Myiukihanakoba
- Myiuki marchait vivement sur le chemin de terre boueuse menant au centre ville de Nakatsugawa. Sa maisonnette était assez éloignée et même si elle ne vivait pas non plus en dehors de la cité, où les brigands troussaient et détroussaient à peu près tout ce qui leur tombait entre les mains, elle n'était pas non plus très rassurée d'être seule dans les rues à la nuit tombante. Tournant au coin d'une large rue, elle croisa en baissant vivement les yeux un homme d'un certain âge, à l'air vénérable.
Mais il fallait se méfier d'à peu près tout le monde de nos jours. C'est ce que ses parents lui avaient sans cesse répété du temps où elle habitait encore chez eux, à Niimo. Mais à force d'avoir trop bien suivit cette règle, elle n'avait jamais rencontré un homme capable de la chavirer au point qu'elle voudrait l'épouser ou même l'aimer et l'attendre. Elle devait l'avouer... Elle avait quand même un peu peur d'eux. Sans savoir réellement pourquoi. Et elle s'en mordait les doigts tous les jours sans toutefois parvenir à surmonter sa frayeur.
Se dirigeant dans les rues qui s'assombrissaient peu à peu grâce aux rires qu'elle entendait et qui venaient de la gargote où elle souhaitait se rendre, elle s'autorisa un petit sourire avant d'entrer. Essuyant ses pieds qu'elle avait nus par manque dans sa garde-robe d'une paire de zoris ou de chikatabis. Elle avait donc gardé ses tabis à la main pour ne pas les salir et les enfila une fois ses pieds propres et ce, juste avant d'entrer dans l'univers joyeux et chaleureux de la gargote.
Dès qu'elle entra, tout le monde s'inclina en lui souhaitant la bienvenue et une rougeur bien visible s'étala sur ses joues. Elle pensait ne jamais s'habituer à cet honneur que lui faisaient les habitants de Nakatsugawa. Après tout elle n'était qu'une pauvresse, fille de deux mineurs qui n'avaient pu, en vendant la quasi-totalité de leurs biens, lui acheter qu'un shamisen tout éraflé. Serrant d'ailleurs contre elle son trésor le plus précieux, elle s'inclina à son tour et fila s'agenouiller dans un coin.
Toujours hésitante dans les premiers moments de sa présence en gargote, la jeune fille resta figée, attendant que quelqu'un lui parle ou simplement, se contente de la regarder un bref instant.
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