celle de réclamer qu'il la délivra, celle de réclamer qu'il éteignit le feu qui la dévorait !

Alors il s'exécuta, franchit enfin l'interdit et l'entendit pousser un cri de douleur. Il le savoura comme un trophée et, avec une patience infinie changea cette exclamation douloureuse en soupirs lascifs. Rapidement car n'y tenant plus il ravit tout d'elle et l'emporta jusqu'aux portes d'un paradis qu'elle découvrit pour la première fois ! Tout le restant de la nuit, il la fit sienne, aucune femme n'existait plus qu'elle pour lui et au petit matin il la ramena vers le camp endormi. Elle repartit vers son hacienda, jurant de lui revenir à la nuit tombée.

Ce n'est que le jour d'après, qu'elle apprit le départ des saltimbanques campés sur la dune. Une roulotte avait prit feu, la nuit précédente, nul ne sut comment, mais le beau Diégo y avait péri.



Au moment même où la serveuse déposait une assiette de rôtisserie devant elle, Oyanah sortit de ses pensées. Ses seize ans n'étaient surement qu'un souvenir à présent...

Elle écrasa une larme discrètement du coin de son mouchoir finement brodé. Le feu crépitait moins depuis qu'on y avait enlevé le cochon de lait, pour le découper. La graisse que léchaient les flammes, ne l'attisait plus autant.

Ce feu vengeur avait emporté le seul homme qu'elle ait jamais aimé.

On ne saura jamais qui de Paquita, du divin ou de Rori avait commis ce crime. Mais je soupçonne toutefois son frère, qui l'a marié de force à la mort de son père à un vieux bourgeois, fortuné, impitoyable et avare.

Elle repoussa son assiette, elle semblait ne pas avoir faim, regardant une dernière fois les flammèches qui virevoltaient elle se leva et partit... vers son enfer !


Sa voix se fêla sur la fin du récit, nul ne saura jamais si Sashah narrait une histoire inventée ou une histoire vécue. Et si tout ceci faisait partie de son passé...
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Gorborenne
Une énigme au visage qui s'étire, taille aux traits un vague sourire. Qu'importe le comment, une fois de plus s'est posé le choix, et toujours son prix à la joie... À la Vie contre le Temps... toujours ce même combat.

Qu'importe qui a mit le feu à la roulotte, s'ils avaient atteint le bout du leur chemin... Que serait-il advenu d'Oyanah et de l'Hidalgo s'il en avait été autrement? Nul ne pourrait le prédire, et pourtant... Aussi court fût-il, leur amour leur a fait toucher l'éternité, de toute son intensité...

Cette histoire est triste et douloureuse... Même si le temps aura passé quand viendra son heure de rejoindre Diego, Oyanah aura-t-elle jamais cessé d'être amoureuse... Est-ce une autre chaîne qu'elle se sera trainé? Ou au contraire, une fleur caché en son cœur, à lui rendre un peu de gaité?

Bise qui frisonne dans les bourgeons en dernière survivante de la froide saison. La pans de cape se resserrent autour d'eux, seules leur têtes dépassant, encore un peu. Conserver leur chaleur pour la nuit, quand tarira celle du feu. Quiétude enlisant peut à peu le Géant, s'en glisse au sommeil, lentement.

Mais jamais, jamais ne s'arrête le chemin, l'heure de reprendre la route toujours revient. Bivouac qui s'éveille, de petit matin, Géant à l'ordre des choses, mène la danse même s'il n'y voit rien. Nul besoin d'ailleurs, les hommes sont rodés à livrer d'eux même le meilleur.

Un instant volé au Temps, une rivière, en son bord, quelques pas.
Serrés l'un contre l'autre, plus pour le plaisir que contre le froid.
Quelque part, une fleur s'étire hors du bourgeon,
S'élance à l'assaut du soleil et ses rayons.

Géant à la trotte de mille pensées, sentier qui se tord et s'enlace.
Au carrefour des existence, saisir l'instant avant qu'il ne passe...
Pour une fois, s'arrêter d'avancer, pour toujours la garder face à face...


Ô ma Kalliópê, l'avenir nous est plus qu'incertain.
Sans nombres serons nos ennemis de demain.
Tu es la Muse de mes ailes,
La Voix, au chemin qui m'appelle...


À peine plus qu'un murmure, si lourd qu'il en semble léger. Qu'importe les mots que l'on y met, ce que le Monde peut penser.

Je t'aime! Je veux être à tes côtés face à l'Éternité. Je veux te sacrifier cette part de ma Liberté,
Mon amour t'es acquis à jamais ma Sashah, est-ce que tu veux m'épouser?...

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Sashah
Il y a des instants dans la vie, où le temps soudain semble s'arrêter, où un rayon de soleil vous illumine l'esprit même s'il fait gris.

Il y a des moments ainsi que l'on voudrait garder, des coups de tonnerre dans la vie que l'on voudrait éterniser.

Et là sous la demande, Sashah sentit un genoux fléchir.
Juste à ce moment précisément, la surprise, faillit la faire défaillir. Parce qu'elle s'attendait à tout, à tout, mais surtout pas à ça !

La phrase, cette petite phrase, tournoyait dans son esprit et elle sentit les bras de Gorborenne se refermer sur sa taille. Là face à face, il attendait sa réponse, face à face, il avait le visage tendu vers elle et elle sentit son souffle devenir court.

Alors d'une voix rauque, presque en murmure, elle répondit :

J'ai envie de te dire.
Non j'ai envie de te l'écrire.
Et j'ai envie de te le démontrer.
Ou encore j'ai envie de te le prouver.

J'ai envie de tisser notre avenir.
J'ai envie de parler de nous deux.
J'ai envie d'être ta Kalliòpê
Et être simplement celle qui t'aime...

Parce que je t'aime !

Don j'ai envie de...
Non pas envie,
Je veux en réalité,
Oui je veux,
De te dire
.. Oui !


Tête qui se niche au creux de l'épaule d'Orion, yeux qui débordent de joie, la poétesse pleure des larmes de bonheur...
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Gorborenne
L'amour est comme une falaise qui se dresse sur le sentier.
Longtemps, à l'hésite ou la peur, on peut la longer.
À certains, sans doute, l'impression d'être à ses pieds,
À d'autre, celle de tout surplomber.

Mais l'amour n'est pas à la pierre immobile.
Elle est dans l'élan d'un instant fébrile,
Dans l'instant ou l'on se jette dans l'absolu,
D'un saut! choisir de mettre son cœur à nu...

Pour l'éternité, ou une simple minute,
Qu'importe vraiment combien durera la chute?
Qu'importe les vérités et les illusions,
De leurs ailes jointes ils atterriront,
De concert, toujours, ils regrimperont...

À la Vie! oui! Toujours se dresser contre le Temps!
À cet Infini aussi, qui au loin se profile doucement...

Bourganeuf qui passe, plus loin le chemin se pousse,

Matin de bise qui glace, Géant au réveil se tousse... Un souvenir des histoires d'une autre page, vieille séquelle d'un ancien naufrage. D'un sourire il la rassure, ça n'est qu'un peu de rouille à son armure. Départ du convoi, aveugle en tête sur sa monture, en profite pour tisser quelques lignes, au gré de l'allure. Sa Nièce là bas, qui doit surement avoir la vie dure.






Petite Neige, ma très chère Nièce,

Je sais que les loupiots qui voudraient mordre à la cuisse de Castillon te donnent sans doute quelque fil à retordre, mais j'ai confiance en toi, c'est pas un galeux dégénéré qui fera fléchir le Lynx que tu es. Memento Mori! Que ton épée leur rappelle que tu ne crains pas leur sang, que tu es Neige éternelle!

Il me navre autant que toi que nos routes doivent à nouveau s'éloigner pour quelques temps. Mais ta pensée m'accompagne de Glace au fourreau qui attends. Longtemps, elle continuera de voyager, elle sera ta présence à mes côtés.
Ne t'inquiète pas pour moi, le monde des Hommes peut s'acharner, mon cœur, lui, retrouve sa légèreté grâce à la voix d'une Muse qui me guide dans l'obscurité. Il me semble qu'il n'est de montagnes que je ne pourrais déplacer, je voudrais juste t'envoyer un peu de ma force par ce courrier.

Je t'embrasse, prends soin de toi.

Cendre,



À mesure qu'il retourne les cordes il explique, dans chaque nœud, une part de symbolique. Plus que des mots, se tissent des idées, s'entremêlent les ficelles en mille façons de les décliner.

La trame ne se tisse pas au rythme des phrases qui se succèdent. Elles s'enlacent et se superposent à l'ensemble, formant un tout harmonieux.

Doigts qui se serrent, tendant les derniers noeuds, le Géant termine son macramé avant de le lui tendre, qu'elle puisse d'elle même l'explorer.

Tiens, vois par toi même. Tu sens ces deux tresses, l'une en lin fin, l'autre en laine épaisse? L'une parle de ma Nièce, l'autre de moi, le message part de là. Ce fil d'elle qui s'éloigne des autres, vient s'enrouler dans la laine, d'abord en passant pour revenir s'y nouer... Ma façon de lui dire que la distance n'est rien à l'affection que j'ai pour elle. Et ce petit fil de soie... c'est là où je lui parle de toi...

Sourire qui s'étire alors qu'il lui tend un épais gant de cuir.


Tiens, mets ça et tends ton bras devant. Et quoi qu'il arrive, reste calme. Tant qu'il verra ta main comme un perchoir et non comme une cage, il ne refusera jamais de s'y poser si tu prends la peine de l'appeler.

De Faucon à Dragon, un même façon de vivre sa liberté... Un point là haut, qui plane au vent, d'ivresse à tournoyer de bourrasques en ascendants. Jeunesse innocente de rapace, prédateur fougueux mais tenace. Au cieux il trône en toute majesté. Il est Orcus! Prince du Roc et de Haute-Vallée!

Doigts portés en bouche de Géant, siffle triple-ton, un brin strident. À l'azur, une réclame qui crisse en répondant.
Éclair gris de pierre en zébrure du ciel, se fond d'un glissement d'ailes, en piqué de crécerelle...

_________________
Sashah
Elle suivait la caravane que formait leur groupe de charrettes, essayant de comprendre les nœuds, tissages et autres macramés qu'Orion tentait de lui expliquer, mais son esprit était ailleurs, plus précisément vers une Lona au couvent et une Guyenne agitée.

Pourquoi penser à ceux qu'elle avait quitté quand son avenir ce vivait au jour le jour, au fil de sa plume, à l'encre de...

- à l'encre d'une plume habile,
- à l'encre profond couleur violine !

Elle sentit une bourrasque, l'orage approchait sur sa terre, elle le savait, ça aussi c'était écrit ?

Elle serait à l'abri, dépitée de ne pas affronter cet orage là, mais heureuse d'être ici, son Orion à ses côtés. Et le prochain orage serait surement pour eux, elle s'y préparait.

Il est des temps comme ça à ne pas mettre une poétesse dehors !

Tout serait-il balayé ? Qu'adviendrait-il de ceux qu'elle aimait ?

Lona avait la santé fragile en ce moment et ça l’inquiétait vraiment. Elles en avaient fait du chemin ensemble ! Heureuse de se retrouver à Bergerac, puis à Marmande, mais l'heure de tous les départs avait sonné pour elle.

Kalliòpê, Muse, Sashah Del Castillo que de noms pour une même vie ! Une vie bien étrange en somme, mais c'était sa vie, qu'elle construisait pierre après pierre.

Elle commençait à déplier ses ailes doucement, prenant la main qui se tendait vers elle, la prenant sans retenue. Lui, il lui en avait fallu du temps surement pour qu'il fasse à nouveau confiance à la vie, mais comme elle, il semblait résolu à marcher à ses côtés !

Elle soupira, à la croisée des chemins, elle avait opter pour favoriser sa vie de femme de plume, de femme de main et celle de femme de cœur !

Était-elle sure de sa décision ? Oui elle n'en doutait pas.

Elle cueillit au passage une jonquille dans un talus. Le printemps s'installait, parsemant le paysage de vert tendre, de blanc et de jaune. Elle sourit et déposa délicatement dans son étui à parchemin, elle y sécherait.
Dans ces souvenirs plus tard, cette fleur séchée, lui rappellerait son voyage...
_________________
Gorborenne
Landes Tourangelles, peut-être s'en va l'Hiver,
Flottent encore et toujours, les parfums de la Guerre...


Sur la branche il y a
Une feuille, verte et bourgeonnante
Derrière se cache un écureuil
Yeux malins truffe frétillante

Sur la branche il y a
Un oiseau, il chante en louchant
L’oiselle pour qui il fait le beau
Et gazouille dès le soleil levant

Sur la branche il y a
Un fruit encore sur, à l'été sera cueilli
Saveurs amères sucrées ou sures
Renfermeront mille parfums et coloris

Sur la branche il y a
Un gros nœud, serré comme un garrot
Puis un corde et un homme, si peu
La branche garde le dernier mot…

Dragon à l'arpente, ne peut échapper au triste constat qui se répète comme un nouveau glas. Les temps changent souvent... rarement le font les gens. Il sait à quel point les faiblesses de l'homme en revienne toujours à dominer la somme. Et pourtant, toujours cette Foi dans le moindre de ses pas. "Marche Orion! et fait ce que dois!"

À ses côtés la présence de Kalliópê, la sent en proie au mêmes doutes que lui. Jamais facile de mener librement sa vie... Après le beau temps, toujours revient la pluie. Et pourtant! Géant largement qui sourit. Qu'importe le Monde et ses désirs acerbes, qu'importe le Divin et l'incarnation de son verbe, qu'importe aux Dragons, quand ils choisissent de trouver à chaque joie et douleur sa part de superbe, de vivre tout simplement, à l'exacerbe...

Croisant une jambe par dessus la selle, le Géant s'installe d'une envie de chanter à sa belle. Luth au genoux qui vient se caler, doucement, se met à jouer. Voix qui porte par dessus la lande, timbre de complainte en lente sarabande.

Dis moi, Rivière, répond s'il te plait,
Quelle est cette lumière, quel est ce reflet?
Est-ce le soleil, qui doucement s'éveille,
Est-ce son regard dont l'éclat m'émerveille?

Dis moi, le Vent, quel est ce parfum?
Celui que je sens, quand nait le matin.
Est-ce celui du printemps, qui renaît dans les champs,
Celui de ses cheveux, où tu te perds ondulant?

Dis moi l'Horizon, qu'est-ce que j'entends,
Quelle est cette chanson qui berce mes tourments?
Est-ce celui d'un oiseau, qui salue les jours chauds,
Ou est-ce son murmure, qui me berce sans un mot?

Dis moi, le Monde! Sais-tu à quel point
Son sourire m'inonde, et m'envole sa main?
Est-elle rien qu'un rêve? Un calme, une trêve?
Est-elle cette terre où je puiserai ma sève?

De tout celà je ne sais, finalement peu de choses,
Mais l'Amour est né, une nouvelle aube est éclose.
Alors je ne désire, que m'enivrer à ses rires!
Même encore l'aimer, après mon dernier soupir...

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Sashah
[En Touraine, quelque part sur les chemins]

Elle avait sorti sa plume entre deux chaos de la route, son encrier aussi, quoique celui-ci avait fini au bas de la charrette. Quelle idée aussi de vouloir écrire pendant le trajet. La lettre qu'elle voulait faire, elle l'avait dix fois commencé et elle avait fini en boule dans le feu à se consommer lentement.

Au fond d'elle, elle n'y arrivait pas, quelque chose la paralysait. C'était terrible cette peur qui lui faisait trembler la main chaque fois qu'elle écrivait "Cher Parrain". Naguère il y avait fort longtemps déjà, elle avait vu son parrain d'alors un autre du nom d'Aldo la répudier, car elle avait refusé de l'épouser. Le suivant se nommant Indy l'avait abandonné nombre de fois, la laissant des mois sans un signe, sans un mot et s'était finalement réfugier au monastère après avoir épouser la mère de son enfant..

Et puis il y avait eu Dragonet, qui lui aussi l'avait laissé comme orpheline. Et pour finir... Il y avait Kronembourg, qui semblait être fait du même bois, celui des hommes qui la laisse sur le bord du chemin

Elle réprima la tristesse qui l'envahissait. Un arrêt enfin ! Le fessier engourdi, elle sauta de la carriole et prit son courage à deux mains, enfin une main, celle qui tenait la plume et écrivit :




Quelques en Touraine, sur les chemins,
Cher parrain,

Voici des nouvelles s'il te plait d'en avoir.

Je prends la plume pour te dire que je suis encore en vie. C'est le principal finalement je pense. Donc pas d'obsèques pour toi, ta filleule n'est pas encore enterrée, ne sort pas ton tabard du dimanche.

Pour le reste tout va bien aussi. Nous cheminons vers le Nord, Gorborenne veille sur moi.

Tu me manques.

Sashah



Elle n'y arrivait pas, elle ne parviendrait pas à se confier, pourtant elle avait tant de chose à lui dire, mais une boule dans la gorge l'y empêchait. Est-ce d'avoir quitter la Guyenne qui la rendait ainsi où tout simplement de n'avoir pu lui faire une bise avant de partir ? Elle l'ignorait... surement les deux.

Elle attacha le pli à la patte de son corbeau et le regarda partir vers le sud. Reviendra-t-il porteur de réponse ? Elle n'en savait rien, mais qui sait ce que sera demain ?
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Sashah
[Chemin faisant...]

La route défilait comme défile les jours, une lieue à chaque fois, avance à petits pas. Son étalon tenait le coup, lui qui était né en Helvétie avait servi en son temps un Chevalier-Loup, trottait allégrement. Comme si finalement le manque d'exercice lui avait manqué. Cheval noir pour poétesse de feu, à mesure que le temps avançait, elle semblait renaître.

Finalement la Kalliòpê était peut-être un phœnix. Elle avait hâte d'avoir des nouvelles de Lona, mais les sœurs semblaient la retenir plus que nécessaire. A moins que sa santé ne soit vraiment précaire. Une peur s'insinua en elle, mais elle la repoussa d'un geste agacé, comme si elle chassait une mouche venait la taquiner.

Une halte leur dégourdit les jambes, elle descendit de sa monture fourbue, mais la mine réjouit et ramassa des pierres pour protéger le feu que son géant commençait à faire. Sur la pointe des pieds un baiser de miel se déposa sur les lèvres de l'aveuglé et elle s'installa assise en tailleur, quelque temps plus tard pour prendre son repas.

Une fois pain englouti et ventre rassasié, elle se lova dans ses bras et lui raconta l'histoire qu'il attendait temps. Celle de l'amour et de la folie...

- Il y a bien longtemps j'ai entendu près d'un lavoir cette histoire qui est restée en ma mémoire, je vais te la raconter, mais... vois-tu Dragon je pense que la chute de cette fable nous ressemble.



La Folie décida d'inviter ses amis pour prendre un gouter chez elle.

Tous les invités y allèrent. Après s’être régalée de gourmandise, la Folie proposa :

- On joue à cache-cache ?

- Cache-cache ? C'est quoi, ça ? demanda la Curiosité.

- Cache-cache est un jeu. Je compte jusqu'à cent et vous vous cachez. Quand j'ai fini de compter je cherche, et le premier que je trouve sera le prochain à compter.

Tous acceptèrent, sauf la Peur et la Paresse.

-1, 2, 3,... la Folie commença à compter.

L’empressement se cacha le premier, n'importe où.

La Timidité, timide comme toujours, se cacha dans une touffe d'arbre.
La Joie courut au milieu du jardin.
La Tristesse commença à pleurer, car elle ne trouvait pas d'endroit approprié pour se cacher.
L’envie accompagna le Triomphe et se cacha près de lui derrière un rocher.

La Folie continuait de compter tandis que ses amis se cachaient.
Le Désespoir étaient désespéré en voyant que la Folie était déjà à 99.

CENT ! cria la Folie. Je vais commencer à chercher...

La première à être trouvée fut la Curiosité, car elle n'avait pu s'empêcher de sortir de sa cachette pour voir qui serait le premier découvert. En regardant sur le côté, la Folie vit le Doute au-dessus d'une clôture ne sachant pas de quel côté il serait mieux caché. Et ainsi de suite, elle découvrit la Joie, la Tristesse, la Timidité...

Quand ils étaient tous réunis, la Curiosité demanda : Où est l'Amour ?
Personne ne l'avait vu.

La Folie commença à le chercher. Elle chercha au-dessus d'une montagne, dans les rivières au pied des rochers. Mais elle ne trouvait pas l'Amour.

Cherchant de tous côtés, la Folie vit un rosier, prit un bout de bois et commença à chercher parmi les branches, lorsque soudain elle entendit un cri.

C'était l'Amour, qui criait parce qu'une épine lui avait crevé un œil.

La Folie ne savait pas quoi faire. Elle s'excusa, implora l'Amour pour avoir son pardon et alla jusqu'à lui promettre de le suivre pour toujours.

L’amour accepta les excuses.

Aujourd'hui, l'Amour est aveugle et la Folie l'accompagne toujours.

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Gorborenne
D'autres feus, d'autres soirs,
Toujours braisent les flammes des histoires,


Étrange au Géant, ce nouveau sentiment, s'habituer à l'écoute, lui qui parle tant. Se laisser bercer de mots, aux lieu de les avoirs tranchants. Cette façon de s'identifier au récit. Est-il l'amour aveugle? Est-elle sa folie? À chaque mot, toujours le poids qui le définit. Étrange en vérité que leur valse. À d'autres mots la charge d'assembler une significations, et la porter déjà en soi-même, au timbre d'un nom... Étrange aussi, ces habitudes déjà installées, un foyer protégé, une cape refermée, un récit partagé. Cette plénitude nouvelle à l'instant, semble déjà si ancienne pourtant.


Tu as raison Kalliopê, il y a plus qu'une part de nous dans ce conte. Mais laisse moi t'en dire une à mon tour. Sans y avoir vraiment ma place, c'est une part de ma propre histoire. Et si dans les pages de la Graine de Folie tu trouveras un peu du "pourquoi" de Draconie, dans celle-ci se cache un peu du comment...

Sourire qui s'offre, baiser qui se vole, entre deux histoires où l'imaginaire s'envole.





La Harpe martelée en bois de feu et pierre de sel

Ou comment une vie réunit deux pays disparus.

Le mieux, je pense, est de d’abord faire un bond plusieurs siècles en arrière, à l’époque ou Rome régnait de toute sa splendeur sur le bassin méditerranéen. Les récits qui nous sont parvenus parlent d’un pays faisant face à l’Hispanie, d’une ville connue sous le nom de Carthago, dont la culture et la science n’avaient rien à envier à l’Empire. Jalouse de son rival, Rome envoya ses armées, et après de longues décennies de guerre, celle-ci parvint aux portes de la Cité. Le siège dura plus de quatre an, mais Rome finit par vaincre. La légende raconte que cette ville, porteuse de sagesse et d’avenir, fut rasée jusque au sol, ses habitants massacrés ou déportés comme esclaves. Puis les romains, déversèrent du sel sur le pays de Carthago, pour qu’à tout jamais rien ne repousse, de la cité à la plus petite plante.
Ainsi disparut au-delà du temps l’âme d’un peuple et d’une civilisation. Ça n’étaient pas les premiers, ce ne seraient pas les derniers.

Remontons maintenant à une quinzaine d’années. Par delà l’Oural, depuis longtemps passé les dernières frontières orientales de la Sainte Russie, s’étendait depuis plusieurs siècles un pays connu sous le nom des Trois Principautés de Sibérie. La Borée était l’une d’elle. Verte terre des hautes futaies et des forêts innombrables, elle étendait son manteau de cimes troué ça et là de clairières, depuis les collines du nord, jusqu’au terres des principautés voisines au sud et à l’ouest.
Ce pays était porteur d’une culture forestière. Les gens savaient tirer de la forêt ce dont ils avaient besoin tout en la préservant. Beaucoup auraient vu en ce peuple des gens primitifs, mais loin de là, ils avaient préféré vivre en harmonie avec leur milieu, plutôt que de chercher à tout prix à le conquérir.
C’est dans les flammes que la principauté de Borée fut effacée de l’histoire des hommes. Un incendie, dont l’origine est une autre histoire, ravagea la contrée pendant plusieurs semaines. Réduisant des lieues de forêts riches et verdoyantes à l’état de souvenir, renvoyant un autre peuple, une autre culture dans l’oubli.

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La légende de Cartago me fut contée, celle de Borée, tu le sais, je l’ai vécue... C’est ma croix et mon espoir…
Pourquoi j’évoque tout cela ? Parce que ces deux pays disparus furent réunis. Comment ? Grâce à une vieille connaissance avec qui j’ai beaucoup voyagé autrefois, Antonin de la Botte, janissaire en exil et sans doute le plus grand des contrebandiers de notre époque…

Lors de ses errances, il a pu parcourir tout ce que le monde occidental compte comme villes et routes, comme villages et sentier. Il y a une demi douzaine d’années, l’un deux le mena dans la région du Caucase. Dans une petite bourgade, alors qu’il se promenait sur le marché à l’affut de marchandises pour emplir sa charrette, un marchand de bois attira son attention. Il avait deux chariots pleins d’un bois noir comme la nuit, comme il n’en avait jamais vu avant. Le marchand lui expliqua qu’il venait d’une contrée au nord, que ce bois qui avait brulé en surface, avait séché et atteint une incroyable dureté en son centre. Il ne lui fallu qu’un instant pour comprendre. Le vieux janissaire avait devant lui la dépouille des forêts de Borée. A cet époque, je le connaissais déjà et lui connaissait mon histoire, mais d’en avoir une preuve sous les yeux le retourna. Il a passé une semaine dans la ville, cherchant ce qu’il pourrait faire avec ce bois. Il avait dans l’idée de m’en ramener, mais un morceau de tronc calciné, selon ses dires, ne m’aurait rappelé que de mauvais souvenirs, ce en quoi il n’avait pas tout à fait tort. Il voulait, de ce bois, pouvoir tirer l’âme qu’il avait au temps d’avant l’incendie. L’illumination lui vint un soir, d’une terrasse sur une maison voisine de l’auberge ou il logeait. Sur un banc de pierre, une jeune fille jouait sur une sorte de cithare, et bien que la mélodie fût touchante, c’est l’instrument lui-même qui attira son attention.
Quoi de mieux à faire de ce bois qu’un instrument de musique ? Il avait trouvé ce qu’il cherchait.
Il est repassé aussitôt chez le marchand pour lui acheter ce qu’il faudrait. Puis il a repris la route.

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La scène suivante eu lieue quelques mois plus tard, en Italie. Antonin venait d’enfin trouvé un luthier dont la réputation et le savoir-faire n’étaient plus à défendre. Et il lui amena le bois. Une harpe lui sembla le meilleur choix. Devant le matériau dur et rigide, l’artisan eut le regard brillant. Son art lui commandait d’en sortir un instrument d’une grande qualité, qui par ce bois serait unique en son genre. Il négocia à peine, plus tenté par le défi que par le gagne-pain. Et moins d’un mois plus tard, le vieux contrebandier reçut une missive comme quoi la harpe était terminée.

Seulement, elle était beaucoup trop grande. Le bois était tellement dur que le luthier avait été obligé de considérablement augmenter la taille des pièces pour pouvoir les tailler de manière précise. Il raconta qu’il y avait usé nombreux de ses outils, mais qu’il n’avait jamais été aussi fier d’une de ses œuvres. Seulement, sa taille et son poids démesuré rendait quasiment impossible de jouer dessus.
Après avoir réfléchi à deux à une solution pendant plusieurs semaines, le luthier eu l’idée de reprendre le système mécanique du clavier d’un orgue pour marteler les touches, ce qui devrait permettre de jouer de l’instrument. Il lui fallut encore près de deux mois pour finaliser la mécanique, et quand il eut fini, des touches en bois blanc venaient marteler les cordes de la harpe, avec une précision rigoureuse. Seulement, le son était bien loin de celui attendu. Il manquait quelque chose.
Un peu déçu, Antonin reprit sa route, laissant la harpe en exposition chez le luthier, avec interdiction formelle de la vendre.

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La pièce manquante lui tomba sous les yeux six mois plus tard, alors qu’il avait traversé la Méditerranée. Il passa par un village de pêcheurs, construit non loin de lµ où Carthago s’était jadis fièrement dressée et ne put s’empêcher d’aller se promener là où on trouvait encore quelques restes de ruines, usées par le temps. Les pierres et rocailles alentours étaient étrangement blanches, et le sel lui revint en mémoire. Et comme si une muse l’avait effleurée du doigt, il vit immédiatement ces cailloux, imprégnés du sel qui avait effacé Carthago, dansant sur les cordes de la harpe en bois brulé par le feu détruisit la Borée.
Sur le voyage du retour, il trépignait, impatient de remplacer les heurtoirs en bois insipides par cette pierre porteuse de son héritage. De retour chez le luthier, le contrebandier lui expliqua son idée et il comprit immédiatement et se mit au travail sans attendre.

Trois jours plus tard, un courrier vint chercher Antonin à l’auberge. On le mandait chez le luthier. Des gens d’armes se tenaient dans son atelier, lui, était mort. Il avait pu terminer le nouveau clavier, mais dans les ultimes réglages, une corde avait sauté et lui avait tranché la gorge. Pour une fois, la maréchaussée ne retint pas le contrebandier, mais il lui fallut revenir à la faveur de la nuit, avec deux solides gaillards débauchés dans une taverne, pour charger la harpe dans sa carriole et partir comme un voleur. L’instrument était terminé, c’était le principal.

Mais trainer un instrument de cette taille sur les routes pose un réel problème, et il n’osait l’entreposer n’importe où, il avait trop de valeur à ses yeux. Seule une cache sûre et discrète comme il en avait aménagées quelques unes aurait pu la contenir en toute sécurité. C’est ainsi que la harpe parti pour le Val Carança, perdu dans quelques monts du centre des Royaumes du Lys.

Voilà comment un luthier mit sa vie dans la rencontre de Carthago et de la Borée, comment un Porteur du Petit Sentier cherche destination à ses voyages.

Encore aujourd’hui, si l’on passe par ce petit vallon encaissé, l’on peut entendre une musique cristalline qui du haut de la montagne, chante au ciel l’âme de deux peuples disparus.


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Sashah
[Un vendredi soir sur la terre...]

Ça aurait pu être un vendredi soir comme les autres, mais ça ne l'était pas ! Rien n'était vraiment pareil pour Sashah, rien !

Elle avait quitté sa terre, ses amis, ses projets pour suivre l'homme qui lui avait conquis le cœur durant son errance en terre Périgourdine. Fallait-il que cet homme là précisément ait un frère qui voulait devenir Roy ? Rien de tel pour vous mettre dans un état proche de la terreur, un soir de résultat d'élection.

L'angoisse, la peur se nicha au fond d'elle, se terra et fit rejaillir ses propres tourments. Elle était en selle quand à mesure que les coursiers venaient au grand galop leur donner des scores et les réfuter quelques heures plus tard. Soudain elle craqua, parce qu'elle n'était pas préparer à tant de bouleversement dans sa vie, en réalité elle avait envisagé beaucoup de chose pour son avenir mais pas du tout ce qui se passait.

Une demande en mariage soudaine, un départ en voyage précipité, l'abandon de ses fonctions prématurément, de son installation en Périgord oublié... de quoi faire perdre le Nord à une castillane née au Sud. Elle confia ses angoisses à son géant qui cheminait à ses côtés, qui la rassura et même l'invita à relever la tête et la garder haute. Il avait raison elle était femme à avoir une grande force en elle, mais fallait-il que cette force veuille bien prendre le dessus.

Très tard dans la nuit ou très tôt le matin, elle ne savait plus au juste ils étaient arrivés à destination et elle s'endormit dans un lit confortable dans une auberge.

La journée en ville lui permettrait de reprendre pied avec la civilisation.

Épuisée Sashah sentit le baiser sur son front, sentit son Orion se lever, se préparer et enfin partir. Elle comprit ensommeillée qu'un coursier était venu chercher Gorborenne et que ça signifait que son frère avait été couronné. Quand la porte se referma sur le silence, elle avait un sourire aux lèvres mi éveillée, ce soir il reviendrait, ce soir ils repartiraient poursuivre leur voyage, mais il s'absenterait pour se rendre au palais fréquemment, elle en profiterait pour peindre ou écrire, la poétesse renouerait avec son art pour taire la terreur tapis en elle.

Devrait-elle appeler son futur époux "votre Altesse" ? Elle tomba dans les bras de Morphée sur cette question, son épuisement réclamait sommeil...
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Gorborenne
Terres du Maine,
Un Dragon qui dort, deux qui se promènent...


Il s'était juré de ne plus jamais partir en laissant quelque vélin en message. Non, il avait juste orné d'un baiser au sommeil sur son visage. De toute façon elle savait, ce que serait les prochains jours, ce qui les attendais. Silhouette qui s'enveloppe d'habits cendrés, se resserre aux yeux le bandeau de jais. Mais à l'emboite du pas du coursier, il s'était mis un instant à réfléchir, à cette odeur qu'il avait pu sentir. Quelque part à l'ouest, une flamme d'acier. La braise du Dragon Chevalier... Un autre Feu à éveiller. Ce soir, oui, ce soir où jamais.

Soldat, guidez-moi jusqu'aux domaine du Chevalier de Vergy je vous prie.

Mais? Je suis sensé...

Plus tard soldat, plus tard. Le Monde patientera bien quelques heures de plus.


Équipage à travers landes et collines, Orion chemine, vers sa quête de Draconie. Le Monde attendra bien un souffle de Féérie... Depuis combien de temps la dernière fois qu'il avait croisé la route de la Pivoine? Là, assis devant sa cheminée, il s'évite à compter. D'autres souvenirs qu'il ne veut remonter. Celui d'un petit homme, surtout, qui les a fait rencontrer, qu'ils n'entendront plus jamais rire à gorge déployée. Non, l'Aveugle parle par obscures énigmes, invite un chemin d'un nouveau paradigme. Draconie, son rêve, son mystère, son équilibre entre le paradis et l'enfer.

Il n'y a pas deux individus pareils en ce monde, chacun est porteur de sa propre essence. Si la mienne est de cendre, la vôtre est d'acier. D'un acier d'une rare, à la fois souple et résistant, puissant et léger. Mais depuis que je vous connais, j'ai l'impression que vous cherchez toujours ce qu'il manque pour terminer de le forger, pour amener son fil à l'exacerbe qu'il mérite.

Conversation qui se prolonge, l'histoire qui se raconte comme un songe. En elle, oui, le feu braise bien présent. Sourire de vieux Dragon pourtant, peut-être a-t-elle déjà parcouru plus de chemin qu'elle ne le sait vraiment. Bientôt, elle aussi saisira l'ardence qui sourde en elle, elle aussi, apprendra à déployer ses ailes.

L'éloignement ne m'empêchera pas de vous écrire. C'est un long chemin que je vous propose, mais je vous y guiderai. À bientôt, Chevalier

Premiers pas qui se posent, germeront lentement, chaque chose à son heure et en son temps. Pour l'instant, repos et devoirs respectivement rappellent Pivoine et Géant. L'attend toujours, coursier plus que patient, doit le mener à ses frères, pour l'heure du Couronnement. Bientôt au monde, il sera Prince de sang. À ses épaules, un autre pesant...

Au fil de la route, le cœur qui vogue à son aimée, sa Muse à saveur de fleur d'oranger. Bonds de l'âme, aux envies, au choix de leur route. L'avenir qui trace toujours son lot de doutes. Quelque chose qu'il n'aime guère, le Temps qui se fait pressant, oppressant. L'aime trop pour se permettre de bacler un tel instant. Réflexions, pensée qui divague, l'idée d'une solution, encore trop vague. Plus en avant, chercher un chemin, commencer par trouver un curé, avant le matin...

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