Hembert_le_douanier
Gratte-papier sans prétention, Hembert ne refuse jamais un emploi supplémentaire. Travailler plus pour gagner plus qu'il parait. Bon la solde n'avait jamais augmenté, mais c'était un autre débat. Pour l'heure, il allait remettre un plis important au vicomte de Cosnac, reçu peu de temps auparavant. En cette mi-octobre, le soleil s'attardait et narguait les champs semés d'herbes folles.
Le premier billet était bref, informant Felix qu'il s'agissait de la suite de l'affaire en cours. Il accompagnait une longue lettre.
Le premier billet était bref, informant Felix qu'il s'agissait de la suite de l'affaire en cours. Il accompagnait une longue lettre.
Citation:
De Line de Gerfault, Baronne de la Rochecorbon à
Agnès de Saint Just, dicte Montjoye, Roy d'Armes de France,
Dame, je me permets de prendre la plume afin de vous entretenir d’une affaire touchant à une succession tourangelle, celle de Pierre du Val de Loire, duc de Montlouis et d’Azay-le-Ridel, pair émérite de France. Je ne vous cache pas être la fiancée de ce grand homme depuis l’année 1458, les aléas des guerres et autres blessures ne nous ayant jamais permis d’organiser les noces. C’est donc en tant que promise d’un homme vivant et non folle attachée à un cadavre que je vous entretiens.
A la fin du printemps précédent, j’ai dû me résigner une fois de plus à quitter la Touraine pour les affaires militaires au sein de l’ost du prince de Pontoise. Résignation, oui, parce qu’une fois de plus le devoir m’obligeait à laisser mon promis au monastère où il achevait une longue convalescence du fait de vilaines blessures reçues au cours des guerres menées pour la Touraine et le Royaume. Malgré mon cœur gros, je partais avec l’assurance d’une sécurité autour de la personne de mon promis puisque le monastère se trouvait sur nos terres et que mon suzerain le duc de Touraine est garant de ses frontières.
Vous n’êtes pas sans savoir que la Touraine a subi au cours de l’été suivant une incursion angevine qui a semé bien des déprédations sur les terres de mon cher duché. Servant contre l’Empire au fin fond de la Franche-Comté, je n’ai pas pu répondre au ban levé en Touraine autrement que par la compensation et je suis arrivée trop tard pour participer au conflit. J’ai alors eu le malheur de constater que nos terres avaient été pillées et que mon fiancé avait disparu. Comme la souffrance n’aime guère être solitaire, j’ai découvert très vite que la tristesse n’était guère partagée puisque la succession du duc de Montlouis était déjà clôturée alors même que sa mort n’est pas avérée.
Or, et j’en viens au cœur du problème, l’héritière désignée se trouve être la sœur de Pierre du Val de Loire, Rhiana de Veretz, pourtant reniée et déshéritée de la main de Pierre en 1459. Cette décision me parait fort étrange et cela surtout puisqu’aucun conseil de famille n’a pu être réuni puisqu’il n’y en avait aucun d’institué. Cette prise de décision n’aurait-elle pas dû requérir l’avis des Feudataires de Touraine ? Ces différents constats me poussent à solliciter, je vous prie, votre médiation dans ce dossier. Il m’est terrible de voir les terres d’une aussi grande maison être spoliée ainsi pour satisfaire une vengeance certaine.
Dans l’attente de votre réponse, puisse Aristote vous garder,
Fait sur les routes limousines, le 4e jour d’octobre 1463
Line de Gerfault,
Agnès de Saint Just, dicte Montjoye, Roy d'Armes de France,
Dame, je me permets de prendre la plume afin de vous entretenir d’une affaire touchant à une succession tourangelle, celle de Pierre du Val de Loire, duc de Montlouis et d’Azay-le-Ridel, pair émérite de France. Je ne vous cache pas être la fiancée de ce grand homme depuis l’année 1458, les aléas des guerres et autres blessures ne nous ayant jamais permis d’organiser les noces. C’est donc en tant que promise d’un homme vivant et non folle attachée à un cadavre que je vous entretiens.
A la fin du printemps précédent, j’ai dû me résigner une fois de plus à quitter la Touraine pour les affaires militaires au sein de l’ost du prince de Pontoise. Résignation, oui, parce qu’une fois de plus le devoir m’obligeait à laisser mon promis au monastère où il achevait une longue convalescence du fait de vilaines blessures reçues au cours des guerres menées pour la Touraine et le Royaume. Malgré mon cœur gros, je partais avec l’assurance d’une sécurité autour de la personne de mon promis puisque le monastère se trouvait sur nos terres et que mon suzerain le duc de Touraine est garant de ses frontières.
Vous n’êtes pas sans savoir que la Touraine a subi au cours de l’été suivant une incursion angevine qui a semé bien des déprédations sur les terres de mon cher duché. Servant contre l’Empire au fin fond de la Franche-Comté, je n’ai pas pu répondre au ban levé en Touraine autrement que par la compensation et je suis arrivée trop tard pour participer au conflit. J’ai alors eu le malheur de constater que nos terres avaient été pillées et que mon fiancé avait disparu. Comme la souffrance n’aime guère être solitaire, j’ai découvert très vite que la tristesse n’était guère partagée puisque la succession du duc de Montlouis était déjà clôturée alors même que sa mort n’est pas avérée.
Or, et j’en viens au cœur du problème, l’héritière désignée se trouve être la sœur de Pierre du Val de Loire, Rhiana de Veretz, pourtant reniée et déshéritée de la main de Pierre en 1459. Cette décision me parait fort étrange et cela surtout puisqu’aucun conseil de famille n’a pu être réuni puisqu’il n’y en avait aucun d’institué. Cette prise de décision n’aurait-elle pas dû requérir l’avis des Feudataires de Touraine ? Ces différents constats me poussent à solliciter, je vous prie, votre médiation dans ce dossier. Il m’est terrible de voir les terres d’une aussi grande maison être spoliée ainsi pour satisfaire une vengeance certaine.
Dans l’attente de votre réponse, puisse Aristote vous garder,
Fait sur les routes limousines, le 4e jour d’octobre 1463
Line de Gerfault,
)
