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[RP] À la Vie contre le Temps! À l'Infini qui nous attend!

Sashah
[Un drôle d'anniversaire...]

Un an, un an déjà, un an seulement ? Combien de mois avait-elle espéré que passerais l'an qui l'aurait éloigné de sa douleur ? Elle ne savait plus. La douleur !

Elle l'avait éperonné des mois durant de longs mois jusqu'à ce qu'elle rencontre enfin celui qui à présent comblait sa vie. Ce matin là en s'éveillant elle cueillit une larme au bord de sa paupière. Si les jours défilaient ici paisiblement son cœur lui n'avait pas oublié... Rien oublié !

Un an !

Elle se leva la mine chagrine, comme si l'orage de l'an passé allait à nouveau s'abattre sur sa vie. Quelque chose d'oppressant lui pesait sur la poitrine, un besoin de monter sur le pont devint urgent et elle monta. Mais n'alla pas dans les bras de son Orion, non. Elle ne le pouvait pas.

Un an !

Ces deux mots lui martelaient l'esprit. Comment oublier ? L'effroi que procura sa lettre posée sur le lit. Son départ sans prévenir, ses adieux sans appel. Elle s'entendit encore hurler la missive froissée au creux de la main et Della sa filleule défunte partir en courant avec Zoé pour ne pas effrayer la petite qui pleurait en entendant ses cris inhumains. Il y a des images que l'on oublie jamais.

Elle se dirigea vers la poupe et regarda la terre sans l'a voir vraiment.

Un an !

Alors elle se pencha au dessus de l'eau, s'accouda au bastingage, les cendres de son défunt époux n'avaient-elles pas été dispersées dans l'estuaire de la Gironde ? Alors lui parler ici ou là-bas n'avait après tout aucune importance.

Xa, je sais que tu me regardes
Tu as fuis notre vie en endormant ma garde
Là-bas, j'ai erré comme une veuve sans âme
Des mois et des mois avant de redevenir une femme

Là où tu es je ne peux te chercher
Mais je te pardonne j'ai ravalé ma fierté
Je t'aimais vivant même détesté
Plutôt que mort et bien enterré

Là haut, la mort t'as emporté mais toi tu ne comprenais pas
Que ta vie était avec moi
Moi j'aurais tout quitté pour rester avec toi
En moi, je portais un tout petit bout de toi

Il n'a jamais eu la chance de rendre fier son papa

J'espère que là-bas, tu penses toujours à moi
Je t'ai aimé Xa, je ne t'oublierai pas...


Un an ! Presque un an de douleurs, l'année la plus longue de toute sa vie...
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Sashah
[A contre courant...]

Comment expliquer le mal de crâne qui la tenaille au réveil, la bouche sèche et les lèvres craquelées ? Comment expliquer cette faiblesse dans les muscles quand elle tente de se mettre debout ? Ça elle l'ignore...

Elle se souvient juste qu'elle devait descendre à terre, aller faire des emplettes chez les tisserands, qu'elle avait une mauvaise fièvre due à un coup de froid et ensuite ? Le trou noir !

Elle tâtonna pour trouver un indice, quelque chose qui lui mettrait la mémoire en rappel, mais rien. Elle était couchée dans la cabine du capitaine, leur cabine, tout y était noir et elle n'était vraiment pas en forme.

Se lever lui demanda un effort qui la mit en nage presque aussitôt. Était-elle malade, avait-elle fait une chute, pourquoi sa tête la faisait tant souffrir. Tout ce qu'elle savait c'est qu'elle avait faim, non à vrai dire elle tergiversait entre la faim et l’écœurement.

Il fallait qu'elle mange ou non du moins qu'elle boive elle avait très soif. Elle s'agrippa à ce qu'elle trouva et se mit debout.

Quelques pas plus tard, elle appela :

- Gorborenne ? Gorborenne que c'est-il passé, pourquoi suis-je si faible ?

Elle n'avait que la force d'un murmure, elle qui pensait parler fort, s'entendit presque chuchoter. Elle se dirigea tant bien que mal vers le mess, espérant trouver de l'aide...


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Sashah
[Au pays de ta peau, à la plume de tes doigts...]

Doucement à reprendre des forces, doucement à se remettre debout. Elle récupérait vite de cette fièvre qui l'avait abattue. Les brumes d'Ecosse l'avaient-elles fragilisé ou bien était-ce sa rencontre avec les terres de Callanish ? Trop d'émotions parfois déstabilisent un corps ou un esprit...

Mais elle était robuste et très vite reprit sa place dans l'équipage. Son géant aussi avait été secoué mais rien de bien méchant et comme elle il reprit des forces rapidement. Il leur faudrait commander des remèdes, onguents et autres tisanes et baumes pour leurs voyages futurs, mais petit à petit ils s'organiseraient, leur vie à bord deviendrait plus confortable de ça elle y veillerait.

Et puis il y eut à nouveau leurs longues conversations sur l'avenir, leur avenir, leur clan à fonder, leur famille à agrandir... Leur famille !

A chaque fois qu'ils abordaient ce sujet, elle avait le cœur qui semblait flancher, comme si cet avenir envisagé lui tournait la tête, à vrai dire oui, leur vie commune, leur mariage devant les éléments, leurs projets la bouleversaient. Mais elle apprenait à conjuguer toi plus moi égal nous, il le lui enseignait et était maitre dans cet enseignement là. Alors comme pour ancrer en elle, son désir à lui d'avenir commun, il leur accorda un après-midi d'harmonie et une nuit d'ivresse.

Petit à petit à pas gradués le désir qui les animait se transforma en plaisir... Ses souffles se transformèrent en gémissements, ses gémissements en cris et ses cris les délivrèrent de la fièvre qui les consumaient tous deux. Il mena le jeu d'une main de maître habituant peu à peu la Muse à envisager d'engendrer leur descendance. Ses peurs, ses doutes, ses craintes mêmes volèrent en éclat sous les bordées d'amour qu'il l'enveloppa. Au pays de sa peau, à la plume de ses doigts il écrivait leur futur.

Ce ne fut qu'aux première lueurs de l'aube qu'elle s'endormit lovée dans la niche de ses bras. A ce moment précis, leurs bateaux entraient dans les eaux du port, à ce moment là précisément ils touchaient terre, tandis que dans les profondeurs de son sommeil elle s'envolait vers le petit peuple, vers leur terre nourricière, porteuse de promesses et qui sait peut-être déjà porteuse de vie...
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Gorborenne
À l'Écume des Mers, l'Infini toujours s'espère...

Des jours durant, c'est à peine si le Géant avait quitté la barre du navire. Nez au vent, se guidant au printemps berçant ses parfums entre les embruns. Les mains sur la roue du gouvernail, serrées sans pourtant se crisper, ses mains apprenaient, à connaître l'Edelweisss, à se souvenir des humeurs de l'Océan, à retrouver les sentes infinies cachées sous la vague et le vent. Claquement des voiles, craquement des cordages ou du bois, autant de mots d'où navire exprime sa voix.

La Mer d'Irlande, puis la Manche, autant d'eaux qu'il n'avait encore navigué, de vaste à découvrir, de sel à gouter. Du sel intrinsèque de l'existence, de celui à relever la saveur de l'instant, à savourer chaque lueur d'avenir cachée sous le présent. Les ordres claquaient sec à la manœuvre, dirigeant harmonie d'équipage en maître d'une musique de mille voyages. Presque comme un rituel, Sa Muse le rejoignait sur la Dunette chaque fois que le Soleil se mettait à baisser. De conversations cruciales ou anodines en étreintes de silences complices, d'autres chemins, d'autres rêves à l'arpente de vies qui s'entretissent.

Et pourtant, à l'approche des côtes, s'était porté une pestilence. Intangible, à l'odeur de l'absence. L'avaient-ils ressentis tous les deux? Est-ce la cause qui avait conduit à son estomac la serre d'un nœud? Peut-être n'était-ce rien qu'un passager malaise. S'était d'ailleurs envolé au dimanche des matins, d'un espoir bottant ce clandestin.

À l'écrin de leur cabine baignée d'une tamise d'obscurité, le Temps ils avaient arrêté, même fourbus et fatigués, à plus de dépense d'autres forces s'étaient trouvées, de Vie qui ne cesse de les brûler. La Vie, l'Envie, l'Envie de Vie, à en déborder... Cette peur qui rôde pourtant, crainte sourde qui plane en manteau glaçant. Au poids du souvenir, celui des croisades amères, cicatrices de Cendres et de Balaguère. Et pourtant! Piliers se fondent de confiance dressant ses pierres. À chaque jour, Dragons volant entre Ciel et Terre... Contre l'Inébranlable de la Vie, même l'Éternel Temps se perds... Hésitation brisée dans la fougue d'un élan, au fond des ténèbres l'Infini qui s'étend, à l'entremêle de vie, d'ivresse et de cris, à la saveur de sueur et de sang, au monde aboli, pour l'Envie d'un Enfant...

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Gorborenne
... mais aux Vents de la Terre, Embruns ne sont que Poussières

"Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher."
(Baudelaire)

Honfleur... qu'importe le port, toujours cette même puanteur. Naviguer l'aurait-il rendu plus misanthrope que de raison? Où l'Homme ne fait-il jamais rien d'autre que d'aller de déçu en désillusion? Ce côté blasé, une ville en vaut bien sa voisine... l'envie déjà, de retourner à l'aventure qui chemine... À peine à terre, déjà l'envie de repartir en mer... Tout est si vrai sur l'Océan... jamais les abîmes ne font cas, ni de la naissance, ni du rang... Mais Géant se doit à ses devoirs et serments, d'actes à poser chacun leur temps.

D'abord retourner vers les quais, s'en résoudre suites de mauvaises manœuvre calvadiques... "Quand la pierre tombe sur l’œuf, malheur à l’œuf, quand l’œuf tombe sur la pierre, malheur à l’œuf..." Encore heureux de se trouver du côté de la pierre, mais bon, la mauvaise marche fracassante lui aura quand même un peu esquinté le bordage...

S'en passer par le couvent un religieux à réquisitionner, lui faire quitter la copie, pour le mettre à la dictée... Courriers qui s'en vont, s'en viennent... Travail d'orfèvre et validation héraldique arrivant de même. Géant qui sourit d'infime subtilité, d'autres temps, viendra l'heure d'en jouer. Mais en attendant, d'autre choses à préparer, d'autres pistes à tracer... Un pas, un autre, chacun son temps, en aise et remous s'avance le Géant. La mer toujours qui l'attire, oui, l'appel du large comme un répit, pourtant s'esquisse sourire au lèvre, au gout terreux du défi... Chaque chose en son temps oui...

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Sashah
[Assez prié, je rentre...]

Le père, le fils et tous ses saints, Amen.

*Padre nuestro que estás en los cielos;
Que su nombre sea santificado;
venga tu reino;
Hágase tu voluntad en la tierra como en el cielo.
Danos hoy nuestro pan de cada día.
perdona nuestros pecados y nos ayude a perdonar a los que nos ofenden.
no nos dejes caer en tentación.
Mas líbranos del mal.
Porque es su qu'appartiennes el reino, la gloria y el poder de
Durante siglos y siglos

Amén.


Elle avait prié longuement, avait fait pénitence, repenti et confessions, choquant bien évidemment les oreilles de la mère supérieure. Bah oui à vivre dans le péché absolu on ne récolte pas que de la compassion... Mais à qui la faute hein ! si ce n'est au Roy ?

Ça elle se le garda pour elle, cette réflexion là ne franchit pas ses lèvres, elle ne voulait pas finir à pendre au bout d'une corde.

Cerises du verger, fraises du jardin, tisanes, baumes et onguents préparés, cierges rapinés, c'est avec un grand panier en osier garni jusqu’à l'anse qu'elle sortit enfin en ce lundi... saint !

Il n'était pas midi que l'impatience la gagnait déjà. Impatience de revoir l'élu de son cœur, impatience de reprendre la mère, impatience de ne plus dormir dans une cellule seule et surtout de reprendre sa liberté.


** " Quien puede ser libre, no se cautive. "murmura-t--elle en franchissant la lourde porte du couvent.

Direction le port, la vie, la vraie, son géant, l'Edelweïss, l'équipage. Et c'est ainsi chargée qu'elle monta à bord en chantonnant la chanson des anciens qu'elle s'était appropriée et remonta le pont pour rejoindre la cabine du Capitaine...





*NOTRE PÈRE,
qui es aux cieux,
que Ton Nom soit sanctifié,
que Ton Règne vienne,
que Ta Volonté soit faite,
sur la terre comme au ciel.

DONNE-NOUS AUJOURD'HUI
notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous soumets pas à la tentation,
mais délivre-nous du Mal.

Car c'est à Toi qu'appartiennent
le Règne, la Puissance et la Gloire,
pour les siècles des siècles.

Amen !

** " Qui peut vivre libre, ne s'asservit pas. "

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Gorborenne
Même à l'Orgueil de son Amour, Dieu Tout Puissant à le sens de l'Humour... (voyez l'ornithorynque...)

Ruelles d'Honfleur, Géant qui s'en revient de Confrérie, de quelque rendez-vous secret, à la quête des mots d'une Poésie. Mine souriante, c'est une belle journée, si sa Belle n'était déjà à lui manquer. Et pourtant, c'était un répit à profiter... Nombre sont les bouchées, et trois jours n'étaient de trop à les doubler. Bientôt, sa mission sera terminée, son propre Équipage, qu'il devra recruter. Même s'il ignore encore la plupart de leurs noms, ils sait déjà qui il veut à son bord, quel genre d'hommes il veut s'adjoindre à l'affront du sort. Ses pensées qui flottent, aux potentiels des autres candidats... Mais en bon départ, ils sont au moins déjà trois... Capitaine, Poétesse, Navigateur... et c'est quoi ça?!...

Un truc qu'il sent lui glisser entre les jambes, s'accrocher à sa botte et lui escalader le dos à coup de griffes effrayées. Remue ménage derrière, aboiements suivis d'odeur de chien mouillé. Quelques clébards en chasse surement. Au bruit, se retourne le Géant, peine à localiser l'animal, mais qu'importe, pas besoin de les voir pour le repousser d'un hurlement brutal...


HOOOWL!

Bruit de pattes crissant sur les pavés, couinement apeurés... facile... quand on est géant, et qu'on sait beugler... queue entre les jambes, les chiens vont se terrer....

Meow?

Sur son épaule, miaulement intrigué. Le Géant tourne la tête et renifle, sens le contact d'une truffe mouillée. Un chaton, sorte de mini-Lynx gris-tigré. Lui aussi qui l'ausculte, moins de peur que de curiosité. D'une main le Géant le prend par la peau du cou, le ramène devant lui, renifle à son pelage des relents de féline sauvagerie.

Et bien toi? qu'est-ce que tu viens faire là? T'as pas peur de venir te percher là comme ça!

La boule de poile qui étire une patte à appuyer sur sa joue, d'une pression "mais fous moi la paix"... Géant à la narine, qui frémit de plus près. Caractère de Carmin sous une patte de Velours... étrange ressemblance...

Tu veux prendre la mer, c'est ça? Est-ce que ça te dirais de faire partie de mon Équipage?

Miaooow?!

Je parles pas le chat, désolé, mais je prends ça pour un oui! Bienvenu à toi Matelot... Matelot Louis Memento, 1ier du nom!


Rire sonore, le Géant réinstalle la bête sur son épaule, grimaçant à peine alors qu'ils sent les griffes se planter en arrimage au travers du tissus de sa tunique. Le chaton tourne sur lui même, cherchant un équilibre, n'osant encore sauter d'aussi haut. Finit par venir se loger contre la nuque du Géant, une patte accrochée au bandeau lui couvrant les yeux, pas vraiment rassuré pour autant...

En retournant vers les quai, refrain de loin qui se fait entendre, sourire de Géant, à mélodie s'étant faite attendre. Le pas qui se presse légèrement, remonter à bord, sa Muse déjà l'y attends!

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Sashah
[Louis Memento 1er du nom]

Géant qui arrive tout sourire et découvre ses victuailles et onguents avec plaisir. Baiser qui se vole et se savoure quand tout à coup un feulement se fait entendre au détour.

- Ouch ! Voilà une drôle de bestiole avec un sacré caractère !

Muse qui attrape le félin par la peau du cou et vient le placer au ras de son nez. Petit tigré qui proteste en crachant, vaincu déjà mais encore combattant. La Muse s'en amuse et sent soudain un patte se poser sur sa joue.

Cependant aucune griffe ne vient l'égratigner, le félon semble vouloir de velours la toucher. Elle sourit, lui pose un baiser sur le sommet du crâne et le repose sur son perchoir.

Déjà à tâtons il s'accroche à l'épaule de son géant qui prend un air tout drôle. Sashah qui soupire en voyant son tendre fondre devant le tigré ! Pour sûr le félin fait le faire en bourrique tourner.


- A le garder sur ton épaule, tu comptes le transformer en perroquet ? Et éduquer un perroquet pour chasser les souris ?


Elle les regarde tous deux finalement attendrie. Un géant et un chaton voilà un couple ma foi drôlement assorti !

- Tu m'as manqué Capitaine et pas qu'un peu !
Baiser qu'elle lui vole sous le nez de Louis Mem qui l'observe de ses yeux bleus.
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Gorborenne
De Géant en Félidé, une histoire à cuisiner

Géant aux fourneaux, une chose un peu inhabituelle, on pourrait même dire, hétéroclite... Un Aveugle manipulant le tranchoir, de quoi en effrayer plus d'un! Et pourtant, les gestes se souviennent de la précision d'autrefois, quand après la chasse, ils s'aimait à en préparer le repas. C'était aux temps d'Arquian, premiers pas des Dragons. Il n'étaient encore que deux, Géant et Titan, Chauve et Baron... Prométhée, et Orion. "À la Grâce de Dieu, tentons le Diable!" Il se souvient, de toutes les routes parcourues depuis ce Chemin. Combien de choses depuis avaient changées? Mais parmi celles qui était restées, Baron lui avait cédé le plaisir de cuisiner. Investissant les cuisine au retour de chasse, taillant bavette et dépeçant gibier, refaisant le monde au fond d'une poêlée, traçant l'avenir aux remous du potage où à la graisse dégoulinant d'une broche. Tout à ses souvenirs qu'il égraine à sa Muse, il tâtonne parmi les placards de la cambuse, renifle les pots, plonge sa main dans les sacs, remplissant au fur et à mesure un panier de tout et de vrac.


Cuisiner peut demander un minimum de talent, de savoir faire... Mais ce qu'il faut surtout, c'est de l'imagination! Et très important! parler à la viande pendant la cuisson!

Une façon d'élever la chose au rang des arts. Car oui, un bon repas délecte les papilles autant qu'une belle toile ravit le regard! Et n'importe quelle œuvre reste fade si le compositeur n'y verse un peu de lui-même. Cette saveur d'unique, envoyant le plus humble des repas au festin de Roy...

Tout à sa mise en place, d'abord s'allume ce qu'il faut de feu sous le fourneau. Le feu, logé dans une sorte de cassette assemblée d'une douzaine de pierres réfractaires, la treizième au centre, se retirait pour vider les déchets du feu dans le bac à cendres... En perpétuel déplacement, tenant à sa façon lieu de feu de camp, devait se protéger, comme se pouvait. Déjà se découpent quelques endives, juste en deux, sur le long, une ligne de suc de canne posée à l'absorbe. Juste un peu, le suc est précieux. Rapporté des plantations d'Andalousie, à grand prix, mais qu'importe l'or pour une saveur de son pays? Le sucre du sud s'associant à l'amertume du nord, mélange étrange, de doux et de fort. Et ce n'est encore que le début, le mélange s'opérera au plus profond du feu doux de la cuisson, se mariant d'humeur au goût braisé de quelques lanières de jambon.

Chaton à l'épaule qui tend une patte envieuse, mais tout est trop loin de son perchoir pour chiper quelque chose. Géant qui sourit à supplique de miaulement affamé, lui tend une 'tite lanière à grignoter.


T'en fais pas, petit Lynx, je ne suis pas trois homme sur cinq... Sourire qui se tourne vers sa Muse, son Élue Je vais vous raconter pourquoi... Je vais vous raconter pourquoi le chat est Chat, et pourquoi toi et moi, sommes Homme, et Femme... Pourquoin de nombreuses choses sont comme elles sont...

Continuant à la découpe d'un rib d'agneau, peu à peu, se rassemble les mémoires d'une vieille histoire. Un conte des temps d'autrefois... Une de ceux qui portent en eux plus que ce que l'on croit.




Le Chat qui s'en va tout seul, (Rudyard Kipling)

Hâte-toi d'ouïr et d'entendre ; car ceci fut, arriva, devint et survint, ô Mieux Aimée, au temps où les bêtes Apprivoisées étaient encore sauvages. Le Chien était sauvage, et le Cheval était sauvage, et la Vache était sauvage, et le Cochon était sauvage — et ils se promenaient par les Chemins Mouillés du Bois Sauvage, tous sauvages et solitairement. Mais le plus sauvage de tous était le Chat. Il se promenait seul et tous lieux se valaient pour lui.

Naturellement, l'Homme était sauvage aussi. Il était sauvage que c'en était affreux. Il ne commença à s'apprivoiser que du jour où il rencontra la Femme, et elle lui dit qu'elle n'aimait pas la sauvagerie de ses manières. Elle s'arrangea, pour y coucher, une jolie caverne sèche au lieu d'un tas de feuilles humides ; elle poudra le sol de sable clair et elle fit un bon feu de bois au fond de la caverne ; puis elle pendit une peau de cheval, la queue en bas, devant l'entrée de la caverne, et dit :

— Essuie tes pieds, mon ami, quand tu rentres ; nous allons nous mettre en ménage.

Ce soir, Mieux Aimée, ils mangèrent du mouton sauvage cuit sur les pierres chaudes et relevé d'ail sauvage et de poivre sauvage ; et du canard sauvage farci de riz sauvage et de fenouil sauvage et de coriandre sauvage ; et des os à moelle de taureaux sauvages et des cerises sauvages, avec des arbouses de même. Puis l'Homme, très content, s'endormit devant le feu ; mais la Femme resta éveillée, à peigner ses cheveux. Elle prit l'épaule du mouton — la grande éclanche plate — et elle en observa les marques merveilleuses ; puis elle jeta plus de bois sur le feu et fit un Sortilège. Ce fut le premier Sort qu'on eût fait sur la terre.

Là-bas, dans les Bois Mouillés, tous les Animaux sauvages s'assemblèrent où ils pouvaient voir de loin la lumière du feu, et ils se demandèrent ce que cela signifiait.
Alors Cheval Sauvage piaffa et dit :
— Ô mes Amis, et vous, mes Ennemis, pourquoi l'Homme et la Femme ont-ils fait cette grande lumière dans cette grande Caverne, et quel mal en souffrirons-nous ?

Chien Sauvage leva le museau et renifla l'odeur du mouton cuit et dit :
— J'irai voir ; je crois que c'est bon. Chat, viens avec moi.
— Nenni ! dit le Chat. Je suis le Chat qui s'en va tout seul et tous lieux se valent pour moi. Je n'irai pas.
— Donc, c'est fini nous deux, dit Chien Sauvage. Et il s'en fut au petit trot.

Il n'avait pas fait beaucoup de chemin que le Chat se dit : « Tous lieux se valent pour moi. Pourquoi n'irais-je pas voir aussi, voir, regarder, puis partir à mon gré ? » C'est pourquoi, tout doux, tout doux, à pieds de velours, il suivit Chien Sauvage et se cacha pour mieux entendre.
Quand Chien Sauvage atteignit l'entrée de la Caverne, il souleva du museau la peau du cheval sauvage et renifla la bonne odeur du mouton cuit, et la Femme, l'œil sur l'éclanche, l'entendit, et rit, et dit :
— Voici le premier. Sauvage enfant des Bois Sauvages, que veux-tu donc ?

Chien Sauvage dit :
— Ô mon Ennemie, Femme de mon Ennemi, qu'est-ce qui sent si bon par les Bois Sauvages ?

Alors la Femme prit un os du mouton et le jeta à Chien Sauvage et dit :
— Sauvage enfant du Bois Sauvage, goûte et connais.

Chien Sauvage rongea l'os, et c'était plus délicieux que tout ce qu'il avait goûté jusqu'alors, et dit :
— Ô mon Ennemie, Femme de mon Ennemi, donne-m'en un autre.

La Femme dit :
— Sauvage enfant du Bois Sauvage, aide mon Homme à chasser le jour et garde ce logis la nuit, et je te donnerai tous les os qu'il te faudra.

— Ah ! dit le Chat aux écoutes, voici une Femme très maligne ; mais elle n'est pas si maligne que moi.

Chien Sauvage entra, rampant, dans la Caverne et mit sa tête sur les genoux de la Femme, disant :
— Ô mon Amie, Femme de mon Ami, j'aiderai ton Homme à chasser le jour, et la nuit je garderai la Caverne.
— Tiens, dit le Chat aux écoutes, voilà un bien sot Chien !

Et il repartit par les Chemins Mouillés du Bois Sauvage, en remuant la queue et tout seul. Mais il ne dit rien à personne. Quand l'Homme se réveilla, il dit :
— Que fait Chien Sauvage ici ?

Et la Femme dit :
— Son nom n'est plus Chien Sauvage, mais Premier Ami ; car il sera maintenant notre ami à jamais et toujours. Prends-le quand tu vas à la chasse.

La nuit d'après, la Femme fut couper à grandes brassées vertes de l'herbe fraîche aux prés riverains et la sécha devant le feu. Cela fit une odeur de foin, et la Femme, assise à la porte de la Grotte, tressa un licol en lanières de cuir et regarda l'éclanche — le grand os de mouton plat — et fit un Sortilège. Elle fit le Second Sort qu'on eût fait sur la terre. Là-bas, dans les Bois Sauvages, tous les animaux se demandaient ce qui était arrivé à Chien Sauvage. À la fin, Poulain Sauvage frappa du pied et dit :
— J'irai voir et rapporter pourquoi Chien Sauvage n'est pas revenu. Chat, viens avec moi.
— Nenni ! dit le Chat. Je suis le Chat qui s'en va tout seul et tous lieux se valent pour moi. Je n'irai pas.

Mais, tout de même, il suivit Poulain Sauvage, tout doux, tout doux, à pas de velours, et se cacha pour mieux entendre.
Quand la Femme entendit Poulain Sauvage qui butait en marchant sur sa longue crinière, elle rit et dit :
— Voici le second. Sauvage enfant du Bois Sauvage, que me veux-tu ?

Poulain Sauvage dit :
— Ô mon Ennemie, Femme de mon Ennemi, où est Chien Sauvage ?

La Femme rit, ramassa l'éclanche et le regarda, puis dit:
— Sauvage Enfant du Bois Sauvage, tu n'es pas venu pour Chien Sauvage, mais pour le foin qui sent bon.

Et Poulain Sauvage, qui butait en marchant sur sa longue crinière, dit :
— C'est vrai ; donne-m'en à manger. La Femme dit :
— Sauvage Enfant du Bois Sauvage, courbe la tête et porte le présent que je te donne ici ; à ce prix, mangeras-tu l'herbe merveilleuse trois fois le jour ?
— Ah ! dit le Chat aux écoutes, voici une Femme très maligne ; mais elle n'est pas aussi maligne que moi.

Poulain Sauvage courba la tête et la Femme glissa par-dessus le licol de cuir tressé, et Poulain Sauvage souffla sur les pieds de la Femme et dit :
— Ô ma Maîtresse, Femme de mon Maître, je serai ton esclave à cause de l'herbe merveilleuse.
— Ah ! dit le Chat aux écoutes, voilà un sot Poulain.

Et il s'en retourna par les Chemins Mouillés du Bois Sauvage, en remuant la queue et tout seul. Mais il ne dit rien à personne.

Quand l'Homme et le Chien revinrent de la chasse, l'Homme dit :
— Que fait le Poulain Sauvage ici ?

Et la Femme dit :
— Il ne s'appelle plus Poulain Sauvage, mais Premier Fidèle ; car il nous portera de place en place, désormais et toujours. Monte sur son dos, quand tu vas à la chasse.

Le jour après, la tête haute pour que ses cornes ne se prennent pas aux branches des arbres sauvages, Vache Sauvage vint à la Caverne, et le Chat suivit, se cachant comme avant ; et tout arriva tout à fait comme avant ; et le Chat dit les mêmes choses qu'avant ; et quand Vache Sauvage eut promis son lait à la Femme tous les jours, en échange de l'herbe merveilleuse, le Chat s'en retourna par les Chemins Mouillés du Bois Sauvage, en remuant la queue et tout seul, juste comme avant. Mais il ne dit rien à personne. Et quand l'Homme, le Cheval et le Chien revinrent de la chasse et demandèrent les mêmes questions qu'avant, la Femme dit :
— Son nom n'est plus Vache Sauvage, mais Nourricière du Logis. Elle nous donnera le bon lait tiède et blanc, désormais et toujours, et je prendrai soin d'elle, pendant que toi, Premier Ami et Premier Fidèle vous serez à la chasse.

Le jour après, le Chat attendit voir si quelque autre Chose Sauvage s'en irait à la Caverne ; mais rien ne bougea dans les Chemins Mouillés du Bois Sauvage. Alors le Chat s'en fut tout seul, et il vit la Femme qui trayait la Vache, et il vit la clarté du feu dans la Caverne, et il sentit l'odeur du lait tiède et blanc.
Chat dit :
— Ô mon Ennemie, Femme de mon Ennemi, où Vache Sauvage est-elle allée ?

La Femme rit et dit :
— Sauvage Enfant du Bois Sauvage, retourne au Bois d'où tu viens, car j'ai rattaché mes cheveux, j'ai serré l'éclanche magique, et nous n'avons plus besoin, dans notre Caverne, d'amis ni de serviteurs.

Chat dit :
— Je ne suis pas un ami et je ne suis pas un serviteur. Je suis le Chat qui s'en va tout seul, et je désire entrer dans votre Grotte.

La Femme dit :
— Alors, pourquoi n'es-tu pas venu la première nuit avec Premier Ami ?

Chat se fâcha très fort et dit :
— Chien Sauvage a-t-il fait des contes sur moi ? Alors la Femme rit et dit :
— Tu es le Chat qui s'en va tout seul, et tous lieux se valent pour toi. Tu n'es ami ni serviteur. Tu l'as dit toi-même. Va-t'en donc, puisque tous lieux se valent, te promener à ton gré.

Alors Chat fit semblant de regretter et dit :
— N'entrerai-je donc jamais dans la Grotte ? Ne m'assoirai-je jamais près du feu qui tient chaud ? Ne boirai-je jamais le lait tiède et blanc ? Vous êtes très sage et très belle. Vous ne devriez pas faire de mal, même à un Chat.

La Femme répondit :
— Je savais que j'étais sage ; mais belle, je ne savais pas. Soit. Nous ferons un marché. Si jamais je prononce un seul mot à ta louange, tu pourras entrer dans la Grotte.
— Et si tu en prononces deux ? dit le Chat.
— Cela n'arrivera jamais, dit la Femme ; mais si je prononce deux mots à ta louange, tu pourras t'asseoir près du feu dans la Grotte.
— Et si tu dis trois mots ? dit le Chat.
— Jamais cela n'arrivera, dit la Femme ; mais si je dis trois mots à ta louange, tu pourras laper le lait tiède et blanc trois fois le jour, à jamais.

Alors le Chat fit le gros dos et dit :
— Que le rideau qui ferme la Grotte, le Feu qui brûle au fond et les pots à lait rangés près du Feu soient témoins de ce qu'a juré mon Ennemie, Femme de mon Ennemi.

Et il s'en alla par les Chemins Mouillés des Bois Sauvages, remuant la queue et tout seul.

Cette nuit-là, quand l'Homme, le Cheval et le Chien revinrent de la chasse, la Femme ne leur parla pas du marché qu'elle avait fait avec le Chat, parce qu'elle avait peur qu'il ne leur plût point.



En creux de marmiton, les côtelettes se rissolent à leur aise, alors que Géant s'affaire à l'onction suprême, la sauçale composition! Graines de moutarde, s'écrasant au pilon - en mémoire de la prise de Dijon - auxquels se mêlent et se mélangent poignées fraiches de thym de Provence. Sourire qui s'esquisse en reniflant, subtil des effluves se mélangeant, cuillerées de miel, s'ajoutent à lier le tout lentement. Un gout d'été, trainant des saveurs sauvages... Sauvages, comme le Chat de l'histoire...





Chat s'en alla très loin et se cacha parmi les Mousses Mouillées des Bois Sauvages, tout seul, à son gré, pendant très longtemps, si long que la Femme n'y pensa plus. Seule, la Chauve-Souris, la petite Souris-Chauve, qui pendait tête en bas à l'intérieur de la Grotte, sut où il se cachait, et, tous les soirs, s'en allait voletant lui porter les nouvelles.
Un soir, Chauve-Souris dit :
— Il y a un Bébé dans la Grotte. Il est tout neuf, rose, gras et petit, et la Femme en fait grand cas.
— Ah ! dit le Chat aux écoutes ; et le Bébé, de quoi fait-il cas ?
— Il aime les choses moelleuses, douces et qui chatouillent. Il aime des choses tièdes à tenir dans les bras en s'endormant. Il aime qu'on joue avec. Il aime tout cela.
— Ah ! dit le Chat aux écoutes ; alors mon temps est venu.

La nuit après, Chat s'en vint par les Chemins Mouillés du Bois Sauvage et se cacha tout contre la Grotte jusqu'au matin où l'Homme, le Cheval et le Chien partirent pour la chasse. La Femme faisait la cuisine, ce matin-là, et le Bébé pleurait et l'empêchait de travailler. C'est pourquoi elle le porta hors de la Grotte et lui donna une poignée de cailloux pour jouer. Mais le Bébé continua de pleurer.

Alors le Chat avança sa patte pelote et toucha la joue du Bébé, qui fit risette ; et le Chat se frotta contre les petits genoux dodus et chatouilla du bout de la queue sous le petit menton gras, et le Bébé riait. Et la Femme, l'entendant, sourit.

Alors la Chauve-Souris — la petite Souris-Chauve qui pendait la tête en bas — dit :
— 0 mon Hôtesse, Femme de mon Hôte et Mère du Fils de mon Hôte, un sauvage enfant des Bois Sauvages est là qui joue très bellement avec votre Bébé.
— Béni soit-il, quelque nom qu'on lui donne, dit la Femme en se redressant. J'avais fort à faire ce matin et il m'a rendu service.

À cette même minute et seconde, Mieux Aimée, la Peau de cheval séchée qui pendait, la queue en bas, devant la porte de la Caverne, tomba — wouch... à cause qu'elle se rappela le marché conclu avec le Chat ; et quand la Femme alla pour la raccrocher — vrai comme je le dis —, voilà qu'elle vit le Chat installé bien aise dans la Grotte.

— Ô mon Ennemie, Femme de mon Ennemi et Mère de mon Ennemi, dit le Chat, c'est moi ; car tu as prononcé un mot à ma louange, et maintenant je puis rester dans la Grotte, désormais et toujours. Pas moins, je suis le Chat qui s'en va tout seul, et tous lieux se valent pour moi.

La Femme fut très en colère et serra les lèvres et prit son rouet et se mit à filer.

Mais le Bébé pleurait que le Chat fût parti et la Femme n'arrivait plus à le faire taire, car il gigotait et se débattait et devenait violet.
— Ô mon Ennemie, Femme de mon Ennemi et Mère de mon Ennemi, dit le Chat, prends un bout du fil que tu files, attache-le à ton fuseau et laisse-le traîner par terre, et je te montrerai une Magie qui fera rire ton Bébé aussi fort qu'il pleure à présent.
— Je vais le faire, dit la Femme, parce que je suis à bout, mais je ne te dirai pas merci.

Elle attacha le fil au petit fuseau d'argile et le fit traîner par terre ; alors le Chat courut après et lui donna des coups de patte et fit des culbutes et l'envoya par-dessus son épaule et le poursuivit entre ses pattes de derrière et fit semblant de le perdre, et fonça dessus de nouveau jusqu'à ce que le Bébé rît aussi fort qu'il avait pleuré et jouât d'un bout de la grotte à l'autre tant qu'il fut las et s'installa pour dormir avec le Chat dans ses bras.

— Maintenant, dit Chat, je chanterai au Bébé une chanson qui l'empêchera de s'éveiller d'une heure.
Et il se mit à ronronner tout bas, tout doux, tout doux, tout bas, jusqu'à ce que le Bébé s'endormît.

La Femme sourit et les regarda tous deux et dit :
— Voilà qui fut très bien fait. Nul doute que tu sois très habile, ô Chat.

À la minute, à la seconde, Mieux Aimée, la fumée du Feu au fond de la Grotte descendit tout à coup de la voûte — poff ! — parce qu'elle se rappelait le marché fait avec le Chat, et quand elle se dissipa, vrai comme je le dis, voici le Chat installé bien aise auprès du feu !

— Ô mon Ennemie, Femme de mon Ennemi, et Mère de mon Ennemi, c'est moi ; car pour la seconde fois tu as parlé à ma louange, et maintenant j'ai droit de me mettre auprès du feu qui tient chaud, désormais et toujours. Pas moins, je suis le Chat qui s'en va tout seul, et tous lieux se valent pour moi.

Alors la Femme fut très en colère et défit ses cheveux et remit du bois sur le feu et sortit le grand os d'éclanche et se mit à faire un sortilège qui l'empêchât de dire un troisième mot à la louange du Chat. Ce n'était pas une magie à musique, Mieux Aimée, c'était une magie muette ; et bientôt il fit si tranquille dans la Grotte, qu'un petit, tout petit bout de souris sortit d'un coin noir et traversa en courant.

— Ô mon Ennemie, Femme de mon Ennemi et Mère de mon Ennemi, dit le Chat, cette petite souris fait-elle partie de ton sortilège ?
— Hou ! Oh ! là là ! Au secours !. Non, certes, dit la Femme en laissant tomber l'éclanche et en sautant sur l'escabeau devant le feu et en rattachant ses cheveux dare-dare, de peur que la souris n'y grimpât.
— Ah ! dit le Chat ouvrant l'œil. Alors la souris ne me fera pas de mal si je la mange ?
— Non, dit la Femme, en rattachant ses cheveux, mange-la vite et je t'en serai reconnaissante à jamais.

Chat ne fit qu'un bond et goba la petite souris. Alors la Femme dit :
— Merci mille fois. Le Premier Ami lui-même n'attrape pas les petites souris aussi vivement. Tu dois être très habile.

À la minute, à la seconde, Mieux Aimée, le Pot à Lait qui chauffait devant le feu se fendit en deux — ffft ! — parce qu'il se rappela le marché conclu avec le Chat ; et quand la Femme sauta à bas de l'escabeau — vrai comme je le dis ! — voilà le Chat qui lapait le lait tiède et blanc resté au creux d'un des morceaux.

— Ô mon Ennemie, Femme de mon Ennemi et Mère de mon Ennemi, dit le Chat, c'est moi. Car tu as dit trois mots à ma louange et, maintenant, je pourrai boire le lait tiède et blanc trois fois le jour à tout jamais. Mais, pas moins, je suis le Chat qui s'en va tout seul et tous lieux se valent pour moi.

Alors la Femme rit et mit devant le Chat un bol de lait tiède et blanc et dit :
— Ô Chat, tu es aussi habile qu'un homme, mais souviens-toi, ton marché ne fut conclu avec l'Homme ni le Chien, et je ne sais pas ce qu'ils feront en rentrant.
— Que m'importe, dit le Chat. Pourvu que j'aie ma place dans la Grotte, près du feu et mon lait tiède et blanc trois fois le jour, je ne me soucie pas de l'Homme ni du Chien.

Ce soir-là, quand l'Homme et le Chien rentrèrent dans la Grotte, la Femme leur dit l'histoire du marché, tandis que le Chat, assis au coin du feu; souriait en écoutant. Alors l'Homme dit :
— Oui, mais il n'a pas fait de marché avec moi ni avec tous les Hommes qui me ressemblent.

Alors il retira ses deux bottes de cuir, il prit sa hachette de pierre (ce qui fait trois) et les rangea devant lui et dit :
— Maintenant nous ferons marché à notre tour. Si tu n'attrapes pas les souris tant que tu seras dans la Grotte à jamais et toujours, je te jetterai ces trois choses partout où je te verrai, et de même feront après moi tous les Hommes qui me ressemblent
— Ah ! dit la Femme aux écoutes, tu es un très habile Chat, mais pas autant que mon Homme.

Le Chat compta les trois choses (elles avaient l'air très dures et bosselées), et il dit :
— J'attraperai des souris tant que je serai dans la Grotte à jamais et toujours ; mais, pas moins, je suis le Chat qui s'en va tout seul et tous lieux se valent pour moi.
— Pas tant que je serai par là, dit l'Homme. Si tu n'avais pas dit ces derniers mots, j'aurais serré ces choses pour jamais et toujours, mais à présent je te jetterai mes deux bottes et ma hachette de pierre (ce qui fait trois) toutes les fois que je te rencontrerai. Et ainsi feront après moi tous les Hommes qui me ressemblent.

Alors le Chien dit :
— Attends une minute. Il n'a pas fait marché avec moi ni avec tous les Chiens qui me ressemblent.
Et il montra les dents et dit :
— Si tu n'es pas gentil pour le Bébé pendant que je suis dans la Grotte, je te courrai après jusqu'à ce que je t'attrape, et quand je t'attraperai je te mordrai. Et ainsi feront avec moi tous les Chiens qui me ressemblent.
— Ah ! dit la Femme aux écoutes. C'est là un très habile Chat, mais pas autant que le Chien.

Chat compta les crocs du Chien (ils avaient l'air très pointus), et il dit :
— Je serai gentil pour le Bébé tant que je serai dans la Grotte et pourvu qu'il ne me tire pas la queue trop fort, à jamais et toujours. Mais, pas moins, je suis le Chat qui s'en va tout seul et tous lieux se valent pour moi !
— Pas tant que je suis là, dit le Chien. Si tu n'avais pas dit ces derniers mots, j'aurais refermé ma gueule pour toujours et jamais : mais à présent je te ferai grimper aux arbres en quelque endroit que je te trouve. Et ainsi feront après moi tous les Chiens qui me ressemblent.

Alors l'Homme jeta ses deux bottes et sa hachette de pierre (ce qui fait trois), et le Chat s'enfuit hors de la Grotte et le Chien courut et le fit monter aux arbres ; et de ce jour à celui-ci, Mieux Aimée, trois Hommes sur cinq ne manqueront jamais de jeter des choses à un Chat quand ils le rencontrent, et tous les Chiens courront après et le feront grimper aux arbres. Mais le Chat s'en tient au marché de son côté pareillement. Il tuera les souris, il sera gentil pour les Bébés tant qu'il est dans la maison et qu'ils ne lui tirent pas la queue trop fort. Mais quand il a fait cela, entre-temps, et quand la lune se Lève et que la nuit vient, il est le Chat qui s'en va tout seul et tous lieux se valent pour lui. Alors il s'en va par les Chemins Mouillés du Bois Sauvage, sous les Arbres ou sur les Toits, remuant sa queue, solitaire et sauvage.



Géant qui s'en terminant le récit remplit deux écuelles, fleurant comme un accueil la douceur du miel, en tend une d'un sourire à sa Belle, suivi d'un petit coup de nez affectueux au chaton toujours perché sur son épaule, à demi assoupi par la berce du récit.

Tu vois boule de poils, tu sais maintenant quelles seront tes tâches à bord. Et considères-toi comme un verni, parce que y'a pas de Chien ici...

Chasser les souris oui, et toutes les autres choses, comme jouer avec leur Enfant, quand il viendra à naître... Mais qu'est-il besoin de le préciser? Il est Chat, il le sait... Comme eux, Homme et Femme savent les allers et détours que suivent les routes sinueuse de l'amour. Sourire oui, en coin d'énigme alors qu'il s'assied à côté de sa Muse, savourant le silence d'un bon repas... savourant le récit, et ce qu'il ne dit pas...
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Sashah
Vertige de l'amour...

Ça fleurait bon dans la cambuse, odeur agréable d'épices, qui la mettait en appétit à l'écoute du récit. Louis Mem se pourléchait les babines et recevait de temps à autre une lamelle de pitance dont il se délectait.

Elle regardait son géant œuvrer, accomplissant ses gestes d'une dextérité surprenante. Elle se demandait si elle serait si habile, si d'aventure un jour elle était frappée de cécité. Un frisson glacé lui parcourut la colonne vertébrale et elle chassa cette vilaine pensée.

L'histoire de la femme et du chat, la fit sourire. Il était vrai que les petits félins étaient rusés, indépendants, dotés souvent d'un caractère bien trempé. Et le chaton tigré ne semblait pas déroger à la règle. Il donnait de petits coups de pattes sur la joue de son maître, histoire de lui faire remarquer qu'il était là. Mais allez savoir pourquoi jamais il ne sortait ses griffes, on aurait dit qu'il voulait communiquer et elle le caressa, attendrie. Quant son géant lui parla il l'écouta en penchant la tête de côté et cela la fit sourire. Elle se mit à table, l'appétit aiguisé.

Elle avait faim ce qui l'a surpris, elle qui en ce moment ne mangeait quasiment rien. Seuls les fruits lui faisaient envie, la chaleur l'incommodait et elle s'en étonna.

Ce devait être la chaleur du nord, car elle ne se souvenait pas avoir été indisposée par la chaleur du sud. Bien au contraire, elle aimait le soleil, ne le craignait pas et restait des heures la tête nue à travailler même lorsqu'il faisait très chaud. Son teint un peu hâlé virait au mordoré et faisait même ressortir ses yeux marronnés. Elle était une fille du sud après tout.

Le repas s'acheva et chacun retourna à ses occupations. Gorborenne devait faire l'inventaire des victuailles dans les cales et faire monter à bord ce qui leur manquerait. La prochaine traversée serait longue, peut-être même périlleuse et le capitaine devait s'assurer que tout était en ordre.

Elle s'acquitta des tâches ménagères puis se dirigea vers leur cabine. Soigneusement elle cira les meubles en bois de chêne, dépoussiérera les lieux, secoua leur matelas de laine, un luxe commandé surement par la reine, aéra leurs couvertures. Puis elle remonta sur le pont pour puiser de l'eau pour laver les sols de la cuisine, du mess et de leur quartier.

Utiliser de l'eau douce aurait été du gaspillage, leur réserve était précieuse et il était inutile de la dilapider mal à propos, alors elle jeta un seau attaché à une corde dans l'eau du port. Elle le remonta doucement, il faisait son poids, elle n'aurait pas cru qu'il serait aussi difficile de le hisser à bord. Mais après quelques efforts, elle attrapa l'anse et le porta sur le pont.

Se penchant pour le libérer de la corde, elle remarqua des mouches blanches passer devant ses yeux. Un instant elle resta penchée, secouant la tête et inspirant à fond. Elle n'allait pas encore être prise de vertige !

Elle se redressa, sentant le bateau tanguer. Un voile blanc remplaça les mouches et lui brouilla le regard, elle chercha de l'air relevant le visage et l'offrant à l'astre lumineux.

Faisait-il trop chaud dans la cabine ? Et cet écœurement qui l'envahissait soudain était-ce parce qu'elle avait trop mangé ?

Le malaise s'accentua, un sifflement aigu lui vrilla les tympans tandis que le voile blanc devenait gris... gris foncé... noir... Ses jambes ne la portaient plus, elle n'avait plus de force, elle les sentait diminuer et... ce sifflement qui semblait ne plus en finir !

Sashah luttait pour rester debout, pour reprendre de l'air, reprendre un peu de force, de couleur.

Mais rien n'y faisait, son teint vira au blanc et avant qu'elle ait la présence d'esprit de crier à l'aide, elle s'affaissa sur le sol. Sa tête heurta quelque chose en fer, lui égratignant le front.

Elle sentit le choc, elle voulut crier "Gorborenne" mais aucun son ne franchit ses lèvres, sa dernière vision fut le visage de son aimé et... elle sombra dans néant.
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Gorborenne
Main au Ventre et Plume aux Doigts

La Manche, vent travers. Loin derrière la Seine son embouchure. L’Edelweisss progresse à bonne allure, aux chants d’Éole et de Poseïdon, elle valse de l’amure. Matelots à la manœuvre, Capitaine à la barre, naviguent entre la vague et le vent, entre le matin et le soir.

Vertiges… Toujours au Géant, cette impression de planer sur les crêtes de l’Océan, ce petit quelque chose d’autre, nourrissant leurs élans. Vertiges oui, n’est pas le seul à en tomber. Et Mer n’est pas l’unique à les causer. Non, Mère aussi, quand la vie se met à germer.

À peine s’il arrive à s’éloigner d’elle plus de quelques minutes, depuis que le pont avait résonné de sa chute. De prévenance à l’encontre des craintes, Géant aimait la garder tout à son côté, une main sur la barre, l’autre en étreinte. La Vie… Aussi puissant Dragon qu’il soit, jamais ne pourra faire autre chose que la protéger. À Elle oui, le droit, le poids, la joie de la donner. Mais qu’importe lequel quand on est parent, n’importe que la promesse d’un enfant, au ventre qui se gonflera, lentement. Un ventre qu’il ne peut s’empêcher d’enserrer de ses mains, de ses caresses, dès que le Temps lui accorde quelques minutes à la tendresse.

Souvent d’ailleurs, au cours de leur soirée, ils s’installaient, de plume et de cécité, missives à lire ou à dicter… Parfois Géant déambulait, parfois comme ce soir, elle tenant l’écritoire sur ses genoux, il la tenait assise sur les siens, lui, à son aise calé en coin de banquette, ce coin d’eux, sous la tonnelle de la Dunette… Rapidement s’étaient acquittés d’administration épistolaire, à l’envol postal en direction du Domaine Royal. Autres missives suivaient, d’autre caractère. Par-delà les espaces, des mots glissés, à travers le temps, des ponts jetés…






À Vous, Chevalier,

Comment vous portez-vous depuis notre dernière rencontre ? Les Vents me ramènent d’une longue épopée en terre des Gaëls. Quelque sang, mais sans chant des armes. Heureusement, oui, plus de rires que de larmes.

J’espère que vos routes vous offrent également quelques saveurs de Printemps, que vous avez pu prendre ce repos qui vous faisait tant besoin, que votre esprit a réaffuté son tranchant, que votre bras s’est reforgé d’airain, que votre âme a retrouvé l’équilibre qui est sien.

Toujours il le faut ! Au temps cléments, se redresser, car immanquablement, l’Hiver reviendra nous tourmenter. Mais à sa rencontre, de flamme ou de braises, le Feu reste ardent. Souvenez-vous toujours de ce que vous êtes, des vérités qui font couler votre sang.

Le Maine ne me reverra pas encore, mais bientôt, nous toucherons terre en Périgord. Peut-être, l’occasion se fera de nous revoir. Peut-être… parmi d’autres, c’est un espoir.

À votre envie, s’il elle est à l’aventure des voyages, à découvrir la différence entre une armée, et un équipage, entre arpenter le monde des Hommes, et celui des paysages.

Qu’importent les détours, nos chemins se recroiseront en temps choisi,
Puisse la sérénité veiller sur vos jours,

Gorborenne Salmo Salar du Bois Cendré,
Orion, des Dragons,





À toi, Fille des Vents de l’Ombre,

Quelles nouvelles depuis le Temps ? Toujours à l’arpente des horizons, à chercher de tout et de rien comment chanter sa vie au vent serein ?

Les Temps ne cessent de changer oui, mais l’Océan demeure fidèle à lui-même. Je pars pour la Grande Bleue, en quête de grandes voiles, à l’assaut de Charybde et Scylla. Sables de garrigue sur le chemin, vent du large à dorer les matins…

Si "Bottes" te va mieux que "Bureau", rendez-vous sur Garonne ! Il est trop tard pour Beltaine, mais peut-être, qui sait, pour la Saint-Jean ?

Ad Intersectio !

G.





À toi, Ce’Nedra, Petite Sœur,

Longues sont les semaines sans avoir de tes nouvelles ! Ton espièglerie en absence est comme un lancinant silence. Mais j’ai confiance. S’envolent les énigmes au gré du vent, à l’horizon, les solutions s’avancent lentement.

J’ai entendu que tu occupais le vieux manoir de Carmin en Dax. Dans peux, j’irai jeter l’ancre quelque part sur Garonne. Nous revenons, Petite Sœur ! Par vagues et marées, nous nous retrouverons où nous nous sommes quittés, à l’ombre du vieux Prieuré.

À bientôt, Je t’embrasse,

Orion,


Des ponts jetés oui, à l’appel de l’aventure, à la quête d’un Équipage ! Viendraient-elles, seul l’Éternel pourrait le dire. Qu’importe le "où" et le "quand", qu’importe oui, au Géant, car il est des places qui se réservent au-delà du Temps. L’une a celle du Maître d’Armes inébranlable, l’autre du Guide infatigable, et la troisième, Vigie, l’insouciante vigilance de toujours. Au-delà de simple expression d’un rôle, celui d’une essence profonde, d’une route qui reste droite même à travers ses détours. À l’Orgueil d’être Tout et l’Humilité de n’être Rien, au Géant de ne vouloir que les meilleurs parmi les siens !

Confiant qu’il est oui ! Au fil des routes, il ne construirait ni compagnie, ni clan, ni mesnie. Non, il rassemblera un Équipage. Peut-être synonyme des autres termes, mais surtout du voyage. Peut-être à ce jour ne sont-ils pas encore bien nombreux, mais il y lui, déjà Capitaine, en première ligne pour protéger les autres, en première main pour les relever quand ils tombent. Et puis sa Muse, sa Poétesse, la Gardienne de leurs épopées.

Et d’aujourd’hui, s’est entendu un autre "oui"… Question avait été posée, réflexion prise, et réponse donnée. Large sourire qu’il a étiré à la suite d’une accolade bourrue. Peu de mots pour exprimer tout ce que cela a soulevé. De joie et d’espoir, de confiance ! Aujourd’hui, Maitre-Soins a accepté de rejoindre la danse !

Mais ce soir alors qu’il dicte, ses mains passées autour de la taille de son aimée s’enchevêtrent entre les fils d’une autre lettre. Tramée comme souvent de fil de soie blanche et de grosse laine noire, ainsi qu’à chaque fois qu’il tissait des mots à l’adresse de sa Nièce. Mais cette fois les nœuds s’assemblait d’autre couleurs, en maille grossière, d’un brun terne et d’un bleu clair, ajoutant nuance étrange à la teinte, témoignant d’elle-même de malaise et de maladresse… Des nœuds qu’elle seule pourrait comprendre,





Neige, ma Nièce,

Les Temps sont longs, se passent, s’enchevêtrent, et l’étoffe se tisse plus souvent de nœuds que de mailles. Rien n’est parfait en ce Monde, et nous sommes loin de pouvoir prétendre faire exception. Moi encore moins que les autres.

Je sais que j’aurais dû prendre plus tôt le temps de tisser ces quelques lignes, mais j’ai le cœur lourd à en perdre ma dextérité à nouer. Rien n’a changé vraiment, depuis les derniers mots que nous nous sommes dits. Du moins, je me sens toujours aussi incapable d’approuver ton choix. J’essaye d’au moins l’accepter, peut-être, un jour, j’y arriverai. Même sans cela, je peux au moins le comprendre car je connais ta nature autant que la sienne. Mais tu mérites beaucoup mieux que trainer un ours errant sans Conviction.
Ton fils sera bientôt un homme. Je sais que tu cherches à l’en épargner, mais il lui faudra tôt ou tard apprendre la douleur du Monde. Et crois-moi, c’est bien parce que je n’ai pas eu envie de tenir ce rôle de cette manière que je me suis contenté de mots à son père.

Je suis de Cendre, c’est là ma force, je sais à présent que c’est aussi une malédiction. Je t’aime tu sais, et ça me fais mal cette impression de n’être pour toi jamais que ce nuage obscur de tes mauvaises augures. Je t’aime, et je continuerai à t’écrire. Jusqu’à dans le temps, il te faudra te contenter de le lire.

Je vais rester loin, continuer mes errances, l’Éternel seul sait quand nos chemins se recroiseront. Tu me manqueras, tu le sais.
J’ai appris pour tes blessures au combat. Prends le temps qu’il faudra pour te soigner. De toutes tes plaies.

J’ai confiance en toi, je sais que toujours tu te relèveras.

Je t’embrasse,

Cendre,


Un autre pont, celui où se partage la Conviction. De même force, oui, mais à chacun les piliers sur laquelle elle s’appuie. Cela, Géant ne peut que l’accepter, force et faiblesse de Neige sont sa blancheur bienveillante…
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Sashah
Un autre jour sur une autre rive...

Elle lui avait prêté sa plume et la dernière missive envoyée à Neige, l'avait profondément bouleversé. Elle soupira, rien n'était simple dans une famille, rien...

En était-elle coupable ? Elle espéra que non, à vrai dire elle avait la nette impression qu'ils étaient capables d'avoir des différends tous seuls et n'avaient nuls besoin d'elle. De toute façon elle n'avait pas loisir de connaitre assez qui que ce fut de sa belle famille pour être causse à dissension.

Ce n'était pas faute d'avoir essayé. Et sa famille à elle ? Lona n'adressait pas plus la parole à Gorborenne et c'était bien là un point qu'elle éclaircirait un jour. Ils veillaient l'un sur l'autre et n'était-ce pas ce qui formait une famille tout compte fait ?

Elle prenait soin de ne pas trop s'éloigner, ni de lui, ni de l'équipage, afin de ne pas être seule en cas de vertiges. Il l'entourait de ses attentions et à mesure que les jours passaient son était semblait se stabiliser. Elle mangeait peu et bien souvent que des fruits, mais elle ne s'en inquiétait pas, le temps du refus de nourriture qu'elle avait connu avec Xa semblait révolu.

Elle avait pris commande de plans à faire pour le prieuré de Soeur Ellya. Rien ne lui faisait peur et elle s'appliquait à représenter fidèlement le croquis sommaire qu'on lui avait fait parvenir. Son messager d'Odin faisait la navette entre le continent et l'Edelweïss, heureux de se dégourdir les aigles. Par chance il n'avait pas encore croisé Louis Mem leur chat ! D'ailleurs elle se demandait qui s'imposerait à l'autre, le chaton ou le corbeau ?

Un sourire flottait sur son visage, elle semblait épanouie, elle avait une tâche à accomplir, s'en acquittait et la mer agitée ne l'effrayait même pas.

C'est justement par gros temps qu'un volatile se posa sur le bastingage. Elle ne le connaissait pas et pensa qu'il venait du palais royal avec qui son géant communiquait régulièrement mais... Le pli était tout autre et lui était destiné.




Ma chère plume

Vous m'avez manqué aussi, vous savez, je m'en voulais d'avoir disparu ainsi... mais bon.

vous n'imaginez pas à quel point j'ai rien suvi, moi qui était au courant de tout fut un temps. Ainsi vous avez continuez à servir le Duché, qu'y avez vous fait de beau, comment se porte la Guyenne?

courtoisement,

votre ami.


Jamais nouvelles ne l'auraient plus mis en joie que ce jour là. Elle avait envie de crier " il est retour, il est de retour", mais elle savait que celui qu'elle considérait comme un père, un mécène, son mentor n'était pas très apprécié par son tendre Prince. Aussi prit-elle des précautions pour cacher sa grande joie. Car elle attendait ce moment avec impatience et appréhension et ce moment venait d'arriver.

Quand le navire revint au calme que le temps fut un peu plus clément, elle s'attela à l'écriture essayant de résumé six longs mois passés sans lui. Il y avait tant à dire qu'elle ne sut par où commencer et quand le poignet fatigué d'avoir mis les maux, mot à mot, elle regarda son oiseau emporter le message, elle avait toujours ce même sourire.

Car là bas, sur une autre rive, dans un vieux phare, elle serait lue, elle serait lue enfin...

Elle resta un long moment accoudée au bastingage puis retourna à ses plans.

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Gorborenne
De Sel et de Saumon, à la tenaille des canons...
Septième de Juin 1460


L'aube... Noroit qui se pousse d'une brise légère, soulevant quelques embruns par dessus les récifs bordant le Gros du Raz, tout à la pointe du Cotentin. Bord à bord, le Black Salt et l'Edelweisss filent grande allure par vent arrière. Les dernier rapports datent quelque peu, et leur cible est sortie de portée de toutes les vigies, dernières fois repérée remontant la côte vers le nord. Vers eux, qui descendent à sa rencontre, poussant toute la toile pour le gagner de vitesse et lui couper tout échappatoire vers le grand large.

Midi... "Voile à l'Horizon! C'est lui!" Les matelots l'ont vu, le Capitaine l'a senti. L'heure à sonné...


Branle-bas de combat, tout le monde à son poste!
Que tonne les canons et se régalent les poissons!


Pièces de 12 chargées de boulets et de mitraille, l'Edelweisss et le Black Salt règlent leur allure et s'écartent en tenaille, avançant à pleine vitesse sous le vent, prenant leur proie chacun par un flanc.


FLABLAAAM!!! FLABLABLAAAM!

Deux lignes d'explosions parfaitement parallèles, deux bordées envoyées à la rencontre l'une d'elle. Et au milieu, un pauvre crustacé, se pulvérisant vers le ciel... Rare violence à l'impact, les boulets pénètrent les bordages du Nautilus, s'embrassant de destructrice passion quelque part entre la quille et le pont. Emporté dans la salve, le mat se brise et s'abat, les membrures se disloquent une à une, comme chaque couture s'ouvre aux vagues et à l'écume...

De navire ennemi, rien ne reste à flotter, pas même une épave ou un cadavre noyé...


Superbe tir Matelots! Une ration de tord-boyaux pour tout le monde!

Sourire d'un Géant à la barre, souriant tout en malice, avant de prendre un rictus où drôle de sérieux se plisse.

Mais avant, ayons une pensée pour ces pauvres hères rendus à la justice de Poseïdon...

De profundis!
Sic transit mergerentur...*


Se prend d'un fou-rire tout en carnasse... Sur l'Océan, ce qui ne flotte pas trépasse...
"Nage ou crève" disait l'Amirale... Les abîmes gardent le point final...


*(des profondeur, ainsi passe le naufrage)
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Alieniore
Une alerte,
Une envie,
L'appel du large
L'appel du devoir

Quelques jours à peine qu'ils avaient mis pieds à terre que déjà la Capitaine du Black Salt tournait en rond dans les ruelles de cette ville inconnue. Aucunes envies de s'y installer durablement , aucuns attraits pour changer l'envie.
L'odeur de l'iode, les cris des mouettes et le bruits de vague se brisant contre la coque des navires à quai , tout était fait pour qu'au lieu de prendre ses quartiers dans l'une des auberges de la ville , l'Amirale de France remonte aussi vite sur son navire.
Chaque jour apportait son lot de nouvelles et la passerelle s'était faite chemin de croix pour ses informateurs , ses matelots ou tout ceux qui souhaitaient la voir.
Et puis l'ennui de ne pas sentir le vent dans les voiles , de ne pas sentir la houle du large se fit plus insistant. Le moment était venu de repartir.
Alors que l'on chargeait denrées, boisson et autres poudre à canon, une missive arriva l'informant de l'alerte. Un accostage intempestif , un capitaine sans foi ni loi. L'urgence se fit sentir et les cales furent remplies bien vite.
La Guérande arpentait le pont du navire en haranguant son équipage et les travailleurs du port pour les faire presser.


Crénond'une barrique vide !! magnez vous le séant ! nous partons avant le couché du soleil!

Et ainsi fut il.

Toute voile dehors le Black Salt parti à la rencontre de son vice.
Les mouettes volaient à tire d'aile pour fournir renseignements et petits mots entre les navires.
Les retrouvailles avec l'Edelweiss se firent joyeuses. Des mouvements de drapeaux de pars et d'autres des ponts, de grands cris que le vent portait la plupart du temps bien trop loin pour être entendu par qui de droit. Mais qu'importait , la chasse avait commencé.

Rapidement le mauvais bougre fut par le fond. L'entente entre les capitaines fut parfaite , tant est si bien que rien n'en resta. L'Amirale remercia son équipage pour cet exercice parfaitement mené et mit en perce un tonneau de wiskhey qui lui restait encore d'Ecosse.

Installée sur le pont arrière , a siroter un godet, isolée du reste de l'équipage un peu bruyant , elle se fit porter son écritoire pour envoyer missive.


Citation:
Mon Cher Vice,

Bravo pour cet excellent tir.
Vous auriez pu néanmoins me laisser la primeur, galanterie oblige ne pensez vous point ?

A alias CF.


Une mouette de la compagnie des mouettessupersonic© fit son oeuvre et délivra le vélin rapidement.
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Sashah
CHARGEZ.....FEUUUUUUUUU !!!

Hein ?

C'est tout ce qu'elle parvint à dire "Hein ?" en montant quatre à quatre l'échelle qui donnait sur la dunette. Un branle bas de combat avait été beuglé et elle entendait les matelots s'agiter.

J'ai loupé un truc où j'ai pas tout compris là ?

Mais elle avait beau parler le vent emportait ses mots, puis....

FLABLAAAM!!! FLABLABLAAAM

Elle se boucha les oreilles... trop tard. Double déflagration ! En parallèle le Black Salt tirait aussi.

Madré de Dios ne put-elle s'empêcher de murmurer en faisant son signe de croix.

Elle rejoignit son géant qui jubilait et félicitait son équipage, tandis que des grincements de bois fracturés annonçaient que le navire visé coulait. Mais le danger était écarté, ils ne risquaient plus rien hein ? D'ailleurs avaient-ils risqué quelque chose au moins ?

Elle s'interrogeait, quand écoutant les uns et les autres elle comprit la situation. Plonger dans ses dessins de plans comme à l'accoutumée elle n'avait rien entendu. C'était ainsi quand elle était concentrée. Elle savait cependant qu'il traquait un bateau de dissidents, mais elle n'avait pas prêté attention aux manœuvres.

Elle en était là dans ses réflexions quand une mouette traçant chemin à vive allure, faillit la télescoper ! La bestiole la dévia de justesse volant assez bas et finit sa trajectoire sur le pont dans un atterrissage des plus scabreux.

En gros elle venait de se manger un cordage.

Ils nous attaquent à coups de mouettes maintenant !

Un instant incrédule, elle finit par libérer la pauvre bête qui semblait un peu étourdie par le choc. Elle la prit dans sa main et alors qu'elle ôtait l'étui de cuir qui contenait un message...

MAOUUUU !

Ha non Louis Mem (Abréviation de Louis Memento 1er leur chat) tu vas pas t'y mettre aussi toi !

Chassant le chaton du pied qui voyait dans la volaille à moitié assommée un bon repas, même si elle était deux fois plus gros que lui, elle parvint enfin à lire le message à voix haute.

Citation:
Mon Cher Vice,

Bravo pour cet excellent tir.
Vous auriez pu néanmoins me laisser la primeur, galanterie oblige ne pensez vous point ?

A alias CF.


Vice ? Pour vice-amiral ? Alors Capitaine on est peu galant ? Sourire ironique adressé à son Orion...
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