Casstiel
[Nuit du 13 au 14 décembre: Quand un ange déchu recouvre de ses ailes Blanche neige]
« Cette place est mauvaise
Nous nous regardons fixement dans l'insulte
Ce monde est abominable
Nous sommes la réponse »
(Killswitch Engage - Daylight Dies)
Ça faisait quelques jours que le jeune brun était aux anges. Comblé par la magie du hasard qui avait su lui apporter bien tant de choses dans sa vie de loup solitaire, de l'aventure à la découverte des sentiments, le trouble était présent dans sa tête, mais englouti par l'euphorie de la retrouver chaque jour à ses côtés. Les deux jeunes gens s'étaient rencontrés par un coup du sort, alors qu'à bout de forces, frigorifié par un vent polaire, il s'était réfugié dans la maison du Très-Haut, sans espérer le moindre espoir que Dieu lui tendrait la main et pourtant... Ce fut cette femme à la cape lourde et épaisse, qui le releva sans le connaitre, qui le guida sans rien attendre en retour, qui l'accompagna jusqu'à cette auberge pour qu'il puisse se réchauffer.
Sa vie se résumait d'une manière simple, des histoires de coucherie et de fuite à travers le Royaume, le goût du risque qui n'était qu'en réalité, une poussée d'adrénaline qui faisait vibrer son cur. Ne jamais s'attacher à un lieu, à une femme, profiter de chaque jour qui passe, voilà qu'elle était la devise de Casstiel à travers toutes ses histoires. Pourtant, cette rencontre avait chamboulé tous ses principes, de la même manière qu'on balaye d'un revers de la main, le flot de chope vide sur une table. D'un simple regard, d'un sourire amusé, les deux compères jouèrent de leur charme naturel pour taquiner et faire plier l'autre avec toujours cette petite flamme de désir qui s'allumait dans leurs yeux. Ils n'étaient que compagnons de voyage, souvent autour d'un feu ardent avec un godet à la main pour s'imbiber le plus possible, lutter contre le froid hivernal.
Mais qui l'aurait cru ? Parié ? Sur ce rapprochement entre cet homme, un loup solitaire et elle, sa louve, à la fois dangereuse et attirante, prête à sortir ses griffes pour vous déchiqueter le corps si vous vous en approchez de trop près.
Fou, il faut être fou pour se jeter ainsi dans la gueule du loup, sa gueule à elle alors qu'une d'une main armée de sa dague, elle pouvait mettre un terme à son existence.
Fou, Casstiel l'était et c'est ainsi, poussé par une force invisible, qu'ils devinrent des amis-amants, un aimant qui les attirait l'un à l'autre, tantôt caché la journée pour préserver leur relation discrète, tantôt étalé la nuit tombée avec le risque de se faire surprendre à tout instant, lèvre contre lèvre, échangeant un baiser passionné.
Elle lui avait promis l'aventure et il n'était pas déçu. Ils avaient quitté Loches tard dans la nuit, un long voyage dont la destination était encore inconnue, fuir, fuir loin de la Touraine disait-elle, une contrée qui semblait périlleuse à l'entendre. Elle avait vécu ici, elle s'était donnée ici par des fonctions, du moins, c'est ce qu'il semblait avoir compris lorsque son attention était portée sur sa voix et non pas sur ses courbes appétissantes.
La gueule d'ange, comme elle aimait l'appeler ainsi, fermait la marche du petit groupe, trottant tranquillement au départ sur sa monture à la robe sombre, puis dans un rythme plus infernal, des sabots qui fracassaient le sol enneigé comme un tremblement de terre, soulevant la poudreuse derrière lui pour ne laisser paraitre qu'un nuage de pellicule blanc. Il galopait, la main ferme qui agrippait la crinière noire, les pieds qui talonnaient les flancs de l'animal pour le pousser dans ses limites, une cavalcade déchaînée à travers les bois où le brun resta en alerte. Le bruissement des buissons, les craquements de bois, il était sur ses gardes sur le moindre bruit suspect qui révèlerait une présence douteuse autour d'eux.
La Vilaine finit par lui bloquer le passage, un retournement soudain qui éveilla sa curiosité, une affaire à régler comme prétexte, lui et elle alors qu'à travers l'expression de son visage, il comprit que quelque chose n'allait pas. Il ne connaissait pas son passé, elle ne connaissait pas le sien néanmoins, il y avait des signes qui ne trahissaient pas le doute, la peur ou le dégoût.
Alors il la suivit à travers la forêt, son cheval soufflait une fumée chaude et blanche de ses naseaux à travers cette atmosphère glaciale alors qu'au loin, on pouvait entendre le bruit d'une chute d'eau. Peu importe la suite, peu importe la direction prise, tous les chemins mènent à Rome après tout.
Le lendemain, c'est au camp qu'il finit par comprendre le désastre des évènements, la vie tient parfois qu'à un fil, si fin et si fragile qu'il peut rompre à tout moment. Ce fut le cas ici lorsqu'une armée Tourangelle attaqua un groupe d'hommes et femmes, un groupe des Memento Mori. La Blanche était avec eux, une jeune fille généralement enjouée dont il put le remarquer à travers le peu de rencontres en sa compagnie, mais ce jour-là, jamais, jamais Casstiel n'oublierait ce visage abattu, marqué par une nouvelle désastreuse.
Il n'y avait rien de plus terrible que de voir la souffrance sur le visage d'une fille, lorsqu'on apprend que son Père était l'une des victimes de l'attaque.
Touraine, politique étrange que de s'en prendre à des gens du peuple alors que la force d'un Comté réside normalement sur l'union de son peuple.
L'ange déchu montra un signe de son côté bestial, un regard sombre comme si maintenant, il venait de trouver une raison de chasser, les crocs prêts à se planter sur une dépouille. Un loup solitaire qui finit au final par se trouver une meute, une meute à laquelle on ne devait pas toucher sans en subir derrière les conséquences.
Il observa Kahhlan et lui souffla à l'oreille :
N'aie crainte, jeune Blanche, nous te préserverons d'eux, oui avec nous, tu garderas l'image d'un monde aussi pure que la neige.
Malgré son corps d'adulte, la vision qu'il voyait d'elle restait celle d'une jeune enfant, pourquoi ? Ça, il ne le savait pas, peut-être qu'elle lui rappelait cette sur perdue, comme un grand frère qui veillait sur la sécurité des siens.
L'ordure qu'il était, à en croire certains, avait tout de même un cur, du moins il le montrait quand il éprouvait le besoin de le faire.
C'est ainsi qu'ils levèrent le camp, déterminés à escorter cette jeune fille innocente auprès de son Père blessé, le cur remplit de rage, un goût amer dans la bouche qui sonne la vengeance.
Oui, le sang appelle le sang.
« Cette place est mauvaise
Nous nous regardons fixement dans l'insulte
Ce monde est abominable
Nous sommes la réponse »
(Killswitch Engage - Daylight Dies)
Ça faisait quelques jours que le jeune brun était aux anges. Comblé par la magie du hasard qui avait su lui apporter bien tant de choses dans sa vie de loup solitaire, de l'aventure à la découverte des sentiments, le trouble était présent dans sa tête, mais englouti par l'euphorie de la retrouver chaque jour à ses côtés. Les deux jeunes gens s'étaient rencontrés par un coup du sort, alors qu'à bout de forces, frigorifié par un vent polaire, il s'était réfugié dans la maison du Très-Haut, sans espérer le moindre espoir que Dieu lui tendrait la main et pourtant... Ce fut cette femme à la cape lourde et épaisse, qui le releva sans le connaitre, qui le guida sans rien attendre en retour, qui l'accompagna jusqu'à cette auberge pour qu'il puisse se réchauffer.
Sa vie se résumait d'une manière simple, des histoires de coucherie et de fuite à travers le Royaume, le goût du risque qui n'était qu'en réalité, une poussée d'adrénaline qui faisait vibrer son cur. Ne jamais s'attacher à un lieu, à une femme, profiter de chaque jour qui passe, voilà qu'elle était la devise de Casstiel à travers toutes ses histoires. Pourtant, cette rencontre avait chamboulé tous ses principes, de la même manière qu'on balaye d'un revers de la main, le flot de chope vide sur une table. D'un simple regard, d'un sourire amusé, les deux compères jouèrent de leur charme naturel pour taquiner et faire plier l'autre avec toujours cette petite flamme de désir qui s'allumait dans leurs yeux. Ils n'étaient que compagnons de voyage, souvent autour d'un feu ardent avec un godet à la main pour s'imbiber le plus possible, lutter contre le froid hivernal.
Mais qui l'aurait cru ? Parié ? Sur ce rapprochement entre cet homme, un loup solitaire et elle, sa louve, à la fois dangereuse et attirante, prête à sortir ses griffes pour vous déchiqueter le corps si vous vous en approchez de trop près.
Fou, il faut être fou pour se jeter ainsi dans la gueule du loup, sa gueule à elle alors qu'une d'une main armée de sa dague, elle pouvait mettre un terme à son existence.
Fou, Casstiel l'était et c'est ainsi, poussé par une force invisible, qu'ils devinrent des amis-amants, un aimant qui les attirait l'un à l'autre, tantôt caché la journée pour préserver leur relation discrète, tantôt étalé la nuit tombée avec le risque de se faire surprendre à tout instant, lèvre contre lèvre, échangeant un baiser passionné.
Elle lui avait promis l'aventure et il n'était pas déçu. Ils avaient quitté Loches tard dans la nuit, un long voyage dont la destination était encore inconnue, fuir, fuir loin de la Touraine disait-elle, une contrée qui semblait périlleuse à l'entendre. Elle avait vécu ici, elle s'était donnée ici par des fonctions, du moins, c'est ce qu'il semblait avoir compris lorsque son attention était portée sur sa voix et non pas sur ses courbes appétissantes.
La gueule d'ange, comme elle aimait l'appeler ainsi, fermait la marche du petit groupe, trottant tranquillement au départ sur sa monture à la robe sombre, puis dans un rythme plus infernal, des sabots qui fracassaient le sol enneigé comme un tremblement de terre, soulevant la poudreuse derrière lui pour ne laisser paraitre qu'un nuage de pellicule blanc. Il galopait, la main ferme qui agrippait la crinière noire, les pieds qui talonnaient les flancs de l'animal pour le pousser dans ses limites, une cavalcade déchaînée à travers les bois où le brun resta en alerte. Le bruissement des buissons, les craquements de bois, il était sur ses gardes sur le moindre bruit suspect qui révèlerait une présence douteuse autour d'eux.
La Vilaine finit par lui bloquer le passage, un retournement soudain qui éveilla sa curiosité, une affaire à régler comme prétexte, lui et elle alors qu'à travers l'expression de son visage, il comprit que quelque chose n'allait pas. Il ne connaissait pas son passé, elle ne connaissait pas le sien néanmoins, il y avait des signes qui ne trahissaient pas le doute, la peur ou le dégoût.
Alors il la suivit à travers la forêt, son cheval soufflait une fumée chaude et blanche de ses naseaux à travers cette atmosphère glaciale alors qu'au loin, on pouvait entendre le bruit d'une chute d'eau. Peu importe la suite, peu importe la direction prise, tous les chemins mènent à Rome après tout.
Le lendemain, c'est au camp qu'il finit par comprendre le désastre des évènements, la vie tient parfois qu'à un fil, si fin et si fragile qu'il peut rompre à tout moment. Ce fut le cas ici lorsqu'une armée Tourangelle attaqua un groupe d'hommes et femmes, un groupe des Memento Mori. La Blanche était avec eux, une jeune fille généralement enjouée dont il put le remarquer à travers le peu de rencontres en sa compagnie, mais ce jour-là, jamais, jamais Casstiel n'oublierait ce visage abattu, marqué par une nouvelle désastreuse.
Il n'y avait rien de plus terrible que de voir la souffrance sur le visage d'une fille, lorsqu'on apprend que son Père était l'une des victimes de l'attaque.
Touraine, politique étrange que de s'en prendre à des gens du peuple alors que la force d'un Comté réside normalement sur l'union de son peuple.
L'ange déchu montra un signe de son côté bestial, un regard sombre comme si maintenant, il venait de trouver une raison de chasser, les crocs prêts à se planter sur une dépouille. Un loup solitaire qui finit au final par se trouver une meute, une meute à laquelle on ne devait pas toucher sans en subir derrière les conséquences.
Il observa Kahhlan et lui souffla à l'oreille :
N'aie crainte, jeune Blanche, nous te préserverons d'eux, oui avec nous, tu garderas l'image d'un monde aussi pure que la neige.
Malgré son corps d'adulte, la vision qu'il voyait d'elle restait celle d'une jeune enfant, pourquoi ? Ça, il ne le savait pas, peut-être qu'elle lui rappelait cette sur perdue, comme un grand frère qui veillait sur la sécurité des siens.
L'ordure qu'il était, à en croire certains, avait tout de même un cur, du moins il le montrait quand il éprouvait le besoin de le faire.
C'est ainsi qu'ils levèrent le camp, déterminés à escorter cette jeune fille innocente auprès de son Père blessé, le cur remplit de rage, un goût amer dans la bouche qui sonne la vengeance.
Oui, le sang appelle le sang.