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[ Rp ouvert...Castillon: Que la Fatalité m'emporte...]

Victoria.d.alaya
Pourquoi avoir choisi la chambre et le lit d'une morte pour sa première nuit dans le manoir abandonné ? Allez savoir ! Mais tout le reste du manoir était enseveli sous des draps blancs et une couche de poussière inimaginable, alors que cette chambre semblait l'attendre.
Au petit matin, la jeune fille ouvrit les yeux, des cernes noires les ornaient gravement, son visage tiré dénotait avec l'air toujours habituellement jovial de la petite anglaise.

Un eclat lumineux attira son attention, quelque chose à sa droite entrait dans son champ de vision et la gênait terriblement. Fronçant les yeux, elle tourna lentement la tête, jusqu'à poser ses yeux plissés sur la trace brillante. Le tiroir de la petite table de nuit, entrouvert, laisser apparaitre un minuscule bouchon de cristal.

Douloureusement, elle étendit le bras, ses muscles endoloris comme si elle avait été battue comme plâtre, et déposa un doigt, puis deux sur l'objet. Elle l'extirpa péniblement de sa cachette et l'observa un instant, les yeux mi-clos sous le jeu du soleil qui passait à travers le flacon. Reflets brillants, reflets colorés tel un kaléidoscope, elle les fit jouer un moment entre ses mains avant de retirer le bouchon. Elle porta le flacon à son nez et fit une legere grimace : cela ressemblait visiblement à une poudre faite a base de plantes ... une médecine particulière surement ...


    Douce .... Prend .... Douce .... Sourit ....


Victoria porta une main à sa tête, la secouant vivement. Non, ne plus entendre la voix, non, plus jamais, cela lui faisait mal, son esprit souffrait comme s'il tentait de sortir de sa boite crânienne.

    Inspire .... Prend .... Ton amie ....


NON !! Laissez moi !! Vous êtes morte !!

Le flacon toujours en main, Victoria se releva sur son lit, vite, trop vite, la tête lui tournait, une nausée inconnue et une migraine instantanée la prirent aussitôt. Elle continua pourtant son mouvement et se jeta, pieds nus et en chemise de nuit, hors de la chambre, tanguant contre les murs, dévalant l'escalier sans se rendre compte des risques, pour arriver finalement dans la cuisine. A la volée, Vicky ouvrit toutes les portes des placards, ne trouvant absolument rien, l'intendant avait fait le ménage partout, ne laissant que la chambre de sa maitresse intacte.

Elle allait mourir ! Voila la pensée qui lui traversa l'esprit, mais un autre esprit, immiscé en elle, lui souffla de nouveau.


    Respire le .... La paix ....


Sa main tremblante se rapprocha de son visage, les yeux fatigués traversèrent de nouveau le fin cristal ...

*Et si ... Si elle avait raison, si elle était mon amie ...*

Les yeux se fermèrent, le nez court et droit se posa au dessus du goulot et elle inspira lentement, un léger nuage de poudre s'insinuant dans ses narines. Quelques instants passèrent ainsi, une minute, deux, plus ? Aucune idée, simplement la douleur s’atténua.
La jeune fille chercha une explication introuvable, la seule chose c'etait la diminution de la peine et ses pas la guidèrent à nouveau dans les escaliers, retourner à la chambre. Se rallongeant sur le lit, elle inspira une seconde fois le flacon avant de le reboucher et le poser sur la table.

La voix se fit de nouveau entendre, plus fluide, plus suave, plus belle. La migraine s'estompa et un léger sourire s'esquissa sur les lèvres rosées.


    Ferme les yeux .... Tout va bien ....


Un petit rire cristallin, enfantin, s’échappa de ces lèvres et fendit le silence du logis vide, puis la chape de plomb s'abattit sur son esprit, un lourd brouillard de plus en plus noir jusqu’à ce que sa conscience se perde dans les méandres de la drogue.
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Opaline.
Prendre le temps de le decouvrir et de l'ecouter. Gianni c'est un joli prenom.
Elle sourit quand il lui fait signe d'attendre puis se penche curieuse vers son epaule pour regarder ce qu'il ecrit ou plutot dessine. Elle sourit et hoche la tete comprenant qu'il vient d'italie de vraiment très loin en tout cas pour la blondinette qui n'a pas vraiment voyagé. Puis elle fronce le nez en voyant la maison dans laquelle il aurai vecu.

C'est une eglise ? comme là ?

Elle le regarde perplexe puis sourit hochant la tete en entendant son prenom dans sa bouche. Son accent melodieux, lui donne une sonorité qui lui plait bien. Oui Opale

Quand il lui montre du doigt une direction pour montrer ou il dormait ou plutot se cachait, elle hoche la tete en souriant.

Moi aussi je dors dans une grange. Avant avec mon frere mais depuis qu'il est parti je suis seule sauf...

Elle fini pas sa phrase et hausse les epaules en le regardant souriante. Quand il ferme les yeux elle l'examine franchement et laisse son regard errer sur tout le corps avant se detourner, de s'etirer lentement levant les bras au dessus de sa tete et se grandissant puis baille longuement derriere sa main. Il la regarde et lui montre ce qu'il a ecrit et elle sourit amusée avant de realisé qu'il l'avait surement vu bailler et lui dit penaude

Pardon je n'ai pas encore dormi... je suis epuisée. Je veux bien aller avec toi dans une taverne au moins on pourra boire quelque chose et se reposer un peu.

Mais avant de se lever elle prend le bout de charbon et le velin et ecrit de son ecriture encore enfantine et ronde : Gianni puis lui montre en riant doucement. Elle lui rend le tout puis se leve et lui tend la main.

Viens, allons en taverne, peut etre qu'on pourra manger un bout

Elle lui sourit gentiment, esperant trouver la bas une personne qui saura capable de l'aider plus qu'elle ne pourra le faire. Elle aimerai oter de son regard cette angoisse, cette peur qu'il avait au debut mais pour cela il faut qu'il leur fasse confiance et qu'il se confie...
Victoria.d.alaya
Quelques jours étaient passés, quelques jours où la jeune anglaise s’était appliquée à trouver un mode de vie dans son nouveau domicile. Et il lui plaisait, elle ne s’était jamais sentie si libre qu'à ce moment là.

Lorsqu'elle fuyait le Pic Blanc et sa famille, c'etait pour se réfugier dans son antre, et retrouver l’âme perdue qui s'y cachait. Victoria n'avait pas encore tout appris des mystères qui la tourmentaient, et elle ne pouvait pas interroger sa belle-sœur, seul membre vivant de cette famille, au risque d’éventer son secret. Pour sur que son frère ainé la renverrait directement au couvent et ça ! Non jamais !

Elle ne s'avouait pas vaincue pour autant, parfois elle tentait d'appeler l'esprit mais elle se trouvait ridicule, il lui fallait du temps pour accepter. Et cet esprit semblait avoir un plan pour elle, il prenait ses précautions, il voulait une totale confiance de la jeune fille pour la mission qu'il avait à lui confier.

Cette nuit, nuit obscure par l'absence de la lune, cachée derrière de lourds nuages qui auraient disparu au lever du jour, cette nuit là, Vicky fut réveillée par un bruit étrange. Un bruit ou une sensation ? C’était comme si le son résonnait en elle, mais posant la main sur son cœur, elle se rendit compte qu'il ne battait pas plus vite que la normale. Elle ferma les yeux et entendit la voix, comprit les mots sans qu'ils soient vraiment prononcés, et rouvrant ses iris gris argent, elle tourna la tête vers l'armoire sombre qui prenait toute la place sur le mur du fond.

Victoria se leva, guidée par cette sensation étrange d'entendre le son, de plus en plus fort, jusqu’à ce qu'elle arrive devant les portes de l'imposant meuble. Un peu hésitante, sa main se tendit vers la poignée, le fantôme voulait qu'elle l'ouvre, elle en était certaine. Son souffle se fit plus court, ses yeux clignèrent plusieurs fois avant qu'elle ne prenne son courage à deux mains et ouvre la porte qui s’exécuta dans un grincement odieux.

Dans l’obscurité, seule une petite lueur parvint à sa rétine et attira son attention, retenant sa respiration, elle tendit la main et ses doigts rencontrèrent le froid d'une surface de bois, ils contournèrent puis se contractèrent. La curiosité naturelle de la jeune fille rattrapa au triple galop la peur qui l’étreignait et elle extirpa l'objet de sa gangue mobilière. Une boite ... Ou plutôt un coffret, taillé dans un bois précieux et sculpté de nombreux dessins étranges.

Victoria transporta la boite aux secrets, puisque c'est surement ce que le coffret devait détenir, jusqu’à son lit, alla chercher une chandelle de nuit et la posa sur la petite table. Le regard fiévreux, impatient, presque angoissé, ne se détachait pas de l'objet. Enfin ... Enfin elle allait savoir ...

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Gianni
Je souris. Le sourire me revient. Je me sens comme je l'ai toujours été et ma nature: bien. Et en présence de cette jeune femme, ma peur s'envole. C'est ce qui me va le mieux. Opale. Cela sonne de façon très simple son prénom. Une pierre précieuse à l'état brut. Je ne sais si une pierre se nomme Oaple. Mais c'est ainsi que je le ressens. Et cela lui va si bien avec ses mots, ses gestes. Tout d'elle, est pur et d'un éclat unique. J'acquiesse de la tête à la vue de l'église au loin. Elle est seule. A un frère. Peut-être des amants de passage, des liens d'instants intimes qui se nouent dans le présent. Tout comme j'en ai malgré mon attachement particulier à Aristote. Un secret. Un Homme de Dieu ou à son service est un Homme avant tout. Faible, diront beaucoup. Pour ma part, je crois en toutes formes d'Amour. Et l'Amour n'est pas uniquement que la douceur, la tendresse. Il peut-être violent. Et ça, je l'ai appris en mots, en actes. Faire l'amour, coucher, baiser, s'envoyer en l'air, grimper aux rideaux, atteindre le septième ciel.. Et oui...Parfois, trés douces, m'ont guidées et parfois trés brusques, elles m'ont tout simplement demander de les prendre sans autre forme de respect.Au fil de mes aventures, j'apprends les expressions. Je les connais sans réellement parfois savoir ce qu'elles veulent dire. Mon jardin secret est bien gardé. Et personne ne serait en mesure d'imaginer ce qu'il en est. Je n'ai jamais connu de jeunes femmes françoises. C'est une découverte.

De ma voix maladroite, un sourire aux lèvres, de voir sa main prendre le charbon, et de son écriture, inscrire mon prénom, je rapporte mon regard dans le sien:


Taverne, oui...

Pour confirmer mon envie de m'y rendre, je me lève doucement, et je l'attends. Elle a raison. Ses conseils sont justes, de bonnes intentions
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Victoria.d.alaya
La jeune fille caressa un long moment le coffret de bois, suivant d'un doigt les minuscules gravures, comme si elles pouvaient à elles seules raconter toute l'histoire d'une vie. D'un geste lent, mesuré, avec une infinie précaution, elle ouvrit le couvercle et le repoussa en arrière. Une étrange odeur surannée s'exhala immédiatement, une odeur de fleur périmée mais encore bien persistante ... Une odeur de jasmin.

Victoria inspira lentement, laissant le parfum s'insinuer en elle, cette odeur qu'elle reconnaissait facilement pour avoir toujours utilisé une eau de jasmin pour se parfumer. Puis son regard se posa sur le contenu de la boite : de la correspondance, quelques objets et des parchemins reliés entre eux. Délicatement elle prit la reliure, reposa le coffret sur le bord du lit et commença à lire ce qui semblait être un journal intime.




    Mars 1456.

    Je suis enfin arrivée en territoire accueillant. La traversée de l'Italie, seule, a été une épreuve mais me voila en Savoie, saine et sauve. L'attaque de pirates en mer m'a privée de Giorgos, seule protection qu'il me restait loin des miens. Je retire cette alliance qui me semble toujours fictive, autant que l'a été ce mariage ....


Victoria ne se rendit pas compte du temps qui passa, elle s'endormit bercée par la vie romantique et romancée de la belle Aphrodyti Laskarina. Elle ressentait presque chacun des sentiments que la jeune femme avait vécu et noté dans son journal, une vie pleine de bonheurs et de malheurs, d'amour et de trahisons. Un long hululement la tira de son sommeil et rallumant une chandelle de nuit, elle reprit sa lecture fébrilement, se glissant sous l’édredon de plumes.



    .... Ils me manquent ! Je n'ose le dire à ma sœur, je l'aime plus que tout, elle et les enfants, mais ma famille, mon pays, la mer me manquent. Je me souviens encore de ces baignades familiales dès nos plus jeunes années. Bien sur Maïa n’était pas là, mais mes cousins remplaçaient ces frères et sœurs que je n'ai jamais eu ....


Le soleil n’était pas encore levé mais l'on pouvait discerner, à travers les tentures, les premières lueurs de l'aube. La chandelle presque entièrement brulée, Vicky fronçait les yeux pour lire une page encore, juste une de plus.



    .... J'ai reçu l'improbable ! Un visiteur, un voyageur dont le trajet me ramène des années en arrière, un messager du passé qui vient m'apporter de noires nouvelles. Mes parents sont morts, les secrets sont dévoilés, mes pleurs ne cesseront plus jamais. Au fil des heures, je prend conscience que je n’étais pas la fille unique tant chérie par son père, soutenue par ma sœur que j'ai retrouvé et que j'aime comme si je ne l'avais jamais perdue. Voila que le voile se lève : en plus de Maïa, j'ai un frère ainé disparu, rejeté par un père que je découvre froid et intransigeant. Mais j’apprends que ma tante Nephelie a été bannie de la famille pour avoir donné son cœur à un flibustier italien, qu'elle était enceinte et qu’après bien des années la probabilité d'avoir des cousins jumeaux est grande ....


La jeune anglaise reposa lentement les parchemins, ses mains tremblant légèrement sous les mots qui lui venaient à l'esprit. Cet Angelo ... Disait-il la vérité ? Etait-il vraiment le fils de Nephelie ? Et l'autre, où se trouvait-il ? En Italie, en Royaume de France, mort ...
Les questions se bousculaient, les doutes comme l'excitation, tout cela cumulé à la fatigue, la jeune fille s’effondra sur le lit, epuisee et endormie.
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Opaline.
Elle le regarde et lui sourit puis lui prend la main et entrelace ses doigts aux siens avant de le guider lentement vers la taverne de son amie. Elle le mene a travers les ruelles tout en lui nommant les lieux et batiments importants. Elle marche lentement, sans se presser, trop fatiguée, la blondinette pour faire plus d'effort que necessaire.

Ici c'est la mairie, le maire est peu joignable mais il repond au courrier. Il est gentil mais peu sociable... Le grand panneau d'affichage pour se tenir au courant...quelques pas de plus et un autre batiment. Là c'est le cadastre, Leo s'en occupe, si tu as besoin il te trouvera un endroit bien a toi. Tu verra il est vraiment sympa. La porte plus loin c'est le bureau de la tribun mais elle est absente pour l'instant... voyage de noce.... Se tourne vers l'autre coté de la rue et tend le bras vers le poste de police. Si un jour tu as un souci c'est là qu'il faut aller le dire...

Elle le regarde esperant qu'il comprenne ce qu'elle dit. Parler pour ne pas laisser le silence s'installer, parler pour ne pas laisser la fatigue l'envahir, parler tout simplement pour lui faire connaitre sa ville et les lieux qui peuvent l'aider ou l'interresser peut etre... Enfin ils arrivent vers la taverne. Elle lui sourit et inconsciemment elle lui serre la main doucement.

On y est... viens.. Elle espere qu'il y aura quelqu'un qui pourra l'aider, les aider...
Gianni
Je me laisse guider. Première fois qu'autant de douceur émane d'un simple geste de venir prendre ma main, et serrer mes doigts. Une sérénité m'aipaise et une sécurité m'enveloppe par le son des mots que la jeune femme prononce, par la chaleur de sa main dans la mienne. Par le mouvement de ses lèvres que j'observe, contemple pour ne rien manquer de ses conseils. Elle me montre des endroits, des lieux précis avec une source d'informations utiles. Je la comprends. Son visage radieux sous le soleil, son sourire sont communicatifs. J'en ai perdu toute appréhension. je suis bien. Je hoche la tête pour lui confirmer que je comprends ses indications. Je lui souris. De mes mains expriment ma volonté de se rendre à tous ses lieux plus tard. Puis fait tourner une main à plat sur mon ventre, j'ai faim. Met mon pouce vers ma bouche, j'ai soif. Et enfin de mes deux mains jointes, sur le côté d'une de mes joues, besoin de repos.

Mon sourire s'étire encore plus quand les tavernes font leur apprition devant nous. Nous y sommes. Je ne sais pas laquelle choisir. Opale semble mieux connaitre que moi, et je sens son choix établit quand elle serre à nouveau avec douceur ma main, et prononce le mot: viens...

En quelques minutes, elle a balayé en moi toutes les peurs, préjugés à son égard. La première personne que je suis les yeux fermés, et cela fait du bien de me sentir libre, léger. Un peu le sentiment qu'on se connait depuis toujours. Une complicité naissante qui me plaît. Je n'ai jamais connu cela vu que j'étais toujours reclu dans ma vie monastique où chacun cherche de son côté sa voie, son essence et identité spirituelle.

Nos pas nous améne vers la porte de la taverne en question. Ma main se pose sur la poignée, j'appuie lentement, ouvre. Je souris à la jeune femme, heureux de ne plus être seul comme tous ces derniers mois où ie cherchais refuge, à l'abris des regards, terrés comme un animal sauvage. Seul espoir celui de passer inaperçut, d'être invisible, pour ne point me faire remarquer. Je me place sur le côté pour lui laisser le passage devant moi. Elle connait mieux que moi. je suis un peu perdu. Je noue mes doigts aux siens de peur qu'elle me lâche d'un coup, et que je me retrouve démuni face aux habitants de Castillon.

J'ai cru comprendre que cette ville, c'est sa ville natale. J'aime sa frapicheur de m'avoir fait visiter et qu'ils soient là en cette taverne. C'est curieux, sans me rendre compte, je ressemble à un enfant perdu et apeuré. je me tiens prés d'elle, presque caché derrière elle.

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Victoria.d.alaya
    VICTORIA !!! La voix de son frère ainé résonna le long de l'escalier. Vicky !! Montre toi, il faut que nous parlions!


Ça, ça ne présageait jamais rien de bon. Il avait exactement la même intonation que leur père lorsque celui-ci lui avait annoncé les cinq années à passer dans une école pour jeunes filles.
La petite anglaise plissa son nez, cachée dans un angle sombre de la cuisine, elle suçotait des pâtes de fruits, fabriquées et offertes par son amie Yzalba. Un long soupir glissa sur ses lèvres sucrées. Depuis la mort de Steeven, elle n'avait guère d'envies, le gout de rien pour rien, la jeune fille avait quelque peu délaissé ses taches au sein de la ville, ne mettant plus les pieds au château où tout lui rappelait l'ancien maire, et la vie au domaine était mortellement ennuyeuse.
Sa dernière bêtise lui avait laissé quelques hématomes, et l'indulgence de Locke par rapport au deuil lui avait évité une sévère punition. Sortant de sa cachette, elle se dirigea vers l'ainé des d'Alaya, le minois enfantin prenait un air trop doux, trop câlin pour être innocent.

    Je suis là mon frère chéri, que se passe-t-il ?


Elle ne fit aucune réflexion moqueuse sur sa belle-sœur, l'homme en face d'elle ne semblait pas vraiment d'humeur.

    Nous devons nous absenter, nous avons prévu un voyage en amoureux et Alia gardera les enfants. Mais tu n'es plus une enfant, malheureusement, au vu de tes dernières idées catastrophiques, il n'est guère sensé de te laisser seule ... Son regard se durci en se posant sur la jeune fille.


Quinze ans, intrépide, audacieuse, inconsciente de quelque danger que ce puisse être. Il avait tenté de lui trouver un chaperon en vain. Ses éventuelles fiançailles avec le frère de sa femme eurent été parfaites, mais la mort en avait décidé autrement.
Victoria.d.alaya
Saint Aignan, Berry.

Parti !! Il était parti !! Non mais je vous jure les hommes ! Bon d'accord elle n'avait pas prévenu de son arrivée, mais ça n’était pas une excuse non mais !!!

Victoria rageait d’être arrivée dans le Berry pour .. rien ! Après renseignements pris auprès du bureau du tribun, le sieur aurait informé partir pour la Provence ... Misère ! Tout ce chemin pour finalement redescendre ...
La jeune fille décida de rester deux jours et deux nuits afin de prendre un peu de repos et de recommencer son voyage vers le sud. L'auberge était tranquille, accueillante, peu de vie en taverne malgré quelques verres offerts pour la bienvenue, puis elle décida de se retirer dans sa chambre. Depuis le début de son voyage, elle n'avait pas pris le temps de rouvrir le recueil de parchemins, aussi se glissa-t-elle dans le lit, calant sa tête de deux ou trois oreillers, et se plongea dans la suite du récit épique de la blonde hellène.




.... A nouveau la douleur, à nouveau un homme en qui j'avais mis ma confiance et mes sentiments les plus purs me quitte. Cette fois-ci, je suis profondément atteinte, mon cœur détruit pleure cet amour que je pensais éternel. Oh .. Il l'est, je n'aimerais plus jamais comme je l'aime, non, jamais. Je pense même à disparaitre ... définitivement. Mais comment laisser ma sœur seule dans ce monde brutal ... je ne peux ... Il me faut chercher ces supposés membres de notre famille, il faut que je l'entoure des siens et puis je pourrais partir à mon tour ....




.... Les recherches sont longues et fastidieuses, les archives difficiles à traiter, à recouper. J'ai fait des demandes aux offices de Rome, celles qui traitent des orphelins et des adoptions, mais je n'ai rien trouvé sur d’éventuels Laskarina. De plus si les jumeaux ont été séparés, qui sait sous quels noms ils peuvent se cacher à présent. Le royaume de France m'est encore plus inconnu ... Je n'avance à rien, je désespère ....




.... Il froid en ce début mars, j'ai fait un rêve étrange, un mauvais rêve, il est mort je le sens, mon merveilleux amour n'est plus. Mes larmes ne cessent, mon âme ensanglantée n'a plus de résistance, j'ai échoué sur tout et ceci sera mes derniers mots. Je t'aime mon aigle majestueux venu de la froide Bavière, cette nuit c'est le froid des eaux glacées du lac de Chambéry qui m'enserrera dans ses bras et je serais pour toujours avec toi ....


Vicky sentit les larmes couler doucement sans effort sur ses joues. Elle sentait que la fin de ce roman ne serait pas une "happy end" comme l'on disait dans son pays, mais plus encore elle avait l'impression d’être là pour réparer les injustices de la vie de cette femme au cœur démesuré, qui avait tant donné et si peu reçu, qu'il lui fallait être le bras armé qui réunirait enfin cette famille dispersée.
Comme souvent, comme une enfant, le sommeil la pris dans ses filets et la retint quelques heures, jusqu’à ce que la voix devenue familière vienne tirer son inconscient des limbes du monde de ses rêves.


    Victoria ... Aide moi ... Cet enfant souffre ... Lève toi et va à sa rencontre ...


Le visage d'un jeune homme brun, un air fragile sur les traits, apparu comme une vision dans son regard fermé par le sommeil, puis l'image disparu, avalée dans les méandres de ses pensées enfouies au fond d’elle-même, celles que l'on ne retrouve que sous un choc.

    Gianni ... il a besoin de toi ... J'ai besoin de toi, Vicky ... Que le soleil te guide de sa lumière ...


Alors que la jeune fille tendait une main somnambule vers la dame blanche, celle-ci se transforma en nuage de brume de même couleur, disparaissant à nouveau, laissant la petite anglaise retomber dans son sommeil perturbateur et dérangeant. Elle marmonna quelques mots indistincts, tourna et vira dans son lit, le transformant en champs de bataille avant de retrouver un calme provisoire.

Le petit matin la trouva assise à la petite table de sa chambre, face à la fenêtre où le soleil se levait péniblement. Sa main, légère, tenait une plume et la faisait courir par moment sur le vélin, rayant au fur et à mesure les mots qui lui venaient et qu'elle inscrivait.

Vierge ... Italie ... Mission ... Fantôme ...

Elle prit un autre vélin et recommença, notant seulement le nom qu'elle connaissait : Angelo. Pourtant, quelque chose manquait, la choquait, un nom qu'elle avait sur le bout de la langue et qu'elle ne retrouvait pas. Victoria joua quelques instants à mélanger les lettres des mots, cherchant celles qui revenaient souvent, les inversant, suivant l'ordre alphabétique, puis sur le modèle méditerranéen d'Angelo en créa d'autres jusqu’à ce qu'un retienne son attention : Gianni ... Avait-elle deja entendu ce nom ? Il lui semblait bien mais où ? quand ?

Sous une nouvelle impulsion toute victorienne, elle rassembla ses affaires et descendit dans la grande salle de l'auberge, paya ses nuitées et se renseigna sur le prochain coche.


    Ben ma p'tite demoiselle, tout dépend où qu'vous voulez aller ?


Laisser faire son instinct, après tout elle n'avait aucune idée d’où elle devait aller, a part se diriger vers le bas de l'hexagone.

    Vers le soleil, un endroit chaud et accueillant, vivant, avec plein de monde ... Vers le sud quoi !


L'aubergiste rit de bon cœur devant l'enthousiasme optimiste de la jeune fille et se pencha vers elle, un sourcil levé.

    J'va vous dire un s'cret. Mon frère habite dans l'Périgord, un bel endroit parait-il pour la chasse ! Ben là-bas, il fait beau et chaud à c'te saison. Si vous z'y'allez, passez donc le voir à Castillon, s'ra content d'avoir des nouvelles de Saint Aignan.


Périgord, Castillon, pourquoi pas. Il fallait bien choisir une destination et de toute façon elle devait se rapprocher de la Provence, qui sait où l'Angelo trainait vraiment ses chausses ...
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