Florine
La veille, les derniers tissus en provenance de Flandres avaient rejoint l'étalage à l'intérieur de la petite boutique. Des plus précieuses étoffes aux plus singulières, chacune était soigneusement rangée et mise en valeur afin d'inciter les clients à l'achat.
Pour la plupart, il s'agissait de draps aux différents coloris venant de Bruges. Mais quelques plus rares tissus provenaient de l'Orient et j'espérais ainsi attirer dans mon échoppe la riche bourgeoisie et même la noblesse. Paris m'offrait des possibilités que je n'aurais pu imaginer.
Ce jour, j'ouvrais pour la première fois l'échoppe et accrochais l'enseigne où l'on pouvait lire "Maison Coutenier". La devanture laissait entrapercevoir les rouleaux de tissus ainsi que la richesse des étoffes, ce qui promettait d'attirer les passants curieux. Je laissais la porte ouverte et m'occupais à vérifier une énième fois si tout était en ordre.
J'étais fière de cette boutique qui honorait la mémoire de mes parents et de mes ancêtres. J'étais fière de m'être établie seule à Paris grâce à leur héritage. Depuis ma plus tendre enfance, j'avais grandi entourée d'étoffes et de marchands de Flandres ou d'Orient. J'étais destinée à vivre dans ce milieu que j'affectionnais plus que tout autre.
Au dehors, je voyais les premiers valets s'affairer au mieux pour satisfaire leurs maîtres. Je savais que les nouvelles circulaient vite dans cette ville, et j'osais espérer que ma boutique ne tarderait pas à s'emplir de clientes émerveillées par la douceur de mes étoffes.
_________________