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[RP] A mourir, pour mourir, je choisis l'âge tendre !

Woland_von_selenios
Il eut été plus sage il est vrai de transporté la belle dans le lit du presbytère, mais le cœur du vieux Megève s'étreint alors que la jeune femme passe ses bras autour de son cou. Il la soulève et la regarde dans les yeux avant qu'elle ne s'évanouisse :

"Par la Foi que j'ai en Christos, ma Dame, vous ne devez pas mourir. Il serait par trop injuste que la Mort, cette marâtre, fauche les jeunes pousses et laisse les vieilles ronces en paix. Par trop injuste, sur ma vie !"

Mais la jeune dame tombe inconsciente et Woland lève les yeux vers son ancien élève. Il lui fait un signe de tête et s'engage sur le chemin de sortie de la cathédrale.
Il lance à Gamalinas :


"Saint-Gervais, Synésios nous précède, il aura le temps de réveiller la maison Montjoie avant notre arrivée. Nous apportons un bien triste fardeau j'en ai peur... Est-ce quelque infection connue par toi ? Je la trouve par trop foudroyante pour être une maladie bénigne... Quel démon assez cruel a pu jeter tel maléfice à si jolie Dame ?"

Il presse le pas et peste :

"Diable de diable ! Eut-elle reçu quelque coup de sabre ou quelque arquebusade, que je l'aurai pu soigner en un rien de temps ! La peste soit des vermines et des infections !"

L'aube se lève à peine sur la capitale. Gamalinas et Woland apporte le corps inconscient d'Aélis, en même temps que le Soleil apporte le jour. Synésios court jusqu'à l'hostel des Montjoie. Raoul, dans son sommeil, cherche peut être le corps de son épouse, ou bien trouve-t-il celui d'une maitresse ? Peut être le Lézard réfléchit-il en fait devant une coupe de vin ou d'Armagnac, comme il le fait souvent à tout heure du jour et de la nuit ? C'est ce que nous apprendra la suite de cette histoire.

En attendant, Woland grogne tout ce qu'il sait des infections et cherche, mais en vain, quelque remède efficace pour cette tragique maladie.

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Gamalinas
Voila que Synésios talonnait sa bourrique. Il semblait aller si vite qu'en peu de temps il pourrait rejoindre Lausanne. Heureusement il n'avait pas à aller jusqu'à cette ville pour atteindre ses objectifs.

Pendant cela, la réponse de la Vicomtesse sembla troubler Gamalinas. De la fièvre qui arrive le soir. Rare. La malade avait des frissons, et la sueur envahissait son corps. Des symptôme de la fièvre tierce décrite par Galien, mais pas de rejet d'humeur et non matinal.

Herr Professor et son élève allèrent transporter la dame jusqu'à chez elle. Le chant du coq allait bientôt se faire entendre. Si la fièvre vient de cette nuit, cela faisait déjà plusieurs heures que la chose agissait. Le paroxysme de la fièvre venait de faire son office donc la fin devrait se faire assez vite.


-Cher Professor, l'infection est assez bizarre. On pourrait penser à la fièvre quarte de Galien, qui arrive à l'automne. C'est une fièvre intermittente qui revient tous les quatre jours. Le paroxysme semble passé, donc la fièvre va normalement perdre d'intensité. Cependant il n'y a pas de vomissement, même si la léthargie semble là. Mais il n'y a pas de tremblements violents. C'est très étrange.


Les moments qui vont arriver apporteront bien vite des réponses, des bonnes espérons.
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Père Synésios, incarné par Aelis
Werner, où se cachait-il donc celui-là ? Der Alte Artz, Medikaster ou un surnom dans ce goût là. Le vieux soigneur ne se présentait toujours pas à la porte malgré la passion que mettait l'archidiacre à marteler la porte. Une dernière fois, toujours infructueuse, et le clerc à la triste mine dû se résoudre à rebrousser chemin.

Le petit Jacquot dans ce cas... Non, non. Le jeune palefrenier au service du château s'occupait merveilleusement bien des juments des écuries ducales, mais il s'agissait d'une plus grande affaire que de faire vêler une bête. Werner, lui, avait fait un réel cursus dans les environs de Ch'route-garte. Ou quelque chose de cet acabit sentant bon le choux et les femmes négligées. On le disait même habile praticien dans la manipulation de la sangsue. Un art dans lequel il excellait tant et si bien qu'il guérissait tous les maux par ce que l'on conviendrait d'appeler une véritable Panacée. Mais encore fallait-il le trouver. Et à cette heure, l'âtre des tavernes ne rougeoyait plus.

C'est d'un pas résigné, et le visage écrasé par le chagrin qu'il remonta la rue de la Clé. Au sol, les immondices gluants faisaient déraper son pas et les bourrasques venaient siffler dans sa soutane en se faufilant entre les carrefours glacés. Une vraie nuit du Diable !
Il s'en voulut aussitôt de cette pensée car cette veillée avait déjà tous les relents d'une nuit où l'on pleure, frissonne et perd espoir.

Encore quelques mètres avant de tourner sur le chemin en direction du chalet de l'herboriste. Mais c'est bien sûr ! Dans la confusion des émotions et le devoir d'annoncer l'agonie à Montjoye, Synésios en avait oublié l'éventualité du botaniste écorché.

Comme électrisé, l'archidiacre se mit soudain à courir en direction du logis du Chevalier non sans renverser du coude quelques mottes de pailles ou marcher dans le lisier encore tiède. C'est pestant contre l'odeur tenace émanant de sous ses pieds qu'il hurla à la porte de Labarre :


- Par la grâce de tous vos dieux, Guilmord, sauvez notre Aélis ! Suivi d'un assaut de coups de poings contre la porte.
Guilmord de LaBarre, incarné par Aelis
L'alchimiste s'occupait le cerveau et passait ses nerfs dans son laboratoire. Hernest, le majordome, accouru pour recevoir le visiteur tardif. Il lui ouvrit, une doloire à portée de main – c'est que le maitre à quelques ennemis – il reconnut le cureton et l'invita prestement à aller voir le maitre des lieux.

-" mon seigneur, votre marieur est ici et à ça mine il est dans l'embarra! C'est au sujet de Dame Montjoie. "
Voilà ce que redoutait Guilmord et cela arrivais bien trop tôt…

Le botaniste, sur un siège, dos à la porte, réajusta son masque de nacre tout en se retournant lentement, laissant apparaitre un visage de cire inexpressif. Bien sûr ceci n'était qu'une feinte, en dedans il était bouleverser voir paniquer.


-" Bien, mon ami, pourriez-vous m'exposer le problème… je suppose qu'elle doit être souffrante, sinon vous n'auriez pas besoin de mes service… si c'est bien cela décrivez moi en détails les maux qui l'affecte."

Guilmord ouvrit une grande sacoche et se prépara à la remplir selon les dire de l'archidiacre. Mais une fois de plus ceci n'était que pour donner le change, il savait que trop bien quoi faire : RIEN et ATTENDRE…
Roi-lezard
Pendant ce temps là, résidence des Montjoye



La Vicomtesse avait quitté les lieux depuis belle lurette déjà. Bientôt sans doute allait retentir depuis la cour le coutumier chant du coq, annonçant le nouveau jour comme chaque matin. Seul le bruit d'une respiration profonde et lente se faisait entendre dans l'intimité feutrée de la chambre du couple de Châtelains. Le feu n'avait cessé un seul instant de crépiter dans l'âtre, tout au long de la nuit, et partout dans la pièce régnait désormais une atmosphère lourde et pesante.

Rien ni personne n'avait jusqu'alors été tirer de son sommeil le ténébreux Sire de Montjoye. Celui-ci, dormant à poings fermés, semblait s'être laissé emporté à nouveau, glissant peu à peu autant qu'inexorablement, bien loin du rivage déjà passablement érodé de sa pensée consciente et vers un océan plus sombre et plus profond encore, par delà les marées intérieures, celui agité ou se déverse avec fracas l'écume des vagues déferlantes que peuvent parfois abreuver les craintes les plus secrètes de l'homme.

Tandis qu'au dehors son épouse, à mesure que le poison se frayait de manière irréversible son chemin à travers son sang, se sentait de plus en plus transie par une froidure glaciale ; icelieu ce furent à contrario le brasier des rêveries infernales du Duc doublé de la chaleur devenant sournoisement étouffante de la chambrée qui achevèrent bientôt de faire perler la sueur le long des tempes battantes du Condottiere. Le rythme des battements de son coeur allait considérablement augmentant, tandis que ses inspirations se firent parfois saccadées à mesure que ses poings se resserraient doucement tout d'abord et puis jusqu'à la frénésie sur le crin de la peau de bête qui recouvrait son corps bientôt bouillonnant.

Dans les tréfonds du cerveau reptilien se déroulait alors en songe, ce qui s'apparentait à une impitoyable bataille, mais qui n'était rien d'autre en fait qu'un rêve au creux d'un autre rêve ...

Messire crut se réveiller au fond d'une sombre caverne ou s'affrontaient les forces de deux créatures mythiques, et qu'ainsi il se trouvait bien malgré-lui mêlé à l'issue de cette lutte terrible, et qu'il dut pour cela faire son choix entre les deux camps. Le courage d'un Lion majestueux s'opposait là au souffle mortel d'un Dragon au regard perçant. Le Chevalier, pris au dépourvu dans la fournaise, se rua comme il le put dans la fureur du duel, se cramponnant instinctivement à la crinière du Lion qu'il monta pareillement à un coursier, et tandis que la bête bondit vers l'ennemi, voyant que le Dragon s'apprêtait à la riposte en chargeant ses pleins poumons de souffre, prêt à rôtir le larron à la volée, le chevalier en danger eut alors un geste brusque afin de se protéger derrière son écu, il lui sembla que le Lion buta sur quelque obstacle, quand ...


" Scchhhkkllanng ! "


Un bruit infernal réveilla Messire de Montjoye, qui avait bondi aussitôt et nu hors de sa couche. Le geste brusque de son sommeil était allé par mégarde frapper contre un chandelier qui venait de percuter le sol de pierre et menaçait de mettre feu à un tapis.

Après avoir étouffé le départ d'incendie en étalant au-dessus la lourde peau de bête, Montjoye avait eu le temps de retrouver tous ses esprits. Il remarqua l'absence inexpliquée de son épouse, nota également qu'elle avait soigneusement rangé sa cruche de vin, que cette dernière était malheureusement presque vide, mais surtout qu'Aélis avait visiblement enfilé quelques vêtures dans la précipitation avant de quitter les lieux, car il trouva ses affaires inhabituellement dérangées ...

Voilà qui était suffisant pour susciter l'inquiétude de l'époux qu'il était. Prestement il revêtit quelques atours choisis avec un froid pragmatisme ; le strict nécessaire pour une sortie de braconne nocturne. Une dague vint épouser un creux dissimulé sur une de ses bottes, tandis qu'une autre pendait plus en évidence à son ceinturon, et voilà le Duc engagé d'un pas alerte à travers les couloirs de la maison.

Montjoye n'avait pas volé la réputation qui le disait fin chasseur et aussitôt s'empressa t'il de le démontrer. Une fois le tour de maisonnée effectué en hâte, messire avait eu le réflexe de s'en aller quérir parmi ses chiens celui qui était réputé comme étant le meilleur pisteur, et après avoir fait humer un châle portant le parfum de son épouse aux fines narines de la bête, un équipage de quelques cavaliers se lança sur les traces de la Vicomtesse ...
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Woland_von_selenios
Le soleil darde de ses premiers rayons les ruelles de Chambéry, l'aube qui se lève est une aube grise se dit le Professeur, alors qu'il porte la Vicomtesse avec l'aide de son ami Saint-Gervais.
Il est de ces matins qui n'apportent le soleil que pour apporter plus de lumière au malheur, mais qui ne le fait pas fuir. Il y a dans ce matin quelque chose de morne et de triste, quelque chose de lourd et d'étouffant.
La Dame a cessé de gémir dans son délire, de même que ces deux vassaux elle s'est murée dans un inquiétant silence.

Tant de questions sans réponse foisonnent dans la cervelle de Woland. Que dire à Raoul, en ramenant ainsi son épouse de bon matin ? Que faire pour guérir la belle ? Durant les années où le Professeur a été homme de guerre, il a bon nombre de fois saigné des bras, couper des jambes, appliquer emplâtres et baumes, mais sa science en la médicale matière s'arrête là. Chirurgien d'expérience, il n'a rien du médicastre, il connait des poisons sans en connaître les remèdes, il connait certaines plantes sans savoir où les trouver, il connait des maux sans les avoir vu.
L'homme qui se tient près de lui et arbore cette si vaste moustache semble être ainsi le seul capable de soigner la Vicomtesse. Woland a lu ses nombreux traités publiés par l'Université Impériale et il est fier d'avoir un jour été son professeur, mais en la matière présente Megève ne peut être qu'un assistant.

Le chemin vers l'Hostel Montjoie de Chambéry paraît long au soucieux vieillard, mais ils arrivent enfin à vue de la vaste bâtisse. Des cris de chiens semblent retentirent et des hennissements déchirent le calme étouffant de la brume matutinale.
Croyant que Synésios a bien été prévenir le Duc, le vieux Professeur pense que celui-ci monte à cheval pour venir à leur rencontre.


"Vois, Saint-Gervais ! Notre suzerain doit venir vers nous à grand renfort ! J'entends d'ici le cris des chiens et des chevaux. Mais par Dieu, pourquoi sortir les chiens pour ce malheureux jour ?"

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Roi-lezard
A peine les grilles de l'hôtel franchies par l'équipage équestre de l'implacable Sire de Montjoye, que déjà les chiens étaient devenus comme fous, bondissant et tirant sur leurs laisses, tandis que les infortunés Seigneurs de Megève et de Saint-Gervais faisaient leur apparition face aux cavaliers, portant tant bien que mal sur leurs épaules une Vicomtesse Aélis en bien mauvaise posture. La belle avait le visage livide comme la mort, ses yeux semblaient parfois se révulser au rythme d'étranges convulsions.

Le Lézard stoppa sa monture aussitôt, son regard exprimant une crainte que ses gestes froids et assurés peinèrent à masquer. D'une voix rauque, ordonna t'il à ses valets de charger son épouse sur son cheval, et de ramener les chiens au chenil avant d'ameuter tout le quartier au son des aboiements. Il quitta ses étriers ensuite, et après avoir déposé un baiser brûlant sur le front glacé d'Aélis qu'il abandonnait aux bon soins de ses valets, il questionna ses plus féaux alliés sans détours :


" Chevaliers, mes frêres, par quelle sombre diablerie vous amenez-vous aussi piteusement défaits, et ma tendre amie comme possédée par un Mal inconnu ? "


Ses bras avaient accompagné chacune de ses paroles par des gestes amples et vifs, ses muscles semblaient comme contractés et prêt à encaisser quelque coup, attitude qui en disait long sur l'état d'abattement qui menaçait d'envahir le Duc dans le cas ou un malheur devait arriver et lui enlever sa seconde épouse avec une violence semblable à la tragédie qui avait mis terme à ses premières épousailles.

Perché sur une branche morte non loin de là, un corbeau la tête légèrement penchée, lorgnait sur la scène depuis ses hauteurs dédaigneuses. Le charognard laissa retentir son cri lugubre et moqueur, avant de s'envoler et disparaître dans le bruissement d'un battement d'ailes.
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Gamalinas
-Les chiens ! ? Je ne sais Herr Professor...

Les pavés laissaient résonner le claquement des sabots et les murs propageaient par écho les aboiements. Pendant ce temps, la Vicomtesse restait inanimée. Son front devenait froid, la fièvre était passée. Normalement elle devrait se réveiller dans peu de temps et revenir doucement à la conscience. Si cela n'était pas le cas, il faudrait alors penser à autre chose qu'une fièvre.

-Le paroxysme semble fini Megêve, la fièvre retombe. Il faudra surveiller le retour de la poussée ; seul cela pourra nous indiquer dans quel cas nous nous trouvons.

Les bêtes domestiques de Montjoie arrivèrent face au cortège lugubre. La jeune Aélis encore trempée de sueur arborait l'attitude d'une poupée désarticulée. La maladie a se triste penchant qui rend d'une seconde à l'autre l'humain moins humain et pourtant elle faisait encore parti des nôtres.

Les valets de Montjoie vinrent la prendre, à peine éclairée du soleil levant et de torches vacillantes. L'aurore était incertain, le réveil une question encore sans réponses. La ville encore endormie, paisible devenait pourtant le choeur d'un étrange récital ; dont le coeur de la soliste perdait de son tintement argentin. Et là, parla Raoul.


-Que d'étrangeté votre Grâce... des signes de fièvre certes, mais inclassable, donc un diagnostique incertain ; cependant la fièvre est terminée et la Vicomtesse devrait se réveiller. Il faut l'allonger au repos et la surveiller, puis nous aviserons du traitement.


Le pire traversa l'esprit de Gamalinas sous l'envolée malsaine du porteur de mauvaise augure.
Roi-lezard
La mesnie toute entière avait bientôt été tirée de son sommeil, et l'hôtel chambérien allait voir tout ce qu'il comportait de médicastres et de prieurs mis à contribution sans relâche pour la guérison ou le salut de l'âme de la jeune Vicomtesse.

La charmante femme fut portée dans le somptueux lit à baldaquins qui avait été parfois le témoin de scènes de fièvres bien plus appréciables en comparaison avec celle mystérieuse qui s'était emparée si soudainement d'Aélis. Les hommes observaient les va et vient depuis la pièce attenante et la porte demeurée entrouverte.

Tandis qu'un exorciste allait procéder à un dépistage d'éventuel esprit malin, armé de crucifix et autres chapelets, Montjoye tentait de retrouver son sang froid en tétant avidement le goulot d'une bouteille d'Armagnac. Ses vassaux purent voir alors que sa main s'était remise à trembler nerveusement, comme si de vieux traumatismes refoulés menaçaient à tout moment de remonter à la surface, et ce ne fut qu'après avoir ingurgité toute l'entièreté de la bouteille que le Condottiere retrouva l'usage de la parole.


" Ces médicastres et autres prêtres semblent aussi désemparés les uns que les autres. Leurs regards fuyants n'augurent rien de bon mes amis ...

Peut-être que ... Avez vous songé à faire quérir le Chevalier de La Barre, sa science obscure et ses contrepoisons ? "



Ne dit-on pas qu'aux grands maux subviennent les grands remèdes ?
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Aelis
Empêtrée dans les profondeurs d'un délire intérieur, elle n'avait pas senti qu'on la couchait, l'auscultait et la manipulait de tous côtés. La moitié de Chambéry avait du être réveillée, pour sûr. Elle en ferait de même et, s'extirpant de ses songes, ouvrit doucement les paupières, alors que l'exorciste venait de déclarer forfait.

Le Vicomte était en conversation avec ses vassaux, si bien que personne ne s'en aperçut d'abord. Mais les paupières papillonnent et c'est la vieille Sally, malgré sa vue déclinante, qui s'exclama, encore plus fort que de raison puisqu'elle commençait en plus de cela à devenir totalement sourde :


- Madame se réveille !

De joie, elle attrapa la main de sa maîtresse, et poussa un cri d'effroi lorsqu'elle constata que celle-ci était glacée. Quelques mots s'échappèrent des lèvres d'Aélis, réclamant :

- De l'eau...

Sally courut s'affairer à trouver un verre de bonne eau pour Madame, tandis que sa trop blanche main avait trouvé repreneur. La jeune femme tourna son visage exsangue vers son époux, qui s'était précipité à ses côtés. Un faible sourire vint étirer ses lèvres sèches. Son souffle était faible, son corps glacé comme la mort ; elle savait qu'il s'agissait là de ses derniers instants de vie.

Elle ne pensait plus à la terreur qu'elle avait de la mort, ni à tout ce qu'elle s'apprêtait à quitter. Seulement à profiter de ces derniers moments. Rassemblant ses dernières forces, elle serra doucement sa main dans la sienne, tandis que sa voix, presque un murmure, s'élève.


- Il nous faut je crois nous dire adieu...
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Roi-lezard
" Madame se réveille ! "


Messire Raoul, pris d'un sursaut soudain, avait insouciamment laissé glisser le goulot de sa bouteille d'Armagnac qui se brisa alors avec grand fracas. Quelques gouttes d'une lie hautement alcoolisée se répandit inévitablement sur les dalles marbrées et disposées soigneusement en damier du sol de l'Hôtel, ce qui ne fut pas pour plaire à la vieille Sally qui affectionnait un certain zèle pour ce qui concernait les bonnes manières.

Le Duc avait accouru au chevet de la Vicomtesse au teint d'albâtre. Affublée d'un étrange charme morbide, sa peau blanche encore luisante de fièvre, son buste dénudé et son visage conservant néanmoins toute leur beauté, Aélis lui apparut telle une statue de Venus échappée des profondeurs de l'Antiquité.

Peut-être troublé par des pensées confuses, il était resté tout d'abord muet, tandis que recueillant en ses mains celle que son épouse lui tendait, et la baisant et soufflant dessus comme en une bien vaine tentative de réchauffer le souffle de vie qui menaçait de quitter son corps ...


" Il nous faut je crois nous dire adieu ... "


Le Condottiere éprouva alors une grande tristesse en entendant ces mots désespérés, mais quelque chose en lui ne voulait pas se résigner, et ne tolérait de laisser transparaître aucune faiblesse. Les larmes n'apportent aucune remède. Plutôt que de s'autoriser à en verser une, messire Raoul se mordit si fort la lèvre inférieure qu'une vive douleur mêlée au goût âcre du sang eut tôt fait de lui faire ravaler sa peine.

Il répondit alors à celle qu'il chérissait, de sa voix calme retrouvée :


" Je veux bien que vous jetiez ainsi quelques paroles aux cieux, c'est sans doute un beau jour pour mourir ma belle amie, mais je suis certain que Dieu souhaite garder vôtre âme encore parmi les vôtres ... "
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Aelis
Elle ne regarde pas ses yeux, par crainte d'y lire de la tristesse. Elle fixe leurs mains jointes, aussi, pour interpréter les sentiments de Raoul, elle se fie non pas à sa vue mais à son ouïe. Sa voix est calme. Elle se veut calme. Le bris de la précieuse bouteille d'Armagnac lui avait certifié qu'il n'en était rien, mais elle ne pourrait se vanter d'avoir vu son époux pleurer de son vivant, quand lui avait déjà assisté au déversement de torrents de larmes.

Elle souriait encore, ne voulant pas gâcher ces instants par de futiles paroles.

Lui dire de bien veiller sur César-Amédée ? Cela serait chose faite. Il était tout, sauf un père indigne, et s'il ne se sentait la force de l'élever tout seul, du moins saurait-il le confier à d'honnêtes gens qui sauraient lui donner une bonne éducation. Sa sœur Isys, espérait-elle, Beeky avait déjà bien trop de travail avec ses propres enfants.

Et s'il ne s'agissait pas de son fils, ce qu'elle avait de plus cher au monde, quelle recommandation pouvait-elle bien lui faire ? Aucune ne supporterait la comparaison.

Des mains, les yeux se relèvent, et vont se poser sur les vassaux, Woland et Gamalinas, restés en retrait. Peu à peu, ses doigts se desserrent de leur faible emprise sur la main de Raoul. Il sera bien entouré.

Puis ses prunelles se tournent vers Sally, qui réapparait munie d'un verre d'eau pure des montagnes. Elle ne se départit pas de son doux sourire, osant enfin regarder son époux. Il sera bien servi.

Une voix, montant depuis le couloir. "Je veux voir ma Mère !", César tentant de braver les interdits posés par une domestique. Ses paupières sont closes. Il sera bien aimé.

De loyaux amis, des serviteurs fidèles et de l'amour. Voilà quelle était sa conception du bonheur, il ne lui en avait pas fallu plus pour être heureuse, et les années de son mariage avaient été les plus belles de sa vie. Elle ne voulait plus les quitter, mais s'était résignée, rongée par le remord, et si son futur de démon, damnée à jamais pour cause de suicide, la tourmentait au plus haut point, au moins était-elle sereine quant à l'avenir des gens qui lui étaient chers.

Presque sans un soupir, elle expira.

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Roi-lezard
Le Duc, genou à terre, attendait une réponse de son épouse. Il n'osa point relâcher la douce étreinte de ses mains attentionnées. Mais aucun son ne se fit plus entendre désormais. Lentement les yeux de la Vicomtesse s'étaient clos, un sourire paisible sembla orner à nouveau ses lèvres, et puis, un dernier souffle profond vint effleurer le visage de Raoul avant qu'une immobilité parfaite ne se saisisse de la jeune épouse.

Un frisson glacial parcourut alors l'échine du Condottiere.

Un homme de guerre, ayant vécu une existence tumultueuse où la vie côtoyait si souvent la mort, accoutumé à tant de scènes de trépas, après avoir été contraint parfois-même d'achever de son bras de chers compagnons, ne pouvait ignorer ce que ce souffle signifiait.

La mort reprenait ses droits, et tout espoir du Sire de Montjoye s'évanouit. La larme qu'il avait refoulée quelques secondes plus tôt coulait désormais le long de sa joue et sans que rien ne vienne l'arrêter.

Mais il fallait se relever, le petit César Amédée déjà glissait entre les mains protectrices des valets et s'agrippait au bras de son paternel pour échapper à ses poursuivants. Le père déglutit avec difficulté, déposa un baiser d'adieu sur le front si froid déjà de la belle, un de ces baiser qu'il affectionnait tant jusqu'à ce jour funeste.

Ses premières paroles furent pour son fils, sur les épaules duquel il déposa les paumes de ses mains, le laissant observer pour la dernière fois la beauté innocente de sa mère.


" Mon fils ... Graves en ta mémoire son doux visage, et embrasses ta mère une ultime fois. Le Très Haut l'a rappelée à ses côtés, et vois comme son sourire est réjoui tandis qu'elle frappe aux portes du Paradis ...

Toute fleur se fane un jour, mais le Soleil ne finit pas de briller. C'est le signe, divin, que le temps est venu pour toi de devenir un Homme ... "



Le fils, bien que si jeune encore, n'ignorait pas le sens de ces paroles et resta digne face à la mort, versant néanmoins quelques larmes chaudes et salées en déposant quelques baisers sur les joues de celle qui l'avait mis au monde. Le temps sembla alors se suspendre, sans doute pour permettre à l'âme de la défunte de faire son dernier chemin vers un Monde meilleur.
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Pere.synesios
Les tempes bourdonnaient de l'afflux sanguin dû à la panique. Etourdi, au bord du malaise, Synésios n'en pouvait plus de rester assis à quelques centimètres du Masque. Immobile, le vent fouettant leur visage et demi, alors que Madame se mourrait. Quelle pitié ! , grogna-t-il.

Sceller les chevaux des de Labarre prenait un temps fou. Un luxe dont il n'avait pas le loisir. Pourtant Guilmord avait insisté pour qu'on attelât la charrette aux deux plus solides bêtes. Il est vrai que les ustensiles mi-diaboliques, mi-hérétiques prenaient de la place. Mais quelle folie le faisait-il se préparer avec si peu d'empressement ? Voulait-il la trouver froide ? Le Grec frissonna doublement à l'idée que la charrette servirait pour la Vicomtesse.

Elle méritait meilleur départ dans son trépas si rien était possible.
Les bourrasques toujours vigoureuses de l'Hiver lui brouillèrent un peu plus la vue. Néanmoins, les sommets du bâtiment religieux se dessinèrent enfin avant de se rapprocher à mesure régulière.

Les derniers mètres, il n'y tint plus et sauta du chariot pour courir jusqu'a la chapelle.Le temps que le médicastre arrête le véhicule, l'archidiacre revenait sur ses pas. Plus guère d'Aélis sur le sol marbré de la nef.

Le temps s’effilocha avec une cruauté cotonneuse avant que l'équipage n'arrive à la résidence des Montjoye. Il frémit. Il entrait pour la première fois dans la demeure de l'inconnu mari de sa diaconesse. Comment s'annoncer ?

-Le médicastre est là !, cria-t-il. Bien que la maisonnée fut sûrement déjà réveillée.
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Amis venez ! http://cistercien.forumactif.com/t10892-intronisations-et-ordinations-du-moi-de-mai
Premier archidiacre de Moustier
Prieur de Noirlac
Roi-lezard
La vieille Sally était partie tremblotante vers la grand porte afin d'ouvrir icelle à la visite du Père Synesios, tandis que Montjoye était resté un moment à méditer et contempler la dépouille de la Vicomtesse l'air empli de tristesse et de regrets.

Son fils était resté avec lui pendant ce temps, calquant son attitude sur celle de son paternel, les vassaux présents étaient restés stoïques et dignes. Toute la maisonnée avait été envahie soudainement par un silence venant mettre terme à l'agitation et au brouhaha qui avaient résulté du branle-bas de combat occasionné au cours de cette effroyable matinée par les allées et venues des médicastres et autres valet de Maison.

Quand le Diacre faisait son entrée dans la pièce, messire Raoul en sortait justement. Il tapa amicalement l'homme de foi sur l'épaule en le croisant, avant même que celui-ci n'ait eu le temps d'être mis au courant de la situation.

Il laissa échapper quelques mots desquels ressortait son amertume et son désespoir :


" Vous arrivez trop tard, Padre, trop tard ... "


Et le maître de maison s'était ainsi retiré au sein de la petite chapelle attenante à l'Hôtel. Là, fulminant loin des regards de ses proches, le Condottiere saisi de fureur semblait régler ses comptes avec le Très Haut, car les oreilles les plus attentives de la maisonnée purent entendre quelques cris de colère blasphématoires ainsi que le bruit sourd qu'avait fait l'imposant crucifix de la chapelle lorsqu'il fut renversé sur le sol et éclata en morceaux sous le choc.
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