[RP] La forêt de Thouars

De Niort à Poitiers et de Poitiers à Thouars, il y avait bien des pas. Ceux-ci se faisaient discrets sur les chemins de terre et imperceptibles en forêt, de peur de se faire surprendre par quelques malandrins mais aussi de peur de croiser quelques bêtes à plumes enfin, plutôt à poils et à dents qui feraient d'eux un bon repas.

Alphy pourtant ne pouvait s'en empêcher... Sa retraite chez les nones sans un mot avait été bien suffisante et maintenant qu'elle en était sortie, plus question de se taire quoique sur certains sujets, elle n'osait s'aventurer avec son compagnon de route, car il avait la manière de détourner, contourner les mots et lui faire dire ce qu'elle souhaitait garder secret ou tout du moins enfermé loin dans sa tête et son cœur. Enfin la plupart du temps, cela se finissait par un grand rire avec lui, ce qui était bien agréable de la part d'un compagnon de route...

Alors Urp, vous allez bien ? Enfin les jambes dégourdies depuis notre arrêt un peu longuet à Niort. Quoique j'ai vu vos jambes sur le terrain de soule, ma foi... elles étaient assez en forme mais attention de ne pas attirer la convoitise sur de tels mollets, les loups en feraient un bon jambon de tout ça... Elle se mit à rire et mit le pied dans une crevasse...

Ouh là... ben voilà, faut pas que je dise trop de bêtise moi, je regarde plus notre route... Bon alors Thouars... on commence par quoi ? On dort à la belle étoile ici en lisière ou bien on se trouve une auberge ? C'est que j'ai pas des mille et des cents moi fait pas trop froid, qu'en pensez-vous ?
_________________

Enfin ils ont repris la route.
Le voyage est très agréable. Les deux compères discutent de choses et d'autres, de façon légère et frivole. Ils rient, sourient, s'entendent. Les silences sont tout aussi harmonieux.

Vraiment agréable.

Ils n'ont pas trainé pour couvrir la distance séparant Thouars de Poitiers et, à la tombée de la nuit, ils arrivent enfin à l'orée d'un bois annonçant la ville la plus au nord du Comté.

_Si je vais bien ? Dites donc, petite, vous savez à qui vous vous adressez ? Croyez vous que cette marche aurait pu m'épuiser ? Que nenni, elle me repose, m'apaise. Une promenade de santé.

Il lui sourit. Il en rajoute évidemment, mais c'est vrai, cette promenade n'est qu'une formalité. D'autant qu'elle se déroule sans embuche jusqu'à présent.

_Et bien vous faites ce que vous voulez, mais moi j'ai déjà élu domicile en ces lieux. Je dors toujours à la belle étoile, Tenez, cet arbre me semble parfait

Il désigne en grand chêne sous lequel se repose une vache.





_Voyez, cette vache est une très bonne amie à moi et elle se fera un plaisir d'accueillir deux voyageurs. Sa demeure est en outre assez spacieuse pour que nous préservions chacun notre intimité. Encore que cela ne me dérangerait aucunement de la partager.

Il ricane et s'approche de l'arbre.

_ Alors, auberge ou grand chêne ?

S’entendre appeler Petite était loin de lui déplaire et la faisait plutôt rire, ce surnom paternaliste tranchant radicalement avec l’attitude taquine habituelle. Et puis c’était de bonne guerre, elle avait tout de même fait sous entendre que ses jambes aux mollets galbés par quelques parties de soule pouvaient ne pas être à la hauteur de la réputation du Capitaine sur de longs trajets.

Ils étaient donc à l’orée du bois et le soleil s’étiolait lentement… quand Urp désigna un bel arbre aux branches monumentales au pied duquel quelques vaches s’étaient abritées déjà pour la nuit.

Il se met à rire, lui présentant la plus proche comme une bonne amie. Oh, une belle amie que vous avez là, très cher…. Se mit-elle à lui répondre sur le même ton précieux. De plus, elle a un autre atout comme hôte de charme, cette belle et jeune amie, elle pourrait nous apporter le petit-déjeuner tout chaud demain matin…

Elle regarde Urp et se met à rire de concert… Grand chêne bien entendu dans ces conditions là, avec toute l’intimité que vous pourrez m’y accorder très cher… D’ailleurs, j’ai bien envie de grimper là, moi… sur la branche basse et d’y préparer ma couche, vous resterez en bas et surveillerez comme le ferai un preux chevalier pour sa princesse… Elle rajoute bien vite…

Non, non, je ne veux pas dire que je suis votre princesse hein ? Mais bon, je ne voudrai pas être celle qui casserait l’ambiance avec votre belle amie tacheté ici bas… Elle joint la parole au geste et jette par-dessus la branche son ballot puis remontant son jupon sans plus de question, là voila attrapant à bras le corps la même branche et s’arc-boutant monte pas après pas les pieds contre le tronc pour se voir suspendue tête en bas puis d’un coup de tête bascule et se retrouve à cheval sur la branche…

Oh… magnifique… quel point de vue sur Thouars… Je ne regrette pas mes efforts et il fait très bon là haut… vous.. ça va en bas ? Votre amie vous fait une petite place ? Elle s'assoit confortablement ouvrant sa couverture qu’elle attache d’un coin au tronc, gardant l’autre pointe qu’elle fixerait à sa taille plus tard.

Dîtes… vous n’avez pas faim ? Moi ça m'a creusé cette ascension.
_________________

Quelques jours à Thouars sans pouvoir en dire si elle appréciait ou pas. A part cette forêt, quelques tavernes où le pain était bien croustillant, elle n'avait rencontré rien de bien particulier ni personne. Faut dire qu'après la Rochelle et sa rencontre tout à fait originale avec son pêcheur aux bouclettes blondes légèrement crasseuses, il était difficile de trouver même originalité.

Son ami blondinet avait dû cuver une bonne partie du temps en tout cas à Thouars car elle ne l'avait pas croisé souvent. Ils avaient convenu que durant ce voyage ils se retrouveraient sur les chemins, partageraient leurs ressentis, leurs anecdotes s'il y en avait mais rien de plus.

Elle ne comptait pas lui mettre la bride sur le cou, elle n'en avait aucun droit ni l'envie d'ailleurs. Ils s'entendaient très bien ainsi et cela leur permettait de se taquiner, de s'apprécier en fait. C'est que l'on s'attachait à ces petites bêtes là... il avait de l'esprit, de la répartie et elle lui faisait confiance c'était très important dans une belle amitié commencée il y a peu mine de rien.

Il est temps pour nous de reprendre la route pour voir ailleurs si l'on trouve des choses motivantes pour l'esprit voir pour le corps après-tout... pensa-t-elle en souriant malicieusement.

Va falloir dire au revoir à ta belle amie tachetée... Merci... Marguerite, tu es la reine des réveils réussis, discrète, aimable et ton lait... délicieux dit-elle en riant et en passant la main entre les oreilles de la vache.
_________________

Petitfrerekoala tomba dans l'eau bien froide. Il ouvrit les yeux sous l'eau, n'entendent rien d'autre qu'un grondement sourd. Il retenait sa respiration, et profitait de l'instant comme s'il durerait à jamais. Il vit Vonsigmar rentrer dans l'eau à son tour. Il refit alors surface.

Aaaaah! Ca fait un bien fou!

Il enleva sa chemise déjà toute trempée, faisant apparaitre son corps musclé mais lacéré de cicatrices de ses combats passés. Son dos en particulier n'était que marques profondes, marques de son état d'esclave, qui dura, tout cumulé, plus d'un an. Il fit quelques brasses et répondit à son ami.

Oui, on pourrait installer la taverne dans le coin. On pourrait appeler ce lieu "La cascade de l'amitié", et donnait le même nom à la taverne, qu'en penses-tu?

Il sourit en se prélassant encore dans l'eau quelques instants.

Au fait, ça avance votre baptême et tout ça avec Meili?

Vonsigmar fît quelques brasses aux côtés de son ami

En voilà une bonne idée! Les thouarsais, je suis sûr feront le déplacement pour y venir, vu la beauté de l'endroit!

Non, pas encore... Nous attendons toujours Monseigneur Forth_With! Il doit venir ici, à Thouars, pour s'assurer de notre tenue "aristotélicienne" dirons nous. Je te ferais savoir dès que ce sera fait, car cela sera synonyme de mariage!

Il plongea, Vonsigmar adorait cela, rester sous l'eau, apprécier le bercement du torrent
_________________

Une fois certain que les souvenirs ne remonteraient pas à la surface pour aujourd'hui, Petitfrerekoala grimpa sur une pierre au soleil, et se prélassa sous les rayons qui réchauffaient son corps. Il enleva ses vêtements, peu gêné par la présence de son ami. Après tout, en caserne et au combat, on ne s'embarrase pas de ce genre de choses. Encore moins réduit en esclavage sur un navire qui ne fait que rarement escale... La seule chose qui le gênait vraiment, c'était de montrer toutes les cicatrices qui lui lézardaient les muscles. Notamment dans le dos, où plus d'un an à marcher au fouet avait laissé de profondes marques pour le restant de ses jours...

Il ferma les yeux et s'allongea sur la pierre, tout sourire, croisant les bras derrière sa tête.

Tu sais Von, on pourrait même en faire un lieu de repos et ouvrir un salon de bains à coté de la taverne. Tu préparerais de l'encens pour l'atmosphère dans le salon, où on ferait des massages à base d'huiles venant de plantes, pour relaxer les gens. Ils se baigneraient ensuite dans l'eau de la cascade, puis se sécheraient, et une fois complètement reposés, ils passeraient à la taverne...

Tiens d'ailleurs, tu sais quelles plantes tu pourrait utiliser pour ça?

Vonsigmar se hissa aux côtés de son ami et voyait bien sa gêne concernant ses cicatrices... Vonsigmar lui n'en avait cure mais il évita le sujet, préférant éviter à son ami de se remémorer d'autres moments noirs de sa vie.

Il s'égoutta un peu et s'appuya contre un tronc d'arbre, les cheveux trempés, le torse toujours nu, il prît sa besace et en sortît sa petite pipe familiale, la petite préparation de feuilles de poirier que lui avait fait découvrir l'évêque Forth_With et prît déjà une bouffée alors que son ami parlait

Il entama sa réponse tout en lui tendant sa pipe, peut-être voulait-il fumer lui aussi!

Mais dit moi, tu en a une sacrée idée! Pourquoi ne l'ouvrirais tu pas déjà? Par avance? Un tel endroit est toujours agréable, et puis je rêve tellement de tes massages! (rires)

Ceci dit, il nous faudrait des masseuses, car tu ferais peur à tout le monde, personne viendrait! Nous, nous serions plutôt allongés sur la table à en profiter... (rires)

Oui, je les connais, elles sont nombreuses! à base d'amande douce, de noyaux d'abricot, de noix de macadamia, de rose musquée, de bourrache, d'argan, de primerose, sésame & tournesol... Elles ont chacune leurs vertus et senteur!

Vonsigmar sourît, amusé par la curiosité de son ami...

Mais, tu t'intéresses vraiment à l'herboristerie? Tu ne m'as pas répondu, tu ne voudrais pas rentrer dans les ordres de la médecine par le biais de l'Ostel Dieu?
_________________

Petitfrerekoala écouta attentivement son ami Vonsigmar. Il savait que lorsque ce dernier était passionné, il parlait beaucoup, et il l'appréciait pour son enthousiasme quasi permanent.

Je n'ai pas les moyens pour le moment d'ouvrir un tel lieu malheureusement. Je dois agrandir mon domaine, m'occuper de mes affaires... Ce n'est pas si facile.

Non, les études, très peu pour moi. Je suis un soldat avant tout. Je vais peut-être même offrir mes services comme mercenaire alors... Tu crois que ce serait compatible avec des études?

Il rit en regardant son ami. Puis il le poussa à nouveau dans l'eau et repiqua une tête avec lui en riant.

Personne n'a dit que ce serait facile mon grand! Mais lorsque tu récoltes les fruits de tes efforts, tu apprécies grandement! Pour ma part ma boulangerie tourne à plein régime, je ne m'en plains pas... (rires)

Petitfrèrekoala répondit au sujet que Vonsigmar annonçait : celui de ses études:

Vonsigmar rît aux éclats en entendant telle réponse alors que son ami le mettait à l'eau. Le saloupio ne lui avait pas laissé le temps de sécher que déjà ils nageait encore. Il fît quelques brasses vers la cascade et sentait son ami le suivre. Il lui répondit, malgré le souffle saccadé par sa nage:

Alors quoi? Les armes empêchent un cerveau d'exister? (rires) Bien sûr que tu peux cumuler emploi et études! Jongler n'est pas facile, c'est clair, mais je le fais bien moi! Meili suit les mêmes cursus que moi d'ailleurs!

Il arriva au niveau des chutes et tenta de monter un petit rocher mousseux. Sa prise était hésitante, ses pieds humides. Il chuta sans prévenir, ses pieds ripèrent sur la mousse et l'effet de balancier amena sa tête contre la roche, il tomba lourdement dans l'eau, ayant perdu connaissance, s’enfonçant inéluctablement dans l'eau trouble.
_________________

Petitfrerekoala écoutait son ami en souriant, amusé, lorsqu'il le vit tenter d'escalader un rocher et se cogner la tête en tombant, s'enfonçant dans l'eau.

Il plongea immédiatement, nageant de manière experte. Il agrippa le corps inerte de son ami et le remonta prestemment à la surface. Il l'allongea sur l'herbe, et s'assura qu'il respirait normalement. Il n'avait pas eu le temps d'avaler vraiment de l'eau.

Il coucha Vonsigmar sur le coté et regarda la plaie qu'il avait sur le crane. Rien de grave apparemment, mais du sang en coulait toujours. Il regarda autour de lui. S'il trouvait de la bardane, il pourrait désinfecter la plaie et stopper le saignement, mais il ne vit autour de lui que des orties, et il ne voulait pas laisser Von seul. Il en cueillit plusieurs et les écrasa à l'aide d'une pierre sur un des rochers.

Il ajouta un peu d'eau sur la pierre, la mélangeant avec les plantes écrasées, en faisant une espèce de mixture, qu'il put alors malaxer avec les mains.

Une fois qu'il fut suffisament satisfait, vu l'urgence, de l'aspect de son mélange, il alla en appliquer sur la plaie de Vonsigmar. Il massa le mélange sur la plaie pour que ça pénètre mieux et le saignement s'estompa assez rapidement.

Il s'assit ensuite à coté du maladroit, et lui parla doucement pour qu'il revienne à lui.

Von. C'est moi, tu m'entends? Ouvre les yeux mon vieux, tu n'es pas encore mort.

Vonsigmar rêvait. Il nageait dans l'obscurité la plus totale. Il sentait comme une présence autour de lui qui s'affairait, mais restait inéluctablement dans les limbes de ses pensées. Il voyait Meili rire, Koko imiter un bambou qui pousse tranquillou, Lou qui faisait le chien sage pour le faire rire, Waulen préparait sa tourtière, Andras cherchait son frère-loup accompagné d'Amiante gardant les murs de la ville, son filleul Alexisiii en train de bêcher pour se faire sa place, Eve à son bureau de tribun, Jim habillé en juge impartial tandis qu'Annabelle faisait du pain. Il voyait Cali faire un pansement à la petite Anna, la fille de Jake, qui, lui, mettait des gouttes pour ses yeux avant un cours. Cornelia semblait broder une nouvelle tenture, Doctorgradus et Forth With semblait prêcher chacun de leur côté, Inracien lui, avait des cartes de ramponenau en main et faisait un gros tapis dont les jetons tombaient. Cyphus et Sophie écrivaient ensemble un bilan de fin de mandat...

Tous tournaient autour de lui, chacun affairé à sa tâche. Il les regardait tous faire, le sourire aux lèvres... Il ne parvenait pas à quitter cet état de léthargie.
_________________

Petitfrerekoala voyait que, bien que la plaie s'était arrêtée, Vonsigmar ne semblait pas vouloir revenir à lui. Il y avait plusieurs moyens bien entendu pour lui faire reprendre connaissance. Il commença par mettre en oeuvre le moyen le plus simple de tous ceux qu'il connaissait : il donna de petites tapes sur la joue de Von.

Allez fainéant! LE REEEEPAAAS EST SERVIIIIIIIIII!

Il attendit un instant et réessaya en disant cette fois :

TOUUUUURNEEEEEEEEEEEEEEEEE GENERAAAAAAAAAAAAALEE
_________________


- "Et nous ne connaitrons pas la peur" -

La vision de Vonsigmar se brouilla et tous semblaient se réunir autour d'une grande tablée, dégustant de nombreux mets : la tourtière de waulen, le pain des amours d'Annabelle, la tarte de cyphus, le bouillon de légumes de meili, les fruits d'Eve, la tisane de Cornelia, le vin rouge d'Amiante, l'alcool de riz de koko... Il semblaient tous vouloir payer leur tournée d'alcool.

C'est là tout le côté improbable de la chose : l'alcool coulait à flots, mais Von lui, n'était pas là!

Vonsigmar prit une grande bouffée d'air en se réveillant, et, en gonflant ses poumons se releva tel un sac que l'on remplirait d'eau. Se faisant il percuta la tête de son pauvre ami et retourna d'où il venait : dans ses rêves de fête.
_________________

Petitfrerekoala ne vit pas venir le réveil de Von et leurs têtes se percutèrent. Malgré la douleur, il rit et se frotta le front. Puis voyant que Von était de nouveau inconscient, il décida d'augmenter la pression.

Il sortit sa flasque avec l'alcool de riz, la vida, et la remplit de l'eau de la cascade. Il revint, se pencha au dessus de son ami, mais debout cette fois pour éviter toute nouvelle colision, et commença à lui vider l'eau fraiche sur le front.

Debout Von! Sinon, je te fais du bouche à bouche!

Il rigola de plus belle, sachant à la respiration de son ami que celui-ci était au bord du réveil!
_________________


- "Et nous ne connaitrons pas la peur" -