Kiyo
Cela faisait déjà 3 jours qu'elle était sortie de chez les nonnes,
3 jours qu'elle avait arpenté les rues de Lourdes,
3 nuits où elle s'était réfugiée dans un abri en ruine,
elle n'avait pas trouvé la force de pousser la porte de sa demeure.
Ce soir, il faisait doux pourtant, nuit idéale pour dormir à la belle étoile,
mais pour elle était venu le temps de franchir à nouveau cette porte qu'elle avait tant redoutée.
Elle s'avança lentement, ...
Elle venait de traverser le champ qu'elle avait laissé à l'abandon,
les herbes folles avaient envahi ses cultures,
son épouvantail semblait avoir été câliné par tous les oiseaux du coin ...
Elle esquissa un petit sourire attendri en le voyant ...
Il aura été la dernière "figure au semblant humain" qu'elle aura croisée avant sa longue absence.
Elle marqua une pause devant la porte de sa maison,
elle avança doucement la main et la poussa.
Une profonde angoisse s'empara d'elle.
Elle prit une grande inspiration et entra.
Pas de doute, nul n'avait franchi cette porte depuis son départ.
Une poussière épouvantable avait élu domicile partout,
rien n'avait bougé ...
Elle craignait que des vagabonds s'y soient installés et pourquoi pas pillé ...
Mais il n'en était rien.
Elle s'attaqua au ménage de sa maison,
une façon comme une autre de se ré-approprier ces lieux.
Il faut avouer que la jeune femme n'avait jamais réussi à s'y sentir chez elle et en paix ici.
Mais tout pourrait bien changer ...
Par cette longue absence, elle espérait que les vieux démons s'effacent.
En passant la brosse sur les meubles, elle se souvint de quelques événements passés.
La lourdeur de certains meubles qui l'avait tant ralentie lors de son long voyage.
La rapidité avec laquelle son compagnon de voyage avait déchargé le chariot,
La naïveté avec laquelle elle s'est retrouvée associée à ce chargement dont il était bien content de se séparer.
Le désarroi dans lequel elle a été propulsée lorsqu'elle a compris qu'elle avait été le dindon de la farce ...
Mais au fur et à mesure que la poussière se dégageait, tout semblait s'éloigner,
Elle faisait réellement place neuve ...
Elle rêvait de soleil et de sourires ...
elle se surprenait à soudain espérer à nouveau ...
Un sourire se dessina peu à peu sur son visage,
"Ca y est, je suis chez moi, je suis de retour ...
Je vais pouvoir viiiiiivreeeeuuuu ..." Se murmura-t-elle.
Apaisée par cette sensation de bien-être,
elle se laissa tomber dans le gros fauteuil et se laissa glisser dans les bras de morphée
_________________
Quand une Femme du Monde dit "non", ça veut dire "peut-être". Quand elle dit "peut-être", ça veut dire "oui". Quand elle dit "oui", ce n'est pas une femme du Monde.