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[RP fermé] Un coeur immortel

Preciodekerroch
"L'immortalité, c'est travailler à une œuvre éternelle."
(Ernest Renan / 1823-1892 / L'Avenir de la science / 1848)

Vicomté de Lokentaz, aux aurores

Sur les terres de Lokentaz, la nouvelle qui s'ébruitait dans toute la Bretagne n'était quant à elle pas encore parvenue sur ces terres sauvages en Rhuiz. Le calme régnait sur l'immense cloître dont les vieilles pierres ressemblaient à forteresse, et le manoir habité lui, semblait somnoler.

Son époux n'était pas là, comme à son habitude sur les remparts, et elle était bien endormie encore lorsque des sabots de chevaux se firent entendre dans la cour. Et un moment plus tard, voila que ça toquait à sa porte avant qu'une meschine ne fasse son entrée.

Votre Excellence ! Un homme d'arme de Retz demande à vous voir ! Vite ! c'est urgent à ce qu'il dit !

La vicomtesse est déjà assise dans son lit, les cheveux en pétard, la mine brouillée, elle dort peu en ce moment. Pourquoi ne peut-on donc pas la laisser profiter de son repos tranquillement.

Dites lui que j'arrive. Et ça ne doit pas être si urgent que cela, ce doit être mon époux qui doit transmettre message.

C'est qu'ils sont en froid depuis quelques temps. Habituée la brune, qui ne se formalise pas plus que cela de l'attitude de son époux. Toujours l'indépendance de l'un et la carrière de l'autre. Après des années on s'y fait et on apprend à vivre avec.

C'est dans une série de baîllements rapprochés qu'elle finit de se vêtir et de se coiffer avant que d'accepter de recevoir le soldat dans le petit boudoir attenant à ses appartements. Et les violines qui se fronçent en s'apercevant que l'homme porte harnois de Retz et non celui des Trente.

Qu'est-ce-que ?

Madame, je vous prie de bien vouloir me suivre.

Mais enfin que se pass..

Madame, le temps presse, j'ai ordre de vous mener à Mâchecoul auprès de notre souverain. Prenez tout votre nécessaire je vous prie.

Nul besoin d'en dire davantage. Sacoches, besaces, tout est toujours soigneusement prêt à être embarqués en cas d'urgence. Et il semblerait que cela en soit une.

Elle savait son souverain au plus mal, et sans un mot, elle enfourcha son hongre, Tonnerre, et suivit le soldat au galop. Elle était excellente cavalière, et c'est au bout d'une bonne heure mais moins de temps qu'il n'en fallait que les hauts murs de la cité se découpaient maintenant dans le matin levant.

Mâchecoul, dans le château familial des Montfort

Dans la cour elle ne put ignorer les volées de cloche qui tintaient sans discontinuer. Et c'est le visage sombre, que la Violine entra dans les lieux, commençant à comprendre ce qui se passait.

Le croyait-elle tout du moins.

On la conduisit entre maints couloirs qu'elle ne connaissait pas et pour cause, elle comprit vite qu'il s'agissait de l'aile des appartements du souverain. Elle connaissait bien les lieux, mais jamais encore n'avait-elle franchi ces corridors là.

Arrivée dans une grande anti-chambre, une porte ne tarde point à s'ouvrir et un clerc apparait, s'inclinant face à elle.

Vous devez être la barbier-chirurgien et maître-herboriste je suppose. Nous attendons que la croque-mort arrive. Et nous allons vous expliquer pourquoi nous vous avons fait mander au plus vite.

Sa Majesté n'est plus, elle nous a quitté il y a quelques heures.


La Violine regarde le clerc, la porte derrière lui et de nouveau porte ses yeux sur le religieux.

Mais s'il est décédé pourquoi m'avoir fait venir ? Vous souhaitez que je constate le décès ?

Ma fille, nous allons vous l'expliquer en temps et en heure. Patientons si vous le voulez bien.

D'une main machinale, la vicomtesse se signe. Elle est sous le choc de la nouvelle. Mais très vite, la violine opine du chef, comprenant qu'il se passe quelque chose d'inhabituel.

Attendons Dame Pelotine alors.

Les deux femmes ne se connaissent point. Mais de croque-mort, sa réputation est parvenue aux oreilles de Precio.

Patience.

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Pelotine.
Un réputation qu'elle ne pensait point aussi répandue.
Elle aussi on l'avait mandé , sans guère lui expliquer ce qu'elle allait devoir faire , en quoi elle serait utile , car la mort du Grand Duc , ça elle était au courant , mais le rôle qu'elle allait avoir vis a vis de sa dépouille aucunement.
La croquemort n'avait jamais eu un "client" aussi influent , elle se contenté d'enterrer les quelques nouveaux nés et leur mère mortes en couches , les brigands lacérés en pleine nuit ou bien les pauvres gueux morts de faim et de froid en pleine nuit.
Mais la ! Elfyn de Montfort , n'était pas le premier gueux , le premier bouseux venu et il était évident que l'on appelait guère Pelotine afin de le jeter dans un trou fait a la va vite.

Une fois sur place a Mâchecoul , le château familial des Montfort , elle ne se sent pas a l'aise , non pas qu'elle n'apprécie pas les Montfort non , elle est amie avec bon nombre d'entre eux , mais plutôt parce qu'elle n'a pas l'habitude d'être dans des lieux si luxueux.
Son père était décédé il y a peu , lui laissant la charge d'un château bien moins imposant , et ses propres possession , sa seigneurie en Concoret n'égalait pas non plus la majestuosité du domaine ou elle mettait aujourd'hui les pieds.

La jeune fossoyeuse pénètre dans une salle ou se trouve deja Précio , qu'elle ne connait que de nom , et par sa fille aussi qui lui a deja commandé une fresque.
D'un léger signe de tête elle lui donne le bonjour , patientant avec elle , dans le silence.
On allait certainement bientôt leur expliquer ce qui allait leur être demandé.

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Clodeweck
Laissant son secrétaire accueillir les personnes qu'il avait fait mandé, le primat était resté en recul dans un coin de la pièce, dans l'ombre.
Il avait fait descendre la dépouille dans les souterrains de Mâchecoul afin que la fraicheur retarde un peu l’œuvre de la nature.
Mais le temps pressait.
Le père Courtin avait déjà accueilli Preciodekerroch, il ne restait plus qu'à attendre Pelotine.

Il fallait que l’œuvre fut achevée avant dimanche, c'était indispensable.

Il ne bougea pas.
Il avait chargé dom Courtin d'expliquer aux deux jeunes femmes ce qu'elles auraient à faire. Lui n'était là qu’en tant que "grand témoin". L'affaire était d'importance.
Personne ne devrait pouvoir contester la véracité des faits, de ce qui allait être réalisé ici, dans les souterrains de Mâchecoul.

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Maellia_de_kerroch
Les yeux encore endormis, elle s'étire de tout son long se demandant ce qu'il pouvait bien se passer.
La jeune fille enfile une longue chemise de nuit puis sur la pointe des pieds sort de la chambre essayant de faire le moins de bruit possible.
La porte de la chambre comme à son habitude grince, un murmure.

- Maudite porte.

Un regard à gauche un regard à droite. Elle entend la voix de sa Mère.
Maellia se précipite vers la rembarde en se hissant sur la pointe des pieds pour regarder ce qu'il se passait en bas.
Un homme, portant le blason de Père. Mère qui s'affole, elle court.
Le coeur de la petite bat la chamade. Père? Un malheur? une embuscade?
Elle secoue la tête, non sa Mère serait venue la chercher.
Mille et une questions, sans réponse pour l'instant. Elle décide de vite s'habiller, se préparer et interroger Paddy sur le champs !

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Preciodekerroch
Dans les souterrains de Mâchecoul

Pelotine était arrivée. Les deux jeunes femmes se saluent posément, mais aucun sourire ne plâne dans les lieux. Drôle de circonstance pour une rencontre.

Le clerc, toujours silencieux, leur fait signe de les suivre. Et un moment plus tard, ce n'est plus des marches qu'elles grimpent, mais elles sont en train de descendre dans les entrailles de la forteresse de Mâchecoul.

L'air qui s'y engouffre est frais. L'humidité se fait ressentir. Ah cette moiteur ! Il s'agissait plus de l'air vicié et doucereux de la mort que l'on isole sous une nef de pierre que de l'âtre d'un chaleureux foyer. Se tenant assez près du mur pour pouvoir s'y retenir s'y jamais elle se sentait glisser. Elle connaissait fort bien les catacombes du cloître de Lokentaz, mais s'armait toujours de prudence lorsqu'il lui fallait s'y rendre, le lieu étant bien moins fréquenté que le reste du domaine. Mais cet endroit là était encore plus effrayant que les recoins les plus sombres du cloître.

Le sous-sol de la forteresse semblait être un véritable labyrinthe de corridors creusés à une époque fort lointaine, et qui permettait, à première vue, de se rejoindre depuis divers endroits de la cité de Mâchecoul.

Enfin le clerc s'arrêta.

Precio en fit autant, et attendit que celui-ci fasse enfin état du mystère dans lequel les deux jeunes femmes étaient plongées.

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Pelotine.
Oh , elle avait bien l'habitude des endroits ... comment dire ? Glauques ... son cimetière était d'ailleurs le premier qui lui venait en tête. Mais ici ... il fallait dire que l'ambiance participait grandement a ce malaise naissant dans ce genre de lieux.
Malaise que la vassale de Riwan aimait ressentir , allez savoir pourquoi ? Pelotine aimait se sentir mal , elle se sentait vivre a travers la tristesse , le mal être et la mort , tout cela lui apportait parfois un sentiment d’apaisement qu'elle recherchait tant depuis bon nombre d'années.

Les marches de l'escalier semblaient être des milliers , les jambes de Pelotine tremblaient , il fallait dire que ce silence intense était plus qu'intimidant , et la fatigue du trajet se faisait deja ressentir , frêle jeune femme qu'elle était , il lui en fallait peu pour son corps ne parvienne plus a tenir malgré un esprit fort et endurant.

Ils s'arrêtèrent , laissant encore planer le mystère de leur venue , quelques instants.
L'aînée des Salaün observe les personnes présentes , toutes ont cet air grave qui fait que l'on ne peut se permettre d'intervenir sans en avoir l'autorisation.
Elle patiente donc.

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Maellia_de_kerroch
Le vieux Paddy devait encore dormir, il ne répondrait sûrement pas à mes questions.
Mère s'en allait, elle était pressée, mais où pouvait-elle bien partir à une heure si tôt du matin alors que le coq ne chantait pas encore.
Maellia, curieuse enfilait une cape noire, son armure, elle se signe devant la croix dans sa chambre.


- En route !

La jeune fille se faufilait dehors, à distance raisonnable elle filtrait sa mère, dans la pénombre parfois elle attendait qu'ils prennent de l'avance puis elle continuait, tentant de les tenir à distance puis parfois hâtant son pas.
Elle ferait presque une bonne guerrière, mais non ce n'était pas son envie, elle, elle adorait pister les gens ou les animaux et là pour le moment elle traquait sa Mère afin de savoir pourquoi elle s'en allait sans la prévenir.

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Preciodekerroch
Dans les souterrains de Mâchecoul

Precio commençait vraiment à se demander ce qu'elle faisait là, et ses doigts s'agrippaient nerveusement à sa besace lorsque le clerc surgit au-devant d'elles. Sursaut de la jeune femme qui ne s'y attendait pas. Un clerc ça a le don de vous arriver soudainement sans un bruit et de vous faire frissonner. Les lieux n'étaient déjà pas bien réjouissants en eux-mêmes.

Mes filles, je suis Dom Courtin, le secrétaire de son Eminence. Si nous vous avons conviées en ces lieux c'est pour une tâche bien précise.

La mine est on ne peut plus sérieuse et sombre et Precio se sent happée par le regard du clerc.

Sa Majesté n'est plus. Néanmoins, la Primatie a accordé son autorisation à une manoeuvre fort délicate. Celle d'extraire le coeur de Sa Majesté et de procéder à un embaumement.

Un regard sur Precio.

Ma fille, nous connaissons votre diligence et votre professionnalisme, à ce titre là nous vous confions la tâche ardue d'ôter le coeur de votre souverain.

Un regard sur Pelotine.

Ma fille, à vous , revient la délicate tâche de l'embaumement de la relique, nous sommes assurés de part votre réputation que cela sera effectué avec soin.

Silence dans les souterrains.

Precio regarde Pelotine, déglutit tout en assimilant ce qu'on lui demande et se tourne vers le secrétaire.

Il en sera donc ainsi fait.

Elle attend donc d'être conduite auprès de la dépouille Grand-Ducale afin de se mettre à l'oeuvre.

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Pelotine.
Déglutir , c'est tout ce qu'elle parvint a faire dans un premier temps.
Non le travail proposé ne l'angoissait pas , ne l'écoeurait pas non plus , mais c'était l'erreur , l'échec qui l'effrayait.
Ne pas parvenir a embaumer le coeur du Grand Duc serait une catastrophe , pour elle bien sur mais pour les Montfort aussi.Il lui fallait se préparer a tout cela.

Un regard vers Precio , la complicité allait être de mise bientôt.

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Taliesyn_de_montfort
Il passait son temps sur les routes, fatigué, maussade et énervé de ce qu'il avait pu voir au retour de l'atelier du Maître Orfèvre où il avait fait passé commande.

Sur la place publique, les mêmes qui avaient passé leur temps à critiquer son père, dès les premières heures de son règne était là à le maudire, à le conspuer et à diffamer sur ses actes, alors qu'il y'a peu de jours il s'éteignait.

Arrivant à vive allure dans la cour du Chateau Montfort, il fonçait en direction de l'entrée, deux cavaliers le suivant. Dans l'élan il se laisse glisser sur le flanc du cheval lâchant les rênes pour les laisser à l'écuyer allant à sa rencontre.

Se retournant pour attraper le ballot accroché à l'arrière de la selle de son cheval, il fonce à l'intérieur du logis où l'attendait son père... Descendant les marches en direction des catacombes, une torche à la main, un ballot dans l'autre main. Son baudrier lâchement ceint à sa taille laissait le fourreau de l’épée choqué les dalles des marches, amorçant un cliquetis régulier au fur et à mesure qu'il s’enfonçait. En contrebas il entendait des murmures, et un halo de lumière de plus en plus vivace, laissant penser à des sourds complots qu'il y'aurait pu avoir des années auparavant.

Arrivant devant l'étrange scène où deux femmes qu'il ne connaissait pas face au cadavre de son père, un clerc et son oncle en arrière les observaient ... et cette odeur putréfiée qui commençait à accrocher l'air.

Ses yeux restaient accroché sur le corps, il entendait qu'on lui parlait mais ne parvenait pas à écouter.

S'approchant sans un mot, sans un signe, il vint se tenir près d'elles, dépouillant le reliquaire en or du ballot. Ciselé dans l'urgence l'hermine et le cygne se confondait dans des entremêlement celtiques, laissant apparaître un texte qui avait été demandé pour honorer le grand-Duc de Bretagne.

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« Il n’y a qu’une liberté, et son nom sera toujours écrit avec les lettres du sacrifice et du deuil. »
Preciodekerroch
« Ecclesia abhorret a sanguine »

Son regard capte alors qu'elle s'approche de l'endroit où est déposé le corps la silhouette du primat. Elle ralentit quelque peu alors qu'elle s'approche de lui, s'agenouillant pour venir baiser l'anneau, le saluant ensuite.

Elle ne pensait pas le voir en ces lieux. Et il y avait longtemps qu'elle ne l'avait croisé. Mais elle se souvient. Des longues conversations qu'elle aimait à avoir avec le frère du Grand-Duc. Quant au Roué. Si son époux l'avait régulièrement approché, le souvenir qui l'a marqué elle, commence à dater. Ost de Retz sous une tente alors qu'elle venait d'épouser Lanceor depuis peu. Un repas. Elle s'en souvient comme si c'était hier. Le Maréchal de Bretagne était là avec sa fiancée qui devînt plus tard son épouse Maryanna. Avec qui elle s'entendait particulièrement bien à l'époque. Et cette présence qui lui était apparu en la personne de celui qui n'était encore à l'époque que Duc de Retz. Un charisme impressionnant mais une gentillesse et simplicité dans sa façon d'être. Cette soirée et ce repas partagé en toute intimité est resté gravé dans sa mémoire. Tout comme lorsqu'ils étaient allés à son secours lorsqu'il avait été enlevé. C'est cette fois là qu'elle avait oeuvré pour la première fois à soigner les soldats de l'Ost de Retz. Souvenirs qui lui arrachent léger frisson alors que sans un mot, elle regarde le corps du Grand-Duc devant elle.

Avant de se retourner sur la jeune silhouette déterminée qui fait irruption dans les catacombes. Nul besoin pour elle de se demander qui est cet homme, la ressemblance avec son père est tellement évidente. Salutations qui se font respectueuses et de sa voix douce lui glisser quelques mots.

Je sais qu'il n'y a aucuns mots qui puissent apaiser votre douleur, Vôtre Grâce, mais je vous présente toutes nos condoléances, au nom de mon époux le Vicomte Lanceor de Kerroch, Mestre d'armes des Trente, Maréchal de Retz et de moi-même.

Et de rajouter après un léger silence.

Je suis Preciosa de Kerroch. Maître-herboriste et barbier-chirurgien au sein des Trente. Et je m'occupe d'un dispensaire sur Kastell-Paol et sur Roazhon.

Puis déglutissant de nouveau.

Il est temps d'oeuvrer.

Elle s'approche de la dépouille du Grand-Duc. Se dire qu'il s'agit d'un patient comme un autre. Afin que la main ne tremble pas et fasse son travail proprement.

Le souverain, dans ses dernières volontés, pria, commanda, et octroya que son coeur lui fut ôté. Coeur dont il faisait présent à son peuple breton, à ses amis et loyaux vassaux et qui serait emmené en grande pompe dans cette cité de Gwened, qu'il avait tant aimé.

Les violines glissent sur le corps du défunt. Elle s'approche de lui, dénoue les lacets de la chemise dont il est vêtu et en des gestes précis, fait glisser le tissu, sans même se trouver incommodée par l'odeur de putréfaction qui commençait à envahir les lieux, ni même dérangée par la peau atteinte par la nécrose.

Sans même se retourner, préparant avec soin ses instruments, sa voix s'élève dans le silence.

Une bassine d'eau chaude vinaigrée je vous prie et des linges propre.

Precio maitrisait parfaitement le geste d'ouverture de buste, de plus en plus proprement. Et elle espérait arracher le cœur correctement. Il ne fallait pas qu'elle l'éclate et que le sang gicle partout, ou bien qu'elle n'en arrache qu'une moitié, ce qui ne serait franchement pas la plus belle des choses à voir.

Regard qui se pose longuement sur le grand-duc. Elle sait qu'il est éteint, mais les lèvres ne peuvent s'empêcher de trembler. Arracher le coeur à un homme qu'elle a appris à estimer et à respecter. Elle n'a pas intérêt à se louper.
Le torse est désormais nu sous ses yeux. Longue inspiration. Et se saisissant du séparatoire, elle oublie le patient sur lequel elle travaille, et pratique rapidement et proprement, la lame courbe de la longueur de sa main..prêt à l'usage..

Avec la pointe du couteau, elle fit d'abord deux entailles formant un X au niveau du cœur. Ces entailles, à peu près aussi longues que l'instrument qu'elle tenait en main, assez profondes pour toucher l'os mais pas assez pour abîmer les organes et les artères. Puis, avec les doigts, elle écarta les quatre coins ainsi formés afin d'exposer la cage thoracique.

Il fallait ensuite ouvrir le chemin vers le cœur. Ella trancha d'abord délicatement le cartilage rattachant les deuxième, troisième et quatrième côtes au sternum (à gauche comme à droite, soit six côtes). Puis, utilisant la lame (placée à plat) comme levier et l'une des côtes comme point d'appui, elle retira le sternum du corps. Le cœur est à présent accessible.

Elle ne peut s'empêcher de lever un regard ému vers le visage du Grand-Duc qui repose, comme enfin apaisé. Les gestes se font alors encore plus précis et rigoureux : une sanguinaire merveille, hommage à l'âme guerrière de ce que fut le Patriarche Montfort.

L'étape cruciale, avec un mouvement circulaire de sa lame autour et en-dessous du cœur, elle trancha d'abord toutes les artères, tous les nerfs et tous les muscles reliés aux deux ventricules.

Une fois le cœur libéré de ses entraves, Ella placa la lame à plat en-dessous. Comme elle l'avait fait pour le sternum, elle utilisa le couteau comme levier pour faire sauter le cœur hors du corps. Saisissant l'organe fermement à deux mains, mais sans trop le presser: il est très glissant.

La maitre-chirurgien a perdu toute conscience de l'environnement qui l'entoure. Son esprit s'est détaché de son enveloppe charnelle pour ne faire plus qu'un avec la précision de ses doigts qui ne doivent pas faillir à cet instant.

Elle plongea ses mains dans l’épais liquide encore chaud et aux reflets profonds. Elle sent la vie qui la parcourt avec ivresse. Son sang semble en ébullition dans ses veines qui palpitent avec fureur et font échos au cœur encore tiède entre ses mains ensanglantées. Des vagues d'énergie la parcourent de tout son long au rythme de l'agonie de cet organe vital qui lui a été offert d'extraire. Son souffle se fait plus profond. La perception de ses sens sont amplifiés. Sa peau albâtre se couvre de chair de poule en un frisson. Enfin, ses yeux s'ouvrent sur deux violines irisées empreintes d'une profondeur et d'un respect infinis.

La tête se tourne alors vers le fils du Grand-Duc. C'est les yeux brouillés de larmes, que silencieuse, elle dépose avec une infinie précaution, l'organe que Pelotine va devoir embaumer dans le reliquaire en or qu'il lui tend.

L'ambiance est lourde et émouvante. Jamais encore Precio n'a pratiqué une telle intervention. Elle ne peut contenir les larmes qui roulent sur les pommettes, alors qu'elle se met en oeuvre de denteller soigneusement les chairs. Et pour parfaire le tout, elle n'hésite pas à appliquer avec largesse un onguent à base d'achillée millefeuille.

Tel qu'elle l'aurait fait sur l'un de ses patients en vie. Dernier geste de l'épouse du vicomte qui après avoir longuement nettoyé ses mains, se met en oeuvre d'habiller la dépouille et de la parer pour son dernier voyage qui aura lieu sous peu sous l'escorte des Trente.

Elle n'ose prononcer mot, tout en jetant un oeil sur Pelotine avant de lever de nouveau son regard vers le jeune duc.

Elle en a terminé.

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Clodeweck
Le cardinal bénit d'un geste la jeune femme mais resta silencieux.
Il n'était là que comme témoin.
Il regarda entrer son neveu, certes ce n'était pas le meilleur endroit pour lui. Le souvenir lui serait dans un premier temps , sans doute douloureux.

Il apprécia la précision de barbier de la jeune femme, le chirurgien avait été bien choisi.

Le travail devait continuer, le cœur serait réservé, au frais, il serait bien temps de procéder à la suite des opérations.
Il appela Dom Courtin d'un geste, et se pencha vers lui, pour lui dire quelque chose à voix basse.

Lequel Courtin écouta avec attention et alla vers Preciodekerroch pour lui signifier ce qu'il venait d'entendre.

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Preciodekerroch
Toujours silencieuse, Precio voit arriver le secrétaire du cardinal auprès d'elle.

Il faut maintenant finir de préparer le corps et le faire monter dans le dépositoir afin que les Trente puissent le mener à la chapelle ardente.

Puis il se tourne vers la Dame de Concoret.

Dame Pelotine, il vous faut maintenant embaumer le coeur.

Hochement de tête de la Violine qui semble soudainement se souvenir d'un détail. Son regard se pose sur le jeune duc et elle s'approche.

Votre grâce. Ma filleule, votre cousine, m'a chargé d'un message pour vous. Roxanne souhaite que vous accompagniez la dépouille de votre père avec le cortège des Trente.

Puis d'un sourire triste à la croque-mort.

Je termine de préparer Sa Majesté pendant que vous vous occupez de l'embaumement du coeur.

Un moment plus tard, la vicomtesse était de nouveau à l'oeuvre. Cette fois, ce ne sont pas ses instruments de chirurgie dont elle se sert mais de quelques simples. Alchimiste des senteurs, est-elle également et elle utilise son savoir à distiller des sèves, des larmes de pétales de fleurs et autres suintements végétaux pour obtenir des essences rares dont elle extrait un parfum enivrant.

C'est sous des effluves de senteur de myrrhe, qu'elle termine de revêtir son souverain et suzerain de ses plus beaux atours. A mesure qu'elle le pare, si ce n'était de le voir ainsi allongé, elle pourrait se croire de retour à son sacre. Souvenir qui la fait s'immobiliser un instant.



La jeune femme sort alors une petite bourse finement brodée d'or et d'hermine, dans laquelle elle avait récolté de la fine terre de cette Breizh, sur le sol même de Retz. Elle la dépose auprès du souverain.

Un moment plus tard, elle accompagnait le jeune duc et les clercs qui montaient la dépouille grand-ducale ainsi préparée, dans le dépositoir.

Le lit de parement l'attendait. Le Grand Maitre de l'Ordre des Trente, le Maréchal de Bretagne ainsi que le Mestre d'Armes pouvaient maintenant déposer la dépouille grand-ducale sur sa dernière couche, aidés par le jeune duc.
La gorge nouée, elle pose un regard empli de compassion sur chacun des Chevaliers et escuyers Montfort qui vont accompagner la dépouille de leur Patriarche.

Elle a terminé son rôle ice-lieu, il va maintenant lui falloir rejoindre la cathédrale de Nantes.


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Pelotine.
Le reliquaire en or est toujours entre les mains du fils a Elfyn.
Il faut a Pelotine bien du courage pour oser aller vers ce garçon - joli garçon d'ailleurs - afin de lui prendre ce qu'il y a de plus précieux dans la pièce en cet instant , l'organe qui fut vital a son père.
D'un air qui se veut naturel , mais qui ne l'est guère , elle recouvre de ses mains délicates , celles du nouveau duc de Retz , et les laisse glisser vers le reliquaire , le "prince" s'en sépare donc , laissant la croque-mort s'accaparer l'objet.

Tout les gestes de la jeune femme se font désormais avec une lenteur exagérée et désirée.
Elle ne souhaite pas perturber les personnes présentes.
Non loin du corps inerte et vidé d'Elfyn se trouve une petite table , tout les ustensiles nécessaires a l'embaumement du cœur du Grand Duc sont présents , ils avaient donc tout préparé.
Les grisailles de Pelotine se concentre sur le muscle qu'elle retire délicatement du reliquaire doré.

Ses gestes sont précis , ses mains ne tremblent pas , il ne le faut pas.
Le cœur glisse , ses doigts sont agiles , elle dépose l'organe sur un tissu en toile , délicatement elle le sèche en le tamponnant délicatement , toujours.

Voila , tout est là , les doigts ensanglantés saisissent un ustensile tranchant se trouvant a sa gauche , délicatement elle commence a ouvrir le cœur , tentant de le garder le plus intact possible.
La suite va très vite , elle vide l'organe de tout ce qui pourrait amener une décomposition , qui est , il faut le dire le contraire de ce qu'exige la famille Montfort.
Une fois vidé , le cœur est ensuite "bourré" d'aromates divers , la jeune femme ose même rajouter du vermeil , métal très précieux.

Le cœur est fin prêt il ne manque plus qu'a l'entourer du tissu en toile ou il reposait lors des opérations de Pelotine.
Emmailloté , elle le presse délicatement et le dépose a nouveau dans le reliquaire en or - nettoyé entre temps - et certainement destiné a transporter l'organe dans tout ses déplacements.

Retour vers le descendant du Grand Duc , a qui elle redonne - après avoir nettoyé ses mains - "l'urne".
Son regard plonge dans celui du jeune homme , elle savait combien il était difficile de perdre un père , le sien était parti en février dernier , laissant une orpheline inconsolable.Elle aurait aimé aider davantage Taliesyn et sa famille , mais elle ne pouvait pas grand chose hormis ce qu'elle venait d'accomplir.

Doucement , elle recule de quelques pas et tente un léger sourire , puis elle patiente , peut être auraient ils besoin d'elle pour autre chose.

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Clodeweck
C'était fini, le père sorti de l'ombre et s'approcha de son jeune neveu. Lui prenant le bras il ne lui dit qu'un seul mot.

- Viens


Puis les clercs qui avaient envahi la pièce conduisirent le jeune homme hors de la pièce; il rejoindrait plus tard les "trentes"...La relique devait être mise en sécurité.

Restant en arrière, le cardinal pris les mains des jeunes femmes l'une après l'autre, les bénit et les remercia d'un mot.

Dans le silence, il quitta la pièce à son tour...

Là, commençait l'histoire du cœur qui battit pour la Bretagne , plus haut, plus fort et plus loin qu'aucun ne l'avait jamais fait.

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