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[RP Ouvert] «La délicieuse Lefebvre» –Pâtes & Confitures

Isleen
Le pire lorsqu’une personne débloque c’est de savoir démêler le vrai, du fantasme, de la folie créatrice, comment faire, comment savoir ? Bien sur si vous êtes un intime de ladite personne, vous savez, vous finissez par devinez aisément que la tantine annoncée est morte voilà déjà un demi siècle, vous savez qu’il n’y a jamais eu de frère, sœur, qu’il n’y a jamais eu de client, vous savez que le cousin a grandi et s’est marié avec je ne sais qu’elle blonde de son rang, bref vous savez. Mais là mystère et compagnie*. Ils sont ou les fantômes dans ce que lui ressort la vieille, quels sont ceux qu’elle a sorti exprès du placard pour eux ? Qui est toujours vivants ? Qui risque vraiment de pointer son museau ? Ca en fait des questions ! Dans le doute on va dire toute la famille, tachons d’être prudent, mais la rouquine préfère quand même savoir ce qui l’attend, elle n’aime pas le genre d’imprévus costauds et baraqués qui se déplacent en groupe et obéissent militairement à leur chef, alors elle aimerait autant que faire ce peu d’éviter un tel débarquement dans une boutique aussi riquiqui qu’un trou de souris. Tout à l’air d’un trou de souris dans ce cas là.

Mamy…Tu crois qu’il s’ront longs ?

Oui depuis le début, elle pose des questions , c’est ça ou elle éclate de rire et Phyl lui en voudrait de ne pas pouvoir se gonfler la pense de ces mets si sucrés. Ha mamy tu me fais mal aux côtes de retenir ce rire qui vient, qui me secoue doucement alors que je te regarde caresser, palper, tenté d’enfourner une cuillère de confiote, décorant le visage de Phyl avec cette habileté si décousue qu’ont les bambins décorant un sapin. Ha ça oui, elle le retient ce rire en regardant son Grimoald d’un jour, faire vainement des grimaces pour attraper la cuillère au vol. Ha c’est cocasse ! Ha c’est tordant, hilarant, et il propose son aide le filou, le coquin, le gourmand, elle résiste dure la rouquine, elle se tient le ventre, se mords l’intérieur de la bouche… c’est trop elle ne peut plus, elle se retourne, leur tourne le dos, peut être en ne les voyant plus, peut être ne va-t-elle pas éclater de rire. Peine perdue, il est là, ne demande qu’à sortir, à exploser pour résonner dans la boutique, ce rire qui vient, cette bulle de gaité.

Haha ha ha

Elle s’accroupi, se tient le ventre, et tente veinement de rigoler en silence, de se contrôler, mais elle imagine déjà la vieille, dans sa folie, la penser aussi malade que Phyl, et décider de la soigner à coup de confiote elle aussi. Et là resurgit en même temps que son rire se déploie sans plus aucune discrétion, l’image de Phyl beurré de confiture dans les mains expertes de granny jam ! Le rire est le meilleur moyen pour rendre innofensive et incapble de rien la rouquine. Débrouille toi Phyl, moi je peu pas, je peu plus.

*Hommage au Grand et vénérable Scooby Doo adorateur de croquettes s’cusez pas pu empêcher le clin d’oeil
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C.lefebvre

Mais qu'est-ce qu'ils leur prend de l'appeler "Mamy" ? Non ! Elle, c'est "Bertha", c'est "Baba", c'est "ma petite Baba" lorsqu'un petit Lefebvre entre discrètement dans sa cuisine, petite moue angélique, pour négocier une part du dessert supplémentaire.
Mais est-ce que notre Baba s'attarde sur ce détail ? Pas vraiment.
Elle est trop emportée dans son délire, trop submergée par l'émotion qui noie son petit cœur et l'empêche de raison.
Alors elle supplie le Ciel d'épargner son petit Grimoald, son petit ange, de la mort imminente qui pèse sur lui. Elle supplie le Ciel de rassurer sa petite Elisabeth, sa petite princesse, afin qu'elle ne se fasse pas trop de mouron pour son cousin.
Et la main du Gaillard vint se saisir du poignet tremblotant de la vieille employée de maison. Sans doute en avait-il assez de s'en prendre plein la bouille.


- Oh mon petit, tu vas aller mieux, tu vas voir. Les confitures de ta tante sont des petits miracles. Elles vont te remettre sur pieds en un rien de temps !

Mais voilà que la Rouquine veut en savoir s'ils seront longs.
Le Relique se tourne alors vers Isleen - comprenez Elisabeth - et arbore alors un minois traduisant la surprise. Mais de qui parle t-elle ?
Ah ! Elle se souvient maintenant !


- Oh non, mon ange. Ils ne vont plus tarder, maintenant. Ne t'inquiètes point ainsi. Maman va arriver.

La Bertha, elle divaguait complet. Les seuls personne susceptible d'entrer dans la boutique étaient - en dehors des clients - la Rombière et le jeune Angus.
Cunégonde, était la dernière Lefebvre de sa génération encore en vie. Les autres tantes n'était plus, ainsi que Grand-Père et Grand-Mère.
Mais alors, c'est un sacré coup dur pour notre chère Relique !
En effet, voilà que la petite rouquine se met à rire aux éclats. Elle n'en peut plus, la pauvre. Faut dire qu'il y avait de quoi !
Mais notre mamie gâteaux et gâteuse, et complètement dans les choux, prit ces gloussement étouffés pour des sanglots.


- Mon Anngeee !!

Le spectacle de sa petite Elisabeth à terre, se tenant le ventre, extirpe un de ces cris effroyable et plein d'angoisse cher aux grand-mères au cœur tendre.
Que faire ?! Son petit Grimoald est bien mal et voilà que son autre petit ange semble atteinte des mêmes maux.
Oh lalalalala... Il vont finir par lui faire passer l'arme à gauche ces gredins !
La Relique lance un petit "prends-ça" au garçon tendit qu'elle lâche le pot de confiture pour s'en aller vider une petite armoire.
Ce fut une véritable débauche de moyen ! C'est avec une bonne quinzaine de pot que Baba revint, les tenants en équilibre entre ses bras, vers les deux plaisantins. C'est avec une force incroyable qu'elle fit sauter le couvercle d'un pot de myrtilles qu'elle déposa sous le nez de la Rouquine.
A genoux entre les deux, elle allait de sa senestre ridée d'une chevelure à l'autre, morte d’inquiétude.
Quand soudain, le Relique se redresse. Une idée de génie qu'elle vient d'avoir ! Est-ce la Rouquine qui se tenait le ventre qui lui a mis la puce à l'oreille ? Le fait est qu'elle savait comme les guérir !


- Dieu du Ciel ! Mais c'est bien sûr ! Comment n'y ais-je pensé plus tôt ?!
Je sais ce qu'il vous faut, mes petits ! Ooh... suis-je bien bécasse, parfois.
Restez sage, les enfants ! Je m'en vais vous chercher l'huile de ricin !


C'est alors que le Bertha se relève d'un bond et laisse sans plus attendre les zigotos à la merci de leur mal imaginaire. Elle disparaît bientôt à l'étage à la recherche de cette fameuse huile de ricin. A n'en point douter, ces deux petits s'étaient rendu malade à force de sucrerie... et l'huile de ricin, il n'y avait point meilleur remède !
Mais en attendant, le Gaillard et la Rouquine se retrouvaient dorénavant seul dans la boutique, séparé l'un de l'autre par une bonne quinzaine de pots de confitures : mûres, framboises, fraises des bois, myrtilles, cassis... il y avait du choix !
Oh ! Et si vous l'ignoriez... l'huile de ricin est un puissant laxatif !
Phylibert



Sapristoche ! Par les mille roubignolles de Belzébuth, voilà que notre mémé si largement ébréchée du carafon annonce l'arrivée imminente des renforts, sans doute une cohorte d'autres vieux croûtons de son espèce ! Mais que faut-il croire de telles sornettes ? Sont-ils encore vivants tous ces papys dont elle leur parle, ou bien hantent-ils déjà les locaux – ou les bocaux – durant les nuits ? Mystère et boule de gomme ! Sans doute ne représentent-ils aucun danger, mais notre Phyl voit d'un mauvais œil toutes ces intrusions imprévues ! Aucun danger, non, et d'ailleurs sa jolie cousine Elisabeth semble du même avis, car elle est submergée par un fou rire qui la renverse et qui la plie en huit, un fou rire que la mamy perturbée du citron interprète comme un gros chagrin ou une grave maladie.

Zou ! Notre mémé joue les infirmières, elle abandonne la confiotte à son cher Grimoald pour s'en aller porter secours à son ange, la rouquine, ce qui en définitive fait parfaitement les affaires de notre zigoto, d'autant plus que notre gentille antiquité apporte tout-à-coup une quinzaine de pots supplémentaires. Bon ! Faut bien l'avouer, notre Phylou ne comprend pas vraiment la raison de cette générosité soudaine, mais y a t-il encore un brin de logique dans la caboche de la relique aux abois ? A votre avis ?

En attendant, le bougre se régale, une gorgée de mûres par ci, une lampée de myrtilles par là. Il s'en met partout, mais c'est si bon ! Dommage qu'il ne puisse partager avec son mignon puceron, car le sucre, ça aide à grandir, non ?

Mais soudain une grosse goulée de fraises des bois lui reste dans la gorge, coincée un peu plus au sud que ses dents du fond ! Bigre, la raison en est simple, la mamy a fait une nouvelle trouvaille ! L'huile de ricin ! Voilà le remède qu'elle a imaginé pour les tourtereaux qu'elle croit à l'agonie ! Et elle disparaît à toute allure dans l'escalier, frétillante comme un gardon, comme si la vie de la puce et de l'échalas dépendait de sa promptitude à revenir avec sa potion magique.

Phyl parvient enfin à déglutir, et jette une œillade affolée à son farfadet ! Déjà il imagine le pire : l'effet de ce laxatif sur leurs tripailles nouées, les longues séances, agenouillés le cul nu pour soulager la tuyauterie, pour démouler le cake, les boyaux qui se tordent et implorent la pitié ! Non ! Tout mais pas ça !


Bon sang, j'pense qu'on devrait vite filer ailleurs, mon poussinet, vu qu'on a le champ libre ! Faut échapper à ce traitement barbare ! Surveille un peu, j'vais remplir le baluchon avec tous ces pots !

Isleen
L'huile de ricin ! Rien que l'évocation suffit à taire le rire qui sortait la seconde d'avant, rien que ça suffit à la guérir du mal imaginaire dont la vieille croit que sa petiote Elisabeth souffre.
La rouquine se redresse du haut de ses petites pattes, il est temps de mettre les voiles ! L'huile de ricin très peu pour elle, surtout lorsqu'en plus elle n'a pu encore gouter une seule cuillère de confiture ! Mince, c'est rude comme traitement.


J'suis d'accord, grouille qu'on s'retrouve pas face à face avec l'un des vieux dont elle parle.

L'irlandaise jette un œil à droite, un autre à gauche et les récupère tout aussitôt, aucun danger apparent n'étant à portée de vue.

Dépêche Phyl !

Elle a la main sur la poignée de la porte, elle regarde son filou mettre les pots dans son petit baluchon qui s’alourdit, il n'en reste plus beaucoup, il fait vite, l'urgence les gagne. La rouquine ouvre la porte qui fait tinter la clochette, la vieille va vite rappliquer en bas en l'entendant. Elle est déjà mentalement dehors, même si elle tient encore la porte, attendant qu'il termine pour démarrer sur les chapeaux de roues. Elle est courageuse et téméraire la rouquine mais pas pour l'huile de ricin !

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C.lefebvre

    [Quelques jours plus tard, à l'étage, dans le Salon...]

L'incident était clos. Bertha, la Relique, avait recouvrer sa tranquillité bien qu'elle continuait, par moment, à affirmer à la Lefebvre que son neveu et sa nièce étaient venu leur rendre visite, qu'ils étaient souffrants, et qu'ils avaient filé... emportant avec eux une bonne quinzaine de pots de confiture.
Mais que pouvait-elle dire, la Rombière ? Elle était arrivée une bonne heure après le dénouement de la farce. Tout ce qu'elle avait put constater, c'était que sa vieille nourrice, sa confidente, était toute chamboulée, fiévreuse, allant à tous les recoins de la boutique, le flocon d'huile de ricin dans sa petite main ridée, appelant tour à tour Grimoald et Elisabeth, soulevant couvercles de marmites, ouvrant tiroirs et étagères afin de vérifier que les deux chenapans ne s'y cachait point pour échapper à l'huile tant redoutée.
Mais que pouvait-elle dire, ou faire, la Rombière ? Une employée ordinaire, elle aurait put la châtiée, la renvoyer, lui donner le coup de bâton. Mais se mettre en colère contre Bertha, c'était comme se mettre en colère contre sa propre mère. La vieille Bertha jouissait du respect de Cunégonde, d'un respect sincère émanant du cœur et non seulement de la bienséance, ou de l'hypocrisie.
L'incident était clos, et ce jour-là, tandis que Bertha s'occupait de la boutique, la Lefebvre zyeutait son jeune employé, ce petit génie confiturier, le jeune Angus. Dans le Salon, à l'étage, la discussion allait bon train concernant les fournisseurs, l'entretient de la boutique, la solde d'Angus, les projets de la Rombière, les idées de mélanges improbables de l'Artiste, et... Oh... Un long silence, les prunelles de jais de la Lefebvre qui se perdent dans la contemplation du vide, une petite moue mi-triste, mi-inquiète fend son minois de marbre, et... Chut ! Les lèvres fines de la Rombière remuent, elle parle !


- Je me suis rendue au Bal organisé en l'Hôtel de la petite Albanne, l'autre soir...
- Vous dansez, Madame ? Oh ! Un peu d'amusement ne peut que vous faire du Bien. A votre âge, voir du monde et s'amuser un peu n'est point chose aisée et...
- ... Je ne suis point une vieille bique, Angus ! tonna t-elle, coupant le jeune génie sur le point de se perdre dans une longue tirade sur les bien-faits de l'amusement chez les personnes âgées.
- Oh ! Jj..je... Ce n'est point ce que j'ai voulu dire... Pardonnez-moi, Madame.
- Va, Va... Passons.
* Geste las de la fine senestre, pâlissement du jeune Angus qui se détend peu à peu dans un long soupire de soulagement avant de reprendre, peu assuré... *
- Avez-vous fait quelques rencontres intéressantes ? Comment était-ce ?
- Épuisant... Éreintant... Une farce... Je n'aime point cela.
- Comme je vous comprends...
- Suis-je à ce point laide, Angus ? Suis-je à ce point invisible ? Suis-je... une vieille femme fragile ? Suis-je... madame tout-le-monde ?

Petite moue perplexe qui s'insinue sur le minois encore boutonneux du jeune prodige. Il comprend, il comprend... Il comprend que la soirée ne s'est point déroulée comme prévu. Il connait bien la Rombière, il l'a connait depuis sa tendre enfance. Pour lui, il ne faisait aucun doute qu'elle était Madame Lefebvre, la Tante sévère. Elle était Madame Lefebvre, l'Affreuse tante Cunégonde. Elle était celle que son ami Grimoald aimait surnommer, dans le plus grand secret avec ses cousines, "le Dragon".
Mais ici, à Paris, elle n'était plus rien.... et Angus comprenait le mal qui la rongeait.


- Non, vous ne l'êtes point, Madame. Vous êtes Madame Lefebvre, vous êtes... Vous souvenez-vous des vilains ragots que les paysans, et autres vils charretiers, laissaient courir à votre propos ?
- Si je m'en souviens... J'en ai longtemps rit, d'ailleurs. C'est ainsi que je les tenait en respect, Angus.
- Je le sais bien. Moi-même, pour être honnête, n'ai jamais vraiment su...
* Petit rire sardonique de la Rombière, avant de reprendre, un léger rictus au coin des lèvres... *
- L'on racontait, entre autre, que j'avais empoisonné mon mari en vue d'échapper à la... nuit de noce. Cela est faux, bien entendu.
- Peu importe... Ils le croyaient... Vous aviez... Une image. Vous étiez La Lefebvre, vous étiez Madame Lefebvre tout comme Madame Adèle, votre mère. Vous étiez Le D...
- Le Dragon ? Oui, Angus... Je le sais.
- Je...
- Va, Va... Je l'ai toujours su, Angus. Le Respect ne se gagne point que dans le monde, il se gagne également en Famille...
- Bien, bien... Je comprends... A présent, Madame, il faut... une Image..
- J'entends, j'entends...

Fin rictus malsain qui s'insinue sur le minois de glace de la Lefebvre. Une image, voilà ce dont elle avait besoin. Autrefois, son seul désir était de vivre en paix auprès des siens, de jouir de sa respectabilité, de son aura qui avait été l'oeuvre de toute une vie. On l'avait dit mourante, elle n'était point s'y vieille. Elle était seule, elle se mourrait. Mais à présent, la Rombière renaît de ses cendre, la vie, une vitalité nouvelle, étonnante et détonante, s'emparait de son grand corps trop frêle de vieille bourgeoise aigries.
C'était une seconde vie, un monde totalement nouveau. Dans son bastion d'Auvergne, dans le petit cercle très fermé que constituait la famille Lefebvre, elle était une sorte de Reine.
Dans ce nouveau monde qui, à présent, s'offrait à elle... Elle n'était plus rien. Il lui fallait une Image, une carte de visite. Dans ce nouveau monde, elle redeviendrait Madame Lefebvre...


- La Veuve Noire... Je serais la Veuve Noire. Je serais l'Empoisonneuse, je serais... Madame Lefebvre, la Mystérieuse, la Ténébreuse !

Petit ricanement complice et malsain du jeune Angus. L'idée lui plaisait, à n'en point douter.
A partir de ce jour, la Lefebvre se parât telle une jeune, élégante et machiavélique veuve. Son visage, déjà très dur et sévère, serait fardé d'un blanc froid et pur, un blanc glacé et glaçant. Ses fines lèvres se verront soulignées par ce pourpre sombre et mystérieux. En sus d'un fin voile noire, des plume de jais orneront désormais sa coiffe.
Désormais, elle serait Madame Lefebvre, la Veuve Noire, l'Empoisonneuse, la Tante Affreuse, la Ténébreuse, la Mystérieuse...
Khy
La pluie menace.
Depuis des heures, déjà, les nuages lourds & gris ont chassé fermement les rayons printaniers, précipitant ainsi une fin de journée récalcitrante. L'air est lourd, asphyxiant, & Khy pourtant ne s'en plaint pas.
Elle s'estime bien heureuse d'avoir échappé à la sauce depuis son départ de Montpipeau, où en amie inquiète elle a accompagné la liesse du mariage d'une Corsu. Enfin, liesse... Tout est relatif.
Elle s'estime bien heureuse, donc, oui, puisque le crachin de Bretagne ne semblait pas vouloir la laisser en paix, & que depuis que la Bretagne est loin, la pluie n'est plus qu'un mauvais cauchemar. A croire que son escapade d'apparenterait presque à des vacances.

Vacances agitées, toutefois.
Profitant de l'absence de nouvelles d'Hélios, démoniaque passion, l'insolente a filé sur Paris avec la ferme intention de se faire plaisir. Aux Doigts d'Or, bien évidemment. Du moins, si elle finit par trouver la succursale, chose relativement compliqué lorsque la dernière escapade parisienne s'est déroulée en coche aux armes de Pettinengo.
Elle se dit bien, en entrant dans le quartier des Halles & Galeries LaFayotte qu'elle est loin, bien loin des DO. Mais soit, puisqu'on y est, autant en profiter un peu ! Une paire de gants par-ci, une sucrerie par-là, & en plein essayage de cape, voilà que dans l'esgourde inattentive tombe une information inattendue mais loin d'être inintéressante.


- L'on dit dans tout Paris, & surtout dans les mauvais quartiers, Mère, que la Veuve Noire vend une confiture de ciguë, destinée à empoisonner les époux inintéressants. L'on murmure même que cette recette lui vient de sa première noce...
- Ne dites pas de telles choses, douce enfant, allons.. Voilà encore un ragot colporté par les mauvaises langues. Il n'y a là que jalousie pour ses confitures exquises ! Cessez donc de bavasser, allons, & rentrons vite, votre père nous attend.


Le corps s'est retourné, mais les deux femmes, déjà, s'en sont allées dans un cache aux lourdes armoiries.
C'est donc ainsi qu'après quelques minutes de recherches infructueuses, l'antre de la fameuse Veuve Noire est découvert.
Et c'est donc là qu'on retrouve la Vipère, les émeraudes écarquillées ancrées sur l'enseigne qui surmonte la boutique.

    «La délicieuse Lefebvre»
Les doigts gantés se referment sur le crin rouan de l'équidé qui l'accompagne.
    «La délicieuse Lefebvre»
L'émeraude s'assombrit, plus que nécessaire, voilée par l'épaisse couche de souvenirs accompagnant le nom.
    «La délicieuse Lefebvre»
La mâchoire est crispée, la longe liée au premier poteau qui tiendra.
Et d'un soupir lâché au vent qui se lève, l'insolente pousse la porte, la voix rouillée par le choc du nom redécouvert.


- Le bon jour.

Et sous les mots tout juste murmurés, la question, angoissante : « C'est bien toi, Grimoald ?»
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C.lefebvre

    [Ce jour-là, dans la Boutique...]

Ce jour-là, dans la Boutique, il n'y avait nulles âmes qui vivent. Ce jour-là, dans la Boutique, il n'y avait qu'une douce et chaude odeur de sucre, de miel et de fruits qui embaumait et la pièce et les sens mis à l'épreuve.
La fatigue avait gagner la vieille Bertha qui, ce jour-là, avait préféré la chaleur des draps et de la bouillotte. C'était elle, la Mamie Confiote. C'était elle qui, habituellement, recevait les clients. Mais ce jour, elle s'octroyait un repos de plus mérités.
Et puis, qui par ce temps s'en va chercher quelques douceurs sucrées ? Les clients viennent aux beaux jours, ils poussent la porte au hasard et, enivrés par l'odeur, charmés par notre chère Bertha, dépensent sans compter.
Mais ce jour-là, la Boutique était vide...
Cela faisait quelques jours, quelques semaines peut-être, que la Lefebvre avait chargé de répandre à son propos quelques vilains ragots. Elle jouait son nouveau rôle à merveille. Ce masque de Veuve Noire était, au fil des jours, devenu comme une seconde peau. Il n'est point certain, même, que ce masque n'ait point eut quelques effets pervers sur l'âme de notre Rombière. C'est ce que craignait le jeune Angus et la vieille Bertha, du moins. Qu'était, au fond, réellement notre frêle Rombière ? On ne le sait vraiment..
Où est-elle, d'ailleurs ? Ah ! Oui ! Avec le jeune artiste confiturier, Angus de son doux nom, à l'arrière de la Boutique, au milieu des bassine regorgeant de fruits et des marmites fumantes.


- ... Les cerises se vendent bien, Angus. Plus de cerises, plus de cerises... Moins de... fantaisie... de la cerise !
- Madame, si je puis me permettre... L'on m'a complimenté l'autre jour à propos de mes Pétales de Roses.
- De la Cerise, Angus !
- Pétales de Roses et Cerises... Madame ! En voilà une idée de Génie !
- ...

La Lefebvre, à force de longs soupirs désespérée, remontait les marches qui menaient à la Boutique lorsque, la main sur la poignée de la petite porte, la clochette retentit. Pas le choix, c'est elle qui allait devoir s'y coller !
Elle pousse la porte et se cambre, droite comme un piquet, ses cheveux de jais attaché en un strict chignon dissimulé sous coiffe à plumes noires qui ne la quittait plus tout comme son élégante robe de Veuve Noire...
Visage fin, sévère, trop fardé d'une blanc trop pur et trop froid, lèvres pourpres et toujours pincées.
Ses petits yeux de sable qui sondent l'adolescente qui passe la porte.
Elle se trouve encore dans l'ombre, la Vipère n'a sans doute encore vu qu'une présence, une ombre longue, fine et chapeautée lorsque d'une petite voix enrouée, dans une sorte de murmure, le bon jour s'échappe de ses lèvres.

La Lefebvre s'avance d'un pas, sort de l'ombre, apparaît dans toutes sa splendeur à la demoiselle, et d'une voix creuse et glacée qui pourtant se veut accueillante... mais cela, c'est difficile pour la Rombière.


- Le Bon Jour, mademoiselle... Et la Bienvenue en la Maison Lefebvre.

Certes, si l'adolescente avait eu l'air plus pauvre, la Rombière n'y aurait point même mis les formes. Si Bertha était accueillante avec tout le monde, faisant goûter les confitures ordinaires à tout va, même à ces clientes qui ne viennent que pour voir... Cunégonde, elle, n'avait point l'âme d'une petite commerçante, ni celle d'une Mamie Gâteau. Non, elle avait l'âme d'une Lefebvre, une âme de négociante.

... Seriez-vous désireuse de faire le tour ? Ou... Auriez-vous déjà quelque... envie particulière ?

Par "envie particulière", elle ne songeait pas vraiment à cette confiture de ciguë mise au point par son jeune artiste et employé.
Non, sans doute imaginait-elle que la demoiselle avait entendu parler des lubies confiturières de l'Artiste. Peut-être était-elle prête à y mettre le prix fort... Peut-être.
Khy
A la voix qui s'élève, glaçante, c'est un soupir, mi-soulagé pour mi-déçu qui s'effiloche entre les nacres.
Non, ce n'est pas l'ami, le traître, le dérangeant, qui tient boutiques aux Lafayottes.
Un membre de sa famille, sans aucun doute. Et puis qu'importe ! Elle sait combien Grimoald se refuse à se dire Lefebvre, & combien il les fuit avec application. Tout ce qui se fera dans cette antre parfumé restera là & uniquement là.

A demi-rassurée, l'immature pourtant se met à détailler la fameuse Veuve Noire. Car il n'y a aucun doute, c'est bien elle, la propriétaire, sèche & froide, blanche & raide. Parfaite, dans son rôle de rombière, parfaite, dans son rôle d'empoisonneuse, parfaite oui, dans le rôle de la roide que les plus sucrées confitures ne sont parvenues à adoucir.

L'émeraude sombre se détache enfin de la silhouette sombre de la Lefevbre, pas décontenancée pour un sous, non. Puisqu'elle doit se faire cliente ici, elle fera du lieu son chez elle. S'imposer, voilà, & montrer à cette fameuse Veuve Noire qu'elle n'est pas la seule à posséder venin létal.
Ainsi, les bottes claquent sur le sol impeccable, se rapprochant un peu des pots étalés aux regards, s'éloignent encore, se rapprochent, toujours. Les iris résolument opaques décryptent nonchalamment les étiquettes apposées, tandis que la lippe fade murmure les inscriptions.


- Abricot... Cerise... Myrtilles... Pétale de.. rose ? Mhm.

Le silence se fait long, la réponse se fait attendre, & soudain, l'insolente s'arrête, plantée devant une étagère de pots de confiture de mûres, comme si la chose l'intéressait. Les mains gantées se glissent dans le dos recouvert de son éternelle cape de laine grise, & le menton se dresse sur le haut de l'étagère.
Et enfin, la voix claque, sûre d'elle, se voilant du masque du mystère... Par simple précaution.


- Je n'aime pas les confitures. C'est pour offrir. A un homme. Gourmand.
J'y mettrai le prix qu'il faudra. Quelque chose de si délicat qu'il s'en damnerait. Mortellement délicieux. Parfait.
Et l'on murmure partout que vous avez ce qu'il me faut.

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C.lefebvre

La Rombière détaille l'adolescente sans en avoir l'air. Tantôt, ses prunelles de jais se plisse, se ternissent.
Sa démarche lui plait... sûre d'elle. Oui, elle est sûre d'elle. Elle ignore ses cordialités d'usages prononcées trop froidement.
La Vipère la détaille d'abord de ses prunelles émeraudes...
Petit haussement du sourcil gauche, la Rombière se cambre un peu plus, bombant le front, plissant presque imperceptiblement ses prunelles de jais.
La Vipère semble enfin l'ignorer, elle l'ignore.
Elle l'ignore cela l'intrigue, et celui lui plait, aussi, à la Rombière.
Son allure lui plait... Elle est jeune, elle n'est parée telle une Princesse. Elle est jeune et elle déambule dans sa boutique telle une visiteuse de marque, une invitée de la Patronne, une intime de la Maîtresse des Lieux.
Il y a, dans sa démarche, comme une mise en scène, une sorte de minauderie, un petit jeu.
Il y a, dans ses gestes, dans ces saveurs murmurées, dans son interrogation, comme un petit jeu, un petit jeu subtil. Ce n'est qu'un petit jeu d'usage auquel la Rombière se prête volontiers.


- L'on dit que les pétales de roses ont le pouvoir d'emprisonner les cœurs...

Ses prunelles de jais de lâche point l'étrange adolescente. Ses mots sortent dans un souffle, une sorte de sifflement.
Elle n'est point en quête de la dernière fantaisie d'Angus. Elle est en quête d'autre chose. Cela se sent, cela s'entend.
Cette réponse lâchée par la Rombière, elle aussi en disait long. Peu importe le pouvoir des roses, la Lefebvre aurait également put murmurer : « Que cherches-tu, ma petite ? ».
Mais pour l'heure, jouons... jouons encore un peu.. Ne dévoilons point nos cartes avant que la dernière ne tombe.
Et la langue fourchue de la Vipère claque tandis que ses lèvres remuent, que ses émeraudes regardent ailleurs.
La voix est assurée, tout comme le sont ses gestes.
La confiture ? Oui, mais point n'importe laquelle... Un homme ? Cela s'entend... Gourmand ? C'est leur moindre défaut... Tu y mettras le prix ? A la bonne heure... Qu'il s'en damne ? Ne le sont-ils point tous ?... Mortellement délicieux ? Je vois...
La dernière remarque vint confirmer un fin rictus sur le minois glacé de la Veuve Noire. Un subtil rictus entendu...
La Rombière détaille toujours l'Adolescente alors qu'elle se dirige vers une porte à quelques pas d'elle. Elle se cambre un peu plus, tandis que la poignée tourne, que la petite porte grince...


- L'on dit de certains mets qu'ils sont si délicats qu'ils libèrent à coup sûr les cœurs...

Elle invite, par cette remarque lâchée sur le même ton que la première, la Vipère à la suivre dans son antre.
Elle s'engouffre sans un regard vers l'Adolescente dans l'escalier étroit et grinçant qui mène à l'étage, laissant la petite porte bien ouverte.
Le pas est rapide bien qu'elle reste aussi droite qu'un piquet. Le pas est rapide et conduit la Rombière à travers le long corridor. Les portes, de part en part, sont closes. Elle s'avance jusqu'à la dernière et s'y engouffre, la laissant bien ouverte, comme pour la première.
Elle se trouve à présent dans le grand Salon, cette réplique quasi-parfaite du Salon aux Portraits de l'Hôtel thiernois.
Le parquet est ici recouvert de tapis pastel, les tapisseries sont riches sans être tapageuse. Nulle armes, nulles scènes de batailles aux murs, nuls armories trônant sur la cheminée. C'est un Salon tout ce qu'il y a de plus Bourgeois, avec ses portraits aux murs, ses fauteuils devenus trop nombreux et rendu confortable par les moult séants qui s'y déposèrent.
Les portraits des ancêtres vous épient et vous sourient à la fois. Au milieu d'eux, trône celui du jeune Grimoald, angélique et souriant, plus innocent que jamais.
La Rombière, elle, est assise dans un fauteuil faisant face à la porte... Parlons peu, mais parlons bien.


- Que puis-je ?

Tandis que, d'un geste de la dextre, elle invite l'Adolescente à prendre place face à elle...
Khy
- Beaucoup.

Elle a suivit, en silence, sans s'étonner, sans s'effrayer de la froideur de la Rombière, du mystère de sa démarche. Elle a suivit & est entrée, bien trop sûre d'elle, & bien trop fière d'avoir fait comprendre si facilement ses désirs & ses pouvoirs à son hôtesse du jour.
Elle a suivit, oui, & pourtant, la porte franchie, le regard s'est écorché sur le portrait trônant comme un souverain juste au milieu du mur.
Et forcément, la voix, autant que les traits, se sont fait plus durs qu'ils ne l'auraient voulu.
Décontenancée, oui. Furieuse, aussi. De sa propre stupidité.


- Ou pas grand chose... Tout dépend du point de vue.

Les émeraudes sont ternes, infiniment blessées & fixées au portrait qui la nargue, sans qu'elle ne puisse se maîtriser.
Elle brûle. Et elle paraît plus froide qu'à l'accoutumée.
Alors lentement, elle s'approche du portait, fixant la chose comme plus tôt le pot de confiture de mûres, ôtant ses gants avec une douceur toute calculée, pour se reprendre, & reposer le masque.

- Vous dites posséder le don d'emprisonner les coeurs, & de les libérer. Soit.
Mais ça ne m'intéresse pas... Vous l'avez bien compris.


Enfin, les pupilles se fixent sur la Rombière, le corps souple mais compressé se hâtant de prendre place sur le fauteuil à côté de celui de la Veuve Noire.
Oui, le face à face est résolument ignoré, la jeune femme joue à celle qui ne se trompe pas.
Ainsi, de côté, elle garde un oeil sur la porte, & n'affronte pas son hôtesse. Toute une logique longuement réfléchie.
Les jambes sont croisées, le coude planté dans l'accoudoir, l'émeraude brille sur la Rombière & le corps lui, tend à la discussion.
Ainsi, de côté, elle garde un oeil sur Grimoald.


- C'est pour vos poisons, que je suis là.
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C.lefebvre

- J'entends... J'entends.

Elle l'épie, la Rombière. Elle l'examine sous toutes ses coutures. Elle veut percer son Mystère. Qui donc est cette jeune demoiselle aux desseins si sombres ?
Peu importe, à vrai dire. N'était-ce point une cliente comme tant d'autres à venir ? Non, à vrai dire.
Elle était la Première. La première à venir la quérir pour ces affaires-là depuis qu'elle avait charger son jeune employé de répandre la rumeur dans la Ville.
Elle était la première, et c'était comme une sorte d'épreuve, comme une sorte de Baptême pour la Veuve Noire.
Alors, cette jeune femme, elle l'intriguait. Seraient-elles toutes comme celle-ci ? Comment ferrer ces poissons-là ? Tant de questions qui se posèrent pour la Bourgeoise qui n'avait jusqu'alors jamais eu l'occasion de vendre ne serait-ce qu'un clou.
Il fallait une première fois à tout, et elle sentait que l'Adolescente pourrait lui donner du fil à retordre.
Alors elle l'observe, elle la détaille, elle scrute ses moindres mouvements, ses moindres battements de cils, ses moindres petites réactions, ses petits rictus, ses gestes, ses regards...


- Un imbécile... Un petit ingrat.

... tandis que les prunelles de la jeune femme se concentrent sur le portrait de son neveu.
Le ton est sec et agacé. Grimoald... En voilà un sujet qui a le don de nous mettre la Rombière dans tous ses états. Un petit insolent, un petit bandit digne de son arriéré de père.
Il ne l'aime pas, elle lui en veut. Il veut recouvrer sa place d'Héritier, il en bavera, c'est juré.
Pourquoi donc s'arrête-elle sur ce portrait ? Le connaitrait-elle ? Et cet énervement dans sa voix tandis qu'elle s'approche...
Étrange, très étrange... Serait-ce pour lui ? Non. La Veuve Noire chasse cette idée de son esprit alors que l'Adolescente semble se détourner. Sans doute l'a t-on mariée à je-ne-sais quel coureur de jupons, ou bien...
Doit-elle poser la question ? Doit-elle satisfaire sa curiosité ? Est-elle vraiment curieuse, au fond ? Ses traits sont toujours tirés et son front bombé au possible. Si la curiosité la guète, elle ne veut visiblement rien laisser paraître.
Elle semble enfin se décider à se montrer plus explicite quant aux raisons de sa venue. Le petit jeu semble avoir assez durer. Place aux vrais échanges.
Néanmoins, la Lefebvre n'en finissait point d’examiner l'Adolescente tandis qu'elle venait se placer, contre toutes attentes, à ses côté et non face à elle comme elle l'y avait invitée. Pourquoi ? Elle l'ignore.
Les jambes qui se croise tandis que la Vipère semble vouloir, à son tour, la transpercer de ses émeraudes brillantes... tandis que ses lèvres remuent.
Ses lèvres remuent et viennent, une bonne fois pour toute, mettre fin à ce petit jeu de mises-en-scène et de sous-entendus.


- Poisons... Poisons... Il se raconte tant de choses...
Il se pourrait, néanmoins, que l'on trouve ici quelques... nouveautés... qui pourraient fort vous intéresser... Pour selon que vous consentiez à y mettre le prix.
* léger rictus entendu à l'intention de l'Adolescente avant de reprendre, mine sévère, ton agacé : *
Un homme.. N'est-il point ?
Khy
- Le prix est autre, si c'est une femme ?

Sourire narquois qui vient dissimuler sa gène d'être observée par le portrait du nain aux bouclettes blondes.
Le prix n'est pas un problème, ainsi en vient-elle d'en décider, quitte à ne pas faire un détour du côté des Doigts d'Or. Avant d'entendre la mère & la fille parler des saveurs des Lefebvre, l'insolente n'avait certes pas pensé à dilapider sa rente dans un pot de confiture de ciguë, & d'offrir ledit pot à son démon préféré.
Mais l'engrenage est amorcée, & il lui semble, étrangement, qu'il lui est désormais impossible de faire marche arrière.
Puisqu'elle est là, désormais, confortablement installée au côté de la Veuve Noire, à discuter des conditions d'obtention de la confiture prisée, elle n'a plus aucun doute sur ce qu'il adviendra à son retour en Bretagne, auprès d'Hélios.
Le tuer doit être la meilleure solution... Pourquoi diable n'y a-t-elle pas songé avant ?
Ou plutôt... Pourquoi diable n'a-t-elle pas réussi, avant ?


- Un homme dont la seule existence est péché.
Vous avez donc ce que je cherche ?


Ce n'est pas une question, en vérité, c'est une affirmation, alors qu'elle croise les bras & jauge la Lefebvre.
Sa curiosité la dérange quelque peu, mais sans doute est-ce normal... Histoire de se couvrir.


- Il y a une part de vérité derrière chaque rumeur.. Et je gage que vous avez vous-même lancé ces rumeurs-ci.

Elle la presse, volontairement, pour tester la confiance qu'elle peut lui accorder. Après tout, elle vient bien lui demander de quoi tuer un homme... Il devient dès lors sans doute nécessaire de faire attention à ce qu'il se dira, à ce qu'il pourra se dire, à ce qu'elles sauront, chacune, face à des trop curieux.

- Combien ?
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C.lefebvre

- Il est des douceurs qui n'ont point de prix...

Que nomme t-elle « douceurs » , la Rombière ?
Ne serait-ce point celles qui accompagnent une toute nouvelle liberté recouvrée ?
Prunelles de jais un tantinet complices qui se plissent, petit rictus entendu tandis qu'elle se redresse un peu plus encore.
Ses fines et délicates pattes de dentelles noire gantelées se posent sur ses frêles guiboles tandis qu'elle semble s'interroger...
Non... gredin ou gredine, le prix reste encore à définir.
Mais l'Adolescente reprend...


- Un homme... Répète t-elle dans un petit murmure aigu, accompagné d'un léger haussement des épaules.

Elle n'a pas le temps de répliquer.
Évidemment, elle possède ce que la jeune femme désire.
Il y a, dans la commode, quelques pots de cette nouveauté toute particulière que son jeune employé lui a suggéré.
Mais ce n'était aucunement une question. Non, la Vipère savait bien...
Elle savait tout, et elle insistait. Cette dernière remarque la pousse dans ses derniers retranchement.
Elle savait... Et pour la confiture, et pour le masque..
La Rombière semble s'offusquer quelques secondes, mais elle abandonne vite cette petite farce pour un fin rictus qui en dit plus long encore qu'une longue tirade inutile.
C'est alors que la véritable question — ZE question ! — tombe, comme un couperet.
Combien ?


- La vie n'a point de prix... La Fin, quant-à elle...

Elle se penche, tout en restant droite comme un manche à balai, et lui murmure tout bas un prix exorbitant pour qui n'est point sûr de ses fins.
Elle reprend sa position initiale, ses prunelles n'ayant pas quitté le portrait de son père, un brun ténébreux à l'allure sévère qui, de ses prunelles sombres, semble vouloir gourmander sa filles aînées sur le point de devenir, en acte cette fois-ci « la Veuve Noire, la Ténébreuse, la Mystérieuse... l'Empoisonneuse. ».
Khy
Et le rire frais de fuser, tranchant l'air glacial & le sérieux de la discussion.
Elle rit, l'insolente, des étoiles plein les yeux.


- Osé ! Très osé.
On arrive rarement dans ces fauteuils-ci sans un minimum d'audace, certes...
Et je n'en attendais certes pas moins d'une femme de votre envergure.
Mais tout de même !


L'émeraude brille, la main s'agite, amusée, & pourtant le sourire se fait plus narquois qu'il ne l'est d'habitude.
Les doigts agiles se porte à la ceinture qui supporte deux bourses rondes & pleines, & s'immobilisent bientôt, comme hésitants. Khy s'amuse, en vérité, à narguer plus que nécessaire la Rombière à ses côtés. C'est un jeu qui la grise, & quand bien même n'aurait-elle pas eu besoin du pot tant convoité, sans doute serait-elle tout de même venue, juste histoire de reprendre les bonnes vieilles habitudes.
L'insolence.


- Montrez-moi donc cette chose, & nous verrons pour le prix. Je gage que nous nous entendrons parfaitement sur cette affaire... Lefebvre.

Le nom est appuyé, volontairement, pour écraser le semblant de tenue que la Veuve Noire tentait d'imposer avec son prix exorbitant.
Il faudra plus d'audace encore pour contrer la Vipère.


- Qui m'assure, d'ailleurs, que ce n'est pas une vulgaire confiture de myrtilles que vous désirez me vendre, mhm ?
A ce prix là, j'entend bien avoir des garanties... Le nom ne fait pas tout, n'est-ce pas ?


Fallait pas réveiller l'immonde.
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C.lefebvre

Elle s'offusque, s'empourpre, blémit et se cambre encore un peu plus, se relâche à peine, se cambre encore.
Elle rit, la Vipère. Elle rit, et ce n'est pas bon signe... Mais alors, pas du tout !
On ne rie point devant la Veuve Noire... L'on ne doit point rire au nez de la Veuve Noire.
Cela est impossible, inconcevable... déroutant ! Décidément, elle doit encore apprendre.
D'un autre côté, les apprentis charmeurs de serpents font généralement leur premiers coups d'essai sur des couleuvres...
L'on à point idée de s'en prendre à une Vipère, même jeune.
Illusion d'optique ? Le blondinet nabot au minois d'ange trônant au milieu du mur... ce sourire... à coup sûr, il se marrait !


- Mm.. Ma Foy !

Oh ! Tu peux te cambrer, tu peux monter dans les aigu, te parer de ton masque de respectabilité.
Tes lèvres pourpres peuvent bien s'ouvrir et se refermée, se pincer se violemment qu'elles ne demandent plus qu'à exploser.
Ce n'est point une jeune cocotte fortunée. Elle ne se laissera pas prendre à ton petit jeu de mise-en-scène.
Le négoce, tu as ça dans le sang... Mais tu ne t'y étais encore jamais frotté.
Et qui s'y frotte, s'y pique aussi... et là, ça pique fort.
Allez, Allez, la Rombière.. Montre donc ta marchandise...


- Madame Lefebvre !

Corrige t-elle sur une dernière note bien trop aigüe.
Tu panique, car « Madame Lefebvre » , c'est tout ce que tu es.
Et tu rehausse le menton tandis tu te lève, avec toute l'élégance que tu parviens à y mettre malgré cette angoisse et cette colère qui t'agite.
Tu es aussi l'Affreuse tante Cunégonde, et cette Vipère... Tu luttes contre l'envie de lui assener quelques coups de règles sur les doigts.
Tes doigts de dentelles noires fouille à tâtons dans la commode que tu viens d'ouvrir. Cette large commode où l'on trouve de tout, même quelques pots de cette douceur assassine.
Et tu reviens, le pot en verre empli d'une liquide d'un rouge aussi sombre que tes prunelles de jais.
Remettrait-elle en cause ton honnêteté ? Cela hérisse le poil, n'est-ce pas ?
Oh oui ! Tu enrage ! Tu ne peux supporter ! Tu ne peux.. tu...


- Petite insole.. Je ne suis ni tanneuse, ni une de ces gourgandines ! ... Et c'est de la mûre ! Mûre et ciguë... ce garçon est un génie.

Elle souffle, tempête en silence.
Oh ça oui ! Elle réveillerai bien l'Affreuse qui sommeil en elle. Celle que les enfants surnommait : « le Dragon » .
Mais on ne gourmande pas un cliente, voyons ! Surtout si elle peut y mettre le prix.
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