Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3   >>

[RP Ouvert] «La délicieuse Lefebvre» –Pâtes & Confitures

Khy
- Voyez que lorsque vous le voulez...

La langue claque, les doigts s'emparent avidement du pot enfin dévoilé, le couvercle saute & le nez se plisse.
Nul doute que ça sent la confiture. Seulement la confiture.
Le petit doigt, léger, vient se couvrir d'une fine couche de contenant, la pulpe de lèvres se teint d'une touche de rouge passion, de rouge poison, & enfin, la pointe de la langue s'exhibe fugacement pour saisir la saveur de la chose.

Et les yeux qui pétillent, & le sourire qui revit ne trompe pas quand à ce qu'elle ressent. La Rombière, nul doute, porte son surnom de Veuve Noire comme on porte sa peau, & le prix indiqué ne lui paraît plus si osé que ça au regard du talent ressenti dans le pot.
Conquise, oui, elle l'est plus que nécessaire, & c'est d'un soupir amusé qu'elle rompt le silence & la tension qui menaçaient d'éclater.


- Lefebvre... Je vous mets le double pour le silence que vous saurez accorder à la transaction, ainsi que pour votre évidente pugnacité... Voilà bien longtemps que je n'avais eu affaire à quelqu'un de votre qualité.

Dextre se porte au coeur & la tête est penchée, pour prouver à la Rombière combien elle est ravie.

- Je m'incline, Lefebvre, devant un tel talent.
Il n'y a pas de Madame pour un tel génie. Vous êtes un nom, Lefebvre, & bientôt une légende, je n'en douterai pas.


Les doigts hyalins défont enfin les deux bourses garnies, portant chacune le prix plus tôt énoncé, & sont déposées nonchalamment sur la table entre les deux. Le pot est refermé, glissé dans la besace, le corps soulevé, réveillé par la joie d'avoir trouvé partenaire à son goût.
Mais le jeu est fini, & il se faut rentrer.
Nul doute pourtant que...


- Je ne manquerai pas de revenir dès que mes pas me rapprocheront de Paris. J'attends que votre accueil soit tout aussi chaleureux & discret.

Et de s'incliner, encore, pour mieux s'effacer & se faire oublier, sans manquer d'adresser un regard à Grimoald.
Quel honte, mon ami, de renier un tel nom.

_________________
Gabrielle_blackney
[La confiture ça dégouline
(…)
Et ça vous coule dans la manche
Et ça vous longe le pourpoint
De l'avant-bras jusqu'à la hanche
Quand ça ne descend pas plus loin*]


- Paris, Quartier des Halles, début de la deuxième semaine du mois d'août -


Paris ! Gabrielle n’y était allée qu’une seule fois, il a des mois de cela, lors de sa sortie du prieuré. Son idée alors était d’oublier. Une idée idiote assurément. Elle sourit un peu en y repensant pendant qu’elle allonge le pas pour tenter de ne pas perdre Enzo dans la foule qui se presse dans ce quartier des Halles et Galeries LaFayotte. Elle s’accroche au bras de celui qui est devenu son mari pour éviter de se faire bousculer. Elle lève la tête et le regarde. Son Seigneur et Maitre. Jamais elle ne lui dira une chose pareille, même s’il adorerait très certainement, mais il y a un peu de ça. Bien sûr, ils s’engueulent, bien sûr, ils se déchirent, bien sûr leur relation oscille entre amour et haine, mais ça s’apaise toujours. Et puis, Gabrielle ne sait pas vivre sans lui, et il faut croire que lui ne sait pas vivre sans elle alors, ont-ils seulement le choix ?
Mais là, en cet instant, Gabrielle est loin de ces interrogations, elle profite de ce qui s’offre à ses yeux et elle se retient pour ne pas noyer Enzo sous un bavardage incessant dont la principale teneur serait « oh Enzo, tu as vu… ». Parce que lui, évidemment, il connaît fort bien le quartier et jette un regard plus blasé sur ce qui l’entoure, mais c’est la première visite de Gabrielle dans le coin et c’est époustouflant. Un gigantesque marché, des boutiques partout, des tissus, des biscuits, des bijoux, des herbes, des animaux, des tavernes et du monde, partout. Ca grouille mais ça ne sent pas si mauvais que dans le quartier de Saint-Lazare où Gabrielle s’était perdue lors de sa première visite.

Ca sent même bon, parfois. Voire très bon. Ca sent… les fruits et le sucre. La brune ralentit la cadence et lâche le bras qui la guidait. Elle n’est pas très gourmande Gabrielle et n’est pas très portée sur les confiseries et autres douceurs mais là, il faut avouer, ça sent merveilleusement bon. Et puis, elle a faim et même si elle préfèrerait s’attabler devant une viande rôtie, l’odeur sucrée lui tourne un peu la tête et son estomac se rappelle à elle en un gargouillis bien heureusement peu audible.
La jeune femme aperçoit une jolie boutique au dessus de la porte de laquelle on peut lire « Aux délicieuses Lefebvre – Confitures, pâtes & fruits confits ». De la confiture ! Enzo lui en a fait goûter. C’est certes fort sucré mais c’est absolument délicieux ! Les pâtes et fruits confits, Gabrielle ne connaît pas, c’est donc l’occasion de découvrir. Elle s’approche donc, et s’apprête à ouvrir la porte, elle se retourne pour parler.


Oh Enzo, tu as vu, une boutique de conf...


Mais bloody hell**, où est donc passé Enzo ?


* Les Frères Jacques
** Bordel de m*erde

_________________
Enzo
    « La confiture n'est bonne que s'il faut monter sur une chaise pour attraper le pot dans le placard. »
    d'Alexandre Vialatte


    - Paris, Quartier des Halles, début de la deuxième semaine du mois d'août


Conseil numéro 1 : Éviter d'amener une femme aux Halles.

Effectivement, c'est lourd. Ça s'accroche, ça regarde partout. Limite ça veux ça, et puis aller là, et montrer ceci, mais Gabrielle semble lui accorder la gentillesse de l'écarter de se bavardage ridicule. C'est déjà une bonne chose. Alors Enzo passe dans la foule, car il n'aime pas ça. Pas qu'il se sent oppresser, non , mais il n'aime juste pas ça. Et le jeune homme n'a jamais vraiment apprécier l'achalandage et la puanteur de Paris. Ça n'est pas lui qui va devenir Parisien. Un lieu ou loger - autre que les auberges -, pour quelques affaires ça pouvait se faire, mais de là à y vivre ! Certainement pas. Le Quartier des Halles est vraiment plus calme la nuit, ça aussi c'est très clair. Enfin, il soupire, et tente de couper au centre pour sortir de ce chaos. Ils étaient à peine revenue de Falmignoul qu'ils avaient - ou Il avait... - décidé de s'arrêter sur Paris pour quelques courses. Notamment quelques petites bouteilles et choses ici et là qu'ils pourront ramener dans le Languedoc. Ou faire livrer. Comme des meubles et du tisses. Alors Enzo coupe et avance, car lui il connait les Galeries et ça fait bien longtemps que plus rien ne l'épate. Il sent que Gabrielle le lâche - enfin - et soupire un instant sans toutefois se retourner. S'il se retourne il va se faire bouffer par la foule, et Gabrielle n'est sans doute pas assez sotte pour lâcher prise sans le suivre. Alors il continue. On respire, on avance, on respire on avance... et une fois un peu éloigner de l'attroupement on s'arrête. On se tourne et...


- « Et défection ! »

Enzo regarde autour de lui à la recherche de Gabrielle. Surpris et agacé qu'elle n'est pas suivi. C'est qu'il n'a pas que ça à faire lui que de la chercher dans les Halles ! Puis, c'est pas comme si c'était petit. Il soupire, ronchonne et soupire de nouveau. On va à Falmignoul, elle en profite pour courrier et glisser dans les couloirs du Château, en plus de lui tenir tête pour aller mater des brigands. Il l'amène à Paris et voilà qu'elle disparaissait le laissant seul devant la foule à ne pas savoir où elle est allé. Définitivement une femme c'est lourd. C'est emmerdant, et ça met un homme dans des situation pas possible. Ça ne sert qu'à créer des ennuis ! Il aurait dû s'en prendre une docile et calme qui serait rester sagement à la maison à coudre en attendant le retour de son mari. Mais non, il s'était marié à Elle. Les sourcils se froncent et le jeune homme soupire de nouveau avant de poser son regard sur la foule.

Conseil numéro 2 : Amener une femme aux Halles, c'est un peu comme nourrir le chien avec les restes de tables. Ça n'a pas fini de vous enquiquiner après...Donc, éviter ! - Et oui, je répète le conseil numéro 1 et alors ?

La question quand on perd quelqu'un c'est où chercher ? De plus, si sa femme avait quelques choses bien c'est qu'elle n'était pas très friandes des articles de la mode et ses vêtements sur lequel il portait un autre jugement. De toute manière, Enzo était habillé sur mesure à cause de sa grandeur, ainsi la mode lui passait dessus sans réellement discuter de ce qui serait bien ou pas. Il hochait de la tête, choisissait ses couleurs. Il écoutait les critiques et après quelques bâillement changeait d'idée, ou pas. Parfois il choisissait entre plusieurs modèles, mais sans grand intérêt. Il savait bien paraître et c'était tout ce qu'on lui demandait. Pour le reste, une chemise, des braies, une bonne odeur suffisait pour les journées chaudes de l'été Languedocien. Toutefois, revenant de Falmignoul - et ce malgré la bataille, ses déplacements sur la Seigneurie et le voyage jusqu'à Paris - Enzo s'était bien arrangé. Sa noblesse se présentait dans ses vêtements et sa bonne odeur. Et il n'avait pas besoin de son père pour être noble. Il avait eu sa terre parce qu'il avait montré une bonne implication et qu'Hadrien - son Suzerain le Prince de Dinant - avec confiance en lui. Mais peu importait. Comment allait-il trouver Gabrielle dans ce grabuge et où avait-elle pu aller !

Conseil numéro 3 : Si une femme doit sortir, la faire se déplacer avec une dame de compagnie et un garde. Comme ça vous savez toujours où elle se trouve.

Sauf qu'elle refusait toute dame de compagnie et qu'il n'avait pas encore engagé de Garde. Il était mal barré le jeune homme ! Mais franchement, il l'aurait dû l'attacher à lui, comme ça elle aurait pas pu fuir comme ça. Si ça se trouve on l'avait enlevé. Un soubresaut d'angoisse, avant de se raisonner que ça n'était pas possible. Dans la foule et en plein jour. Puis, aussi menue soit-elle, Gabrielle savait un peu se défendre, mordre et crier. Tout du moins l'espérait t-il. Avec son caractère, il espérait qu'elle se laisserait pas enlevé comme ça, surtout s'il était à ses côtés. Les sinoples cherchent, et les bras s'agitent pour repousser les gens. Peu importe s'il touche du gueux, il a perdu Gabrielle.Pourquoi les femmes n'écoutent jamais et ne reste jamais sagement auprès de leurs mari !


- « Gabrielle ! Gabrielle... ! »

Conseil numéro 4 : Vaut toujours mieux se faire bouder par sa femme que d'avoir l'air con à la chercher dans le bassin public.

Cherche et trouve c'est un jeu sympathique pour les enfants. À force, ça devient chiant. Et chercher Gabrielle dans les Halles, à Paris, c'est un peu comme chercher le bon Charlie dans un des derniers « niveau » d'un des livres où c'est rempli de Charlie et de Félicie. Faut juste trouver le bon... - Chercher donc une épine dans le foin que ça serait pareil - Bref. Alors Enzo chercher et ne trouve pas, commence à s'énerver contre les gens tandis qu'une odeur de sucre commence légèrement à venir se faire sentir dans ses narines. Il relève un peu la tête, dépassant pratiquement tout le monde de sa grande taille, quand finalement il reconnait cette chevelure. Ce corps qui a prit un peu de poids ses derniers temps, et ses fameuses braies ! Gabrielle. Mais qu'est-ce qu'elle fout là !

« Aux délicieuses Lefebvre – Confitures, pâtes & fruits confits »

Ah. Tiens, si elle n'est pas friandes des robes, voilà une chose que Gabrielle semble apprécier avec le foie gras : La confiture. Enzo s'avance donc vers sa femme, agacé, la choppant par le bras avec un air frustré. C'est qu'il aurait bien pu la perdre pour de bon, et qu'en 1460 les téléphones portables pour demander où est-ce que l'autre est rendu ça n'existe pas et c'est pas près d'exister ! Alors oui, il choppe sa femme et lui montre bien qu'il est énervé. Définitivement, il va lui coller un garde à celle-là. Et puis une dame de compagnie. Et une rombière aussi. Qu'elle apprenne a être un peu femme et de quitter son mari comme ça !


- « Qu'elle idée ça de vous en allez comme ça, sans prévenir ! Je vous cherchais, et j'ai eu l'air ridicule à vous appeler parmi la foule. Ne savez-vous pas qu'à Paris il faut bien se tenir ? Souvent les réputations se jouent ici ! Et je n'ai pas spécialement envie de passer pour le mari qui se fait tenir à carreau par sa femme ! Déjà que Sire Frédérik... »

Il se tait et soupire, lâchant le bras de Gabrielle, mais gardant les sourcils froncés.Elle allait vraiment lui apporter des ennuis un jour. Et pourtant, c'était sa meilleur allié. Il leva un regard vers la porte et d'un geste agacé dit :

- « Bon, puisque nous sommes là, vous rentrez ou pas ? »

Il secoua sa nouvelle acquisition : Une cape d'épaule aux couleurs de sa Seigneurie - c'est-à-dire de gueule et d'or. - déplaça Gabrielle avec son bras droit et poussa la porte de l'échoppe. C'est qu'il n'avait pas juste ça à faire, mais par chance il aimait bien aussi la confiture et que de toute manière : Conseil numéro 5 : Réclamer le respect, tout en octroyant quelques faveurs parmi les remontrances. Cela évite les débordements et que la femme boude ou réclame.
_________________

Vous êtes un JD québécois ? Venez donc faire un tour ici
C.lefebvre

    [Ce jour-là, dans la boutique, ...]

Ce fut une matinée plutôt calme pour la Maison Lefebvre. Quelques clientes, quelques enfants. Quelques bijoux sucrés bien ordinaires cédés à prix d'or car, bien entendu, outre le talent indéniable du jeune Angus, c'était leur prix qui donnait à ses confitures & autres douceurs, même les plus classiques d'entre elles, toutes ses qualités.
Une matinée ordinaire qui avait suffit à éreinter la pauvre Bertha, vieille Employée de Maison de la famille Lefebvre, mise à rude épreuve depuis que la Rombière, dont elle avait été la nourrice et dont elle restait la seule confidente, avait quitté l'Hostel familial en Auvergne pour cette boutique, caprice d'une vieille fille, à Paris...
Près de la petite porte menant à l'étage, derrière le comptoir, se tenait notre trio de choc. En premier lieu, on trouvait une Bourgeoise à la quarantaine bien tassée, élégante, distinguée, aux traits sévères, au teint glacée, aux lèvres pourpre, magnifiquement parée, une tenue élégante, élégamment austère, et fardée en vue de coller à son rôle de Rombière mystérieuse, de Veuve Noire, d'Empoisonneuse.
Venait ensuite une petite vieille femme qui, quant-à elle, munie d'une petite robe rose très simple, semblait tantôt guimauve, tantôt archétype de la parfaite mamie Gâteaux.
Enfin, engoncé dans un complet bariolé trop juste du fait qu'il était trop grand, et dont le tablier solidement noué ne faisait qu'ajouter au ridicule, appuyé nonchalamment contre le mur, il y avait, songeant sûrement à l'on-ne-sais-quel mélange original ou fatal, le jeune artiste et génie confiturier : Angus, grand dadet boutonneux, qui lorsqu'il ne bégayait pas se prenait pour un Dieu vivant.

    - « .. cette Petite était pourtant si prometteuse...
    - Pauvre Enfant...
    - Oh.. Ne vous rongez point les sangs, Madame.
    - Angus ! Voyons !
    - C'est fâcheux, tout de même, reconnais-le.
    - Une jeune fille bien dotée, bonne à mariée...
    - Oublie la Violette, veux-tu.
    - Pauvre Enfant...
    - Pourtant...
    - Suffit ! ... Je trouverai bien à Grimoald une nouvelle occasion de me prouver sa loyauté.
    - Et que dirais-tu de le laisser enfin en Paix.. ?
    - En Paix ?! Jam...

C'est alors que des voix parvinrent de la rue, toute proche de la porte d'entrée. La porte de la boutique qui, à présent, faisait vibrer les petites clochettes annonçant l'arrivée des clients.
Et durant quelques secondes, c'est avec des yeux de merlans frit que nos trois acolytes observe le couple qui passait la porte. Quelques secondes, seulement. Peut-être l'avaient-ils remarqué. Peut-être n'y avaient-ils pas fait attention. Le fait est que, quelques secondes seulement : la Rombière, la Vielle et l'Artiste les dévisagèrent tous deux comme s'ils venaient de débarquer dans leur chambre juste avant l'heure du bain.
Fort heureusement, ils se souvinrent bien vite qu'ils se trouvaient dans la boutique, et que la venue des clients dans cette pièce était somme toute chose fort banale, et même souhaitable.

    - « Angus, redresse-toi ! Refourgue-lui ta Mûre !
    Elle est certes merveilleuse, mais tu en as encore trop fait ! Je n'en puis plus de la voir. Ta Mûre m'ennuie, elle... Refourgue-lui ta Mûre !
    Baba... Veux-tu t'occuper de la demoiselle ?
    Oh ! Vois donc ses braies... Le Seigneur m'en soit témoin : le jour où ce gredin de Grimoald me présente une Gourgandine-en-Braies, je ferai des draps de soies de sa fichue mère une robe digne de ce nom.

Elle leur avait murmurer ses ordres avant même que la porte ne se referme. A leur tour de jouer !
Et tandis que la Lefebvre tournait les talons, faisant les cents pas au fond de la pièce, lentement, très lentement, cambrée comme il se doit. Majestueuse dans sa élégante robe de jeune veuve éternellement jeune, éternellement veuve, éternellement en deuil, elle semblait ne prêter attention à rien ni à quiconque. Pourtant, elle observait la scène d'un œil discret. C'est qu'elle n'avait que très rarement l'occasion de voir Bertha & Angus à l’œuvre, passant le plus clair de son temps à l'étage, dans son Salon.
Elle les observait du coin de l'oeil, errant dans la boutique, humant l'air délicieusement lourd chargé de miel et de fruits confits, les plumes de jais de son étrange coiffe frôlant parfois les armoires remplies de petits pot aux noms tous aussi farfelus que gourmands qui, hormis pour Angus qui se plaisait à les faire surgir de son esprit folichon, n'évoquait jamais ce que l'épaisse mixture contenait réellement.
En parlant du jeune Angus, sa technique extirpa un fin rictus amusé à notre Rombière. Oh ! C'était malin. Un peu simple, mais il ne manquait pas de cran, ce petit. En effet, il y avait, à tous les recoins de la boutique, des bacs et des armoires qui gardaient précieusement une flopée de pot. Aussi...


- « Oh... Messiiiiire est amateur de Mûûûûûre ! Je vois... Eh bien, il y en a bien devant vos yeux quelques choix bien simples. Ma Foy... Mais bien sûr ! Si Messire veut bien me suivre jusqu'en l'arrière-boutique, je pourrai vous présenter un large choix, des plus fins — Traduisez : « Des plus chers... » . — , qui raviront à coup sûr votre palais délicat, à vous ainsi qu'à votre Nièce — Il se doutait bien qu'elle n'était pas sa nièce. Mais c'était une petite Fantaisie angusienne : si vous souhaitez refourguer votre confiture de mûre à un homme accompagné, commencez d'abord par flatter son épouse ! — qui, n'en doutez point, vous en sera, je n'en doute point, fort grès. *Et allant soudain d'un pas vif, sautillant presque, jusqu'à une sorte de grande alcôve qui tenait lieu d'arrière-boutique où l'on était point tout à fait à l'abri des regards mais bien sûr des oreilles indiscrètes, se faisant violence afin de ne pas se frotter les mains dans un moment d'excitation intense, espérant que l'homme le suivait, sans cesser de blablablater...* Il y en a pour tous les goûts, toutes les envies ! Mûres-groseilles, mûres-framboises, mûres-fraises des bois, mûres-myrtilles, mûres-mirabelles, mûres-poires, mûres-pommes, mûres-cassis...... & surtout ! la Mûre-Mûre ! *sourit jusqu'aux oreilles, pouffe dans ses deux mains, fier de sa trouvaille* Mûre-Mûre ! Hihi ! .. Murmure ! ..Ahem.. hum ! Oui, donc..hum... Nous avons du Choix, donc ! ...& de la Mûre !

Bon... Tout compte fait , ce n'était pas si fin, si malin que cela. Bref !
Et devient la vielle Bertha là-dedans ?
Elle s'est avancée doucement vers Gabrille, le dos un courbé, usée par les années et sa nouvelle vie parisienne. Elle n'a pas l'âme d'une négociante. C'est une nourrice, un cuisinière. Les confitures, et se les laisse volontiers chipée par les enfants. Elle rouspète pour les faire rire. Mais faire de la confiture un commerce, oser quelques mélanges extravagant comme le fait cet idiot d'Angus qu'elle a pourtant connu au berceau... c'est une hérésie !
Pourtant, elle vend. Elle tient la boutique. C'est même son portrait qui trône au-dessus du nom de la maison, sur les pots. Bien sûr, elle n'est pas la « Délicieuse Lefebvre » , mais il faut bien avouer qu'en matière de confiture, le portrait d'une mamie gâteau est bien plus vendeur que celui d'une rombière frigide. Bertha vend, et pourtant, lorsqu'elle s'adresse au client, lorsqu'elle vient à eux, ce n'est pas avec cette démarche avide, ce n'est pas avec la jubilation du jeune Angus qui pense avoir flairer le client du siècle, c'est avec les yeux, et ce petit chevrotement dans la voix, d'une vieille grand-mère présentant à ces petits un large choix de douceurs.
Alors, elle s'approchait de la jeune femme tandis que le jeune Blondinet Boutonneux hameçonnait l'homme qu'elle accompagnait.


- « Le Bonjour, ma Fille — Car toute fille n'ayant pas passé la trentaine était sa Fille —. Et la Bienvenue en la Maison Lefebvre... Désirez-vous quelque chose en particulier ? Nous avons ici-même un large choix de Confitures, Pâtes-de-fruit et Fruit-confits. Il y en a pour tous les goûts, pour tous les p... — Elle failli dire « Pour tous les prix » , mais elle se ravisa... — ... pour toutes les heures de la journée, tous les instants de votre vie.
Gabrielle_blackney
[Il y a des femmes qui sont comme le bâton enduit de confiture de roses : on ne sait pas par quel bout les prendre.*]

- Devant la porte de la boutique « La délicieuse Lefebvre » -


Damn it** !


Oui, c’est sorti tout seul et fort heureusement, aucun anglois dans le coin pour s’offusquer du vocabulaire fort peu châtié de la donzelle. De la Dame pardon, Dame qui vient de réussir l’exploit de perdre son Seigneur de mari dans la foule parisienne. Un mari immense pourtant. Un de ces hommes qui dépassent tout le monde de deux têtes et qu’il faut regarder en levant les yeux.
Gabrielle soupire et se maudit d’être aussi petite, parce que du coup, elle ne voit pas grand chose par dessus les têtes qui l’entourent. Une des gros défaut de la jeune femme est son sens de l’orientation quasiment inexistant, elle a bien réussi à se perdre dans le château de Falmignoul, alors dans Paris ! Et même en se limitant au quartier des Halles, ça ne serait pas bien prudent de partir à la recherche du Grand. Mais quand on se perd souvent, on retient deux choses : quand on est seul, il faut revenir sur ses pas pour se retrouver à son point de départ et quand on est deux ou plus et qu’on se trouve séparé du groupe, il faut attendre passivement en espérant que le reste de la troupe n’ait pas la même idée que vous, sinon le petit jeu de « je t’attends, retrouve moi » peut durer un certain temps. Mais elle connaît Enzo et sait très bien 1- qu’il va se rendre compte qu’elle a disparu assez vite, 2- qu’il va d’abord s’agacer, puis paniquer – un court instant seulement - , puis fulminer de nouveau, 3- qu’il va la retrouver et 4- qu’il va lui faire la morale « quelle idée vous avez eu de me lâcher comme ça… nianiania… et s’ils vous était arrivée quelque chose… nianiania… et ça serait bien que vous appreniez à vous tenir un peu plus selon votre rang… nianiania… ». Bref, Gabrielle attend sagement et patiemment son mari tout en regardant la devanture de la boutique tant qu’à être plantée là.

Une voix rauque dans son dos et une main qui s’agrippe à son bras la font sursauter.
Gabrielle regarde Enzo et retient le soupir qui menace de prendre la tangente d’entre ses lèvres. Elle préfère lui sourire avec un air innocent pendant qu’il la sermonne et la fixe de son œil sombre de mâle dominant pas content parce que sa femme ne l’écoute jamais. Soit dit en passant, c’est tout à fait exagéré comme vision des choses mais Enzo est bien connu pour être très partial à ce sujet. Fermons la parenthèse. Gabrielle, elle, pense que la vie est belle, qu’elle a un château avec un donjon sur les terres de son mari, une maison avec des – petites – écuries à Montpellier, que Paris, c’est beau mais moins que son odieux – mais sublime et malgré tout charmant époux - et que la confiture, ça sent bon. Bref, Gabrielle est une jeune mariée heureuse et amoureuse et tout le reste n’a guère d’importance, même pas les deux moules, loin là bas sur leur rocher qui leur cherchent des noises.
Elle se laisse donc pousser de bonne grâce par Enzo à l’intérieur de la boutique puisqu’il semble qu’il ne soit pas si fâché que ça et lui accorde malgré tout le droit d’une visite.


- Dans la boutique « La délicieuse Lefebvre » -

Du dedans, ça sent encore meilleur que du dehors ! Une vraie merveille ! Gabrielle ne prête guère attention aux trois personnes qui semblent tenir conciliabule à l’intérieur et qui se séparent à peine ont-ils posé une botte à l’intérieur. Pas le temps de flâner et de regarder qu’un des trois, un grand blond à l’air niais fond sur Enzo comme le faucon sur un petit lapin et entreprend de le noyer sous les mots, il parle et ne s’arrête plus. Gabrielle reste interdite et regarde l’homme avec de grands yeux, ouvrant la bouche pour la refermer aussitôt quand l’homme évoque l’hypothèse qu’elle pourrait être la nièce d’Enzo. Il saura bien se débrouiller avec le Grand, s’il ne prend pas peur face à cette diarrhée verbale. Gabrielle recule d’un pas, un peu lâchement il faut bien le dire pour échapper à la longue liste des confitures disponibles que semble vouloir énumérer le vendeur.
Mais voilà qu’une petite vieille à l’air innocent la coince et entreprend de lui parler. Gabrielle la regarde et redoute qu’elle se lance à son tour dans une description sans fin des produits disponibles. Mais non. C’est plus calme et la mamie ne semble pas vouloir la saoûler de paroles. La brune se détend donc et lui sourit.


C’est quoi des pâtes de fruit ? Et des fruits confits ?

Enzo doit connaitre, lui mais à l'heure qu'il est, il est certainement noyé sous les mûres. Séparer pour mieux régner... pour mieux vendre tout au moins. Voilà qui semble être la stratégie commerciale, ce qui ne plait que trés moyennement à Gabrielle qui n'a aucune idée des prix ni de rien. Elle voulait juste goûter une pâte de fruit, rien de plus. Elle envoie donc un "Sors mOi de là fiSsa" silencieux à Enzo. Comprendra? Comprendra pas? A moins qu'il ne prenne un malin plaisir à la laisser en prise avec la gentille mamie gâteaux?


*Alphonse Allais
** Bordel ! ou Putain ! (interjection pas bien élégante en gros).

_________________
Enzo
    - « Aux délicieuses Lefebvre – Confitures, pâtes & fruits confits » - La mûre des lamentations


Les sinoples jettent leur dévolu sur la boutique, tandis que le nez renifle les bonnes odeurs, et un léger sourire d’apparaître sur le visage du Blackney. Léger, car il reste tout de même un peu agacé d’avoir perdu Gabrielle et avoir dû la chercher. Chose bien : C’est qu’il se retrouve dans une boutique qu’il apprécie. Faut avouer que le jeune homme connaît l’existence des confitures depuis son plus jeune âge. Et seul les odeurs réussissaient à lui rappeler le goût de la confiture aux pommes qu’il adore tant. Celles faites avec pommes d’Avranches, dans sa Normandie natale. Faut tout de même rappeler qu’Enzo n’a pas spécialement bonne mémoire. Sauf en ce qui concernait les odeurs. Sucrés encore plus. Et provenant des cheveux, plus clairement ! – Oui, oui… c’est un fanatique des cheveux. Plus ou moins. Et des bottes propres. Et des chemises aux bonnes odeurs, et plier d’une seule et unique façon. Des braies doux et sans tâches… et autres petites choses comme ça qui ne sont pas spécialement importantes pour le commun des mortels – Donc Enzo a un léger sourire, avant de déposer un regard sur sa femme, qui semblait manifestement être émerveillé. Sauf que comme dans chaque boutique on se fait déranger dans notre contemplation. Comme si pour vendre fallait automatiquement passé la corde au cou du client et l’empêcher de fuir. – En prenant le risque de l’étouffer comme il faut, pendu à souhait, et qu’il ne revienne jamais. – En fait, rentrée dans une boutique c’est un peu comme le mariage.

Enzo soupire donc en voyant arrivé l’homme qui use carrément du trébuchet pour faire tomber les défenses de son client : C’est-à-dire notre grand brun. Un sourcil se arque, tandis que d’instinct le jeune homme recule d’un pas devant la teneur des propos. Amateur de mur ? C’est vrai qu’Enzo appréciait bien les murs qu’il fréquentait certaines nuits avec Gabrielle, mais de là à se faire dire amateur de mur ! Il était étrange ce vendeur. Et comment pouvait-il savoir s’il aimait bien le placage intempestif - ou pas. Ça n’est pas toujours déplacé – avec sa femme ? Puis qu’elle idée saugrenue que de venir s’adresser aux clients de cette manière. Enzo voulu rétorquer, que l’homme continuai dans sa lancé en parlant de sa nièce. Le jeune homme resta quelques minutes les sourcils froncés en observant les sautillants de l’homme. Sa nièce ? Mais qu’elle nièce ? Il n’avait pas de nièce. Hervald était porté disparu, et Hélène bien trop jeune pour avoir eu une fille. Parlait-il de Gabrielle ? Sa femme. Sa nièce. Sa nièce. Sa femme. Enzo secoua la tête, complètement abasourdit par la vitesse des propos d’Angus – dont il ne connaît pas encore le nom – mais aussi du fait que sa femme était devenue sa nièce. Il envoie ses sinoples sur Gabrielle qui semble vouloir passé un message. Petit sourire, narquois alors qu’il s’éloigne avec l’homme en haussant les épaules. Qu’elle se débrouille, lui… Bien, lui il doit bien se débrouiller avec le fanatique de mûre devant lui. Une vraie dissertation verbale. Une lamentation dirais-je ! Alors le jeune homme secoue la tête aux propositions de l’homme, gardant se même sourire narquois sur le visage. Mûre-mûre. Eh bien. Elle était bien bonne celle là. Ou pas. C’est que le jeune homme n’avait pas l’humour facile. On lui ordonnait même de sourire parfois, c’est pour dire. Alors il toise celui qui – vu l’excitation – semblait être le confectionneur – ce qui peut avoir de la classe de parler avec le créateur quand même - et soupire. Désagréable. Levant les yeux au ciel, avant de déposer ses yeux vert foncés sur l’homme et de dire d’un ton stoïque.

- « Je n’aime pas la mûre. »

Les sinoples se fixent dans les yeux du blondinet. Tenant le silence à la suite de sa phrase. Restant inébranlable. Il aime les pommes. Les abricots. Et autres fruits, mais pas spécialement les mûres. Que ce soit une mûre mûre, ou pas mûre d’ailleurs ! C’est embêtant, car il semblerait qu’il soit la cible pour qu’on lui refourgue la confiture à base de mûres ! Alors Enzo risque un sourire – arrogant bien sur – et lève un peu le menton. Oui, il fait exprès de montrer sa valeur, et surtout de mettre un malaise sur le blondinet. Si cela fonctionne. Car rien n’ai jamais bien sur. Mais peu importe. Alors, la fin des lamentations fait, Enzo regarde autour, se rappelant d’avoir croisé une dame qui lui semblait vielle, et surtout éloigné des deux scènes. Une avec Gabrielle, et l’autre avec lui. Grande alcôve donc. Pourquoi là ? Il n’en savait rien. À se demander si cette boutique n’était pas un fiasco avec des surprises party à chaque 100eme client, et que par malheur c’était tombé sur lui !

- « Et sinon, vous en avez simplement à la pomme ? Deux pots. Un à la fraise des bois. Et mirabelle. Aussi.»

Il pourrait bien prendre une à la mûre. Voir deux, peut-être. À refourguer aux gamins de Montpellier qu’il voyait en taverne. Il avait promit d’en ramener à la Von Frayner aussi. Mais peu importe. Il n’allait pas le dire tout suite qu’il prendrait – potentiellement de la mûre – pour se faire attendre. Voir la déception – ou autre sentiment – dans le regard de l’autre. Montrer que c’est le client qui a raison. C’est lui le Roy. Oui, Enzo aime montrer sa supériorité lorsqu’on lui en donne l’occasion. Et déjà agacé par sa femme qui n’écoutait rien – la prochaine fois il suivra les conseils à la lettre ! – il n’avait aucune envie de se faire entourloupé par le premier boutonneux croisé.

Leçon de shopping #1 : Jamais se présenter en couillon. Faudrait pas se faire embarquer dans une arnaque !

Puis, ayant une question en tête…


- « Dites-moi, ça vous arrive souvent d’apporter vostre clientèle dans l’arrière boutique ? J’ai ma femme de l’autre côté, et non ma nièce. Et la vielle… avec sa robe de veuve, ça n’est pas une cliente ? Parce que vos lamentations sur les mûres… franchement ! »
_________________

Vous êtes un JD québécois ? Venez donc faire un tour ici
C.lefebvre

La Rombière déambulait dans la boutique, lentement, le front haut, cambrée au possible, sa longe robe de jais, luisante sous la lueur des chandelles nombreuses, semblait flotter au dessus du plancher fraichement lustré, frotter délicatement les armoires closes et les petits étales du milieu. Elle était en quelque sorte un reine, la reine de la boutique, une reine fantomatique qui observe sans avoir l'air d'observer. Est-elle réellement dans cette boutique, est-ce une sorte d'apparition mystérieuse ? Elle aime jouer sur cette nouvelle image que son employé lui a suggéré de se forger. De la Veuve Pucelle, elle était devenu la Veuve Noire. Elle n'avait rien inventé, a dire vrai. Elle s'était contenté de jouer sur les vilaines rumeurs qui courraient sur elle en Auvergne. Mais sa démarche pouvait faire frémir. Elle déambulait dans la boutique comme si celle-ci était vide. Elle errait là, inexpressive, un peu comme si elle serait venu réfléchir a quelques projets qui la tourmente à la nuit tombée. Pourtant, les longues plumes de sa coiffe frétillaient par moment. Elles allaient tantôt vers le jeune Angus en prise avec un homme qu'elle avait indentifié comme un jeune noble et, par moment, elle zyeutait discrètement son ancienne nourrice, vieille employée de maison de la famille Lefebvre, qui s'occupait de la jeune femme qui était peut-être son épouse.
La vente des confitures ordinaires n’inquiétait guère la Lefebvre. Son véritable commerce, c'était la confiture de ciguë, c'était les vastes projets du jeune Angus, c'était ses étranges fioles qui, bien que poison tant pour le corps que pour l'esprit, se vendaient à prix d'or. Mais rien de tout cela dans la boutique. On faisait ici de la Confiture, des Pâtes-de Fruit, des Fruits Confits...
L’Empoisonneuse les observaient sans avoir l'air de remarquer leur présence. Et le spectacle que lui offraient ses deux « Employés » lui arrachait un fin rictus amusé, à peine perceptible. Elle semblait déjà connaitre la suite...

Bertha n'était pas une commerçante dans l'âme. Elle était une admirable employée de maison, une fée du logis comme l'on en fait plus, un véritable sucre d'orge avec les enfants. Elle n'avait rien d'une féroce négociante, c'était une mamie gâteau attentionnée. Mais la Lefebvre ne lui en tenait pas rigueur. Elle ne pouvait lui en tenir rigueur. Bertha était une de ces vieilles employées de maison indétrônables. Elle avait été sa nourrice. Réprimander Bertha, c'était un peu comme réprimander sa propre mère. Eh puis, la Lefebvre vendait par principe, trop Lefebvre pour empiéter sur l'Héritage sans avoir mauvaise conscience. Cette boutique, c'était une petite lubie à l'origine. Une mauvaise Affaire, c'était comme un affront aux Ancêtres, ce n'était pas envisageable.
La jeune femme lui sourit. Le charme de la Vieille Bertha pourrait être une arme commerciale redoutable si seulement elle n'était pas aussi faible et généreuse avec tous ceux qu'elles appelaient « ses Enfants » . C'est-à-dire, en somme, tous ceux qui n'avaient pas encore de rides et de cheveux blancs.
Alors, la suite était facilement prévisible pour la Rombière. Lorsque la Brune lui demanda ce qu'étaient les Pâtes-de-Fruits & les Fruits-Confits, elle su immédiatement ce que sa vieille nourrice se mettrait en tête...C'était comme inévitable, et cela ne manqua pas...


- « Oh.. ma Fille... Les pâtes-de-fruits & les fruits confits sont de petites douceurs succulentes. Je ne saurai vous donner la recette, mais les fruits sont saisis dans le miel, il s'en dégage un parfum merveilleux. En bouche, c'est tout à fait délicieux ! *...Puis, ajoutant sur le ton de la confidence amusée et complice en désignant de sa petite main ridée le jeune Angus...* C'est Angus qui les confectionne. C'est un sot, mais un confiseur de génie ! *... Elle lui sourit avant de tourner les talons afin d'aller chercher quelques exemplaires de ces merveilles qu'elle lui présenta sur un petit plateau en argent. Il y avait là quelques pâtes brunes à la mûre et aux fraises des bois, ainsi que quelques mirabelles et cerises confites dans le miel..* Je vous en prie mon Enfant. *... petit sourire chaleureux tandis qu'elle lui tend le petit plateau*

La Rombière, au loin, souriait doucement sous ses traits sévères. Elle avait vu juste. Mais qu'advenait-il du jeune Blondinet ?
Elle reste sur sa lancée, se mouvant sans en avoir l'air vers l'arrière boutique.


- « Je n’aime pas la mûre.
- Ma Mûre est excellente ! Parfaite ! Grandiose ! Géniallisime ! ... Excellente !
- Et sinon, vous en avez simplement à la pomme ? Deux pots. Un à la fraise des bois. Et mirabelle. Aussi.
- Oh ! Mais parfaitement, Messire ! Mûre-Pomme, c'est un petit délice, je vous le garantis ! Deux pots, c'est entendu ! Hum... Oh ! Il me reste de la Mûre-Fraise des Bois, et... Ah ! Voilà ! ... Mûre-Mirabelle ! Oh.. Celle-ci est fantastique ! Je vous en mets cinq pots ?
- Dites-moi, ça vous arrive souvent d’apporter vostre clientèle dans l’arrière boutique ? J’ai ma femme de l’autre côté, et non ma nièce. Et la vielle… avec sa robe de veuve, ça n’est pas une cliente ? Parce que vos lamentations sur les mûres… franchement !
- Hum !
- Oh ! Madame Lefebvre ! Je ne vous avais pas vu venir ! Hihi..ahem.. euh.. Oui donc, je.. je disais..
- Angus... La Paix. *...Se cambrant un peu plus, les traits tirés, pointant ses prunelles de jais sur l'homme...* La-Vielle-avec-sa-robe-de-Veuve... Madame Lefebvre, pour les autres. C'est un honneur... Messire ?
Gabrielle_blackney
« Les cerises confites sont des lipsticks
Ba na na
Qui laissent des marques rouges sur l'antarctique
Ba na na
Et pour le faire fondre une tactique
Ba na na na na na »

- Lio -

Gabrielle a un léger mouvement de recul. Elle n’aime pas qu’on la colle et la gentille vieille dame est du genre glue.

- Oh.. ma Fille...

Gabrielle soupire. Comme les curés et les bonnes sœurs « ma fille ». Gabrielle n’est plus la fille de personne et ça lui va très bien. Enfin, admettons. Elle pose ses yeux bleus sombres sur la mamie et écoute.

- Les pâtes-de-fruits & les fruits confits sont de petites douceurs succulentes.

Ah oui ? C’est bien ça les « petites douceurs succulentes ». Même si Gabrielle n’est pas très portée sur le sucre. La confiture c’est délicieux, mais à petite dose. Ou alors sur du pain. Ou bien sur… Gabrielle sourit en coin. Ca serait tout à fait indécent mais ça pourrait se tenter. Enfin, pas avec le Grand. Il n’accepterait jamais une fantaisie de ce genre. Elle se dit qu’elle devrait prendre un amant pour faire tout ce qu’il lui refuse ou n’envisage pas. Pensée qu’elle chasse vite, elle ne ferait jamais une chose pareille. Mais il n’empêche que la confiture plus Enzo, ça pourrait donner une « petite douceur succulente » aussi. Enfin, oublions.

- Je ne saurai vous donner la recette, mais les fruits sont saisis dans le miel, il s'en dégage un parfum merveilleux.


Gabrielle hoche la tête. Elle a senti jusque dehors. C’est vrai que ça sent bon. Moins bon que le mantel d’Enzo l’hiver. Mais ça sent bon. Ou que ses cheveux. Ou que sa peau. Ah mais c’est pénible toute de même ces idées qui lui viennent alors que cette brave dame ne fait que lui parler de manière fort honnête des spécialités de la maison.

- En bouche, c'est tout à fait délicieux !


La brune retient un ricanement. Elle connaît d’autre chose qui sont tout à fait délicieuses en bouche, à commencer par la langue de son mari. Et d’autres choses qu’il ne serait pas correct de détailler ici. Un petit soupir et Gabrielle tente de se reconcentrer. Elle avait faim et voilà qu’elle se sent soudain un très grand appétit pour… mais non, suffit ! Confitures, fruits confits, pâtes de fruits, rien d’autre. Gabrielle se demande tout de même si Enzo serait d’accord pour rentrer à l’auberge directement après. Vite fait. Un petit placage réglementaire pour évacuer tout ce sucre.

- C'est Angus qui les confectionne. C'est un sot, mais un confiseur de génie !


Avec Angus, oui, pourquoi pas. Hein ? Mais qui est ce Angus ? Ah oui. Gabrielle tente d’oublier la vision de son mari sortant de son bain et regarde ce que la veille main ridée indique. A savoir le corps somptueux de son mari. La brune sourit. Ah non, le grand dadais blond qui a réquisionné Enzo pour lui vendre ses mûres. Ah les murs ! Gabrielle laisse échapper un petit soupir de frustration pendant que la vieille dame disparaît.
Alors qu’elle reste à détailler le fessier marital d’un œil amoureux, on lui brandit sous le nez un petit plateau en argent avec quelques échantillons de productions de la maison.


- Je vous en prie mon Enfant.


Gabrielle sourit et pose les yeux sur ce qu’on lui présente. Des cerises. Il y a des cerises. Confites donc. Gabrielle en prend une et la porte à la bouche sous le regard attentif de la mamie. Hmmm… C’est bon. C’est très bon. C’est atrocement sucré. Mais c’est délicieux. Moins cependant qu’une vraie cerise fraichement cueillie et dont le jus vous éclaboussait la gorge comme… Bon Dieu Gabrielle ! ca suffit oui !
La brune sourit à la vieille employée.


- C’est délicieux, ça me fait penser à… à Enzo.

M*erde ! C’est sorti tout seul.Elle s’empourpre et toussote. Qu’à cela ne tienne, il ne sera pas dit que la brune perdra la face devant une vendeuse.

- Enzo ? Vous voulez bien venir un instant s’il vous plait ?

Bah oui quoi, il faut bien qu’il goûte lui aussi. Gabrielle toussote en regardant la vieille dame et s’enfile une mirabelle pour la peine. Et ca ne lui fait penser à rien . A absolument rien.

_________________
Enzo
    « Idylle : ça commence comme idiot et ça finit comme imbécile. »
    de Alfred Capus


Enzo regarde le blondinet. Il n’en croit pas ses yeux. C’est qu’il continue, comme s’il n’avait rien dit. Et le jeune noble le prend littéralement pour un idiot. Il se demande d’ailleurs si ça ne va pas avec le commerce. Quand il était allé à la boutique Durée, pour des macarons – paix aux âmes perdues - il avait rencontré un jeune homme d’environ son âge, étrange aussi. Silencieux, qui se balançait sur ses pieds. Est-ce que travailler avec les fruits rend idiot ? Le jeune Seigneur fronce les sourcils, s’imaginant que les fruits jouent sur les humeurs et rends un peu imbécile les gens. Mais c’est peut probable comme idée. Sinon, ceux qui les mangent avec les doigts ça ferait pareil non ? Les doigts. C’est peut-être ça le soucis. Ça va un peu partout. Ça touche à tout. À des endroits humides à la paille. On mange même avec les doigts. Un grimace vient d’apparaître chez le jeune homme un instant, suivit d’un soupire. Non. Il y avait forcément quelque chose d’autre. Le jeune homme observe alors le blondinet qu’il dépasse – un peu beaucoup trop - et cherche une possible raison à son imbécillité. C’est qu’il va lui en faire bouffer de la mûre bientôt ou blond. Bien étampé dans le mur, la bouche ouverte rempli du petit fruit ! Un léger sourire narquois d’apparaître sur le visage du Blackney déchu quand un « Hum ! » se fait entendre à ses oreilles. Et… Enzo soupire. On aurait du apprendre au blond à se taire. Si une chose l’exaspère au plus au point c’est quand il est obligé d’usé de plus de salive qu’il le voudrait pour parler, et surtout quand on lui baratine des paroles sans sens qui ne l’intéresse pas. À quoi ça sert de parler, parler et encore parler quand ça ne veut rien dire et ça n’amène rien. C’est agaçant. Littéralement. Il a autre chose à faire que d’écouter les bêtises d’un blond qui vend ou fait – il ne sait plus très bien – des confitures. Le regard vert se pose alors sur la vielle, un peu méprisant, avec une seule envie, retourner auprès de sa femme. S’il la regarde s’extasier – ou pas – devant les sucreries, ça sera déjà un peu moins ennuyeux… Soupire. Et c’est qu’il veut ses confitures sans mûres aussi ! Franchement. Alors qu’elle pointe ses prunelles sur lui, il s’en fiche.

- « Enzo, Seigneur de Falmignoul, et ça n’est pas du tout un honneur pour moi. Vostre imbécile m’agace »

Et c’est dit. Simplement. Ton monotone. Suivit toutefois d'un soupire, un nouveau. Il aimerait bien faire commande et s’en aller, le nobliau. Les odeurs sucrées sont attirantes, mais à force retourne l’estomac du jeune homme qui est habitué aux choses sucrées, mais avec modération. Il faut pouvoir garder le plaisir en bouche, que sa perdure, qu’on puisse s’en délecter jusqu’au dernier moment. L’éphémère à quelque chose de merveilleux, quand on sait bien l’utilisée et le faire perduré sans en abusé. Alors il toise la veuve. Tout du moins c’est ce à quoi elle ressemble, petit air hautain au passage. Il n’aime pas qu’on le prenne pour de la marchandise qui dépenses ses écus pour faire fructifier les leurs, et c’est un peu ce à quoi il a l’impression de servir. Elle doit bien terrifier les petites pucelles de passages sur Paris, cette vielle dame ! De quoi faire tenir les jupons serrés et hoché de la tête à tout ce qu’elle dit. Une rombière quoi… Une rombière…Sourire narquois, soudainement, et de pencher un peu la tête, en guise de salutation.

- « Mais cela peut changer si on me fait ma commande… »

Puis la voix de Gabrielle de venir à ses oreilles. Alors il regarde un instant le blond, fronce les sourcils, puis retourne vers la vielle, avant de commencer doucement à rejoindre sa femme. À part si…

- « Si vous avez rien d’autres à me dire, je vais rejoindre ma femme, dame de Falmignoul donc, qui m’interpelle. »

Bref, donné moi quelques explications du ma présence vers l’arrière-boutique, sinon, moi je vais fouetté autre chose et soupirer en me disant que j’ai encore pleins de chose à faire dans Paris. Donc quelques petites affaires de créances à régler, notamment. Et il comptait bien faire visiter d’autres quartiers à Gabrielle.
_________________

Vous êtes un JD québécois ? Venez donc faire un tour ici
C.lefebvre

La Rombière se cambre un peu plus tandis que le Blackney la toise, un brin hautain. En son monde, la Lefebvre est reine. En son monde, personne ne toise l’Affreuse tante. En son petit monde bien clos duquel qu'elle n'avait jamais quitté, ses neveux lui avait attribué le doux sobriquet du « Dragon « , les petits commerçants celui de la « Veuve Noire » , de l' « Empoisonneuse Pucelle » , elle avait été « Madame Lefebvre » avant même que sa mère ne meurt. Mais Paris n'était pas son monde, la Boutique n'était pas son monde. Ce monde-là lui faisait grincer les dents. Que Diable faisait-il ici, elle qui se refusait généralement à descendre avant la fermeture ?
Voilà qu'un petit sourire fend les lèvres de l'homme, soudain. Que signifie ce sourire ? La Rombière ne se déride point, les lèvres toujours close, ses fines lèvres pourpres qui semblent ne vouloir faire plus qu'une.
D'un petit geste aérien de sa fine dextre, elle ordonne à son jeune employé de prendre la commande. Ses lèvres enfin remuent, sa voix de glace résonne comme résonne un soufflet :


- « Angus, vas donc !

Mais la voix de la jeune femme en prise avec la vieille Bertha résonne. La Rombière adresse un petit hochement du chef entendu à l'intention de l'homme avant de faire volte-face, reprenant son petit manège, errant entre dans les allées tel un fantôme.
Angus, lui, semble soudain changé. Son petit sourire de gentil simplet s'est mué en une sorte de rictus à la fois curieux et intéressé. Il plisse le nez, pensif. A quoi pense t-il ? Que vient-il de se passer ? Le fait est qu'il note brièvement la commande du noble. Quelque chose occupe son esprit. Une idée, un projet ? Peut-être. Le fait est que son minois se mua lorsque le noble se présenta...
Il attendit que la Lefebvre soit à bonne distance d'eux. Le Blackney s'était déjà lancé en direction de son épouse et le Boutonneux, ne tenant plus, se lança, la démarche plus contenu, à ses trousses. Lorsqu'il parvient à sa hauteur, c'est d'une voix plus rauque, moins volubile, qu'il lui demanda..


- « Où donc se trouve Falmignoul, Messire ? Est-ce loin de la Capitale ?

Son son attitude était bien plus policée qu'auparavant, il ne parvenait cependant pas à masquer quelques idées saugrenues qui germaient en son jeune esprit. Difficile de croire que cette simple question était naïve. Non, derrière cette question, il y avait une idée, un plan.
Le Boutonneux suivait l'homme, ne le collant point cette fois-ci, restant à une distance respectable.

    ***
Au même moment, la pauvre Bertha était toute déboussolée. La pauvre vielle était épuisée, et un petit rien pouvait nous la mettre en émoi.
Sans doute se pensait-elle responsable de la réaction de la jeune femme, sa petit main ridée posée ses fines lèvres quasi-inexistantes, elle l'observait, gênée.
Elle ne savait plus que dire, ni que faire. Elle lui sourit gentillement lorsqu'elle prit la mirabelle et, avant que son époux ne soit parvenu à leur hauteur, elle rosit un peu et, les yeux plein de malice, elle lui confia, comme une petite fille confierait à son amie quelques odieux petits secrets inavouables :


- « Les confitures de poire & d'hydromel font sans cesse surgir en moi le souvenir de ce marin, cette nuit où Feu Monsieur Lefebvre m'avait renvoyé, et où, folle de chagrin, je m'en étais allée voir ces tripots où grouille la canaille et où... Oh ! J'ai honte..

Elle s'arrêta soudain et, sa petite dextre collée sur sa bouche, elle vira au cramoisi. Que Diable lui avait-elle prit de raconter cela ?

- « Oh.. Pardonnez-moi, mon Enfant. Je ne devrais pas... L'on fait de ces sottises, parfois... Je.. J'avais tout juste quinze printemps.. Je.. Oh.. Je ne devrais.. lui murmura t-elle, bafouillant honteusement.

Elle se retourna alors et, l'époux approchant, elle tenta une petite révérence devenue difficile avec l'âge tout en rougissant comme une jeune fille prise sur le fait.
Gabrielle_blackney
« Nous aussi nous avons des orgasmes, mais nous n’en parlons point ! »
- Ma voisine d’il y a longtemps, brave dame d’un certain âge très bourgeoise -

C’est pas mauvais la mirabelle confite. Gabrielle croit bien n’avoir jamais mangé de mirabelles de sa vie, confites ou non. Elle regarde Enzo revenir tranquillement vers elle, le blond sur les talons et voilà que mamie-gâteau devient toute rosissante et lui confesse le souvenir d’une folle nuit en compagnie d’un marin.
Gabrielle regarde la vieille dame et sourit en coin. Bah après tout, y’a pas de mal à se faire du bien. Elle regarde le visage ridée et répond dans un souffle :


- J’ai moi aussi une faiblesse pour les mauvais garçons.


Enfin, Enzo n’est pas un bad boy, pas vraiment. Mais c’est un sale type, vraiment. Quand elle l’avait croisé la première fois, elle l’avait trouvé insupportablement arrogant. A raconter ses visites au bordel, ses déboires avec les donzelles. Tout à fait odieux. Un sale type. Avec ce petit sourire narquois permanent et cet air pédant qu’elle avait eu envie de lui faire ravaler. Elle avait lamentablement échoué. Elle avait complètement craqué. Il l’avait emballé en deux-trois phrases bien senties, il l’avait retournée d’un de ses petits sourires supérieurs qu’il avait toujours. Sale type. Mais si charmant.

La mamie s’empourpre de plus en plus et Gabrielle est au bord du fou rire. Nerveux le fou rire. Qu’est-ce qu’il fait chaud d’un coup dans cette boutique. Des sottises. Gabrielle regarde Enzo en se mordillant la lèvre. Premièrement pour ne pas rire et deuxièmement parce que… heu… enfin… bref. Oui, il fait vraiment chaud.
Se changer les idées, vite. Très vite. Penser à autre chose.


- Enzo, pensez-vous que nous pourrions acheter une boite de cerises et de mirabelles confites ?

Voilà. Bien ça. Sobre. Neutre.
Gabrielle regarde Enzo avec un œil un peu trouble. La brune soupire, ces derniers temps, elle a l’esprit qui s’affole d’un rien, et malgré elle. Un frôlement et paf, elle se liquéfie. Pénible vraiment. Enfin moins que la période où elle vomissait tout le temps. Bien que les deux choses ne soient pas liées. Enfin si, son corps lui échappe et elle n'aime pas ça la jeune femme.

Ce qui est certain c'est qu’à l’âge de la mamie, si elle l’atteint, une goutte de calvados ou une cerise sur sa langue feront ressurgir de sacrés souvenirs.

_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)