Gabrielle_blackney
[Non, non tu n'as pas de nom
Non tu n'as pas d'existence
Tu n'es que ce qu'on en pense
Non, non tu n'as pas de nom*]
Gabrielle était assise dans sa chambre dauberge, dans le Languedoc. Elle avait devant elle un parchemin vierge, de lencre, une plume et sapprêtait à écrire une lettre. Elle avait également, posée sur la table, une petite fiole. Cétait cet objet quelle fixait. Une petite bouteille en verre contenant un liquide verdâtre et dont elle ignorait précisément la composition. Une petite bouteille en verre qui lui posait un énorme problème moral. Dabord parce quelle pouvait mourir den avaler le contenu. Et que même si sa vie était parfois compliquée, se donner la mort nétait nullement dans ses projets, du moins, pas dans ses projets immédiats.
Ensuite, parce que si cela ne la tuait pas elle, cela tuerait tout de même. Et si Gabrielle nest pas très vertueuse, on atteignait là les limites de son immoralité.
Tuer pour se défendre était parfaitement concevable pour la jeune femme, mais tuer juste par commodité, pour se simplifier lexistence, cétait mal. Alors elle regardait cette fiole, fixement, comme si le liquide allait lui souffler la réponse. Elle navait parlé de sa possible situation quà trois personnes. Oui, possible car elle navait aucune certitude sur la chose. Mais si elle devait agir, cétait maintenant, elle navait pas le temps dattendre. Enzo était absent, parti à un mariage en Bretagne, elle pouvait donc se permettre de souffrir durant une nuit et de saigner plus que de raison quelques jours sans attirer ses soupçons. Si elle en croyait le médicastre, en une semaine il ny paraitrait plus. En revanche la femme du médicastre, elle, lavait mise en garde, cétait dangereux et cétait un péché. Enfin, Mordric ne lui avait rien dit si ce nest quil laiderait et ne la laisserait pas seule.
Seule, cétait pourtant précisément comme ça que se sentait Gabrielle. Seule face à une décision qui ne la laisserait de toute façon pas en paix, quoiquelle choisisse.
Avant de décider, elle écrivit une lettre rapide, une lettre sans intérêt et pleine domissions, voire de mensonges, une lettre qui ne disait rien et surtout pas ce quelle aurait voulu être capable de dire.
Non tu n'as pas d'existence
Tu n'es que ce qu'on en pense
Non, non tu n'as pas de nom*]
Gabrielle était assise dans sa chambre dauberge, dans le Languedoc. Elle avait devant elle un parchemin vierge, de lencre, une plume et sapprêtait à écrire une lettre. Elle avait également, posée sur la table, une petite fiole. Cétait cet objet quelle fixait. Une petite bouteille en verre contenant un liquide verdâtre et dont elle ignorait précisément la composition. Une petite bouteille en verre qui lui posait un énorme problème moral. Dabord parce quelle pouvait mourir den avaler le contenu. Et que même si sa vie était parfois compliquée, se donner la mort nétait nullement dans ses projets, du moins, pas dans ses projets immédiats.
Ensuite, parce que si cela ne la tuait pas elle, cela tuerait tout de même. Et si Gabrielle nest pas très vertueuse, on atteignait là les limites de son immoralité.
Tuer pour se défendre était parfaitement concevable pour la jeune femme, mais tuer juste par commodité, pour se simplifier lexistence, cétait mal. Alors elle regardait cette fiole, fixement, comme si le liquide allait lui souffler la réponse. Elle navait parlé de sa possible situation quà trois personnes. Oui, possible car elle navait aucune certitude sur la chose. Mais si elle devait agir, cétait maintenant, elle navait pas le temps dattendre. Enzo était absent, parti à un mariage en Bretagne, elle pouvait donc se permettre de souffrir durant une nuit et de saigner plus que de raison quelques jours sans attirer ses soupçons. Si elle en croyait le médicastre, en une semaine il ny paraitrait plus. En revanche la femme du médicastre, elle, lavait mise en garde, cétait dangereux et cétait un péché. Enfin, Mordric ne lui avait rien dit si ce nest quil laiderait et ne la laisserait pas seule.
Seule, cétait pourtant précisément comme ça que se sentait Gabrielle. Seule face à une décision qui ne la laisserait de toute façon pas en paix, quoiquelle choisisse.
Avant de décider, elle écrivit une lettre rapide, une lettre sans intérêt et pleine domissions, voire de mensonges, une lettre qui ne disait rien et surtout pas ce quelle aurait voulu être capable de dire.
Citation:
A toi, Enzo
De moi, Gabrielle
Enzo,
Jespère que tout se passe bien sur les chemins et que tu arrives bientôt en Bretagne. Je sais comme tu aimes cette région et ses habitants. Mais au moins, y seras-tu plus en sécurité que sur les routes. Sauf si tu tobstines à cracher sur le sol et à exposer tes armoiries normandes.Mais jose espérer que tu ninfliges pas ce genre de provocation à ta comtesse.
Ici, rien ne bouge. Il fait chaud et sec, lair sent la lavande, je prendrais presque goût à la promenade et à la sieste.
Le climat du Languedoc nincite vraiment pas à laction.
Je vais mieux, je ne bois plus, comme javais commencé à le faire avant ton départ, et plus de révolte stomacale. Ca se confirme et je me sens revivre. Je finis presque par aimer les infusions à lanis et à la menthe. Je continue, ceci dit, à piquer une petite gorgée de whisky à Mordric de temps et en temps et à boire un bouchon de calvados quand le cur men dit. Il ne faut pas trop men demander non plus.
Je te laisse à ta bretonne. Fais en sorte quelle ne te garde pas.
Prends soin de toi,
Tu ne me manques pas encore tout à fait, mais presque,
Gab.
De moi, Gabrielle
Enzo,
Jespère que tout se passe bien sur les chemins et que tu arrives bientôt en Bretagne. Je sais comme tu aimes cette région et ses habitants. Mais au moins, y seras-tu plus en sécurité que sur les routes. Sauf si tu tobstines à cracher sur le sol et à exposer tes armoiries normandes.Mais jose espérer que tu ninfliges pas ce genre de provocation à ta comtesse.
Ici, rien ne bouge. Il fait chaud et sec, lair sent la lavande, je prendrais presque goût à la promenade et à la sieste.
Le climat du Languedoc nincite vraiment pas à laction.
Je vais mieux, je ne bois plus, comme javais commencé à le faire avant ton départ, et plus de révolte stomacale. Ca se confirme et je me sens revivre. Je finis presque par aimer les infusions à lanis et à la menthe. Je continue, ceci dit, à piquer une petite gorgée de whisky à Mordric de temps et en temps et à boire un bouchon de calvados quand le cur men dit. Il ne faut pas trop men demander non plus.
Je te laisse à ta bretonne. Fais en sorte quelle ne te garde pas.
Prends soin de toi,
Tu ne me manques pas encore tout à fait, mais presque,
Gab.
Une fois la lettre terminée et cachetée, elle fixa de nouveau la fiole.
Tout le drame de la condition féminine dans ce liquide glauque. Toute la liberté et la supériorité des hommes aussi, eux qui navaient pas à se poser ce genre de questions. Les paroles du médicastre résonnaient « que vous mourriez en prenant cette potion ou le jour de laccouchement, il y a toujours un risque », de sa femme « ne tuez pas un innocent, jadopterai cet enfant avec joie », dEnzo qui bien que nétant pas au courant de la situation actuelle lavais mise en garde « si un jour ça tarrive, ne tente surtout pas de prendre quelque chose ». Tout cela tournait dans sa tête. Et si elle mourrait ? Est-ce que cela valait le coup ? Est-ce quil ne serait pas plus raisonnable de faire ce quAristote avait prévu et devenir mère ? Est-ce quelle naurait pas du prévenir Enzo ?
Et surtout, surtout, comment se regarder en face après avoir commis un tel acte.
Et pourtant ça nétait rien. Juste quelques gorgées. Une nuit atroce. Une semaine difficile. Et la vie reprendrait son cours. Et elle ny penserait plus.
Oui, Ca nétait rien. A peine plus quun animalcule qui avait trouvé sa place dans une matrice qui ne voulait pas de lui.
Gabrielle soupira. QuAristote lui pardonne. Sil était une femme, il comprendrait, et sil était un homme, alors elle aurait bien des choses à lui dire. Elle prit la fiole, la devissa et en avala le contenu cul sec. Cétait épouvantablement amer et elle sentit son cur se soulever.
Elle se tourna alors vers celui qui était là. Pas celui qui devrait. Pas celui dont cétait le rôle. Mais il était là.
Et si le regard que Gabrielle posa sur lui ne semblait pas différer de lordinaire, elle avait pour lui une reconnaissance immense. Parce quil avait proposé son soutien et sa présence le plus naturellement du monde, parce quil navait posé aucune question, parce quil navait eu aucune remarque déplacée.
Il était juste là. Et cétait tout ce qui importait.
Mordric ? Tu veux bien tassurer que cette lettre parte ce soir ? Tu peux y aller maintenant Je te promets de ne pas mourir en ton absence.
Et un sourire, habituel rempart à la difficulté du monde. Même si elle savait quil ne serait pas dupe, lui quelle navait même pas appelé à laide et qui était pourtant venu.
*Anne Sylvestre
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