Yolanda_isabel

Logée à Douetum, elle a réfléchi un temps avant de se décider tout à fait à quitter le château de son oncle pour gagner les terres de sa mère. Ce n’est pas par fainéantise qu’elle s’est abstenue jusque là, mais par crainte de voir la déchéance d’un Duché angevin laissé à la charge d’un intendant tant d’années, de plus, il lui faut prendre ses responsabilités concernant sa petite terre de Molières. En somme Yolanda Isabel grandit et de simple gamine bouffie de richesses et de présents, elle se décide enfin à devenir l’héritière ducale qu’elle est, et comme son aîné avant elle le fit pour son père, elle entend bien remettre de l’ordre dans les affaires maternelles pour le jour où la Petite Reyne d’Anjou sortirait de ses prières, fière alors de considérer le travail abattu par sa puinée. Dieu qu’il est dur d’être noble.
Et c’est ainsi, dans la voiture les menant à Chasteau-Gontier, qu’elle relit les feuillets accumulés toutes ces années, les lettres et les notes de l’intendant actuel prétextant que si tout va de mal en pis, c’est la faute de la frontière bien trop indécise entre l’Anjou et le Maine. Les mots peinent à se frayer un chemin dans le cerveau lunaire, et pourtant, il lui faut faire un effort pour sauver le château de sa mère. Rageant déjà à penser à toutes ces richesses non exploitées, tant pour le grenier à sel laissé à l’abandon alors même qu’il s’agit d’un trésor sous ses pieds, que pour les tisseuses dont on lui rapporte qu’elles n’ont pas la motivation de poursuivre ce qui a fait la renommée du duché. Elle enrage dans l’habitacle, vautrée sur la banquette qu’elle occupe avec Alix, au milieu des coussins, et les nerfs sont passés sur tout autre que la petite bretonne.
-« Ma boudig, répète après moi .. Minouche es un nan. »*
Puisque l’enfant est vouée à l’accompagner et à apprendre la lourde tâche que représente la noblesse, autant l’embarquer avec elle pour lui montrer les bases de la gestion d’un domaine. En cela, Yolanda a eu les meilleurs professeurs qui soient puisque ce sont sa marraine, Reine de France et dotée de terres plus riches les unes que les autres, et son frère, à la tête dorénavant d’un marquisat et d’un duché, qui lui ont appris comment exploiter au mieux les richesses d’une terre et à se faire respecter des serfs. Et comment ne pas dès lors se convaincre du bienfondé de ces leçons et du talent en la matière des professeurs, puisqu’autant le Lauragais que Nemours brillent par l’exploitation de la guède et du coquelicot. Ah ça, on ne l’y prendra pas, et Château-Gontier resplendirait aussi. Le coche poursuit donc son chemin, les faisant voisiner la Mayenne et ses flots paresseux. Par derrière la courtine, elle observe en silence, souriant ça et là, aux castrogontériens qui croisent son regard, analysant chaque détail qui s’offre à elle, tant les vergers que les troupeaux paissant sous la surveillance de quelques gosses. Et enfin, ils arrivent, et quand elle quitte l’habitacle du coche pour poser pied à terre, en lissant la robe de voyage noire en drap de Flandres, la main vient se saisir de celle d’Alix à côté d’elle, et entre ses lèvres, c’est un souffle qui passe à l’attention de son ami.
-« J’y arriverai jamais.. Quala mèrda.. »**
Ouais, à qui l’dis-tu..
_______________
*Ma fée .. Répète après moi .. Minouche est un nain.
** Quelle merde..
_________________

Maman Durée m'exploite.
Et c’est ainsi, dans la voiture les menant à Chasteau-Gontier, qu’elle relit les feuillets accumulés toutes ces années, les lettres et les notes de l’intendant actuel prétextant que si tout va de mal en pis, c’est la faute de la frontière bien trop indécise entre l’Anjou et le Maine. Les mots peinent à se frayer un chemin dans le cerveau lunaire, et pourtant, il lui faut faire un effort pour sauver le château de sa mère. Rageant déjà à penser à toutes ces richesses non exploitées, tant pour le grenier à sel laissé à l’abandon alors même qu’il s’agit d’un trésor sous ses pieds, que pour les tisseuses dont on lui rapporte qu’elles n’ont pas la motivation de poursuivre ce qui a fait la renommée du duché. Elle enrage dans l’habitacle, vautrée sur la banquette qu’elle occupe avec Alix, au milieu des coussins, et les nerfs sont passés sur tout autre que la petite bretonne.
-« Ma boudig, répète après moi .. Minouche es un nan. »*
Puisque l’enfant est vouée à l’accompagner et à apprendre la lourde tâche que représente la noblesse, autant l’embarquer avec elle pour lui montrer les bases de la gestion d’un domaine. En cela, Yolanda a eu les meilleurs professeurs qui soient puisque ce sont sa marraine, Reine de France et dotée de terres plus riches les unes que les autres, et son frère, à la tête dorénavant d’un marquisat et d’un duché, qui lui ont appris comment exploiter au mieux les richesses d’une terre et à se faire respecter des serfs. Et comment ne pas dès lors se convaincre du bienfondé de ces leçons et du talent en la matière des professeurs, puisqu’autant le Lauragais que Nemours brillent par l’exploitation de la guède et du coquelicot. Ah ça, on ne l’y prendra pas, et Château-Gontier resplendirait aussi. Le coche poursuit donc son chemin, les faisant voisiner la Mayenne et ses flots paresseux. Par derrière la courtine, elle observe en silence, souriant ça et là, aux castrogontériens qui croisent son regard, analysant chaque détail qui s’offre à elle, tant les vergers que les troupeaux paissant sous la surveillance de quelques gosses. Et enfin, ils arrivent, et quand elle quitte l’habitacle du coche pour poser pied à terre, en lissant la robe de voyage noire en drap de Flandres, la main vient se saisir de celle d’Alix à côté d’elle, et entre ses lèvres, c’est un souffle qui passe à l’attention de son ami.
-« J’y arriverai jamais.. Quala mèrda.. »**
Ouais, à qui l’dis-tu..
_______________
*Ma fée .. Répète après moi .. Minouche est un nain.
** Quelle merde..
_________________

Maman Durée m'exploite.