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[RP] Et la route continue...

Morelius
(Suite de l'aventure commencée sur la gargote languedocienne...)

[Castelnaudary - une auberge pour voyageurs où l'on fait du cassoulet]

Contrairement à la rumeur qu'il propageait lui-même, Morelius n’était ni spécialement fort, ni particulièrement habile. Pour ce qui était de monter sur les toits, de ramper dans les tuyaux d’aération ou de désamorcer des serrures empoisonnées, il fallait demander à quelqu’un d’autre. Il savait se battre certes, et principalement quand il était question de sauver sa peau. De part ses anciennes relations, il était forcément au courant des divers ragots qui agitaient le monde des malfrats, mais il n’était plus dans le secret des dieux, et ne cherchait surtout pas à y retourner. Ce n’était sûrement pas l’homme le plus intelligent du monde, ni le plus loyal, bref, en dehors des deux ou trois petits talents qui étaient les siens, il était des plus inutiles.

Ce talent, justement, il décida de l'exercer ce soir là en cette auberge de Castelnaudary pendant que Theolenn négociait les chambres pour la nuit. Il s'était dit qu'elle devait sûrement servir de point de passage à toutes sortes de mercenaires, d’assassins, de truands, et de gens qui évoluaient gracieusement entre ces trois catégories au gré des circonstances. Cette violente population était réputée pour assidûment fréquenter les estaminets de voyageurs dans le but officiel d’y rechercher un commanditaire qui leur donnerait quelque emploi, mais l’honnêteté nous commande toutefois de nous demander dans quelle mesure cet atavisme ne tenait pas plutôt à la présence en ces lieux d’alcool, de compagnons de bagarres et de filles de joie, toutes distractions permettant de tuer le temps entre deux épisodes sanglants. Et que cela ne nous détourne pas de la vraie question qui était: y avait-il des joyeux lurons à Castelnaudary ?

Mais revenons à notre protagoniste aux cheveux blancs. Ne se distinguant pas par sa témérité, on pourrait s’étonner de le voir accoudé au comptoir parmi les rudes gaillards du cru couturés de cicatrices, les musclés, les tatoués, les braconniers et autres marauds. Devrait-on craindre pour sa santé, à notre homme ? Point du tout, car il est ici comme chez lui, c’est son élément. Certes, il est étranger à la ville et n’a jamais mis les pieds dans cet endroit, mais par quelque savante alchimie, par ses manières, la façon dont il est assis ou l’art qu’il a de tenir sa chope, on jurerait que c’est un habitué.

Ah, il en avait entendu, Morelius, des conneries, et c’était là qu’intervenait son don le plus remarquable : celui de laisser traîner une oreille. Car s’il est malaisé de suivre une conversation qui ne vous est pas destinée, il est franchement compliqué d’isoler la conversation qui vous intéresse dans le fatras des platitudes météorologico-politiques qui constituent le bruit de fond de tout forum tavernier. Eh bien Morelius, il y arrivait.

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Theolenn
[L'auberge de William, est-ce ? ]

Theolenn ne négocia rien, elle paya la somme demandée sans la moindre objection.
Deux raisons: les questions d'argent l'ennuyaient profondément et elle était fatiguée.
Elle reçut en prime un ravissant sourire commercial d'un jaune colza marbré et si chargé qu'il aurait pu tromper la plus habile des abeilles partie butiner. Que du bonheur!


*Vivement que le beau temps revienne réellement!* se dit-elle démoralisée. C'est vrai qu'à quoi bon se promener dans le sud au printemps si on ne peut même pas s'endormir sous un ciel étoilé? Depuis qu'elle avait repris goût au voyage, elle étouffait littéralement parmi ses semblables, l'ex sauvageonne, surtout quand elle était obligée de les côtoyer à cause de simples intempéries… Et quand je dis "semblables", entendons-nous, c'était un euphémisme, car en vérité elle se sentait si déplacée où qu'elle aille que la seule similitude qu'elle entrevoyait encore avec les "autres", résidait dans le fait d'appartenir au genre hominidé. Elle se trompait évidemment, il existait probablement de par le monde des gens semblables à elle, cultivés sans démonstration, nantis par évolution, travailleurs par obligation, apatrides par choix et curieux de tout sans a priori…
Ceci dit, ne voir que son reflet dans un miroir, quel intérêt?
J'oublie quelque chose dans ce portrait… Ah oui!… La belle était depuis peu devenue une sacrée menteuse… par jeu.

Un petit coup d'œil à Morelius qui, lui, nageait visiblement dans son élément et elle rajouta quelques pièces dans la main crasseuse de la logeuse pour que leurs bagages soient montés à l'étage. Ce n'était sûrement pas le moment de déranger son coéquipier, plongé qu'il était dans une de ses missions "Caméléon" qu'il affectionnait tant.


- Un bain, c'est possible? hasarda-t-elle sans y croire.


- Tout est possible… pourvu que… Theolenn n'eut pas besoin qu'on lui explique davantage les modalités d'usage, elle paya et grassement, se disant que peut-être l'eau serait tiède. Et puis au diable les derniers écus, ceux-là au moins ne finiraient pas dans la poche d'un voleur de grand chemin. Quant au reste, on verrait bien…

La tenancière siffla. Un gamin d'une dizaine d'années à peine, aussi frêle qu'un jonc, déboula de nulle part, s'empara des sacs sans mot dire et gravit aussitôt l'escalier, le dos arqué et les genoux visiblement pliés sous l'effort. Theolenn médusée regretta illico d'avoir cédé à la facilité mais elle savait aussi que l'aider à présent serait pris comme une insulte par le porteur et pire, comme un jugement de valeur par la mégère. Se fondre dans ce décor particulier n'aurait déjà rien d'aisé pour elle qui avait un rôle à tenir vis-à-vis de Morelius, mais se faire remarquer dès l'arrivée serait vraiment la pire des choses à faire. Elle se mordit les lèvres et fit comme si de rien n'était. Elle suivit donc l'enfant comme l'aurait fait n'importe quelle voyageuse.


- Pour le bain, je vous ferai appeler quand il sera coulé! dit l'aimable à la voix porteuse.

- Merci marmonna la pseudo dame de Montmélian, *comme ça tout le monde est au courant…*… et elle disparut en haut de l'escalier.

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Morelius
- Hé, blanche-neige, c'est à toi ce pichet de rouge ? ... Et la fumelle qui va prendre un bain, aussi que c'est la tienne ?

- Ce n'est pas une fumelle... c'est une dame, et elle est noble.

- Beurk. Mon frère il dit que les dames nobles ça sert pas à grand chose à part crâner sur le dos d'un cheval... Mais j'ai même pas vu le cheval... de toute façon il dit que tout ce qu'il y a de bien chez ta dame c'est la taille de ses...


Quelque part dans une auberge de Castelnaudary, un ivrogne venait de croiser le regard d'un homme à l'étrange chevelure potentiellement en colère. Et ce qu'il y lut lui rappela le pas lourd de son père dans l'escalier lorsqu'il avait été un peu trop "fanfaron" en sa jeunesse. Morelius était ravi d'avoir appris à fusiller du regard comme il avait vu Theolenn faire avec l'armateur de Montpellier, et sans loucher. Il lui avait fallu beaucoup de temps pour y arriver.

- La taille de ses... quoi ?

- ... chausses. I... Il dit qu'elle a des grandes chausses. Des grandes et belles chausses.


Morelius descendit brusquement de son tabouret et posa la main sur l'épaule de l'ivrogne. Maintenant il allait pouvoir faire le doucereux. Il adorait ça.

- Comme c'est adorable ! Tu diras à ton frère que : quel que soit son nom je saurais qui il est, que je suis flatté qu'il s'intéresse aux chausses de ma dame, mais que s'il s'avise de poser les yeux dessus ou même d'y penser... non, SURTOUT s'il s'avise d'y penser, je l'aiderais à réviser certains coups de bastons désagréables. Y compris ceux qui font tomber les petits pruneaux. Tu me comprends bien, n'est-ce pas ?

Désormais blanc de terreur, l'ivrogne au pantalon mouillé fit signe de la tête pour dire que oui, bien reçu 5/5.
Morelius pivota pour regagner son perchoir et terminer son pichet de rouge.

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Theolenn
[Luxe, Calme et Soluté…]

La chambre n'était pas très grande mais sa fenêtre donnait sur une vaste étendue d'eau bordée, par endroits, de quais en bois, et des arbres regroupés en larges bosquets achevaient de donner au paysage un effet des plus apaisants.

Quand le môme eut posé ses sacs, pressentant qu'il ferait demi-tour aussi sec, Theolenn l'attrapa par le poignet. Il pila net, l'autre bras bien levé devant la figure comme pour parer un coup possible. Il n'était pourtant question que de lui filer un écu pour son service, mais la terreur qui se peignit sur son visage à la vue de la pièce qu'elle glissait dans sa menotte lui fit comprendre que l'idée était loin d'être bonne. Elle réfléchit… et le tenant toujours aussi solidement, fouilla son sac pour finalement en retirer… un reste de saucisson sec! C'était un peu maigre comme pourboire mais le porteur écarquilla les yeux et s'en saisit avant de l'engouffrer presqu'entièrement dans son bec de moineau mal dégrossi. Theolenn haussa les sourcils d'étonnement mais après tout, c'était logique, personne ne pourrait le lui reprendre dans tel endroit. Elle sourit et le lâcha, émue par tant de misère ordinaire. Le gamin prit le temps de la détailler avant de décamper mais s'arrêta passé la porte pour lui décocher un dernier regard où se dessinait vaguement l'ébauche d'un sourire. Drôle d'enfance…

Le bain ne se fit pas attendre, quoiqu'en fait de bain, il eut plutôt fallu dire baquet.
A bien regarder il s'agissait même d'un ancien tonneau à vin scié par le milieu et auquel on avait ajouté deux anses en corde pour le transporter. Le plus important, c'est qu'on pouvait s'y asseoir pour trempetter à l'aise et à l'abri des regards. La patronne déposa le contenant et précisa, les mains sur les hanches:

- C'est 20 deniers le seau d'eau froide et 50 pour la chaude, j'en mets combien?
Et Theolenn se fendit de 2 écus supplémentaires.

On ne peut pas dire que l'eau était claire, mais au moins elle ne sentait pas la vase et elle fumait. Il suffirait d'ajouter un petit sachet de lavande séchée pour parfumer le bouillon et ce serait parfait.

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Theolenn
Theolenn est prise d'un remord devant le plaisir qu'elle va égoïstement s'octroyer. Pour y échapper, elle imagine un deal. Au dernier seau d'eau versé, elle confie un mot plié en quatre à aller porter discrètement à l'homme à la longue chevelure blanche s'il est encore au comptoir.

Theolenn a écrit:
" Echange pichet de vin déjà entamé contre bain de deuxième corps.
Si intéressé, rendez-vous à l'étage dans une demi-heure… Th. "


La conscience totalement dégagée de toute mauvaiseté et la chair dépouillée de tout textile, l'exquise sensation de se glisser dans une seconde peau liquide est délicieusement à sa portée. Du bout de l'orteil à la pointe capillaire, chaque fibre de son corps en profite à sa manière et la détente est si intense qu'elle évite de justesse de s'y endormir. Toute la pièce embaume la Provence et la garrigue grâce aux herbes qui infusent peu à peu. Immersion totale et nettoyage intégral au savon d'Alep dont il lui reste quelques copeaux dans un sac de toile. Une mousse fine décore la surface de l'eau qui se trouble d'un blanc laiteux ponctué des petits pétales mauves qui se déplacent au gré des mouvements de la baigneuse.

Mais le temps passe et la phase rinçage ne peut plus tarder. Debout au prix d'un effort de volonté proportionnel au carré du bien-être qu'elle quitte, c'est à la louche en bois qu'elle puise à répétition l'eau de cette opération. Quand soudain on frappe à la porte...


- Je me dépêche, encore deux minutes et je vous cède la place…


- Non dame, prenez vot' temps…c'est juste que j'ai oublié…Quand c'est que vous aurez fini, faut étendre vot' drap dans la pièce au fond, y a un fil tout exprès pour ça… Pardon pour le dérangement, hein, j'm'en va.

Mais le bain est terminé. Theolenn trouve le fameux drap plié sur la tablette de la cheminée, il n'est pas de première jeunesse, on pourrait même le qualifier de rêche mais il est propre et bien épais. Elle s'y enroule le temps de sécher et de décider quel style vestimentaire adopter pour cadrer le mieux possible avec l'endroit…
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Morelius
Morelius ne l’avait pas aperçue en entrant dans la salle de bains, le demi-pichet à la main, sans même frapper. Mais quand il l'entendit se sécher derrière la cloison, il s’arrêta court. Il fit même un mouvement de retraite, soit par sauvagerie d’humeur, soit crainte d’être importun. Puis il se ravisa, se racla la gorge pour signaler sa présence, et lui dit :

– Ô capitaine mon capitaine, veuillez m’excuser. Ce n'est que moi, je venais me décrasser à cette place à votre invite. J’ai troublé, sans le vouloir, votre solitude, et j'ai là pichet de rouge dont vous me direz nouvelles. Je le laisse sur la commode.

Il passa devant le baquet, atteignit l’autre extrémité de la pièce et déposa le pichet et un godet bien en vue sur le meuble. Il ôta alors sa courte veste de drap roux, ses braies, ses chausses hautes de cuir et sa ceinture en laine rouge. Il s'approcha alors du paquet et trempa un pied dans l'eau encore tiède.

– Soyez sans crainte, je ne tomberai pas, et, quand je tomberais, l’eau n’est pas froide.

Et, entrant debout dans le baquet, armé de sa ceinture roulée en boule qu'il avait trempé dans l'eau turbide du bain, il se mit à se frotter énergiquement : de moment en moment, il glissait un peu, se rattrapait d’un geste brusque, et continuait son décrassage.

- Oh oui ! dame, je suis né sous le signe de l'anguille, et point né n'est le pêcheur qui me mettra dans sa nasse...

Et, comme pour prouver ses dires, Morelius enleva lestement le tissu restant sur lui qui lui servait de chemise, se laissant tomber dans la baignoire avec l'aisance d'un de ces animaux exotiques que Pline l'Ancien nommait Hippopotamus amphibius. Il s'allongea tant bien que mal dans cet espace exigu, disparut pendant quelques instants, puis revint à la surface et folâtra en lançant autour de lui des flots d'eau laiteuse, le tout avec une grâce discutable mais une vigueur admirable.

Non content d'ignorer la moindre gène ou pudeur, il se mit en plus à chanter d'une voix grave:


- Passez, nobles seigneurs, dedans vos barques bigarrées; presseriez en vain l'allure de vos rameurs intrépides; j'irois plus vite que vous avec mes bras souples comme l'onde et blancs comme l'écume. De mes haillons couvert, suis un des derniers sur la terre; mais, libre et nu, suis roi de l'onde et votre maistre à tous!

Fuyez, nobles dames, dedans vos barques pavoisées; détourneriez en vain la tête, en vain couvririez de voile vos fronts pudiques; le mien toujours attirerait vos regards, et suivriez de l'œil, à la dérobée, ma chevelure flottante sur les eaux. Avec mes haillons, vous fais reculer de dégoût; mais, libre et nu, suis le roi du monde et le maistre de vos cœurs!

Nagez, oiseaux de la mer et des fleuves; fendez de vos pieds de corail le flot amer qui vous balance. Avec ma poitrine solide comme la proue d'un navire, avec mes bras souples comme votre cou lustré, vous suivrai dans vos nids d'algue et de coquillages. Couvert de mes haillons, vous effraie; mais, libre et nu, suis le roi de l'onde, et me prenez pour l'un d'entre vous!

Theolenn !!! Mon amie, seriez gracieuse en descendant de faire quérir quelque fille d'auberge afin qu'on me tastonne le dos ! A moins que vous-même ne répugniez point à la tâche.

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Theolenn
Les naufrages en eau trouble étaient quand même rares dans les baignoires et la prévenance dont fit montre Morelius quant au faible risque d'accident la fit pouffer de rire tant c'était inattendu.

L'homme se fit chantre...
Ce n'était pas la première fois qu'elle l'entendait chanter. Et si, à chaque fois, la gravité de son timbre de voix lui pinçait pareillement le cœur, fort heureusement, souvent, l'humilité toute moreliusienne des paroles, dont on ignorait si c'était œuvre de spontanéité ou interprétation personnelle de chants peu connus, rattrapait toute émotion qui eut pu faire fondre le palpitant parfois trop fleur bleue de la donzelle. Elle décida sur le champ que ce grand diable sans pudeur était décidément de trop bonne composition pour gâcher son plaisir en laissant une parfaite inconnue en profiter à sa place!

L'idée germa dans son esprit tordu et elle germa même si vite qu'un système racinaire fait de détails spécifiques s'y déploya avec vélocité. C'était tout Theolenn ça! Quand il s'agissait de prendre des décisions sérieuses, ça lui prenait un temps fou mais quand il s'agissait de s'amuser, ça fusait à la minute pour ne s'arrêter qu'une fois le stock d'idées épuisé. Et puis lui l'amusait et la distrayait si souvent qu'il était peut-être temps de lui rendre la pareille.

Le drap ferait merveille…

Elle tordit ses longs cheveux en une natte un peu lâche puis plissa le tissu que l'humidité n'aidait pas vraiment à façonner, et s'en drapa à la manière grecque… ou romaine?… ou plus probablement un mélange improvisé des deux. Adoptant un air humble et soumis, réel défi, elle inspira profondément pour aider à la concentration et à l'investissement dans le rôle choisi puis, telle une vestale échappée de son temple, Theolenn parut dans la faible lumière du jour déclinant.

Sans un bruit, en pas glissés tant la dalle était mouillée par les ébats du petit Morelius au bain, elle alluma, de gestes tout aussi mesurés, les bougies de la cheminée destinées à éclairer la scène et à la parer de précieux tons chauds.

S'était-il endormi ou …noyé? Que n'aurait-elle donné pour se faire greffer des yeux dans le dos et pouvoir capter sa réaction au jeu proposé…
Diantre! Un peu de patience, Theolenn!

Ses yeux accrochèrent la carafe de vin, elle emplit le gobelet, s'en offrit une rasade par pure charité pour ce gosier que la sécheresse menaçait, et se retourna enfin vers l'objet de sa ludique expérience: Un Morelius, muet…

Peut-être fut-ce l'histoire d'Ulysse et de cette servante qui le lavait dans les vers d'Homère et que le père de Theolenn, le vrai, William de Lammermoor, lui déclamait petite fille. Ou alors un vieux fantasme à l'origine plus douteuse…? Qu'importe, la nouvelle dame de Savoie, prise d'un délire dont les aboutissants lui échappaient passablement, leva lentement les yeux du sol pour les poser sur son sujet d'étude, détaillant en passant ce qui pouvait l'être, et se lança dans l'hellénique exercice, le vin encore à la main.


- C'est moi Ô Morelius, ton humble servante, et si tu me le permets, mon Maître, je me chargerai avec plaisir de la noble tâche de te savonner… le dos.

Lui tendant le gobelet à moitié plein… ou à moitié vide, selon l'humeur de chacun, elle ajouta sans complexe:
- Puis-je apaiser ta soif par ce modeste breuvage?
... et attendit la décision du voyageur toujours frappé d'un apparent syndrome carpien.

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Morelius
Malgré la dense vapeur d’eau qui envahit la pièce, sous la légèreté de sa tenue de servante, la plénitude et la séduction des appâts de la dame de Montmélian se dévoilent rapidement, et de bien délicieuse façon, à Morelius. Vite humides, les fines étoffes soulignent avec impudeur la rondeur de sa poitrine, la cambrure de ses reins et la blancheur fuselée de ses longues cuisses rendues fermes par tant de chevauchées, entièrement révélées par la transparence des tissus qui s’y collent.

Elle connait son affaire, la baroudeuse. Sa nudité eut par habitude désarmé le désir, son impudeur l'exacerbe.

Et, dans les vapeurs du bain, ses odeurs se déploient et viennent tourbillonner aux narines de Morelius. Theolenn fleure bon l’amour et le désir moussu, senteurs douces de bis-cuit, de lait chaud, de beurre frais, de miel et de pain grillé, senteurs plus entêtantes du poivre, de la bergamote, du musc, de la lavande, du bois de rose et de l’iris.

Il lui présente son dos et ne parvient qu'à murmurer un faible:


- Bourrelle, fais ton office...

Savonné et frotté avec vigueur, le spadassin reprend rapidement vie. La circulation sanguine promptement stimulée, Morelius retrouve une pétulante fierté. Il se laisse volontiers aller à la douceur du lavage. Les deux mains de sa compagne de voyage se révèlent une fois encore aussi soyeuses qu’habiles. Mais, le délicieux abandon qui le gagne ne doit plus rien à la fatigue...

La dame ne peut naturellement ignorer l’hommage muet mais ô combien voyant que son compagnon rend à ses charmes. Ni y rester insensible.

Pauvre pécheur qui n’ignore rien du piège où il se précipite. Il sait qu’il se condamne une fois de plus à la servitude mais n’en éprouve nulle alarme. Cette perdition est trop plaisante pour ne pas être inévitable.

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Theolenn
- Bourrelle, fais ton office…

C'est au premier contact, ce moment où pour la toute première fois elle pose ses paumes sur la peau chaude et humide du dos de Morelius, que Theolenn prend conscience que dans ce jeu des tentations, elle ne danse que sur un fil …

Est-ce un frisson d'excitation ou bien de crainte qui lui parcourt soudain l'échine ?

Pour ne pas céder trop facilement à ses propres démons, la belle s'absorbe dès lors dans sa tâche. Accroupie et légèrement penchée vers le dos offert, elle fait mousser, elle astique, elle bichonne avec une énergie et une détermination presque suspectes tant il est clair qu'elle essaye par tous les moyens de ne pas se laisser aller à d'autres gestes, bien plus tendres, bien plus doux et dont ses mains qu'elle dompte à grand renfort de volonté, tremblent en réalité d'envie.

Tout devient excuse pour ne pas fléchir. Ses cheveux auraient-ils besoin de… Évidemment !
Elle s'empare de quelques mèches de l'étonnante chevelure si claire et si longue. La douceur des fibres est exceptionnelle… N'était-ce pas déjà un désir qui la taraudait?
Tant pis, impossible de faire marche arrière, pourquoi un simple shampooing serait-il un délit? Theolenn vient de s'accorder, sans autre forme de procès, un droit de "capillage" sur son innocent compagnon.

Vestale éphémère qui tente pourtant toujours de circonscrire son propre feu intérieur, ne remarques-tu point celui que tu viens d'allumer dans l'eau de ce bain aux effluves envoûtantes?

Assise à présent sur le bord de la cuve, tout au plaisir d'enfouir ses doigts gourmands dans les cheveux du baigneur alangui, de lui masser le cuir chevelu en de petits cercles lents, de jouer à faire glisser un anneau de mousse le long d'une queue de cheval improvisée, elle s'enlise dans des paradoxes insoupçonnés.

Elle voit, elle sait, elle savait probablement avant même de commencer…

Lui semble flotter, silencieux, dans l'hydrique solution tandis qu'enfin elle perd pied.
La main qu'elle avait posée sur le front du "maître" dans l'unique but avouable de lui protéger les yeux du savon, s'aventure à présent vers une joue que du bout des doigts elle effleure. En aveugle, elle détaille… Amatrice, elle insiste… sur chaque trait, chaque muscle facial qui frémit au passage, jusqu'à ces lèvres qui elles non plus ne repoussent pas la digitale caresse…

A ce stade Theolenn n'a plus qu'une envie: étudier en profondeur les rituels amoureux de l'équidé fluvial humano morphe, et celui qu'elle a sous la main lui plait terriblement…

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Morelius
Mille senteurs s’ébouriffent autour de Morelius, palpables dans les vapeurs du bain comme autant de suppliques affolées et affolantes. Que c’est parfumé, une envie de femme !

Il manque de fermer les yeux pour savourer le moment, mais se ravise. Surtout, cette pauvre idée de somnoler le consterne. De la douceur avant toute chose. " Morelius, n'oublie jamais, seules la tendresse et l'émotion permettent aux corps de se découvrir et de s'apprivoiser assez pour atteindre la vraie félicité." Il entend encore les conseils de sa première maîtresse. Une catin expérimentée que son père lui avait offert pour qu'elle fit son éducation.

Morelius ne dit rien, se contentant d'attraper le poignet de la jeune femme dans sa main, avec force et douceur, l'incitant à le rejoindre dans le baquet.

L'obscurité de la pièce donne l'illusion d'un temps docile qui se prêterait aux jeux d'amants. Respirer ses cheveux alors qu'elle se penche sur lui. Sombre chevelure où dansent rouges les flammes de l'âtre. Elle a l'odeur poivrée et suave des chevelures de brunes. Il y plonge son visage et boit cette odeur comme un philtre enchanteur. Doucement, il fait glisser ses doigts dans les mèches épaisses et tout ébouriffées. Que de rêves s'exhalent dans les effluves lourdes où bruissent des bouquets de fleurs et des plateaux de fruits.

Un frisson vague à la fenêtre le sort de sa torpeur. Il contemple l'étendue de la peau du bras qu'il tient toujours. Si blanche dans l'obscurité des chandelles et du feu. Autour de Theolenn, l'espace est plus beau, plus profond et plus chaud. L'atmosphère plus parfumée. Une odeur de feuilles vertes et de peau humaine. Morelius la détaille comme s'il la voyait pour la première fois. Le front, les paupières, le coin des yeux, la commissure des lèvres, le menton. Son cou, ses épaules et ses seins également. Un sourire radieux illumine son visage.


- Viens...
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Theolenn
L'attrait de ce mot est infini. Toute forme de résistance la quitte aussitôt que Morelius le prononce. La raison n'existe plus, la réflexion encore moins, et tout l'univers se concentre alors dans le bain rudimentaire d'une taverne rustique de Castelnaudary.

Le poignet emprisonné glisse pour que les mains se rejoignent et se retiennent, et toujours plus ou moins parée du drap translucide que l'humidité colle à sa peau, Theolenn franchit sans hésiter le bord du baquet. Elle entre, fébrile, dans sa bulle à lui, passagère invitée au voyage des sens, et la mêle à la sienne sans en avoir conscience. L'espace est étroit mais c'est de peu d'importance puisqu'elle y trouve immédiatement une place d'évidence pour leur premier face-à-face.

L'eau est-elle froide, tiède, bouillonnante? Pour tout l'or du monde, elle ne pourrait y répondre. Elle est déjà ailleurs, l'aventurière du rêve, captive d'un regard qui la fascine, l'effraye, l'aimante, la trouble, un regard qui voit au-delà de l'étoffe qu'elle n'a même pas songé à retirer tant l'émotion née de ce "Viens" la submerge. Son corps se souvient furtivement d'un baiser arraché à la peur, de l'effet incroyable de cette seconde volée à la fraîcheur d'un soir d'avril. Si le geste de cette nuit-là fut brusque, instinctif, libérateur, celui qu'elle s'apprête à faire, là, maintenant, tout de suite, est d'une toute autre matière.

Sa main libre tremble tandis que ses doigts glissent sur la nuque du Morelius radieux. Si seulement elle pouvait penser, relativiser, trouver une quelconque parade pour amoindrir juste un peu ce tremblement ridicule sur lequel elle n'a aucun pouvoir.
Folle! Surtout pas…
Dans ce jeu à deux il ne doit y avoir ni règle ni pouvoir, ou alors si changeants et si subtils qu'ils ne peuvent perturber le fragile équilibre des sensations et des échanges.

Elle se penche, et là où il y a quelques minutes à peine son doigt dessinait le contour des lèvres masculines, elles posent les siennes avec une légèreté d'ange, s'écarte un peu, recommence, plus audacieuse. Plus les secondes s'égrènent, plus elle prend d'assurance et plus la caresse labiale devient intense. Alternance des bouches qui se cherchent, se découvrent, se perdent et bien vite se retrouvent.

La peur de Theolenn s'évapore totalement pour ne laisser place qu'au plaisir de l'échange. Et tandis que la main de la dame explore et masse tendrement le territoire capillaire du démon blanc, les langues s'enlacent pour la première fois …

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Morelius
Morelius se laisse un instant goûter, butiner par cette abeille aquatique...

Il se revoit à vingt ans, le cœur solitaire et arrogant, vaillant homme de main sans armure, le corps encore vierge de cicatrices, qui partait au combat en ne pensant qu’à la victoire et ne se doutant pas que la bataille allait faire rage parfois et laisser sur la route des désirs amoureux, des passions contrariées, des envies bafouées, des destins tragiques, des marques indélébiles, des blessures assassines, des peurs fondatrices, des manques de courage, des revanches imbéciles, des luttes de vouloir, des instants indécis, des solitudes sombres, des promenades infirmes.

Mais aujourd'hui, grâce à Theolenn, son corps et son esprit ne forment plus qu’un, devenus compagnons pour le meilleur et le pire, se consultant sans cesse et se contredisant, son esprit lui dictant des tomes de mots à susurrer, alors que son corps succombe du fond de ses entrailles à cette envie première de fusionner avec celui de la dame dans le baquet.

Rien que poser ses mains sur ses hanches pour la rapprocher de lui a quelque chose de divin. Il ferme les yeux rien que pour le plaisir de les ouvrir de nouveau sur ces lèvres entrouvertes qui semblent l'inviter à venir se délecter d'un baiser passionné,tendre et empli d'une incroyable sensualité.

Le spadassin assassin interrompt un instant ses baisers pour lui susurrer à l'oreille:


- Dame Theolenn, le code du mercenaire me dicterait rigueur et décence plutôt que trompette et licence. Cependant, voyez-vous, le Ciel m'a doté d'un si vaillant attribut, inspirateur de tant de passions cachées, que, ne pouvant m'empêcher de répondre à ses sollicitations répétées, je vous somme à cette heure, dans les termes les plus authentiques, de me faire reddition. Sans conditions. Theolenn, je suis sur le point de n'être plus maître de mes gestes...
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Theolenn
Dame Theolenn sourit au discours de préambule mais il faut avouer qu'elle s'intéresse davantage au lobe de l'oreille que l'orateur met à sa portée. La tentation d'y goûter est grande mais courageuse elle résiste, pour l'instant, et se contente d'un frôlement appuyé lorsqu'elle lui répond dans un souffle:

- Au diable les codes… et au diable les maîtres… Le seul auquel j'obéis se situe à peu près là…
…et pour illustrer son murmure, elle s'empare de sa main et la guide vers son sein gauche, là où les battements se précipitent tout particulièrement au moment précis où elle l'y pose.

Pourquoi prend-t-il tant de précautions soudainement? A-t-il peur qu'elle n'exige de lui un contrat ou un ajout dans celui qui les lie déjà?
Bon sang! C'est encore ce mensonge… Theolenn est une dame du monde pour Morelius. Que ne s'est-elle arraché la langue plutôt que de s'inventer un statut qui risque de l'isoler dans un moment si important? Mais l'aurait-il accompagnée quand même s'il avait su qu'elle ne valait guère plus que lui aux yeux des particules élitaires? Probablement pas… Comment le rassurer sur ses intentions véritables à son égard sans risquer de vendre la mèche? Peut-être est-il toujours aussi … prévenant, quelle que soit la femme qui partage son plaisir? Les doutes sont insupportables et ne provoquent qu'une souffrance inutile. Les doutes sont à bannir! Le passé ne se refait pas et le futur s'écrira en son temps. Mais le présent, lui, est un cadeau du ciel et ce n'est qu'à eux qu'il appartient d'en faire un moment inoubliable. Touchée au propre comme au figuré par l'aveu inattendu, elle ajoute avant de se livrer entièrement aux gestes désormais incontrôlés de son compagnon:


- Sans conditions… et à vous…

Et toujours cette nuée de papillons qui volettent et lui chatouillent le ventre.

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Morelius
Morelius ne répond rien, c'est inutile, elle connait déjà ses pensées. Il pose son index sous son menton et exerce une légère pression pour lui faire relever la tête, plongeant ainsi son regard dans le sien. Il ne se quittent plus des yeux, s'y noyant littéralement. Elle prend sa main et la promène sur sa peau. Il laisse alors son doigt quitter le menton de Theolenn pour se promener à son tour sur son cou, sur sa gorge, jusqu'à la naissance de ses seins. Morelius fait délicatement glisser une épaule puis l'autre, et la tunique de servante glisse le long de son corps dans un bruissement de tissu. Ses yeux ne quittent le visage de Theolenn que pour scruter son corps frémissant :

- Tu es très belle, tu sais....

Et sans transition il répond alors à ses appels, lui donne la réplique, à ce jeu malicieux qui se veut symbolique d’une passion partagée, d’un appel du désir, de deux êtres guidés par le feu du plaisir.

La peau contre la peau, ses lèvres collées aux siennes, les murs de l'auberge s’en souviendront. Il rejoint son amante dans ses désirs ensoleillés, revient encore l’aimer, encore plus ardemment ! Les reins dans la mouvance réclament ses ardeurs, il la sent si près de lui, s’enivre de sa chaleur. Dans ces plaisirs ravageurs qui hantaient toutes ses nuits depuis leur départ de Savoie, c’est son nom qu'il murmurait:


- Theolenn...

Tout au long de la soirée, sous l’éclat timide de l'âtre et des chandelles, leurs épidermes mêlés mouillés d'eau savonneuse, de sueur et de plaisir, ils s’aiment comme seuls ceux qui n'ont rien à perdre peuvent s’aimer, sans fin, faisant vaciller les colonnes du ciel, se sentant inlassablement, flux et reflux de leur plaisir, mourir et renaître en l’autre.

Quand l'agitation cesse dans le baquet, l'eau est froide depuis bien longtemps.

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Theolenn
[A l'horizon…]

Un premier rayon de soleil se glisse entre deux planches mal ajustées des volets.
Habile, il vient titiller la paupière de la belle endormie qui du coup s'éveille.
La paupière, à son tour, tente une ouverture timide sur le jour mais…
Theolenn résiste à l'éveil.
Elle se tend mentalement dans l'inspiration-expiration d'un soupir de pur bonheur.
Depuis quand ne s'est-elle pas sentie aussi bien?
Depuis quand son corps ne s'est-il pas senti aussi libre que ce matin?
Depuis toujours et depuis jamais…

Dans le déploiement automatique des souvenirs de la nuit, ceux qui vous envahissent et se révèlent, furtifs et éphémères, avant que la conscience ne s'en empare trop...
Elle se voit au bord d'une falaise.
Elle regarde le vide.
Mais le vide n'existe pas, alors que regarde-t-elle?
Elle contemple le rêve d'un monde nouveau dans l'œil rond de son compagnon.
Ils sont en tous points pareils, faits d'un sang turbulent qu'ils nourrissent d'une passion réciproque.
Sans le savoir…
Mais quelque chose se prépare dans l'air doux du soir.
Car depuis peu ils ont les sens en éveil.
Un rendez-vous?
Est-ce celui que la vie n'offre qu'à quelques élus?
En symbiose, ils se dévisagent, soucieux de réussir le grand départ.
Ils ont commencé par se lisser les plumes.
D'abord chacun pour soi, puis très vite en duo, face à face.
Il est primordial que la synchronisation de leur envol soit parfait.
Parce que de cette perfection naîtra l'unicité de la fusion.
Celle dont ils rêvent en secret depuis si longtemps.
Celle qu'aucun d'eux n'avoue à l'autre.
La peur de la malédiction …
Le soleil décline.
Son feu se transmet à l'air pour l'alléger un peu plus.
Rouge.
A présent tout s'impatiente, les cœurs vrillent.
Les compteurs affichent du mille battements à l'heure.
Quand les ailes enfin se déploient, grandioses.
Sans aucune hésitation, ils s'envolent.
Nul besoin de boussole, leur vision est commune.
Fendant l'Éther à la vitesse de la lumière.
Corps à corps, soudés et téméraires.
L'accord est total qui vise l'éternel.
Il ondule au gré des vents divins,
Ce grand oiseau double, bateau ivre.
Il frôle l'onde puis s'en va pulvériser les cimes.
Et caresse de son ivresse l'envers du décor.
Encore et encore…
Le ciel s'offre la plus belle pause qui soit.
Ce ne peut pas être humain de s'aimer comme ça!
Pourtant…
Le meilleur des mondes livre son secret
Aux amants qui défient l'impossible.

Cette fois, Theolenn, les yeux résolument clos, tend ce corps physique qui déborde d'une allégresse vraiment très inhabituelle.
Cependant un obstacle l'entrave dans son mouvement aveugle…
Un bras moreliusien !
Se pourrait-il qu'elle n'ait rien rêvé?
Ses doigts cherchent à légers tâtons la main du dormeur pour y joindre délicatement la sienne, s'y glisser.

Quand même…
C'est terrible les élevages de papillons, vous vous endormez sereine et confiante et le lendemain, au réveil, ils se sont tous dédoublés!

Discrète, une minuscule plume égarée se dépose au pied du lit...

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