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[RP ouvert] On ne vend pas une poule à un renard...

--Maxiimilien


Le moment de tension et d'expectative est passé. Les tourtereaux semblent reprendre leur souffle. Même Max est soulagé. C'est entendu. Tacite mais évident. Le "Merci, Max!" de Phyl au ton si naturel et amical arrive même à toucher le grand brun aux yeux bleu de gris. Il se doutait que Phyl fut un bon gars mais le sentait méfiant envers lui. Par le geste de Max, par les deux mots de Phyl, tout devient sain, clair et net entre eux. C'est du moins ce que ressens Max. Ce dernier selle l'accord muet d'une bonne vieille poignée de main puis remplit le verre honteusement vide.
_ A ta santé Max, et encore merci pour nous avoir prévenu qu'il y a des filous dans cet établissement. A qui peut-on se fier de nos jours ? Je me le demande vraiment ...
Max hoche gravement la tête d'un air faussement désabusé, comme contrit qu'il puisse exister de pareils voleurs déguisés en bonnes-femmes.
_ Vous permettez Max ?Dit Isleen de sa voix douce.
Et cette fois, c'est elle qui pose une question inutile car elle n'attends pas de réponse. La petite chapardeuse prends sa bourse - Max n'esquisse aucun geste contre - et se penche, écarte un pan de sa veste et remets le petit sac de cuir à sa place initiale, en tapotant l'endroit comme pour s'assurer qu'elle est bien en place.

_ Là, elle sera bien mieux. Si personne ne la voit, personne ne sera qu’elle existe et personne n’essayera de vous la prendre.

Il sourit franchement, puis commence à rire. Rire communicatif qui dure quelques instants. Rien n'a été dit dans cette histoire. Dit explicitement. Ils n'ont rien dit de leurs activités tout comme Max n'a rien dit quant à ce qu'il a remarqué. Mais chacun a jugé l'autre à sa valeur. Aucun ici n'est un idiot. Chacun sait que l'autre sait qu'il sait. Tout a été dit en silence ou par des mots détournés, ironiques.
C'est d'accord entre eux. Max n'a rien à craindre des "mains assoiffées" même s'il se trouve dans un lieu qui porte ce nom. A y réfléchir, c'est plutôt drôle ce nom, vu les circonstances! Les compères boivent quelques gorgées, Max grignote en même temps son plateau de charcutailles qu'il propose aux autres si l'envie leur prends. Alors que la langue de Max se débat avec un morceau de gras coincé entre ses dents, il choisit d'opter pour la manière forte! Peu élégante mais si efficace! Il tourne un peu la tête de côté pour éviter la vue de l'intérieur de sa bouche à la jeune-fille et pars à la pêche au gras du bout de son index.


_ Tu repars donc ce soir, Max, si j'ai bien suivi ? Quelle est ta destination exacte, déjà ? Je suis tellement habitué à la région parisienne, où j'ai à présent mes habitudes, et surtout une compagne exceptionnelle, que le moindre voyage me semble une aventure périlleuse !
Il reste un instant le bout du doigt dans la bouche, s'il avait été une femme de petite vertu, des cochons auraient trouvé ça excitant. Oui mais Max n'est pas une catin et son gros doigt est auréolé du bout de gras qui a osé tenir tête au Seigneur de Tourmalie! Dans ce cas là, il n'a aucune pitié! Bon, de toutes façons il est repéré par l'une comme par l'autre. En mode discret il ravale son bout de gras d'un coup. Pas de pitié! Bon, ce moment intime avec ce bout de porc n'a pas duré longtemps mais il devait faire une drôle de tête! Il se reprends et toussote.
_ En effet, oui. Soupir. Demain... A Orléans je vais devoir embarquer, longer la Loire pour atteindre notre villa entre Touraine et Anjou. C'est là-bas que l'on m'attends.
Puis il ajoute d'un ton chantant - mais excédé - en détachant les syllabes:
_ Maison de campagne pour notre bonne famille..!
Il chasse son petit air renfrogné en vidant son verre. Pour lui l'ivresse est souvent dure à atteindre, à force d'entrainement. Il est si souvent las et plein d'ennui qu'il taquine un peu trop la bouteille certaines fois. Max est juste gérant, et encore! Son père a trop peu confiance. Max chasse, Max fait des ballades à cheval, Max lit... Quand il rend visite aux habitants du Domaine qui à force de prospérité est devenu un hameau, il a droit à des courbettes et sollicitation pour son père. Seule Léonore le distrait un peu, ainsi que son fidèle écuyer Guy. Et il écoute avec délectation les histoires et les contes de leur médecin arabe. Son père le méprise de par ses origines mais reconnait son immense savoir-faire.
Il sourit quand Phyl mentionne sa "compagne exceptionnelle". Il connait peu Isleen mais ne doute pas des dires de Phyl, encore moins du fait qu'il pense véritablement ce qu'il dit. La rousse esquisse un sourire. Un jour, une domestique expérimentée lui avait dit "dans un couple, il y en a toujours un qui court après l'autre". Ils en étaient sans doute un exemple.

_ Oh! Moi j'aimerai vraiment pouvoir m'éloigner en toute liberté du Domaine de mon père et de ces charges. Et même de notre villa familiale où m'attendent ma mère et ma sœur...
Il ne mentionne pas que leur maison de campagne n'est pas une villa mais un château - toutefois modeste - établi sur les bords de la Loire. C'est là-bas que Léonore à souhaité fêter ses sept années. Leur père est resté au château pour finir des tâches auxquelles Max ne s'intéresse qu'avec un immense effort de concentration, et dans ce cas sa volonté est mise à rude épreuve!
_ Si chaque voyage vous parait une aventure périlleuse, moi c'est surtout au premier mot que je me rattache: Aventure! J'aimerai tant voir le monde, où ne serai-ce que le Royaume. Mais dans ma situation, je.. Oh, je ne vais pas me plaindre non plus! Beaucoup envieraient ma place, ma naissance. Sans doute est-ce vrai que l'ont veut toujours ce que l'on a pas...
Gros soupir. Il remplit à nouveau les trois verres même s'ils ne sont pas tout à fait vides.

Isleen a ses sourcils clairs froncés. Elle semble préoccupée. Où bien quelque chose la titille. Et ce ne doit pas être un bout de gras coincé dans ses dents! Puis elle lâche le morceau.

_ Vous savez Max, vous avez la possibilité de choisir vous aussi. On a tous la possibilité de le faire, ce sont les conséquences que l’ont a du mal à assumer qui fait que l’on laisse faire sans choisir. Choisissez et assumez.
Petit sourire amusé face à cette franchise si.. ignorante mais si vraie. Bien-sûr qu'il pourrait tout laisser tomber et vivre la vie dont il rêve. Mais il n'est pas seul, beaucoup de gens comptent sur lui. Gens qui comptent sur lui pour qu'il fasse ce dont il n'a pas envie, ce pour quoi il n'est pas fait. Il serai prêt à payer pour donner sa place à quelqu'un. Quelqu'un de capable tout de même. Qui sache gérer les Domaines et prendre soin de tout et tous... Arrête de rêver mon gars! A nouveau, il soupire puis décoche un pauvre sourire pathétique.
Pour un peu, on aurai pu prendre ce grand et beau gars jeune et en pleine santé, unique héritier mâle de lignage direct qui, à la mort de son paternel se verrai propriétaire d'une immense fortune, de deux châteaux et d'un village, responsable de plusieurs centaines de vies entre habitants et domestiques... pour un pauvre garçon acculé sur lequel le sort se serai acharné. Max avait-il vraiment le droit de se plaindre?

_ Ce n'est pas si facile. Vous ne soupçonnez pas les conséquences et vous avez de la chance. Mon père est responsable de plus de choses que vous ne pouvez imaginer. Moi-même ne suis pas au courant de tout... Il a de lourdes tâches trop compliquées et ennuyeuses pour les raconter. Et un fils unique. Moi, votre serviteur! Un petit rire ponctue sa dernière phrase. Si je venais à disparaître... Mon père est encore jeune mais.. A sa mort - Dieu le préserve - qui s'occuperait de tout cela? Il ne sera jamais donné à ma jeune sœur de gouverner notre petit royaume, si je peux nommer ça ainsi. Ma sœur reste une femme. Les femmes ne peuvent pas gouverner. Pas de front. Elles œuvrent en sous-main par le biais le leurs maris. Le meilleur conseiller de mon père est ma mère même s'il le nie, pour la forme. On n'imagine pas à quel point l'influence des femmes est importante.
Il boit quelques gorgées et continue. A ce stade il ne peux pas s'arrêter là.
_ Jean-François. Mon cousin. Fils du frère cadet de mon père. Mon père étant le premier-né c'est à lui que l'héritage a échu. Si je partais, ce serai Jean-François qui aurai ce dont je n'aurai pas voulu. Il en rêve. Le pouvoir, la gloire, le respect du peuple, la considération des grands de ce monde... Alors que moi, j'aimerai prendre la route, voir plein de choses, dormir à la belle étoile, écrire chaque jour mes aventures, rencontrer toutes sortes de gens qui ne sauraient de moi que mon surnom, Max, et rien d'autre. Et.. rencontrer une jolie femme qui m'aimera pour moi et non pour ma fortune. Une femme que j'aimerai plus que la vie elle même, une femme que j'aurai choisie sans me soucier de ses titres de noblesses et des alliances qu'elle pourrait apporter à ma famille...
J'ai vingt-trois ans. Mes parents ont en tête pour moi deux jeunes-filles qui ont à peine quinze ans. Je ne les connait pas mais ils en choisiront une pour moi. Cette fillette que je devrais épouser sera sans doute docile mais froide comme une pierre. Où bien elle me détestera et aura peur de moi. Quant à Léonore, elle est promise à un homme qui a plus de trente ans aujourd'hui et qui a trois enfants. Il sera déjà grisonnant lorsque ma sœur sera pubère. Et ses enfants plus âgés que sa future femme. Cet homme est un cousin éloigné de mon père... De par notre naissance on nous a enlevé nos choix.

Max s'épanche. Il n'a jamais été âpre à la parole. Une vraie pipelette comme lui disait sa mère! Et encore, il écrit bien plus qu'il ne parle! Une fois, dans une taverne d'un village voisin il avait parlé du mariage de sa cousine avec l'un de ses oncles et s'était indigné des mauvais traitements qu'elle avait subi. Les clients de la taverne, avides de ragots avaient questionné le jeune Max ivre qui avait parlé sans retenue. Il s'était endormi sur un banc et deux soldats de son père l'avaient ramené au Domaine. Son père avait eu vent de ces propos, mille fois déformés. Max avait tâté de la ceinture. S'il y a bien une règle chez les nobles, c'est bien de ne jamais parler des mariages consanguins, de la violence et des petits bâtards qui fleurissaient dans la roture. Entre mille et une chose que les paysans n'avaient pas à savoir.
_ Oh bien-sûr ce n'est pas toujours ainsi, hein?! Mais.. Pour en revenir à votre question de choix Isleen. Ce n'est pas mes charges ou la richesse qui me retiennent. Avez-vous de la famille? Savez-vous ce que c'est que d'être aimé par une mère tendre et douce? Avez-vous déjà eu une petite-sœur qui vous saute au cou dès qu'elle vous aperçoit, les yeux brillants de joie? Un père qui.. vous aime malgré votre différence? Si vous aviez tout cela, pourriez-vous le quitter sans vous retourner?
Il se rince la bouche au whiskey et se demande encore pourquoi il ressasse tout ça. Qui plus est devant deux personnes humbles. Il doit avoir l'air pathétique. Pitoyable. Il aurai bien voulu être comme Phyl. Avoir sa vie, où du moins comme lui, une vie de liberté. Qui plus est, c'est un bel homme, autant que Max puisse en juger. Bien fait, la mâchoire carrée, des yeux saisissants... Mais c'est sa liberté qu'il envie. Il est possible d'être jaloux sans animosité et en ce moment, Max sentait le goût amer de l'envie dans sa bouche et dans son esprit. Pour chasser ce gout, il vide son verre.
--Phylibert


La tension est retombée aussi subitement qu'elle était apparue, à la table de ce trio hétéroclite. L'alerte fut chaude, mais désormais le bijou est bien au chaud au poignet du joli puceron, contre sa cuisse. L'escarcelle de Max est également bien à l'abri sous sa veste, la brindille y ayant prudemment veillé. Tout est transparent désormais. A mots couverts, à force de sous-entendus et de non-dits tout aussi révélateurs que de longs réquisitoires, ils savent tous trois qu'ils n'ont plus rien à craindre du voisin.

Notre Phylibert a déjà oublié sa maladresse. Le bougre en commettra d'ailleurs bien d'autres dans sa chienne de vie, il est particulièrement doué en la matière. Les deux bourgeoises doublement opulentes – par la taille et par la fortune – ne remarqueront peut-être jamais qu'il manque un bracelet à leur précieuse collection, à leur clinquant déballage, tant elles paraissent confortablement nanties. Bien-sûr Phyl aurait préféré le passer lui-même au mignon poignet de porcelaine de sa poupée, mais il aura d'autres occasions. Inutile d'en faire un drame et d'en attraper un ulcère de contrariété. En somme c'est quand même lui qui a réalisé l'essentiel du boulot, non ? Il reprend d'autorité la menotte de la puce, après qu'elle ait rangé la bourse de leur compagnon, et la dévisage tendrement, même si les turquoises disent aux agates : C'est à moi tes p'tits haricots !

Et voilà que Max s'épanche, sous l'oreille attentive des tourtereaux. Il leur parle de ce retour imminent vers les terres de son père, et vers cette villa qui est en fait une résidence secondaire, ce qui permet à Phyl d'imaginer l'aisance des de Tourmalie. Max poursuit sur sa lancée, et déballe à présent l'entièreté de la saga familiale, il évoque la sœur, le père, le cousin, et Phyl, qui n'est pas un mauvais bougre même si son principal souci est haut comme trois pommes, compatit aux contrariétés de leur nouveau compagnon. Mais ce-dernier ne se plaint-il pas un peu trop facilement, à la réflexion ? Il est normal qu'une telle vie de rêve comporte quelques aléas, quelques contraintes. Quelques charges, puisque c'est ce mot qu'utilise le jeune noble. C'est du moins ce qu'imagine notre bonhomme, qui n'a guère de compétences à ce sujet. N'empêche, il se verrait volontiers circuler à loisir dans un vaste domaine qui appartiendrait à ses parents, en compagnie de son mignon farfadet, plutôt que de croupir sous les combles d'une vieille forge dont les murs gémissent et stridulent à chaque assaut des vents capricieux, et se courbent un peu plus à chaque flocon de neige.

L'aventure ! Avec un grand A ! C'est donc ça qui l'attire. Un peu naïvement sans doute. Si Phyl était né le cul dans l'beurre, il ne se risquerait pas sur les chemins. Finalement, c'est Max lui-même qui souligne de façon judicieuse que l'on désire souvent ce que l'on a pas, et qui déplore à l'avance ce mariage que son père veut lui imposer, avec une gamine pré-pubère qu'il ne connaît même pas. Bon ! Stop ! Phyl rebondit sur ces dernières paroles. Le bougre s'emporte rarement, mais visiblement Max se laisse un peu trop manipuler ! Il a vingt-trois ans, il est suffisamment âgé pour être maître de son destin ! Faut qu'il prenne sa vie en main !


Ecoute-moi Max ! J'ai deux choses à te dire ! Tout d'abord, un avertissement d'ami ! Ne va pas t'imaginer qu'une vie de vagabond insouciant ne comporte que des aspects avantageux. Dormir à la belle étoile, c'est romantique, c'est plein de poésie, mais regarde ! Il soulève un pan de sa chemise et lui montre une cicatrice profonde, et plutôt inesthétique, qui sillonne sa hanche de part en part. Oui, regarde, cette blessure m'a été causée bien avant que je sois ... euh ... ce que tu sais ! Je n'avais rien demandé à personne et deux lascars me sont tombés dessus la bave aux dents ! Voilà le résultat ! J'aurais pu y laisser la vie, j'aurais pu crever comme un animal au fond d'un fossé ... Je vois encore les traits de ces monstres qui se sont acharnés sur moi, alors que j'étais un gamin sans expérience !

A ce souvenir, notre Phylibert s'emporte un peu, mais son regard se porte sur la menotte blanche qu'il tient tendrement au creux de sa paluche, et elle le ramène illico au présent, chassant ses vieux fantômes aux visages blêmes.

Ensuite ! Faut pas que tu te laisses mener par le bout du nez, mon pote ! J'connais pas les habitudes de la noblesse, moi j'suis qu'un fils de gueux, et ma mère a ... euh ... il choisit soigneusement un mot pas trop déshonorant pour celle qui l'a quand-même porté dans son ventre asticoté la moitié des zigounettes de France, mais bon, tu as la possibilité de refuser ce mariage, non ? Et tu peux concilier les deux, voyages et domaine familial, et tu rencontreras bien un jour ta future promise ! L'échalas sourit. Bien-sûr tu n'auras plus que du second choix, c'est moi qui ai capturé ce qu'il y avait de mieux en France, même si elle me fait souvent tourner en bourrique ! Il adresse un regard malicieux à sa libellule, presse un peu plus les p'tits doigts entre les siens, et il poursuit.

Pour ta p'tite sœur, franchement je comprends que tu ne veuilles pas t'en séparer, mais ce n'est pas incompatible si tu suis mon conseil : concilier les deux ! J'ai moi-même une ribambelle de frères et sœurs que j'ai dû abandonner dans le nord parce que ... euh ... parce que j'ai pas eu le choix ! Et ils me manquent énormément. Un jour je retournerai là-bas, même si je suis devenu plutôt casanier. D'ailleurs j'sais pas trop où est ta propriété, mais si c'est sur ma route ... sur notre route ... précise t-il en cherchant spontanément un assentiment au fond des agates de sa sauterelle ... on passera volontiers te saluer et boire un bon whiskey sur ton compte ! Qu'en penses-tu, mon joli souriceau ? conclut-il en se tournant à nouveau vers sa rouquine.

Isleen
La rouquine est heureuse, le bonheur tient à peu de chose parfois, juste le plaisir de tirer un rire à un… ami…il est tellement accessible, sympathique, que oui, il faudrait peu pour devenir l’amie d’un pareil homme, tout comme il lui avait été si simple de se laisser à l’attirance, aux sentiments que lui inspirait Phyl. Mais ils n’en étaient pas là, et puis ce que le colibri irlandais ressentait, elle était peut être la seule à le ressentir ainsi. Surement, sa nouvelle vie, comme un nouveau départ ou presque qui lui donnait se sentiment. Le hasard fait parfois bien les choses par les circonstances des rencontres.

Elle l’écoute, sans mot dire, elle l’écoute en sirotant doucement son verre, collée contre Phyl dont elle s’est rapprochée après avoir remis la bourse à sa place initiale. Elle écoute le résumé de sa vie, ses désirs, inspirations, elle écoute même ce qu’il ne dit pas. Elle comprend, et ce qu’elle ne peut comprendre, elle tente de le faire quand même.

Elle en aurait des choses à dire, mais pour autant ce n’est pas elle qui prend la parole la première, c’est Phyl, explique. Elle l'écoute avec la même attention accordé à Max et encore plus lorsqu'il leur montre sa cicatrice. Ainsi c’est comme cela qu’il se l'était faite, cette balafre blanche qu’elle avait suivi du bout des doigts dans une de leur nuits d’ébats. Elle les enviait presque, oui elle les enviait d’avoir parents, frères, sœurs qui les aimes, elle n’avait rien de ça elle. « fait pas de sentiments Is, laisse tomber c’est comme ça » Une esquisse de sourire, une gorgée qui se prend pour faire passer la boule de jalousie avant de répondre malicieuse à Phyl.

Tsss de mieux en Irlande…même si c’est ici qu’on s’est connu….et tu n’es pas en reste pour me faire tourner moi aussi en bourrique !

Sourire taquin et malicieux, main qui serre celle de son voleur avec tendresse. Oui ils se faisaient tourner en bourriques mutuellement, la vaisselle volait même parfois d’un bout à l’autre de la forge, mais ils ne résistaient pas à leur attirance mutuelle, à ce sentiment entre eux qui valait bien de souffrir du reste.

Si c’est sur notre route pourquoi pas oui. Nous pouvons même faire un petit détour.

Dernier sourire tendre à Phyl, amical à Max avant de se fermer un peu. Elle n’avait pas eu la possibilité de lui répondre, elle profitait donc d’avoir la parole cette fois ci pour le faire.

Je n’ai pas votre chance Max, ni la tienne Phyl…ma famille n’a jamais été aimante, et je n’ai pas connue l’amour d’une mère…donc je ne peu pas répondre à votre question…peut être que j’aurais du mal effectivement à les quitter dans ce cas là….j’ai bien du quitter mon pays…j’ai du fai’re avec, avec ce choix que j’ai fait. Vous ferrez avec celui que vous f’rez.


Légère pause de la rouquine, une gorgée de whiskey passe douce et forte dans sa bouche, sur sa langue, évoquer sa famille, le pays, c’est jamais très bon pour son moral à la rouquine, aussi termine-t-elle son verre à la manière de Max, avant d'une main possé sur son bras de termine de lui répondre.

Parlez à v'otre père, Phyl a raison, par'lez lui, il comprendra p’être lui, vu qu’il vous aime…et il sera p'être d'accord pour que vous par'tiez à la recherche d’une jeune fille à épouser qui soit d’e votre milieu et assez bien pour vos parents, sans vous éloigner de cette soeur que vous aimer.

Elle en a sa sœur d'avoir un frère pareil, elle aurait aimé elle aussi, sauf le carcan, l'absence de choix qu'on allait lui imposer en choisissant son futur mari un jour.
Et la rouquine d'ôter a main, en se pensant qu'il est loin d'être dit que le paternel accepte, mais il coute rien de demandé, et faut encore que le rang de la jeunette soit suffisant, c’est qu’on fait pas les choses à moitié dans la noblesse. Alors un fils à marié qui joue au prince charmant sans la pantoufle de verre, faudrait que son paternel passe sur beaucoup de principes. Voilà ce qui trotte dans la tête de la rouquine en cet instant, ça et les souvenirs de sa propre famille.

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pas là jusqu'à début juillet
--Maxiimilien


Max parle. Un peu trop. Alors que Phyl s'énerve, ou plutôt se remémore son passé tout en grognant de la naïveté de Max et de son romantisme à deux deniers, Max remplit son verre, yeux baissés, en pleine réflexion. En fait, il s'insulte mentalement. Quel con, mais quel con! Qu'il la ferme sa bouche, bordel! Con de fils de riche, va! 'Spèce d'abruti!
Phyl soulève un pan de sa chemise et dévoile une vilaine, très vilaine cicatrice. Ancienne. Mais le choc ne l'est pas. Isleen regarde cette marque qu'elle a dû souvent voir, toucher, caresser, en longer la ligne droite et blanche, un peu gonflée. Mais ses yeux sont curieux.
Phyl lui crie presque dessus lorsqu'il parle de ce qui lui est arrivé, passant d'un coup au tutoiement. Mais sa colère n'est pas dirigée contre lui. Que dire suite à ces mots? Max ne réfléchit pas. Il dit d'un ton plat, dénué d'émotion:

_ Chez moi, ce genre de bêtes sauvages déguisées en hommes, on les pends. Pas de procès pour les chiens enragés. C'est un châtiment bien doux pour de tels assassins...
Qu'aurait-il pu lui dire? Qu'il était désolé? Qu'il aurait aimé pouvoir faire quelque chose? Que les gens qui avaient fait ça étaient des vilains pas beaux? Balivernes! Il n'y avait rien, rien du tout à dire. Surtout pas, ç'aurai été vain, inutile et surtout malvenu. Maximilien avait déjà vu de pareilles mutilations, le monde et ses humains n'étaient pas toujours bons, il le savait. Mais dans son rêve d'aventure il occultait les aspects dérangeants comme.. comme un enfant. Phyl n'avait plus ses illusions enfantines. La faute de la vie sans aucun doute.
Le gars se reprit et se détendit un peu. Et, encore une fois, Max prit dans la gueule cette question de choix.

_ Ensuite ! Faut pas que tu te laisses mener par le bout du nez, mon pote ! J'connais pas les habitudes de la noblesse!........
Puis il parlât de sa mère. Non de son père. Utiliser le pluriel pour parler d'un paternel pouvait être gênant mais surtout hasardeux! Max émit un petit rire, mais pas moqueur. Ça le faisait rire, c'est tout.
_ Tu as la possibilité de refuser ce mariage, non ? Et tu peux concilier les deux, voyages et domaine familial, et tu rencontreras bien un jour ta future promise ! Bien-sûr tu n'auras plus que du second choix, c'est moi qui ai capturé ce qu'il y avait de mieux en France, même si elle me fait souvent tourner en bourrique !
Sourire taquin à Isleen. Et Max, tel un cheveu sur la soupe, regarde tour à tour les amoureux d'un air amouraché - comme s'il était amoureux de l'un et l'autre! oui, carrément - parce qu'il était attendri. Il était comme un gros bœuf plein de muscles. Son milieu était tendre et moelleux. Phyl aimait, adorait, vénérait sa petite femme. Sa carapace de gros dur se fissurait même devant Max et celui ci en fut content. Fier. Fier que l'homme dur se dévoile face à lui comme lui l'avait fait. Une réciprocité diablement agréable. Savoir que cet homme fait confiance, ou du moins, veut bien essayer. Malgré toutes leurs différences, Max imaginait Phyl et lui sur deux sentiers qui menaient l'un à l'autre. Comme la connaissance peut mener à la confiance.
Il s'avéra que Phyl n'était pas "seul", il avait toute une suite de frères et sœurs! Avec telle mère, les portées sont nombreuses.. Mais Max se tut. Même avec humour, on ne parle jamais d'une mère en thermes défavorables!


_ D'ailleurs j'sais pas trop où est ta propriété, mais si c'est sur ma route ... Sur notre route ... On passera volontiers te saluer et boire un bon whiskey sur ton compte ! Qu'en penses-tu, mon joli souriceau ?
Monsieur le noble sursaute. Ah! Ouf! Il regardait Isleen en parlant de souriceau... Durant la fraction de demi seconde que dura sa méprise, Max se reprit et afficha un grand sourire. 'Perdait pas l'nord le gaillard! Le "sur ton compte" n'avait pas échappé à Max. Bien-sûr... A son compte. D'ailleurs, Phyl et Isleen avaient-il un "compte"? Quoiqu'ils puissent se payer, en feraient-ils profiter quelqu'un sans le regretter par la suite? D'avoir juste offert ou bien du manque? Max ne savait pas encore ce que ses nouveaux "potes" pouvaient s'offrir. Le fruit de leurs vols leur permettait-il de bien vivre? Où bien galérait-ils?
Phyl avait bien mentionné que ce serai "à son compte", à lui, Max. Étaient-ils des opportunistes? Des piques-assiettes? Des arrivistes? Sans doute. Max le serait-il à leur place? Peut-être... et pourquoi auraient-ils offert quoi que ce soit à un richard comme lui, sérieux? Lui qui ne manquait de rien et eux qui manquaient.. Qui manquaient de quoi? Ça, il aimerait bien le savoir le richard en question!
Comme la question de passer le voir s'adressait à "son souriceau" et non à lui, Max ne répondit pas.

_ Si c’est sur notre route pourquoi pas oui. Nous pouvons même faire un petit détour.
Max se contenta d'hocher la tête doucement. Les faire venir, eux! Chez lui? La bonne blague! Isleen était une demoiselle vêtue comme un bucheron, on le lui ferai remarquer. Et Phyl avait l'air d'un croque-lardon et tous se méfieraient! Ah ça non! Max ne pouvait pas les recevoir chez lui tels quels! Même si on ne lui donnait plus de coups de fouet ou de ceinture, on le punirai tout de même de telles fréquentations... Il ricana intérieurement. Qu'est-ce que ce serai drôle d'avoir ces deux là au Domaine!!! Vêtus ainsi et naturels.. impossible! Sauf pour squatter chez un paysan, à la limite. Ah, l'apparence! Le paraître..
Ses pensées s’interrompirent aux paroles d'Isleen. Elle n'avait pas eu la chance d'avoir une famille, elle. C'était une émigrée. Mais elle paraissait triste. Le regard qui voila ses iris fit un peu de peine à Max... Il se demanda alors si Phyl savait tout d'elle. Il jugea que non. Si petite, si frêle soit elle, sa force de caractère dépassait largement sa taille très modeste. Peu avant il l'avait jaugée indépendante. Isleen devait contenir beaucoup de secrets. Et peut-être que certains, si gros, emplissaient tout entier son petit corps...
Puis à nouveau, BAM! Max se prit à nouveau cette question de choix en plein dans les dents. Bien fait pour lui! Idiot! Il n'aurait pas dû autant se lamenter de sa triste situation... Gros con! L'insulte à lui-même sonna comme un défi de l'enfant qu'il avait été à son père. Jamais de grossièreté. Ben tiens, père! J'suis un gros con! Tel père tel fils! Hin, hin hin! Gamin. Revenir en enfance mentalement faisait du bien à ce grand gamin qu'était Max. Papa gros con, papa gros con! Non, c'est bon, il sait vite redevenir adulte. Un côté du cerveau resté enfant mais l'autre côté mature. Les mecs, c'est comme ça... Mais c'est pas souvent qu'une partie de leur cerveau devient mature en réalité.
Alors qu'il terminait - encore! - son verre, il rit en même temps et avala de travers, pouffant du whiskey sur la table, envoyant des postillons sur sa charcutaille et.. sur les mains réunies des amoureux. Le temps qu'il ravale en pouffant de nouveau, s'étranglant à moitié, il émit un son qui se voulait une parole:

_ Sxluzé pffflll moaglll!
Max se mit à tousser et eut l'impression que sa trachée allait lui sortir de la gorge. Il ne vit pas la blonde serveuse passer dans son dos, prête au bouche-à-bouche au moindre instant. Il se reprit, du whiskey mélangé à de la salive au bord des lèvres qu'il essuya d'un revers.
_ Grmblbl. Pardon. C'est traître cette boisson de lutin! Euuuuh... J'ai perdu le fil de mes pensées. Ah ben m*rde, euh pardon, zut flûte et crotte! S'exclama-t-il d'un ton de fausset, les yeux rieurs et balaya d'une serviette le dos des mains des deux d'en face, pour la forme et essuya les gouttelettes sur saucisson et mortadelle.

Silence. Max avait perdu ses mots. Que voulait-il dire déjà? Ses yeux gris tournés vers le côté, en pleine réflexion, il trépignait à l'intérieur. Les multiples verres vidés commençaient à faire effet. Ouais ben ce soir, il irai direct au lit! Ou pas. Et... quoi déjà? Ah! Le choix. Un choix, si évident pour ces gens. Aussi évident que de respirer l'air qui les entoure. Ah, et la bonne blague! Isleen qui lui dit que son père comprendra et acceptera! Elle mériterai de le connaître pour mieux comprendre! Le connaître... Le connaître... Non. Non, c'est une mauvaise idée. Ce ne sont pas des acteurs. Mais si ces deux là veulent passer un petit temps dans l'un des Domaines des de Tourmalie, impossible qu'ils arrivent comme tels. Sauf pour dormir dans la grange d'un paysan. Pour voir et profiter ils devraient se métamorphoser. Certainement pas leur truc, pense Max, tout de même avec un doute. De toutes façon, là n'est pas leur question et rien ne laisse présager l'envie d'un travestissement de leur part.

_ Isleen... Mon père m'aime car je suis de son sang. Et que je suis un mâle. Si j'avais un frère, voilà longtemps que je serai au monastère. Yes, les rimes! Il m'aime sans confiance en mes compétences, et j'avoue qu'il a raison. Je ne suis qu'un rêveur! Les rêveurs sont conteurs, poètes, troubadours... Pas Seigneurs d'un grand domaine. Donc, je vais devoir m'y mettre. Je ne suis plus un petit garçon. Concernant ma future, je fais ce que je peux pour m'opposer à ce mariage prochain. Je n'ai pas envie d'en parler. Comme a dit Phyl, après tout je n'ai que du second choix!!
Il se mit à rire, de son grand rire de gorge, grave et sonore. il prit un morceau de mortadelle aromatisée à l'alcool, ce qui lui donnât l'occasion d'une petite plaisanterie comme ça, en passant. Il remplit à nouveau les trois verres de whiskey, la bouteille étant pratiquement vide. Il étendit ses jambes et ses pieds bottés heurtèrent un obstacle vivant. Il s'excusa et étendit ses jambes de l'autre côté sans savoir qui il avait bousculé.

_ Et vous, mes amis? Vous êtes établis ici? Et vous y faites qu... Hmmr. Oui, bon. Vous êtes biens ici? Ah! Cette fois, à moi les questions! D'où vous connaissez-vous? Phyl, ta femme.. car c'est bien ta femme, hein? Non, je sais! Enfin, Isleen vient d'Irlande, et toi, d'où vient-tu?
Nul anneau à aucun annulaire, ni à la main de l'homme, ni à la main de la femme. Il l'a compris depuis un petit moment, ils ne sont pas mariés. S'il se trompe, ils le sont incognito alors. Dans ce cas, pourquoi? Ils n'ont pas du tout, du tout l'air de libertins... Tout le monde peut se tromper. Max pense qu'ils sont ensemble mais non mariés devant Dieu et devant les Hommes comme on dit...
Quoiqu'il en soit, Max fait la conversation avec le sourire, tentant de chasser cette vision troublante de deux voleurs travestis allant et venant sans soucis parmi leur château de campagne, habillés comme de nouveaux bourgeois bien innocents, canines protubérantes à l'idée de tout ce qu'il y aurai à chaparder... Dans ce cas, Max serai le loup ayant mis les renards dans le poulailler... Il y avait tant de choses inutiles là-bas. Surtout des gens, mais aussi des objets! Allez Max, oublie! S'ils relancent, dans un endroit discret tu leur proposera de jouer les acteurs...
Allez Max! Arrête de rêver! Espèce de malhonnête! Le sourire au lèvres - un sourire qu'il ne leur a jamais montré - orne son visage alors qu'il boit à petites gorgées son verre, attendant leurs réponses.
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