Preciodekerroch
"L'immortalité, c'est travailler à une uvre éternelle."
(Ernest Renan / 1823-1892 / L'Avenir de la science / 1848)
Vicomté de Lokentaz, aux aurores
Sur les terres de Lokentaz, la nouvelle qui s'ébruitait dans toute la Bretagne n'était quant à elle pas encore parvenue sur ces terres sauvages en Rhuiz. Le calme régnait sur l'immense cloître dont les vieilles pierres ressemblaient à forteresse, et le manoir habité lui, semblait somnoler.
Son époux n'était pas là, comme à son habitude sur les remparts, et elle était bien endormie encore lorsque des sabots de chevaux se firent entendre dans la cour. Et un moment plus tard, voila que ça toquait à sa porte avant qu'une meschine ne fasse son entrée.
Votre Excellence ! Un homme d'arme de Retz demande à vous voir ! Vite ! c'est urgent à ce qu'il dit !
La vicomtesse est déjà assise dans son lit, les cheveux en pétard, la mine brouillée, elle dort peu en ce moment. Pourquoi ne peut-on donc pas la laisser profiter de son repos tranquillement.
Dites lui que j'arrive. Et ça ne doit pas être si urgent que cela, ce doit être mon époux qui doit transmettre message.
C'est qu'ils sont en froid depuis quelques temps. Habituée la brune, qui ne se formalise pas plus que cela de l'attitude de son époux. Toujours l'indépendance de l'un et la carrière de l'autre. Après des années on s'y fait et on apprend à vivre avec.
C'est dans une série de baîllements rapprochés qu'elle finit de se vêtir et de se coiffer avant que d'accepter de recevoir le soldat dans le petit boudoir attenant à ses appartements. Et les violines qui se fronçent en s'apercevant que l'homme porte harnois de Retz et non celui des Trente.
Qu'est-ce-que ?
Madame, je vous prie de bien vouloir me suivre.
Mais enfin que se pass..
Madame, le temps presse, j'ai ordre de vous mener à Mâchecoul auprès de notre souverain. Prenez tout votre nécessaire je vous prie.
Nul besoin d'en dire davantage. Sacoches, besaces, tout est toujours soigneusement prêt à être embarqués en cas d'urgence. Et il semblerait que cela en soit une.
Elle savait son souverain au plus mal, et sans un mot, elle enfourcha son hongre, Tonnerre, et suivit le soldat au galop. Elle était excellente cavalière, et c'est au bout d'une bonne heure mais moins de temps qu'il n'en fallait que les hauts murs de la cité se découpaient maintenant dans le matin levant.
Mâchecoul, dans le château familial des Montfort
Dans la cour elle ne put ignorer les volées de cloche qui tintaient sans discontinuer. Et c'est le visage sombre, que la Violine entra dans les lieux, commençant à comprendre ce qui se passait.
Le croyait-elle tout du moins.
On la conduisit entre maints couloirs qu'elle ne connaissait pas et pour cause, elle comprit vite qu'il s'agissait de l'aile des appartements du souverain. Elle connaissait bien les lieux, mais jamais encore n'avait-elle franchi ces corridors là.
Arrivée dans une grande anti-chambre, une porte ne tarde point à s'ouvrir et un clerc apparait, s'inclinant face à elle.
Vous devez être la barbier-chirurgien et maître-herboriste je suppose. Nous attendons que la croque-mort arrive. Et nous allons vous expliquer pourquoi nous vous avons fait mander au plus vite.
Sa Majesté n'est plus, elle nous a quitté il y a quelques heures.
La Violine regarde le clerc, la porte derrière lui et de nouveau porte ses yeux sur le religieux.
Mais s'il est décédé pourquoi m'avoir fait venir ? Vous souhaitez que je constate le décès ?
Ma fille, nous allons vous l'expliquer en temps et en heure. Patientons si vous le voulez bien.
D'une main machinale, la vicomtesse se signe. Elle est sous le choc de la nouvelle. Mais très vite, la violine opine du chef, comprenant qu'il se passe quelque chose d'inhabituel.
Attendons Dame Pelotine alors.
Les deux femmes ne se connaissent point. Mais de croque-mort, sa réputation est parvenue aux oreilles de Precio.
Patience.
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(Ernest Renan / 1823-1892 / L'Avenir de la science / 1848)
Vicomté de Lokentaz, aux aurores
Sur les terres de Lokentaz, la nouvelle qui s'ébruitait dans toute la Bretagne n'était quant à elle pas encore parvenue sur ces terres sauvages en Rhuiz. Le calme régnait sur l'immense cloître dont les vieilles pierres ressemblaient à forteresse, et le manoir habité lui, semblait somnoler.
Son époux n'était pas là, comme à son habitude sur les remparts, et elle était bien endormie encore lorsque des sabots de chevaux se firent entendre dans la cour. Et un moment plus tard, voila que ça toquait à sa porte avant qu'une meschine ne fasse son entrée.
Votre Excellence ! Un homme d'arme de Retz demande à vous voir ! Vite ! c'est urgent à ce qu'il dit !
La vicomtesse est déjà assise dans son lit, les cheveux en pétard, la mine brouillée, elle dort peu en ce moment. Pourquoi ne peut-on donc pas la laisser profiter de son repos tranquillement.
Dites lui que j'arrive. Et ça ne doit pas être si urgent que cela, ce doit être mon époux qui doit transmettre message.
C'est qu'ils sont en froid depuis quelques temps. Habituée la brune, qui ne se formalise pas plus que cela de l'attitude de son époux. Toujours l'indépendance de l'un et la carrière de l'autre. Après des années on s'y fait et on apprend à vivre avec.
C'est dans une série de baîllements rapprochés qu'elle finit de se vêtir et de se coiffer avant que d'accepter de recevoir le soldat dans le petit boudoir attenant à ses appartements. Et les violines qui se fronçent en s'apercevant que l'homme porte harnois de Retz et non celui des Trente.
Qu'est-ce-que ?
Madame, je vous prie de bien vouloir me suivre.
Mais enfin que se pass..
Madame, le temps presse, j'ai ordre de vous mener à Mâchecoul auprès de notre souverain. Prenez tout votre nécessaire je vous prie.
Nul besoin d'en dire davantage. Sacoches, besaces, tout est toujours soigneusement prêt à être embarqués en cas d'urgence. Et il semblerait que cela en soit une.
Elle savait son souverain au plus mal, et sans un mot, elle enfourcha son hongre, Tonnerre, et suivit le soldat au galop. Elle était excellente cavalière, et c'est au bout d'une bonne heure mais moins de temps qu'il n'en fallait que les hauts murs de la cité se découpaient maintenant dans le matin levant.
Mâchecoul, dans le château familial des Montfort
Dans la cour elle ne put ignorer les volées de cloche qui tintaient sans discontinuer. Et c'est le visage sombre, que la Violine entra dans les lieux, commençant à comprendre ce qui se passait.
Le croyait-elle tout du moins.
On la conduisit entre maints couloirs qu'elle ne connaissait pas et pour cause, elle comprit vite qu'il s'agissait de l'aile des appartements du souverain. Elle connaissait bien les lieux, mais jamais encore n'avait-elle franchi ces corridors là.
Arrivée dans une grande anti-chambre, une porte ne tarde point à s'ouvrir et un clerc apparait, s'inclinant face à elle.
Vous devez être la barbier-chirurgien et maître-herboriste je suppose. Nous attendons que la croque-mort arrive. Et nous allons vous expliquer pourquoi nous vous avons fait mander au plus vite.
Sa Majesté n'est plus, elle nous a quitté il y a quelques heures.
La Violine regarde le clerc, la porte derrière lui et de nouveau porte ses yeux sur le religieux.
Mais s'il est décédé pourquoi m'avoir fait venir ? Vous souhaitez que je constate le décès ?
Ma fille, nous allons vous l'expliquer en temps et en heure. Patientons si vous le voulez bien.
D'une main machinale, la vicomtesse se signe. Elle est sous le choc de la nouvelle. Mais très vite, la violine opine du chef, comprenant qu'il se passe quelque chose d'inhabituel.
Attendons Dame Pelotine alors.
Les deux femmes ne se connaissent point. Mais de croque-mort, sa réputation est parvenue aux oreilles de Precio.
Patience.
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